Hondelatte Raconte _ Elodie Morel, piégée sur internet (récit intégral)
Hondelatte Raconte _ Elodie Morel, piégée sur internet (récit intégral)
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TVTranscription
00:00 [Musique]
00:02 On Delatte raconte
00:04 Christophe On Delatte
00:06 Je vous raconte une affaire criminelle qui d'un bout à l'autre
00:09 ressemble à un film, à un polar.
00:12 L'enquête sur la mort en 2005 à Aiguesmorte dans le Gard
00:16 d'Elodie Morel, une jeune marseillaise de 29 ans
00:19 qui rêvait d'être mannequin et qui est tombée sur un sacré trio.
00:24 Pour débriefer cette histoire, je ferai appel tout à l'heure à Maitre Patrice Reviron
00:28 du Barreau d'Aix-en-Provence.
00:30 J'ai écrit cette histoire avec Thomas Oudouar.
00:32 Réalisation Céline Le Bras.
00:34 [Musique]
00:36 Europe 1
00:38 Christophe On Delatte
00:40 [Musique]
00:44 Cette histoire commence comme un conte de fées.
00:47 Un matin de mai 2005, le 2, un lundi,
00:50 une jeune marseillaise de 29 ans qui s'appelle Elodie, Elodie Morel,
00:54 s'apprête à réaliser un rêve.
00:56 Elle va devenir mannequin.
00:58 [Musique]
01:02 Il y a 15 jours, elle a envoyé son bouc photo à une agence de casting
01:06 et bingo, du premier coup, elle a décroché un shooting.
01:10 Et attention, pas pour une marque de lessive,
01:13 pour la marque Rolls-Royce, oui monsieur.
01:15 Ils cherchent une égérie et c'est elle qui a décroché le rôle.
01:18 5000 euros pour 5 jours, plus l'hôtel et les restos.
01:22 Elle qui est serveuse d'habitude.
01:24 Elle est aux Anges.
01:26 Alors le matin du 2 mai, elle quitte Marseille où elle habite.
01:29 Elle embrasse son mari, son petit garçon.
01:32 Elle monte dans sa vieille BMW
01:34 et elle prend la route d'Aigue-Morte dans le Gard.
01:36 Le shooting doit avoir lieu dans un décor de rêve, la Camargue.
01:41 Elle a rendez-vous avec la responsable du casting,
01:44 une certaine Nicole Forestier,
01:46 dans un bar près du port qui s'appelle Lescales.
01:49 À 18 heures.
01:51 Pauvre Elodie, elle est bien naïve.
01:54 Une heure plus tard,
02:09 le téléphone sonne dans le bureau d'un gendarme d'Aigue-Morte.
02:12 - Allô, j'écoute ?
02:16 - Allô, bonjour, c'est Tarasco à Paris.
02:20 Tarasco. Dominique Tarasco.
02:22 Le gendarme le connaît bien, c'est un marlou du coin
02:25 qui joue régulièrement les indics.
02:27 En général, il a de bons tuyaux.
02:29 - Dis-moi, je voulais te signaler.
02:32 Il y a un gars, là.
02:34 Il est parti de chez moi à l'instant.
02:37 Il est armé.
02:39 Et d'après ce que j'ai compris,
02:41 il a l'intention d'enlever une fille.
02:44 Il faudrait que tu te grouilles de le retrouver.
02:47 - Oh, t'es gentil, Domimé.
02:49 Il faut que tu m'en dises plus.
02:51 - Écoute, il doit retrouver la fille
02:53 dans un café du centre d'Aigue-Morte,
02:55 je ne sais pas plus.
02:57 Il est dangereux, le gonzin.
02:59 Il faut l'empêcher d'agir.
03:01 Vous le contrôlez sans dire que vous venez de ma part
03:03 et comme ça, vous saurez la fille, quoi.
03:06 - Il faut que tu me donnes le nom de ton gonze, Domi.
03:09 - Je ne peux pas te le donner.
03:12 Ce n'est pas possible.
03:14 - La marque de la voiture, au moins.
03:16 - La marque de la voiture, d'accord.
03:19 C'est une Seat.
03:21 Une Seat Ibiza.
03:23 Verte.
03:25 - Le gendarme fait les choses en règle.
03:27 Il prévient son chef qui prévient le procureur.
03:29 Et à 18h15, une patrouille en civil
03:31 est envoyée sur le vieux port d'Aigue-Morte.
03:34 - On cherche un couple.
03:36 Installé en terrasse sur le port d'Aigue-Morte.
03:40 - Et pendant ce temps-là,
03:42 d'autres patrouilles se mettent à la recherche de la voiture,
03:45 la Seat Ibiza verte.
03:47 Quand les gendarmes arrivent sur le port, il y a foule.
04:00 Il fait doux, c'est l'heure du pastis,
04:02 les terrasses de café sont pleines à craquer
04:05 et des couples en train de boire un verre, il y en a des dizaines.
04:08 On leur demande de chercher une aiguille dans une botte de foin.
04:11 Et sur les parkings alentours,
04:13 les collègues ne trouvent pas non plus de Seat Ibiza verte.
04:17 Un peu après 19h, les gendarmes rappellent leur indique.
04:21 - Dommy, il faut que tu me donnes plus d'infos, hein.
04:25 Là, on ne trouve pas.
04:27 La bagnole, hein.
04:29 T'es sûr que c'est ce modèle ?
04:31 C'est une Ibiza.
04:33 - J'ai dit une Ibiza ?
04:35 Ah non, non, là je vous ai dit une connerie.
04:38 C'est plutôt une ZX.
04:40 Dans les gris verts.
04:42 Le reste, je...
04:44 Je ne peux vraiment rien dire de plus, hein.
04:47 - Oh le couillon !
