Hondelatte Raconte _ Bernard Rouhalde, divorce mafieux (récit intégral)

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Hondelatte Raconte _ Bernard Rouhalde, divorce mafieux (récit intégral)
Transcript
00:00 *Musique*
00:02 *Andelatte raconte*
00:04 *Christophe Andelatte*
00:06 Tuer sa femme pour ne pas partager le magot au moment d'un divorce, c'est malheureusement assez courant.
00:12 Mais engager des tueurs à gage pour la liquider, c'est rarissime.
00:17 Voici l'histoire de Françoise Ferrérol, assassinée en 1991 à Clermont-Ferrand.
00:23 Je la débrieferai avec maître Jean-François Canis.
00:26 J'écris mon récit avec Okis, réalisation Boris Pachinski.
00:30 *Musique*
00:32 *Europe 1, Christophe Andelatte*
00:35 *Musique*
00:39 Cette histoire commence par un incroyable enchaînement de coups de feu.
00:43 *Musique*
00:45 Ça se passe dans la nuit du 25 au 26 novembre 1991 à Clermont-Ferrand.
00:50 La série commence aux alentours de 23h.
00:53 *Musique*
00:56 Taxi ? Bonjour monsieur, vous pouvez m'amener à Rouillat s'il vous plaît ?
01:01 Ouais ouais, allez-y, montez.
01:03 *Bruit de voiture*
01:05 Le taxi file vers Rouillat, c'est pas très loin, et soudain...
01:09 *Tir*
01:11 Le passager désingue le chauffeur, il le pousse hors de la voiture et il démarre en trompe.
01:16 *Bruit de voiture*
01:19 Le chauffeur de taxi est mort.
01:22 *Musique*
01:31 Deux heures plus tard, une heure du matin, à 60 kilomètres de Clermont,
01:36 un jeune gars à bord d'un taxi déboule chez un couple et...
01:39 *Tir*
01:41 Il les tue, tous les deux.
01:43 Leur fille en panique appelle la police.
01:45 C'est mon ex-petit copain !
01:48 Il vient de tuer ma mère et mon beau-père !
01:51 Il est venu se venger parce qu'on l'avait quitté !
01:54 Et ça n'est pas terminé.
01:57 Quelques heures plus tard, au petit matin, 7h30, retour à Clermont-Ferrand.
02:01 *Tir*
02:04 Un gamin de 16 ans vient de retrouver sa mère morte dans le hall de son immeuble.
02:10 Les policiers débarquent, ils trouvent le fiston en état de champ.
02:14 Sa mère est là, allongée par terre, elle a la tête dans une grosse flaque de sang.
02:19 Le contenu de son panier est éparpillé sur le sol.
02:23 Et à côté, il y a 5 douilles de petits calébres.
02:28 Je regardais la télé à l'étage.
02:31 Ma mère avait été sortie faire des courses.
02:34 Je l'ai entendu rentrer, enfin, ouvrir la porte d'entrée.
02:37 Et juste après, j'ai entendu des bruits sourds et puis plus rien.
02:40 Alors je suis descendue et je l'ai trouvée là, par terre, morte.
02:46 Elle s'appelait Françoise Ferrérol, elle avait 42 ans.
02:51 *Musique*
03:00 Ça fait 4 morts. 4 morts en quelques heures, dans le même point.
03:05 Et pourtant, c'est pas le Bronx, hein, Clermont-Ferrand.
03:08 Alors qu'est-ce qui relie ces 3 séquences meurtrières ?
03:12 Les 2 premières, on comprend vite, grâce au taxi.
03:15 Le gamin a dessoudé le chauffeur pour lui piquer sa voiture
03:18 et pour aller tuer la mère et le beau-père de son ex-petite amie
03:21 pour se venger parce qu'elle l'avait quitté.
03:24 Ok. Il est arrêté quelques jours plus tard alors qu'il s'en fut vers Paris.
03:28 Il a le fusil avec lui. Il avoue, l'affaire est pliée.
03:32 On ne va pas s'attarder là-dessus.
03:34 C'est pas trop notre cam', ce genre de crime.
03:37 D'autant que le 4ème meurtre, c'est pas lui, c'est sûr.
03:41 Lui, il a tué les 3 premiers avec un fusil de chasse.
03:44 En François, ce ferrerole a été tué avec un petit calivre.
03:48 C'est le hasard si tous ces crimes ont été commis le même jour, dans la même ville.
03:54 C'est le hasard et rien de plus.
03:57 Et donc, ce que je vous propose, c'est de nous concentrer sur le dernier meurtre,
04:02 qui est beaucoup plus mystérieux.
04:05 On n'est pas sur un coup de folie, on est sur un meurtre froid.
04:09 Le tireur la suit, il entre derrière elle dans l'immeuble
04:13 et pam, pam, pam, pam, pam, il la tue de 5 balles.
04:19 Ça ressemble à une exécution.
04:22 On pense à un tueur à gage.
04:24 Et ça, pour le coup, ça c'est notre cam'.
04:41 Le cadavre de Françoise Ferreirole est maintenant posé sur la table en inox du médecin légiste.
04:47 Et d'une certaine manière, il confirme la froideur de ce meurtre.
04:52 Alors, première chose, les tirs ont été effectués alors que la personne était de dos.
05:01 Nous avons 4 balles tirées dans la tête et une dans la poitrine.
