Tags antisémites : «Quand une étoile de David est tagguée sur un immeuble, c'est un danger pour nous tous», affirme Aurore Bergé

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Aurore Bergé, ministre des Solidarités et des Familles de France, répond aux questions de Sonia Mabrouk.
Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews de Sonia Mabrouk" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-de-8h20
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Transcription
00:00 Place à la grande interview sur CNews et Europe 1. Bonjour à vous, Aurore Berger.
00:04 Bonjour.
00:04 Et bienvenue, vous êtes la ministre des Solidarités et des Familles,
00:07 vous êtes connue aussi pour vos prises de position claires et étranchées.
00:12 L'antisémitisme, Aurore Berger, se propage face à la multiplication de ses actes.
00:16 Gérald Darmanin a réaffirmé sa fermeté.
00:19 La Première Ministre dit, je cite, que s'en prendre à quelqu'un parce qu'il est juif,
00:23 c'est s'en prendre à l'âme de la République.
00:25 Mais dites-nous, si c'est l'affaire de tous, où sont les manifestations dans les rues ?
00:29 Est-ce que vous pensez vraiment que chacun se sent concerné aujourd'hui ?
00:33 Le pire des risques, c'est en effet l'indifférence.
00:35 Le pire des risques, c'est de se dire qu'on ne serait pas concerné
00:38 parce que quand on voit les étoiles de David, on se dit « c'est pas nous »
00:42 puisqu'on n'est pas de confession juive.
00:43 Mais quand il y a une étoile de David qui est taguée sur un immeuble,
00:47 c'est une insulte pour nous tous.
00:49 Et c'est un danger et un poison pour nous tous.
00:51 Moi, je me souviens, j'étais très frappée quand il y a eu Osaratora.
00:55 Osaratora, c'est une école où un terroriste est entré
00:59 et a tiré à bout portant sur des enfants.
01:01 On aurait tous dû se sentir directement concernés,
01:05 de voir des tout-petits être pris pour cible
01:07 et de voir aussi une école, qui est quand même un refuge, une protection,
01:11 être prise pour cible.
01:12 Et je crois qu'on ne s'est pas sentis tous, collectivement, suffisamment concernés
01:17 parce que ça a ciblé délibérément une partie de la population
01:21 qui était de confession juive.
01:23 Vous craignez que c'est encore le cas aujourd'hui,
01:24 qu'il y ait une forme d'indifférence,
01:26 qu'on se dise "ça concerne les Français juifs,
01:29 donc ça ne nous concerne pas, la menace ne nous concerne pas autant".
01:32 En fait, la menace, elle nous concerne tous.
01:34 Le poison de l'antisémitisme, il nous concerne tous.
01:37 Et on ne peut pas laisser les seuls Français juifs être en première ligne.
01:42 Et c'est une inquiétude grandissante au sein de la communauté juive.
01:45 Ils savent, évidemment, l'engagement de l'État,
01:47 ils savent l'engagement des policiers, des gendarmes,
01:49 ils savent la sécurisation des lieux, des écoles.
01:52 Mais notre sujet, c'est qu'encore une fois,
01:54 au-delà des policiers et des gendarmes,
01:56 au-delà de l'enjeu sécuritaire, c'est un enjeu républicain,
01:59 et c'est un enjeu qui, encore une fois,
02:01 doit tous nous alerter, nous concerner.
02:03 Moi, je ne pensais pas que dans ma génération,
02:06 dans nos générations, on puisse voir des étoiles de David être taggées.
02:10 Lundi matin, j'ai une amie qui vit en Israël,
02:13 qui m'a envoyé cette image-là en me disant
02:15 "J'ai peur, non pas finalement de ce qui se passe en Israël,
02:19 j'ai peur parce qu'il y a eu ce tag sur l'immeuble de ma sœur".
02:22 Est-ce que ça veut dire qu'elle est prise pour cible ?
02:24 Est-ce que ça veut dire qu'elle a été identifiée ?
02:26 Il faut mesurer ce qui se passe au sein de la communauté jézue.
02:29 Il faut mesurer ce qui change leur nom sur leurs interphones.
02:32 Il faut mesurer ce qui change leur nom sur des applications
02:34 comme Uber ou Deliveroo, parce qu'ils ont peur
02:36 d'être identifiés, évidemment.
02:38 Ça fait des années.
02:40 Je pense que c'est un risque de déni collectif.
