Le monde d'Élodie : Didier Bourdon

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Transcription
00:00 Bonjour Didier Bourdon.
00:01 Bonjour.
00:02 Vous êtes ce qu'on appelle un touche-à-tout, tour à tour humoriste, acteur, scénariste,
00:06 réalisateur, compositeur, producteur et parfois chanteur.
00:08 Alors on pourrait se dire que vous êtes parti dans tous les sens, mais en réalité, pas
00:12 vraiment car il existe bien un point commun à tout ça, c'est l'amusement.
00:15 Depuis vos débuts, que ce soit au Café et Théâtre ou au sein de votre trio comique
00:19 Les Inconnus, aux côtés de Pascal Legitimus et Bernard Campant, vous avez toujours placé
00:23 le rire au centre de votre quotidien.
00:25 Aujourd'hui, vous êtes à l'affiche du film inestimable d'Eric Fraticelli qui a d'ores
00:29 et déjà réalisé le plus gros démarrage d'un film en Corse.
00:32 Je veux quand même préciser qu'il est corse et que les acteurs aussi sont quasiment tous
00:36 corses.
00:37 Ce film a été réalisé d'après l'histoire vraie de trois amis qui ont découvert un
00:40 trésor considéré 40 ans plus tard comme inestimable.
00:42 Quatre décennies, c'est long et pourtant, il est impossible d'estimer avec précision
00:47 le contenu de ce trésor.
00:48 Mais ce que l'on sait, c'est qu'il s'agit d'un trésor datant de l'Empire romain, constitué
00:52 d'environ 1400 pièces d'or, d'objets avec un sublime plat en or massif qui va lui coûter
00:57 d'ailleurs de se faire arrêter.
00:58 La plupart a été vendu par Félix Bianca Maria, le découvreur qui est en procès
01:03 depuis de nombreuses années.
01:04 La question est, comment ce trésor datant du troisième siècle après Jésus-Christ
01:10 est arrivé dans la baie d'Ajaccio ? Comment vous avez découvert cette histoire Nidi Bourdon
01:13 qui est juste extraordinaire ?
01:14 - Alors moi, je l'ai découverte avec le scénario.
01:16 Moi, je ne la connaissais pas.
01:17 Mais je sais qu'en Corse, tout le monde la connaît.
01:19 Beaucoup de monde la connaît même sur le continent.
01:21 Et alors quand j'ai lu le scénario, après j'ai posé des questions à Eric Fraticelli
01:28 qui m'a dit qu'il avait ce film en tête depuis une dizaine d'années.
01:30 Ça tombe pas mal parce que c'est son troisième film.
01:33 Le producteur dit que c'est son film le plus réussi, je veux bien le croire.
01:38 Dans le sens où sur le plateau, il y avait une sorte d'expérience acquise lors des deux
01:46 premiers films.
01:47 Moi, j'ai fait son premier film où je l'ai un peu épaulé parce qu'il était un peu...
01:50 C'est aussi un mec, vous disiez le point commun, le rire, il y a aussi l'exigence.
01:54 Après on réussit, on réussit moins les choses.
01:56 Mais vraiment, comme Eric Fraticelli, je sais qu'il tient vraiment à faire les choses
02:01 au mieux.
02:02 Tout le monde va vous dire qu'il fait ça, mais enfin bon, le secret c'est de travailler
02:08 et de ne pas regarder la montre et d'essayer d'aller au plus sûr, au plus...
02:15 Enfin sur le film "Inestimable", il y a trois personnages, trois couleurs différentes.
02:18 Ça se rapproche un petit peu des personnages réels de la vie, mais certainement qu'Eric
02:23 a dû un petit peu extrapoler.
02:25 C'est normal pour faire un film.
02:26 - "L'île de beauté" est vraiment au centre de ce film.
02:28 Didier Bourdon, on lui rend hommage d'ailleurs.