05:06 Je précise que chacun de ces tirs était mortel.
05:10 Il semble que la première balle ait entraîné la chute de la victime
05:15 et que les suivantes aient été tirées pendant la chute.
05:19 Une exécution sommaire.
05:22 C'est à ça que ça ressemble.
05:24 Et ça n'arrive pas tous les jours à Clermont-Ferrand.
05:38 Comme le tireur a utilisé un silencieux, personne autour n'a rien entendu.
05:43 En revanche, un retraité qui promenait son clébard a vu 3 hommes dans la rue.
05:48 J'ai vu ces hommes arriver au loin.
05:53 Ce qui m'a marqué, c'est pour ça que je vous ai appelé, je pensais que ça pouvait vous intéresser.
05:58 C'est que du coup, quand ils m'ont vu, ils ont fait demi-tour.
06:01 Mais alors d'un coup.
06:03 Et ces 3 hommes, le deuxième fils de la victime les a vus aussi.
06:06 Pas celui qui a découvert le cadavre de sa mère, mais le plus jeune.
06:09 Il les a vus sur le chemin de l'école.
06:12 C'était 3 hommes en jogging.
06:14 Mais ils ne couraient pas.
06:16 Ils faisaient juste des mouvements comme ça, un peu comme si c'était de la gymnastique.
06:20 Les 5 balles de petit calibre sont confiées à un expert en balistique.
06:26 Bon alors, première chose, c'est du 7.65.
06:30 Et alors penchez-vous bien sur le microscope, là vous voyez les petits chiffres qui sont gravés sur les douilles ?
06:35 Il y a le chiffre 2 et à côté il y a le chiffre 30.
06:40 Voilà.
06:41 Vous devez savoir que le premier chiffre indique le mois de fabrication.
06:45 Et que le deuxième indique l'année de production de la munition.
06:49 Vous voulez dire quelle date de février 1930 ?
06:54 Avant la guerre ?
06:55 Ouais, ouais, exactement.
06:57 Ça alors, 1930.
07:00 Et en observant les rayures sur chacune des douilles,
07:03 le balisticien a même pu établir que ces balles ont été tirées par un Beretta.
07:08 C'est une arme italienne très utilisée pendant la Deuxième Guerre mondiale.
07:13 À partir de là, il y a un fil à tirer.
07:30 Qui pouvait en vouloir à Françoise Ferreirol au point de la désinguer dans le hall de son immeuble ?
07:36 Elle n'a jamais eu affaire à la police.
07:38 Son casier judiciaire est blanc comme une andie.
07:41 Elle faisait quoi comme métier la dame ? Tu t'es renseignée ?
07:47 Oui, contrôleuse à l'inspection du travail.
07:49 Ah, c'est une puissance.
07:52 Non, non.
07:53 Elle n'était pas du tout sur le terrain, elle n'était pas en contact avec le public.
07:56 En plus, elle n'avait pas du tout un rôle répressif.
08:00 Donc à mon avis, c'est une mauvaise piste.
08:02 À part ça, elle avait un chéri et deux enfants de 13 et 16 ans.
08:06 Rien de particulier, a priori, dans sa vie privée.
08:10 Enfin si, il y a peut-être quelque chose.
08:14 Elle s'est séparée de son mari il y a deux ans, après 16 ans de vie commune.
08:19 Et d'après ce qu'on m'a dit, le divorce ne passait pas bien.
08:23 Pas bien du tout.
08:25 Ah, intéressant.
08:28 L'entourage se charge de raconter la suite.
08:31 Ça ne se passait pas bien avec Bernard.
08:34 Il faut dire qu'ils avaient vécu 16 ans ensemble quand même.
08:37 Mais depuis deux ans, c'était un peu la guerre entre eux.
08:42 Lui, il accusait Françoise de le tromper, dès qu'il avait le dos tourné.
08:46 En même temps, elle avait le droit puisqu'ils allaient divorcer.
08:48 Et alors elle, elle lui reprochait tout un tas de trucs liés à l'argent.
08:53 Évidemment, dans la perspective du divorce.
08:56 C'est-à-dire ? Soyez plus précis.
08:59 Ben, le soupçonner de dissimuler une partie de l'argent qu'il avait gagné, quoi.
09:03 Histoire de ne pas le partager en deux à l'occasion du divorce.
09:08 Et Françoise m'a raconté qu'un jour, il lui a dit
09:10 "Je me débrouillerai pour que tu ne touches pas un seul centime."
09:14 Ha ! L'argent, c'est le moteur de beaucoup de crimes.
09:18 Quand c'est pas la quiquette, c'est le pognon.
09:21 L'argent et la quiquette sont les deux mamelles de l'humanité.
09:26 Sur ces paroles de sagesse, revenons-en à notre affaire.
09:30 Et écoutons la sœur de Martine Ferrérol.
09:33 Elle, elle a une idée très claire de ce qui s'est passé.
09:38 Mais pour moi, il y a zéro doute. Zéro doute.
09:42 C'est Bernard, son ex-mari, qui l'a tué.
09:45 Bernard comment ?
09:47 Ruhald. R-O-U-H-A-L-D-E.
09:52 Et qu'est-ce qui vous fait penser qu'il est le meurtrier ?
09:55 Les conditions de leur divorce, pardi.
09:57 Allez-y, expliquez.