04:49 Il a donné un tuyau percé,
04:51 une ZX, ça n'a rien à voir avec une Ibiza,
04:53 une ZX, c'est plus carré.
04:55 Et en plus, ça n'est plus vert, mais c'est gris-vert.
04:58 À cause de tout ça,
05:00 on a perdu du temps.
05:11 Après ce cafouillage,
05:13 laissez-moi vous dire deux mots sur ce Dominique Tarasco l'indique.
05:17 Donc, je redis qu'en principe, il a de bons tuyaux.
05:20 Pourquoi est-ce qu'il balance comme ça au gendarme ?
05:25 Eh bien parce qu'officiellement,
05:27 il est fait railleur.
05:29 Et qu'en vérité, il a une boîte de nuit clandestine.
05:31 Les poubelles, ça s'appelle.
05:33 Une discothèque qu'il a installée dans des cabanes,
05:35 sur un terrain qui lui appartient.
05:37 Entrée et consommation en liquide.
05:40 L'endroit est fréquenté par tous les marlots du coin
05:43 et quelques notables grisés par l'idée de s'en canailler.
05:46 Et donc régulièrement,
05:48 il balance un voleur de voiture,
05:50 un dealer de drogue,
05:52 et en échange, les gendarmes ferment les yeux.
05:54 C'est la première fois qu'il leur balance
05:56 une aussi grosse affaire.
05:58 Un projet d'enlèvement.
06:00 Bon ben voilà, quoi.
06:07 À cause de cette méprise sur la marque de la voiture,
06:09 les gendarmes ne sont pas parvenus à localiser le gars.
06:12 Un peu après 21h,
06:14 il lâche l'affaire.
06:16 Mais Dominique Tarasco, lui,
06:18 n'a rien lâché du tout.
06:20 Il est une heure du matin,
06:22 il vient de dîner dans un restaurant des Gueux Mortes,
06:24 il monte dans sa voiture,
06:26 il prend la direction de chez lui,
06:28 et là, il tombe sur un contrôle routier.
06:30 Comme un cador qu'il est,
06:32 il se gare, il va voir les gendarmes.
06:35 "Alors les gars,
06:37 vous en êtes où ?
06:39 Vous l'avez arrêté, le gars ?"
06:41 Les gendarmes en question ne comprennent pas,
06:43 ils ne sont pas au courant,
06:45 ils font juste un contrôle routier.
06:47 Et là, une ZX arrive
06:49 et dépasse le barrage.
06:51 Une ZX conduite par un homme
06:53 avec une femme côté passager
06:55 qui semble être endormie, la tête contre la portière.
06:57 "Eh les gars,
06:59 c'est lui putain,
07:01 arrêtez-le !"
07:03 "C'est lui quoi ? C'est lui qui ?"
07:05 Ces gendarmes n'en savent rien
07:07 et donc ils ne mouffent pas.
07:09 Et là, le téléphone de Dominique Tarasco
07:11 se met à sonner.
07:13 "Alors ?
07:15 Domi ?
07:17 T'es où Domi ?
07:19 T'es chez toi ?
07:21 Parce que si t'es dehors, fais gaffe,
07:23 en rentrant, il y a des condés partout.
07:25 Tu risques de tomber sur eux au carrefour de la Fontaine,
07:27 là, il y a un barrage.
07:29 Je préférais te prévenir quoi."
07:31 A l'autre bout du fil, c'est le type,
07:33 le type qui l'a dénoncé.
07:35 Et donc il raccroche et il dit au gendarme
07:37 "C'était vraiment lui, hein ?
07:39 Il vient de m'appeler, il a vu le barrage.
07:41 Bon,
07:43 arrêtez M. Tarasco.
07:45 Vous nous gonflez là.
07:47 Vous nous empêchez de travailler,
07:49 déjà vous avez bu, on vous fait pas souffler,
07:51 donc vous dégagez et vous allez vous coucher,
07:53 d'accord ? Allez, circulez."
07:55 Que voulez-vous qu'il fasse ?
07:57 Il s'en va.
07:59 Et pourtant, c'était la bonne voiture.
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08:11 Le surlendemain, le 4 mai,
08:13 un jeune homme se présente au commissariat du 2e arrondissement de Marseille.
08:15 "Bonjour.
08:19 Bonjour. Voilà, je...
08:21 je voudrais porter plainte."
08:23 "Une plainte pour quoi, monsieur ?"
08:25 "Une plainte pour disparition."
08:29 Il explique qu'il n'a plus de nouvelles de sa femme,
08:31 Élodie, depuis près de 48 heures.
08:33 "Ça lui ressemble pas du tout, vous comprenez ?
08:37 On a un petit garçon qui a 3 ans.
08:39 Elle l'aurait appelé pour l'entendre au téléphone.
08:41 Je suis sûr qu'il y est arrivé
08:43 quelque chose. Je suis...
08:45 je suis très inquiet."
08:47 "La dernière fois que vous avez eu de ces nouvelles,
08:49 c'était calme."
08:51 "Mais c'était avant hier,
08:53 lundi, à...
08:55 à 21h31, SMS.
08:57 Je peux vous le faire lire, regardez.
08:59 Gros bisous, tout va bien.
09:01 Je t'appelle demain, ça capte pas.
09:03 Je t'embrasse fort.
09:05 A plus.
09:07 Et voilà, depuis plus rien, quoi.
09:09 Quand je l'appelle, j'atterris directement sur sa messagerie."
09:11 Il lui a laissé des messages toute la journée du mardi.
09:19 Elle n'a pas rappelé.
09:21 Il envisage le pire.
09:23 Un enlèvement au profit d'un réseau de prostitution.
09:25 Et il raconte l'histoire
09:27 du shooting photo.
09:29 Elle était inscrite sur un signe de casting pour faire des photos.
09:31 Elle a eu
09:33 plusieurs échanges par mail, je crois,
09:35 avec une photographe.
