• l’année dernière
Pour cette nouvelle édition, "Cette année-là" remonte dans le temps, jusqu’en 2005, quand Éléments consacrait un numéro aux Etats-Unis : "Quand l’Amérique était belle". L’occasion d’interroger la fascination française pour cette nation-continent, entre admiration et rejet de son hégémonie culturelle et politique. Une ambivalence devenue encore plus manifeste avec l’irruption de Donald Trump sur la scène politique. Comment cet outsider, incarnation d’une Amérique à contre-courant de ses élites, a-t-il capté l’attention des Français, au point de séduire les droites identitaires ? Autant de questions auxquelles s’attellent les rédacteurs d’Éléments.
Avec Patrick Lusinchi, directeur artistique d’Éléments, François Bousquet, rédacteur en chef, Olivier François, Daoud Boughezala et Rodolphe Cart. Le rendez-vous musclé et impertinent du magazine des idées.

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Transcription
00:00Madame, Monsieur, la solidarité exceptionnelle autour de TVL pendant les fêtes de Noël
00:12nous a donné un souffle d'espoir.
00:14Mais nous sommes encore loin du but, le combat continue et chaque instant est décisif.
00:19Si nous ne redoublons pas d'efforts immédiatement, tout ce que nous avons construit est en danger.
00:24Il nous reste 5 jours, 120 heures et pas une seconde de plus pour mettre TV Liberté
00:29à l'abri, pour mettre vos idées à l'abri.
00:32Nous avons jusqu'à mardi pour gagner cette bataille vitale et nous avons besoin de vous.
00:37Ce dernier coup de collier, il est vital, vital pour notre projet d'information véritablement
00:43alternative.
00:44Mobilisation totale, défendons la liberté à tout prix, chaque seconde compte pour emporter
00:49ce défi crucial.
00:59Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau numéro d'Infobox.
01:29Je suis content de vous retrouver avec toujours la même équipe, l'équipe des gagnants.
01:37On a notre ami Rodolphe qui est avec nous, bonjour Rodolphe, bonjour François, bonjour,
01:43notre ami Olivier, ça va Olivier ? Très bien.
01:45Et Daoud qui vient et on va parler, on n'a pas Christophe, il ne va pas nous faire ces
01:51fameuses années, on va retomber en 2005 sur le numéro 116.
01:58Vous connaissez le système, c'est-à-dire un prétexte pour revenir sur l'actualité.
02:04Ce numéro 116 faisait l'éloge de l'Amérique.
02:07Je peux vous assurer qu'il n'y en a pas beaucoup des numéros d'éléments qui fait
02:10l'éloge de l'Amérique.
02:11Mais cette Amérique que l'on aimait, on va mettre la couverture à l'écran, vous allez
02:18la voir, vous avez vu, c'est magnifique.
02:20Et mon cher François, pourquoi je parle de cette Amérique ? Parce qu'en France, le paradoxe
02:27de l'élection américaine, c'est que les Français se sont passionnés et les jeunes
02:32Français militants politiques se sont passionnés pour l'élection de Donald Trump.
02:36C'est devenu un nouveau héros.
02:38Vous aviez fait, il y a donc trois numéros, il y en a beaucoup qui nous l'ont reproché,
02:42une couverture avec Musk, Tucker Carlson et Trump, il ne manquait que J.D.
02:50Voilà, se sont devenus les nouveaux héros d'une jeunesse et le paradoxe c'est que Trump
02:58nous explique bien, il va abandonner l'Europe et on va être son principal ennemi avec la
03:03Chine et la Russie.
03:04C'est le retour de l'Amérique.
03:06Le retour, il a été engagé depuis quelques temps, le premier mandat de Trump, même sous
03:11Biden, on va y revenir, parce qu'il y a eu des lois votées très très protectionnistes.
03:16L'Amérique de Trump et de Biden est en train de tirer un trait sur celle de Clinton, même
03:22celle de Reagan, c'est-à-dire celle de l'OMC, de l'amendéisation du GATT, après de l'OMC.
03:27C'est une Amérique qui se recentre sur elle-même et on va en parler.
03:30Revenons à cette question de la fascination.
03:32Réfléchissant, préparant l'émission, moi ça me fait penser, je vais revenir, on en
03:38a eu pour notre argent, les showmans que sont Musk, que sont Trump sont exceptionnels.
03:43Trump est un entrepreneur de spectacle de génie.
03:45C'est le plus grand artiste contemporain vivant, je dis bien artiste contemporain vivant, cheveux
03:49brillantinés, le bronzage soigné, la Trump Dance.
03:52– Ah oui, ça c'est un phénomène.
