• il y a 3 mois
Pierre de Vilno reçoit Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, dans #LeGrandRDV, en partenariat avec Europe 1 et Les Echos

Category

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour, bienvenue sur le plateau du grand rendez-vous européen, c'est News Les Echos.
00:05Bonjour Manuel Bompard.
00:06Bonjour.
00:07C'est votre grand rendez-vous ce dimanche, vous êtes député LFI des Bouches-du-Rhône
00:11et coordinateur de la France Insoumise.
00:13110 000 manifestants hier dans toute la France contre ce que vous avez appelé le coup de
00:17force de Macron, car selon Jean-Luc Mélenchon, qu'on vient d'entendre et qu'on vient de
00:21voir, le président a volé le résultat des élections législatives anticipées aux Français
00:28en nommant Michel Barnier à Matignon.
00:30Néanmoins, c'est bien avec ce nouveau gouvernement que vous devrez travailler, car arithmétiquement
00:36vous ne parviendrez théoriquement pas à le renverser.
00:39La question est donc principalement pour nous ce matin, qu'allez-vous faire ?
00:43Et pour vous questionner ce matin avec moi, Christophe Jacubisin, bonjour du journal Les
00:47Echos et bonjour à Mathieu Bocquete.
00:49Bonjour.
00:5048 heures après l'arrivée de Michel Barnier à Matignon, une partie de la France a manifesté.
00:55Grand rassemblement annoncé depuis plusieurs semaines déjà contre le coup de force de
01:00Macron, lorsque la gauche dans son ensemble a bien compris que le chef de l'État n'avait
01:03aucunement l'intention de nommer Lucie Castex à Matignon.
01:07On est bien d'accord, c'est 110 000 manifestants dans 150 villes de France, c'est contre Emmanuel
01:12Macron, ce n'est pas contre Michel Barnier.
01:15D'abord non, on n'est pas tout à fait d'accord parce que les chiffres que vous avez annoncés
01:19sont comme vous l'avez dit dans le journal précédemment.
01:22Selon la préfecture de police.
01:23Généralement, on cite au moins les deux chiffres pour que chacun se fasse une idée.
01:26300 000 sont les organisateurs.
01:27Voilà, je me permets de faire cette précision.
01:30Mais oui, évidemment, les gens qui se mobilisent, c'est à la fois contre le gouvernement qui
01:34vient d'être mis en place, mais bien évidemment, tout le monde a compris que le responsable
01:40de ce vol, de ces élections, oui, j'assume ce terme, vous disiez selon Jean-Luc Mélenchon,
01:44j'ai vu il y a quelques heures publier un sondage qui disait que je crois 55 % des Français
01:49étaient d'accord avec cette idée que le président de la République avait volé le
01:53résultat des élections législatives.
01:55Donc, ce n'est pas seulement selon Jean-Luc Mélenchon.
01:57Oui, mais 52 % des Français, ce matin, sont d'accord pour Michel Barnier à Matignon.
02:01Comme quoi, sans doute, faut-il un petit peu prendre de manière générale les sondages
02:05avec prudence parce qu'ils disent des choses assez contradictoires.
02:08En tout cas, je crois que tout le monde a compris que le responsable de ce coup de force,
02:12il a un nom, il a une adresse, il s'appelle Emmanuel Macron et il habite à l'Elysée.
02:16Donc, je pense que les gens qui se mobilisent, ils se mobilisent bien évidemment contre
02:20le gouvernement qui vient d'être mis en place, mais ils se mobilisent essentiellement
02:25contre le président de la République.
02:26Mais pourquoi est-ce que vous dites, ou en tout cas Jean-Luc Mélenchon, qu'Emmanuel
02:28Macron a volé l'élection parce que, premièrement, personne n'a gagné les élections, nous
02:32avons trois blocs quasi égaux à l'Assemblée nationale et deuxièmement, il ne serait plus
02:36juste de dire que c'est le front républicain, dans ce cas-là, qui a gagné l'élection
02:40législative.
02:41Dans nos institutions, il y a des pratiques politiques et le résultat au soir du deuxième
02:47tour des élections législatives, c'est que parmi ces trois blocs, il y a un bloc
02:51qui arrive devant les deux autres.
02:53Bon, donc ça, ça s'appelle gagner.
02:55Quand vous arrivez premier et qu'il y en a d'autres qui arrivent deuxième et qu'il
02:57y en a d'autres qui arrivent troisième, généralement, on dit que c'est le premier
03:00qui gagne.
03:01Aux Jeux olympiques, celui qui arrive premier, il a la médaille d'or, celui qui arrive deuxième,
03:04il a la médaille d'argent.
03:05Vous voyez, quand il y a une majorité relative, tout le monde en est conscient, mais pour
03:10autant, ça ne veut pas dire que ce n'est pas le Nouveau Front Populaire qui est arrivé
03:14en tête.
03:15À partir du moment où le Nouveau Front Populaire est arrivé en tête, l'habitude institutionnelle,
03:19la lettre de la Constitution, l'expérience de ce qui se fait partout dans les démocraties
03:24du monde, c'est de nommer celui qui est arrivé en tête pour diriger le gouvernement,
03:27tout simplement.
03:28Christophe Jacobusy.
03:29La Constitution, c'est de trouver effectivement un gouvernement qui est une majorité absolue
03:35ou relative et qui parvient à gouverner.
03:37La règle républicaine, ce n'est pas qu'on prend le parti qui est arrivé en tête, on
03:40prend le parti qui est capable de faire autour de lui une majorité.
03:44On verra si c'est le cas de Michel Barnier qui est issu des LR.
03:47Mais vous, quand l'hypothèse effectivement d'un gouvernement mené par Lucie Cassette
03:51a été étudiée, il fallait qu'à partir de 180 députés que vous essayiez d'en avoir
03:56au moins 100 de plus, peut-être un petit peu moins.
03:58Mais il fallait nous laisser le faire.
03:59Mais sauf que vous avez dit à plusieurs reprises que c'était le programme du LFP, tout le
04:04temps, rien que le programme, ce qui interdisait à un allié de vous rejoindre.
04:09C'est vous qui avez rendu la possibilité d'un gouvernement impossible.
04:12Écoutez, moi, j'ai déjà expliqué à plusieurs reprises, mais je veux bien le refaire sur
04:16ce plateau, qu'il fallait distinguer ce que nous avons dit tous, toutes les forces du
04:20Nouveau Front Populaire.
04:21Le fait qu'à partir du moment où nous étions arrivés en tête, il fallait d'abord nous
04:25laisser notre chance.
04:26Il n'y a pas dans la Constitution la règle qu'a inventée le président de la République,
04:30Emmanuel Macron, qui est vous ne pouvez nommer un Premier ministre que si a priori il y a
04:34une garantie de non-censure.
04:35Ça, ça n'existe nulle part.
04:36Vous auriez préféré qu'on donne quelqu'un de chez vous, quitte à ce qu'il se fasse
04:39censurer dans les tout premiers jours.
04:41Mais attendez.
04:42Oui.
04:43Oui.
04:44D'accord.
04:45Mais je ne pense pas qu'il se serait fait censurer dans les tout premiers jours.
04:46Très bien.
04:47Et en fait, personne ne peut le savoir, et certainement pas le président de la République
04:50qui ne peut pas s'arroger le droit de parler à la place des 577 députés.
04:54Maintenant, je réponds à votre question.
04:55Nous, nous avons toujours dit les choses de manière très claire.
04:57Le gouvernement qui devait être mis en place devait avoir comme base, comme objectif, comme
05:03feuille de route le programme du Nouveau Front Populaire.
05:05Et on a utilisé cette formule, tout le programme, rien que le programme.
05:07Mais nous avons dit aussi, moi, Jean-Luc Mélenchon, Lucie Castex qui était notre candidate et
05:11qui est toujours notre candidate à la fonction de Premier ministre, nous avons dit ensuite
05:14il faudra aller chercher des majorités à l'Assemblée Nationale sur les textes de
05:17loi qui croient que nous avons pensé un seul instant que dans une situation de majorité
05:22relative, il allait être possible à l'Assemblée Nationale de faire passer l'ensemble de notre
05:26programme.
05:27Ce n'est pas le sujet.
05:28L'idée, c'est de dire le gouvernement, il a cette boussole-là, et après, les compromis
05:31comme on dit, ils se travaillent à l'Assemblée Nationale et au Sénat.
05:34– Mais c'est ce qui va se passer aujourd'hui avec Michel Barnier.
05:36– Oui mais Michel Barnier, enfin quand même, je ne sais pas, il me semble que ça devrait
05:39interroger tout le monde.
05:40Michel Barnier a été nommé Premier ministre alors qu'il est issu d'une formation politique
05:44qui arrivait dernière des dernières élections législatives.
05:46– Ça n'arrive pas dans plein de pays où on prend un petit parti carrière et où il
05:51essaye de constituer autour de lui, à droite et à gauche, il n'y a pas de pays où des
05:55partis minoritaires…
05:56– Excusez-moi, prenez les exemples de ce qui s'est passé, oui mais d'accord,
05:59mais ces partis-là, ils sont toujours issus de la coalition qui est arrivée en tête
06:02quand ça se produit.
