Anne Brassié reçoit Laurent Dandrieu, rédacteur en chef Culture à Valeurs actuelles, pour ses deux derniers livres : "Rome ou Babel - Pour un christianisme universaliste et enraciné", avec une préface de Matthieu Bock-Côté, et "Une cinémathèque idéale - Que regarder en famille de 5 à 16 ans ?" (Criterion). Deux livres essentiels, le premier pour rappeler à tous les faussaires du réel que, oui, l'Église et ses prêtres ont évangélisé le monde entier dans le respect de chaque culture, et le second pour vous préparer des soirées exceptionnelles avec vos enfants et petits-enfants et leur apprendre le beau, le vrai et le bien. En mourant, la mère de Cendrilllon, dans le film de Kenneth Branagh, lui recommande d'être courageuse et bienveillante …. Utile non ?
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00:00:25 – Chers amis de TV Liberté, bonjour.
00:00:27 Nous avons la joie de recevoir ce matin M. Antoine Gallon.
00:00:31 Bonjour M. – Bonjour.
00:00:33 – Vous venez présenter la société de Vénry,
00:00:38 qui a fait une enquête très importante et très intéressante
00:00:44 qui s'appelle "Qui sont les Français qui chassent à court ?"
00:00:47 – Oui.
00:00:48 – C'est un sujet éminemment dangereux
00:00:51 puisque il y a beaucoup de gens qui n'aiment pas du tout, du tout.
00:00:56 Je leur conseille donc de ne pas être indisposé
00:01:01 et de s'arrêter là et de passer à autre chose.
00:01:05 Ceux qui voudraient comprendre la force, le charme, la joie de cette activité,
00:01:13 qu'ils restent en ligne et ils seront très satisfaits
00:01:16 par les réponses à cette enquête.
00:01:19 Alors cette société, quelle est-elle ?
00:01:20 – Alors oui, la société de Vénry, c'est une association
00:01:24 qui existe depuis plus de 100 ans, qui a été créée au début du XXème siècle
00:01:27 pour réunir tous les gens qui chassent à court en France.
00:01:29 Nous sommes 10 000 pratiquants qui chassent dans 390 équipages,
00:01:34 à travers 70 départements.
00:01:36 Tous ces gens-là sont réunis au sein de cette association,
00:01:39 la société de Vénry, c'est un nom un petit peu ancien
00:01:41 mais qui date de 1907, création de l'association.
00:01:45 – Alors, je voulais signaler aux téléspectateurs que d'émission en émission,
00:01:52 je m'intéressais au même sujet, dans cette rubrique patrimoine,
00:01:58 et comme vous le savez, et comme le disait l'écrivain
00:02:02 qui était à votre place dans la dernière émission,
00:02:07 Luc-Olivier d'Alganges, "la modernité est une machine de guerre
00:02:10 contre tout ce que nous aimons".
00:02:13 Et je trouve que cette explication est bonne pour expliquer toutes ces menaces,
00:02:18 en fait, sur la chasse et sur la chasse à court,
00:02:23 qui traînent d'année en année.
00:02:27 Vous résistez fantastiquement bien, beaucoup mieux qu'en Angleterre.
00:02:31 – En tout cas, vous avez prononcé le mot,
00:02:32 la chasse à court fait partie du patrimoine français,
00:02:35 puisque, je dirais, c'est la mère de toutes les chasses,
00:02:38 elle a existé bien avant l'arme à feu.
00:02:40 Donc c'est dire bien avant le XIVe siècle,
00:02:42 et ça a été ensuite, les règles fondamentales en ont été dictées
00:02:47 sous François 1er, donc ça fait un certain temps,
00:02:50 tout cela s'est adapté, on s'est adapté au temps moderne,
00:02:53 et sont arrivés l'automobile, le chemin de fer et le reste,
00:02:55 et puis t'as paru 60 millions d'habitants dans une France
00:02:58 qui à l'époque en comptait moins de 10 millions,
00:03:00 donc tout ça a beaucoup évolué, la chasse à court aussi avec,
00:03:03 mais c'est effectivement, il y a eu une valeur patrimoniale,
00:03:05 patrimoniale dans l'histoire de la culture française,
00:03:08 mais aussi dans la relation des espèces,
00:03:10 et c'est sans doute la partie qui, aujourd'hui,
00:03:13 étonne le plus nos contemporains, puisqu'il s'agit de quoi ?
00:03:16 Il s'agit de reproduire une forme de prédation naturelle
00:03:20 où une proie est poursuivie par un prédateur.
00:03:22 Alors ça, nos contemporains l'acceptent parfaitement,
00:03:24 si c'est en Afrique, si le lion attrape la girafe ou la gazelle,
00:03:28 mais quand ça se passe sous nos latitudes,
00:03:29 ils sont un petit peu plus surpris.
00:03:31 Mais effectivement, patrimoine, on en fait vraiment partie.
00:03:34 - Alors, j'ai appris, en préparant cette émission,
00:03:37 que les premiers équipages avaient été créés pour tuer les loups,
00:03:41 qui étaient tout de même personnages assez difficiles
00:03:44 dans leur coexistence avec les humains.
00:03:46 - Voilà, voilà.
00:03:47 Effectivement, les loups, alors c'était une chasse
00:03:50 qu'on ne pratique plus à court aujourd'hui,
00:03:52 et à tir très peu, je crois, parce qu'ils sont un peu revenus,
00:03:54 mais c'est un animal qu'il fallait chasser pendant des jours,
00:03:57 qui était capable de traverser des provinces entières,
00:04:01 et c'était une chasse qui demandait un gros effort,
00:04:04 et on finissait par tirer le loup quand même,
00:04:06 mais il fallait le rattraper parce qu'il partait.
00:04:09 Il a une odeur très légère.
00:04:10 Vous savez qu'à la chasse à court, les chiens poursuivent une odeur.
00:04:13 Ils ne poursuivent pas à vue un animal,
00:04:15 ils poursuivent l'odeur que l'animal sauvage laisse sur son passage.
00:04:18 Alors on imagine les ruses qu'ils mettent en face
00:04:20 pour semer ces poursuivants,
00:04:22 et puis la finesse de nez qu'il faut pour les chiens,
00:04:24 puis la vigueur, la force physique qu'il faut pour cette confrontation.
00:04:30 Et donc le loup a une odeur très légère,
00:04:33 et c'était une chasse sans doute extraordinaire,
00:04:35 mais que nous ne connaîtrons plus maintenant.
00:04:37 – Oui, enfin on ne sait pas, parce que si le loup se reproduise,
00:04:40 il va y avoir quelques petits problèmes encore une fois,
00:04:43 deux coexistences, mais ça, seuls les gens qui ont le sens du réel
00:04:47 et de la vie à la campagne s'en rendent compte,
00:04:49 les bergers s'en rendent compte,
00:04:51 puis un autre problème, c'est les sangliers
00:04:53 qui massacrent toutes les vignes dans le sud-ouest, dans le sud-est, enfin…
00:04:59 – Alors là, vous tombez sur la question effectivement assez fondamentale
00:05:02 de la coexistence de la faune sauvage avec la vie des humains,
00:05:06 la vie dans les villes, la vie dans les campagnes,
00:05:09 de l'agriculture, de la sylviculture, de la circulation routière,
00:05:13 il faut évidemment réguler toutes ces espèces
00:05:15 pour que ces espèces sauvages puissent survivre
00:05:17 dans un territoire de 550 000 habitants,
00:05:21 550 000 km² et de 60 millions d'habitants.
00:05:24 Donc la chasse est une nécessité pour ça,
00:05:27 et la chasse à courre en est une déclinaison indéniable.
00:05:30 – Mais c'est l'idée que je voulais mettre en valeur,
00:05:33 c'est qu'il est nécessaire de réglementer le nombre d'animaux
00:05:38 avec lesquels nous vivons, sinon ce sont les animaux qui gagnent
00:05:41 et ça pose problème.
00:05:44 C'est fondamentaux étant posé,
00:05:48 votre enquête est extrêmement intéressante
00:05:52 parce que vous montrez que les idées reçues sont nombreuses
00:06:01 mais ne tiennent pas.
00:06:03 Première réflexion, les femmes, c'est un milieu
00:06:06 où les femmes sont tout de même 28%.
00:06:09 – Oui, alors il faut peut-être que je vous explique
00:06:11 pourquoi est-ce qu'on a voulu faire cette enquête.
00:06:14 L'idée était la suivante, dès lors qu'on explique,
00:06:17 comme vous venez de me le permettre,
00:06:18 qu'on explique un peu quel principe de la chasse à courre,
00:06:22 les gens le comprennent assez facilement.
00:06:24 Mais il reste dans l'imaginaire populaire
00:06:28 cette idée que c'est une chasse de privilégiés.
00:06:30 Alors évidemment, il y a toutes les images d'anciens régimes.
00:06:33 – Oui, c'est vrai que dans un monde socialiste,
00:06:34 ce n'est pas bien du tout.
00:06:35 – D'une part, mais je dirais, justement, la peinture, la sculpture
00:06:40 accrédite cette thèse parce qu'on voit le roi Louis XV
00:06:43 en train de chasser dans la forêt de Marly, etc.
00:06:45 Toute la culture qu'on a pu acquérir là-dessus
00:06:47 montre que c'est quelque chose de complètement élitiste.
00:06:49 Sauf que depuis 100 ans, ça a énormément évolué.
00:06:53 On le disait, on le répétait et on s'est dit,
00:06:55 maintenant que nous le disions-nous, visiblement, on n'est pas entendus.
00:06:57 Donc on a demandé au CSA de faire là-dessus une enquête objective.
00:07:01 On a interrogé 25 000 pratiquants, amis de la chasse à courre.
00:07:06 5 000 ont répondu, 20 % de taux de retour, ce n'était pas si mal,
00:07:10 pour dire "mais pourquoi vous aimez la chasse ?
00:07:12 Pourquoi vous suivez la chasse ?"
00:07:14 Et donc il est apparu là-dedans,
00:07:15 en effet, que 28 % des pratiquants sont des femmes.
00:07:19 Alors, bonne question, je vous le disais tout à l'heure,
00:07:21 la chasse à tir, c'est 3 % seulement des femmes qui pratiquent.
00:07:25 Alors je pense que l'arme à feu arrête un peu les femmes.