03:55– C'est un phénomène viral d'art contemporain, aucun artiste contemporain ne peut égaler
04:00Trump, sauf un catcheur, un match de catch ou l'élection d'une Miss France.
04:03Mais j'y vais y revenir sur cette fascination qui est légitime, parce que vraiment on en
04:07a pour notre argent.
04:08Mais moi je trouve qu'on est dans la situation des Mélanésiens et des peuples d'Océanie
04:13dans les îles Pacifiques à la fin du XIème siècle quand les Européens sont arrivés.
04:16Les anthropologues, les ethnologues ont parlé d'un nouveau culte, d'un nouveau mythe,
04:20le culte du cargo.
04:21Et la vision que nous avons de l'Amérique c'est celle des Mélanésiens, des aborigènes
04:26vis-à-vis des Européens et des Anglais, je m'explique.
04:28Quand les Européens, les Anglais en l'occurrence sont arrivés avec des bateaux, cargo, puis
04:34après avec des avions, cargo, ils arrivaient avec un matériel qui en mettait plein les
04:39yeux des peuples dits primitifs à l'époque.
04:42Premiers aujourd'hui, Papou, Mélanésiens, aborigènes, tout ce qu'on voudra.
04:48Et on a parlé d'un culte du cargo, c'est-à-dire que les Mélanésiens contrefaisaient des
04:54opérateurs radios, parce qu'ils avaient remarqué qu'un opérateur radio, un jour
04:57après il y avait un bateau qui arrivait avec du matériel.
05:00Donc ils faisaient des facs similaires, ils construisaient des pistes d'atterrissage
05:04fictives.
05:05Ils construisaient des avions qui ne décollaient pas, parce qu'ils sont fascinés par la technologie
05:11européenne.
05:12Et nous, nous sommes fascinés, s'il y a encore un leadership aux Etats-Unis, on déplaise
05:15à Emmanuel Todd, c'est le leadership technologique.
05:18Et c'est le leadership technologique qui nous fascine, la Silicon Valley nous fascine,
05:22la fortune de Musk, la plus grosse fortune au monde.
05:24On n'est qu'au début, moi j'ai fait un papier dans l'élément, il y a 3-4 numéros
05:27vous l'évoquez, et moi je le compare à une mégacorpe.
05:30La mégacorpe, c'est les structures d'entreprises états qu'a inventées le roman cyberpunk,
05:36que reprend Kadic et d'autres, ce sont des fortunes colossales, qu'on n'a jamais vues.
05:40Il a 340 millions de dollars, certes c'est de la valorisation boursière, mais on est
05:44qu'au début de sa fortune.
05:45Donc tout ça nous séduit… – Milliards.
05:47– Milliards, je ne sais plus ce que j'ai dit, mais…
05:49– Et millions.
05:50– 348 milliards, pardon.
05:52Donc oui, il y a cette fascination qui est presque celle, moi je trouve, du peuple dominé
06:00pour le dominant.
06:01Mes parents me racontaient la fascination pour les soldats américains en 44, c'est
06:07la même fascination qui perdure, elle a été très peu étudiée, c'est un de mes
06:11grands regrets, en dehors de Jérôme Fourquet qui récemment a pointé l'oie là-dessus
06:14sur la France-Amérique, du haut et du bas, les deux sont concernés, il y a une deuxième
06:20vague d'américanisation, de dollarisation qui s'est opérée à partir des années
06:242000, qui a été très peu étudiée par les historiens, les sociologues, et aujourd'hui
06:27on en paye le prix, on a une fascination sans recul et sans réciprocité, puisqu'il
06:32n'y a rigoureusement aucune fascination de leur part pour ce que nous sommes, pour
06:36autant, et j'en aurais fini, j'insiste lourdement sur le génie spécifique à l'Amérique
06:42du spectacle, leur capacité à transformer une élection en match de catch, le patron
06:50de Facebook Zuckerberg, les musques devaient se battre comme un combat de gladiateurs au
06:55colisée, et là l'élection américaine c'est un combat de gladiateurs au colisée,
06:59c'est un combat de char ou de catch au colisée, et c'est normal que ça fascine, parce que
07:05ce sont des entrepreneurs de spectacle, ce que nous ne sommes pas, alors la question
07:09est-ce, ça a souvent été pointé par les commentateurs, est-ce que c'est transposable
07:12en France, non, parce que chaque populisme, moi me semble-t-il, s'inscrit dans une tradition
07:17nationale, le populisme italien c'est les typhos et les typhosies, c'est Mélanie qui
07:23pointe le jour de son élection à la Demelon, des Mélanie donc, qui a le mieux au niveau
07:26des seins, c'est inconcevable en France, vraiment inconcevable, le populisme hongrois
07:31de Victor Orban, c'est celui des boyards, d'une vieille noblesse, le populisme étant
07:38l'Oden en Autriche, il est en soutane en Pologne, en France c'est un modèle de Vanupié,
07:44ce que n'arrive pas à comprendre la droite conservatrice, le modèle populiste de la
07:47France, chez Poujade, chez Jean-Marie, chez Marine Le Pen, ce sont des Vanupié, aux États-Unis
07:51c'est Barnum, Barnum c'est Trump, le plus grand entrepreneur de spectacle avant Trump
07:57c'est Barnum, on l'a oublié, bien avant Walt Disney, c'est lui qui au XIème siècle
08:01a inventé le phénomène dit de la burnimisation, et Barnum disait que chaque minute n'est
08:08un pigeon, et que les gens adorent être charlatanés, ou charlatanisés.