02:30 Et il y a surtout aussi cette fascination pour le trésor.
02:33 On a tous cette fascination un jour de pouvoir trouver un trésor.
02:36 On a l'impression qu'aujourd'hui, ce n'est plus possible.
02:38 Et là, justement, avec Félix, on se rend compte que ça peut l'être.
02:40 - Oui, ça peut l'être.
02:41 Et le fait que ce soit encore, c'est vrai que ça donne un sel à l'histoire.
02:45 C'est un petit peu comme du pagnol.
02:46 Il y a les trois personnages.
02:48 Enfin, moi, je connais un Bianca Maria.
02:49 Bon, il ne va pas tout vous dire, bien évidemment, il reste secret.
02:52 Mais toutes les conneries qu'ils font après avoir découvert le trésor dans le film,
02:56 c'est la réalité.
02:57 C'est-à-dire qu'ils font des trucs.
02:58 D'ailleurs, ça les rend sympathiques.
02:59 C'est pas tombé sur trois mecs qui vont placer ça au 440.
03:02 C'est trois mecs qui vont flamber.
03:04 Et c'est ça qui est sympa.
03:05 - Le trésor, il le découvre en 85.
03:07 On va raconter l'histoire quand même.
03:08 Elle est assez incroyable.
03:09 Il part pêcher des oursins dans une petite crique à une dizaine de kilomètres d'Ajaccio.
03:14 Et effectivement, il revient avec une pêche miraculeuse.
03:17 Au début, il ne comprend pas trop ce que c'est.
03:19 Il voit que ça brille, mais il ne sait pas trop.
03:20 On est à moins de 2 mètres de profondeur et très proche des côtes.
03:23 Il est poursuivi aujourd'hui pour détournement d'épaves, ce qu'il conteste fermement.
03:28 Alors, évidemment, il y a une zone d'ombre.
03:31 C'est de savoir s'il a trouvé ce trésor sur la terre ferme ou dans la mer.
03:36 Ce qui change évidemment le fait qu'ils le doivent ou pas de l'argent.
03:40 Et à contrario, il pourrait toucher 50% de ce magot qui s'élève, semble-t-il, à 10 millions d'euros.
03:45 - Ah oui, c'est énorme.
03:46 Il y a une petite scène marrante où il y a la vague qui passe.
03:49 Hop, et quand la pièce est dans l'eau, c'est à l'État.
03:52 Quand elle est à l'air libre, c'est à nous.
03:55 Il y a ce personnage qui est interprété par Philippe Corti, qui lui, est plus cool.
03:59 Lui, bon, l'argent, il s'en méfie un petit peu.
04:01 Moi, j'ai mon personnage.
04:03 On a tous besoin un petit peu d'argent dans le film.
04:04 C'est expliqué, c'est-à-dire qu'on est dans la merde financière.
04:07 Et moi, je suis un peu le plus flippé des trois parce que je me dis, putain, comment ça va ?
04:10 Ça, ça va, ça va se débrouiller, cette histoire.
04:14 C'est vraiment, comment dire, à la rigueur, peut-être plus une malédiction qui nous tombe dessus.
04:21 Et puis, le personnage d'Eric Fraticelli, lui, bon, il a crâné un petit peu.
04:27 C'est un peu le crâneur, mais il a aussi des problèmes familiaux.
04:30 Il a sa fille qu'il voit pas tout le temps.
04:32 Donc, il y a vraiment une humanité dans le film.
04:35 Je crois que les trois personnages, il y en a un qui est décédé depuis.
04:38 Mais dans la vraie vie, c'était un peu ça.
04:41 C'est pas trop loin de ce qu'on voit dans le film.
04:44 - Le point de départ, effectivement, de cette vocation métier, vocation métier passion, j'ai envie de dire,
04:49 c'est vraiment l'amitié.
04:50 On a l'impression que vous avez eu ce besoin de construire votre famille de cœur à travers votre famille de métier,
04:56 en quelque sorte, que ce soit au Café Théâtre, que ce soit même quand vous avez démarré vos études.