00:07:29 Parce qu'à la chasse à courre, on n'a pas d'arme à feu.
00:07:31 On court derrière nos chiens, à pied ou à cheval.
00:07:34 – Et c'est jamais une femme, très peu de femmes…
00:07:37 – Qui tue l'animal à la fin.
00:07:39 Et on ne tue que le cerf ou le sanglier,
00:07:41 puisque le chevreuil, le lièvre, le lapin et le renard
00:07:44 sont tués par les chiens, comme un chat tue une souris, de la même façon.
00:07:47 Donc l'acte final qui consiste à abréger la fin
00:07:50 pour que justement l'animal, le cerf, le sanglier ne souffre pas,
00:07:53 c'est plutôt un homme qui l'accomplit, effectivement.
00:07:56 Mais voilà, il y a toute cette dimension
00:07:58 où l'arme à feu est quasiment inexistante.
00:08:01 Donc ça c'est déjà un point.
00:08:02 Il y a de ce coin la dimension sportive,
00:08:04 et pour la moitié des veneurs, ça se pratique à cheval,
00:08:07 puisque les animaux qui font du parcours,
00:08:09 les sangliers, les cerfs, les chevreuils,
00:08:11 ben on les chasse à cheval.
00:08:13 Et bien là, on sait qu'il y a beaucoup de femmes qui sont cavalières,
00:08:17 à la Fédération française d'équitation, il y a beaucoup de cavalières qui sont cavalières.
00:08:20 - De plus en plus, d'ailleurs.
00:08:21 - Et donc c'est un deuxième élément qui permet de monter à cheval dans la nature,
00:08:25 qui est un plaisir.
00:08:26 - Et vous soulignez qu'il y a, enfin le sondage explique qu'il y a 66%
00:08:32 de gens qui suivent la chasse à pied, à vélo ou en voiture.
00:08:36 - Oui. Alors là-dedans, il y a d'abord les veneurs eux-mêmes,
00:08:41 il y a tous leurs sympathisants, puisque vous venez dans une forêt,
00:08:44 quels qu'elles soient les jours de chasse,
00:08:46 et vous allez voir à côté des veneurs, des chasseurs eux-mêmes,
00:08:50 qui sont quelques dizaines tout au plus,
00:08:52 vous allez voir des dizaines de gens qui viennent assister à cette chasse,
00:08:55 parce que, encore une fois, il n'y a pas d'armes,
00:08:57 donc on peut assister à la chasse, on peut en suivre le déroulement,
00:09:00 alors on peut le suivre à pied, on peut le suivre à vélo,
00:09:03 et on peut le suivre en voiture, alors en voiture, on voit ça d'un peu plus loin,
00:09:06 parce que l'action se passe à travers les bois ou à travers les champs.
00:09:08 Mais, voilà, c'est dire que les passionnés de la chose
00:09:11 ont plein de moyens de venir assister à une chasse à cour.
00:09:15 - Et pour en finir avec l'accusation d'élitisme,
00:09:20 on voit que 62% des veneurs dépensent moins de 1000 euros par an pour leur passion.
00:09:27 Ça, j'ai trouvé que c'était très intéressant.
00:09:28 Alors, évidemment, vous ne mettez pas dans ce sondage ceux qui possèdent leurs chevaux,
00:09:33 parce que le coût de l'entretien d'un cheval...
00:09:36 - Oui, mais on voit que si vous avez chez vous un prêt, une écurie, etc.,
00:09:40 où il faut payer les ferrures et la nourriture, effectivement, ça reste assez modeste.
00:09:44 Non, l'idée c'est la suivante, c'est un peu comme sur les automobiles,
00:09:47 vous avez des voitures qui coûtent 200 000 euros et vous en avez qui en coûtent 10 000.
00:09:51 Voilà, mais à la chasse à cour, c'est pareil.
00:09:53 On peut venir participer à une chasse à cour en payant très peu,
00:09:56 les cotisations, puisque on est tous constitués en association,
00:10:00 donc les cotisations pour chasser dans un équipage de lièvres
00:10:03 qui a peu de chiens, qui a peu de frais, c'est 300-400 euros.
00:10:07 Et si vous chassez le cerf où il y a beaucoup de chiens,
00:10:09 où il faut louer des grands territoires, c'est plutôt 4 000 euros.
00:10:12 Nous, on est entre 400 et 4 000, voilà, pour mettre des chiffres précis.
00:10:15 Mais, de fait, il y a aussi tous ces gens qui viennent prêter la main, comme on dit,
00:10:19 qui viennent aider les équipages,
00:10:21 parce que c'est toute une vie qui se crée autour de nos chenilles, de nos équipages.
00:10:24 Et ces gens-là qui font partie de l'équipe, qui viennent aider,
00:10:27 on ne va pas leur demander de l'argent en plus, donc ils viennent aider
00:10:30 et ils vivent avec nous gratuitement nos journées de chasse.
00:10:32 – Et on ne critique pas les grands chefs d'entreprise
00:10:38 qui vont chasser le gros en Afrique, dont les chasses sont infiniment plus coûteuses.
00:10:42 – Oui, oui, oui. – Là, on reste discret.
00:10:45 Mais en fait, le problème de la chasse à cours, c'est cette permanence du passé,
00:10:50 c'est ça qui coïncide, dans un monde qui veut éradiquer, encore une fois, nos traditions.
00:10:54 – Oui, et nous, tout à la fois, on y reste très attachés à ce passé,
00:10:59 et bien ce passé qui va plus loin que dans l'ancien régime,
00:11:01 c'est là qu'il va, il y a 20 000 ans, 38 000 ans, quand des animaux en poursuivaient d'autres.
00:11:05 Mais également dans une tradition plus moderne, on va dire,
00:11:10 où on tient à ce que tout ça se fasse avec beaucoup de tenue,
00:11:13 si vous voulez, la tenue, la présentation des lignes,
00:11:15 c'est quelque chose de très important.
00:11:17 Les règles arrivent, il y a une éthique pour chasser à cours.
00:11:20 Vous pouvez faire n'importe quoi, mais ça ne s'appelle plus de la chasse à cours,
00:11:22 ça s'appelle du braconnage.
00:11:23 Il y a une éthique, il y a des règles morales à respecter.
00:11:26 – Des règles esthétiques, des règles de vêtements.
00:11:28 – Exactement, on est très sensible à la tenue.
00:11:30 – Qui ne sont pas désagréables.
00:11:32 – Tout ça fait, cet ensemble-là fait que c'est un beau spectacle, voilà.
00:11:36 Et effectivement, j'invite tous les gens qui nous regardent aujourd'hui
00:11:39 à pousser la porte, parce qu'on chasse dans 70 départements de France,
00:11:43 donc il y a un équipage pas très loin de chez vous,
00:11:45 et on est très accueillants parce qu'on a besoin d'expliquer.
00:11:48 Vous disiez la société moderne,
00:11:50 on est un petit peu en décalage face à la société moderne,
00:11:52 sauf que dès lors qu'on nous donne l'opportunité d'expliquer,
00:11:56 dès lors qu'on vient nous voir dans nos chenilles,
00:11:58 "Ah, mais c'est pas du tout ce que j'imaginais, c'est très différent".
00:12:01 Et voilà, les gens ont besoin qu'on leur explique,
00:12:03 on l'a compris, et donc on explique.
00:12:05 – Vous êtes parfait.
00:12:07 Ce que j'ai appris aussi, c'est que la vainerie du lièvre est la plus répandue.
00:12:13 – Oui, c'est là où il y a le plus grand nombre
00:12:16 parmi nos près de 400, 390 équipages,
00:12:20 c'est là où on compte le plus d'équipages, un peu plus de 100,
00:12:25 et là où les équipages de cerfs, dont on parle tout le temps,
00:12:28 sont trois fois moins nombreux.
00:12:30 Alors ça, ça a été un truc merveilleux
00:12:32 parce que ces équipages se sont multipliés,
00:12:35 il n'y a pas besoin de beaucoup de chiens, je vous le disais,
00:12:37 on est invité par les agriculteurs à chasser dans leur prés, dans leur bois,
00:12:41 donc il n'y a pas besoin de louer des forêts,
00:12:43 il n'y a pas besoin de savoir monter un cheval, ni d'avoir un cheval.
00:12:45 Donc ça devient tout de suite beaucoup plus facile et accessible,
00:12:49 et pourtant c'est le même principe de la chasse à cours,
00:12:51 ce sont des chiens qui poursuivent l'odeur, la voie, on appelle ça la voie,
00:12:54 l'odeur laissée par l'animal sur son chemin.
00:12:56 Donc moi à chaque fois que je vais au lièvre,
00:12:59 j'ai cette même sensation de vénerie, de bonheur,
00:13:05 de voir nos chiens poursuivre un lièvre.
00:13:06 – Mais c'est très compliqué.
00:13:08 – Très compliqué parce que l'odeur est très fugace.
00:13:10 Elle est très fugace, on n'a pas beaucoup de temps,
00:13:13 alors il disparaît tout de suite, tout de suite on ne le voit plus,
00:13:16 mais ils suivent son odeur, on n'a pas énormément de temps
00:13:18 avant qu'elle ne disparaisse, donc c'est quelque chose de très difficile.
00:13:22 – Et puis alors je voudrais terminer sur l'amour des chiens.
00:13:27 On sent une passion des veneurs pour leurs chiens.
00:13:30 – Oui, ça c'est certain, il y a eu plein de livres qui ont été écrits là-dessus,
00:13:34 et notamment il y a cette citation d'un ancien veneur qui disait
00:13:38 "Tout vrai veneur devrait être en mesure d'écrire une page sur chacun de ses chiens".
00:13:43 Dans l'équipe Azouche Chasse, nous avons 120 chiens,
00:13:45 donc ça ferait déjà un gros livre.
00:13:46 Mais ça veut dire quoi ?
00:13:47 Ça veut dire que chacun, on a les uns les autres des chiens de maison,
00:13:51 des chiens domestiques avec lesquels on a cette relation de proximité, d'intimité.
00:13:55 Eh bien, imaginez qu'avec nos meutes de chiens,
00:13:59 on a sous une certaine...
00:14:01 même si la vie en meute fait qu'ils sont un petit peu plus entre eux,
00:14:03 mais on a quand même aussi cette relation.
