Bruno Raout, enfant malmené par le village de Riaumont, dénonce les méthodes abusives du pensionnat. Il raconte dans une interview émouvante comment il a réussi à se relever de cette épreuve traumatique et sur ce qu'il a subi dans cette institution.
Dans son livre "Les enfants martyrs de Riaumont", sorti aux éditions Rouergue, la journaliste-enquêtrice Ixchel Delaporte dénonce les violences subies par Bruno pendant ses deux ans passés au sein du pensionnat et le système abusif de leurs méthodes.
Dans son livre "Les enfants martyrs de Riaumont", sorti aux éditions Rouergue, la journaliste-enquêtrice Ixchel Delaporte dénonce les violences subies par Bruno pendant ses deux ans passés au sein du pensionnat et le système abusif de leurs méthodes.
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00:00 Les violences, elles pouvaient être aussi bien psychologiques que physiques.
00:04 La violence est multiple.
00:07 Coups de pied d'Angers, ça pouvait être ceinturons avec la boucle, ça pouvait être
00:12 du martinet, des coups de poing.
00:14 Tout ce qu'il fallait faire pour eux, c'était de nous garder dans les rangs.
00:18 Mais ça, vous ne le comprenez pas tant que vous n'êtes pas sortis de là.
00:23 Bonjour Tita, je m'appelle Bruno et je vais vous parler de mon enfance à Riomont.
00:29 Riomont est situé dans le Pas-de-Calais, à Liévin.
00:32 C'était un foyer où on y placait, par rapport à des juges, des enfants.
00:38 Des enfants qui avaient des problèmes familiaux.
00:43 C'était tenu par le père Revé, directeur, qui était prêtre.
00:48 Au début, il y avait des éducateurs, mais avec les années, ça a fini par changer.
00:53 Il y a eu des frères, des prêtres.
00:57 Moi et mon frère Dominique, parce qu'on était à deux, on a été placés à Riomont.
01:05 La religion, c'est une éducation militarisée.
01:13 Des valeurs, des symboles.
01:15 Avec le temps, vous vous apercevez qu'en fin de compte, tous ces valeurs, tous ces
01:19 symboles, ici et là, ils se servent de sang pour se cacher derrière.
01:23 Pas tout petit, parce que c'était moins violent à ce moment-là.
01:28 Mais en grandissant, la violence arrivait.
01:31 Ça a commencé à la ferme, en fin de compte, c'était dans la grange.
01:35 Comme beaucoup d'autres de Riomont, la ferme, c'était notre refuge.
01:42 À l'âge de 13-14 ans.
01:45 Ça a commencé en jeu.
01:53 Il n'y a pas eu d'agression tout de suite.
01:55 C'était un religieux, il était frère, il n'était pas prêtre.
01:58 Après, il a commencé à me ceinturer, à m'embrasser.
02:03 Après, pour se faire pardonner, il fallait que je le fouette.
02:07 Donc, il enlevait le haut de sa souterre.
02:10 Je prenais son ceinturon et je le tapais.
02:14 Un jour, il m'a violé.
02:21 En parler, vous allez en parler à qui ?
02:25 Au père Evey ?
02:30 Non.
02:33 En parler aux copains ?
02:34 Non.
02:36 En parler à mon frère ?
02:38 Non.
02:39 En parler aux éducateurs ?
02:41 Il faut comprendre qu'à Riomont, on ne balance pas.
02:50 Toute personne qui balance, peut payer très cher.
03:00 Le déclic, c'est ce petit roumain qui s'est pendu à Riomont.
03:05 Il y a quelques temps.
03:07 Je suis tombé là-dessus par hasard.
03:09 Ma femme me l'a fait remarquer.
03:12 Il y avait un article sur Internet.
03:16 Mon passé est revenu, comme souvent.
03:23 Au début, j'étais perturbé.
03:29 Quelqu'un qui se pend à Riomont, c'était le pompon.
03:36 En me réveillant, j'ai vu mon fils sur Internet.
03:41 Je lui ai demandé de trouver un journaliste qui s'occupait des histoires de Riomont.
03:46 Ça a été deux années, pour moi, qui ont été bénéfiques.
03:58 J'arrive à en parler, même si ce n'est pas facile.
04:04 J'en suis content, tout seul.
04:06 Quelque part, beaucoup de personnes commencent à dire "moi aussi".
04:14 Il y en a beaucoup qui s'y retrouvent.
04:17 C'est dommage.
04:19 J'aurais préféré être le seul à en parler.
04:22 Mais s'il y en a d'autres, qu'est-ce qui va encore sortir ?
04:30 Je pense qu'il n'a pas été dénoncé, car il est prêtre actuellement.
04:34 Je ne pense pas qu'on peut agresser des enfants
04:41 pour trouver une personne qui vous donne la bénédiction pour être prêtre.
04:44 Et vous recouper d'enfants après.
04:47 Il y a un truc qui va pas.
04:48 Ce que je veux dire, c'est stop.
04:52 À toutes ces violences.
04:54 Stop pour les enfants.
04:56 Mettez des éducateurs spécialisés, du personnel qualifié, mais pas des prêtres.
05:02 Ce ne sont pas des gens qui sont habilités à avoir des enfants.
05:06 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
05:09 [Musique]