06:03Qu'est-ce qui s'est passé, je ne sais pas, ça me paraît, c'est quand même…
06:07il me semble qu'on ne devrait même pas avoir besoin de discuter pendant des heures
06:10et des heures…
06:11– On ne va pas discuter pendant des heures parce que moi j'aimerais savoir ce qu'on
06:14fait maintenant.
06:15– Oui, oui, j'ai compris, mais écoutez, prenez l'exemple de l'Espagne, en Espagne,
06:19la droite est arrivée en tête aux dernières élections législatives, le roi a confié
06:22d'abord la responsabilité à la droite d'essayer de trouver une majorité, la droite
06:26a essayé, elle n'a pas réussi, ensuite le roi a dit je m'adresse au deuxième pour
06:30lui dire, c'était le parti socialiste espagnol, pour lui dire à votre tour maintenant d'essayer
06:34et eux ont réussi.
06:35Pourquoi en France, le président de la République a décidé que de sa propre décision à lui,
06:41la première étape n'existait pas ?
06:43Excusez-moi, c'est choquant et c'est une remise en cause de toutes les habitudes
06:47de l'Assemblée.
06:48– Est-ce qu'à certains égards, le front républicain ne s'est pas retourné contre
06:50vous ?
06:51C'est-à-dire au moment des législatives, front républicain contre le RN et ensuite
06:55les forces politiques disponibles à l'Assemblée, on dit tout sauf le NFP et de votre point
06:58de vue, selon le jeu majoritaire, à l'Assemblée, vous dites si c'est définitivement minoritaire.
07:03– Mathieu Bocoté, le sujet ce n'est pas moi, le problème c'est que le front républicain
07:06s'est retourné contre les électrices et les électeurs qui l'ont fait, moi je n'ai
07:10pas appuyé sur un bouton, si les gens au deuxième tour de l'élection législative
07:15ont massivement décidé de voter pour empêcher l'extrême droite de s'emparer du pouvoir
07:19parce que ça s'est produit, c'est eux qui l'ont décidé, ce n'est pas moi qui
07:22l'ai décidé à leur place.
07:23Or, qu'est-ce qui s'est passé dans cette dernière séquence ? C'est qu'en inventant
07:27cette règle de la non-censure a priori, le Président de la République a donné au RN
07:34le droit de vie ou de mort sur un gouvernement, c'est ce qui s'est produit et on apprend
07:38ce matin dans la presse, ce que tout le monde pressentait, qu'en fait, M. Macron et Mme
07:47Le Pen se sont mis d'accord pour voler le vote des Françaises et des Français, c'est
07:52ça qui s'est passé et ceux qui sont trahis dans cette histoire, c'est à la fois les
07:55électeurs de M. Macron, parce que les électeurs de M. Macron au deuxième tour, ils ont voté
08:00majoritairement pour empêcher l'extrême droite de s'emparer du pouvoir et ils se
08:04retrouvent avec l'extrême droite comme faiseurs de roi, mais attendez, je veux dire
08:07quand même que les électrices et les électeurs de Marine Le Pen sont aussi trahis dans cette
08:11histoire parce qu'il me semble qu'ils ont voté en espérant une rupture avec le macronisme
08:15et ils se retrouvent en quelque sorte comme la béquille d'un gouvernement dont tout
08:19le monde a voté pour une rupture avec le macronisme.
08:21Marine Le Pen se retrouve avec le doigt sur la gâchette, si j'ose dire, elle a un sacré
08:26pouvoir avec son parti, mais pour l'instant c'est elle qui permet aux politiques macronistes
08:30de bénéficier d'un sursis par sa décision, parce qu'excusez-moi, tout le monde sait
08:35que si Michel Barnier a été choisi, c'est parce que le Président de la République
08:39a considéré qu'il ne remettrait pas fondamentalement en cause la politique que présente la République
08:43mais en place.
08:44Mais on pourrait dire que le RN s'est dit nous avons deux possibilités devant nous
08:45à la rigueur, un gouvernement issu du Bloc Central et un gouvernement issu du NFP, peut-être
08:50que le RN de leur point de vue s'en dit lequel est le moins pire.
08:52Vous leur poserez la question, mais peut-être que le RN s'il se prétend démocrate devrait
08:56accepter l'idée que quand une formation politique a gagné les élections c'est d'abord
08:59à elle qu'on confie la responsabilité de gouverner, parce que vous pouvez essayer de
09:03répéter sur tous les plateaux de télévision que le Nouveau Front Populaire n'a pas gagné
09:06les élections, mais j'observe qu'il y a deux ans, quand le Bloc Macroniste...
09:10On dit qu'il est arrivé en tête, ce qui n'est pas exactement pareil, le résultat
09:13est pareil.
09:14Manuel Bompard...
09:15C'est hyper drôle.
09:16C'est là où nous sommes pas d'accord.
09:17La phrase que vous venez de prononcer est quand même extraordinaire.
09:19Elle n'est pas extraordinaire.
09:20Il est arrivé en tête, mais il n'a pas gagné.
09:21Regardez bien.
09:22Vous gagnez quand vous êtes majoritaire.
09:23Mais attendez.
09:24Dans une démocratie parlementaire.
09:26Vous avez 193 députés.
09:27Et majoritaire relatif, c'est Manuel Bompard.
09:28Est-ce que je peux prendre sur les chiffres ? Manuel Bompard, 193, le Bloc Central 160,
09:33le RN 143.
09:34Vous avez trois blocs quasi identiques avec, surtout maintenant, arithmétiquement, si
09:40vous prenez le Bloc Central plus le RN, quand il y a une décision à prendre, ils sont
09:44plus nombreux que vous.
09:45D'accord.
09:46Mais ça, après, le principe de la démocratie, c'est quand même d'éclairer les électrices
09:50et les électeurs avant une élection.
09:51Si vous considérez que ce que vous appelez le Bloc Central, moi je ne l'appelle pas Central,
09:55le Bloc Extrême Libéral, on va dire, parce qu'il est extrême, et le Bloc d'extrême
10:01droite, en réalité, sont le même bloc, dans ce cas-là, il fallait qu'ils présentent
10:04des candidats communs au moment des élections législatives, qu'ils présentent leur programme
10:07commun.
10:08Vous voyez, c'est ça la démocratie.
10:09Il y a une cohérence, selon vous.
10:10Corrigez-moi.
10:11Oui, il y a une cohérence.
10:12Quand Mathilde Panot disait, depuis les dernières élections, elle disait que le Bloc Central
10:19n'est pas en légitimité de gouverner, il n'a pas la majorité nécessaire, ses réformes
10:22ne sont pas légitimes, on pourrait dire que le même raisonnement s'applique à vous
10:25aujourd'hui.
10:26Elle disait que vous n'avez pas la majorité, vous n'êtes pas en position de gouverner.
10:28Mais vous n'en savez rien, puisque vous, le président de la République, ne nous a pas
10:32laissé la possibilité d'avancer nos réformes.
10:35Moi, ce que je peux vous dire, c'est que si Lucie Castex avait été nommée à Matignon,
10:39nous aurions obtenu une majorité à l'Assemblée nationale pour obtenir la prorogation de la
10:42réforme des retraites.
10:43Nous aurions obtenu une majorité sur le…
10:44Grâce à l'appui du RN.
10:45Mais grâce à l'appui de tous ceux qui l'auront voté, et il n'y a pas que le RN et le NFP
10:49qui étaient opposés à la réforme des retraites d'Emmanuel Macron, il y en avait d'autres.
10:52Mais je veux entendre parler au Bloc légitime.
10:54Mais je ne dis pas que c'était un Bloc légitime, mais vous savez, quand vous arrivez à l'Assemblée
10:57nationale et que vous déposez des propositions de loi, votre objectif c'est d'avoir la
11:00moitié des 577 députés qui les votent.
11:03Je n'ai pas la possibilité et je ne vois pas pourquoi je vais me commencer à dire
11:06ces voix-là, je ne les compte pas, ça ça n'existe pas, ça se passe à la démocratie.
11:08Bien, comme j'ai dit, on va essayer d'avancer.
11:10Aujourd'hui, c'est Michel Barnier qui est à Matignon.
11:12Comment est-ce que vous allez composer avec lui ? Je dis bien composer ou essayer de composer.
11:16On voit ça dans un instant sur CNews et sur Europe 1.
11:22Retour sur le plateau du grand rendez-vous Europe 1, CNews, Les Echos, avec Manuel Bompard,
11:26le coordinateur de la France Insoumise.
11:28Michel Barnier est donc arrivé à Matignon jeudi, son discours de politique générale
11:31celui sur lequel Marine Le Pen a promis d'être très attentive ne devrait intervenir que début octobre.
11:38Pourtant, quelques mots très choisis n'ont échappé à personne sur le perron de Matignon
11:43alors que Gabriel Attal, en partance, semblait dire à Michel Barnier
11:47vous avez sur votre bureau le dossier de l'école, celui de la santé, celui de la sécurité,
11:52de la transition écologique.
11:53Vous avez vu tout de suite la réaction du nouveau Premier ministre.