00:14:05 C'est eux qui vont chasser, c'est eux que nous allons devoir comprendre pendant la chasse,
00:14:09 parce qu'ils nous disent des choses.
00:14:10 Ça, il faut venir le voir, il faut venir le vivre une journée avec nous.
00:14:13 Ils nous parlent, ils nous expliquent qu'ils ne savent plus,
00:14:15 qu'ils hésitent, que ça y est ils ont retrouvé l'animal.
00:14:17 Donc il faut qu'on comprenne tout ça.
00:14:19 Donc si on ne les aime pas, si on n'est pas leur écoute totalement,
00:14:21 on ne comprend rien à ce qui est en train de se passer
00:14:24 entre la meute et l'animal chassé.
00:14:26 - Bien sûr.
00:14:27 Mais ça, c'est un aspect très sympathique parce que...
00:14:34 et ça, tout le monde le comprend aujourd'hui.
00:14:35 - Oui, oui.
00:14:37 - Puisqu'il y a même des femmes qui veulent remplacer le bébé par le chien.
00:14:40 Donc si vous voulez... - Ça arrive.
00:14:41 - Ça peut arriver.
00:14:43 - Du moment qu'on parle de l'amour des chiens, vous allez gagner des âmes.
00:14:46 - Mais c'est notre combat tout le temps parce que, encore une fois,
00:14:49 dès lors qu'on explique, les gens acceptent.
00:14:52 Ils ne deviennent pas tous des aficionados, je ne vais pas vous dire ça.
00:14:54 Mais, ah bon, on comprend mieux alors.
00:14:57 - Et vous arrivez à maintenir les écolos forcenés qui vous mettent des barrages ?
00:15:05 - Je pense qu'ils ont montré toutes les outrances dont ils sont capables.
00:15:12 Encore une fois, la chasse à courre et finalement d'autres activités,
00:15:16 la chasse à tir aussi, tout autant, on a su s'habituer, s'adapter au temps moderne.
00:15:22 Je vous prends un exemple qui est le plus frappant.
00:15:25 Il y a 20 ans encore, vous poursuiviez un sanglier,
00:15:28 il finissait sa course dans un village, il tenait les abois, on appelle ça,
00:15:33 dans le village, et bien, à ma foi, vous alliez le tuer sur la place de l'église,
00:15:37 ça ne posait aucun problème.
00:15:38 On ne pourrait plus faire ça aujourd'hui.
00:15:40 - Non, non, non.
00:15:40 - Eh bien, il y a quelques années, on a dit dès lors que l'animal qu'on chasse...
00:15:43 - Va en ville.
00:15:44 - Va en ville, enfin, les villages, c'est plutôt des villages autour de terre.
00:15:48 Va dans le village et il reste.
00:15:50 Bon, on retire les chiens et voilà.
00:15:52 Il faut savoir respecter les sensibilités.
00:15:54 - D'ailleurs, le sanglier va pénétrer dans les jardins des villages,
00:15:58 fera tous les dégâts qu'il veut.
00:16:00 - Non plus, ça ne va pas non plus, et là, c'est toute l'ambiguïté de la chose.
00:16:03 Mais bon, il faut savoir...
00:16:05 - Mais c'est la réalité.
00:16:05 - C'est la réalité.
00:16:06 - Je la connais, les sangliers font des ravages.
00:16:08 - Ah bien sûr.
00:16:09 - Et ils sont en surnombre.
00:16:10 - Bien sûr, bien sûr.
00:16:11 - Voilà, mais...
00:16:12 - Ils sont en surnombre dans les cultures,
00:16:15 on en voit galoper dans les centres commerciaux des périphéries des villes, etc.
00:16:18 - Oui, ils viennent manger dans l'eau poubelle.
00:16:21 - Mais voilà, on a su s'adapter à cette société et à ses paradoxes, à ses ambiguïtés.
00:16:27 On le fait parce que l'essentiel pour nous, c'est de pouvoir longtemps encore,
00:16:31 ça fait 500 ans que ça existe, allez, on est parti pour 500 ans encore.
00:16:34 - Bravo sur cette belle parole qu'on va vous souhaiter de très bonne chasse.
00:16:40 - Merci beaucoup.
00:16:41 - Et j'aimerais bien en suivre une chasse à pied parce que je ne l'ai jamais fait.
00:16:46 - Je vous invite quand vous voulez.
00:16:47 - Et j'aimerais infiniment connaître cette joie-là dans les forêts de l'automne.
00:16:51 - Avec plaisir.
00:16:52 - Merci beaucoup, monsieur, d'être venu nous présenter cette belle enquête sur la chasse à cour.
00:16:59 A bientôt.
00:17:00 Tenez-nous au courant.
00:17:03 - Avec beaucoup de plaisir.
00:17:04 - Dès que vous avez des nouvelles.
00:17:06 Merci beaucoup.
00:17:07 - A bientôt.
00:17:07 - Amis de TV Liberté, à très vite.
00:17:10 [Musique]
00:17:16 - Chers amis de TV Liberté, bonjour.
00:17:18 Nous avons la joie de recevoir ce matin un habitué de cette émission,
00:17:22 Laurent Dandrieu, rédacteur en chef culturel de Valeurs Actuelles.
00:17:28 Bonjour Laurent.
00:17:29 - Bonjour Anne.
00:17:29 - Et qui nous a aidé beaucoup dans des émissions de cinéma,
00:17:35 qui vous manque, je le sais, chers amis de TV Liberté,
00:17:38 mais je vous ai déjà dit que le nombre de films merveilleux à voir ayant diminué,
00:17:45 je n'ai plus l'objet de traiter pendant 15 minutes des films dont on dirait du mal.
00:17:54 Et j'ai l'appui de Laurent.
00:17:57 - C'est vrai, je suis assez d'accord avec ça.
00:17:58 Malheureusement, la qualité des films depuis quelques années est en chute libre.
00:18:01 - Et puis les sujets nous ennuient.
00:18:03 Et comme ce sont des activités parfaitement bénévoles,
00:18:06 on ne peut pas aller son kikiner et dépenser de l'argent pour voir des films.
00:18:11 Donc nous allons traiter ce matin deux actualités de Laurent,
00:18:21 "Rome ou Babel ? Pour un christianisme universaliste et enraciné",
00:18:26 avec une préface de Mathieu Bocoté, et le livre le plus récent,
00:18:32 "Une cinémathèque idéale, que regarder en famille de 5 à 16 ans",
00:18:37 aux éditions Critérion, qui est un livre qui m'a absolument réjouie.
00:18:41 D'abord parce que vous nous donnez du coup 700 films merveilleux,
00:18:46 donc on est ravis et on a envie dès ce soir de se plonger sur Internet,
00:18:54 parce qu'en fait ce n'est quand même pas facile toujours de les trouver.
00:18:57 Donc merci pour ce livre.
00:19:00 Nous en parlons dans la deuxième partie de l'émission,
00:19:03 et nous allons commencer par "Rome ou Babel ?".
00:19:07 Ce titre est très amusant.
00:19:10 J'espère surtout qu'il est pertinent.
00:19:13 Et c'est pour ça que j'ai choisi "Babel" comme illustration.
00:19:17 Je rappelle aux téléspectateurs que j'ai beaucoup aimé deux en particulier de vos livres.
00:19:24 Bon, tous vos livres sont importants,
00:19:26 mais il y a bien sûr le "Dictionnaire passionné du cinéma",
00:19:31 qui a été très très connu.
00:19:33 Vous avez fait un portrait de Woody Allen, portrait d'un anti-moderne.
00:19:38 Et il y a deux livres que j'ai beaucoup beaucoup aimé,
00:19:41 c'est "La compagnie des anges", "Petite vie" de Fra Angelico,
00:19:44 aux éditions du Cerf, et un livre très littéraire,
00:19:48 "La confrérie des intranquilles", 21 portraits en tout,
00:19:52 aux éditions de l'Homme nouveau.
00:19:54 Ça aussi c'est un livre très très beau sur les écrivains
00:19:59 qui demeurent intranquilles.
00:20:03 Alors, vous avez depuis longtemps
00:20:08 trouvé que Rome finalement n'était plus dans Rome.
00:20:11 Est-ce qu'on peut dire ça comme ça ?
00:20:12 Oui, ma porte d'entrée en fait dans ce sujet-là,
00:20:16 c'est la place qu'a prise dans le discours de l'Église
00:20:20 depuis l'élection du pape François, la question migratoire.
00:20:23 Donc j'ai publié en 2017 un livre qui s'appelait
00:20:26 "Église et immigration, le grand malaise",
00:20:28 qui tentait d'expliquer à la fois pourquoi les positions
00:20:36 défendues par le pape François ne me semblaient pas conformes
00:20:39 à une théologie catholique bien comprise,
00:20:43 et en même temps, comment elles n'étaient pas non plus
00:20:47 totalement originales, c'est-à-dire que j'essayais de montrer
00:20:49 que ce n'était pas seulement un problème lié à la personne
00:20:52 du pape François, mais que depuis les années 50,
00:20:55 l'Église s'était engagée dans une mauvaise direction
00:20:59 sur ces questions-là.
00:21:01 C'était un livre où j'essayais effectivement de théoriser
00:21:06 un peu la chose, mais c'était très axé sur ce sujet
00:21:10 brûlant en actualité, qui était l'immigration.
00:21:12 Et là, avec Romu Babel, j'ai essayé de remonter
00:21:15 à la matrice intellectuelle de ce problème.
00:21:18 Pourquoi est-ce que l'Église a fait ces mauvais choix
00:21:22 sur les questions d'immigration de masse ?
00:21:24 Et il m'a semblé que la racine intellectuelle du problème,
00:21:28 c'était le fait que l'Église avait dévié dans sa conception
00:21:34 de l'universalisme chrétien, qui était de plus en plus
00:21:38 contaminé par le mondialisme.
00:21:42 Si je peux poser très rapidement les termes du problème,
00:21:44 l'universalisme chrétien, c'est cette idée que,
00:21:48 tous autant que nous soyons sur cette planète,
00:21:51 malgré nos différences de culture, d'histoire, de tradition,
00:21:55 de religion aussi parfois, nous sommes parties présentes
00:22:00 d'une même humanité.
00:22:01 Un même peuple de Dieu.
00:22:03 Nous sommes un même peuple de Dieu parce que nous partageons
00:22:05 la même paternité divine qui fait, que nous le sachions nous,
00:22:09 qui fait de nous tous des frères.
