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PAF : Analyses, décryptages et investigations sur les émissions télé ! 




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Transcription
00:00 Vous êtes passée par les plus grands clubs,
00:02 Saint-Etienne, Monaco.
00:03 On va voir votre bio qui va s'afficher sur l'écran.
00:07 Je vais pas tous les citer, il y en a eu plein.
00:09 Nancy, aussi.
00:11 Vous êtes partie à l'étranger,
00:13 aux aînés de Saint-Pétersbourg,
00:15 au Panathinaikos, en Grèce.
00:17 Et aujourd'hui, vous êtes à Istres,
00:19 parce qu'il vous est arrivé une histoire à peine croyable.
00:22 Vous vous êtes fait escroquer des millions d'euros
00:26 par ceux en qui vous aviez le plus confiance.
00:29 Comment ça s'est passé ?
00:31 -Comment ça s'est passé ?
00:33 L'essentiel de ma carrière, je me suis concentré
00:36 à organiser mon après-carrière.
00:38 J'ai jamais gaspillé beaucoup d'argent.
00:40 J'ai pensé au football, je me suis levé,
00:42 je respirais, je mangeais.
00:44 Et en gros, j'avais pas trop...
00:46 -Qui vous a pris cet argent ?
00:48 Il faut expliquer à ceux qui nous regardent.
00:50 -J'ai été escroqué par mes deux ex-agents.
00:53 -Et vous aviez des agents
00:54 qui s'occupaient de gérer votre argent et votre carrière.
00:58 Ce qui se fait régulièrement chez des joueurs professionnels.
01:01 -Complètement. Ce sont des jeunes hommes
01:03 qui, soudainement, gagnent beaucoup d'argent.
01:06 La plupart du temps, ils ne sont pas ni préparés,
01:09 ni équipés, ni entourés des bonnes personnes
01:12 pour gérer cet argent soudain.
01:15 C'est là que les vautours arrivent.
01:17 -C'est incroyable, des agents de footballeurs.
01:20 Expliquez-nous. Vous vous êtes fait escroquer
01:22 de 10 à 15 millions d'euros,
01:24 et vous n'avez rien vu. En combien de temps ?
01:27 -En l'espace de 13 ans.
01:28 -En 13 ans ? -Oui.
01:30 Tout simplement, parce que tout ce que je générais,
01:33 on me faisait comprendre qu'il était placé
01:35 dans une assurance vie.
01:37 -15 millions dans une assurance vie ?
01:39 -Il y a eu plein de mises en scène qui ont été faites.
01:42 Parfois, les gens se disent "mais comment il a fait
01:45 pour pas voir ?"
01:46 En fait, dans tout ça, il y a eu plusieurs personnes
01:49 qui ont été avec eux, parce qu'ils n'étaient pas juste deux.
01:52 Des comptes en banque ont été ouverts sans moi,
01:55 des prêts à la consommation, des prêts immobiliers,
01:58 des ouvertures de comptes en banque.
02:00 Donc, j'ai été happé par un système,
02:02 parce que si c'était encore deux personnes,
02:05 j'aurais pu voir quelque chose, mais c'était beaucoup plus.
02:08 -Vous n'avez rien vu.
02:09 Voilà un exemple de document qui a été trafiqué.
02:12 Vous n'avez rien vu. Vous aviez un niveau de vie,
02:15 vous étiez footballeur, mais vous étiez très concentré
02:18 sur le sport, donc votre vie tournait autour du football,
02:21 et finalement, vous dépensez pas beaucoup d'argent,
02:24 vous avez pas de voiture, des clichés...
02:26 -Je viens d'une famille assez humble,
02:29 donc le kiff, c'était de s'acheter des beaux habits,
02:32 une petite voiture, mais rien d'extravagant.
02:34 Mon kiff, c'était prendre ma famille l'été,
02:37 claquer 40 000-50 000 euros, mais bon,
02:39 je connais des joueurs qui le faisaient chaque mois.
02:42 Si ça a dépassé 5 000 euros, c'était extrême.
02:45 -Vous gagnez des millions d'euros et vous dépensez 5 000.
02:48 Pour votre vie quotidienne, vous aviez besoin de 5 000 euros.