08:13– Olivier.
08:14– Ce qui m'a marqué dans la fascination pour la campagne de Donald Trump, qui a été
08:18quand même très violente, sans aucune espèce de surmoi, on y va, c'est que j'ai vu
08:23aussi qu'à droite, sur les réseaux sociaux notamment, il y avait, ce qu'on a beaucoup
08:27parlé ces derniers temps, de dédiabolisation, de la nécessité de se dédiaboliser, d'avoir
08:32un discours professionnel, calme, etc.
08:34Trump c'est l'exact contraire, c'est des insultes à des personnes, c'est des moqueries
08:40sur le physique, c'est sur les questions, le wokisme, les interdits wokisme, ils s'en
08:46moquent complètement, etc.
08:47Donc je pense que dans cette campagne, je ne sais pas si c'est transmissible en France,
08:51il y a eu une fascination pour, justement, waouh, le type, là il y va,
08:54– La transgression.
08:55– Directement, la transgression, il y va, il n'a pas peur de ses adversaires,
08:58il n'est pas intimidé par les progressistes à la gauche, je parle d'ailleurs,
09:02je ne voudrais pas dire progressiste selon Nicolas Faure, les progressistes à la gauche,
09:06moi je tiens à ce terme-là, voilà, je pense qu'il y a eu cette fascination.
09:11Pour la fascination et la nouvelle américanisation, puisque tu parlais de Jérôme Fourquet,
09:15il faut savoir, on en a déjà parlé ici d'ailleurs, qu'aujourd'hui en France,
09:20la danse la plus pratiquée, c'est la danse western, la danse texane, la danse country.
09:25– Au-delà, il appelle ça la couche yankee, il montre que cette couche yankee,
09:30on n'accable que la France périphérique, sociologie des prénoms,
09:33tous les prénoms anglophones, la mode des bikers de Johnny Hallyday,
09:37qui est un américain du pauvre, en réalité c'est un américain qui chante en français,
09:40donc on a à peu près la même chose au niveau des CSP+,
09:45et ce que montre Fourquet, alors je n'ai pas les chiffres exacts en tête,
09:48mais à peu près un cadre supérieur sur deux a fait le voyage à New York.
09:52Un cadre, français, un cadre supérieur sur deux, c'est fascinant.
09:55Donc oui, on est aspiré par cet empire monde qui s'effondre jusqu'à un certain point,
10:01son effondrement est relatif alors que le nôtre n'est pas relatif,
10:03en Europe malheureusement, et je le redis, il perdure ce leadership technologique
10:09dont aujourd'hui, nous Européens, on est totalement impuissants
10:13face à ce leadership technologique.
10:17Et d'ailleurs, si un cadre sur deux a fait le voyage à New York une fois dans sa vie,
10:21il me semble qu'un employé sur deux ouvrier a fait le voyage,
10:25mais cette fois à Walt Disney, donc là on voit le renversement.
10:29Bon ben moi, je vais me faire le porte-parole de ma génération, et c'est vrai que…
10:33Votre génération, à elle, vraiment là-dessus, sur les jeunes militants,
10:37on le voit, c'est une fascination.
10:38Bien sûr, et moi j'ai plutôt un aspect critique vis-à-vis,
10:41bien évidemment à travers mes livres ou mes écrits, ça c'est un peu ressenti,
10:45c'est parfois un reproche que me font certains de ma génération,
10:47mais par contre, on peut dénier que l'aspect vital, l'élan vital,
10:52ou en tout cas le vitalisme qu'on a vu dans cette campagne américaine,
10:55ben ça m'a parlé, et moi le premier par exemple,
10:57et aussi quelque chose d'intéressant, c'est la phrase de Musk,
11:00« Now you are the media ».
11:02Maintenant, nous, nous prenons aussi de l'importance,
11:05et nous sommes la voix aussi et le média directement,
11:07et d'ailleurs ça se voit pas mal avec le développement des podcasts stars,
11:12Joe Reagan ou même Tucker Carlson,
11:14qui font le pendant aux médias de grand chemin,
11:18et donc amènent une voix comme ça, un petit peu dissidente.