00:22:11 C'est une unité, mais qui est une unité purement spirituelle
00:22:15 et qui ne nie absolument pas la diversité des peuples
00:22:20 et des cultures.
00:22:21 Le mondialisme, au contraire, c'est l'idée d'arriver
00:22:24 à un seul peuple, à une seule culture, une même langue.
00:22:27 – Et un même jean.
00:22:29 – Et un même jean, et un même fast-food.
00:22:32 Et c'est la résurgence du vieux mythe de Babel, évidemment.
00:22:40 D'où ce titre, Rome ou Babel, parce que je pense
00:22:42 que la vraie réponse au mondialisme,
00:22:46 c'est l'universalisme chrétien, que l'universalisme chrétien,
00:22:50 pour reprendre la formule de Chesterton, est une…
00:22:54 que le mondialisme, pardon, pour reprendre la formule de Chesterton,
00:22:57 est un universalisme chrétien devenu fou.
00:23:01 Et que donc, il s'agit non seulement de mettre en valeur
00:23:04 cet universalisme chrétien, mais aussi de mettre en garde
00:23:07 l'Église elle-même contre cette tentation de basculer
00:23:11 de cette tradition romaine vers la tentation de Babel.
00:23:19 – Vous citez Chesterton, et ce que j'aime infiniment dans son livre,
00:23:23 c'est bien sûr vos développements qui sont passionnants,
00:23:26 mais c'est la profusion des citations et l'excellence de leur choix.
00:23:31 "Chesterton, dans une cathédrale gothique,
00:23:34 les colonnes sont toutes différentes, mais elles sont toutes nécessaires.
00:23:38 Chaque pilier semble être un pilier accidentel et fantastique.
00:23:42 Chaque contrefort est un arc boutant.
00:23:45 Le patriotisme est un parfait exemple de cet équilibre délibéré
00:23:50 entre deux outrances.
00:23:52 L'instinct de l'Empire païen aurait dit,
00:23:54 vous serez tous citoyens romains, et vous vous ressemblerez tous.
00:23:58 Que l'allemand devienne moins lent et moins respectueux,
00:24:01 le français moins habile et moins vif.
00:24:04 Mais l'instinct de l'Europe chrétienne dit
00:24:07 que l'allemand reste lent et respectueux,
00:24:10 de sorte que le français reste vif et habile en toute sécurité.
00:24:15 De ces excès, nous tirerons un équilibre.
00:24:19 L'absurdité qu'on appelle Allemagne
00:24:21 corrigera l'insanité qu'on appelle France."
00:24:24 C'est quand même très amusant ça.
00:24:25 Oui, c'est du Chesterton tout craché.
00:24:27 C'est du Chesterton, mais c'est très joli.
00:24:30 Chaque peuple a sa couleur, chaque peuple a son identité,
00:24:33 chaque peuple.
00:24:34 Mais ce qu'il y a d'amusant, c'est que j'ai immédiatement pensé
00:24:37 avec cette lettre, nous sommes tous frères en Dieu.
00:24:41 Bien sûr.
00:24:43 Nous ne sommes pas frères dans la réalité, sur Terre.
00:24:45 Mais il y a une autre idée qui se propage,
00:24:48 nous sommes tous égaux.
00:24:49 Oui.
00:24:50 Aux yeux de Dieu.
00:24:52 Mais nous ne sommes pas tous égaux sur Terre.
00:24:54 On n'est pas tous égaux et puis surtout,
00:24:55 on n'est pas tous semblables.
00:24:56 Et je pense qu'il y a une temptation aujourd'hui,
00:24:59 y compris dans l'Église, de passer de l'idée de fraternité
00:25:03 à l'idée, enfin de passer de l'idée que nous sommes tous frères
00:25:05 à l'idée que nous sommes tous semblables
00:25:07 et donc tous interchangeables.
00:25:08 Et donc, comme l'a dit récemment le pape François
00:25:12 dans l'avion lors de son voyage de retour de Marseille,
00:25:15 eh bien si un village italien est vide,
00:25:18 eh bien on va y mettre des Africains pour le remplir
00:25:21 et ça ne changera rien parce que Africain, Italien,
00:25:24 c'est tous la même, tout ça c'est la même chose
00:25:26 et il n'y a aucune différence.
00:25:28 Or moi justement, je pense que même si le concept
00:25:32 n'existait pas à l'époque, je pense que l'idée profonde
00:25:36 qui sous-tend l'universalisme chrétien,
00:25:39 c'est l'idée de biodiversité culturelle et spirituelle.
00:25:42 C'est-à-dire que chaque peuple a son génie,
00:25:44 chaque peuple a sa vocation,
00:25:46 chaque peuple a sa note particulière à faire entendre
00:25:49 dans le concert de l'humanité,
00:25:51 que lui seul ait à même de faire entendre
00:25:54 et c'est l'opposé du rationalisme de la mondialisation
00:25:58 qui consiste à dire, simplifions tout ça,
00:26:01 au nom d'un objectif commun.
00:26:04 Et ce rationalisme, je trouve, est en train de gagner dans l'Église,
00:26:07 c'est-à-dire qu'il y a une conception
00:26:08 complètement hors-sol aujourd'hui du catholicisme
00:26:11 qui consiste à dire, le but c'est d'être proche de Dieu
00:26:15 et donc tout ce qui est tradition nationale,
00:26:17 identité nationale, tout ça, ce sont des scories
00:26:20 qui nous détournent de l'essentiel qui est cette fraternité commune,
00:26:25 cette paternité commune en Dieu et donc, bazardons tout ça.
00:26:29 C'est comme si en fait on disait, qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
00:26:32 Il y a 250 ordres monastiques dans l'Église,
00:26:37 on va éradiquer tout ça, on n'en fait plus qu'un.
00:26:40 En ligne, deux par deux.
00:26:41 Voilà, et comme s'il n'y avait pas une raison profonde
00:26:45 à cette diversité qui est le fait qu'il y a plusieurs chapelles
00:26:48 dans la maison du Père, qu'il y a plusieurs notes spirituelles
00:26:50 à faire entendre et que chacune est irremplaçable.
00:26:52 Mais ce qui est amusant c'est que quand vous citez biodiversité,
00:26:55 les plantes auraient le droit d'être différentes,
00:26:58 mais pas les hommes, on est dans l'absurdité totale.
00:27:01 On est dans l'absurdité totale et par ailleurs,
00:27:03 je pense que c'était un peu ce que sous-entendait Benoît XVI
00:27:10 quand il a lancé l'idée d'écologie intégrale,
00:27:14 c'est-à-dire que l'écologie, oui, ça ne se limite pas
00:27:18 aux carottes et aux navets et aux limaces,
00:27:22 mais aussi il y a une écologie humaine qui doit être respectée.
00:27:25 Malheureusement, là-dessus, le pape François est très en régression,
00:27:30 si je puis dire.
00:27:30 Alors, votre livre a plusieurs richesses,
00:27:34 mais celle déjà de montrer que l'Église missionnaire
00:27:39 a toujours existé et elle a favorisé la différence des peuples.
00:27:47 Elle a même aidé le nombre de prêtres qui ont composé
00:27:52 des dictionnaires, des grammaires, des langues vernaculaires
00:27:56 des peuples dans lesquels ils étaient, c'est très nombreux.
00:28:00 J'ai assisté à des tas de messes en Afrique noire,
00:28:03 ça n'avait rien de grégorien, c'était des messes
00:28:06 avec de la musique africaine.
00:28:09 L'Église n'a jamais voulu imposer une...
00:28:12 Donc c'est un faux procès qu'on lui fait, déjà.
00:28:14 – C'est un faux procès qui est basé sur le fait que ce principe,
00:28:16 évidemment comme tous les principes, a connu des ratés
00:28:19 et il y a cette célèbre instruction du pape Alexandre VII au XVIIe siècle
00:28:24 qui écrit aux missions de Paris pour leur dire
00:28:26 "quand vous allez convertir des peuples, ne leur apportez pas vos pays,
00:28:29 ne leur apportez pas la France, l'Italie, apportez-leur la foi
00:28:32 mais laissez-leur dans leur culture"
00:28:33 et cette instruction, évidemment, parfois, elle n'a pas été respectée
00:28:36 et il y a eu des ratés.
00:28:38 Donc on se sert de ces ratés pour instruire le procès de l'Église en général
00:28:41 mais la doctrine qui a toujours prévalu et la pratique
00:28:44 qui a toujours été celle qui a été prônée par l'Église
00:28:46 c'est effectivement, non seulement de respecter les cultures locales
00:28:50 mais en plus de partir de ces cultures locales pour évangéliser.
00:28:54 C'est-à-dire que c'est à partir de la culture du pays
00:28:57 qu'on va leur faire découvrir l'Évangile
00:29:02 et ça porte un nom, ça s'appelle l'inculturation.
00:29:06 – L'inculturation, oui, absolument.
00:29:08 – On a baptisé ça comme ça dans les années 1950
00:29:11 mais en fait c'est une pratique qui a toujours existé dans l'Église
00:29:14 et Jean-Paul II l'a assez bien théorisé à plusieurs reprises
00:29:19 et notamment dans son très beau livre qui est son dernier
00:29:21 qui s'appelle "Mémoire et identité"
00:29:24 et dans lequel, à partir de l'exemple de l'incarnation du Christ
00:29:28 dans la nation d'Israël, il théorise le fait que Dieu
00:29:32 effectivement propose à tous les hommes de la Terre le même salut,
00:29:36 le salut et la grâce sont uniques,
00:29:38 mais il nous le propose à chacun d'entre nous
00:29:41 par le truchement de notre culture particulière
00:29:45 et par le truchement de notre nation.
00:29:47 Et il a cette phrase absolument magnifique,
00:29:49 c'est-à-dire que toutes les nations sont appelées à entrer dans l'histoire du salut.
00:29:53 Et à partir du moment où une culture est évangélisée,
00:29:57 elle fait elle-même partie de l'identité de l'Église,
00:29:59 ça je trouve que c'est une idée qui est magnifique.
