Marche contre l'antisémitisme : "Je trouverais incongru de participer à une manifestation de cette nature en présence du RN", estime Manuel Bompard

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Manuel Bompard, député et coordinateur de La France insoumise, était l'invité de franceinfo le 7 novembre 2023.

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Transcription
00:00 Le 18/20 France Info, Jean-François Ackilly
00:05 Bonsoir, bonsoir à vous Manuel Bonpart.
00:08 Bonsoir.
00:09 Merci d'être là.
00:11 Verdict de la CPI, la Cour pénale insoumise, 4 mois, cela vous dit quelque chose ?
00:16 C'est comme Adrien Quatennens, pendant 4 mois je n'ai plus le droit de représenter mon groupe en tant qu'oratrice, je suis mis au banc.
00:23 Voilà en substance le message de Raquel Garrido sur son compte X, pourquoi l'avoir sanctionné ?
00:30 D'abord je vais dire que je pense que dans le contexte international qu'on est en train de vivre,
00:35 les comparaisons avec la Cour pénale internationale, puisque c'est ça ce que ça veut dire, la CPI me paraisse assez déplacée.
00:43 Déplacée ?
00:44 Le fait de comparer la situation présente à la situation internationale, oui ça me semble assez déplacé.
00:52 Pour le reste, nous sommes un groupe parlementaire de 75 membres, ce groupe a élu un bureau pour faire en sorte que ce groupe puisse fonctionner dans des bonnes conditions.
01:03 Et ce bureau qui est composé de 25 personnes a considéré qu'un certain nombre de pratiques, de mensonges, d'usages de Raquel Garrido au sein du groupe n'étaient pas compatibles avec nos règles collectives.
01:16 Et qu'il fallait donc lui appliquer une sanction, dont je veux dire, pour corriger quand même une mauvaise information, qu'elle n'a strictement rien à voir avec la sanction qui a été prise à l'égard d'Adrien Quatennens.
01:25 Adrien Quatennens a été exclu de notre groupe pendant 4 mois, Raquel Garrido ne pourra pas prendre la parole au nom du groupe.
01:32 C'est-à-dire, par exemple, dans les questions au gouvernement pendant 4 mois, c'est bien évidemment deux sanctions qui n'ont rien à voir.
01:37 Manuel Bonpard, est-ce que son crime n'est pas d'avoir osé critiquer le chef Jean-Luc Mélenchon, crime de lèse-majesté ?
01:44 Elle écrit aussi "J'ai osé dénoncer la communication masculiniste d'Adrien Quatennens orchestrée par Sofia Chikirou et soutenue par Jean-Luc Mélenchon".
01:54 Écoutez, moi je n'ai pas envie de consacrer beaucoup de temps à répondre à des informations qui sont précisément mensongères, puisque comme je vous l'ai dit dans ma première réponse, les éléments qui sont reprochés à Raquel Garrido ne sont pas ceux-là.
02:06 Donc pour le reste, il est normal que dans un groupe parlementaire, comme tout collectif humain, un groupe parlementaire se dote de règles de fonctionnement collective, et quand ces règles ne sont pas respectées, il peut y avoir des sanctions.
02:19 Je le regrette, Raquel Garrido avait déjà été l'objet d'une mise en garde avant de venir à ce dispositif de sanctions. Cette mise en garde n'a pas été suivie des faits, manifestement, donc il était normal que le bureau de notre groupe parlementaire, encore une fois qui est composé de 25 personnes, puisse prendre une décision.
02:35 Je rappelle que vous êtes le coordinateur de la France Insoumise, que vous êtes ici sur France Info pour répondre à ces questions, et ça vous honore.
02:42 Je vous fais quand même écouter ce qu'a déclaré une députée, membre de lfi, que vous connaissez bien, Clémentine Autain, chez nos confrères de France Inter ce matin.