11:21Et par contre, même si on a raison à mon avis,
11:23de pointer du doigt les disparités,
11:25évidemment qu'une campagne Trump ne peut pas forcément
11:28avoir la même résonance ou la même figuration en France,
11:33ben par contre, le fait d'aller à fond dans certains enjeux,
11:37notamment à la fois identitaires mais aussi sociaux,
11:40c'est le fameux meeting de Trump avec le gilet des boueurs,
11:43ben mine de rien, ça nous parle aussi.
11:45Donc peut-être qu'il y a un aspect de fascination de notre génération
11:48pour le côté justement un petit peu spectacle,
11:50mais aussi le principe de la politique,
11:52c'est aussi cette notion de spectacle
11:54et qu'il faut peut-être aussi revendiquer parfois à droite.
11:57Donc bien évidemment que notre populisme doit prendre des contours
12:00et une forme plus européenne, même plus française,
12:04mais par contre, il faut aussi à mon avis,
12:06se revendiquer de cette liberté de ton qui nous fait du bien,
12:09même si c'est une victoire par procuration,
12:11et que là-dessus, à mon avis, il ne faut pas se faire trop d'illusions.
12:15– À ce que disait moi, la campagne de Trump m'a fait penser
12:18à certains meetings, alors avec la dimension américaine qu'avait Trump,
12:21à certains meetings de Jean-Marie Le Pen.
12:23Le côté spectacle et barnum, nous l'avions par exemple
12:26lors d'un discours à un congrès du Front National
12:29où Jean-Marie Le Pen avait fait venir la tête en carton
12:31de Catherine Trotman sur la scène.
12:34– Ce qui n'avait pas été très bien vu à l'époque.
12:36– Ce qui n'avait pas été très bien vu,
12:37il y avait que des pastèques sur les plateaux de télévision, enfin c'était…
12:40– Jean-Marie Le Pen citait un poème d'une femme de La Fontaine.
12:43– C'est vrai aussi.
12:44– Une citation, c'était du latin de cuisine.
12:45– Oui, oui, Charles d'Orléans.
12:47– C'est le seul que j'arrive à comprendre,
12:48mais c'est une citation en latin.
12:50Donc Trump, c'est encore autre chose.
12:53– Le fait de Sarkozy était calqué sur le fantasme qu'on a de l'Amérique.
12:57D'ailleurs, il est peut-être représentatif, Sarkozy,
12:59de cette espèce de culte du cargo que tu citais,
13:02c'est-à-dire que, en fait, moi j'ai été frappé par la méconnaissance,
13:06y compris qui est la mienne, des États-Unis qu'on a,
13:08on croit avoir une connaissance superficielle via les séries,
13:11la sauveculture, tout ce qui nous inonde,
13:14tous les blue jeans qu'on porte, moi compris.
13:17Mais en fait, pour avoir lu l'essai de Troy Olson,
13:20qui est une espèce de tête chercheuse du Parti républicain à New York,
13:24que j'ai retrouvé il y a quelques mois,
13:26en lisant son espèce de passage en revue de l'histoire américaine,
13:29du populisme américain sur deux siècles,
13:31c'est là que je me rends compte de notre méconnaissance
13:33de la culture nationale, des traditions politiques,
13:36de l'Amérique des petites villes,
13:38et finalement de ce qui fait l'essence du populisme américain.
13:41Et donc, c'est ça le paradoxe,
13:42c'est qu'on connaît une espèce de réplique,
13:45de gribouille des États-Unis qui se répandent à travers le monde,
13:49mais finalement, la vraie Amérique, on ne la connaît pas.
13:52– Pour te répondre Patrick, je pense que cette fascination,
13:56alors évidemment il ne s'agit pas de devenir des Américains,
13:59et de fait, pour un certain nombre de jeunes de la génération,
14:02les milléniaux, etc., peut-être que pour eux,
14:04il y a un fantasme d'être Américains, c'est possible.
14:06Mais ce qui nous séduit, en tout cas moi ce qui me séduit,
14:08c'est la ligne politique, la conscience que les Américains défendent,
14:12j'ai quand même le sentiment que les gens qui soutiennent Trump en France,
14:16c'est sur cette base-là, Trump et ses électeurs soutiennent d'abord
14:19les intérêts nationaux, industriels américains, et ils aimeraient,
14:24alors en tout cas, moi si je m'en tiens à ce que j'ai pu lire,
14:26en particulier Reconquête, on a pas mal suivi Reconquête,
14:31Sarah Knafo et Éric Zemmour, c'est ça qui les a séduits,
14:35c'est essayer de transplanter ce modèle-là avec l'espécité nationale.