09:59 Le juge a décidé d'abord que Bernard devait verser une pension alimentaire pour ses deux fils.
10:05 Normal. Mais déjà, ça s'est passé mal.
10:08 Mais en plus, il a condamné Bernard à payer à Françoise
10:12 une prestation compensatoire de 550 000 francs.
10:16 Et ça, je peux vous dire, il l'a gardé en travers.
10:19 Et ces derniers temps, Françoise, elle me le disait, il me menace.
10:22 Elle avait peur.
10:24 Donc pour moi, c'est clair. C'est lui qui l'a tué.
10:27 Et là, vous êtes assis.
10:33 Les policiers découvrent que le jugement définitif du divorce
10:37 devait intervenir le lendemain du meurtre de Françoise.
10:41 Le lendemain.
10:43 Et comme le lendemain, elle était morte, elle n'avait bien plus besoin de divorcer.
10:47 Elle était morte, il gardait son pognon.
10:50 Il faut lui parler, à ce monsieur.
10:52 Il faut lui parler très vite.
11:09 Il est dentiste stomatologue, Bernard Rouhal.
11:13 Depuis 5 ans, il a un cabinet à Aost, en Italie.
11:17 Et c'est donc là-bas qu'il est convoqué
11:19 et sommé de se rendre au plus vite à Clermont-Ferrand.
11:22 Quand il débarque au commissariat,
11:24 la dégaine, un suite délavé, un jean crado,
11:29 rien à voir avec l'idée qu'on se fait d'un docteur en stomatologie.
11:35 Oh, c'est terrible ce qui est arrivé à Françoise.
11:39 Mais, vous voyez, ça ne me surprend pas complètement.
11:44 Ah bon ? Expliquez.
11:47 Ben oui, on vous l'a peut-être dit, mais...
11:50 Ma femme est trafiquée avec l'Italie.
11:52 Trafiquée ? Comment ça ?
11:55 Ben, au début, elle y voyait une occasion de consommer à moindre frais.
12:00 Et puis, comme elle était aussi très dépensière, ben...
12:03 Ça comblait ses fins de mois, disons.
12:06 Vous voulez dire, je ne suis pas sûr d'avoir compris,
12:09 qu'elle consommait de la drogue et qu'elle en trafiquait.
12:14 Ah ça, oui, oui. Elle s'en mettait plein le nez.
12:17 Mais si c'était son seul défaut.
12:19 Elle avait aussi le feu aux fesses, Françoise.
12:22 Elle pouvait avoir trois amants en même temps.
12:25 Alors qu'on les tuait, je ne dis pas que c'est normal, mais bon...
12:29 Elle vivait quand même dangereusement, quoi.
12:32 Il est délicat, ce mari, vous ne trouvez pas.
12:36 Une empreuneure très affectée par la mort de sa femme.
12:39 La charger, comme ça.
12:41 On l'a quand même assassinée.
12:43 Cela dit, il y a un truc qui a peut-être accroché votre oreille.
12:46 Elle a été tuée par un pistolet italien.
12:49 Et d'après ce que dit son mari, elle trafiquait de la cam' en Italie.
12:53 Il ne raconte peut-être pas que des salades, le mari.
12:57 Cela dit, je vous le dis tout de suite,
12:59 on ne trouvera jamais aucune preuve qu'elle a acheté et revendé de la gnouffe venue d'Italie.
13:04 Jamais. C'est un délire.
13:07 En revanche, lui, les gens de son entourage commencent à déballer.
13:12 Lui, il n'est pas net du tout.
13:14 Un jour, il m'a fait venir chez lui à Aos pour que je lui fasse un peu de bricolage.
13:19 Ok.
13:20 Mais enfin, ce qu'il voulait, c'est que je ramène du liquide en France pour lui.
13:23 Un jour, il m'a dit, tiens, mets ça dans tes poches.
13:26 Et là, il m'a filé des rouleaux de billets avec une élastique.
13:30 Il en sortait de partout. Il y en avait derrière les radiateurs, sous la baignoire, partout.
13:35 Et moi, j'ai dû mettre tout ça dans mon caleçon.
13:39 Il accuse sa femme d'avoir été trafiquante.
13:42 Mais c'est lui le trafiquant.
13:44 Et c'est confirmé par bon nombre de ses amis.
13:47 Quand il venait en France, les roues de sa Mercedes étaient remplies de billets.
13:52 Et un jour, François était avec lui.
13:54 Il y a un pneu qui a éclaté sur la Nationale.
13:57 Et François Zemma dit qu'il y avait des confettis de billets partout.
14:00 On est dans un polar. Et ce n'est pas fini.
14:04 François Zemma racontait qu'un jour, deux hommes sont arrivés au cabinet d'enterre.
14:08 Il y en avait un qui avait l'épaule en sang.
14:10 Comme s'il faisait ça tous les jours, Bernard lui a extrait la balle de l'épaule et il l'a recosue.
14:16 Sacré coco !
14:18 Et c'est peut-être tout simplement ça qu'il y a derrière ce crime.
14:21 Tout cet argent qu'il gagnait, qu'il n'avait pas du tout l'intention de partager avec sa femme.
14:26 Mais est-ce que c'est vrai, ces histoires de rouleaux de bifetons et d'argent dans les pneus ?
14:44 Est-ce que Bernard Houald est vraiment un marlou ?
14:47 Eh bien, je crains que la réponse soit oui.