02:51 Sauf que, de temps en temps, même avec un besoin de 5 000 euros,
02:54 vous avez été à la tirette.
02:56 -C'est ça qui a commencé à me faire un peu tiquer,
02:59 c'est que je me dis que ma hantise, ma phobie,
03:01 c'est de me dire un jour que j'aille quelque part
03:04 et que je ne passe pas ma carte.
03:06 Malheureusement, c'est ce qui m'est arrivé.
03:08 Je me dis comment c'est possible, avec des milliers d'euros
03:11 sur le compte, que la banque me refuse.
03:14 Il me parlait de différé, de débit, de trucs...
03:16 -Vos agents vous appelaient en disant...
03:19 -Il avait un contrôle total.
03:20 Il avait un contrôle total sur tout, en fait.
03:23 J'ai un papa qui a 84 ans,
03:25 j'ai une mère qui a 71 ans,
03:26 qui a eu 10 enfants.
03:28 Je ne veux pas vous dire qu'en termes d'éducation
03:31 ou en termes de... Nous, on est une famille,
03:33 on a un bon coeur.
03:34 Quand on a décidé de faire confiance, on fait confiance.
03:37 On ne se demande pas de se faire voler,
03:40 de se dire ce qui va se passer.
03:41 À partir du moment où vous rentrez chez nous,
03:44 on vous fait confiance.
03:45 Malheureusement, je pense que c'est notre nature
03:48 qui nous a détruits.
03:50 -Comment avez-vous rencontré ces agents ?
03:52 -Patrick Blondeau, tout le monde le connaît,
03:55 c'est un joueur de foot.
03:56 -C'est le nom de votre agent ? -Oui, et Franck Bichon,
03:59 les deux personnes qui sont concernées.
04:02 Tout simplement, ils sont venus...
04:04 J'étais dans la lumière, je commençais à jouer en pro,
04:07 et je me suis dit "Laisse-moi m'occuper de ton fils."
04:10 Mon père a dit "Occupez-vous-en comme si c'était votre fils."
04:13 -Eh ben ! -Et voilà.
04:15 -J'imagine qu'il y a un procès ? -Lundi. Lundi.
04:19 -Lundi ? -Lundi.
04:20 -Quoi ? Lundi prochain ? -Lundi prochain.
04:22 -D'accord. -Ça fait 4 ans et demi que j'attends,
04:25 et lundi prochain, on va dire qu'on démarre le combat.
04:28 -Vous démarrez le combat seulement ?
04:30 -Vous savez, avant, il y a une enquête,
04:33 il y a une confrontation, il y a plein de procédés
04:37 qui font qu'aujourd'hui, mon procès se déroule lundi.
04:40 -Avant de parler du procès, votre vie ressemble à quoi ?
04:44 Vous avez gagné, on le rappelle, un 10 à 15 millions d'euros
04:47 en tout sur l'ensemble de votre carrière,
04:49 de foot de footballeur professionnel.
04:52 -Vu que je ne suis pas quelqu'un de vénal,
04:54 si l'argent serait le centre de ma vie,
04:56 je pense qu'aujourd'hui, je serais détruit,
04:59 parce que je ne me suis jamais servi de l'argent
05:01 pour me permettre de manquer de respect
05:03 ou de faire penser à quelqu'un,
05:05 un travailleur qui gagne 1 200 euros, pour moi, tout le monde est égo.
05:09 Je voulais voir mes parents heureux,
05:11 les gens qui m'aiment, qui aient le sourire,
05:13 c'était mon vrai but.
05:15 C'était pas de m'acheter une Lambo, d'aller à Dubaï,
05:18 de faire le kéké pour dire aux gens,
05:20 j'ai fait des choses concrètes pour les gens que j'aime.
05:23 -Aujourd'hui, votre vie ressemble à quoi ?
05:25 Vous vivez dans un studio, c'est ça ?
05:28 -C'est ça, avec mes collègues d'Ystre,
05:30 à qui je fais un coucou.
05:32 Voilà, j'essaie de... Comment dire ?
05:34 J'essaie de me nourrir de bonheur au quotidien, de petits moments.
05:38 Je vais essayer de donner de l'amour à mes parents,
05:40 à mes partenaires, aux gens que j'aime.