09:37 Et elle est partie toute seule là-bas pour ce shooting.
09:39 Franchement,
09:41 j'ai peur qu'elle soit tombée dans un piège.
09:43 "Comment va votre couple, monsieur ?
09:45 Vous êtes sûr
09:47 qu'il peut pas y avoir autre chose ?
09:49 Vous vous entendez bien,
09:51 en ce moment ?"
09:53 Enfin, on s'est séparés il y a quelques mois.
09:55 On a même parlé de divorcer.
09:57 Mais depuis, on est vraiment réconciliés.
09:59 "Vous ne croyez pas que votre femme est peut-être
10:03 partie retrouver un autre homme ?
10:05 Est-ce que quelque chose pourrait vous faire penser
10:09 qu'elle ait une aventure ?
10:11 Ma femme est en danger, je vous jure.
10:15 On va sûrement l'emmener à l'étranger, je vous en supplie.
10:17 Faites des contrôles avant qu'il soit trop tard.
10:21 La seule chose
10:23 que je peux faire, monsieur,
10:25 c'est une recherche à l'intérêt des familles."
10:27 L'avis de recherche était mis une heure plus tard
10:39 vers tous les commissariats
10:41 et toutes les gendarmeries de France.
10:43 Et donc,
10:45 il arrive à la gendarmerie des Queuemortes,
10:47 où à peine sorti du fax,
10:49 les gendarmes font tout de suite
10:51 leur rapprochement avec le signalement de l'avant-veille,
10:53 le tuyau percé de Tarasco.
10:55 Et donc, les gendarmes des Queuemortes
10:57 appellent le mari de la disparue.
10:59 "Elle avait rendez-vous avec cette personne
11:01 à 18h, je crois,
11:03 dans un café des Queuemortes
11:05 qui s'appelle l'Escale."
11:07 La date, l'heure, le lieu,
11:09 ça colle parfaitement
11:11 avec les informations données par Tarasco.
11:13 À partir de là,
11:15 les gendarmes font le travail classique
11:17 et toujours efficace
11:19 qui consiste à se faire envoyer
11:21 la fadette de cette Elodie Morel,
11:23 la facture détaillée de son portable,
11:25 doublée de la géolocalisation du téléphone.
11:27 Et c'est très intéressant
11:29 parce que son téléphone
11:31 est resté allumé après sa disparition,
11:33 après le rendez-vous au café.
11:35 Et donc,
11:37 il est allumé
11:39 et il est allumé
11:41 après le rendez-vous au café.
11:43 Et on voit qu'après le départ des Queuemortes,
11:45 elle se déplace vers
11:47 Saint-Laurent-des-Gouzes, Saint-Gilles
11:49 et Vauvert,
11:51 des communes qui sont assez proches des Queuemortes.
11:53 Et ensuite, au cours de la nuit,
11:55 le téléphone cesse d'émettre.
11:57 Les gendarmes de la section de recherche
12:07 de Nîmes, qui viennent d'être désignés
12:09 à la suite de l'enquête, installent
12:11 donc leur quartier général à la gendarmerie
12:13 de Vauvert. Et à partir de là,
12:15 ils ratissent toute la région
12:17 à la recherche de la fameuse
12:19 ZX. Et malheureusement,
12:21 ça ne donne rien.
12:23 Entre temps, le mari d'Elodie vient d'arriver
12:25 sur place.
12:27 Elle a du caractère, ma femme, vous savez.
12:29 Moi, je suis certain d'une chose.
12:31 Quand elle a compris que le rendez-vous
12:33 était un piège,
12:35 vous pouvez être sûr qu'elle a lutté.
12:37 Vous en êtes sûr ?
12:39 OK. C'est rassurant.
12:41 En attendant, faute d'avoir retrouvé
12:43 la ZX, il n'y en a qu'un qui peut
12:45 faire avancer l'enquête.
12:47 D'après vous, qui ?
12:49 Ah ben oui, Domi, Dominique Tarasco.
12:51 Il le connaît, lui,
12:53 l'auteur du rapte. Et donc,
12:55 il est convoqué par les gendarmes.
12:57 Bon, Domi, on va arrêter de rigoler, là.
12:59 Tu dois nous aider, Domi.
13:01 Elle est peut-être séquestrée quelque part,
13:03 cette fille. Si elle est vivante,
13:05 on va faire vite. Alors, tu nous donnes
13:07 le nom de ce gars.
13:09 Ah non, je ne peux pas vous le dire.
13:11 Tarasco, bordel !
13:13 Tu nous donnes le nom !
13:15 Sauf que le procureur
13:17 a été très clair. Si Tarasco ne parle pas,
13:19 vous le placez en garde à vue
13:21 et vous lui faites comprendre
13:23 qu'on pourra l'accuser de complicité.
13:25 Je vous parle au con, Tarasco !
13:27 On ne va quand même pas devoir
13:29 t'enfermer !
13:31 Tu sais qui c'est ? Dis-le nous !
13:33 Et Tarasco finit par lâcher
13:35 en larmes.
13:37 Il s'appelle Guillaume.
13:39 Il s'appelle Guillaume
13:41 Mengmo.
13:43 Il le connaît bien. Il a travaillé
13:45 comme videur dans sa boîte de nuit clandestine.
13:47 Il a 49 ans.
13:49 Les gendarmes entrent son nom
13:51 au fichier. Oh,
13:53 Macaël ! Ce n'est pas un débutant,
13:55 le zigoto. À l'âge de 20 ans,
13:57 il a violé deux touristes allemandes
13:59 qu'il a prises en stop. Et pour ça, il a pris
14:01 49 ans. Et depuis, son parcours
14:03 est émaillé de condamnations pour violences
14:05 avec arme. Et tout ça
14:07 fait craindre le pire.