05:01 - Même au Conservatoire de Paris, j'étais avec deux, trois potes.
05:06 Ça compte, l'esprit de troupe, je pense.
05:09 D'ailleurs, j'ai terminé mon prix de conservatoire avec un extrait de l'impromptu de Versailles,
05:14 où Molière joue son propre rôle avec ses copains.
05:18 Et donc, je mets en scène tous les acteurs qui ont entouré Molière.
05:21 Et à la fin, je m'adresse au public.
05:22 Mais c'est inconsciemment, je pense que c'est ça.
05:24 J'ai toujours aimé ça.
05:27 Le one man show, c'est pas mon truc.
05:28 Je suis assez admiratif, d'ailleurs, de ceux qui le font, parce que c'est un travail à part.
05:32 Moi, je serais incapable de faire du one man show, de m'adresser directement au public.
05:36 J'ai besoin d'incarner un personnage.
05:37 - C'est quoi ça ? C'est un héritage familial, le fait d'avoir des valeurs communes,
05:43 de partager des choses ou pas ?
05:45 - Ah, peut-être.
05:46 C'est possible.
05:47 J'avais un frère, j'ai toujours, d'ailleurs, quand j'étais petit, un frère et une soeur,
05:50 j'étais au milieu, donc il fallait quand même partager.
05:53 J'avais une cousine qui était comme notre soeur.
05:54 Oui, certainement que quand on nous a inculqué ça, oui, les valeurs du partage.
05:59 Parfois, quand je déconnais, mon père disait arrête de faire l'intéressant.
06:01 Ça me blessait un peu, mais bon, c'était déjà le comédien un peu cabot qui pointait.
06:07 Mais le partage, oui.
06:09 Après, je ne sais pas.
06:09 C'est une bonne question.
06:10 Je ne sais pas.
06:11 Je ne sais pas pourquoi il y en a qui sont plus...
06:14 Alors, on est tous un peu égocentriques dans ce métier,
06:16 mais peut-être je le suis un peu moins qu'un one man show,
06:18 parce que je pense qu'un one man show, il faut beaucoup s'aimer pour aller...
06:22 Il faut avoir confiance en soi.
06:24 On n'est pas fait de la même matière, quoi.
06:27 Moi, je sais que j'aime bien partager.
06:30 Seul en scène, je pourrais, parce que j'incarne un personnage.
06:33 Mais enfin, bon, me retrouver tout seul sur scène,
06:36 j'aime bien partager, avoir des copains juste avant de rentrer sur scène
06:41 ou sur un plateau de cinéma,
06:44 deux, trois conneries ou l'actualité ou des choses profondes.
06:48 Et ensuite, partager une scène.
06:50 Il faut toujours jouer, comme vous dites.
06:52 Jouer, c'est la base.
06:54 C'est jouer.
06:54 Mais pour jouer, il faut travailler un peu avant.
06:57 - Ça a commencé, vous étiez très jeune quand même.
06:59 Vous aviez 11 ans et déjà une détermination.
07:02 Est-ce que vous saviez déjà que ce métier là, il allait faire partie de votre vie ?
07:05 - Oui, j'avais envie déjà.
07:06 Mais ça, il y a beaucoup d'artistes qui vont le dirent.
07:08 Ça vient assez tôt.
07:10 Après, c'est de manière un peu confuse.
07:12 Moi, je voulais faire du théâtre.
07:13 Mais à 11 ans, en effet, j'ai fait ma première pièce à Mulhouse,
07:16 dans un petit endroit qui appartenait à un de mes copains.
07:22 Et c'était les boulins gras de Courteline.
07:25 Et je me souviens déjà d'être fasciné par les petits projecteurs qu'on avait achetés,
07:28 qui faisaient une petite lumière bleue.