14:50 Huit mois après le meurtre de Françoise, alors que l'enquête patina un peu,
14:55 les carabiniéries italiens appellent la police française.
15:00 Nous avons interrogé récemment un membre de la mafia calabraise qui s'appelle Salvatore Carruzzo.
15:06 Il souhaite avoir un statut de répandu en échange d'informations.
15:12 Et alors il a évoqué un meurtre qui a été commis en France en 1991 à Clermont-Ferrand.
15:19 Je crois que vous travaillez là-dessous, n'est-ce pas ?
15:22 Effectivement. Et alors, qu'est-ce qu'il a dit ?
15:25 Eh bien, il a dit qu'on lui a demandé de récruter des hommes pour exécuter un contrat en France.
15:31 Et qu'on lui a dit que c'était pour un ami dentiste qui a des soucis avec son esphère.
15:36 Et alors ? Il a aidé ce dentiste français ?
15:40 Oui, oui. Il dit qu'il a récruté trois jeunes de la village pour ce contracte.
15:45 Et il vous a donné des noms ?
15:48 Oui. Et je voulais savoir si vous avez été en contact avec lui.
15:54 Et je vous les balance à mon tour.
15:56 Antonio Sorrento, un pisaïolo de 26 ans.
16:00 Roberto Reitan, un maçon de 25 ans.
16:04 Santo Acciotto, un autre maçon de 27 ans.
16:08 D'après ce Carruzzo qui a décidé de balancer,
16:11 ces trois tuas-ragages calabrés ont débarqué en France
16:15 et ils se sont installés chez une amie de Bernard Roual,
16:19 une certaine Christiane Séguin.
16:22 Il raconte que là, on leur a donné une arme, un Beretta,
16:26 et qu'ensuite ils ont fait un repérage aux abords de l'immeuble de Françoise Ferreirol.
16:32 Carruzzo les aurait rejoints là-bas.
16:36 Et d'après ce qu'il dit, il était convenu que les toureurs
16:40 étaient déguisés en jaugueurs pour s'approcher de l'immeuble.
16:44 Et après Bernard Roual, De Salvatore et Carruzzo sont rentrés en Italie
16:49 avant les meurtres pour ne pas être soupçonnés.
16:52 Françoise Ferreirol aurait été tuée par trois membres de la mafia italienne
17:02 recrutées par son mari.
17:04 Ils auraient touché pour ça 110 millions de lires,
17:09 avec lesquels, d'après le rebondi, ils se sont achetés des armes
17:14 et même un missile pour poursuivre leur base-oeuvre de mafieux.
17:19 Incroyable !
17:20 Je peux vous dire qu'après ce coup de fil des carabiniéries italiennes,
17:24 les policiers français tombent de l'armoire.
17:27 Vous pourriez s'il vous plaît, messieurs,
17:29 arrêter toute la bande en Italie et nous tenir compte ?
17:32 Merci d'avance.
17:34 Votre aide est très précieuse pour cette enquête.
17:38 3 semaines après ces révélations,
17:41 voilà toute l'équipe en garde à vue, mais en Italie.
17:45 Normal, les Italiens sont prioritaires.
17:48 Grosse frustration du côté des Français, vous vous en doutez.
17:51 Et donc, en attendant de les avoir tous les quatre dans leur bureau,
17:54 les policiers français sont allés à la maison de la mafie italienne
17:58 pour se faire un petit déjeuner.
18:00 Le déjeuner, c'est un déjeuner de la mafie italienne.
18:03 Vous vous en doutez.
18:05 Et donc, en attendant de les avoir tous les quatre dans leur bureau à Clermont,
18:08 ce qui est peu probable,
18:10 ils décident de se concentrer sur l'un des acteurs français de cette affaire.
18:15 Christiane Séguin, l'ami de Ruald,
18:18 qui aurait hébergé le trio de tueurs avant le meurtre.
18:21 C'est une ancienne institutrice à la retraite,
18:24 veuve, avec une tête de mamie confiture.
18:28 Qu'est-elle venue faire dans cette galère ?
18:31 C'était trois proches de mon ami, le docteur Ruald.
18:34 Je les ai hébergés et je les ai nourris.
18:37 Mais c'était à titre purement amical.
18:41 Mais vous saviez pourquoi ils étaient là ?
18:44 Ah non, je ne leur ai pas demandé. Je ne parle pas italien.
18:48 Vous n'avez pas la moindre idée ?
18:50 Pour moi, ils étaient en vacances.
18:52 Ils se levaient vers 10h le matin, ils jouaient aux cartes.
18:56 Moi, je n'ai jamais pensé qu'ils étaient là pour quoi que ce soit d'autre.
18:59 Et le 26, madame, le jour où madame Ferreiro l'a été tuée,
19:03 vous n'avez rien remarqué ?
19:05 Le 26 ? Ah si, si.
19:09 Je les ai amenés à la gare.
19:11 Ils repartaient par le train très tôt.
19:13 Et puis je ne les ai jamais revus.
19:15 Elles se seraient donc fait rouler dans la farine.
19:18 Elles ne savaient pas qu'ils étaient là pour commettre un meurtre.
19:21 Vraiment.
19:22 Quelques heures plus tard, elles en lâchent un peu plus.
19:26 Ça me revient.
19:29 Le 26, à la demande du Dr. Houald,
19:33 je les ai retrouvés dans le quartier où habite Christiane, sa femme.