11:56J'apporterai ma valeur ajoutée.
11:59Il y aura des changements et des ruptures.
12:03Pour vous, vraiment, au vu de ces premières pistes,
12:05que la politique du gouvernement sera celle d'une continuité quasi identique
12:10de la politique d'Emmanuel Macron ?
12:12On n'a pas l'impression que Michel Barnier arrive en télégraphiste, si j'ose dire.
12:16Écoutez, on va le voir, mais les premières intentions qu'il a exprimées
12:22et les conditions mêmes de sa nomination, pour moi, oui,
12:26permettent de dire, sans trop se tromper,
12:29que la politique qui va être mise en place s'inscrit dans la continuité avec le Macronisme.
12:32Sinon, le président de la République aurait fait un autre choix
12:35de Premier ministre que celui-là, et ça, ce n'est pas un procès d'intention.
12:38C'est commenté dans la presse, on sait qu'il a eu des échanges avec d'autres.
12:42Par exemple, pour prendre un exemple, un exemple très concret,
12:44j'évoquais tout à l'heure la question de la réforme des retraites,
12:47de la retraite à 64 ans.
12:49Il est évident qu'une majorité des Français, aujourd'hui,
12:52est pour abroger cette réforme et que le président de la République
12:54s'est opposé à toute nomination d'un Premier ministre
12:57qui envisagerait de la remettre en cause.
12:59– Justement, une question sur la réforme des retraites,
13:01puisque vous l'évoquez, Marie Le Pen dit ce matin
13:03qu'elle va déposer dans la niche parlementaire,
13:06qu'elle a le droit à une proposition pour revenir aux 72 ans et aux 42 annuités.
13:11Est-ce que vous voterez cette proposition du RN ?
13:13– Ce que je trouve extraordinaire, c'est que vous avez peut-être loupé un épisode,
13:17mais au mois de juillet, juste après l'élection législative,
13:20nous, nous avons déposé une proposition de loi
13:22pour l'abrogation de la réforme des retraites.
13:23Donc nous, ce que nous demandons pour l'instant,
13:25c'est que notre proposition de loi soit inscrite à l'ordre du jour
13:28de l'Assemblée Nationale, avant la date de la niche du RN,
13:33pour qu'on puisse voter sur notre proposition de loi.
13:35C'est elle que nous avons déposée au mois de juillet.
13:37Pour le reste, si maintenant, vous êtes en capacité de me dire précisément
13:42quelle est la position du RN sur les retraites, vous êtes très très fort,
13:45parce que je crois que dans ce pays, il n'y a pas une personne en France
13:48qui l'a comprise au moment des élections législatives.
13:49– Marie Le Pen le dit ce matin, 62 ans, 42 annuités.
13:51– Jordan Bardella, j'ai fait un débat avec lui et Gabriel Attal,
13:54il y a quelques semaines, pendant la campagne des élections législatives,
13:57à une question d'un journaliste, qui disait que c'était 65 ans.
14:00Donc je crois qu'il n'est pas très très clair,
14:02je ne sais pas s'il a bien compris comment tout ça fonctionne.
14:03– Mais est-ce que c'est possible qu'un texte comme celui-ci, 62-42,
14:06soit voté et par le RN et par le Nouveau Front Populaire ?
14:09– En tout cas, je forme le vœu que nous, nous déposions cette proposition de loi,
14:13ce que nous avons déjà fait, et qu'elle puisse être inscrite
14:15à l'ordre du jour de l'Assemblée Nationale.
14:17Et ensuite, je forme le vœu qu'il y ait une majorité de députés qui le votent.
14:20Donc si le RN le vote, très bien, et si ça permet ensuite
14:24d'avoir l'abrogation de la réforme des retraites,
14:25je pense que ce sera vraiment quelque chose de bien pour le peuple français.
14:29– Alors, un mot sur Michel Barnier, plusieurs considèrent
14:32qu'il représente un style nouveau, mais pas simplement de manière superficielle.
14:36Je m'explique, on dit, il a eu dans son discours, son premier discours,
14:40un appel au respect de toutes les familles politiques,
14:43à la fin de l'arrogance, en quelque sorte.
14:44Est-ce qu'il correspond à un besoin d'apaisement dans la société française
14:48pour un temps, c'est-à-dire après des mois très chargés politiquement,
14:51une forme de pause ou d'accalmie?
14:52– Mais Mathieu Bocoté, sa nomination est déjà un irrespect
14:56des électeurs du Nouveau Front de l'État.
14:58– Vous l'avez déjà dit, c'est Emmanuel Bompard.
14:59– Oui, d'accord, mais on me dit, il dit qu'il va respecter
15:02l'ensemble des familles politiques.
15:03– Il dit ce matin dans le JDD, je regarde ses tas de visages,
15:06il a dit les bonnes idées doivent venir de partout.
15:09Il a dit sur le perron de Mathieu Mignon, il a dit,
15:12il faut écouter les gens d'en bas.
15:14– Super.
15:15– C'est quoi, c'est de la com ?
15:15– Mais non, mais enfin, qu'est-ce que ça veut dire ?
15:17Ça veut dire quoi ? Qu'est-ce qu'il a l'intention de faire, politiquement ?
15:21– Il vient d'arriver, vous ne lui disiez même pas le temps.
15:23Déjà vous vous balayez du revers de la main,
15:26vous dites ça c'est de la com, on ne le croit pas.
15:28– Non mais je vous dis d'abord, enfin je ne sais pas,
15:30ça me paraît être une évidence que le principe de sa nomination,
15:34puisque c'était la question de Mathieu Bocoté,
15:36est une marque de non-respect des aspirations qui ont été exprimées
15:39par les électrices et les électeurs du Nouveau Front populaire.
15:42Maintenant, ce que je veux vous dire,
15:43c'est que moi mon sujet ce n'est pas la com, le style,
15:46mon sujet c'est qu'est-ce qu'il a l'intention de faire concrètement
15:50et qui permet d'apporter des réponses aux problématiques des Français.
15:54Vous le verrez, il a quand même déjà eu quelques mots
15:57et dans ces quelques mots, je vois qu'il a écarté un certain nombre de choses
16:01qui pourtant sont très largement, ont été très largement exprimées
16:04par les Français au moment des élections.
16:06Sur les retraites par exemple, il a dit,
16:07pour moi il n'y a pas question d'abroger la réforme des retraites.
16:09– Mais de l'amender a-t-il dit ?
16:10– Oui, voilà, donc en gros c'est une proposition de loi
16:13dans laquelle on va faire semblant.
16:14– Oui, mais il a dit qu'il ne s'interdisait pas
16:17de faire des changements au niveau de la fiscalité,
16:18alors on ne sait pas encore de quoi il s'agit.
16:20– Ben voilà, mais vous allez être j'imagine reçu,
16:22vous allez avoir des…
16:23– Ben je ne sais pas, pour l'instant on n'a pas été invité,
16:25en tout cas échanger avec lui…
16:26– Mais vous comprenez mon trace, c'est-à-dire pendant quel point ?
16:28Depuis deux ans, le vocabulaire est dominant.
16:30Les extrêmes, donc vous et l'ORM être renvoyé aux extrêmes.
16:33Le simple fait de ne plus être prêté comme des parias en tant que tel,
16:36ce n'est pas un progrès démocratique ?
16:37– Mais non, mais M. Bocoté, il est obligé de dire ça
16:42parce que c'est ce qui a été négocié entre le président de la République
16:45et Marine Le Pen pour lui permettre de survivre
16:49à la première motion de censure, tout le monde le sait,
16:51enfin ne faisons pas comme si ici…
16:53Donc Marine Le Pen a dit à M. Macron,
16:55je ne ferai pas tomber le gouvernement si le Premier ministre
16:59montre qu'il a du respect pour les électrices et les électeurs
17:02du Rassemblement national, et comme M. Barnier est un bon élève,
17:04il a noté, et puis à son premier discours de politique générale,
17:07il dit, moi je respecte l'ensemble des électrices et des électeurs,
17:10et au moins Marine Le Pen, elle est contente.
17:11– C'est seulement ça.
17:12– Mais bien sûr, il respecte les 11 000 électeurs du RN au premier tour,
17:15mais qui ne les respecte pas ?
17:19Je veux dire, par définition, à partir du moment
17:22où ce sont des électrices et des électeurs, en démocratie,
17:25il faut tenir compte des aspirations qu'ils expriment,
17:27moi je ne vois pas en quoi…
17:29– Ils respectent leurs représentants ?
17:31– Mais ça c'est autre chose, M.
17:33La question c'est de respecter les aspirations qui sont exprimées
17:37par les électrices et les électeurs, ça c'est important dans une démocratie,
17:40ça c'est déterminant, ensuite on peut avoir de la conflictualité,
17:43des confrontations très fortes avec leurs représentants,
17:46on peut considérer par exemple, et c'est ce que je considère,
17:48que les représentants du Rassemblement national
17:51trompent une partie de leurs électrices et de leurs électeurs,
17:54et ça ce n'est pas contraire à la démocratie de le dire.
17:56– Mais quand vous dites, il faut écouter les aspirations de ses électeurs,
17:59c'est quoi votre diagnostic ?
