Marche contre l'antisémitisme : "Emmanuel Macron aurait tout à fait sa place dans une mobilisation comme celle-là", a estimé Ian Brossat

  • l’année dernière
Ian Brossat, le porte-parole du PCF, était l'invité de franceinfo le 10 octobre 2023.
Transcript
00:00 Bonsoir à vous Yann Brossat. Bonsoir Jean-François Achilli. Vous défilerez dimanche contre l'antisémitisme ?
00:05 Oui bien sûr, le parti communiste a appelé à manifester.
00:09 Je pense que c'est important, on ne peut pas avoir une montée des actes et des propos antisémites d'un côté
00:16 et une absence de réaction de l'autre. D'ailleurs je pense que ces dernières années
00:20 on a trop laissé filer et donc il est important de réagir, de dire stop et de se mobiliser dans la rue.
00:26 Vous souhaitez que le chef de l'État Emmanuel Macron y participe ?
00:30 Je pense que c'est au président de la République de le décider.
00:32 Ce qui est sûr c'est qu'on a besoin d'une mobilisation générale de tout l'arc républicain contre l'antisémitisme.
00:39 Emmanuel Macron devant, ça aurait du sens non quand même ?
00:42 En tout cas oui, je pense que oui. En tout cas le président de la République aurait tout à fait sa place
00:47 dans une mobilisation comme celle-là qui rassemble très largement.
00:51 Vous savez en tout cas nous au Parti communiste nous avons cet engagement-là dans nos gènes.
00:56 D'ailleurs ce qui fait qu'aujourd'hui on peut condamner des actes ou des propos antisémites ou négationnistes
01:02 c'est une loi, la loi Guesso qui avait été adoptée à l'Assemblée nationale grâce à un député communiste.
01:09 Nous sommes fidèles à ce combat-là et nous combattons tout ce qui instille le venin de la haine entre les gens, notamment antisémitistes.
01:16 Qu'est-ce que vous en pensez de la controverse qui a duré depuis deux trois jours sur la présence de Marine Le Pen et Jordan Bardella et du Rassemblement national dans ce cortège ?
01:26 J'estime que le Rassemblement national, l'extrême droite de manière générale, ça vaut pour eux,
01:32 M. Zemmour aussi n'ont rien à faire dans une manifestation contre l'antisémitisme d'ailleurs.
01:37 Donc du coup ce n'est plus tous les Français à vos yeux alors ?
01:39 Je vous parlais tout à l'heure de la loi Guesso qui permet de condamner les propos et les actes antisémites.
01:44 Le Rassemblement national s'est toujours opposé à cette loi et aujourd'hui encore l'extrême droite propose l'abrogation de cette loi.
01:50 C'est quand même un peu bizarre de voir des gens se mobiliser contre l'antisémitisme alors qu'ils proposent d'abroger la loi qui permet de condamner les propos antisémites.
01:59 Avouez qu'il y a quand même une forme de contradiction.
02:01 Donc tout le monde doit se mobiliser sauf, c'est à l'exclusion de ?
02:06 A l'exclusion de dirigeants, de dirigeants qui répandent des propos racistes et antisémites matin, midi et soir.
02:15 Quand vous pensez par exemple qu'Éric Zemmour s'apprête à manifester alors qu'il a expliqué que Pétain a sauvé les Juifs,
02:21 ce qui est une fable du point de vue de l'histoire, ça pose un certain nombre de questions.
02:27 Ça ne nous empêchera pas de manifester, loin de ces gens-là que nous ne souhaitons pas fréquenter, mais en tout cas oui effectivement il y a une contradiction.
02:34 Et que dites-vous du propos sur XX Twitter de Jean-Luc Mélenchon qui ne participera pas, nous le savons, à la marche dimanche.
02:42 Les amis du soutien conditionnel au massacre, il fait allusion à Gaza, ont leur rendez-vous.
02:47 C'est-à-dire que vous Yann Brossat, aux yeux de Jean-Luc Mélenchon, vous allez soutenir quelque part implicitement ce qui se passe à Gaza.
02:54 C'est très grave de considérer que se mobiliser contre l'antisémitisme, c'est soutenir la politique actuelle du gouvernement d'extrême droite israélien.
03:08 Je déteste M. Netanyahou, je déteste la politique qu'il mène, et ça ne m'empêche pas de m'élever contre l'antisémitisme.
03:16 Est-ce que vous détestez le message de Jean-Luc Mélenchon ?
03:19 Je trouve que ce message est complètement à côté de la plaque et qu'il laisse pour le moins songeur.
03:24 Il y a une loi qui est en discussion aujourd'hui au Parlement, c'est la loi Immigration.
03:31 Le Sénat a adopté un dispositif visant à protéger les victimes des marchands de sommeil.
03:37 Vous l'avez porté, cet amendement, qui va permettre au fond d'octroyer une carte de séjour temporaire d'une durée d'un an, renouvelable,
03:47 aux sans-papiers qui portent plainte contre un propriétaire pour abus de leur vulnérabilité.
03:53 Pourquoi avoir porté cet amendement ?