14:38– Je crois, pardon, ajoutons aussi, parce que tu as parlé à juste titre d'ailleurs,
14:41du côté barnone de Trump, de l'agressivité, du spectacle, etc.,
14:45mais il y a aussi, nouveauté par rapport à la précédente élection,
14:49une volonté d'avoir un corpus intellectuel.
14:52Aujourd'hui, Trump est entouré, y compris d'ailleurs son vice-président,
14:55il a écrit G. Davens, G. Davens, je ne sais pas comment le prononcer,
14:59a écrit un livre un peu manifeste, dont d'ailleurs Télérama,
15:02c'est amusant, faisait l'éloge quand il était sorti,
15:04avant qu'il ne rejoigne Trump, où il raconte,
15:07il fait une sorte de portrait de l'Amérique qui a voté Trump,
15:10de l'Amérique qui suit, it'll be L.A.G.,
15:12it'll be, je crois que c'est l'équivalent de Redneck en quelque sorte.
15:16– Le plouc des collines.
15:18– Exactement, comme Redneck.
15:19– Il est très structuré intellectuellement,
15:22nous sommes en France les éditeurs de Renaud Camus,
15:24mais aux États-Unis ce sont des amis et un rédacteur d'éléments,
15:26Yvan Rondel qui est l'éditeur aux États-Unis
15:28sous le Vauban Books de l'œuvre de Renaud Camus,
15:32et qui a traduit pour la première fois Le Grand Remplacement
15:34dans la version officielle validée par l'auteur,
15:36et un de ses premiers racheteurs sur Internet a été G. Davens,
15:39avant qu'il ne soit vice-président,
15:41donc c'est un type qui a un background,
15:43une colonne vertébrale intellectuelle très très solide,
15:47et tout l'entourage, c'est le gros changement en effet entre 2016 et 2024,
15:50c'est que Trump a pris la mesure de ses erreurs,
15:52il s'est aliéné l'État profond, il s'est aliéné le service de renseignement,
15:55il s'est aliéné tout le dispositif médiatique,
15:58et aujourd'hui il y a plein de fondations, de think tanks, d'auteurs,
16:01Roy Olson pour lequel nous avons fait un entretien,
16:04il y a un ou deux numéros,
16:05on avait fait d'autres sur également le phénomène Trump,
16:08le renouveau du populisme, la richesse, la profondeur de champ du populisme américain,
16:13qui est le premier populisme, avant le populisme russe,
16:15le premier populisme en date, le populisme américain,
16:17tout ça Trump est en train de réactiver,
16:19mais au service de l'Amérique,
16:20c'est simplement pour répondre à votre question,
16:22c'est ce dont nous devons avoir conscience,
16:24c'est que l'Amérique est en train de se réarmer,
16:26de se réindustrialiser au détriment des Européens,
16:29et ils n'ont pas attendu le deuxième mandat de Trump, Biden.
16:33– Rappelons-nous l'affaire australienne,
16:35comment les Américains ont décidé, les sous-marins ont décidé en 24 heures
16:40qu'il fallait liquider la France au niveau de l'Australie,
16:43et ça c'est quelque chose qui va se répéter.
16:45– C'est déjà le cas, il faut quand même insister,
16:47on avait travaillé dans un élément,
16:49le premier je pense vraiment à le traiter en profondeur,
16:52Biden reprend en 2000 toute la vision industrielle de Trump,
16:59il ne change rien, en 2022 l'administration Biden
17:05lance un des plus grands plans de relance de l'économie américaine,
17:09sur un fonds, ça s'appelle, c'est très très mal nommé,
17:11on avait fait le papier dans l'élément, l'inflation réduction acte,
17:15donc une loi pour la réduction de l'inflation,
17:17en réalité il est question de quasiment pas d'inflation,
17:20c'est du crédit aux entreprises, de la relocalisation à telle enceinte
17:25que beaucoup d'industriels européens et allemands
17:26songent à s'installer aux États-Unis pour bénéficier du plan d'aide,
17:30avec des crédits d'impôt, on parle de dizaines,
17:34de centaines de milliards de crédits d'impôt, donc cette politique…
17:37– Il y a aussi un pilier intangible et scandaleux
17:39de l'impérialisme économique américain
17:41qui est l'extraterritorialité du droit américain,
17:44qui est le fait que par exemple BNP ne peut pas faire d'affaires en Iran,
17:50sous peine de payer une erreur d'amende,
17:51Alstom en sait quelque chose, c'est unique au monde.
17:54– Oui, ce qui fait que nous, Français, quand on ouvre un compte
17:57à la banque postale, ou dans d'autres banques,
17:58moi c'est la banque postale, j'ai dû signer une décharge
18:01pour l'administration fiscale américaine, à mon niveau,
18:04je veux dire, de salariés de base.