00:30:01 Alors évidemment, après c'est comme tout,
00:30:03 c'est comme dans un orchestre où vous avez le premier violon
00:30:09 et vous avez le type qui est avec son triangle et qui fait ding-ding
00:30:12 trois fois dans la symphonie, mais si le type qui est là
00:30:15 avec son triangle n'est pas là, la symphonie ne peut pas être jouée
00:30:18 et donc tout le monde, toutes les nations,
00:30:20 tous les peuples, toutes les cultures ont leur note à faire entendre
00:30:23 dans ce concert culturel et spirituel.
00:30:26 Ça c'est très joli.
00:30:27 Et alors, vous avez trouvé des injonctions,
00:30:32 de Saint Grégoire le Grand, veiller à ne pas détruire les peuples païens,
00:30:38 mais à les baptiser.
00:30:39 Donc, même les peuples païens étaient respectés par l'Église.
00:30:45 En fait, c'est vraiment le...
00:30:48 Comment dire ?
00:30:48 Il y a une cohérence formidable avec la théologie de l'incarnation.
00:30:54 C'est-à-dire quand on dit que le catholicisme,
00:30:56 le christianisme et la religion de l'incarnation,
00:30:58 on pense évidemment à l'incarnation de Jésus-Christ,
00:31:02 qui s'est fait homme, mais...
00:31:05 Ça a un sens.
00:31:06 Mais ça a un sens beaucoup plus large,
00:31:07 c'est-à-dire que l'incarnation, c'est aussi reconnaître
00:31:11 que nous avons besoin de médiations culturelles,
00:31:13 que nous avons besoin d'être incarnés, enracinés
00:31:16 dans une terre particulière, dans une culture particulière,
00:31:19 dans une tradition particulière,
00:31:20 et que tout ça est nécessaire non seulement pour notre vie humaine,
00:31:25 mais aussi pour notre vie spirituelle.
00:31:28 C'est-à-dire que la spiritualité que nous devons avoir en tant que chrétien
00:31:32 est aussi une spiritualité enracinée.
00:31:35 C'est-à-dire qu'il y a une manière française de prier,
00:31:39 d'être catholique, il y a une manière allemande,
00:31:42 il y a une manière colombienne de comprendre la relation à Dieu,
00:31:46 et toutes sont nécessaires et sont utiles.
00:31:50 Vous citez Christopher Lach,
00:31:53 "le déracinement déracine tout, sauf le besoin de racine".
00:31:58 Oui.
00:31:59 J'aime bien cette idée de continuité.
00:32:01 C'est vraiment un besoin qui est très profondément enraciné en l'œuvre,
00:32:06 c'est le cas de le dire, mais ce n'est pas seulement un besoin humain.
00:32:09 Effectivement, la philosophe Simone Veil disait
00:32:12 que c'était un des besoins les plus fondamentaux de l'âme humaine,
00:32:16 donc c'est aussi un besoin de l'âme.
00:32:18 C'est-à-dire qu'on ne peut pas avoir une vie spirituelle équilibrée
00:32:20 si on n'est pas enraciné.
00:32:21 Ça, c'est le très beau livre de Simone Veil dont vous parlez souvent.
00:32:24 L'enracinement.
00:32:24 Et l'enracinement.
00:32:26 Saint-François de Sales disait "je suis essentiellement savoisien,
00:32:29 et moi et tous les miens, et ne saurais jamais être autre chose".
00:32:34 Oui.
00:32:34 C'est clair, net et précis.
00:32:36 Voilà.
00:32:36 Vous mettez à notre portée des textes anciens,
00:32:42 complètement inconnus, la lettre à Diocnète,
00:32:45 alors là, qui est précieuse cette lettre à Diocnète.
00:32:49 C'est le plus ancien écrit chrétien dont on dispose.
00:32:53 On l'appelle la lettre à Diocnète parce qu'on ne sait pas qui l'a écrite,
00:32:56 on connaît juste le nom du destinataire.
00:32:58 Donc on est au deuxième siècle.
00:33:00 Oui.
00:33:01 Et c'est un texte qui pose la question de savoir
00:33:03 comment on doit être chrétien dans le monde.
00:33:04 Est-ce que le fait d'être chrétien fait que finalement,
00:33:07 nous sommes étrangers à cette Terre,
00:33:09 puisque notre vraie patrie est dans le ciel,
00:33:11 ou au contraire, est-ce que malgré ce fait-là,
00:33:14 est-ce que malgré tout, nous sommes solidaires des sociétés
00:33:18 dans lesquelles la Providence nous a placées ?
00:33:20 Et c'est évidemment la réponse qu'il donne.
00:33:23 C'est très étonnant parce que ce texte qui a été publié récemment
00:33:26 dans un volume de la bibliothèque, de la Pléiade,
00:33:29 sur les premiers écrits chrétiens,
00:33:31 il figure aussi aujourd'hui encore parmi les textes de référence
00:33:34 que vous trouvez sur le site Internet du Vatican.
00:33:36 Donc ça a été écrit au deuxième siècle,
00:33:38 mais ça reste d'une actualité brûlante.
00:33:41 C'est fantastique, cette durée, cette permanence.
00:33:45 Alors, je ne le lis pas parce qu'il est très long,
00:33:47 et puis parce qu'il faut absolument,
00:33:49 chers amis, que vous achetiez ce livre,
00:33:51 parce qu'il va vous rassurer et vous conforter
00:33:55 et vous venger un peu de beaucoup de sonneries
00:34:00 que l'on entend tous les matins
00:34:04 sur les chrétiens qui ne sont pas fraternels.
00:34:07 Voilà, vous trouverez…
00:34:08 Alors, on trouve aussi les textes de saint Thomas d'Aquin
00:34:11 sur la politique et la société.
00:34:13 Alors là, je ne connais pas bien mon saint Thomas d'Aquin,
00:34:16 il faut que je me corrige,
00:34:17 mais il y a des trucs, des choses extraordinaires.
00:34:22 "La fin ultime d'une multitude rassemblée en société
00:34:25 est de vivre selon la vertu."
00:34:28 Là, je ne sais pas ce qu'on est,
00:34:30 mais on est plus une société, du coup.
00:34:32 Mais oui, la réflexion politique de saint Thomas d'Aquin
00:34:36 est passionnante parce qu'elle montre évidemment
00:34:38 que le but de toute activité humaine
00:34:40 et donc le but de la politique aussi,
00:34:42 c'est de nous amener à faire notre salut.
00:34:44 Mais pour autant, on ne peut pas l'envisager du tout,
00:34:47 comme c'est trop souvent dans l'Église d'aujourd'hui,
00:34:49 on ne peut pas envisager ça d'une manière…
00:34:51 on ne peut pas l'entendre d'une manière individualiste.
00:34:53 C'est-à-dire que pour lui, le bien commun de l'homme
00:34:55 et le bien commun de la société dans laquelle il vit
00:34:57 sont absolument imbriqués et indissociables.
00:34:59 Et ça, je pense que c'est une réflexion qui est très importante
00:35:02 parce qu'aujourd'hui, justement,
00:35:03 on a complètement perdu dans l'Église
00:35:05 le sens du bien commun collectif.
00:35:07 Et notamment, quand le pape François parle d'immigration,
00:35:10 il parle toujours de phénomènes individuels,
00:35:13 c'est-à-dire que nous devons accueillir
00:35:15 chaque migrant comme une personne.
00:35:16 Alors certes, chaque migrant est une personne
00:35:17 et on doit la regarder comme une personne,
00:35:19 mais le problème, c'est que quand ils arrivent
00:35:21 par dizaines ou centaines de milliers,
00:35:23 eh bien ça devient un phénomène collectif
00:35:25 et que si on s'interdit de le penser comme tel,
00:35:28 eh bien on est complètement aveugle
00:35:29 aux conséquences économiques, sociales, culturelles
00:35:32 et même religieuses de ces migrations de masse
00:35:35 qui sont pourtant…
00:35:36 – Et à leur propre malheur. – Et à leur propre malheur.
00:35:38 – Parce que les faire quitter leur terre…
00:35:40 – Et au malheur des pays dont ils viennent aussi.
00:35:42 – Les faire quitter leur terre n'est tout de même pas une chance pour eux.
00:35:46 – Ni pour leur pays d'origine.
00:35:47 – Ni pour leur pays d'origine, mais ça, c'est vrai,
00:35:52 quand on n'a jamais quitté son coin,
00:35:53 qu'on n'a jamais rencontré,
00:35:55 on n'a jamais été dans un village africain,
00:35:57 ils ne savent pas que dans les villages africains,
00:36:00 on dit aux enfants "ne partez pas, c'est ici que vous êtes bien".
00:36:03 Je l'ai vu ça, dans 200 kilomètres de Dakar,
00:36:09 un instituteur dire, faire comprendre à ses enfants
00:36:12 que leur salut n'était pas en Europe.
00:36:16 La réaction est très grande.
00:36:18 – C'est le grand enjeu des décennies à venir.
00:36:20 – Oui, c'est le grand enjeu.
00:36:22 Vous êtes très aidé par le cardinal Sarah,
00:36:25 qui est tout de même… qui a une compréhension des choses et une…
00:36:30 – Et je dois dire que sur ces sujets-là,
00:36:32 et notamment sur le sujet de l'immigration,
00:36:34 malheureusement, il y a assez peu de prélats
00:36:37 qui osent, dans le contexte actuel,
00:36:39 – Alors il faut dire qu'il lui peut, parce qu'il est noir.
00:36:43 – Généralement, effectivement, ceux qui ont des positions courageuses
00:36:45 sur ce sujet-là sont généralement africains.
00:36:47 – C'est ça qui est annuï, il faut quand même souligner
00:36:53 le côté restrictif du débat actuellement.
00:36:56 Si vous n'êtes pas noir, vous n'avez pas le droit de dire
00:36:58 ce que dit le cardinal Sarah.
00:37:00 – En tout cas, vous êtes plus audible, si vous voulez.
00:37:02 [Rires]
00:37:05 – Et son texte est tout à fait…
00:37:10 Pour ceux qui ne l'auraient jamais entendu, je vais lire ce texte.
00:37:13 "L'idéologie de l'individualisme libéral promeut le métissage
00:37:18 pour mieux arraser les limites naturelles de la patrie et de la culture
00:37:23 et engendrer un monde post-national et unidimensionnel
00:37:28 dont les seuls critères seraient la production et la consommation.
00:37:32 Je le redis avec conviction, il s'agit de coopérer ardemment
00:37:37 au développement intégral des peuples touchés par la guerre,
00:37:41 la corruption et les injustices de la mondialisation
00:37:45 et non pas d'encourager le déracinement des individus
00:37:49 et l'appauvrissement des peuples.