07:29 Et à la fin, il y a un incendie, donc on avait mis des petits trucs rouges.
07:32 Et j'aimais bien ce mystère,
07:33 derrière les taps noirs, vous voyez, de cette petite lumière.
07:36 J'aimais bien tout ça.
07:37 Et le jeu, alors on ne se regarde pas jouer, mais on voit les autres quand même.
07:41 On sent qu'il se passe quelque chose.
07:42 On a beau connaître le copain ou la copine.
07:44 Et puis, au bout d'un certain moment, on voit le personnage,
07:46 on ne voit plus le copain ni la copine.
07:47 Ça, c'est la merveille du théâtre.
07:49 - Est-ce que quand les inconnus se sont arrêtés,
07:52 je me suis posé cette question-là.
07:53 Vous avez perdu pied, d'ailleurs, de vous retrouver sans eux,
07:56 de devoir vous construire différemment.
07:58 - Non, quand même pas, parce que je n'étais pas tout jeune.
08:02 Et puis, on a toujours été liés.
08:04 Non, au contraire, j'étais aussi un peu content.
08:07 Et ça, c'est Bernard qui m'a poussé un peu,
08:09 parce que lui, j'avais du mal à me dire
08:12 "bon, quand est-ce qu'on va faire des trucs ?"
08:14 Et en fait, j'avais déjà des projets solitaires.
08:16 C'était pas un mal aussi de changer.
08:18 Parce que de toute façon, il fallait qu'on le fasse.
08:19 Parce que, comme je vous le disais, on ne se forçait jamais.
08:22 On a fait du théâtre, on a fait des émissions de télé.
08:24 On a arrêté alors que les producteurs voulaient qu'on continue.
08:28 Même TF1 voulait qu'on fasse une mensuelle.
08:30 Grassement payé, on a dit non,
08:31 parce qu'on sentait qu'on allait perdre notre âme.
08:34 Et ensuite, on a fait du cinéma.
08:35 Et après "Les Rois Mages", on a fait donc "Le Paris", "Les Trois Frères".
08:38 On s'est dit "on va un petit peu lever le pied pour aller vers d'autres univers".
08:41 Et d'ailleurs, ça m'a souri,
08:43 puisque j'ai fait "C'est temps de mariage" avec Catherine Fraud.
08:46 J'avais un peu peur,
08:48 parce que moi, Catherine, je l'avais connue au conservatoire.
08:49 Mais enfin bon, c'était un autre univers,
08:52 mais toujours dans le partage, dans un travail d'équipe.
08:55 Et être aussi acteur, dirigé par d'autres metteurs en scène.
08:59 Ça, ça m'a fait plaisir. Ça me fait toujours plaisir.
09:01 - Les écrivains peuvent avoir peur de la feuille blanche ?
09:05 Est-ce que quand on touche à l'humour,
09:07 on peut avoir peur de ne pas se renouveler,
09:09 de ne pas réussir à se renouveler ? C'est extrêmement difficile.
09:11 - Oui, non mais ça, on le ressent.
09:13 C'est pour ça qu'on a quitté.
09:14 Quand les sketchs, on sentait qu'on devait...
09:17 C'est toujours la petite courbe de...
09:19 Je sais plus quel est le mathématicien, je crois que c'est un Italien.
09:22 Ça démarre un peu difficilement, après ça monte et après ça redescend.
09:25 Et j'en parlais d'ailleurs avec Gérard Darmant là-dessus,
09:27 puisque lui aussi a été vraiment toujours un homme de troupe, un homme d'équipe.
09:32 Quand on écrit, au début des Inconnus, je me souviens,
09:35 la première émission, je me disais "mais qu'est-ce qu'on va faire dans la deuxième ?"
09:37 parce qu'on a déjà eu du mal à faire.
09:39 Et en fait, non, il se trouve un truc un peu étrange,
09:41 c'est que petit à petit, l'inspiration vient.