19:37 Et là, ils m'ont remis un paquet.
19:40 Et moi, je leur en ai remis un autre que m'avait confié Bernard pour eux.
19:44 Et c'était quoi ce paquet ?
19:46 Ça, je ne sais pas. Je n'ai pas regardé. Ce n'est pas mon genre.
19:49 Moi, j'ai donné le paquet au Dr. Houald et puis c'est tout.
19:54 Et bien, moi, je vais vous dire ce qu'il y avait dans ces paquets.
19:58 Parce qu'on le sait par le repenti italien.
20:01 Dans le paquet que lui a remis le trio et qu'elle a transmis à son ami Bernard,
20:05 il y avait le Beretta, l'arme du crime.
20:08 Et dans le paquet qu'elle leur a remis de la part de son ami Bernard,
20:13 il y avait un gros tas de bifetons.
20:15 Une avance de 8 millions de lire sur les 110 millions promis.
20:20 Elle dit qu'elle ne savait pas. Ce n'est pas sûr.
20:24 Et donc voilà Maminova en prison, inculpée de complicité d'assassinat.
20:29 Décidément, quelle affaire !
20:33 Ce que révèle la suite de l'enquête,
20:47 c'est que cette gentille Madame Séguin s'est faite embaubiner par Bernard Houald.
20:53 Je vous raconte rapidement comment ça s'est passé.
20:56 Parce que ça illustre, je crois, la personnalité très perverse de Houald.
21:00 Un jour par hasard, il tombe en panne dans le village de la mamie.
21:04 Problème de radiateur.
21:06 Gentiment, elle le dépanne de deux bouteilles d'eau.
21:10 Il revient quelques jours plus tard avec des croissants pour la remercier.
21:14 Et il repasse comme ça régulièrement.
21:17 Elle est veuve. Elle, ça lui fait plaisir.
21:20 En vérité, elle tombe amoureuse de lui.
21:24 Et l'amour, c'est connu. Ça rend aveugle.
21:28 À un moment, elle veut même lui vendre sa maison en viaget.
21:32 Heureusement, le notaire met le haut là.
21:35 Voilà pourquoi elle a accepté d'héberger le trio de tueurs chez elle.
21:39 Par amour ! Je vous l'ai dit.
21:42 La quiquette et l'argent sont les deux mamelles de l'humanité.
21:47 Pendant ce temps-là, en Italie,
21:57 les carabiniéries interrogent toujours Bernard Houald
22:00 et les trois oseaux de la mafia calabrèse.
22:03 Et naturellement, ils transmettent les PV d'interrogatoire aux policiers français.
22:07 Alors, qu'est-ce qu'il leur dit, Houald ?
22:12 Bon, alors, j'ai tout lu.
22:15 Il reconnaît qu'il a demandé à son ami Christiane Séguin d'héberger le trio.
22:19 Mais lui dit qu'ils étaient juste en vacances, comme elle.
22:22 En vacances. Il va pas plus loin.
22:25 Si, un peu plus tard, lors d'un nouvel interrogatoire,
22:28 il reconnaît qu'il a cherché à recruter quelqu'un pour s'occuper de sa femme,
22:33 mais il dit que ça lui a valu des menaces, qu'il a eu peur et qu'il a renoncé.
22:37 Autrement dit, il les balade.
22:40 Faut qu'on demande au juge d'aller l'interroger nous-mêmes.
22:43 Accordé. Mais l'interrogatoire est un échec cuissant.
22:47 Il va encore moins loin qu'avec les carabiniéries italiennes.
22:52 Ce que je leur ai dit ne vaut rien. Ne vaut rien.
22:56 Croyez-moi, ils m'ont forcé la main.
22:59 Et les déclarations de Christiane Séguin, alors ? Vous en faites quoi ?
23:03 C'est du n'importe quoi. Enfin, ça tient pas debout.
23:06 C'est un complot contre ma personne.
23:09 Ça m'étonne de sa part.
23:12 Le 7 mars 1993, on découvre Bernard Houald pendu dans sa cellule.
23:19 Vrai suicide ou faux suicide ?
23:26 Faux, sans doute. Il s'est probablement fait dégoumer par la mafia calabrès,
23:30 pour éviter qu'ils le balancent.
23:33 Et donc on ne pourra pas le juger pour le meurtre de sa femme.
23:36 Trois autres, plus celui qui les a recrutés, qui s'appelle D'Agostino,
23:40 plus le repenti Carruzzo, oui, eux, on va les juger.
23:44 Mais pas en France. En Italie.
23:47 D'Agostino, Carruzzo, Reitano, Sorrento et Acciutto
23:58 sont jugés par la cour d'assises d'Aost en février 1994.
24:03 Sorrento, qui a appuyé sur la gâchette, est condamné à perpétuité.
24:07 Reitano et Acciutto prennent 23 ans.
24:11 Et D'Agostino et Carruzzo, les intermédiaires, sont condamnés à 12 et 10 ans.
24:18 Et maintenant en France, il faut juger la mamie confiture, Christiane Séguin.
24:32 Son procès s'ouvre en mai 1998 devant la cour d'assises du Puy de Dôme.
24:37 Elle est accusée de complicité d'assassinat.
24:41 Vous savez, j'ai 70 ans. J'ai du diabète, j'ai des problèmes cardiaques.