18:07– C'est étonnant d'ailleurs, petit incise d'ailleurs François,
18:09que Kamala Harris pendant la campagne
18:12n'a pas mis en avant cette politique économique de Biden,
18:16elle a fait campagne, moi j'ai un tout petit peu suivi,
18:18elle a fait campagne, une campagne très gauche morale en fait.
18:20– Oui, sur les sujets sociétaux, elle s'est adressée au public féminin,
18:24qui de fait a quand même majoritairement voté pour elle,
18:27alors que le public masculin a basculé.
18:29Il y a plein d'enseignements à tirer de cette élection,
18:31qui sont transposables, à la réserve près,
18:33que désormais, en effet, ce sera un adversaire politique,
18:37peut-être pas, mais en tout cas économique, assurément.
18:40– Rodolphe, vous êtes dans une génération
18:44où le mythe d'une sorte d'alliance occidentale
18:49entre l'Europe et les États-Unis est très forte,
18:54ça me fait penser toujours au fameux couple franco-allemand
18:58que les Français parlent,
18:59et j'ai appris il y a déjà pas mal d'années que l'équivalent n'existe pas,
19:04ils ne parlent jamais de couple franco-allemand les Allemands,
19:06ça n'existe pas, c'est une expression purement française,
19:09j'ai l'impression qu'il y a ça, c'est-à-dire que les États-Unis,
19:12l'Europe, même l'américain moyen, l'Europe, ça ne l'intéresse quasiment pas.
19:16– Absolument pas, mais on voit vraiment un phénomène de fascination
19:20pour la Nouvelle-Rome, alors que la ligne, en tout cas traditionnelle,
19:24je parle bien sûr sous votre contrôle de la Nouvelle-Droite,
19:27c'était toujours dire que l'Amérique n'était pas Rome,
19:29– Vous avez vu les vieux cons là-dessus, sur ce sujet.
19:31– Mais c'était bien Carthage, c'est bien une inversion,
19:34et on voit une fascination parce que oui,
19:36aujourd'hui les États-Unis c'est la Nouvelle-Rome,
19:39c'est la force, on va dire, la poête avancée du monde occidental,
19:42c'est celle qui traîne derrière,
19:43et on voit justement que l'écart de PIB par habitant
19:46a continué à s'accentuer entre les Européens et les Américains,
19:50et moi, ce qui me rend aussi assez dubidatif sur ce lien,
19:55c'est qu'on voit toute une partie des élites pro-européennes
19:58qui, après l'élection, ont sonné le cléron en disant
20:01vive le retour de l'Europe puissance, de l'Europe souveraine,
20:03de l'Europe vraiment pour faire le pont,
20:08mais justement pour faire face aux blocs états-uniens,
20:11mais on voit que dans la réalité des faits,
20:13c'est une suite justement de retrait.
20:17C'est Christine Lagarde qui parlait de diplomatie par le chèque,
20:20en disant qu'elle allait maintenir le lien en faisant de la commande.
20:23C'est la fameuse Europe de la puissance qui est en train de s'effondrer
20:26parce qu'on voit que le marché qui devait être restreint
20:29aux entreprises européennes,
20:31pour finir s'ouvrir aussi aux entreprises américaines
20:34et aux entreprises israéliennes, il me semble.
20:36Donc on voit qu'en réalité ce désengagement américain
20:40bien évidemment qui va se passer pour se tourner vers le pivot chinois,
20:43mais par contre la dépendance, il n'est absolument pas question de la couper.
20:47Les États-Unis agissent comme un empire avec ses marches
20:51et avec ses peuples sous sa domination.
20:54Donc là-dessus, moi j'essaie aussi d'amener un discours critique vers les États-Unis,
20:58même si comme je vous l'ai dit, la liberté d'expression surtout,
21:02ça c'est très important aussi dans ma génération,
21:04et l'élan vital qu'arrivent comme ça à constituer les États-Unis,
21:07ça doit nous inspirer.
21:08Mais moi j'essaie de revendiquer en tout cas une position critique,
21:13parce qu'évidemment, comme vous l'avez tous très bien dit sur ce plateau,
21:17les États-Unis ont une relation vis-à-vis de nous
21:20qui est celle du mépris et celle du suzerain pour le souverain.
21:23Il ne faut pas se voiler la face.
21:25– Il y a une chose qui m'étonne aussi,
21:26c'est que du côté de la gauche française,
21:29on fait exactement la même erreur,
21:30c'est-à-dire qu'on croit à tout prix que les démocrates
21:33sont le parti du wokeïsme, du parti de la gauche,
21:37et qu'ils ont perdu parce qu'ils n'ont pas été assez radicals,
21:40mais comme vous le disiez, Biden a eu une politique de droite
21:43pendant tout son mandat.