18:00Quand un électeur vote RN, pourquoi il vote RN ?
18:03C'est quoi ses aspirations, ses angoisses, ses incertitudes, ses doutes ?
18:06– Je pense qu'il y a forcément plusieurs facteurs et plusieurs éléments,
18:11il y a une part de rejet de la classe politique dans son ensemble,
18:16du sentiment finalement que les politiques qui ont été mises en place,
18:20et les gens qui se sont succédés au pouvoir depuis des années et des années,
18:24finalement n'ont rien fait pour régler les problèmes,
18:27en particulier des catégories les plus modestes de la population,
18:29ça c'est une partie de l'explication,
18:31et il y a une deuxième partie de l'explication,
18:33sur laquelle je ne peux pas faire abstraction non plus,
18:36qui est que petit à petit,
18:38notamment parce que les dirigeants du Rassemblement national
18:40ont essayé d'expliquer aux gens que le problème
18:42ce n'était pas l'inégal partage de la richesse,
18:44que le problème ce n'était pas la confiscation du pouvoir
18:46par une petite minorité,
18:48mais que le problème c'était la couleur de peau de celui d'à côté,
18:51sa religion ou je ne sais quoi,
18:53et bien il y a une partie des électeurs qui ont été dominés,
18:56gangrénés par cette pensée,
18:58et qui pensent effectivement que finalement une bonne politique,
19:01c'est une politique qui est raciste, qui rejette l'autre, etc.
19:04Donc il y a ces deux motivations qui existent dedans.
19:06– La critique de l'immigration massive,
19:09pour reprendre le vocabulaire convenu,
19:11pour vous c'est discrimination raciale, discrimination religieuse ?
19:14– Ça dépend comment elle s'exprime, mais pardon, excusez-moi.
19:16– Le souci pour l'immigration en tant que telle pour vous c'est…
19:18– Mathieu Bocoté dans le vocabulaire
19:20et dans les propositions du Rassemblement national,
19:22oui c'est clairement le cas,
19:23enfin excusez-moi,
19:25ce n'est pas seulement moi qui ai été largement indigné dans ce pays,
19:28que le Rassemblement national propose pendant les élections législatives,
19:31que certaines personnes, parce qu'elles avaient une double nationalité,
19:34ne puissent pas exercer certains emplois.
19:36Si ça ce n'est pas de la discrimination, de la xénophobie et du racisme,
19:39qu'est-ce que c'est ?
19:40– Si je peux me permettre, je fais la distinction,
19:41vous avez utilisé ce terme-là,
19:43je n'ai pas l'impression, mais peut-être avez-vous une citation à l'esprit,
19:46chez les dirigeants du RN aujourd'hui,
19:47de distinguer les Français sur cette base ?
19:49– Ah ben vous voulez qu'on reprenne le CV d'un certain nombre de candidats
19:53présentés par le Rassemblement national au moment des élections législatives ?
19:56Ah ben oui, clairement oui, bien sûr,
19:58et qui a présenté, lors des dernières élections législatives,
20:01des candidats parfois racistes, parfois antisémites, oui,
20:05et ça ce n'est pas pour moi, c'est documenté,
20:07si vous voulez, vous pouvez faire un reportage spécial.
20:10– Et à LFI, il n'y a pas de candidat antisémite ?
20:11– Non, aucun monsieur.
20:13Si vous êtes capable de me produire un exemple, vous allez me le dire,
20:16et il y a eu une personne, pendant la campagne des élections législatives,
20:19qui avait eu des propos qui étaient des propos, disons, ambiguës,
20:22elle a été désinvestie sur le champ.
20:24Vous voyez, alors qu'au Rassemblement national,
20:26il y en avait par vingtaines, par trentaines,
20:29des candidats qui effectivement tenaient des propos racistes et antisémites.
20:32– Mais je reviens sur la scène politique en général,
20:34parce qu'il me semble assez important, vous nous dites,
20:36il y a une majorité objective à l'Assemblée, je ne peux pas me tromper,
20:39de droite, entre guillemets, le bloc extrême libéral,
20:42ce sont vos mots, et le bloc d'extrême droite.
20:44L'Assemblée est majoritairement droite aujourd'hui ?
20:46– Ça dépend de ce que vous… peut-être oui, bien sûr,
20:48en tout cas du point de vue des orientations politiques
20:52que pourraient mettre en place le bloc macroniste et l'extrême droite,
20:55mais ça ne veut pas dire que le pays l'est.
20:56– Donc l'Assemblée est majoritairement droite,
20:58mais le pays ne l'est pas, et au final,
21:00c'est la gauche qui est majoritaire en France ?
21:01– Moi je dis que ça dépend sur quel sujet,
21:05mais par exemple, la question d'un plus grand partage de la richesse,
21:08si vous interrogez les Françaises et les Français sur ce sujet,
21:11ils sont majoritairement pour.
21:12L'idée qu'aujourd'hui les salaires ne permettent pas de vivre de son travail
21:15et qu'il faut augmenter les salaires,
21:16si vous interrogez les Français, ils sont majoritairement pour.
21:19L'idée qu'il faut plus de justice sociale et de justice fiscale,
21:21les Français sont majoritairement pour.
21:23Donc oui, sur un certain nombre de sujets,
21:24je pense que le pays est majoritairement du côté des idées de gauche.
21:26– Je voudrais vous dire sur l'immigration, pour comprendre votre position,
21:29Michel Barnier, au cours des dernières 48 heures,
21:31il a dit une chose sur l'immigration, il a dit que les Français avaient le sentiment
21:34que les lois n'étaient pas respectées.
21:36Est-ce que c'est un diagnostic ?
21:38Il ne parle pas de ce qui a la trop, ce qui n'en a pas assez,
21:41il dit que les Français ont l'impression qu'on ne respecte pas l'allustation en vigueur.
21:44Est-ce que vous pensez que c'est exact comme diagnostic ?
21:47– Non, je pense qu'on a empilé des lois sur l'immigration.
21:51Je pense que depuis le début des années 80,
21:53on doit être à 20 ou 30 lois sur l'immigration
21:56qui se sont toujours inscrites dans la même logique,
21:58qui est une logique qui consiste à dire
22:00plus on va empêcher les gens d'arriver, moins ils vont venir.
22:04Et en vérité, cette logique a été, la fausseté de cette logique a été démontrée,
22:09puisque au fur et à mesure qu'on empile les lois sur le sujet,
22:13ça ne réduit pas, si c'est ça l'objectif de certains, les flux migratoires.
22:16Donc la question, de mon point de vue, c'est de changer de logique.
22:19Et changer de logique, c'est de rappeler qu'on ne part pas de son pays par bonheur et par plaisir.
22:23Et que donc la question qui nous est posée,
22:25c'est comment on fait en sorte que les gens qui partent n'aient pas besoin de partir.
22:28Mais on reste toujours dans cette logique ultra sécuritaire.
22:31C'est-à-dire faire en sorte, par exemple, d'arrêter les accords économiques
22:34avec un certain nombre de pays qui les appauvrit
22:37et qui poussent ensuite des gens à partir, pour vous prendre cet exemple-là.
22:41Donc si vous voulez apporter une réponse,
22:43parce que ce n'est pas un bonheur pour les gens de partir,
22:44vous savez, quand vous êtes arraché à votre père, à votre famille,
22:47aux gens avec qui vous avez grandi, ce n'est pas un plaisir de s'en aller.
22:50Donc quand on s'en va, c'est qu'on n'a pas le choix.
22:52Et donc l'idée qui consiste à penser que parce qu'on va multiplier les barrières à l'entrée,
22:57on va réduire les flux migratoires, ça ne fonctionne pas.
22:59C'est sous nos yeux.
23:00Mais on continue dans la même logique.
23:01Donc M. Barnier, il mettra sa part et continuera dans la même logique.
23:04Et puis reprendra, excusez-moi, je vais m'arrêter,
23:06reprendra les pires idées du Rassemblement national, il l'avait déjà fait,
23:10comme cette idée que si on va supprimer l'aide médicale d'État,
23:12les gens vont moins venir.
23:13Tout le monde sait que si on supprime l'aide médicale d'État,
23:15surtout les gens vont être plus prêts.
23:16Manuel Bompard, coordinateur de la France Insoumise,
23:18est notre invité ce matin dans Le Grand Rendez-Vous.
23:20À tout de suite.
23:25Toujours sur le plateau du Grand Rendez-Vous Europe 1C News,
23:27Les Echos avec Manuel Bompard, le coordinateur de la France Insoumise.
23:30Hier, vous étiez entre 110 000 et 300 000 selon les chiffres.
23:35Oui, vous avez dit 160 000 à Paris.
23:39La police dit 26 000, pardonnez-moi,
23:40mais il y en a un qui se gourre de 130 000.
23:43Ça me paraît énorme quand même de se tromper de 130 000.
23:45Moi aussi, ça me paraît énorme.
23:46Eh bien, très bien.
23:46La semaine dernière, Manuel Bompard…
23:48Si vous croyez le ministère de l'Intérieur en France,
23:50dans une manifestation contre le gouvernement,
23:52je ne peux plus rien faire pour vous.