05:44 Et c'est par rapport à ce genre de petits détails
05:46 que je me dis que la vie, c'est pas que l'argent.
05:50 Donc, quelque part, dans ce malheur-là,
05:52 j'essaie de trouver du positif.
05:54 J'ai pas envie de me morfondre dans quelque chose
05:57 où, honnêtement, j'aurais des excuses valables
06:00 de me dire "je bois de l'alcool, je me drogue,
06:02 "je fais n'importe quoi, on a détruit ma vie",
06:05 mais c'est pas ça la solution.
06:06 Je me suis jamais vu en tant que victime.
06:09 J'étais victime de quelque chose, mais aujourd'hui...
06:13 -Vous avez pas d'amertume.
06:15 -Vous avez pas d'amertume.
06:16 -Parce que pour moi, je veux préserver ma famille.
06:19 Quand vous avez des parents âgés, une famille aimante,
06:22 le principal, c'est de les voir heureux.
06:24 Si ils me voient malheureux, je vais leur faire de la peine.
06:28 -Aujourd'hui, je voudrais que vous partagiez avec ceux
06:31 qui nous regardent, chez eux, qui comprennent.
06:33 Après cette vie, vous n'en avez pas profité tant que ça.
06:36 Vous vous retrouvez avec quasiment rien,
06:39 à la fin du mois, pour vous.
06:40 -Je commence à me poser la question,
06:43 parce que j'arrive à un âge, je compte encore jouer longtemps,
06:46 mais surtout la question de se dire ce que je vais faire après le football.
06:50 C'est ce que beaucoup de personnes me posent.
06:52 Je sais pas ce que je vais faire de ma vie.
06:55 Je sais que j'aime le sport, mais je sais pas quelle branche
06:58 je vais emprunter.
06:59 -Je voulais juste revenir sur votre vie aujourd'hui.
07:02 Vous avez un salaire à Istres,
07:04 vous êtes encore footballeur professionnel.
07:06 Une fois que vous avez payé les dettes,
07:09 ils ont contracté des crédits,
07:11 donc non seulement vous avez perdu des millions d'euros,
07:14 mais en plus, vous êtes obligé de rembourser
07:16 des crédits que vous n'avez pas contractés,
07:19 et à la fin du mois, il vous reste pas grand-chose.
07:22 -Je pense que je dois être à 4 ou 5 millions de dettes.
07:25 J'ai 4 ou 5 millions de dettes.
07:27 -En plus des 10, 15 millions qui sont partis,
07:29 on est d'accord, terminés, vous avez 4 millions de dettes.
07:33 -Il y a eu des prêts à la consommation qui ont été faits,
07:36 12 ou 13 bains immobiliers qui ont été achetés
07:39 par des gens qui ont été touchés.
07:41 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
07:43 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
07:46 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
07:49 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
07:51 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
07:54 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
07:57 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
07:59 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
08:02 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
08:05 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
08:08 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
08:10 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
08:13 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
08:16 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
08:18 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
08:21 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
08:23 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
08:26 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
08:29 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
08:31 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
08:34 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
08:37 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
08:39 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
08:42 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
08:44 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
08:47 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
08:50 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
08:52 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
08:55 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
08:58 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
09:00 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
09:03 -C'est un peu comme si vous aviez un bon nom.
09:06 -Je vais pas parler de l'affaire de Yoann,
09:08 elle est en instruction, je vais rester prudent.
09:11 Mais le phénomène, on le connaît, l'étape clé,
09:14 c'est ce moment où les escrocs réussissent
09:17 à gagner la confiance de l'escroqué.
09:20 Comment, pourquoi, je sais pas si tu peux nous le raconter,
09:23 toi, c'est ça qui est fou, mais c'est tout aussi fréquent.
09:27 Le reste, on le connaît.
09:29 -Il y a d'autres stars qui se sont fait escroquer, Philippe.
09:32 -Des footballeurs célèbres,
09:34 encore plus que Yoann Mollo, comme Alain Gires,
09:37 qui a été l'un des premiers dans les années 80.
09:40 Un ami à lui le convainc d'investir
09:42 dans une société d'articles de sport,
09:44 plus ou moins par correspondance.