02:42 Oui, mais pardonnez-moi, il y a des années,
02:44 ici même, Gérard Larcher, il y a quelques temps,
02:46 nous avait dit "Nous sommes tous responsables"
02:49 parce que nous avons laissé certains quartiers
02:51 être "inhabitables" par des Français juifs.
02:54 Ils sont partis de certains quartiers populaires, etc.,
02:58 de certains territoires.
02:59 Est-ce qu'il y a eu un déni à un aveuglement ?
03:01 Je pense que pendant des années, il y a eu ce risque
03:03 de déni et d'aveuglement, et c'est ce que vous dites très bien.
03:06 C'est-à-dire qu'on a des quartiers où, historiquement,
03:08 on avait une population de confessions juives
03:11 qui était importante et qui, progressivement,
03:13 s'est décalée, déplacée.
03:15 Mais là, ce n'est pas ce qu'on voit.
03:16 On voit que c'est au cœur de Paris.
03:18 C'est-à-dire pas du tout des quartiers, j'allais dire,
03:20 où, par la suite, on a ce type de difficultés.
03:22 Donc, encore une fois, si aujourd'hui, maintenant,
03:24 on ne se sent pas concernés, un,
03:26 parce qu'Israël a vécu le 7 octobre.
03:29 Le 7 octobre est le pire drame dans l'histoire d'Israël
03:32 et de la communauté juive depuis l'âge Shoah.
03:34 C'est la volonté délibérée de tuer des Juifs
03:37 parce qu'ils sont Juifs, et d'exterminer 1 400 d'entre eux,
03:41 y compris des bébés, des tout-petits, des femmes,
03:44 des enfants, des vieillards.
03:46 C'est la volonté d'avoir pris des otages
03:48 avec le risque, là encore, de l'oubli
03:50 de celles et ceux qui, aujourd'hui, sont gardés.
03:53 C'est 30 de nos compatriotes,
03:55 30 de nos compatriotes,
03:56 la pire tuerie depuis l'attentat de Nice.
03:59 Donc, si on ne se sent pas concernés par le 7 octobre,
04:01 si on ne se sent pas concernés par ces étoiles de David
04:04 qui sont inscrites sur les immeubles,
04:05 ça veut dire qu'on n'est pas à la hauteur
04:07 de ce que veut dire être français
04:09 et de ce pacte républicain qui est le nôtre.
04:11 - Mais l'intensification aura apparaîtu de la riposte d'Israël.
04:15 Les images aussi de Gaza bombardée
04:16 vont venir grossir, nourrir la menace sur notre sol
04:19 et fournir aussi du carburant,
04:21 probablement à des slogans souvent de haine.
04:24 Comment faire face, aujourd'hui,
04:25 à des manifestations qui vont se multiplier
04:27 et qu'il est impossible d'interdire,
04:29 même quand elles sont interdites,
04:31 elles se tiennent ? Comment on fait ?
04:32 - Dans le précédent mandat,
04:33 on s'était beaucoup battu pour modifier la définition
04:35 de ce qu'est l'antisémitisme.
04:37 On avait dit clairement que l'antisionisme,
04:39 c'est-à-dire le fait de nier l'existence même
04:42 de l'état d'Israël, le droit d'Israël à exister,
04:44 était une forme renouvelée d'antisémitisme.
04:46 Ça a été difficile.
04:47 C'était Sylvain Maillard qui avait beaucoup porté ce combat,
04:49 qui est aujourd'hui président, d'ailleurs, du groupe Renaissance.
04:52 Et ça a été modifié à l'Assemblée nationale.
04:54 Qui, aujourd'hui, pourrait nier le fait
04:57 que, de manière évidente,
04:58 l'antisionisme est une forme renouvelée d'antisémitisme ?
05:01 Derrière les slogans, derrière les drapeaux,
05:04 on voit bien, évidemment, la haine.
05:07 - D'ailleurs, chaque drapeau,
05:08 c'est-à-dire derrière un drapeau palestinien,
05:10 vous voyez forcément une haine d'Israël ?
05:12 - Non, je pense qu'il y a des gens qui s'insèrent.
05:13 Sincèrement, je pense qu'il y a des gens qui, sincèrement,
05:15 s'alarment de la situation humanitaire,
05:17 veulent qu'évidemment, il y ait des corridors humanitaires,
05:19 veulent qu'évidemment que l'aide humanitaire arrive à Gaza,
05:22 et c'est pour ça que la France est mobilisée,
05:24 que l'Union européenne est mobilisée,
05:25 et c'est évidemment légitime auprès des populations civiles.