14:09 Le problème, c'est qu'officiellement, le type
14:11 ne vit pas du tout dans le coin.
14:13 Il a une maison dans le Béry, dans l'Inde.
14:15 Alors où est-il ?
14:17 Le seul moyen de le savoir,
14:19 c'est de mettre à contribution Tarasco.
14:21 Bon, tu l'appelles,
14:23 et tu lui fixes un rendez-vous.
14:25 Où ça, un rendez-vous ?
14:27 Par exemple,
14:29 sur le parking de l'ancienne boîte de nuit
14:31 des mortes, le mexicanin.
14:33 Ça te va, ça ?
14:35 D'accord.
14:37 (sonnerie)
14:39 (sonnerie)
14:41 (sonnerie)
14:43 Oui ?
14:45 Guillaume, hein ?
14:47 C'est Tarasco, l'appareil.
14:49 Dis,
14:51 j'ai un plan à te proposer, là.
14:53 Un truc qui est dans tes cordes.
14:55 Je ne peux pas t'en parler
14:57 au téléphone donc on pourrait se retrouver ce soir sur le parking du Mexicana, disons 18h, ça te va ?
15:07 Ok Dominique, je serai là avec mon pote Richard.
15:12 A 18h pile, sur le parking du Mexicana arrive un véhicule utilitaire, deux hommes en descente et
15:38 là les gendarmes surgissent et l'un d'eux tente de s'enfuir, les gendarmes le plaquent au sol, c'est
15:43 Guillaume Mingot et il le fouille et qu'est ce qu'il trouve dans sa poche ? La carte bancaire
15:49 d'Elodie Morel. Ils arrêtent aussi son accompagnateur, un certain Richard Ligny, 53 ans, inconnu des
15:57 services de police et qui habite dans le coin donc c'est forcément chez lui, chez ce Richard,
16:02 que crèche Mingot. Vous habitez où monsieur ? A Verges. Verges ? Ok, on faut se sur place,
16:12 elle peut être encore vivante. Quand les gendarmes arrivent sur place, ils tombent sur la femme et la
16:19 fille de Richard Ligny, elles sont sur le point de passer à table et d'ailleurs c'est ce qu'elles
16:23 font et les gendarmes se lancent dans la fouille de la maison avec l'espoir de la retrouver vivante,
16:28 ligotée dans un coin comme dans les films qui se terminent bien. Mais ils ne la trouvent pas.
16:33 En revanche, ils trouvent deux paires de chaussures, une robe et une veste et son téléphone portable
16:38 éteint. Et ça Mingot là, rapprochez-vous, regardez ça, c'est quoi ça ? En fouillant,
16:53 les gendarmes viennent de tomber sur un colt avec des taches brunâtres, on dirait bien du sang,
16:58 mais l'autre ne manifeste rien. Peu importe, avec les objets retrouvés sur lui et sur place,
17:05 il ne pourra pas nier et donc les gendarmes décident de placer tout le monde en garde à vue,
17:10 Guillaume Mingot, Richard Ligny et sa femme Francine, en se disant, elle, elle c'est sans
17:17 doute le maillon faible, elle, elle ne va pas nous rouler dans la farine, Francine.
17:25 Si vous voulez bien, allons-nous asseoir dans la salle où est interrogé Guillaume Mingot,
17:35 vous allez voir ce qu'est un menteur à l'oeuvre. Monsieur Mingot, pour quelle raison est-ce qu'on
17:43 trouve dans votre poche une carte de crédit au nom d'une certaine Élodie Morel ? Ah mais ça,
17:51 c'est simple, c'est une fille que j'ai rencontrée dans un bar, l'escale, à Aiguesmorte lundi soir,
17:58 et quand elle est partie, elle a oublié sa carte, moi je l'ai récupérée et de toute façon,
18:04 je l'avais rendue. Pinocchio, car depuis lundi soir, la carte a été utilisée, une fois pour
18:11 effectuer un retrait d'argent et une autre fois pour payer un plein d'essence dans une station
18:16 service. Donc lui c'est un coriace, il a l'habitude des interrogatoires, alors passons à son copain
18:23 Richard, Richard Ligné, lui d'entrée, on sent qu'il va craquer, il baisse les yeux, il regarde
18:30 ses pieds, le gendarme se lève, il lui attrape le menton façon garnement. Je sais que vous savez,
18:37 Ligné, oui. Et là, là c'est parti pour le grand déballage. Guillaume est arrivé chez moi dimanche,
18:49 à l'heure du petit déjeuner, il a toujours été le bienvenu chez nous Guillaume, donc ses affaires,
18:56 on savait qu'elles n'étaient pas toutes nettes, mais bon, et là il nous a dit qu'il venait pour
19:02 un gros contrat, il a parlé de cinq patates, une affaire qu'il avait eue par un ancien co-détenu
19:08 pour tuer quelqu'un, et il m'a montré son pistolet. Et après le soir, il est parti, il est revenu le
19:19 lendemain matin, tôt, vers 6 heures, je prenais mon petit déjeuner. Il était surexcité, il avait
19:28 son arme à la main, il m'a dit "j'ai fait une connerie, il m'a dit j'ai une fille dans la voiture,
19:33 il faut me prêter le garage". "Bon ben, qu'est-ce que vous voulez ?" J'ai accepté, sans trop me poser
19:41 de questions, et je suis allé lui ouvrir le garage. "Et la fille, la fille, vous l'avez vue ?" "Non,
19:51 non, j'ai pas vu qu'elle était dans le coffre, ni d'ailleurs s'il y avait vraiment quelqu'un,
19:56 et j'ai rien entendu non plus. Et là, il m'a demandé des serflex, vous savez des colliers
20:02 de serrage en plastique. Et après, il m'a dit qu'il allait dormir dans le garage pour éviter
20:08 qu'elle crie. Et voilà quoi, moi, je suis rentré chez moi." Le type a une fille prisonnière dans
20:19 son garage, et il rentre se coucher pépouze. Bon, cela dit, grâce à lui, on a le début de cette
20:26 histoire. Voyons si sa femme Francine va nous donner la fin. "Vers 18 heures, Guillaume est
20:33 revenu à la maison. Il m'a demandé une bouteille d'eau. Il m'a dit la fille a soif à cause de la
20:41 poudre blanche que je lui ai fait sniffer. Bon, là, j'ai compris qu'il l'avait droguée. Et ensuite,
20:48 il a passé deux heures dans le garage, et puis il nous a rejoint pour dîner. Et là,
20:55 il nous a apporté des cadeaux. C'était les affaires de la fille. Nous, on les a donné à
21:01 notre fille. Et vous n'avez pas posé plus de questions sur le sort de cette fille?" "Non."