03:55 C'est un amendement très important et je suis très heureux de l'avoir fait adopter au Sénat.
04:00 Avec la vie favorable du gouvernement, au passage.
04:03 Absolument. Notre objectif, c'est que la peur change de camp.
04:06 Aujourd'hui, vous avez des marchands de sommeil qui sévissent, qui parfois louent des caves ou des logements de 3 ou 4 mètres carrés.
04:13 Et vous avez bien souvent des victimes, des locataires, qui n'osent pas porter plainte parce que 40% des victimes des marchands de sommeil n'ont pas de papier.
04:22 Et donc, l'objectif, c'est de leur permettre d'être protégés dès lors qu'ils portent plainte et de leur accorder une carte de séjour temporaire.
04:30 Et je suis très très heureux que cet amendement ait pu être adopté.
04:33 Ça ne m'empêche pas de considérer que cette loi, par ailleurs, est une loi de régression terrible.
04:38 Mais enfin, en tout cas, la seule bonne nouvelle...
04:40 S'il faut-il que les sans-papiers osent franchir le pain et aillent porter plainte ?
04:44 Bien sûr. Simplement, ils oseront plus facilement porter plainte dès lors qu'on leur accordera une carte de séjour temporaire.
04:51 Parce qu'aujourd'hui, ce qui fait que beaucoup d'entre eux n'osent pas porter plainte, c'est parce qu'ils ont peur, en allant au commissariat pour agir de la sorte,
04:59 pour porter plainte, ils ont peur d'avoir une OQTF derrière, c'est-à-dire une obligation de quitter le territoire français.
05:05 - Et sur la loi émigration en question, vous estimez que ce qui est sorti du Sénat sera totalement chamboulé à l'Assemblée nationale ?
05:13 - Non, ce qui m'inquiète surtout, c'est la version retravaillée par la droite sénatoriale.
05:18 Parce que ce texte n'était déjà pas fameux, mais tel qu'il sort du Sénat, il est très largement aggravé.
05:24 Quand on met bout à bout la limitation du regroupement familial, la remise en cause du droit du sol,
05:31 la suppression des allocations familiales pendant 5 ans pour des familles en situation régulière.
05:39 Quand vous serez en situation régulière en France, il faudra attendre 5 ans avant de pouvoir toucher des allocations familiales.
05:45 Tout ça me paraît quand même extrêmement régressif et nocif, et c'est la raison pour laquelle nous voterons contre ce projet de loi.
05:53 - Et Yann Brossat, depuis que vous êtes devenu sénateur, vous n'êtes plus adjoint à la maire de Paris, Annie Dalgo.
05:58 Il y a ce feuilleton que nous avons vécu à Babry, il y a d'autres priorités aujourd'hui sur la table.
06:03 Mais ce voyage en Nouvelle-Calédonie et Polynésie qui fait débat 3 semaines de déplacement,
06:09 beaucoup de questions autour du financement de ce déplacement.
06:12 La commission de déontologie de la ville de Paris a indiqué que le voyage de la maire dans le Pacifique était régulier sur le plan de la déontologie.
06:22 Alors il y a le droit et puis il y a la morale. Vous savez comment ça se passe en politique.
06:26 Vous êtes le conseiller de Paris mardi, vous estimez que c'était sa place de disparaître 3 semaines en Polynésie, en Nouvelle-Calédonie, la maire de Paris,
06:34 alors qu'avec tout ce qui se passe aujourd'hui...
06:36 - Elle n'a pas disparu, elle a continué à travailler.
06:39 Et d'ailleurs, y compris pendant ce déplacement, il y en a une bonne partie qui était consacrée à du travail,
06:44 puisqu'il y a eu je crois 14 rendez-vous de travail avec des autorités locales à la fois en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie.
06:51 J'ai surtout le sentiment qu'on remplit une baignoire avec une bulle de savon.
06:55 Vous l'avez dit, on a une actualité internationale, nationale, qui est extrêmement lourde,
07:00 et on polémique sur des sujets qui à mon sens n'ont pas lieu d'être.
07:05 Et par ailleurs, je le redis, la maire de Paris, elle a travaillé pendant toute cette période,
07:10 y compris pendant la partie du voyage où elle était en vacances auprès de sa famille,
07:14 et donc je trouve que tout ça est très excessif.
07:17 - Vous diriez pour paraphraser un ancien maire de Paris que ça fait pchit ?
07:20 - Je pense que ça fait pchit, oui, enfin en tout cas je n'y vois pas de motifs d'inquiétude,
07:25 et le rapport de la commission de déontologie dit les choses très clairement.
07:28 - Et nous verrons bien la réaction au conseil de Paris, ce sera mardi prochain.
07:31 - Mais en tout cas, je suis très heureux de voir que la maire de Paris manque à l'opposition
07:35 et qu'elle ne peut pas partir en vacances quelques jours sans qu'il soit malheureux.
07:38 - Merci à vous, Yann Brossard, sénateur PCF, Parti communiste français de Paris,
07:42 porte-parole du Parti communiste d'avoir répondu à nos questions sur France Info.

Recommandée