23:53Une tentative de rassembler pour une destitution au titre de l'article 68,
23:58destitution du président de la République.
23:59Vous avez rassemblé 81 signatures sur 577 c'est maigre,
24:04110 000, même 300 000, ce n'est pas non plus un million de personnes dans la rue.
24:08Qu'est-ce qui vous reste aujourd'hui ?
24:09Est-ce que vous serez dans l'obstruction parlementaire ?
24:12Est-ce que vous allez être dans les blocages des trains,
24:15des usines, des dépôts pétroliers ?
24:17Je voudrais, pardonnez-moi Manuel Bompard,
24:19comprendre quelle est votre logique aujourd'hui.
24:22Est-ce que c'est on essaye de travailler avec Michel Barnier
24:24parce qu'il faut sauver le pays, parce que les Français sont exsangues,
24:28ils n'en peuvent plus de cet épisode estival
24:31où on a eu 52 jours sans gouvernement ?
24:34Est-ce qu'on se met tous ensemble à travailler
24:35autour même d'un Premier ministre qui ne vous plaît pas ?
24:38Ou est-ce qu'on est dans l'opposition systématique ?
24:40Mais monsieur, d'abord je veux vous dire que
24:43la motion de destitution du Président de la République
24:46a été déposée à l'Assemblée nationale,
24:47il faut 58 députés pour la signer.
24:49Donc vous pouvez croire que 81 ce n'est pas suffisant
24:51mais en fait c'est plus que ce qu'il est nécessaire de pouvoir
24:54réunir pour pouvoir déposer cette motion.
24:55Oui mais après il faut un vote.
24:56Eh bien voilà, pour l'instant il n'a pas eu lieu.
24:58Donc attendons de voir jusqu'où va cette procédure
25:01avant d'essayer comme ça de l'enterrer par avance
25:03avant même qu'elle ait pu voir le jour.
25:05Pour l'instant elle voit le jour.
25:06Je crois qu'il faut les deux tiers.
25:08Oui mais d'abord il y a des étapes dans cette procédure.
25:10D'abord il faut un vote à la majorité du bureau de l'Assemblée nationale.
25:13Or le Nouveau Front populaire est majoritaire au bureau de l'Assemblée nationale.
25:16Non mais là vous me répondez, ça veut dire que vous continuez
25:18dans la procédure de destitution.
25:19Je vais vous répondre à votre question de manière très simple
25:22mais je veux vous dire que vous ne pouvez pas en quelque sorte
25:24faire passer ceux qui veulent exprimer leur opposition
25:28au gouvernement de Michel Barnier
25:30pour des gens qui en fait ne veulent pas avancer le pays,
25:33veulent le bloquer parce que c'est précisément l'inverse.
25:35C'est pour ça que je vous ai posé une question ouverte
25:36en me disant est-ce que vous voulez travailler avec Michel Barnier
25:39ou est-ce que vous voulez rester dans l'opposition ?
25:40Mais pour faire quoi ?
25:41Regardez, prenons un exemple concret.
25:43Hier, M. Barnier fait son premier déplacement.
25:46Il va au chevet de l'hôpital public.
25:49Et il a raison.
25:50C'est un sujet qui est un sujet majeur.
25:52C'est un sujet très fort de préoccupation des Français.
25:54Qu'est-ce qu'il dit ?
25:55Il dit qu'il va falloir continuer à faire des économies.
25:57Dans le même temps, vous avez le président de droite
26:01de la Fédération hospitalière de France qui dit
26:03nous nous attendons qu'il y ait 6 milliards d'euros supplémentaires
26:06pour l'hôpital public dans le prochain budget.
26:08Donc, si vous voulez répondre aux problématiques des Français,
26:12c'est-à-dire améliorer la situation de l'hôpital public,
26:15alors déjà, M. Barnier a commencé à dire
26:18ça sera avec moins d'argent.
26:19Ça, ce n'est pas possible.
26:20De la même manière, les Français disent
26:22il nous faut des médecins, et ils ont raison,
26:25dans les déserts médicaux,
26:29c'est-à-dire les endroits où il n'y en a pas suffisamment.
26:31M. Barnier, pour l'instant, ne reprend pas les propositions de loi
26:34qui permettent de réguler l'installation des médecins,
26:35tout ça pour dire, moi, mon sujet, ce n'est pas un tel, un tel,
26:38c'est qu'est-ce qu'on fait ?
26:38Et pour l'instant, je trouve que dans les directions
26:40qui sont données, oui, je pense que ça ne va pas résoudre
26:42le problème des Français.
26:43Alors, justement, par qu'est-ce qu'on fait ?
26:44Est-ce que vous avez une baguette magique ?
26:45Parce que vous avez vu que Michel Barnier,
26:47le Premier ministre, a demandé un répit à la Commission européenne
26:50pour apporter les réponses de la France
26:53à la procédure de déficit excessif
26:55qui a été enclenchée par l'Europe.
26:58Un délai supplémentaire, évidemment, pour trouver.
27:00On a vu que le déficit s'est aggravé encore
27:02dans les dernières semaines.
27:035,5 % de déficit du PIB pour l'année 2023.
27:09Qu'est-ce qu'on fait ?
27:09D'abord, je veux dire qu'il y a une part de scandale démocratique
27:13dans cette histoire, puisqu'on sait depuis maintenant
27:15plusieurs semaines que, finalement, le déficit réel
27:18risque d'être beaucoup plus grave que le déficit prévu
27:21par le gouvernement.
27:22Et cette information a été cachée, masquée,
27:24y compris aux parlementaires.
27:25Donc, il n'y a pas d'argent pour l'hôpital.
27:27Attendez, attendez, mais ça, on va y venir.
27:29Parce qu'il peut y avoir des déficits,
27:30mais il y a aussi des marges de manœuvres financières.
27:32Je vais y revenir.
27:33Mais premièrement, ça.
27:34Deuxièmement, pour des gens qui, depuis sept ans,
27:37donnent à la terre entière des leçons d'économie
27:39et de bonne gestion budgétaire, pardonnez-moi,
27:42mais je pense que le Mozart de la finance,
27:44là, en l'occurrence, on a vu les résultats.
27:47Je n'ai pas l'impression que ça soit une très grande œuvre
27:50qui a été réalisée.
27:51Maintenant, sur le sujet sur lequel vous m'interrogez,
27:55les agences de notation, par exemple,
27:57disent le problème en France,
27:58c'est que depuis qu'Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir,
28:01on a renoncé à 50 milliards d'euros de ressources
28:04pour le budget de l'État par an.
28:06Vous confirmez ces chiffres ?
28:0747 et quelques milliards d'euros par an.
28:10Donc, il est tout à fait possible d'avoir récupéré
28:14et de changer de politique,
28:15parce que cette politique qui a consisté à distribuer
28:17des tonnes d'argent, on parle de 50 milliards d'euros par an
28:20pour une petite minorité qui se sont enrichies
28:23depuis sept ans sur le dos du plus grand nombre.
28:26Oui, je pense qu'il est possible d'aller récupérer
28:28cette manne financière et de la mettre au service
28:30du développement des services publics,
28:32en particulier de l'hôpital Grand Vic.
28:33On connaissait que certaines éductions fiscales
28:36ont permis de créer des emplois, de faire de la croissance.
28:39Aujourd'hui, il y a 7 % de chômage dans ce pays.
28:41C'est beaucoup moins.
28:43Je ne fais pas du tout le bilan des sept ans d'Emmanuel Macron,
28:46mais c'est beaucoup moins qu'il y a sept ans.
28:47Mais oui, forcément, on a rayé à tour de bras
28:50des inscrits à Pôle emploi.
28:51On a modifié les catégories.
28:53On a développé ce qu'on appelle l'auto-entreprenariat.
28:57On a développé...
28:58Ce n'est pas une mauvaise chose, l'auto-entreprenariat.
29:00Ça permet à plein de gens de créer leur activité
29:02et d'être autonome.
29:03Je ne condamne pas par principe l'auto-entreprenariat.
29:05Si, c'est ce que vous voulez faire.
29:06Non, monsieur.
29:07Je n'ai pas condamné par principe l'auto-entreprenariat.
29:10J'ai dit que les chiffres de soi-disant réduction du chômage,
29:14elles se font majoritairement d'abord
29:16par des maquillages sur les chiffres.
29:18Deuxièmement, par le fait qu'on a créé des emplois
29:20qui sont des emplois précaires ou de l'auto-entreprenariat.
29:23Que je ne condamne pas,
29:24mais dont je dis qu'il y a une forme de précarité dans cette activité
29:28parce qu'elle peut fonctionner pendant un an
29:29et pas forcément l'année d'après.
29:31Et que les salariés qui sont sous un régime d'auto-entreprenariat,
29:34ils ne bénéficient pas de la protection sociale
29:36dont bénéficient les autres salariés.
29:38Donc, j'ai le droit de dire que ce modèle, pour moi,
29:39ce n'est pas un idéal pour le pays.
29:41Mais je ne l'ai pas condamné.
29:42Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit.