02:50 Moi je suis atterrée, atterrée par cette sanction, atterrée par cette sanction parce que je pense qu'on ne règle pas des divergences politiques par des sanctions bureaucratiques.
03:01 Ça c'est pas possible. Et je suis aussi atterrée parce que 4 mois c'est exactement le nombre de mois de la sanction qui a été ordonnée contre notre collègue Adrien Quatennens, qui je le rappelle a été condamné pour violence conjugale.
03:16 Quand d'autres, je pense par exemple à Daniel Obono, qui a pu tenir des propos sur le Hamas qui ne sont pas en correspondance avec la position du groupe.
03:26 Je pense à ce que nous avons pu entendre ou lire sur Sofia Chikirou, qui méritait, me semble-t-il, au moins d'être entendue pour qu'elle puisse s'expliquer devant nous.
03:36 Tout cela n'a pas été fait. Quand on nous dit en réunion de groupe ou sur nos listes "barrez-vous, cassez-vous", il n'y a aucun rappel à l'ordre.
03:43 Donc oui, j'estime qu'il y a un deux poids deux mesures.
03:46 Manuel Bampard, vous entendez ces critiques ? C'est du concret, c'est du réel. Clémentine Autain n'est pas une agitée. Elle fait part d'une difficulté.
03:56 D'abord, vous l'avez dit, je suis coordinateur du mouvement de la France Insoumise et donc moi j'aspire à essayer de faire en sorte que ce mouvement fonctionne dans les meilleures conditions.
04:04 Et pardonnez-moi, je trouve regrettable et personnellement je n'ai pas envie de rentrer dans le jeu des mises en cause personnelles des uns et des autres par plateau interposé.
04:14 Je considère que dans une organisation politique, quand on a des désaccords, ça peut arriver. Il faut faire en sorte d'en discuter dans les cadres qui sont mis en place pour cela.
04:22 En l'occurrence, on a une réunion du groupe parlementaire dans laquelle chacun peut dire le point de vue qui est le sien.
04:28 Pour le reste, vous comprendrez, je pense que ce serait le cas ici à France Info, que si une personne qui travaille dans vos équipes, pour donner cet exemple, ne respectait pas un certain nombre de règles, d'usages, de bons fonctionnements et de bonne confiance entre collègues,
04:43 il est normal que, et je le regrette, je préfère qu'on n'en arrive pas là, mais il est normal que parfois, malheureusement, il faut qu'on en vienne à une sanction.
04:49 Honnêtement, je ne suis pas sûr que ça mérite de donner toute l'importance que certains essayent d'y donner. Personnellement, j'aurais préféré que cette procédure...
04:57 Pour vous, il n'y a pas d'affaire Garrido ?
05:01 Non, je ne crois pas du tout. Et encore une fois, franchement, on est dans un moment qui est particulièrement grave, particulièrement dramatique, dans lequel je crois que notre parole est attendue, qu'elle est entendue, qu'elle est écoutée.
05:17 Je parle notamment de la situation internationale et personnellement, je trouve que tout ce qui vient, en quelque sorte, à parasiter ce qui se passe dans cette période, me paraît dommageable.
05:28 Vous savez ce qu'elle dit, vous avez entendu ce qu'elle dit ?
05:30 Oui, j'ai entendu.
05:31 Elle est écoutée et critiquée aussi pour cette histoire de ne pas avoir su qualifier de terroriste l'attaque du Hamas du 7 octobre. Ça a été aussi un peu une ligne de fracture, quand même.
05:40 Mais écoutez, à la France Insoumise, je crois que vous ne trouverez pas une seule personne qui n'a pas condamné l'horreur des actes qui ont été commis par le Hamas le 7 octobre.
05:50 Qu'est-ce que c'est une, quand même ?
05:51 Non, il n'y en a pas une seule. Il y a pu y avoir des débats sur les termes qu'il fallait utiliser pour cette condamnation, mais vous ne trouverez pas une seule personne qui n'ait pas condamné les actes commis par le Hamas.