05:29 Mais je vois aussi immédiatement que des slogans fleurissent
05:33 dans un certain nombre de ces manifestations.
05:35 Et ce ne sont pas des slogans pour la paix,
05:37 ce ne sont pas des slogans sur la légitimité de main
05:40 d'un État palestinien.
05:41 - Quand on interdit, elles se tiennent ?
05:43 - Alors, certaines manifestations,
05:45 et le ministre de l'Intérieur a été très clair sur le sujet.
05:48 - Elles se tiennent, je vous voyais bien,
05:50 puisque vous parliez de ces slogans de haine.
05:52 - J'entends bien, mais nous, on est très clair,
05:54 et on a été d'ailleurs le seul pays au sein de l'Union européenne
05:56 à interdire un certain nombre de ces manifestations.
06:00 - Pour quel résultat, selon vous ?
06:02 - Déjà, je pense que ça envoie quand même un signal clair,
06:04 c'est-à-dire qu'on ne laisse pas passer,
06:05 et qu'on ne considère pas que c'est acquis
06:07 que des manifestations puissent exister,
06:09 alors qu'elles n'auraient non pas un caractère d'apaisement,
06:12 d'appel, encore une fois, à la paix,
06:14 ou même de légitimité, de dire,
06:15 on souhaite qu'une solution à deux États puisse exister.
06:18 On voit derrière ces slogans
06:20 qu'en vérité, ce n'est pas une solution souvent à deux États.
06:22 C'est de dire, on veut l'effacement de l'État d'Israël.
06:25 On veut la négation de l'État d'Israël.
06:27 - Vous avez des députés,
06:28 sains de leur écharpe tricolore, qui participent,
06:31 et souvent, ces députés, notamment de la France insoumise,
06:33 dénoncent un nettoyage ethnique en cours à Gaza.
06:36 - Mais ce sont les mêmes députés
06:37 qui ont refusé de caractériser le Hamas comme groupe terroriste.
06:40 Donc ils ont quand même, pour moi, peu de crédit, honnêtement,
06:43 sur ce qu'ils disent.
06:44 Et ce n'est pas un hasard, évidemment,
06:45 de les retrouver dans ces manifestations-là.
06:47 Ils ont fait un choix très clair
06:49 au sein de la France insoumise
06:50 depuis le début de ce conflit,
06:52 depuis le début des attaques terroristes
06:54 qui, encore une fois, ont fait 1 400 morts du côté israélien,
06:57 et avec des gens qui ont été délibérément ciblés.
07:00 Et je crois que voilà, on voit bien
07:02 ce qu'ils essayent de flatter
07:04 comme base d'instinct dans notre pays.
07:06 Et c'est ça qui est dangereux,
07:07 parce que quand vous avez des hommes et des femmes dans l'éthique,
07:09 évidemment.
07:10 Parce qu'hier, à cette même place,
07:12 le député Renaissance, Karl Olli,
07:13 nous a dit "Jean-Luc Mélenchon est dangereux pour la société,
07:16 donc il faut le ficher S".
07:17 Ça, je ne sais pas s'il faut le ficher S.
07:19 Il est de votre parti, de votre camp.
07:21 Je comprends ce qu'il dit
07:22 quand il dénonce la dangerosité,
07:24 et on le vit à l'Assemblée nationale.
07:26 Dangereux pour la société.
07:28 C'est-à-dire qu'on n'est plus à parler de l'arc républicain.
07:30 C'est-à-dire qu'il considère que cet individu est dangereux.
07:33 Mais quand vous avez refusé de caractériser
07:35 le Hamas de groupe terroriste,
07:37 quand vous avez refusé de caractériser le fait
07:39 que 1 400 civils ont été délibérément ciblés,
07:43 assassinés, exécutés...
07:45 J'ai même moi-même vécu une polémique il y a 48 heures.
07:47 Parce qu'on a un secouriste israélien
07:50 qui avait dénoncé une nouvelle gradation dans l'horreur,
07:54 qui était, je suis désolée de le dire comme ça,
07:56 mais parce que malheureusement,
07:57 c'est ce qui s'est passé en Israël.
07:58 Vous savez qu'il y a des tout-petits,
08:00 des enfants, qui ont été décapités,
08:01 et dit "On a même retrouvé un petit bébé
08:04 placé dans un four et qui a été brûlé".