00:37:51 Certains se plaisent à utiliser des passages de la parole de Dieu
00:37:55 pour apporter une caution à la promotion de la mobilité universelle
00:38:00 et du multiculturalisme.
00:38:03 On utilise ainsi allègrement le devoir d'hospitalité
00:38:07 envers l'étranger en déplacement pour légitimer
00:38:10 l'accueil définitif de l'immigré.
00:38:13 L'Église respecte les médiations naturelles
00:38:16 voulues par le Créateur dans sa sagesse.
00:38:19 Le génie du christianisme est l'incarnation de Dieu
00:38:22 dans le monde humain, non pas pour le détruire
00:38:25 mais pour l'assumer et l'élever à sa destination divine.
00:38:30 – Oui, c'est remarquable ce qu'il a prononcé
00:38:33 lors d'une conférence à Varsovie, je crois en 2017,
00:38:36 et effectivement c'est très en décalage
00:38:38 avec une certaine idéologie dominante dans l'Église aujourd'hui
00:38:42 qui veut qu'en fait les migrations de masse seraient,
00:38:45 même si elles peuvent être douloureuses
00:38:47 quand elles se produisent dans leur déroulement,
00:38:49 elles sont quand même malgré tout une chose positive
00:38:52 parce que ces migrations finalement nous conduisent
00:38:56 à l'unification du genre humain.
00:38:58 Et donc on est passé effectivement de cet universalisme
00:39:01 que je vous décrivais tout à l'heure
00:39:03 qui est une union spirituelle qui est respectueuse des diversités
00:39:07 à cette idée que la marche de l'humanité
00:39:10 vers son unité concrète et politique est inéluctable
00:39:14 et qu'il faudrait que l'Église y participe,
00:39:16 ce qui me paraît une idée fondamentalement contraire
00:39:20 à la foi catholique.
00:39:22 – Alors la dernière question que je vous poserai sur ce livre c'est,
00:39:27 j'ai beaucoup travaillé avec Jean-Mathien Ranck
00:39:29 qui répétait dans tous ses articles,
00:39:31 "l'esprit du monde a pénétré l'Église".
00:39:34 Qu'est-ce qui s'est passé pour qu'à un moment donné
00:39:37 l'Église ne soit plus la patrie du ciel mais la patrie de la Terre ?
00:39:44 – Je crois qu'il y a un basculement dans les années 60
00:39:47 qui correspond probablement, entre autres choses,
00:39:51 à des nécessités pastorales, c'est-à-dire qu'on sentait bien
00:39:55 que le monde était en train de se séculariser à vive allure
00:39:58 et on cherchait tous les moyens possibles
00:40:02 pour continuer à garder l'oreille du monde
00:40:04 et donc on s'est mis à guetter ce que Jean XXIII appelait
00:40:08 les "signes des temps", c'est-à-dire les évolutions sociales
00:40:11 auxquelles il faudrait se raccrocher pour pouvoir continuer à parler aux hommes
00:40:16 et donc on a un peu, à partir de ce moment-là,
00:40:21 passé son temps à courir après le train pour essayer de l'attraper en marche
00:40:25 ce qui est une assez mauvaise solution.
00:40:28 Il y a par ailleurs un phénomène que j'ai découvert
00:40:32 en lisant un livre du cardinal de Lubach,
00:40:34 il y a, au XIIe siècle, il y avait un moine qui s'appelait Joachim de Flore
00:40:38 qui divisait l'histoire de l'humanité en différents âges
00:40:42 et qui prophétisait que nous allions rentrer dans un âge nouveau
00:40:45 qui serait l'âge de l'esprit où finalement l'humanité aurait enfin pris conscience
00:40:49 d'un certain nombre de choses et se rapprocherait infiniment de Dieu
00:40:52 et le cardinal de Lubach montrait que cette tentation revenait
00:40:55 sous des formes différentes, à différentes étapes de l'histoire de l'Église
00:40:59 et je pense que cette invasion de l'Église par l'esprit mondialiste
00:41:04 est une résurgence de cette vieille hérésie
00:41:07 qui veut que, effectivement, promouvoir le paradis sur terre
00:41:13 d'une certaine façon par l'unification du genre humain.
00:41:17 - Parce que, oui, mais en fait, c'est pas un...
00:41:19 c'est un comportement de suiveur.
00:41:23 Si vous croyez, vous expliquez jusqu'à plus soif
00:41:29 ce en quoi vous croyez pour convertir.
00:41:31 Là, essayer de suivre le monde, ça me paraît tellement méandreux et tellement...
00:41:37 - En fait, c'est aussi parce que...
00:41:40 En fait, c'est une question qui se pose depuis le 18e siècle
00:41:43 et plus encore depuis la Révolution française.
00:41:44 C'est-à-dire, on a assisté à l'avènement d'une société complètement nouvelle
00:41:49 qu'on a baptisée du nom de "modernité"
00:41:51 et l'Église a oscillé pendant ces deux ou trois siècles entre deux attitudes.
00:41:56 C'était l'opposition frontale avec cette modernité en disant
00:41:59 "nos valeurs ne sont pas les mêmes"
00:42:01 et l'accompagnement de cette modernité pour essayer de la spiritualiser.
00:42:06 Et le problème, c'est que si cette deuxième solution
00:42:09 qui, à mon sens, est tout à fait une impasse, est possible,
00:42:11 c'est parce que l'opposition frontale n'a pas non plus donné des résultats extraordinaires.
00:42:17 Mais le problème, c'est que...
00:42:18 - Il y avait plus de chrétiens en 1900 qu'aujourd'hui.
00:42:21 - Quand les français se sont réunis devant les églises pour interdire...
00:42:26 - Oui, je suis d'accord.
00:42:27 - Pour interdire, comment ça s'appelle ?
00:42:31 Le recensement de tous nos biens, de tous les biens de l'Église, pas les miens.
00:42:38 Il y avait tout de même plus de français à l'Église qu'aujourd'hui.
00:42:41 - Je suis d'accord.
00:42:41 Mais ce qu'il y a, c'est qu'il me semble que l'entrée dans la modernité
00:42:44 de toute façon conduit à une forme de sécularisation des sociétés occidentales.
00:42:49 Et après, c'est fait toujours la tentation de lutter contre cette sécularisation
00:42:54 en accompagnant le mouvement,
00:42:56 et ce qui, à mon avis, n'a fait que l'accélérer au contraire.
00:42:59 - Absolument, absolument.
00:43:00 En tout cas, merci pour ce livre très, très, très profond, très juste.
00:43:07 Et encore une fois, c'est un élément de combat,
00:43:10 parce que vous donnez...
00:43:12 Vous rassurez les gens, parce que certains catholiques se lèvent le matin en disant
00:43:16 "Zut, je n'aime pas mes frères".
00:43:19 Eh bien non, vous faites un travail de très, très belles factures.
00:43:25 Merci beaucoup pour ce livre "Rome ou Babel",
00:43:28 pour un christianisme universaliste et enraciné chez Artej.
00:43:33 Et maintenant, nous passons à un sujet plus léger,
00:43:36 une cinémathèque idéale que regarder en famille de 5 à 16 ans.
00:43:41 Et on s'aperçoit qu'il y a une quantité de films.
00:43:47 Alors, 700 livres que vous avez tous vus, 700 films.
00:43:50 - Que j'ai tous vus et tous appréciés.
00:43:52 C'est-à-dire que c'est des films qui, y compris ceux qui sont destinés
00:43:56 à un public très jeune, et notamment les dessins animés,
00:44:00 c'est des films qui peuvent être appréciés aussi par les adultes,
00:44:03 pour peu qu'on ait gardé un peu une âme d'enfant,
00:44:05 ce qui, je pense, ce que je l'espère est mon cas.
00:44:07 - C'est évident, le propre d'un bon film, c'est que...
00:44:09 - Et donc, c'est pour ça qu'on a sous-titré ça "Que regarder en famille"
00:44:14 et non pas "Devant quel film placez vos enfants pour avoir la paix ?"
00:44:18 - Non, oui, oui. Ça, c'est la première règle.
00:44:20 - C'est vraiment aussi un plaidoyer pour le visionnage en famille,
00:44:22 parce que c'est une occasion de créer une culture familiale commune,
00:44:26 de créer des références communes, et c'est une occasion de discussion aussi,
00:44:30 de lancer des débats, un dialogue entre parents et enfants,
00:44:33 ce qui n'est pas toujours la chose la plus aisée à faire,
00:44:35 notamment quand les enfants deviennent ados.
00:44:38 - Absolument, et en plus, c'est une façon d'expliquer l'image.
00:44:43 Parce que laisser un enfant... C'était le patron de "Rock" qui disait ça.
00:44:49 Laisser un enfant face à un film où il peut y avoir des violences,
00:44:54 c'était lui faire une blessure, parce qu'il fallait être à côté de lui
00:44:58 pour lui expliquer, pour voir atténuer, voir...
00:45:04 - C'est vrai des violences, mais c'est vrai aussi de plein d'autres choses,
00:45:07 c'est vrai aussi du fait qu'il peut y avoir, même dans un film
00:45:10 tout à fait bien moralement, tel personnage qui se comporte de manière douteuse,
00:45:15 et dont le comportement peut nécessiter des décryptages.
00:45:19 Il y a une éducation au beau aussi, expliquer aux enfants
00:45:23 pourquoi l'image est particulièrement séduisante,
00:45:27 pourquoi le rôle que peut jouer la musique à tel moment...
00:45:31 Il y a une explication...
00:45:32 - J'ai une théorie, c'est que le beau s'impose.
00:45:34 On n'a même plus besoin de...
00:45:35 Quand vous montrez à des enfants de belles scènes de cinéma,
00:45:40 de beaux tableaux, ils sauront instinctivement ce qui est beau
00:45:43 et ce qui ne l'est pas quand ils seront grands.
00:45:45 - Oui, mais ça peut être intéressant aussi de leur expliquer pourquoi c'est beau,
00:45:49 et puis peut-être aussi de leur faire remarquer que...
00:45:51 Tiens, telle scène, vous avez vu les éclairages, la composition.
00:45:55 - Leur apprendre la grammaire du film.