24:49 Je vais à la messe tous les dimanches et on m'accuse d'un crime comme celui-là.
24:56 Je serais complice d'un meurtre, moi.
24:59 Et pourquoi on m'accuse ? Sur la déclaration d'un mafieux repenti.
25:05 Franchement, vous lui faites plus confiance qu'à moi ?
25:10 Et elle répète qu'elle ne sait tout et de rien, qu'elle n'a pas vu le mal chez ces trois jeunes Italiens.
25:17 Madame Séguin, il y a tout de même une chose qui est acquise.
25:21 C'est que votre ami Bernard Houald a commandité le meurtre de sa femme.
25:26 Peut-être, peut-être, il avait sans doute ses raisons.
25:30 Indignation dans la salle.
25:34 Fallait pas dire ça, mamie. Fallait pas.
25:37 D'autant que quelques jours plus tard, on fait venir Carruzzo à la barre, le repenti,
25:42 et qui lui charge bien la barque.
25:45 Christiane Séguin a donné appui à des membres de la mafia calabrese
25:53 pour nous exécuter François Sezoval.
25:56 Elle les a immergés en leur demandant de ne pas faire de bruit avant 10h du matin,
26:00 pour ne pas être repérés.
26:02 Elle les a conduits jusqu'au domicile de la victime pour les repérages.
26:06 Autrement dit, sans elle, l'assassinat n'aurait pas été possible.
26:13 Elle est bien cuite, la mamie confiture.
26:19 L'avocat général requiert 15 ans de prison.
26:22 Les jurés vont au-delà. Ils la condamnent à 16 ans.
26:26 Elle meurt 8 ans plus tard, en détention, sans être allée au bout de sa peine.
26:32 Pour commenter son histoire du jour,
26:43 Christophe Ondelatte reçoit un invité, acteur direct de son récit.
26:49 Je vous ai raconté l'enquête sur le meurtre de François Ferreirole en 1991 à Clermont-Ferrand.
26:54 Meurtre en commandité par son mari, Bernard Houalde,
26:57 auprès de tueurs à gage de la mafia italienne.
27:01 Et je débriefe cette histoire avec vous, maître Jean-François Canis,
27:04 qui est impliqué de manière assez latérale dans cette affaire,
27:08 puisque vous vous êtes retrouvé à défendre dans l'unique procès qu'il y a eu en France,
27:12 alors que tous les autres ont été jugés en Italie,
27:15 une mamie confiture qui s'appelait Christiane Séguin,
27:19 et qui a hébergé ces trois hommes avant qu'ils ne passent à l'action et aillent exécuter François Ferreirole.
27:27 Bon, on est d'accord, c'est pas le cœur de cette affaire.
27:30 - Non, c'est pas le cœur de cette affaire, mais c'est un dossier qui a été très compliqué à gérer,
27:37 parce qu'il y avait toute une partie du dossier qui était en Italie,
27:40 il y avait la parole du repenti qui pesait extrêmement lourd,
27:44 et finalement la défense était très compliquée,
27:46 parce qu'on avait peu d'espace pour faire entendre la parole de Madame Séguin.
27:51 - Vous savez pourquoi on n'a pas eu un seul procès en France avec les Italiens,
27:56 avec Roald, maintenant où il est mort, et avec Madame Séguin ?
28:00 - Parce que l'Italie voulait juger ces hommes sur le territoire italien,
28:05 ils appartenaient à une organisation mafieuse très connue,
28:08 et ce crime s'inscrivait dans un processus beaucoup plus large,
28:12 où il y avait eu des règlements de compte entre mafieux,
28:15 et ils voulaient absolument que tout soit jugé en Italie,
28:18 et qu'il n'y ait pas une partie du dossier qui soit jugée en France.
28:20 En plus, ça aurait été sans doute très compliqué sur le plan de la sécurité
28:24 de faire venir ces hommes en France pour les juger.
28:27 - Mais du coup, ça lui coûte, parce qu'à côté des autres,
28:31 elle serait passée vraiment pour la mamie confiture.
28:34 Là, elle se retrouve en pole position, quoi.
28:37 - On se serait rendu compte que soit elle n'a pas compris exactement
28:41 ce qui était en train de se passer, ce qu'elle a toujours soutenu,
28:44 qu'elle n'avait pas mesuré exactement le rôle que ces hommes allaient jouer
28:48 au cours de la semaine qu'ils ont passé en France,
28:51 soit on se serait rendu compte que de toute façon, elle n'avait pas le foi,
28:55 et que face à ces hommes, il fallait qu'elle obéisse,
28:58 il fallait qu'elle rende les services demandés,
29:00 parce que sinon, c'est peut-être elle qui aurait été en danger.
29:03 Parce qu'on était, grâce à une organisation mafieuse,
29:06 très organisée et parfaitement sanguinaire.
29:09 - La conséquence, c'est que ces hommes, c'est quand même beaucoup
29:12 pour une complicité d'assassinat qui n'est établie finalement
29:17 que par les affirmations de Caruso.
29:20 - Oui, le procès a été extrêmement difficile,
29:22 avec une instruction très à charge du président,
29:26 un avocat général qui était très, très à charge,
29:30 qui était très énervé, et puis une ambiance autour de ce procès
29:34 qui était très difficile.