08:06 Je me suis dit je vais le relayer
08:09 parce que je pense qu'on a besoin à un moment
08:10 de mettre des mots sur l'horreur absolue qui s'est passée.
08:13 Et là je vois immédiatement des gens qui disent
08:15 "Ça a été démenti", etc.
08:17 Ça n'a pas été démenti du tout.
08:18 On a même hier le porte-parole de l'armée israélienne
08:21 qui s'est rendu sur place et qui l'a dit,
08:23 j'ai ces propos-là, dit "Je viens de voir moi-même,
08:26 je tenais à voir moi-même,
08:27 des personnes décapitées, également des bébés,
08:29 ils m'ont dit avoir découvert le corps d'un bébé,
08:31 il a été brûlé, vivant je crois, dans un four".
08:34 Qui sont ces gens qui en fait, à partir du moment,
08:38 et c'est ça qu'ils devraient interroger
08:39 sur la question de l'antisémitisme,
08:41 où quand des juifs sont ciblés,
08:43 ils mettent en cause les propos d'une armée,
08:46 d'un État démocratique, alors que les mêmes
08:48 ne remettraient jamais en cause les propos de, je cite,
08:51 "le ministère de la santé du Hamas",
08:53 c'est-à-dire d'un groupe terroriste.
08:55 Et ça, ça devrait quand même nous interpeller
08:57 sur ce poison encore une fois de l'antisémitisme.
09:00 - Que répondez-vous à ceux qui disent,
09:02 cette petite musique selon laquelle,
09:04 les Occidentaux ne mettent pas sur le même plan
09:07 une vie israélienne et une vie palestinienne ?
09:09 - Mais évidemment que toutes les vies se valent,
09:11 la question, elle n'est pas là.
09:13 La question, c'est juste qu'à un moment,
09:14 vous avez une différence fondamentale
09:17 entre un groupe terroriste, islamiste,
09:20 qui représente une menace non pas juste pour Israël,
09:22 mais qui représente une menace
09:24 comme n'importe quel groupe terroriste islamiste
09:25 pour l'ensemble des démocraties,
09:27 et en face, une démocratie.
09:29 Ça ne veut pas dire qu'on doive considérer
09:31 que tout ce qui est fait par le gouvernement israélien
09:35 ne mérite pas à la fois de la polémique,
09:37 ne mérite pas de la contestation,
09:38 ne mérite pas du débat,
09:39 comme pour n'importe quel État démocratique.
09:41 Mais vous ne pouvez pas intellectuellement
09:43 placer sur le même plan un groupe terroriste
09:45 et un État démocratique qui est un État ami
09:47 et allié de la France.
09:48 Quand une fois, il y a 30 Français qui sont morts,
09:50 si ça s'était passé dans un autre État au monde,
09:54 en vérité, personne n'aurait remis en cause les faits.
09:57 Parce que ça se passe en Israël,
09:59 certains remettent en cause les faits.
10:00 Vous l'avez dit vous-même,
10:02 c'est considéré comme un danger,
10:04 et comme l'a dit hier Karl Lieb,
10:05 c'est de moins en moins le cas pour Marine Le Pen
10:07 à en croire en tous les cas les sondages.
10:09 Marine Le Pen a déclaré ici même, à votre place,
10:11 qu'elle était le rempart,
10:13 le bouclier de protection des Français juifs.
10:17 C'est le cas ?
10:18 Je ne pense évidemment pas le cas,
10:20 mais je pense que l'opportunité aujourd'hui,
10:23 je pense que l'opportunité lui est donnée
10:25 notamment grâce aux outrances de l'extrême gauche,
10:28 de faire à peu de cas,
10:29 d'espérer faire oublier l'histoire qui est la sienne.
10:32 La sienne ou celle de son père ?
10:33 Oui, mais elle a emmené l'héritière.
10:35 Elle est l'héritière non pas juste du nom,
10:36 elle est l'héritière du parti,
10:38 elle est l'héritière de ses cadres.
10:39 Est-ce qu'elle a un propos ?
10:40 Est-ce qu'elle a tenu un propos antisémite ?
10:42 Je ne crois pas qu'elle ait tenu elle-même de propos antisémite,
10:45 mais je me souviens d'images d'elle,
10:46 il n'y a pas si longtemps, en Autriche,
10:48 à des balles avec des néo-nazis.