00:45:57 - Voilà, il y a une éducation du regard à faire,
00:45:59 et puis il y a aussi une éducation du rapport à l'image,
00:46:03 c'est-à-dire que je pense que les jeunes générations notamment
00:46:07 qui ont grandi dans le numérique et qui ont énormément d'images
00:46:10 à disposition tout le temps, ont souvent cette idée instinctivement
00:46:14 que parce qu'on nous a montré ça dans une image, c'est vrai.
00:46:18 - Oui, oui. - Et donc il y a toute...
00:46:19 - Faut dissocier.
00:46:20 - Voilà, il y a toute une éducation à faire sur le rapport des images
00:46:24 à la vérité et la manipulation possible des images.
00:46:28 - Alors ce qui est amusant, c'est que vous fractionnez les choix
00:46:32 alors par les âges, mais aussi par les thèmes.
00:46:36 - Par genre plus que par thème.
00:46:37 - Par genre, l'amour, le bien, le mal, et ça c'est très intéressant.
00:46:47 Alors il y avait une question que je voulais vous poser,
00:46:51 c'est que les enfants sont quand même très sensibles, j'ai remarqué.
00:46:58 J'ai vu un film très beau qui s'appelait "Serafina"
00:47:02 qui est diffusé par "Sage", qui est la vie d'une petite fille
00:47:08 qui est séparée de sa mère, elle est en Russie soviétique,
00:47:12 elle est séparée de sa mère puisque les soviétiques
00:47:15 rentrent dans les églises et font des rafles.
00:47:17 Elle est mise dans un orphelinat et elle est très chrétienne,
00:47:23 elle est orthodoxe et elle essaye de se protéger
00:47:27 et un saint la protège qui est Saint Serafim de Sarov.
00:47:33 Et le film se termine bien donc on peut le regarder.
00:47:38 Mais je l'ai regardé avec une petite fille de 10 ans,
00:47:43 elle était en larmes et elle ne veut plus que je lui montre rien.
00:47:45 Est-ce qu'on peut aussi les endurcir en quelque sorte ?
00:47:50 - Oui mais il faut respecter un certain timing
00:47:54 pour employer un mot qui n'est pas de chez nous.
00:47:56 C'est-à-dire que je pense que les gens peuvent tout voir
00:48:00 mais pas à n'importe quel âge.
00:48:01 Et donc c'est pour ça qu'on a fait ce classement par âge
00:48:04 qui n'est qu'indicatif parce que c'est très compliqué
00:48:07 et que surtout chaque enfant a sa sensibilité propre
00:48:11 et que ça c'est le rôle évidemment des parents de discerner
00:48:15 si tel enfant est apte à adapter des choses d'une certaine durté.
00:48:19 - Mais c'est-à-dire qu'on ne s'en rend pas compte,
00:48:20 on s'en rend compte sur l'obstacle.
00:48:21 - Oui mais sauf qu'en fait, moi je pense aussi,
00:48:23 du coup il y a des parents qui sont trop prudents
00:48:26 et qui ne veulent montrer à leurs enfants
00:48:28 que des choses gentillettes et doucereuses
00:48:31 et qui n'ont aucun degré de complexité.
00:48:34 Or l'éducation des enfants c'est certes respecter leur innocence
00:48:38 et leur sensibilité mais c'est aussi les introduire progressivement
00:48:42 à la complexité du monde, à ses ambiguïtés, à ses noirces.
00:48:45 Et donc il y a cette ligne de crête à trouver qui est assez compliquée
00:48:49 et si ce livre peut aider les parents à la trouver,
00:48:52 eh bien il aura rempli une partie de sa mission.
00:48:55 - Les parents et les grands-parents, n'oubliez pas les grands-parents
00:48:57 qui ont le temps de regarder des films avec leurs petits-enfants.
00:49:01 - Mais qui ont souvent une culture accumulée
00:49:03 que les parents eux-mêmes n'ont pas toujours.
00:49:05 - Absolument.
00:49:06 Vous êtes toujours très attiré, et vous avez raison,
00:49:09 par les films japonais, les films de Miyazaki et quelques autres.
00:49:15 - D'Ozu, de Mizoguchi, c'est une des grandes cinémas d'orthographie mondiale.
00:49:19 - Avec ce qu'il n'y a pas toujours dans notre cinéma,
00:49:23 une poésie extraordinaire.
00:49:25 - C'est un cinéma qui est effectivement très poétique, très contemplatif.
00:49:30 Il y a une spécificité aussi dans le dessin animé japonais.
00:49:34 Alors il y a des choses tout à fait enfantine,
00:49:36 mais il y a aussi beaucoup de dessins animés plus à destination des 12-16 ans
00:49:42 qui abordent, sous une forme qui est adaptée à leur âge,
00:49:46 des questions qui peuvent être des questions extrêmement douloureuses
00:49:49 comme le harcèlement, comme le deuil,
00:49:53 comme la tentation du suicide que connaissent beaucoup d'adolescents.
00:49:58 Et donc ça permet d'aborder ces questions-là sous une forme délicate
00:50:03 et adaptée à l'âge.
00:50:05 Et ça, je trouve ça souvent très intéressant.
00:50:08 - Vous signalez "Impressions de montagne et d'eau"
00:50:11 et autres histoires qui sont en réalité tirées de la peinture chinoise.
00:50:15 - Oui, alors ça c'est un... - Ils s'inspirent de la peinture chinoise.
00:50:18 - Ça c'est un dessin animé chinois effectivement,
00:50:21 qui est dessiné aux plus petits, je crois, à partir de 6 ans.
00:50:25 Et c'est une vraie splendeur esthétique, c'est une poésie incroyable.
00:50:30 Et là, je pense qu'effectivement on a un exemple parfait
00:50:33 du fait que le cinéma peut être aussi une éducation au beau.
00:50:37 Et à un beau un peu différent de celui qu'on est habitué à contempler
00:50:40 puisque cette peinture chinoise, évidemment, a des règles très particulières.
00:50:45 - Oui, mais alors ce film, on le trouve comment ?
00:50:48 - Alors il était sorti en salle il y a quelques années
00:50:51 et il a fait l'objet d'une édition vidéo.
00:50:54 - Donc il est en vidéo.
00:50:55 - Je ne sais pas s'il est encore disponible à la vente aujourd'hui,
00:50:58 mais au moins on doit le trouver dans des médiathèques municipales ou autres
00:51:03 et probablement aussi sur des sites de streaming.
00:51:06 En fait, quasiment aujourd'hui, tout ce qui est édité en vidéo
00:51:11 à un moment donné se retrouve sur une plateforme de diffusion.
00:51:14 Donc vous pouvez le louer pour un visionnage via un site Internet.
00:51:19 - Ça, vous m'avez donné une envie de le voir.
00:51:22 - Oui, c'est vraiment magnifique.
00:51:23 - Pressante.
00:51:24 Et puis vous évoquez aussi "Chicken Run" qui était très drôle,
00:51:28 la révolte dans un poulailler qui ne veut pas passer à la casserole.
00:51:32 - C'est une transposition de ce film célèbre avec Steve McQueen,
00:51:36 "Ma grande évasion", voilà, mais chez des poulets,
00:51:40 des poulets, des poulets qui ne veulent pas finir en tarte aux poulets
00:51:42 et donc qui essayent de monter un stratagème pour s'évader.
00:51:46 - En tout cas, ce livre est une mine de films merveilleux.
00:51:52 Il faut absolument que vous ayez ce second dictionnaire du cinéma de Laurent,
00:51:59 le premier étant passionnant et le second extrêmement utile
00:52:04 pour nos enfants et petits-enfants.
00:52:06 Alors, évoquons maintenant ce que vous avez envie de voir,
00:52:10 le petit peu, le petit reste des films que vous avez envie de voir
00:52:14 ou que vous avez vus.
00:52:15 Est-ce que vous avez vu "Mettre les métiers sérieux" ?
00:52:19 - Je n'ai pas vu "Les métiers sérieux", non.
00:52:21 - Ça ne vous a pas tenté ?
00:52:22 - Non, c'est un film sur les enseignants et en fait…
00:52:26 - C'est un documentaire ?
00:52:27 - Voilà. Non, ce n'est pas un documentaire.
00:52:28 C'est un film de fiction mais qui reprend un peu toutes les…
00:52:33 comment dire, toutes les données sociologiques du problème.
00:52:34 - Je l'ai vu mais les histoires sont quand même très, très tenues.
00:52:38 C'est vraiment la vie quotidienne de nos pauvres profs.
00:52:44 Il n'y a pas de quoi rire d'ailleurs aujourd'hui
00:52:46 puisqu'ils ont devant eux toutes les races de la Terre,
00:52:49 toutes les populations de la Terre et que certains, ils laissent leur vie.
00:52:53 Donc, ça n'est pas très gai.
00:52:58 Est-ce que vous avez vu… alors, "Woody Allen" ?
00:53:01 - Oui, je l'ai vu parce que, évidemment,
00:53:02 moi je vais voir tous les films de "Woody Allen"
00:53:04 et c'est un film qui ne restera pas dans les mémoires
00:53:07 si ce n'est que c'est son premier film dont c'est tourné à Paris
00:53:11 mais en français avec des acteurs français, ce qui est un peu étonnant.
00:53:16 Mais c'est un espèce de thriller un peu mou, sans trop de surprises,
00:53:22 qui s'appelle donc "Coup de chance".
00:53:25 Ça manque d'élan, ça manque de souffle, ça manque de passion.
00:53:29 En fait, on a l'impression qu'il brode sur des thèmes
00:53:31 qu'il a déjà mieux illustrés ailleurs.
00:53:35 Ça fait penser notamment à "Match Point".
00:53:39 Mais "Match Point" était un film infiniment super bien.
00:53:42 - Mais il a quel âge ?
00:53:43 - Il a 84, je crois.
00:53:46 Il n'est pas bien sûr d'en faire encore.
00:53:50 Ça sera peut-être son dernier.
00:53:51 Je pense que le mauvais accueil qu'il fait par ses films,
00:53:55 non pas à cause de leur qualité,
00:53:57 mais à cause des conséquences du mouvement #MeToo,
00:54:01 le décourage un peu en ce moment.
00:54:04 - Oui, c'est effrayant, ça aussi.
00:54:08 Et la fiancée du poète ?
00:54:11 - La fiancée du poète, je ne l'ai pas vue.