09:46 Comme par hasard, la société dépose le bilan.
09:49 Alain Gires, à l'époque, perd pratiquement toute sa fortune,
09:52 l'équivalent de 2 millions d'euros en francs.
09:55 Depuis, des joueurs internationaux,
09:57 champions du monde, ont eu des affaires.
10:00 N'Golo Kante, en justice,
10:03 a vu son affaire classée.
10:05 Pas de suite.
10:07 Car il n'est pas parvenu à trouver le vrai escroc.
10:12 Il s'est attaqué à celui qu'il pensait l'avoir arnaqué,
10:15 mais c'était pas le bon.
10:16 Usain Bolt, star planétaire,
10:20 champion olympique,
10:22 il place dans son pays, dans le fonds le plus sérieux,
10:25 le plus connu, une épargne à hauteur de 12 millions d'euros.
10:29 Quelques années après, il va chercher son argent
10:32 en pensant qu'il l'avait fructifié.
10:34 Il lui reste 12 000 euros.
10:35 -C'est incroyable, ça.
10:37 -Parce qu'il y a autant de cas que d'arnaques différentes.
10:41 Là, Usain Bolt, c'était dans cet établissement financier
10:44 qui avait pignon sur rue,
10:46 un employé qui avait volé l'argent des 40 plus grandes fortunes.
10:50 Donc, on peut être arnaqué directement, indirectement.
10:55 Il faut vraiment se méfier.
10:57 On accuse souvent les sportifs, les footballeurs,
11:00 de faire attention.
11:02 Oui, ils font attention.
11:03 Et vous savez quoi ?
11:05 Dernier mot, ils font attention à leur famille.
11:07 -C'est votre famille qui en souffre de votre situation.
11:10 -Il peut y avoir des...
11:12 -Des proches. On a eu des exemples.
11:14 -L'affaire Pogba, on en a parlé dans TPMP, il y a pas longtemps.
11:18 Elle est en instruction, je vais pas aller plus loin.
11:21 Mais là, c'est en famille,
11:23 ou entre amis d'enfance.
11:26 -C'est horrible, ça.
11:27 -Yohann, vous avez senti, autour de vous,
11:29 vos amis d'enfance, votre famille,
11:31 d'être très proche de vos parents,
11:33 des changements de comportement ?
11:35 Quand vous avez réussi, vous avez gagné ?
11:38 -Avant, après.
11:39 -Non, avant. -Avant.
11:41 -Avant, quand j'étais bien.
11:42 J'ai toujours gardé le même, mon papa, ma maman,
11:45 les gens qui m'ont fait du bien étant petit,
11:47 j'ai été reconnaissant envers eux.
11:49 -Et aujourd'hui ? Est-ce que certains vous ont tourné le dos ?
11:53 -Beaucoup, quand même.
11:54 -C'est sûr que quand on passe de la lumière à l'obscurité,
11:57 on va se dire qu'on n'a plus rien à tirer de la personne.
12:00 Mais comme j'ai fait les choses avec mon coeur,
12:03 je leur en veux pas.
12:04 Quand j'ai fait les choses, je voulais le faire.
12:07 -Et votre procès commence ce lundi.
12:09 -Oui, c'est ça.
12:10 -Il y a un chiffre alarmant, c'est l'UNFP,
12:12 le syndicat des joueurs pros.
12:14 50 % des joueurs, donc un joueur pro sur deux en France,
12:18 se retrouvent ruinés après cinq ans,
12:20 après la fin de sa carrière.
12:22 C'est un joueur sur deux, c'est énorme.
12:24 Ma question à Johan, c'est,
12:26 quand on a gagné des centaines de milliers d'euros par mois,
12:29 à l'époque, et qu'aujourd'hui, on se retrouve,
12:32 je vais pas être indiscret, mais avec des sommes
12:35 un peu moins de zéro, comment on fait ?
12:37 Comment on fait pour réduire son train de vie ?
12:40 Il y a des crédits à la conso, 5 millions de dettes.
12:42 -Je vais pas te mentir.
12:44 Chaque mois, je paye le crédit maison que j'ai acheté à ma sœur.
