"Ce n'est pas moi le prévenu, c'est Éric Dupond-Moretti": passe d'armes tendue entre François Molins et le ministre de la Justice devant la CJR

  • l’année dernière
François Molins, ex-premier magistrat de France, à l’origine du renvoi d’Eric Dupond-Moretti pour "prise illégale d’intérêts" devant la CJR, est venu témoigner à la barre ce jeudi 9 novembre. L’occasion d’une passe d’armes avec son ancien ministre de tutelle.

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Transcription
00:00 La sécurité est aussi marquée par la suite du procès d'Eric Dupond-Moretti devant la Cour de justice de la République.
00:05 On en parle avec Pauline Rovna.
00:07 Pauline, hier, journée très importante avec ce bras de fer quasiment entre le ministre de la Justice et François Mollens.
00:17 Ça a été comment ? Ça a été violent ?
00:19 On attendait beaucoup de violence.
00:21 On a vu un François Mollens très offensif, un peu comme une exécution en règle,
00:25 alors que d'emblée, il a dit qu'il n'était pas là pour régler des comptes,
00:27 mais ça y ressemblait quand même, très concentré, très incisif, la voix grave et posée.
00:31 C'était chirurgical, vous le savez, l'inimitié entre les deux hommes, elle est connue.
00:35 Hier, elle était quand même très palpable dans la salle d'audience, pas un regard échangé entre eux.
00:38 Et François Mollens qui dit avoir très mal vécu les accusations dont il fait l'objet depuis trois ans.
00:42 On m'a accusé d'avoir voulu me venger parce que j'aurais voulu être ministre à la place du ministre.
00:46 On sent qu'il est très... Il retient sa colère.
00:49 C'est faux, dit-il, en expliquant qu'il tient trop à l'indépendance.
00:51 Il faut expliquer qu'il est accusé par la défense d'Éric Dupond-Moretti d'avoir conseillé son cabinet
00:56 d'ouvrir une enquête administrative contre trois magistrats du PNF,
00:59 puis de s'indigner de ce conflit d'intérêts dans une tribune du Monde,
01:02 et ensuite de lancer des poursuites contre Éric Dupond-Moretti
01:06 alors qu'il était procureur général de la Cour de cassation.
01:09 Et lui, il raconte donc ce fameux coup de fil que donne la directrice de cabinet d'Éric Dupond-Moretti.
01:13 Et lui, il dit, voilà ce que je lui ai dit, c'est qu'une saisine du conseil supérieur de la magistrature,
01:17 c'était inenvisageable, mais que s'il voulait aller au disciplinaire,
01:20 il devait passer par une enquête administrative.
01:23 Donc il dit, moi j'ai simplement rappelé le droit,
01:25 mais il pense aujourd'hui qu'on a voulu l'instrumentaliser,
01:28 qu'on a voulu lui refiler la patate chaude pour protéger le ministre,
01:31 et il dit, quand il y a une affaire, il faut toujours créer une affaire,
01:34 en citant Charles Pascua devant cette Cour de justice de la République, c'était assez savoureux.
01:38 – Et comment Éric Dupond-Moretti a-t-il réagi ?
01:41 – Alors, il commande toujours, il est à trois mètres de la barre des témoins,
01:44 c'est pas très agréable, il a l'œil noir, le visage très expressif,
01:47 il fait des mous, il distille des petits commentaires,
01:50 mais hier il se contenait, pourquoi ne pas mettre en garde
01:53 le cabinet d'Éric Dupond-Moretti contre un conflit d'intérêts
01:56 devant la Cour à François Mollins ?
01:58 Mais tout le monde le connaissait, dit François Mollins,
02:00 et c'est une question au cœur du métier d'avocat,
02:02 ça c'est une flèche pour Éric Dupond-Moretti,
02:04 je ne suis pas conseiller du ministre, je ne suis pas là pour pallier
02:07 les carences ni les déficiences de son cabinet,
02:10 ce n'est pas moi le prévenu, c'est Éric Dupond-Moretti.
02:13 Alors, Éric Dupond-Moretti ce qu'il fait, c'est qu'il demande la parole à son tour,
02:16 il s'avance vers cette barre, il n'échange aucun regard avec François Mollins,
02:19 et il dit depuis le début "François Mollins m'a savonné la planche,
02:22 même à la retraite, il continue, il me critique,
02:25 rien de ce que je fais n'est assez bien, je ne sais pas qui est le plus revanchard des deux",
02:28 conclut-il, en tout cas ce qu'on sait c'est que c'est lui qui risque le plus gros,
02:32 parce que pour ce procès il encourt 5 ans de prison, 500 000 euros d'amende,
02:35 et vous le savez, au-delà de la peine c'est sa carrière ministérielle qui est en jeu,
02:38 parce qu'en cas de condamnation, le garde des Sceaux devra démissionner,
02:42 C'est ce qu'a annoncé Elisabeth Borne sur BFMTV.

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