21:44– Enfin en termes industriels, pour autant la gauche,
21:47dans des proportions très supérieures à la droite en définitive,
21:50a rallié l'agenda woke, déconstructionniste américain,
21:55c'est totalement aligné, quasiment en temps réel,
21:57il n'y a même plus l'effet différé qu'il y avait jusque-là,
22:0010 ans, 20 ans pour traverser l'Atlantique,
22:01aujourd'hui c'est en casier direct.
22:03– Quand même une petite remarque sur rebondir ce que disait Rodolphe,
22:06et pour répondre à votre question sur la question de l'idée d'un nationalisme
22:09qui serait extra-national, paradoxalement extra-national,
22:13un nationalisme sans les nations, il y a quand même une bonne chose,
22:16tu évoquais la question de la liberté d'expression,
22:18du premier amendement qui n'est pas transposable ici,
22:20donc on a besoin des Américains pour la défense de la liberté d'expression.
22:24Un des soucis majeurs de l'administration Trump
22:27va être de réguler les GAFAM, enfin non, de les déréguler plutôt,
22:30le directeur au Télécom l'a dit très explicitement,
22:33il veut contraindre les GAFAM, mais de manière contraignante,
22:36fiscale, en les mettant à l'amende, c'est-à-dire Google,
22:40c'est-à-dire Apple, c'est-à-dire etc.,
22:42enfin les autres en dehors de Facebook bien sûr,
22:45en dehors de X, ex-Twitter et de X,
22:48les contraindre à ne pas censurer les messages, ce qui est le cas aujourd'hui.
22:52Donc c'est un souci majeur de l'administration Trump
22:55dont il est possible que l'Europe puisse bénéficier
22:57à moins de mettre sur pied de nouvelles réglementations encore plus rigides.
23:00– Ce que je voudrais rebondir aussi sur ce que dit notre ami Rodolphe,
23:04c'est qu'on assiste aussi à gauche ou dans le centre-mou,
23:07à une sorte d'atlantisme sur l'Amérique,
23:09puisqu'ils se disent Trump va se retirer de l'Europe,
23:12d'ailleurs Trump n'est pas du tout intéressé par l'OTAN,
23:14ça lui coûte de l'argent, la monnaie avant tout, l'argent avant tout.
23:19Sur les questions ukrainiennes je pense qu'il a été très clair
23:21à tel point d'ailleurs que l'administration Biden
23:24essaye d'accélérer de manière parfois d'ailleurs inquiétante
23:27le soutien à Zelensky,
23:29je préfère d'ailleurs parler de soutien à Zelensky que soutien à l'Ukraine,
23:32c'est deux choses différentes.
23:34Et il y a un atlantisme sur l'Amérique, c'est tout à fait curieux.
23:38– Il y a un exemple de soumission de nos élites
23:40qui se pensent comme le 51ème état américain,
23:43de manière parfois tout à fait intériorisée et inconsciente,
23:45que donne Jérôme Fourquet, c'est-à-dire que lorsqu'il y a eu
23:47un certain nombre de décisions contre le droit à l'avortement aux États-Unis,
23:51de cour suprême locale, je ne me souviens plus où la cour suprême,
23:54en fait le camp du progrès, Macron et la gauche,
23:58suivi par la droite et l'ORN, enfin tout le monde,
24:02s'est empressé de voir constitutionnaliser le droit à l'avortement en France
24:06comme si on était le 51ème état et qu'on était vraiment menacé
24:09par une vague conservatrice américaine, c'est assez fabuleux.
24:13– C'est la boutade de Régis Dobré sur le 51ème état,
24:17mais par contre le populisme de Trump il est aussi intéressant,
24:20c'est que, bien évidemment c'est la figure centrale,
24:22mais il a réussi à se doter de toute une équipe,
24:25avec des figures comme Musk, Tucker Carlson, mais aussi Kennedy,
24:29sur le lobby pharmaceutique et aussi de la santé,
24:31qui sont des domaines assez préoccupants, notamment pour les États-Unis,
24:35donc c'est vraiment aussi ce populisme collégial
24:40qui est à mon avis assez intéressant, et peut-être là-dessus
24:43il y a des idées à prendre, c'est que oui il faut une figure centrale,
24:46mais derrière il faut aussi faire monter d'autres figures comme ça,
24:50qui sont comme un peu des généraux derrière un empereur,
24:52si je puis dire, pour reprendre un peu la figure napoléonienne.