06:01 Et si vous en trouvez une, donnez-moi son nom immédiatement. Vous la connaissez ?
06:05 Daniel Obono qui parle de mouvement de résistance ?
06:07 Daniel Obono, comme n'importe lequel d'entre nous, a dit que les actes commis par le Hamas le 7 octobre étaient inacceptables.
06:13 Pour le reste, nous sommes aujourd'hui dans une situation…
06:15 Terroriste ?
06:16 Pour le reste, je vous dis, il y a eu des débats sur la manière de qualifier ces termes. Ces débats, excusez-moi, ils n'ont pas existé qu'à la France Insoumise.
06:23 La BBC a dit qu'elle n'utilisait pas le terme de terrorisme. L'agence France Presse a dit qu'elle n'utilisait pas ce terme-là.
06:29 Un certain nombre d'ONG comme Amnesty International ont dit qu'ils n'utilisaient pas ce terme-là. Pas pour en nuancer la gravité, mais pour dire que les qualifiés en vertu du droit international étaient de leur point de vue plus juste.
06:42 Je crois qu'on peut entendre ce point de vue.
06:44 Pour le reste, on est aujourd'hui dans un massacre qui, malheureusement, a lieu depuis maintenant un mois à l'égard des populations palestiniennes qui sont entassées dans la bande de Gaza.
06:54 Et je pense qu'à la France Insoumise, vous ne trouverez pas non plus une seule personne pour dire autre chose que ce que je vais dire à cet instant.
07:00 Il faut un cessez-le-feu le plus rapidement possible.
07:03 Vous iriez dimanche à cet assemblement que souhaite le président du Sénat Gérard Larcher et la présidente de l'Assemblée nationale Yael Brone-Pivet contre l'antisémitisme ?
07:14 Écoutez, je découvre l'information.
07:16 Comme je vous le disais tout à l'heure, on est dans un collectif à la France Insoumise.
07:22 Donc on va y réfléchir collectivement.
07:24 Vous ne nous dites pas spontanément "oui".
07:26 Non, mais je vais vous répondre.
07:27 Moi, bien évidemment, quand il s'agit de combattre contre le racisme, contre l'antisémitisme, contre toutes les formes de stigmatisation, contre qui que ce soit en fonction de sa couleur de peau, de sa religion, etc.
07:38 Moi, je suis toujours du côté de ceux qui luttent contre ces discriminations inacceptables.
07:43 Mais je vois aussi et je trouverais aussi particulièrement incongru de participer à une manifestation de cette nature en présence du Rassemblement national,
07:52 dont je veux rappeler quand même que c'est un parti qui trouve ses racines et qui a été fondé par des personnes dont les opinions et les idées antisémites étaient claires et avérées.
08:04 Donc laissez-moi juste le temps, si vous voulez bien qu'on en réfléchisse et qu'on en discute collectivement au sein de la France Insoumise.
08:10 Moi, je suis toujours du côté de ceux qui luttent contre le racisme et contre l'antisémitisme.
08:14 Mais avec un certain nombre de personnes qui ont créé un parti autour de ces idées, permettez-moi d'être vigilant et prudent.
08:22 Ultimement, Manuel Bompard, avant de se séparer, Raquel Garrido, vous lui diriez quoi ce soir si vous la croisiez là ?
08:28 Je lui dirais qu'elle est bien évidemment toujours membre de notre groupe parlementaire, qu'elle a le droit d'exprimer parfois des nuances, des interrogations stratégiques.
08:38 Je lui dirais qu'elle fait comme l'ensemble de nos collègues parlementaires, faisant en sorte que ces discussions puissent les avoir à l'intérieur.
08:45 Et une fois qu'on a pris des décisions collectives, votées par notre groupe, il faut les respecter.
08:49 Allez, merci à vous Manuel Bompard, député de la France Insoumise de Marseille, de la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône et coordinateur de la France Insoumise d'être venu vous exprimer ici sur France Info.

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