29:36 Il fallait que quelqu'un paye en France la mort de cette femme,
29:40 il fallait que quelqu'un expie pour les autres,
29:42 et Mme Seguin étant la seule présente,
29:45 je crois qu'elle a supporté le poids de toute la culpabilité,
29:48 et qu'elle a été condamnée bien au-delà de ce qu'elle aurait peut-être supporté
29:53 s'il y avait eu un procès avec tous les membres présents.
29:56 - Elle était amoureuse de Bernard Houwald,
29:59 c'est par amour qu'elle a fait tout ça, aveuglément ?
30:02 - Elle était admirative de Bernard Houwald.
30:06 C'était une femme d'un milieu relativement modeste,
30:09 une enseignante dans une école primaire,
30:12 et elle avait la chance d'avoir comme amie un dentiste,
30:16 un stomatologue très doué, riche, reconnu,
30:20 et elle était flattée de cette amitié.
30:22 Alors après, est-ce qu'elle était amoureuse ?
30:24 Je ne sais pas, mais en tout cas, elle était admirative et flattée
30:27 de l'honneur que lui faisait cet homme, de lui donner son amitié.
30:31 - Parce que si on part de l'hypothèse selon laquelle elle était amoureuse,
30:35 on se dit qu'elle participe à tout ça aussi pour se débarrasser de sa rivale.
30:40 - Ce n'était plus une rivale.
30:42 Le couple était séparé, il n'y avait plus d'amour entre eux,
30:46 je crois que ce n'était plus sa rivale.
30:48 Le problème de Bernard Houwald n'était pas un problème d'un homme jaloux,
30:52 c'était le problème d'un homme plutôt dans la vengeance à l'égard de son épouse
30:56 parce qu'il considérait qu'elle l'avait trompée,
30:58 que le couple avait échoué à cause d'elle,
31:01 et désormais en plus elle voulait de l'argent.
31:03 Et je crois que pour lui c'était insupportable.
31:06 - Ils ont donc été jugés en Italie, les responsables directs de ce meurtre,
31:11 dont vous n'y étiez pas, bien entendu,
31:15 mais quand même Carruzzo le reportit,
31:18 il est venu au procès de Christiane Séguin, vous l'avez vu.
31:22 Ça doit quand même être quelque chose de voir débarquer un parrain de la mafia, Rillon,
31:26 qui est donc le siège de la cour d'assises du puncte d'homme.
31:30 - Oui, ça a été une journée d'assises tout à fait particulière
31:33 parce qu'on a attendu cet homme toute la journée,
31:36 qu'il était surnommé "le mort qui marche".
31:39 Et donc c'était un homme qui était totalement terrorisé,
31:42 qui était persuadé qu'il allait être tué,
31:44 et il a demandé un service de sécurité exceptionnel.
31:48 D'abord il a voulu être conduit en fourgon jusqu'à la frontière,
31:51 après on avait prévu un hélicoptère pour l'amener,
31:54 il ne voulait plus d'hélicoptère,
31:56 et finalement cet homme qui devait témoigner en milieu de matinée
31:59 est arrivé en fin d'après-midi avec un service d'ordre exceptionnel.
32:03 Il marchait en longeant les murs,
32:05 il faisait l'homme absolument terrorisé,
32:08 et il a fait un témoignage très très à charge contre Mme Séguin,
32:12 dessinant une histoire au sein de laquelle elle avait un rôle essentiel,
32:16 la présentant véritablement comme un des rouages essentiels du crime qui a été commis,
32:21 et indiquant qu'elle était parfaitement informée
32:24 du dessin formé par M. Wold et du rôle joué par ces hommes.
32:28 - Ce cas où Zu, il avait tenté un marché avec les carabinières italiens,
32:34 il s'est fait avoir, parce qu'il a balancé des infos,
32:37 mais à la fin il se retrouve devant les assises en Italie.
32:40 - Oui mais c'est plus compliqué que ça,
32:43 parce qu'il a bénéficié de conditions de détention exceptionnelles,
32:46 et je crois savoir qu'il a bénéficié de remises de peine,
32:50 et de mesures d'aménagement de peine également exceptionnelles.
32:53 En Italie à l'époque il y avait un système pour les repentis,
32:56 qui existe toujours pas en France d'ailleurs,
32:58 qui était tout à fait bénéfique pour ceux qui se décidaient à trahir la loi du silence,
33:06 si je puis dire, et à dénoncer les personnes
33:09 avec lesquelles ils avaient travaillé dans le crime pendant des années.
33:12 - Alors pour moi il y a une question qui reste quand même en suspens,
33:15 quelles étaient réellement les activités de Ruald en Italie ?
33:19 Ça lui rapportait beaucoup d'argent,
33:21 c'est pas la stomatologie et la dentisterie qui lui rapportaient autant de billets,
33:26 il travaillait directement pour la mafia ?
33:29 - Alors on avait évoqué un trafic d'or,
33:32 - D'or ?
33:33 - Oui d'or par rapport aux prothèses qu'il posait,
33:38 on avait imaginé cela,
33:40 je dis imaginé parce que je crois pas de mémoire,
33:43 ce dossier est très ancien,
33:45 qu'on ait eu dans le dossier des éléments qui véritablement permettait de conforter cette thèse.
33:50 Mais ça faisait partie des fantômes, des constructions intellectuelles qui existaient,
33:54 et on disait qu'il avait un lien très fort avec des membres de la mafia
33:57 parce qu'il les aidait dans une sorte de trafic de métaux précieux.