29:43Bref, vous m'interrogez sur ce sujet.
29:45Si vous considérez que la politique économique du gouvernement
29:47est géniale et parfaite, vous en avez le droit.
29:48Je ne crois pas que Christophe ait dit ça.
29:49Non.
29:50Je ne sais pas, vous me dites, ça a créé des emplois,
29:52ça a créé de la croissance, il y a moins de chômage, etc.
29:54Quand face des dépenses fiscales, que vous avez justement soulignées,
29:58il y a eu de la création de richesses.
29:59Non, je ne le crois pas du tout.
30:00Mais vraiment, certes, pas du tout.
30:02Par exemple, pour vous donner un exemple,
30:05une des premières décisions du président de la République
30:07a été de supprimer l'impôt de solidarité sur la fortune.
30:09Et on nous a dit, vous allez voir ce que vous allez voir,
30:11ça va faire revenir des gens qui sont partis en France.
30:12Le fait, beaucoup de gens se sont rendus heureux sur la fortune.
30:15Enfin, écoutez, il y a eu des rapports qui ont été faits
30:17sur l'impact réel de la suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune,
30:21sur le retour de gens qui étaient partis.
30:24Et l'effet est marginal.
30:25Enfin, excusez-moi de vous le dire.
30:27Donc, je vous écarte votre objection de cette manière.
30:33Maintenant, je vous dis, parce que c'était ça la discussion
30:35qui était en cours entre nous, qu'on a des besoins immenses
30:38en matière de développement des services publics.
30:40J'évoquais la question de la santé qui est sans doute
30:42la priorité majeure pour les Françaises et Français.
30:44Et on ne fera pas une meilleure santé si on n'y accorde pas
30:46davantage de moyens.
30:48Donc, ma réponse à votre question, c'est vos davantage de ressources.
30:51Et davantage de ressources, ça veut dire revenir sur les cadeaux
30:53qui ont été donnés aux plus riches, rétablir l'impôt de solidarité
30:55sur la fortune, faire une réforme fiscale pour que l'impôt
30:58soit effectivement progressif en France, revenir sur les baisses
31:02de cotisations sans aucune contrepartie sociale qui ont été accordées
31:05aux grands groupes et aux grandes entreprises, revenir sur un certain
31:08nombre de niches fiscales qui profitent en particulier à une poignée
31:11de plus riches et à une poignée de grandes entreprises.
31:13Et là, il y a des dizaines de milliards d'euros d'argent à aller chercher
31:16pour ensuite pouvoir les consacrer aux services du plus grand nombre.
31:19Voilà tout simplement ma logique économique.
31:21Je comprends bien pour vous la question du déficit ou de la dette.
31:23Ce sont des questions, il suffirait de penser autrement
31:26à la fiscalité pour résoudre cette question.
31:28Il n'y a pas une question de surdépense en France,
31:31une dépense telle que ça ne correspond pas aux capacités du pays ?
31:33C'est mathématique, Mathieu.
31:34De votre côté, quand il y a un déficit, c'est que manifestement,
31:36on dépense moins que ce qu'on a comme recette.
31:38Vous êtes d'accord ?
31:38Donc, vous avez différentes manières de le régler.
31:41Il y a ceux qui vont vous dire.
31:42Donc, il faut dépenser moins.
31:44C'est la logique que vous défendez là.
31:45Et moi, je vous dis, il faut avoir...
31:47Est-ce qu'il est imaginable que la France dépense davantage qu'elle n'en a les moyens ?
31:52Mais la France a les moyens de dépenser plus.
31:54Je vous en ai fait la démonstration à cet instant.
31:56Donc, vous pouvez continuer à dire ça si vous voulez.
31:58Mais après, c'est vous qui allez devoir aller au bout de votre logique
32:01et me dire qu'est-ce que vous avez l'intention de couper.
32:05Puisqu'on parle, je crois, de 26 milliards d'euros de coupes dans le budget.
32:08Mais retournez l'affirmation.
32:09Non, mais attendez, attendez, soyez concrets.
32:12Soyez concrets.
32:13Certains diront que votre politique fiscale, qui se veut très ambitieuse,
32:17dans les faits, ralentirait l'activité économique.
32:19Ce ne sont pas des observations, ce ne sont pas des critiques qui viennent de nulle part.
32:22On les entend régulièrement.
32:23Vous ne croyez pas que votre modèle, en tant que tel, risquerait d'aggraver la France ?
32:26Je vais vous dire, je pense précisément l'inverse pour une raison très simple.
32:30C'est que quand vous êtes dans une situation qui est une situation de difficulté économique
32:33comme on est aujourd'hui, les politiques de réduction de la dépense publique
32:37sont des politiques qui engendrent un cercle qui est un cercle vicieux
32:40parce qu'ils ralentissent l'activité économique,
32:42parce que vous allez faire en sorte que les gens ne bénéficient plus
32:46de ce qui leur permet tout simplement de pouvoir consommer,
32:48y compris, on va dire, les besoins élémentaires.
32:52Et donc, vous allez avoir une politique qui va contracter l'activité,
32:54alors qu'au contraire, une politique de relance de l'activité économique,
32:57c'est une politique qui profite à l'activité aux petites entreprises,
33:01aux carnets de commandes, aux artisans, aux restaurateurs, aux coiffeurs.
33:04Eux, ils ont besoin d'avoir des clients en face qui ont les moyens
33:06pour pouvoir aller chez le coiffeur et chez le restaurateur.
33:08Manuel Bompard, ça relance effectivement l'économie,
33:11mais ces politiques de relance côté monnaie, regardez 1981,
33:13on voit leurs limites, c'est-à-dire qu'au bout d'un moment,
33:15l'État n'a pas d'argent, les déficits augmentent,
33:18l'inflation aussi, la dette extérieure, et puis on arrête de nous prêter.
33:21Et donc, on coupe le robinet de financement de la France,
33:24qui est déjà énorme.
33:25Mais pourquoi vous voulez que l'État ait moins d'argent ?
33:27C'est pas comme si on n'avait pas essayé ce genre de politique
33:29et on connaît leurs résultats.
33:31Écoutez, on a essayé la politique d'Emmanuel Macron et on connaît le résultat.
33:34À 7% de sa valeur, au moins, il n'y a pas de problème.
33:37J'ai compris que vous la trouviez très bien.
33:39Mais ce que je vous propose, c'est d'aller dans les services d'urgence
33:44de nos hôpitaux qui ont fermé.
33:46Il y en a 50 qui ont été en situation de difficulté cet été.
33:48Et puis d'aller leur dire que ça marche super bien, que c'est génial.
33:51Puis après, je vous propose de sortir de l'hôpital
33:53et puis d'aller dans une classe et puis d'aller dans une école
33:57et puis d'aller voir les parents d'élèves de la classe
33:59dans laquelle il n'y a pas de prof parce qu'il a manqué 3000 enseignants
34:03au concours parce que les rémunérations sont beaucoup plus faibles
34:05que dans le reste de l'OCDE.
34:07Et vous allez leur dire que la politique économique d'Emmanuel Macron,
34:09elle est géniale et elle est parfaite.
34:10Et vous allez voir, vous allez être super bien accueillis, j'en suis sûr.
34:13Merci Emmanuel Bompard.
34:15On se retrouve dans quelques instants pour la dernière partie
34:17du Grand Rendez-vous Europe 1 CNews.
34:18Les Echos, à tout de suite.
34:25Dernière partie du Grand Rendez-vous Europe 1 CNews.
34:27Les Echos avec le coordinateur de la France insoumise
34:29et député éléphite des Bouches-du-Rhône, Emmanuel Bompard.
34:32La parenthèse olympique et paralympique prend fin ce dimanche.
34:37Mais c'était bien cette parenthèse.
34:39Ah ben, c'est les compétitions sportives internationales,
34:42quand elles ont eu lieu, ce sont toujours des moments,
34:44je pense, d'augment populaire autour des performances
34:47de nos sportifs et de nos sportifs.
34:49Donc, cet aspect-là est bien.
34:51Pour autant, moi, je ne l'ai pas vécu comme une parenthèse.
34:53Une parenthèse, ça consistera à essayer de faire croire
34:55que pendant ce temps, il ne se passerait plus rien dans le reste du pays.
34:59Et pardonnez-moi, mais...
35:00Donc, le monde l'a fait mal choisi.
35:01C'est-à-dire que peut-être qu'il y a plein de gens
35:03qui trouvent que c'était génial et que c'était parfait.
35:05Mais ce que je peux vous dire, c'est que pendant cette parenthèse,
35:07il y avait toujours des gens qui avaient faim
35:08et toujours des gens qui dormaient dans la rue.
35:10Il y avait toujours des gens...
35:11Plutôt que parenthèse, vous diriez diversion ?
35:13Mais non, mais je...
35:14N'essayez pas de faire de moi la caricature que voudriez que je sois.
35:18C'est-à-dire qu'on peut être à la fois...
35:20On peut être à la fois, ressentir un certain engouement
35:24pour la ferveur populaire autour de la performance de nos sportifs
35:27et des événements internationaux.