09:44 Et les autres émissions, on a eu énormément de plaisir à les écrire,
09:47 beaucoup de travail. Et à la fin, on sent que ça redescend.
09:50 C'est là qu'il faut arrêter, parce que ça devient...
09:53 C'est plus pareil.
09:54 Moi, si c'est pas un peu exceptionnel dans ma tête, je veux pas le faire.
09:59 Alors déjà, quand c'est exceptionnel dans votre tête,
10:01 vous n'êtes pas sûr que ce soit exceptionnel pour les gens.
10:03 Mais alors, quand vous savez, vous, que c'est pas exceptionnel,
10:05 c'est sûr que ça va être pas bien du tout.
10:07 C'est la base. C'est nécessaire, mais c'est pas suffisant.
10:09 Mais c'est nécessaire.
10:11 - Et ce rôle de réalisateur, il représente quoi pour vous ?
10:14 Vous avez déjà, effectivement, réalisé pas mal de films.
10:18 Les Trois Frères, c'est vous, le Paris, les Rois Mages, Madame Irma.
10:20 Bon, vous, je vais pas tous les citer,
10:21 mais on sent que c'est une casquette aussi qui vous convient.
10:25 Vous aviez testé au départ et vous vous êtes rendu compte
10:28 que vous étiez aussi fait pour ça.
10:30 Je me demandais quel réalisateur vous étiez, M. Bourdon.
10:32 - Ah ben ça, c'est pas moi qu'il faut demander, mais disons que...
10:35 Non, mais je suis un peu surpris parce que beaucoup d'acteurs,
10:38 encore l'autre fois, me disaient "mais t'as réalisé des films
10:40 parce que t'as l'air d'être bien au courant des cartes sur le plateau".
10:42 Je dis "ben oui".
10:43 Mais ça, c'est une question de communication, peut-être.
10:46 Oui, on a quand même...
10:47 Oui, j'ai réalisé.
10:48 Oui, c'est du boulot.
10:50 C'est aussi beaucoup de...
10:52 Comment dire ?
10:53 J'ai refusé énormément de rôles pour ça,
10:55 parce que pendant deux ans, on fait que ça.
10:58 Mais je ne regrette pas du tout.
11:00 Mais ça peut changer des carrières, vous savez.
11:04 C'est vrai que pour Les Trois Frères, j'ai dû refuser le rôle
11:07 que me proposait Anne Fontaine dans Nettoyage à sec.
11:09 Ça, je le cite, t'entends ?
11:11 Et c'est vrai que Nettoyage à sec, ça m'a rouvert des portes un peu.
11:14 Vous savez, les gens, ils ont besoin un petit peu qu'on les force
11:16 à trouver le talent chez les gens.
11:19 Ils ne sont pas assez malins pour le voir de même.
11:21 Donc, vous voyez, après, on a eu le César avec Les Trois Frères,
11:25 donc c'est déjà pas mal.
11:27 Ça veut dire que vous aimeriez de temps en temps avoir d'autres rôles ?
11:29 Ah oui, comme au conservatoire.
11:31 Oui, enfin, j'en ai quand même un, je ne veux pas me plaindre.
11:34 Même en comédie, il y a des comédies un peu différentes.
11:37 La télé, c'est là où j'ai eu les rôles les plus dramatiques,
11:39 avec Duranger notamment.
11:40 Et puis Didier Bivelle dans Quinze Jours Ailleurs,
11:43 où je fais un mec à un burn-out.
11:44 Ça, ça me plaît.
11:45 Ça plaît aux acteurs.
11:46 Moi, je suis formé comme ça.
11:48 Je dis souvent pour rigoler sur le plateau,
11:51 quand je fais un truc dans une comédie un peu délirant,
11:54 j'ai dit, sous trois ans de conservatoire,
11:56 j'ai joué Strindberg, j'ai joué Shakespeare.
11:59 C'est toujours drôle.