34:02 Mais j'avoue que je suis très prudent parce que ça n'a pas été prouvé.
34:05 - Oui donc on sait pas en fait d'où ils sortaient tous ces billets,
34:09 que me ramenait le petit entrepreneur qui est venu faire des travaux chez lui,
34:13 dans son caleçon quoi.
34:15 - Non ce qui est certain c'est qu'il avait des liens tout à fait privilégiés avec certains membres de la mafia,
34:20 qui fréquentaient son cabinet médical, ça c'est sûr.
34:24 - Alors je suppose que la famille de François Spirerol est là, au procès de Rion,
34:30 c'est quand même très frustrant pour eux,
34:32 de devoir se contenter du procès d'une actrice finalement assez secondaire de cette affaire.
34:38 - Oui mais finalement leur haine, en tout cas leur rancœur,
34:44 se focalise sur elle parce qu'elle est en France,
34:48 elle connaissait leur mère, elle la connaissait,
34:51 elle était proche d'eux, ils la connaissaient,
34:54 et donc véritablement c'est celle qui les a trahis au plus haut point.
34:59 - Moins que Roald quand même.
35:02 - Oui moins que Roald mais Roald il est mort,
35:05 dans des conditions qui sont difficiles à expliquer,
35:08 et puis Roald ça a quand même été leur père aux enfants,
35:11 donc ils ont quand même gardé un lien,
35:14 en tout cas un attachement à cet homme qui a été leur père pendant des années,
35:17 tandis que Madame Seguin c'est véritablement celle, pour eux,
35:20 qui a été la femme orchestre du crime,
35:23 dans un mupris total des relations qu'ils avaient pu avoir,
35:26 et celle sans laquelle le crime n'aurait pas pu exister.
35:29 Et donc ils étaient véritablement très remontés contre elle,
35:32 ils l'ont dit tout au long du procès devant la Cour Nacive,
35:35 et je pense qu'ils étaient finalement plus contents de participer à ce procès en France contre elle,
35:41 que de participer au procès en Italie, ce qui aurait toujours été possible pour eux.
35:45 - Bernard Roald se suicide en prison, deux réflexions là-dessus.
35:51 A votre avis c'est vraiment un suicide ou on l'a suicidé ?
35:54 - On n'aura jamais la réponse à cette question.
35:58 - C'est une opinion que je vous demande.
36:00 - Ce qui est sûr c'est qu'on est à un stade où il a fait des déclarations,
36:03 il y a un procès verbal d'audition de Bernard Roald qui est très curieux,
36:06 et au terme duquel on a le sentiment qu'il reconnaît beaucoup de choses,
36:10 et au terme duquel on a le sentiment qu'il met en cause Madame Seguin.
36:14 Donc si il a parlé, c'est certain qu'il s'est placé dans une situation d'extrême danger,
36:20 vis-à-vis du clore mafieux qui l'avait aidé,
36:24 et il est certain que ces gens-là ont des personnes en détention capables de commettre un crime.
36:28 Maintenant ça restera au rang des suppositions.
36:31 - Ma deuxième réflexion est plus philosophique,
36:33 mais j'aimerais bien avoir votre avis là-dessus, c'est-à-dire qu'il fait tout ça
36:36 pour ne pas partager son pognon avec sa femme,
36:39 et à la fin il meurt.
36:41 C'est cette réalité qui s'impose toujours, un linceul n'a pas de poche.
36:45 - Je crois que c'est un homme qui a pensé que le crime était tellement bien organisé,
36:50 par des gens tellement habitués à ce type de manœuvres et de crimes,
36:56 que finalement il resterait impuni.
36:58 Que lui il avait un alibi absolu, c'est qu'il était en son cabinet en Italie au moment du crime,
37:03 en train de soigner les patients.
37:05 Madame Seguin c'est la brave dame qu'on n'allait pas soupçonner de quoi que ce soit,
37:09 et puis les autres finalement qui sont des habitués du crime,
37:13 ils allaient partir et ne jamais être retrouvés.
37:16 Donc je pense que cet homme a réellement pensé que ça serait un crime impuni,
37:20 parce que parfaitement organisé par des professionnels du crime.
37:23 - Il n'y aurait pas eu Caruso pour balancer, il aurait pu passer à travers les gouttes.
37:28 - Exactement, il est certain que sans le témoignage de Caruso,
37:31 l'enquête aurait beaucoup moins progressé,
37:34 et qu'ils auraient pu bénéficier d'une impunité les uns et les autres.
37:37 - Pour terminer je voudrais vous dire une chose Maître Caniz,
37:40 vous êtes le seul acteur de cette affaire encore aux affaires.
37:43 Voilà.
37:44 - Non, non, pas tout à fait.
37:48 Il y a un avocat de partie civile qui est encore là,
37:50 et puis mon ami Philippe Collet avec qui j'avais plaidé aux Assises,
37:54 qui exerce encore un peu.
37:56 - Vous étiez un jeune avocat ?
37:58 - Moi j'étais un tout jeune avocat, c'est une de mes premières affaires d'Assises.
38:02 Ça n'a pas été un bon souvenir, je peux vous l'assurer.
38:04 - Merci beaucoup Maître Caniz d'avoir accepté le jeu de ce débrief plus de 30 ans après l'Eiffel.
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