10:50 Je suis désolée, il y a peu d'hommes et de femmes politiques
10:53 qui se rendent à des balles avec des néo-nazis.
10:56 Donc à un moment,
10:57 est-ce que ça veut dire qu'elle a policé son discours ?
11:00 Oui.
11:01 Est-ce que ça veut dire pour autant
11:02 qu'il n'y a pas le risque du poison
11:04 derrière de ce qu'a été, encore une fois,
11:07 le Front National et de ce que sont restés
11:09 beaucoup de cadres du Rassemblement National
11:11 qui n'ont jamais vraiment nié cette histoire-là,
11:14 qui ont appartenu au Front National ?
11:15 Elle fleurte avec les 30% dans les intentions de vote de sondage,
11:18 c'est-à-dire que la plus...
11:19 Enfin, quand même une proportion importante de Français
11:22 seraient capables de voter pour quelqu'un,
11:24 apparemment, qui est encore attaché à une histoire antisémite.
11:26 Je crois qu'encore une fois, notre responsabilité,
11:29 c'est que personne n'oublie l'histoire politique.
11:31 Parce qu'à un moment, l'histoire politique,
11:33 elle dit quand même beaucoup de ce que nous sommes.
11:35 Elle est montée pendant les deux quinquennats d'Emmanuel Macron.
11:39 Je pense surtout que nous, on a été un rempart
11:41 au fait qu'elle n'arrive pas au pouvoir.
11:42 Parce que si ça avait été un autre candidat qu'Emmanuel Macron,
11:45 est-ce que le second tour aurait eu la même issue ?
11:47 Je crois qu'il a surtout été élu et qu'il a été réélu.
11:50 Donc ça veut dire que par deux fois, il a été un rempart
11:52 empêchant l'extrême droite d'arriver au pouvoir dans notre pays.
11:55 Vous êtes sûre que ce n'est pas une partenaire pour vous ?
11:56 Parce qu'elle a aussi déclaré, Marine Le Pen,
11:57 que si, par exemple, dans le projet de loi immigration,
11:59 l'article 3, le fameux article 3, a été retiré, supprimé,
12:03 elle voterait le projet de loi.
12:04 Écoutez, à un moment, on a un projet de loi...
12:06 Vous lui dites "allié de circonstance" ?
12:07 Non, il n'y a pas d'allié de circonstance,
12:09 parce qu'on n'a jamais été rechercher, évidemment,
12:11 les voix du Rassemblement national.
12:12 Vous n'allez pas les refuser ? Vous avez besoin d'une majorité.
12:14 Oui, enfin, ceux qui votent le plus souvent avec l'extrême droite,
12:17 motion de censure après motion de censure,
12:19 ce n'est donc pas la majorité.
12:21 C'est, de manière très claire, l'extrême gauche,
12:23 qui là n'a aucun problème et aucun examen de conscience
12:26 sur le fait qu'encore une fois, il s'allie, il s'associe...
12:29 Donc Jean-Luc Mélenchon marche au pied de Marine Le Pen ?
12:32 Oui, je pense que l'objectif de Jean-Luc Mélenchon,
12:34 il se retrouverait en 2027 en tête à tête face à Marine Le Pen.
12:38 D'ailleurs, s'il y avait cette tête à tête, vous, pour qui voteriez-vous ?
12:40 Je fais en sorte surtout que cette tête à tête n'existe pas.
12:42 D'accord, mais vous m'avez...
12:44 Non, parce que je suis membre du gouvernement.
12:45 ...amené la question, Aurore Berger.
12:46 Non, parce que je suis membre du gouvernement,
12:47 et ma responsabilité, c'est surtout qu'on réussisse.
12:49 Le meilleur rempart face à l'extrême droite,
12:51 c'est la réussite de la politique que l'on mène,
12:53 sur la question du travail, sur la lutte contre les inégalités,
12:55 sur la question de la protection des familles,
12:57 sur les enjeux environnementaux, sur l'immigration.
12:58 Et votre non-réponse en dit long s'il y avait ce duel.
13:00 Parce que le simple fait de vous répondre veut dire que
13:02 j'accrédite l'idée que ce duel puisse exister.
13:04 Ce duel ne doit pas pouvoir exister.
13:06 Ce n'est pas parce que Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen le souhaitent
13:08 que c'est souhaitable pour le pays.
13:09 C'est évidemment l'inverse.