35:29Et pour autant, ne pas considérer que ça doit nous rendre
35:32complètement imperméables aux difficultés du pays
35:36qui commencent à voir le jour.
35:38Que ça doit nous rendre complètement naïfs
35:40sur la manière avec laquelle le président de la République
35:43a utilisé cet événement sportif pour, en quelque sorte,
35:46gagner du temps pour ne pas respecter le résultat des élections.
35:50Et on en a désormais le résultat sous les yeux.
35:52Ben oui, qu'est-ce qui l'empêchait ?
35:53Tout à l'heure, vous me disiez,
35:54oui, mais les Français, ils en ont marre
35:55qu'on a mis 51 jours sans gouvernement.
35:58C'est vrai, on les interroge, c'est pas moi qui le dis,
36:00c'est sur les sondeurs.
36:01Mais au bout de dix jours, ils pouvaient nommer
36:02Lucie Castex la candidate du Nouveau Front Populaire.
36:04Moi, je n'ai jamais demandé qu'on attende
36:06de revenir au début de l'émission.
36:07Oui, mais je veux juste vous dire...
36:08On peut la refaire.
36:09Non, mais ne la refaisons pas.
36:10Mais c'est vous qui m'interrogez sur les Jeux Olympiques.
36:12Donc je vous réponds que oui, ça a été à la fois
36:15un moment sportif, enthousiasmant et à la fois un moment
36:19qui a été utilisé par le président de la République
36:21dans sa stratégie politique de gagner du temps.
36:23Il n'y a que les naïfs qui ne le voient pas.
36:25D'ailleurs, je reviens deux secondes
36:26au début de l'émission.
36:27Ah, c'est vous qui revenez là.
36:28Mais on peut la refaire si vous voulez.
36:29Je l'assume.
36:30Merci. Point taken, comme on dit en bon français.
36:32Vous avez assez rapidement tout à l'heure dit
36:34Lucie Castex est toujours candidate à Matignon.
36:37Ça veut dire quoi exactement ?
36:38C'est toujours notre candidate.
36:39Ça veut dire les choses très simples.
36:41Ça va me permettre d'être peut-être plus concis
36:43sur ce qu'on va faire maintenant,
36:44qui était votre question, qui a eu l'air de vous interroger.
36:47C'est simple, nous avons déposé une motion de censure
36:49contre le gouvernement de Michel Barnier.
36:52Nous espérons faire tomber ce gouvernement
36:54et nous espérons contraindre le président de la République
36:56à respecter le résultat des élections
36:57et donc à nommer notre candidate Lucie Castex à Matignon.
37:00Première chose que nous allons faire.
37:01Deuxième chose que nous allons faire,
37:02nous allons poursuivre les mobilisations
37:04parce que vous pouvez dire 300 000 personnes dans la rue.
37:07Ce n'est pas énorme, j'entends dire des gens 300 000
37:10quand on le ramène au nombre d'électeurs.
37:11Ce n'est pas beaucoup.
37:12Faites une manifestation de soutien à Michel Barnier
37:14et dites-moi combien il y en aura dans la rue.
37:16Puis après, on comparera les deux si vous voulez.
37:17Deuxièmement, nous allons poursuivre la mobilisation.
37:20Et troisièmement, nous allons faire avancer
37:22la procédure de destitution du président de la République.
37:24J'en ai parlé tout à l'heure.
37:25J'en profite, il y a une pétition.
37:27C'est macron-destitution.fr.
37:29C'est à peu près justement 300 000 personnes qui l'ont signée
37:31et j'espère qu'on sera encore plus nombreux
37:32dans les prochaines semaines.
37:33Ça veut dire que vous considérez que l'issue de la crise actuelle,
37:36c'est une élection présidentielle.
37:38Vous souhaitez qu'elle soit anticipée
37:40et vous pensez qu'on ne peut pas d'ici là,
37:44Michel Barnier parle de trois ans de gouvernement
37:47tous ensemble si je puis dire.
37:50Ce n'est pas la bonne solution.
37:51Mais en fait, moi, ce que j'aurais préféré,
37:53le plan A, ça aurait été que le président de la République
37:56tout simplement accepte que quand on perd les élections,
37:58on abandonne le pouvoir.
37:59On l'a dit au début, personne n'a gagné au fond, vous savez.
38:01Mais arrêtez avec ce raisonnement.
38:03Moi, je ne veux pas reprendre les émissions depuis...
38:06Christophe Halcyon, donc...
38:07Oui, enfin d'accord, mais...
38:08On a le droit d'avoir plusieurs raisonnements.
38:09Non, enfin pas sur ce sujet, non.
38:11Parce que vous savez, même au 100 mètres,
38:13quand vous ne gagnez que d'un centième,
38:14c'est vous qui avez la médaille d'or
38:15et l'autre, il est deuxième.
38:16Ça fonctionne comme ça.
38:17Donc là, il faut constituer une majorité.
38:18On ne va pas revenir, on ne va pas refaire...
38:19Oui, mais vous ne voulez pas refaire le truc.
38:20Mais j'observe qu'il y a deux ans...
38:23Attendez, on ne va pas refaire.
38:24Mais il y a deux ans, quand le bloc macroniste
38:27bénéficiait d'une majorité relative à l'Assemblée nationale...
38:30Il leur manquait 30 députés, vous en manquez 100.
38:31Ce n'est pas pareil.
38:32Oui, mais à aucun moment, vous avez dit...
38:34Ils sont arrivés premiers, mais ils n'ont pas gagné.
38:36Tout le monde a considéré qu'ils avaient gagné
38:38et que personne ne s'est posé la question.
38:40Et j'observe d'ailleurs qu'à cet instant,
38:41le président de la République n'avait pas dit pour Mme Borne
38:43« Je dois vérifier qu'elle ne va pas être censurée avant de la nommer ».
38:46Donc, vous pouvez avoir une logique à géométrie variable
38:48en fonction de l'identité des vainqueurs et des perdants.
38:52En fonction du nombre de députés,
38:53vous avez parlé tout à l'heure de majorité relative.
38:55J'entends bien que sur la sémantique, avec 193 députés du NFP,
39:00donc pas seulement de la France Insoumise,
39:02vous avez une majorité relative,
39:04mais elle est quand même relativement relative
39:07par rapport à la ancienne majorité de 2022.
39:09Et donc rien.
39:10Et donc, ça n'enlève rien au fait que c'est une majorité relative.
39:14Le travail parlementaire ne fonctionne pas dans les mêmes lois.
39:17Vous n'avez même pas laissé à Lucie Castex la possibilité
39:20d'aller construire des majorités sur les textes de loi.
39:23Mais Michel Barnier est issu d'une formation politique
39:26qui a fait 6% aux élections législatives.
39:28Et donc, du coup, ça le met en échec directement.
39:30Mais attendez, vous venez de m'expliquer...
39:32Enfin, franchement, vous venez de m'expliquer
39:34que 193 députés, c'est trop relatif
39:37pour avoir la fonction de Premier ministre
39:39et vous défendez quelqu'un qui a 40 députés.
39:42Là, ce n'est pas trop relatif.
39:4340 sur 577.
39:45D'accord, mais moi, je tends la main à tout le monde.
39:47Super, tout le monde est gentil.
39:48Et on est dans le monde des bisounours.
39:50Mais ce n'est pas mon sujet.
39:51Mon sujet, c'est que vous venez de dire
39:52que 193 députés, ce n'était pas assez.
39:54Et vous défendez la légitimité de la Première ministre
39:57issue de 40 députés.
39:59Et que du coup, quand il n'y a pas de majorité absolue,
40:01ça ne marche moins bien.
40:02Vous l'aurez remarqué sous la Ve République.
40:04Ça, ça ne m'a pas échappé.
40:05Mais ça, c'est peut-être qu'il faut en parler
40:07qui a décidé de dissoudre l'Assemblée nationale.
40:09Bref, on ne va pas refaire le match si vous voulez.
40:11Mais juste, il y a une règle de base.
40:13C'est que celui qui arrive premier, il a gagné.
40:14Ça, vous pouvez parler comme vous voulez.
40:15C'est comme ça.
40:16Voyons le prochain match, justement.
40:18Édouard Philippe a annoncé sa candidature
40:20pour 2027 il y a quelques jours.
40:22Gabriel Attal l'a presque fait à sa manière
40:24dans son discours d'au revoir,
40:25qui était quasi un discours d'au revoir.
40:27François Bayrou aussi est candidat, non ?
40:29Je crois qu'il l'avait fait il y a quelques mois,
40:30mais il semble utile.
40:31Donc, est-ce qu'on risque de se retrouver
40:33dans la séquence politique présente
40:34si le bloc central éclate, en guillemets ?
40:36Arrêtez de l'appeler le bloc central.
40:37Le bloc macroniste, appelons-le comme ça.
40:39Mais non, mais cette idée d'essayer de faire croire
40:41qu'il serait au milieu.
40:42Bah alors, le bloc macroniste, comment ?
40:43Même dans l'hémicycle, ils sont au milieu.
40:44Oui, d'accord, mais du point de vue
40:45des revendications des Français.
40:47Mais est-ce qu'on se dirige en fait,
40:47s'il y a des présidentielles anticipées
40:49ou même présidentielles tout court 2027 ?