24:55– Et pour poursuivre, ils sont en train de tirer un trait là pour le coup,
24:58ils sont en train de refermer la parenthèse de 30 ans
25:02de l'harmonisation sous pavillon américain,
25:05il y a un retour du protectionnisme aux États-Unis qui est assumé,
25:08donc c'est à nous de nous en inspirer,
25:10l'exemple que tu viens de citer sur Kennedy est quand même très intéressant,
25:14ça veut dire qu'on tire un trait sur l'administration Reagan,
25:16c'est Reagan qui a libéralisé la food and drug administration,
25:20qui est devenue un organisme totalement corrompu,
25:22qui a breveté un tas de produits, qui étaient des produits archi-polluants,
25:26Trump est en train de revenir là-dessus,
25:27c'est qu'il est en train de prendre la mesure de ce crime
25:31contre la population américaine qui est le phénomène de l'obésité,
25:34qui n'a jamais que la résultante des politiques de Reagan,
25:37de libération de Reagan, tout ça, Trump…
25:39– Qui est piacé, qui est piacé.
25:41– Oui, qui tue, donc c'est quand même…
25:46on va se heurter à un mur économique,
25:50on sait qu'on va se heurter à un mur économique qui est très dangereux pour nous,
25:53puisqu'il est en train d'aspirer notre économie,
25:55nos investissements et même nos entreprises,
25:59mais nonobstant ça, il y a quand même quelques leçons qu'on peut tirer
26:03et de phénomènes qu'on peut importer en Europe.
26:06– C'est pas la question de la radicalité selon toi François,
26:08tu ne penses pas que la radicalité de la campagne Trump…
26:11– C'est pas transposable, j'imagine pas,
26:13non seulement Marine Le Pen, ce n'est pas possible,
26:16ce n'est pas les standards nationaux français,
26:18je n'imagine pas Vincent Bolloré comme Elon Musk,
26:21vous l'avez en tête, Elon Musk on a l'impression
26:24que c'est Michael Jordan qui fait un dunk, il saute en l'air,
26:27vous imaginez Vincent Bolloré sauter en l'air à un midi de Marine Le Pen,
26:30ce n'est pas concevable, vous imaginez que le professeur Raoult
26:36rejoigne Marine Le Pen, c'est ça qui s'est passé aux États-Unis,
26:39ils ont Raoult, Musk, qui est une méga-star,
26:44un tweet de Musk est vu par 30 millions de gens,
26:47un tweet, ou 40 millions.
26:49– Même si la dimension populiste de Raoult est populaire
26:52qu'il a sur Internet, c'est intéressant aussi.
26:53– Non c'est bien, mais pour autant il n'y a pas de traduction politique,
26:55parce qu'on a un pays assez conservateur, assez apeuré, poussiéreux,
27:00qui a un problème avec les dynamiques populistes.
27:03– Et d'ailleurs on l'enlève François, pourtant américanisé,
27:05la France de la danse ouest-américaine…
27:07– Oui mais comme l'a dit Daoud, c'est l'américanisation du pauvre,
27:10c'est la dolorisation du pauvre, c'est…
27:12– Et peut-être qu'on verra un verrou sauter le jour où certains sportifs,
27:16comme Outre-Atlantique, on peut le connaître, se sont engagés,
27:19alors que nous, les sportifs dits patriotes,
27:23je pense tout de suite à Saint-Denis, le combattant UFC,
27:26justement a fait une pantalonade et est revenu
27:28à donner des entretiens à Libération et même chez Mouloud dans son émission Clique,
27:33où il a craché sur le seul camp qui le supporte, qui est le camp patriote.
27:36Donc là on voit qu'on a encore du chemin à parcourir,
27:39et là-dessus, mine de rien, les États-Unis, qu'on les aime ou qu'on ne les aime pas,
27:42à mon avis, ont une longueur d'avance sur nous, il faut la reconnaître.
27:44– Et Antoine Dupont, qui est la star d'une partie de la France périphérique,
27:48donc joueur de rugby, a appelé à voter Macron
27:50et s'est solidarisé dès le lendemain à l'affaire Ney.
27:52– Antoine Dupont, hein ?
27:55– Et a fait une campagne de publicité pour Tétu aussi,
27:57toujours dans le fait de la tolérance.
27:59– Oh là là, ça parlait de Tétu, je pense qu'on va en rester là.
28:04Et donc, avant de vous quitter, ce numéro qui est en kiosque,
28:08vers la fin, effectivement, de la suprématie occidentale,
28:11on avait déjà encore 20 ans d'avance, en en parlant, en 2005.
28:15Donc, écoutez, on se retrouve le mois prochain
28:18pour l'émission Le Plus d'Eléments, Olivier, c'est ça ?
28:19– Oui, avec plaisir.
28:20– Ben voilà, merci, bonjour chez vous.

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