21:08 "Enfin, dans la soirée, on lui a demandé comment on pouvait tuer quelqu'un. Il m'a répondu,
21:16 'Quick' en faisant un geste comme ça avec le cou. Donc, il n'y a plus d'espoir. Donc, il l'a tué,
21:26 'Quick'." Après ça, évidemment, Guillaume Mingo ne peut plus nier. Alors, il raconte comment il
21:36 a piégé Elodie en se faisant passer pour une photographe sur un site d'annonce de casting.
21:40 Entre-temps, bien sûr, les gendarmes ont retrouvé l'annonce en ligne. Il dit qu'il l'a choisi sur
21:45 photo et qu'il lui a donné rendez-vous au bar Lescales. "A quel but est-ce que vous faites tout
21:51 ça, monsieur Mingo?" "Bah, juste pour lui voler sa carte bancaire, quoi. Quand on est arrivé dans
21:59 la voiture, j'ai demandé de me donner sa carte et de me filer son code." "Et après, Mingo?"
22:08 "Après, j'avais ce que je voulais, donc je l'ai laissé repartir." "Et alors, elle est où,
22:19 maintenant?" "Où elle est? Je ne la sais rien du tout, moi." Retord jusqu'au bout. Les gendarmes
22:28 perquisitionnent le garage des Lignées. Ils trouvent les colliers serflex, coupés, la bouteille
22:33 d'eau dont Francine Ligné a parlé et une trentaine de mégots de cigarettes de la marque que fume
22:38 Mingo. Et dans la ZX, un sachet de poudre blanche et surtout sur le sol, des taches de sang.
22:45 La poudre, d'après le labo, c'est un mélange de somnifères pilés. Ça fait maintenant plus de
22:55 18 heures que Mingo est en garde à vue. On a beau lui fourrer toutes ses preuves sous le nez,
23:00 il nie toujours. À la 23e heure, il veut bien reconnaître qu'il est arrivé chez les Lignées
23:06 avec Elodie dans son coffre. Mais il dit qu'après, il l'a libérée, qu'il l'a ramenée à la gare
23:11 des Gueux Mortes et qu'il lui a rendu sa liberté. "Et puis, arrivée sur le parking, alors que j'étais
23:20 sortie de la voiture, elle m'a fait un croche-pattes. Je ne sais pas ce qu'il lui a pris,
23:26 quoi. Je suis tombé par terre, ça m'a mis en rage, quoi. Il y avait une cordelette par terre
23:35 sur le parking. Moi, je l'ai attrapée et je l'ai étranglée avec." "Ça y est, il a avoué. Son
23:48 histoire de croche-pattes, sans doute, est une invention. Mais on avance et il lui faut encore
23:53 un peu de temps pour dire où est le corps." "Il est dans le coffre de sa voiture, sur le
24:02 parking du cimetière à Gueux Mortes." Les gendarmes vont sur place et ils trouvent le
24:18 corps d'Élodie recroquevillée dans le coffre. D'après le légiste, elle a été étranglée. Il
24:25 note aussi des coups sur la tête, peut-être portés avec la crosse du pistolet. Il dit qu'elle a été
24:30 droguée aussi, avec la poudre blanche et sans doute violée. Sur la bouteille d'eau, il y a un
24:35 mélange de la salive d'Élodie et du sperme de Mingot. Et il y a aussi une trace qui pourrait
24:40 être du sperme sur son pull et sur son jean. Le vendredi 7 mai 2005, Guillaume Mingot est
24:54 mis en examen pour assassinat, vol, enlèvement et séquestration. Il est incarcéré à la maison
25:00 d'arrêt de Pontey, à Avignon. Quant aux épouliniers, ils sont mis en examen pour complicité
25:06 de séquestration et complicité d'assassinat. Et tout ce petit monde a rendez-vous devant la cour d'assises.
25:12 Le procès s'ouvre le 26 janvier 2008 à Nîmes. Guillaume Mingot y arrive, sourire aux lèvres,
25:32 et on comprend vite pourquoi. "C'est pas moi qui l'ai tué, c'est Richard, c'est Richard Ligné,
25:41 en entendant ça, Francine Ligné pousse un cri et Richard Ligné s'effondre dans le boxe. Il est
25:49 tellement secoué par ses accusations qu'il faut l'hospitaliser. L'audience est suspendue,
25:54 elle reprendra demain matin. Le lendemain, Richard Ligné est amené jusqu'au boxe par
26:10 des brancardiers. Mais tout ça, c'est du cirque, parce qu'en vérité, il n'y a aucun doute,
26:16 c'est Guillaume Mingot le meurtrier. Il y a des preuves par kilos, la carte bancaire dans sa poche,
26:22 ses cigarettes dans le garage, son sperme sur la bouteille et sur les vêtements. C'est Mingot.
