• l’année dernière
Transcription
00:00 Porter deux épées comme ça dans le dos,
00:02 où on n'a pas de traces de fourreau dorsal,
00:04 pour des raisons très simples,
00:05 c'est qu'en fait c'est très compliqué de
00:07 tirer une lame sur un fourreau rigide.
00:09 Au bout d'un moment vous êtes limité par la longueur de votre bras.
00:11 On est sur du 100% fiction.
00:13 Je suis Pierre, d'un doctorat en histoire médiévale et moderne,
00:20 spécialisé dans l'étude des arts martiaux
00:22 au Moyen-Âge et à l'époque moderne.
00:24 On va essayer de voir quelle est la représentation
00:26 de ces arts martiaux dans le cinéma,
00:29 les séries et les jeux vidéo aujourd'hui.
00:31 Là ils sont essoufflés.
00:41 Ce qu'il faut bien comprendre avec les armures médiévales,
00:45 surtout les armures rigides comme celles qui sont montrées dans cet extrait,
00:48 c'est que ce sont des outils qui sont extrêmement efficaces.
00:50 Ça protège bien, ça n'entrave que très peu la mobilité.
00:56 Par contre ça a un défaut, c'est que c'est lourd.
00:58 C'est pas excessivement lourd.
01:00 Une armure comme ça pèse 20-25 kg au maximum.
01:02 Répartie sur tout le poids, c'est inférieur à un équipement de pompier en déploiement par exemple.
01:06 Si on nommait les armures un petit peu simplistes
01:11 et un petit peu baroques en termes de cohérence historique,
01:14 on est sur du 90-95% de crédibilité historique.
01:20 Il y a autant de joutes qu'il y a de provinces, de régions, de territoires au Moyen-Âge.
01:26 Néanmoins, dans la joute médiévale à cheval, on peut noter quelques permanences.
01:31 Notamment, comme on le voit dans cet extrait,
01:33 la chute d'un des deux chevaliers au milieu de la joute médiévale.
01:38 C'est-à-dire que le chevalier est en train de se faire chuter.
01:41 Il est en train de se faire chuter, il est en train de se faire chuter.
01:44 C'est-à-dire que le chevalier est en train de se faire chuter.
01:49 Par contre, je n'ai pas connaissance de cavaliers qui joutent sans armure.
01:52 L'impact est tellement effroyable, personne ne prendrait le risque de jouter sans armure.
01:57 Par contre, tout le reste est très représentatif de l'archétype de la joute médiévale.
02:02 Le méchant, l'adversaire.
02:04 Donc, je pense que donner un 80% de véracité historique et un 20% de fiction ne serait pas du tout inhérité.
02:12 Le chevalier est un chevalier.
02:16 Le chevalier est un chevalier.
02:19 Paradoxalement, ça c'est vrai.
02:21 C'est totalement sourcé dans une série de manuels d'art martiaux rédigés en allemand au cours du XVème siècle.
02:29 On a une représentation de l'un des deux duellistes qui dévisse le pommeau de son pas de vis.
02:35 Normalement, il le lance sur l'adversaire pour le déconcentrer et pour le prendre par surprise.
02:39 Là, on est bien sur du 90% scientifique.
02:43 Et 10% parce que les équipements montrés sont un petit peu fantaisistes.
02:47 C'est bon, il tâche.
02:58 De très grandes épées, de grandes épées comme ça, un peu démesurées, ça existait en particulier au XVIème siècle.
03:05 Une grande épée à deux mains au cours du XVIème siècle pèse entre 2 et 2,5 kg, ce qui représente un petit pack d'eau.
03:12 Toutes les épées ne sont pas forcément destinées à être utilisées.
03:15 L'épée, c'est également un symbole.
03:17 Le porteur ne les manie pas, mais il les porte en public lors de processions ou de manifestations publiques.
03:21 Je dirais qu'on est sur du 50/50.
03:25 La mise en scène et la gestuelle sont très amples et rendent bien compte du poids et de la difficulté qu'on peut avoir à manier de très grandes armes.
03:33 Bien sûr, sur le côté disproportion, il y a également 50% de fiction, mais c'est très agréable.
03:53 On voit apparaître au XVIème siècle des documents techniques, des manuels d'arts martiaux, qui parlent et mentionnent le combat avec deux épées de taille identique.
04:03 Maintenant, on est assez loin dans cette scène de ce qui est raconté ou de ce qui est enseigné dans ces sources,
04:10 puisqu'on cherche à être extrêmement mobile et à s'enfuir.
04:13 On est sur un classique fantasme de combat à deux épées pendant l'ère médiévale.
04:17 30% de crédibilité historique et 70% de fiction.
04:22 C'est un peu comme si on avait un film de combat.
04:25 On a des traces, de nombreuses traces physiques, j'entends, des dégâts que font les épées au corps.
04:46 Olivier Delamarche, qui a écrit une chronique à la cour des ducs de Bourgogne, raconte qu'il a vu au cours de bataille, au cours d'affrontement,
04:54 des hommes coupés en deux au fot du corps, c'est-à-dire en dessous des côtes.
04:58 La bataille de Visby est une bataille qui est très étudiée puisqu'elle a laissé des charniers, c'est-à-dire des tombes collectives de corps.
05:08 On voit régulièrement des combattants dont la jambe a été sectionnée sous le genou.
05:13 Si on parle exclusivement de la capacité d'une épée à trancher des membres, on pourrait dire qu'on est sur du 90% historiquement plausible,
05:22 parce que ça se fait en fait, c'est même conçu pour ça.
05:25 Ce qu'il faut retenir, c'est qu'un combat dans une histoire, dans une reconstitution historique au cinéma,
05:30 ce n'est pas grave que ce ne soit pas historique.
05:32 La fiction, la qualité de la narration, la qualité de la mise en scène l'emportent sur la véracité historique.
05:37 Par contre, ce qui est important, c'est qu'un combat soit cohérent.
05:40 On voit apparaître au cinéma de plus en plus d'efforts sur la crédibilité des combats, sur la qualité des chorégraphies.
05:45 C'est assez intéressant, c'est une bonne chose.
05:47 [Musique]
06:00 [Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org]
06:03 [SILENCE]