12:47 Donc, en gros, ce que je veux te dire,
12:50 à ce moment-là, je fais tout pour alléger ma sœur,
12:52 mais en fait, vu que j'ai jamais eu de dépense extravagante,
12:56 moi, mon kiff, c'était, j'allais m'acheter un petit jean,
12:59 je me faisais une petite sortie, j'allais en boîte,
13:02 je claquais 500-600 euros.
13:03 J'ai pas eu ce truc de me dire... -De tout claquer.
13:06 -Je me rappelle, je suis allé à Philippe-Lin,
13:09 j'ai claqué 30 000 euros, mon père m'a pas parlé pendant 3 semaines.
13:12 Il m'a dit "tu as pété les plombs, qu'est-ce que tu fais ?"
13:15 -Si j'ai bien compris, tes agents t'encouragaient
13:18 à te payer. -C'est ça.
13:20 -En te disant... -Toute ma carrière,
13:22 c'était "j'ai envie de me faire péter une lambeau".
13:25 Non, tu peux pas, parce qu'en gros, tu vas faire n'importe quoi,
13:28 il faut épargner, regarder. -Est-ce que vous savez, Johann,
13:32 ce qu'ils ont fait de l'argent, eux ?
13:34 -Si vous regardez... -Est-ce que leur train de vie
13:36 a explosé ? Il a passé où, l'argent ?
13:38 -Il y en a un, je pense, qu'à part parler de voiture,
13:41 de montre, de choses matérielles,
13:43 il n'a aucun argument dans la vie, c'est une pauvre personne.
13:47 -Il a de l'argent, ça se voit ? -Ah oui, il y en a un,
13:49 il pue l'argent. Par contre, l'autre, non.
13:52 L'autre, il a l'air d'être miné par la vie,
13:54 parce qu'en fait... -Il a de la culpabilité ?
13:57 -Non, je pense pas. C'est ce que je me suis posé
13:59 pendant peut-être 15 ans de ma vie, chaque soir,
14:02 parce que vous savez que quand on vit ce genre de traumatisme,
14:05 là, aujourd'hui, je suis... Vous savez comment c'est,
14:08 on est tous des êtres humains, on a une part où on a mal.
14:11 Je me suis posé cette question pendant 15 ans.
14:14 Elle a senti un remords de se dire "ce que je lui ai fait,
14:17 "c'est pas bien". Mais moi, j'en arrive à la conclusion que non.
14:20 Quand on détruit les gens comme ça,
14:22 quand on détruit des familles, et le pire, c'est pas ça,
14:25 c'est parce que pendant autant de temps, pendant 13 ans,
14:28 il mange à ta table, il vient au mariage,
14:31 tu vis tout avec lui, et pendant 13 ans,
14:33 la personne est capable de te mentir.
14:35 -C'est pire que ça, c'est pas du mensonge.
14:38 -C'est fort. -Ils servent de vous.
14:40 -Oui, c'est fort. Mais le pire, c'est que moi, j'étais seul.
14:44 J'étais beaucoup à l'étranger.
14:45 Quand j'avais pas les réponses à mes questions,
14:48 c'était des questions-réponses interminables.
14:51 Quand l'argent rentre, j'attendais mardi,
14:53 mardi prochain, mardi prochain...
14:55 A partir de là, tu commences à développer une certaine forme
14:59 d'anxiété, parce que tu te dis...
15:01 Là, je pense qu'ils commencent à me manipuler.
15:04 Quand on commence à me dire "Yohan, tu prends 100, 200, 300 000 euros",
15:08 automatiquement, mes dépenses augmentent.
15:10 -Par mois. -C'est normal, je vais me faire un kif.
15:13 Je vois une montre à 10 000 ou des trucs comme ça.
15:16 Je me dis "Pourquoi pas, je prends 300 000 euros".
15:19 C'est quoi, 10 000 sur 300 ?
15:21 Mais quand tu mets ta carte, elle passe pas.
15:23 Une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, tu dis "Il y a un problème".
15:27 Et après, on te parle que... Je sais pas quoi.
15:30 -Mais les banques, vous avez jamais appelé votre banquier ?