26:27 Les deux autres ne sont pas reluisants, mais ils n'ont ni violé ni tué. Mais Mingot continue son
26:34 cirque. L'audi, j'ai eu un coup de foot pour elle, je suis tombé sous son charme. Je n'aurais pas pu
26:43 lui faire du mal. Quelle ligne de défense indécente. Après cinq jours d'audience,
26:59 Guillaume Mingot écope d'une peine de réclusion à perpétuité, assorti d'une peine de sûreté de
27:05 22 ans. Il est reconnu coupable d'assassinat, de séquestration avec acte de torture et de
27:11 barbarie, violence et vol avec préméditation. Quant à Richard et Francine Ligné, ils sont
27:18 condamnés à six années de réclusion criminelle pour séquestration et non dénonciation de crime.
27:24 Mingot bien sûr fait appel. Il est rejugé avec ses complices en Avignon en mai 2010. Et cette fois,
27:40 il renonce à faire son cirque. Il reconnaît d'entrée de jeu qu'il est bien l'auteur de
27:45 l'assassinat d'Ellaudi. Et du coup, son sort s'améliore légèrement. Il prend 30 ans au lieu
27:51 de perpète, assorti de 20 ans de sûreté. En revanche, la peine des Ligné est revue à la hausse.
27:58 Huit années de réclusion criminelle.
28:00 Voilà donc pour cette histoire que nous allons débriefer maintenant avec Maître
28:16 Patrice Reviron du Baraud d'Aix-en-Provence. Maître Reviron, vous étiez dans ce dossier avocat
28:22 de la partie civile, c'est-à-dire avocat de la famille d'Ellaudi. Je veux que vous nous aidiez
28:27 à y voir plus clair dans ce qu'est Guillaume Mingot. Il y a donc ce revirement entre les deux procès.
28:33 Premier procès, il nie. Deuxième procès, il l'assume. Mais il assume quoi ? Est-ce qu'il assume le viol, par exemple ?
28:40 Alors, il n'a jamais assumé le viol. D'ailleurs, il n'est pas poursuivi exactement pour viol. On a englobé
28:45 toute la partie sexuelle dans ce qu'on a appelé des actes de torture Edouard-Marie, c'est-à-dire qu'on a
28:49 considéré que toutes les violences qu'il a pu exercer sur Ellaudi, y compris les violences sexuelles,
28:54 étaient encore plus graves qu'un simple viol. Et donc, on a qualifié ça d'acte de torture Edouard-Marie.
29:01 Mais il a toujours nié cette dimension alors qu'elle est évidemment centrale dans tout ce
29:06 qu'il a pu faire, dans le piège qu'il a évidemment tendu à Ellaudi. Et ça ressemble beaucoup, vous
29:12 l'avez évoqué, à un dossier qu'il a connu quand il avait 21 ans. En 77, il avait agressé deux
29:20 touristes allemandes et il avait prétexté d'avoir voulu leur voler des chèques-vacances.
29:26 Et il les avait violés. Et ensuite, il a continué toute sa vie de nier cette dimension sexuelle.
29:33 Et ensuite, quelques mois après, en 77, il avait aussi agressé deux Italiennes. Donc, en réalité,
29:38 c'est un fil conducteur dans sa vie criminelle, cette notion d'agression sexuelle et de viol.
29:44 Qu'ont dit les psychiatres à son sujet ? Parce que l'homme tel que vous le décrivez là,
29:48 avec les récidives constantes tout au long de sa carrière, en gros, il sort de prison,
29:53 il repasse à l'acte, etc. C'est un psychopathe extrêmement dangereux.
29:57 Alors, psychopathe, c'est toujours compliqué de le dire. Enfin, une dimension psychopathique
30:02 évidente. Les psychiatres l'avaient qualifié d'une tendance mythomaniaque, avec des traits perverses
30:06 ce qui paraît évident, puisque c'est évidemment son plaisir qui passe avant celui de l'autre.
30:11 Et il chosifie les gens qu'il rencontre, en tout cas les jeunes femmes qu'il rencontre,
30:15 avec des traits pervers et donc avec une impulsivité, une agressivité qui était
30:20 particulièrement marquée et le fait notamment qu'il se promène systématiquement armé.
30:26 - Quel genre de type est-ce que c'est ? Vous l'avez vu uniquement au procès,
30:30 deux procès, deux fois cinq jours, c'est ça ? Essayez de nous expliquer, nous qui ne le connaissons
30:36 pas, qui ne l'avons jamais vu. - Alors moi je l'ai vu la première fois à la reconstitution. J'avais
30:41 déjà un peu cerné le personnage avec ses déclarations, qui étaient des déclarations
30:45 très fluctuantes déjà pendant l'instruction. En réalité, il avait déjà mis en cause l'inné,
30:51 après il était revenu. Enfin bon, à chaque fois il essayait de se défausser et de dire que tout
30:57 ça n'était qu'accidentel. Et c'est vrai que c'est quelqu'un qui est très calculateur, qui évidemment
31:03 est centré sur lui et sur l'intérêt qu'il peut avoir à se sortir de la situation dans laquelle
31:11 il était, qui était particulièrement grave évidemment. Et c'est quelqu'un qui va essayer
31:16 de nous dire qu'il avait une relation presque privilégiée avec Elodie Morel. D'abord il ne dit
31:23 pas la jeune fille, il parle sans cesse d'Elodie comme si c'était un intime d'Elodie Morel. Et
31:30 pendant le procès, c'est ce qui va beaucoup agacer évidemment tout le monde, il va raconter tout ce
31:35 qu'Elodie lui a raconté comme s'il avait une forme d'empathie vis-à-vis d'elle, alors que
31:38 précisément l'empathie c'est manifestement quelque chose qui lui manquait. C'est-à-dire qu'il l'appelle
31:43 Elodie par son prénom ? C'est ça. Pendant tout le procès, déjà en première instance, mais en appel
31:49 encore, alors qu'on lui avait déjà fait observer que c'était quand même assez indécent qu'il
31:53 l'appelle comme s'il la connaissait, il a continué à l'appeler comme ça. Elodie m'a dit que, Elodie
31:58 a fait ci, a fait ça. C'est assez étranger. On sait qu'ils ont dialogué, c'est-à-dire qu'en réalité, on a
32:03 parlé par exemple des mégots de cigarettes, on sait qu'Elodie a fumé quatre cigarettes et
32:07 systématiquement ces cigarettes portaient également l'ADN de Mingo, c'est-à-dire qu'en réalité elle
32:11 était attachée et lui tendait des cigarettes pour qu'elle les fume. Il y a eu un dialogue qui s'est
32:15 instauré entre eux parce que Elodie c'était une battante, c'était une fille qui voulait évidemment
32:19 s'en sortir, qui sentait qu'elle était dans une situation difficile. Elle a fait la seule chose
32:23 qu'elle pouvait faire, c'est-à-dire parler, parler, parler. Donc Mingo se targuait d'avoir discuté avec
32:27 elle tranquillement alors qu'il avait commencé à brûler ses effets personnels alors qu'elle
32:31 était encore en vie à ses côtés. Donc manifestement avec l'intention de ne pas la laisser partir, je
32:38 pense qu'elle avait fini par le comprendre mais à ce moment-là elle était attachée. On est d'accord
32:42 qu'il l'a tuée et tranglée dans le garage ? Absolument, après l'avoir violée puisque en fait
32:48 quand on reconstitue le fil des événements, il avait un t-shirt qu'il avait changé à 18h30,
32:53 on le sait, et sur ce t-shirt il y avait son ADN, son sperme mélangé avec de l'ADN d'Elodie.