13:10 Dans l'actualité, Aurore Berger l'annonce d'Emmanuel Macron
13:13 de graver dans notre Constitution la liberté des femmes
13:15 à disposer de leur corps, à recourir à l'IVLG.
13:19 Alors cette annonce a été saluée par, notamment, l'insoumise Mathilde Panot,
13:22 qui a aussi salué sa propre victoire,
13:24 la victoire des insoumis qui ont porté ce sujet au Parlement.
13:27 C'est le cas ?
13:28 Il faut partager cette victoire avec eux ?
13:30 On peut refaire juste un petit peu l'histoire.
13:33 L'histoire, c'est que moi j'ai été élue présidente du groupe Renaissance
13:36 et que la première décision de mon groupe, avec la majorité présidentielle,
13:40 a été de porter une proposition de loi constitutionnelle
13:42 pour faire en sorte qu'encore une fois,
13:44 l'IVG soit définitivement protégée dans notre pays,
13:47 qui a un caractère irréversible en l'inscrivant dans la Constitution,
13:51 considérant que parce qu'aujourd'hui il y a une majorité pour le voter,
13:54 il ne faut évidemment pas attendre que ce ne soit plus le cas pour pouvoir le faire.
13:57 Et c'est notamment, malheureusement, ce qui s'est passé aux États-Unis.
14:00 Décision de la Cour suprême américaine,
14:01 aujourd'hui des femmes risquent la prison
14:04 pour avoir eu accès et recours à l'IVG.
14:06 Donc c'est une formidable nouvelle surtout,
14:08 de protection des femmes et de liberté des femmes.
14:11 Vous en avez la paternité, si je puis dire.
14:13 En tout cas, elle est collective au sein de la majorité.
14:15 Tant mieux, encore une fois, si d'autres personnes nous rejoignent.
14:17 Ça a été le cas au Sénat.
14:19 Je pense à Laurence Rossignol, je pense à Mélanie Vaugelle.
14:21 Et je pense qu'il faut qu'on continue ce combat ensemble, évidemment.
14:24 Une dernière question sur l'un de vos sujets d'importance dans votre portefeuille,
14:27 sujet ô combien important pour le pays et évidemment son futur,
14:30 c'est la natalité.
14:31 Quand on voit les chiffres, d'ailleurs depuis des années,
14:33 aurore Berger, c'est édifiant.
14:35 Quelles sont vos propositions dans ce domaine ?
14:37 Est-ce qu'il peut y avoir un sursaut, un électrochoc ?
14:39 Moi, ce qui me concerne le plus,
14:41 c'est de voir qu'on a aujourd'hui un écart grandissant
14:43 entre le désir d'enfant,
14:44 qui est quand on l'a, je pense sans doute,
14:46 quelque chose qui est la plus intime, le plus puissant qu'on ait,
14:49 qui est environ à 2,4 enfants par couple,
14:51 et la réalisation, le nombre d'enfants qu'on a effectivement,
14:54 qui est plutôt 1,7, 1,8.
14:56 Donc ça veut dire qu'il y a un écart grandissant
14:57 entre ce qu'on voudrait au plus profond de soi et ce qui est possible.
15:01 Et c'est ça qu'on doit corriger.
15:02 C'est comment on a une politique familiale qui accompagne,
15:04 qui soutient toutes les familles,
15:06 de manière à faire en sorte que,
15:07 quand on souhaite avoir des enfants, on puisse le faire en France.
15:09 Le premier frein que nous disent les familles,
15:12 c'est la question de la garde d'enfants.
15:13 C'est l'angoisse de se dire, si demain j'ai un enfant,
15:15 comment je fais concrètement pour organiser ma vie ?
15:18 Et donc c'est ça qu'on fait.
15:19 On crée un service public de la petite enfance,
15:20 notamment sur ce sujet,
15:22 pour garantir de lever les freins.
15:23 Il y a des freins aussi des tabous qui existent,
15:25 la question de l'infertilité, qui malheureusement croît dans notre pays,
15:28 avec beaucoup de gens qui sont totalement déstabilisés, désarçonnés,
15:31 qui ne savent pas vraiment à qui en parler,
15:33 comment être accompagnés.
15:35 Et c'est là-dessus aussi qu'on travaille avec le ministre de la Santé.
15:37 Merci, Aurore Barbès.
15:38 C'était votre grande interview ce matin.
15:39 Belle journée à vous et à bientôt.

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