40:51Est-ce qu'on se retrouve devant un affrontement ?
40:53Mélenchon, Le Pen, l'affrontement longtemps annoncé,
40:57est-ce qu'on est devant nous ?
40:57Alors, attendez, il y a plein de trucs
40:59dans votre question.
40:59Premièrement, il y en a pas mal.
41:01J'observe d'abord que le bloc d'extrême-centre,
41:07si vous voulez, on peut l'appeler comme ça,
41:09ce bloc-là n'a jamais été aussi fracturé qu'aujourd'hui.
41:13C'est-à-dire, vous avez déjà trois ou quatre candidats
41:15à l'élection présidentielle pour ce bloc-là.
41:19Quand même, ça devrait interroger tout le monde
41:20sur la légitimité, l'autorité du président de la République
41:24qui est, je le dis, je l'assume, plus que jamais
41:28et chaque jour qui passe, plus proche de la sortie.
41:30Parce que franchement, quand vous n'êtes même plus capable…
41:32Vous croyez qu'on n'ira pas jusqu'au bout ?
41:33Quand vous n'êtes même plus capable d'avoir une autorité
41:36sur votre camp politique, ça dit quand même beaucoup de choses.
41:39C'est-à-dire qu'on a bien compris qu'entre Michel Barnier,
41:42Xavier Bertrand, David Lysnard, Bernard Cazeneuve,
41:45le problème en fait n'était pas la non-censure,
41:48c'était de savoir quels candidats pouvaient déjà réunir
41:50le bloc macroniste.
41:51Ça a déjà été ça, la difficulté.
41:53Et on a parlé de M. Thierry Baudet, M. Darmanin,
41:56on ne voulait pas, c'est ça qu'on a eu sous les yeux.
41:57Bref, tout ça pour dire, peut-être que s'ils se hâtent tous
42:01à déposer leur candidature maintenant,
42:03c'est qu'ils doivent sans doute se dire que le président
42:05de la République n'ira pas au bout de son mandat, non ?
42:07Mais j'y reviens, donc affrontement,
42:09Le Pen, Mélenchon, c'est inévitable ?
42:11Je pense que le bloc macroniste est condamné
42:14petit à petit à disparaître, qu'aux élections législatives,
42:17il a vu son résultat par rapport à l'élection législative
42:21précédente baisser sensiblement et que oui,
42:23le pays va vers un affrontement entre le bloc d'extrême droite
42:26et le bloc populaire.
42:27Et c'est clair que Jean-Luc Mélenchon est aujourd'hui
42:30la figure la plus identifiée du bloc populaire.
42:32On ne peut pas exclure une dix solutions si jamais
42:34on ne parvient pas à stabiliser un gouvernement
42:36dans les dix prochains mois.
42:38Est-ce que la solution, c'est de changer le scrutin
42:40et d'aller vers un scrutin proportionnel ?
42:43En tout cas, moi, j'ai toujours été favorable
42:45au scrutin proportionnel, mais qui ne peut pas être
42:47quelque chose de cosmétique et qui, pour nous,
42:49s'inscrit dans une vision.
42:51Et d'ailleurs, c'est la séquence qui est en train de s'écouler,
42:54montre à quel point la Ve République a ce côté
42:58incroyablement monarchique qui permet au président
43:01de la République, en dernier ressort, en quelque sorte,
43:04de faire un droit de veto sur le résultat des élections.
43:06Donc, le sujet qui est posé de mon point de vue,
43:09c'est comment on met un terme à ces institutions
43:11de la Ve République et comment on construit une démocratie,
43:15une VIe République qui permet effectivement aux citoyennes
43:18d'être maîtres des décisions qui sont prises en leur nom.
43:21La proportionnelle en fait partie.
43:23La proportionnelle est, à mon avis, incourtournable
43:26dans cette VIe République.
43:28Ça va avec un régime qui est un régime
43:29davantage parlementaire et moins présidentiel.
43:32Quand on fait les projections du scrutin précédent
43:32avec une proportionnelle, ça ne d'arrangerait pas vos affaires.
43:35En fait, le RN serait bien au-delà de nos députés actuels
43:38et vous auriez un peu moins de députés.
43:40Mais vous voyez la différence peut-être entre moi
43:43et Emmanuel Macron, c'est que les règles du jeu,
43:46je ne cherche pas à les adapter juste en fonction de mes intérêts.
43:50Je pense que ce serait plus sain pour la démocratie
43:53de faire en sorte que les Françaises et les Français
43:57soient mieux représentés à l'Assemblée nationale
44:00que ce qu'ils le sont aujourd'hui.
44:01Donc proportionnelle, quoi qu'il arrive.
44:03Oui, mais encore une fois, j'ai essayé de vous dérouler
44:05un raisonnement qui consiste à dire
44:06s'il s'agit juste de changer le mode de scrutin,
44:09mais de rester dans les institutions de la Ve République,
44:11c'est-à-dire à un grand poids exubérant du président
44:14de la République responsable devant personne,
44:16je pense qu'on va finalement faire peu avancer le pays.
44:18Mais elle est agonisante pour vous la Ve République ?
44:20Elle est agonisante, elle est marquée par une défiance
44:24et la séquence que l'on vient de vivre,
44:27malheureusement, ne va pas arranger les choses.
44:29Il y a eu déjà un traumatisme démocratique en 2005,
44:32c'est-à-dire les Français ont voté non et finalement ça a été oui.
44:34Là, il y aura un deuxième traumatisme démocratique,
44:37c'est que les Français ont voté majoritairement
44:39de manière relative pour le nouveau Front populaire
44:41et c'est un gouvernement de droite qui est nommé.
44:42Et ces traumatismes-là, ils affaiblissent la Ve République.
44:45Et quand vous ne croyez plus aux règles du jeu…
44:47Le traumatisme de même nature ?
44:48Ah oui, oui.
44:49Entre le plus de 50% pour le non en 2005
44:52et le autour de 30% pour le NFP ?
44:53C'est un traumatisme de même nature,
44:56c'est-à-dire qu'il y a un résultat des élections
44:58et qu'à la fin, il y a un résultat inverse qui s'impose.
45:01Et donc, à la fin, ça finira de terminer, je crois,
45:04l'adhésion populaire à la Ve République
45:06et la nécessité de réinventer des règles du jeu
45:09qui nous permettent de vivre ensemble en démocratie.
45:11Et ça, c'est la constituante pour écrire les institutions
45:13de la VIe République, c'est ce que nous défendons
45:15avec Jean-Luc Mélenchon depuis 20 ans maintenant.
45:16Et vous qui aimez la sémantique Emmanuelle Bonpart,
45:19vous avez remarqué qu'Emmanuel Macron a choisi Michel Barnier
45:23parce que, soi-disant, il venait d'une droite raisonnable.
45:25Est-ce que dans votre vocabulaire, il y a le mot raisonnable
45:27ou est-ce que tout est insurrection ?
45:29Ah, dans le mien ?
45:30Oui, mais dans celui de M. Barnier,
45:33peut-être que M. Macron trouve que M. Barnier
45:35vient de la droite raisonnable,
45:36mais pour avoir vu quel était son programme
45:38à la primaire de la droite,
45:40suppression de l'aide médicale d'État,
45:42c'est dans le programme de Jean-Marie Le Pen depuis 40 ans…
45:43Là, vous parlez de 2021, nous sommes en 2024.
45:45Ah, donc il a changé d'avis ?
45:46Je ne sais pas, il est sous un président de la République
45:48qui est peut-être d'une autre politique que lui.
45:51Il faut composer tous ensemble, il va regarder tous les visages.
45:54Je croyais que c'était une cohabitation.
45:55Ce n'est pas une cohabitation, alors.
45:56C'est une coexistence existe.
45:57Ah non, mais ça, c'est ce qu'a dit le président de la République,
45:58mais ça, ça n'existe pas.
46:00Ça n'existe pas.
46:01Non, mais enfin, ce n'est pas…
46:02Mais son programme de 2021, il est aussi primat du droit national…
46:04Non, mais attendez, est-ce que vous pouvez accepter l'idée
46:07qu'il y a à peu près deux tiers des Français qui ont voté
46:09pour rompre avec la politique du président de la République ?
46:11Donc, en fait, ils n'ont pas voté pour la coexistence.
46:13Pas pour la même rupture, vous en conviendrez.
46:15D'accord, mais ils n'ont pas voté pour la coexistence.
46:17Vous vous fédérez en ce moment pour le vote RM.
46:18Messieurs, c'est passionnant.
46:19Ils ont voté pour la cohabitation, le débat.
46:22Bref, et vous reviendrez ?
46:23Je reviendrai, et en tout cas, en attendant,
46:26moi, je dis aux gens qui nous écoutent, ne perdez pas espoir.
46:29Comme je l'ai dit tout à l'heure, chaque jour qui passe,
46:31Emmanuel Macron se rapproche de la sortie.
46:33Emmanuel, bon part.
46:35On va voir tout de suite la suite de nos programmes
46:37sur Europe 1 et sur CNews.
46:38Très bon dimanche.

Recommandations