32:59 Et ensuite Elodie, on lui a fourni une bouteille d'eau à 18h30 et cette bouteille d'eau, elle était
33:07 cachée dans le coffre de la voiture, attachée et sur le boulot de cette bouteille, on va retrouver
33:14 du sperme de Mingo, évidemment mélangé avec l'ADN d'Elodie. Donc voilà, on est dans une situation
33:21 tragique pour cette jeune fille qui sait qu'elle va sans doute disparaître. Selon vous, quand il
33:27 passe cette annonce de casting, il sait depuis le début qu'il va la violer et la tuer ? Alors je
33:35 pense pas que ce soit si clair dans sa tête, je pense que c'est ce vers quoi il tend, c'est-à-dire
33:39 qu'en fait attirer une jeune femme, alors évidemment il se donne ce prétexte de vouloir
33:43 voler des cartes bleues, ça ne tient pas du tout la route. Il voulait surtout je pense récupérer un
33:48 véhicule éventuellement et faire disparaître une jeune femme. Les choses ne se sont peut-être pas
33:52 passées exactement comme il les avait conçues, en tout cas quand on fait le parallèle avec ce
33:56 qui lui est arrivé, enfin avec ce qu'il avait commis en 1977, c'est assez frappant. Il attire
34:01 des jeunes femmes, c'est-à-dire des autostoppeuses et puis il s'invente des scénarios qui peut-être
34:07 lui évitent de penser que l'objectif final c'est de les violer mais en réalité c'est ce qu'il fait
34:12 et c'est tout ce qu'il programme tend vers ce but-là. Avant de parler des lignées, parce qu'il
34:18 faut qu'on parle d'eux aussi, un dernier mot sur lui, il est intelligent ou c'est un idiot ? Alors
34:23 on lui a trouvé une certaine intelligence, en tout cas il a une intelligence formelle qui est
34:27 totalement centrée vers lui, c'est-à-dire qu'il sait où sont ses intérêts, il arrive à peu près
34:32 à s'en sortir à ce niveau-là, c'est pas non plus quelqu'un d'extrêmement intelligent et d'ailleurs
34:37 la façon dont les choses se sont produites et toutes les traces qu'il a pu laisser derrière
34:40 lui le démontrent. Alors les lignées maintenant, mari et femme, bon le récit est confondant, ce
34:47 sont des gens qui sont spectateurs d'un meurtre et qui n'y prêtent pas attention, là aussi ce sont
34:52 des abrutis parfaits ou ce sont des gens qui n'ont aucun sens moral ? Je crois qu'il y a un peu les
34:58 deux, en tout cas ils avaient un sens moral plus développé que Guillaumingo puisque eux ils étaient
35:04 vraiment dans le regret, même s'ils ne se sentaient pas coupables disait-il de ce qui s'est passé,
35:10 bon ils n'ont manifestement pas ignoré alors ils ont été finalement condamnés pour complicité de
35:15 séquestration et d'acte de torture et de barbarie et également pour non-dénonciation parce qu'ils
35:20 auraient pu évidemment sauver avec un simple coup de fil Elodie au moment où Guillaumingo
35:25 concrétise ce qui leur paraissait un projet farfelu mais quand il commence à leur apporter
35:29 des affaires, Elodie a demandé une bouteille d'eau, qu'il le voit s'éloigner, ouvrir le coffre de la
35:35 voiture et puis tendre cette bouteille d'eau manifestement à quelqu'un qui va se saisir
35:39 cette bouteille et l'utiliser, ils avaient tous les éléments pour comprendre ce qui avait passé
35:44 mais eux quand même ont à mon sens exprimé des regrets sincères. Il faut qu'on parle donc du rôle
35:50 très intriguant dans cette histoire de Dominique Tarasco, l'indique, pas banal dans une affaire
35:56 criminelle, dans la procédure je crois son nom n'apparaît pas, c'est à dire qu'on sait aujourd'hui
36:02 qui il était, ce qu'il a fait mais il est désigné comme le témoin anonyme c'est ça ? Oui c'est à dire
36:09 qu'en fait, il avait été placé en garde à vue et interrogé donc on avait, il était témoin au procès
36:15 et ce qui s'est passé en première instance c'est que j'avais évidemment bien facilement compris que
36:20 c'était lui le fameux indicateur qui était dans ce dossier comme décrit comme un témoin anonyme
36:25 et donc je lui avais dit le témoin anonyme c'est vous et donc il avait dit non pas du tout, il avait
36:31 tourné autour du pot ce qui était dommage parce que évidemment s'il nous avait dit à ce moment-là
36:37 qu'il était le témoin anonyme on aurait mieux compris le dossier et quand on arrive au procès
36:40 en appel il se retourne vers moi il me dit vous je me souviens c'est vous qui m'avez secoué et en
36:47 fait il explique cette fois-ci que oui il était bien ce témoin anonyme et que cette affaire la
36:52 rongeait en fait depuis le début c'est à dire depuis le moment où en discutant avec Mingo il a