12:00 Mais je crois qu'un acteur complet, entre guillemets,
12:03 essaye au moins de dans plusieurs univers.
12:05 Après, il y a des choses qui sont peut-être plus...
12:08 Il y a des emplois quand même un petit peu moins au théâtre,
12:11 au cinéma, peut-être un peu plus.
12:14 Un peu plus, peut-être.
12:15 - Que vous apportez alors ce métier d'acteur ?
12:16 On sent que c'est le moteur de votre vie,
12:19 notamment, enfin, le plus gros moteur de votre vie.
12:21 - Oui, oui. Après, on choisit pas, vous savez.
12:25 C'est un lit de hasard, comme disait Léo Ferré.
12:27 On choisit pas.
12:28 Après, on choisit pas déjà son envie, enfin, sa passion.
12:32 Puis après, on choisit pas vraiment...
12:36 Comment ça démarre ?
12:38 Après, il y a des choix.
12:40 On dit non à ça, on dit oui à ça.
12:43 Et le choix, je pense qu'il faut qu'il vienne de l'intérieur.
12:45 C'est-à-dire que vous dites, tiens, ça, j'ai envie de le faire vraiment profondément.
12:49 En ne sachant pas si ça va être réussi, encore une fois.
12:52 Mais au moins, en général, quand ça part comme ça,
12:54 il y a toujours un résultat correct.
12:57 Mais si vous le faites pour des raisons de carrière, d'argent, de...
13:02 Quand je dis de carrière, le côté, tiens, il paraît que c'est bien de tourner avec...
13:04 Non, oui, mais si le scénario ne te plaît pas, ne le fais pas.
13:08 Donc, c'est comme les émissions de radio.
13:11 Quand on est bien avec quelqu'un, l'émission est pas mal.
13:14 J'espère que vous êtes bien, là.
13:15 Rassurez-moi.
13:16 Je crois, oui.
13:18 Vous avez toujours été...
13:19 Je vais me prendre entre les lignes.
13:21 Vous avez toujours été aussi au service des autres.
13:23 Vous êtes resté quand même très accessible, Didier Bourdon, malgré tout.
13:25 C'est-à-dire que même si les scénaristes appréhendent de vous faire lire leur scénario,
13:30 il n'en reste pas moins que vous prenez le temps de les lire et de choisir.
13:33 On vous a vu dans "La guerre des lulus", par exemple, qui est un film formidable,
13:36 qui n'a pas aussi bien marché que "Kinlé" était beau, d'ailleurs.
13:39 Oui, mais il n'a pas aussi marché parce qu'en fait, il est un peu en bancal.
13:41 Il n'est pas grand pour les enfants, moi, je crois.
13:43 Il est violent.
13:44 Je sais que mon assistant est allé en famille et les enfants étaient un peu...
13:47 Donc, c'est un peu...
13:48 Mais le film est magnifique.
13:49 C'est un très grand réalisateur.
13:50 J'aimerais bien retravailler avec lui et Anne-Samuel, franchement.
13:53 Ça veut dire que c'est important de rester accessible quand même,
13:55 de pouvoir justement ne pas se fermer de porte sous prétexte que...
13:58 Ah oui.
13:59 Ah oui, bien sûr.
14:00 Non, c'est plutôt le contraire qui est un problème.
14:02 C'est de se faire ouvrir les portes.
14:04 Et là, nos agents doivent se travailler, n'est-ce pas ?
14:06 Nos agents, je ne sais pas si elles m'écoutent.
14:08 Mais voilà, faire découvrir.
14:10 Il y a des gens qui ont des a priori aussi.
14:12 Des a priori d'abord, des "est-ce que tu crois que...".
14:14 Et puis surtout, comme j'ai...
14:16 Avec "Les Inconnus", j'ai vraiment été très, très autonome.
14:19 Il y a eu au début le côté "mais non, il ne voudra pas être dirigé,
14:22 il se dirige lui-même, il va être insupportable".
