Ian Brossat, sénateur PCF de Paris, invité du 18.20 franceinfo le jeudi 7 décembre 2023.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Bonsoir à vous Yann Brossin. Bonsoir Jean-François Killy.
00:03 Alors nous ne validerons pas la décision du périphérique à 50 km/h à la fin de l'année 2024.
00:09 Ça c'était ce matin l'annonce de Clément Beaune sur France Info alors que la maire de Paris
00:14 et que vous soutenez Anne Hidalgo veut cette limitation dans le cadre de son nouveau plan climat.
00:20 Ma question, que répondez-vous au ministre des Transports ?
00:24 Ce que je réponds au ministre des Transports c'est qu'il ferait bien de s'occuper de ceux dont il a la charge.
00:29 En l'occurrence il est ministre des Transports, M. Clément Beaune,
00:33 et depuis qu'il l'est il n'y a plus un seul métro qui arrive à l'heure.
00:35 Et d'ailleurs au moment où nous nous parlons il y a par exemple une panne sur 3 RER et sur la ligne 4
00:43 parce qu'il y a une fuite en ce moment à la station Châtelet.
00:46 Et c'est comme ça tous les jours.
00:48 Ça relève en l'occurrence de l'État et de la présidente de la région Île-de-France.
00:53 Et c'est comme ça tous les jours.
00:55 Et on a un ministre des Transports qui passe son temps à essayer de polémiquer avec la maire de Paris
01:00 plutôt qu'à s'occuper du dossier dont il a la charge.
01:03 Mais je vais vous donner mon sentiment.
01:05 Mon sentiment c'est qu'on a aujourd'hui un ministre des Transports qui ne s'intéresse pas aux transports
01:09 et qui ne s'intéresse qu'aux élections municipales de 2026 parce qu'il a l'intention de se présenter à Paris.
01:14 Vous sortez candidat à la mairie de Paris ?
01:16 Mais bien sûr ! Et c'est quand même dramatique.
01:18 On est à quelques mois des Jeux Olympiques, on va accueillir le monde entier à Paris.
01:23 On sait que la question des transports est une question absolument stratégique.
01:27 Et on a un ministre des Transports qui ne s'occupe pas du dossier dont il a la charge.
01:31 - Alors on va revenir un instant sur les JO.
01:34 Mais tout d'abord, il s'est dit quand même ouvert...
01:37 On reparle du périphérique, c'est pas rien, c'est pas un sujet de parisiens le périphérique.
01:41 Il y a des millions de franciliens et il y a des tas de gens qui circulent, et j'en fais partie, sur le périph.
01:46 Mais il s'est dit ouvert à une voie réservée sur le périphérique
01:50 parce qu'il faut du covoiturage, encourager les transports publics.
01:53 Alors pas les 50 km/h, mais oui à la voie réservée.
01:57 - En réalité, ce qu'il dit, c'est qu'il est d'accord avec la maire de Paris.
02:00 Mais comme il ne veut pas dire qu'il est d'accord avec la maire de Paris
02:03 parce qu'il veut se présenter contre l'équipe municipale sortante en 2026,
02:07 il est obligé de polémiquer sur tous les sujets.
02:09 Quelle est la réalité ?
02:10 La réalité, c'est qu'on a en France 40 000 morts de la pollution chaque année.
02:14 Qu'on a une espérance de vie inférieure de 8 mois pour chaque Français en raison de la pollution.
02:21 - Autant fermer le périphérique, c'est plus simple.
02:23 - Et donc, soit on fait le choix de ne rien faire et on continue comme ça,
02:27 soit on prend ses responsabilités.
02:29 Nous, ce que nous disons, effectivement, c'est qu'il faut diminuer la pollution.
02:32 Et diminuer la pollution, ça passe notamment par la réduction de la vitesse.
02:36 Et vous savez, il y a un élément dont on ne parle jamais.
02:38 Il y a 500 000 personnes qui vivent au-dessus du périphérique.
02:41 Beaucoup de locataires de logements sociaux qui subissent la pollution,
02:44 qui meurent plutôt à cause de la pollution.
02:46 Des écoles qui sont situées à quelques mètres du périphérique
02:50 et des enfants qui subissent cette pollution-là.
02:52 - Pourquoi ne pas le fermer directement ?
02:54 - Ce sera peut-être un projet à terme.
02:56 Nous ne voulons pas aller trop vite.
02:58 En tout cas, ce qui est sûr, c'est que dans l'immédiat,
03:01 ce que nous souhaitons, c'est effectivement diminuer la vitesse
03:04 parce que c'est mieux du point de vue de la pollution
03:07 et aussi une voie réservée au covoiturage.
03:09 Et donc, nous souhaitons avancer sur ce sujet.
03:12 D'ailleurs, c'était dans le projet qui a fait que nous avons été élus
03:16 aux élections municipales en 2020. Il n'y a pas de surprise.
03:18 - Il y a une brosse à l'œil. On ne va pas refaire l'histoire des municipales.
03:20 Gaspard Ganser, qui était un candidat, voulait, lui,
03:23 le supprimer, ce périphérique, pour les mêmes raisons que vous évoquez,
03:26 pour dégager du foncier.
03:27 À terme, c'est parce que l'évolution du climat est telle que nous la connaissons.
03:31 C'est ce qui va se produire. Ça fait partie de vos projets, non ?
03:34 - Je ne le sais pas à ce stade.
03:36 Ce que je sais, c'est que nous souhaitons commencer à avancer sur ce sujet, sans tarder.
03:40 Et en l'occurrence, on a un ministre qui, aujourd'hui, nous met des bâtons dans les roues
03:44 plutôt que de nous accompagner dans cette évolution qui est nécessaire.