36:57 compris que Mingo était sérieux quand il disait qu'il voulait enlever une jeune femme il avait fait
37:02 vérifier par son compagne qui était à côté du bar Lescales où le rendez-vous devait avoir lieu avec
37:08 Mort que effectivement Mingo allait rencontrer une jeune femme sa compagne, la compagne de Tarasco
37:13 lui avait confirmé donc il a compris que c'était sérieux et surtout il a compris que c'était de
37:18 plus en plus sérieux quand il a vu que Mingo commençait à rouler un peu partout il était
37:23 venu dans sa propriété donc sur son ancienne casque faire tourner l'audit Morel et donc il
37:29 a cessé d'appeler les gendarmes y compris de se trouver en leur présence lorsque le véhicule
37:35 va passer devant eux pour leur dire d'intercepter le véhicule parce que cette jeune fille allait
37:39 sans doute avoir de très graves problèmes voire disparaître. Mais c'est lui Dominique Tarasco
37:44 qui demande à ne pas apparaître ou est-ce que c'est les gendarmes qui préservent leur indique ?
37:49 Alors c'est un peu plus compliqué que ça, ça on l'a compris après. À l'audience d'appel il y a un
37:55 gendarme avant l'audition de Tarasco qui commence à dire que en réalité parce que je l'avais
38:00 interrogé en lui disant qu'on sait très bien qui était le témoin anonyme et il dit en fait c'est le
38:03 procureur de la république qui nous a demandé de faire en sorte que Tarasco soit anonyme et
38:10 ce qui se passe avant l'audience de première instance ça on ne l'a su que lors de l'appel
38:14 Tarasco nous a révélé que la veille de son témoignage en première instance et bien il est
38:20 appelé par les gendarmes qui lui disent qu'il est hors de question qu'il sorte de son statut de
38:24 témoin anonyme sur la partie anonyme des déclarations qu'il avait pu leur faire parce
38:28 qu'en réalité ils n'étaient pas vraiment en train de faire un contrôle routier au moment où Tarasco
38:33 était avec eux, ils étaient en train de rechercher l'audit et quand le véhicule passe il leur indique
38:38 il leur dit mais c'est le véhicule, je me suis trompé c'est pas une Seat, c'est le véhicule,
38:41 ils sont dedans arrêtez les et les gendarmes n'ont pas arrêté, je suppose que c'est un peu à cause
38:46 de ça qu'ils ont préféré qu'il garde ce statut de témoin anonyme. D'accord ils sont gênés aux
38:50 entournures en fait quoi. Très gênés puisque ce que Tarasco va nous expliquer à l'audience c'est
38:56 qu'en réalité celui qui était son gendarme privilégié, celui avec qui il avait des
39:01 relations privilégiées en tant que pseudo-indic qui était le gendarme Bosque serait mort un an
39:07 après et d'après les pouces de ce gendarme en fait il a été miné par cette affaire et par le
39:13 fait qu'ils auraient pu sauver l'audit et qu'apparemment il ne s'en serait pas remis. Vous
39:17 la connaissez vous cette boîte de nuit, les poubelles ? Pas du tout moi je suis pas du coin
39:22 mais apparemment... Vous êtes d'Aix-en-Provence c'est vrai. C'est ça et apparemment elle était
39:26 très connue, j'ai des confrères qui m'ont expliqué après quand il y avait eu le procès à Nîmes que
39:31 oui oui c'était un endroit où il y avait un peu y compris des avocats, des magistrats qui
39:35 s'y rendaient, c'était l'endroit très à la mode où il fallait aller un peu interlope mais en tout
39:41 cas apparemment avec une très très bonne ambiance. C'est une très grande bodega. Et de toute façon
39:48 ça s'est mal terminé pour Dominique Tarasco parce qu'au final les gendarmes ont fini par intervenir
39:53 et mettre un terme à son activité. Oui alors il avait déjà le fisc sur le dos depuis un petit
39:59 moment, les gendarmes l'ont protégé autant qu'ils ont pu, tant qu'ils pouvaient donner des
40:02 renseignements mais après cette histoire effectivement apparemment les choses se sont un
40:05 peu précipitées. Mais j'avoue que Tarasco c'est un personnage assez surprenant, moi j'étais très
40:09 remonté contre lui et au final je me suis aperçu que c'était quelqu'un qui était peut-être un des
40:14 plus profondément humains de ce dossier. Il lui a senti très vite qu'une jeune fille était en
40:18 danger et qu'il vraiment a été rongé de ne pas avoir réussi à la sauver. Oui c'est un type qui
40:25 a un gros passif sur le plan criminel mais néanmoins on ne plaisante pas avec l'idée de tuer une femme
40:31 quoi. Absolument, absolument. Merci beaucoup maître Patrice Reviron du barreau d'Aix-en-Provence
40:38 d'être revenu sur cette affaire une quinzaine d'années après les faits.
40:44 Des centaines d'histoires disponibles sur vos plateformes d'écoute et sur europe1.fr
40:49 [MUSIQUE]