14:24 En fait, pas du tout.
14:25 J'adore ça.
14:26 Et je prends l'exemple d'Alexandra Leclerc.
14:28 Elle hésitait un petit peu au début.
14:29 Puis maintenant, on a fait déjà trois ou quatre films ensemble.
14:32 Et on s'adore.
14:32 Mais parce que voilà, elle avait peut-être peur au départ.
14:35 Après, il y a aussi l'histoire d'image.
14:37 Il y a le côté "oui, mais il est comique".
14:38 Alors ça, c'est vraiment...
14:40 Qu'est-ce que vous voulez ?
14:42 C'est un peu la bêtise humaine.
14:43 Je ne veux pas la critiquer, puisque j'en ai fait quand même...
14:46 J'ai vécu là-dessus avec des sketchs.
14:47 Mais un mec comme Claude Berry nous manque pour ça.
14:50 Parce que lui, il osait mettre un mec qui venait des Soudouais,
14:53 qui s'appelait Daniel Lotteuil dans "Hugolin".
14:57 Il a osé mettre un mec qui s'appelait Coluche dans "Tchého-Pantin".
15:02 Voilà, il faut avoir un peu d'audace.
15:05 Vous aimeriez faire quoi, alors concrètement ?
15:08 Qu'est-ce que vous aimeriez jouer comme rôle ?
15:13 J'aimerais travailler avec Stéphane Brisé.
15:16 Je crois qu'il m'aime beaucoup.
15:18 J'aimerais bien travailler aussi avec le garçon qui a fait "Les combattantes".
15:22 Et puis voilà, je trouve que ce sont des films qui me plaisent.
15:25 Il y a d'autres films...
15:27 Après, ça dépend du scénario.
15:28 Mais il y a des réalisateurs ou des réalisatrices certainement différents.
15:33 Pourquoi pas tester un truc ?
15:36 Vous savez, je suis un peu ouvert à...
15:40 En plus, je suis quand même un petit peu multiforme.
15:42 Maintenant, les sketchs, je faisais quand même des personnages...
15:45 Alors les sketchs, c'est pas pareil que les films.
15:47 Mais bon, quand je fais le Duranger, qui est un immense réalisateur,
15:50 un mec qui tue son fils au début,
15:52 c'est le même travail que Stéphanie Monaco.
15:54 C'est-à-dire qu'il faut rentrer dans un truc.
15:56 C'est peut-être plus fun de faire Stéphanie Monaco encore que quand je pleurais.
15:59 Je pleurais vraiment, j'avais mal au ventre.
16:01 Mais quand je tue mon fils, bien sûr, j'ai mal au ventre aussi,
16:04 mais pour d'autres raisons.
16:04 Mais il faut toujours rester dans ce paradoxe du comédien.
16:09 Ça fait du bien de jouer aussi parce que c'est une sorte de catharsis.
16:14 Dans le théâtre, il y a le mot de Dieu.
16:16 Il ne faut pas oublier le cinéma, c'est du théâtre filmé, entre guillemets.
16:19 On va dire c'est-à-dire qu'il y a toujours le jeu et il y a le divin.
16:22 Enfin, ce qui nous dépasse.
16:25 Pour ça, le côté "il faut être telle personne pour pouvoir tout jouer telle personne",
16:31 ça, je trouve que c'est le contraire de notre métier.
16:35 S'il faut jouer pour faire jouer le rôle de Nordal,
16:37 l'endett, il faut avoir son parcours.
16:39 On est mal barré.
16:41 Merci beaucoup, Didier Bourdon, d'être passé dans le monde d'Élodie sur France Info.
16:44 Pour terminer, puisqu'on parle de trésors, quel est le plus gros trésor que vous possédez ?
16:49 Ma famille, dans tous les sens du terme.
16:52 Merci beaucoup.
16:53 "Inestimable" est donc sorti aujourd'hui.

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