15:33 -Avec quatre banques, en fait, quand j'ai découvert ça,
15:36 avec quatre banques, j'ai quatre comptes
15:39 dans quatre banques différentes où j'ai dû envoyer ma tête,
15:42 mon texte, comme quoi je voulais avoir accès à mes informations.
15:46 Quand j'appelle la banque et je leur demande mes informations,
15:49 ils me disent "Vous êtes pas Yohan Mollo".
15:51 -Non, c'est énorme. -Non, mais c'est un truc de fou.
15:54 Si j'ai bien compris ton histoire, tu as ou tu aurais été,
15:58 excuse-moi, je reste prudent, victime carrément de mise en scène.
16:02 -C'est ça ? -C'est-à-dire de faux rendez-vous
16:05 orchestrés avec des complices,
16:07 des complices faux représentants
16:10 des faux établissements financiers
16:12 qui gèrent les investissements, les placements, les achats.
16:15 -La banque, quand tu ouvres un compte,
16:17 demande une carte de pièce. -Il fait confiance.
16:20 -Ils lui ont fait signer des documents en langue étrangère.
16:24 -J'ai signé un seul document, mais dans ma chance,
16:26 c'est que la plupart des documents,
16:29 c'est pas moi qui les signe. C'est ça, ma chance.
16:31 Si c'était moi qui les signais... -Regardez ce document.
16:35 -Là, si vous regardez bien,
16:37 il se vire 250 000 euros, vous voyez en haut à droite.
16:39 En bas, regardez là où c'est flouté, c'est son nom.
16:42 Mais la somme, c'est qu'en fait, il m'a fait signer
16:45 une procuration où en l'espace de 5 minutes,
16:48 il a viré 500 000 euros.
16:49 Il a envoyé 250 000 sur un compte et il a pris 250 000 en cash.
16:53 Parce qu'en fait, il a commissionné des gens en Russe,
16:56 en Russie, qui, eux aussi, faisaient partie de ça.
16:59 -Heureusement que tu n'as pas trop, voire pas du tout,
17:02 à poser tes signatures. -Exactement.
17:04 -Je me demandais, parce que certaines des victimes
17:07 que j'évoquais tout à l'heure ont eu la naïveté.
17:10 C'est de la naïveté. -Je veux pas vous mentir.
17:13 -Tout simplement, de signer des cautions de société, etc.
17:17 Et ça, vous pouvez plus rien faire.
17:19 -Est-ce que tu te dis que j'ai été négligent ?
17:22 -Négligent, mais je veux te dire...
17:24 -Il a été confiant. -C'est même plus la négligence.
17:27 Quand il se passe ça, tu te poses toutes les questions.
17:30 Tu refais le monde.
17:31 Tu te dis "quel épisode j'ai manqué dans tout ça ?"
17:34 C'est ça que tu te poses comme question.
17:36 -Vous vous en voulez aujourd'hui, beaucoup.
17:39 -C'est normal.
17:40 Quand vous vivez dans un HLM, c'est normal.
17:43 C'est pas moi, en fait. Ca me fait rien, moi.
17:46 C'est le fait que ma mère ait 71 ans,
17:48 de lui faire monter 5 étages.
17:50 C'est ça, moi, qui me fait mal.
17:52 Je m'en fous. -Elle aurait dû vivre
17:54 dans une maison... -Exactement.
17:56 Vous savez, si demain, je dois m'éteindre
17:58 dans un studio, y a pas de problème.
18:00 La seule chose que je veux que le reste des années
18:03 que mes parents ou les gens que j'aime doivent vivre,
18:06 c'est qu'ils le vivent bien. -Vous pensez
18:09 que vous allez récupérer un peu d'argent
18:11 à l'issue de ce procès ? -Je vous ments pas.
18:14 Je viens de découvrir que quand on poursuit des gens,
18:17 les avocats, chaque fois qu'on fait un truc,
18:19 c'est 5 000 euros par 6. -Peut-être que sur la somme
18:22 qu'ils récupéreront... -Je me dis quelque part,
18:25 dans tout ça, je veux avoir confiance en notre pays
18:28 et en la justice. -Vous savez quoi,
18:30 je vous souhaite de bien commencer ce procès
18:32 et d'obtenir ce à quoi vous avez droit.
18:35 [Musique]

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