03:47 - Donc, d'abord, 50 km/h, une voie réservée, puis peut-être plus tard, une fermeture ?
03:50 - On n'en sait rien. Je n'en sais rien à ce stade.
03:53 - Les mots de Clément Beaune, ce matin, s'adressant aux responsables politiques
03:56 à propos des JO, de l'Organisation des transports pour les JO,
03:59 il dit qu'il estime que, plutôt que de cracher sur notre pays
04:03 en disant qu'on est nuls, qu'on n'est pas prêts et qu'on n'y arrivera pas,
04:07 "retroussons-nous les manches", référence explicite à ce qu'avait dit Annie Dalgo,
04:12 "on ne va pas être prêts", avait déclaré la maire de Paris.
04:15 Qu'est-ce que vous répondez ?
04:16 - Je lui réponds qu'il rabaisse la fonction.
04:18 Et qu'un ministre, un ministre de la République, qui a la chance d'être ministre de la République,
04:22 ne doit pas parler comme ça de la maire de la capitale.
04:25 Dire que la maire de Paris crache sur son pays, qu'est-ce que ça veut dire ?
04:29 Ça veut dire que, parce qu'elle est binationale, parce qu'elle est franco-espagnole,
04:32 elle ne serait pas une bonne française.
04:34 Vous imaginez les a priori qu'on entend derrière ce propos ?
04:37 Je trouve que ces propos sont extrêmement choquants.
04:40 Ce que je vois, c'est qu'on a un ministre des Transports qui est dans le déni,
04:44 qui n'est pas capable de regarder la réalité en face,
04:46 que constatent tous les franciliens qui prennent les transports en commun.
04:49 Je prends tous les jours la ligne 4 pour me rendre soit au Sénat, soit à l'hôtel de ville.
04:54 Je vois tous les jours la dégradation des transports en commun.
04:57 Et aujourd'hui on a quoi ? On a des transports en commun qui coûtent plus cher.
05:01 Le passe Navigo a vu son prix exploser.
05:04 Et on a des transports en commun qui fonctionnent moins bien.
05:07 Et donc bien sûr, nous avons raison de tirer la sonnette d'Alain.
05:10 C'est une guéguerre entre Paris et la région Île-de-France, entre Anne Hidalgo et Valérie Pécresse ?
05:15 Ce n'est pas une guéguerre, c'est simplement un constat que font les franciliens tous les jours.
05:19 Pas seulement les parisiens, tous ceux qui prennent les transports en commun dans notre région.
05:23 Donc soit effectivement, on se retrousse les manches, on regarde la réalité en face et on règle les problèmes,
05:28 soit on fait semblant que ces problèmes n'existent pas.
05:30 Vous avez vu maintenant, le ministre des Transports a même dit,
05:33 pendant la période des JO, vous ne prendrez pas les transports en commun, vous ferez autrement.
05:36 Mais qu'est-ce que ça veut dire ? On paye notre passe Navigo plus cher,
05:39 et en plus de ça, on n'a pas le droit de l'utiliser.
05:41 On se promène comment ? On se balade comment ? Comment on va au travail ?
05:44 À Poney ?
05:45 Vous me faites rire.
05:47 Yann Brossat, vous n'avez pas la sensation que ces bagarres-là...
05:50 On est à combien ? Six mois des JO, de démémoire ?
05:54 Un peu plus.
05:56 Oui, sept, huit mois. Mais vous serez prêt ou pas ? Parce que là, au train où ça va,
06:00 avec les transports surchargés, ce que vous décrivez, des transports qui sont en mauvais état,
06:04 c'est ce que vous nous dites ce soir. Comment vous serez prêt ?
06:07 Je pense que si le ministre des Transports, si la présidente de la région Île-de-France,
06:12 décide de regarder la réalité en face, on a encore moyen de faire en sorte que les choses fonctionnent correctement.
06:19 Encore faut-il qu'ils aient les uns et les autres le courage de la lucidité.
06:23 Et aujourd'hui, ce courage de la lucidité fait défaut parce qu'il s'enferme dans un déni qui est un déni coupable.
06:29 Et par ailleurs, l'enjeu, ce n'est pas seulement les JO. L'enjeu, c'est au-delà des JO, la vie quotidienne de millions de gens
06:36 qui n'en peuvent plus de la galère dans les transports et qui ont bien raison d'en avoir ras-le-bol.
06:40 Ça veut dire quoi ? Que tout le monde doit s'asseoir autour d'une table et discuter aimablement plutôt que de s'envoyer...
06:45 Exactement. Ça veut dire que tout le monde doit accepter de travailler sans nourrir des polémiques politiciennes,
06:52 sans s'enfermer dans des a priori liés aux élections municipales de 2026,
06:57 mais avec simplement le souci de l'intérêt général, le souci du bien-être des habitants de cette région
07:03 et bien sûr de l'image que nous allons donner à l'occasion des JO.
07:06 Ultime question, c'est dans 8 mois ces JO. Tous les spectateurs pour tous les sites pourront s'y rendre en transport public.
07:13 Aucune ville haute n'a fait ça. Nous le ferons, clame Clément Beaune. Vous le croyez ?
07:18 En tout cas j'aimerais le croire et j'aimerais aussi que les franciliens, les habitants de cette région,
07:24 les parisiens aussi, puissent bénéficier de transports en commun qui fonctionnent correctement.
07:28 Nous verrons bien. Merci à vous Yann Brossat, sénateur de Paris, coprésident du groupe communiste au Conseil de Paris
07:34 et porte-parole du parti communiste français d'être venu ici même vous exprimer sur France Info.