00:54:12 J'ai un peu une allergie à Yolande Moreau, je ne vous le cache pas.
00:54:15 - C'est sûr qu'elle ne fait pas partie des plus belles femmes de la Terre ?
00:54:19 - Non, ce n'est pas la question.
00:54:20 La question, c'est qu'elle, effectivement,
00:54:22 je trouve qu'elle a cette manie de confondre
00:54:27 une forme de mollesse avec de la poésie.
00:54:34 - Bon, là, vous l'exécutez.
00:54:37 Bernadette ?
00:54:39 - Bernadette.
00:54:40 - Chirac ?
00:54:40 - Ah non, je n'ai pas vu Bernadette Chirac.
00:54:42 La vie est trop courte pour s'intéresser à Bernadette Chirac.
00:54:45 Vous n'avez pas de chance avec moi, là, ce matin.
00:54:48 - Non, mais "Sacerdos".
00:54:50 - "Sacerdos", je l'ai vu.
00:54:51 - C'est un bon film.
00:54:53 C'est diffusé par Sages.
00:54:55 C'est un documentaire, d'ailleurs, tourné par un réalisateur protestant,
00:55:00 mais qui s'est intéressé à cinq prêtres catholiques
00:55:03 pour essayer de dépasser un peu le cliché sur les prêtres aujourd'hui
00:55:09 qu'on réduit trop souvent à la question des abus sexuels
00:55:13 et essayer de nous montrer un peu ce qu'était la vie de prêtres aujourd'hui
00:55:17 et surtout ce qu'ils avaient dans le cœur et dans l'esprit.
00:55:20 Et donc, ce sont cinq profils…
00:55:23 - Tout à fait atypiques.
00:55:24 - … très différents les uns des autres.
00:55:26 - Mais tous très missionnaires.
00:55:27 - Et tous très missionnaires.
00:55:29 Et donc, ils en parlent avec beaucoup de franchise et beaucoup d'honnêteté,
00:55:35 y compris sur les questions de chasteté et de célibat,
00:55:38 où ils en parlent tout à fait sans phare.
00:55:41 Et c'est vraiment…
00:55:42 - C'est un bon film à voir.
00:55:43 - C'est très intéressant.
00:55:44 - C'est à voir en ce moment parce que si on va le voir, il va rester en salle.
00:55:49 Sinon, il va disparaître.
00:55:50 - Oui, il faut soutenir les bons films, tout à fait.
00:55:51 - Soutenir les bons films.
00:55:52 - Et "La Petite" de Loukini ?
00:55:55 - "La Petite", je l'ai vu, ça ne m'a vraiment pas passionné.
00:55:59 D'abord parce que la mise en scène est terriblement plate.
00:56:02 On a vraiment l'impression de voir un petit téléfilm.
00:56:07 L'histoire est assez mièvre et je crains qu'elle ne s'inscrive pas ailleurs
00:56:14 dans une espèce de campagne médiatique à bas bruit aujourd'hui…
00:56:18 - Pour le GPA.
00:56:19 - … pour la banalisation de la GPA.
00:56:22 Et donc, on nous explique que tout ça, c'est très bien et qu'il n'y a pas de problème.
00:56:27 Et c'est assez triste de voir Fabrice Loukini embarquer là-dedans
00:56:32 et lui-même n'a pas l'air de trop y croire.
00:56:35 Et je le trouve d'ailleurs, pour une fois, assez mauvais dans ce film-là.
00:56:40 Et notamment, il y a quelque chose qu'il aime beaucoup faire
00:56:43 et qu'il fait souvent dans ses spectacles.
00:56:46 Il est là à parler de Céline ou de La Fontaine,
00:56:47 et tout à coup, il se met à les mettre en rap.
00:56:49 Et ça peut être très drôle.
00:56:51 Et là, tout à coup, il y a une scène où il doit dire quelque chose
00:56:55 à quelqu'un qu'il a un peu de mal à dire.
00:56:57 Et donc, pour que ça sorte mieux, il le fait en rap.
00:57:00 Et c'est très, très, très mauvais.
00:57:02 C'est ridicule.
00:57:02 Donc, il n'est vraiment pas bon, là, malheureusement.
00:57:05 - Et comment expliquez-vous cette prégnance du woke,
00:57:10 c'est-à-dire du totalitarisme, de cette idéologie…
00:57:14 - Bah, c'est assez simple.
00:57:15 C'est-à-dire qu'à la base…
00:57:18 - Vous n'êtes pas financé si vous ne…
00:57:20 - Non, mais déjà, il y a une question de conformité idéologique.
00:57:24 C'est-à-dire que le milieu du cinéma est ce qui se fait de plus gauchiste.
00:57:29 C'est difficile d'imaginer plus gauchiste que ça.
00:57:32 Et en plus, c'est un milieu terriblement conformiste
00:57:35 qui veut toujours aller dans le sens du vent.
00:57:37 Et donc, le sens du vent, aujourd'hui, c'est celui-là.
00:57:41 Je vous laisse la responsabilité de ce propos.
00:57:43 Le sens du vent, c'est celui-là.
00:57:45 Donc, ils sont complètement gagnés par ça.
00:57:48 Ensuite, oui, il y a des questions de financement.
00:57:53 Oui, c'est effectivement plus facile d'avoir des financements
00:57:56 si vous introduisez certaines problématiques inclusives,
00:57:59 comme on dit aujourd'hui dans vos scénarios, oui.
00:58:04 - Eh bien, donc, allez au théâtre.
00:58:06 Je vous signale…
00:58:07 - Et achetez des DVD aussi.
00:58:10 - Et achetez des DVD, vous avez raison.
00:58:11 - Moi, je peux en signaler un, ou pas ?
00:58:12 J'ai le temps.
00:58:13 - Oui, oui, oui.
00:58:13 - Un très joli film irlandais qui, pour moi, est le meilleur film de 2023,
00:58:16 qui s'appelle "The Quiet Girl".
00:58:18 C'est l'histoire d'une petite fille mal aimée
00:58:20 qui, tout à coup, dans une famille d'adoption,
00:58:23 va découvrir le bonheur d'être aimée.
00:58:25 Et c'est un film tout à fait bouleversant.
00:58:28 Et ça vient de sortir en vidéo.
00:58:29 - Oui, oui, c'était à l'affiche il n'y a pas longtemps.
00:58:31 - Il y a un mois de mars, je crois.
00:58:33 - Ça a disparu très vite, oui.
00:58:33 Ça a disparu très vite.
00:58:35 Et puis, retournez au théâtre, chers amis de TV Liberté.
00:58:38 J'ai vu "La culotte d'un ouïe" au théâtre de l'Athénée.
00:58:42 - Malheureusement, ça ne se joue déjà plus.
00:58:44 - Si, si, ça se joue dans les théâtres en Provence.
00:58:47 - Ah, c'est tout parti en tournée.
00:58:48 - Ça s'est joué la semaine dernière à Versailles.
00:58:52 Et c'est une pièce très, très marrante.
00:58:54 C'est du hanouil des dix dernières années de sa vie.
00:58:57 - C'est son avant-dernière pièce.
00:59:01 - Vous l'avez vue, non ?
00:59:02 - Je l'ai vue, c'est extraordinaire, c'est très drôle.
00:59:04 C'est remarquablement mis en scène de manière très malicieuse et intelligente.
00:59:07 - Alors, on imagine le procès d'un homme par sa femme.
00:59:13 Sa femme qui le dénonce, cet homme qui s'est mal comporté
00:59:18 et qui aurait fait un enfant à la bonne.
00:59:21 Rassurez-vous, ce n'est pas lui qui lui a fait puisque l'enfant est noir,
00:59:26 donc l'honneur de cet homme.
00:59:28 Mais le problème, c'est que l'homme est, comme Saint-Sébastien,
00:59:32 attaché les bras dans le dos à une colonne
00:59:36 et on ne lui libère les mains, la main,
00:59:40 que pour écrire son article dans le Figaro.
00:59:42 Parce qu'en fait, cet homme-là, il crie dans le Figaro
00:59:47 et il est aussi de l'Académie française.
00:59:49 On sent quand même un anouille déchaîner contre son temps.
00:59:52 - Oui, oui, mais ce qui est drôle, c'est qu'en plus,
00:59:54 c'est plus notre temps que son temps.
00:59:57 C'est la même dimension prophétique.
00:59:59 Parce que l'une des premières scènes voit sa femme l'obliger,
01:00:04 ligotée à son poteau à faire son autocritique
01:00:06 et exige qu'il répète après elle "je suis un porc".
01:00:10 - Oui, oui. - Et on y est.
01:00:12 - En 1978 et en 2023, on y est.
01:00:15 - Donc, retourner au théâtre.
01:00:17 La Téné a toujours de très bons programmes.
01:00:20 Il va y avoir un spectacle sur la vie d'Anna Magdalena Bach
01:00:28 et son mari, le Grand Bach.
01:00:30 Donc, je pense que ça va être quelque chose de très beau à voir.
01:00:33 Donc, il faut retourner au théâtre.
01:00:35 Et je trouve que les pièces de théâtre sont en...
01:00:39 Les sujets des pièces de théâtre sont infiniment mieux,
01:00:42 plus attirants qu'ils ne l'étaient par le passé.
01:00:46 Donc, je ne sais pas, il y a une espèce de descente du cinéma
01:00:49 et une montée du théâtre.
01:00:51 C'est bien.
01:00:52 Parce qu'en fait, le théâtre... - Je vous entends.
01:00:55 - C'est l'art des arts.
01:00:57 Merci beaucoup Laurent Duprieux pour ces deux livres fantastiques.
01:01:01 "Une cinémathèque idéale", que regarder en famille de 5 à 16 ans.
01:01:05 Et "Rome ou Babel" chez Arteige,
01:01:09 avec une très bonne préface de Mathieu Boccoté.
01:01:13 À bientôt Laurent Duprieux.
01:01:15 - À bientôt. - Chers amis de TV Liberté, à très vite.
01:01:19 (indicatif musical)
01:01:21 (indicatif musical)
01:01:23 (indicatif musical)
01:01:25 (indicatif musical)
01:01:27 (indicatif musical)
01:01:29 Sous-titrage ST' 501
01:01:32 ...
01:01:46 Sous-titrage ST' 501
01:01:49 Sous-titrage Société Radio-Canada