Bruno Le Maire : "Nous n'avons plus les moyens de mener la politique du chèque"

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Bruno Le Maire ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique est l'invité de Questions politiques ce dimanche. L'invité des 10 dernières minutes : Jérôme Fourquet, Auteur de "La France d'après. Tableau politique" (éd du Seuil)

Plus d'infos : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/questions-politiques/questions-politiques-du-dimanche-12-novembre-2023-8551005

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00:00 [Musique]
00:08 Bonjour, ravi de vous retrouver pour "Questions politiques", l'émission politique du dimanche sur France Inter,
00:14 diffusée sur France Info, la télé, Canal 27 et en partenariat avec le journal "Le Monde".
00:19 Notre invité ce dimanche attend avec prudence la prochaine note de la France, de l'agence américaine Standard & Poor's.
00:26 Faudra-t-il faire de nouvelles économies au moment où l'inflation faiblit, certes, mais se poursuit,
00:31 et alors que le chômage recommence à grimper depuis quelques semaines dans notre pays ?
00:36 Notre invité est aussi un homme de lettre et un homme de droite.
00:39 Nous lui demanderons ce qu'il pense du nouveau projet de loi sur l'immigration.
00:42 Est-ce qu'il est d'accord avec la réécriture qui en a été faite cette semaine au Sénat ?
00:47 Mais avant cela, ira-t-il cet après-midi à la marche pour la République et contre l'antisémitisme ?
00:53 Cet ancien chiracien peut-il défiler aux côtés du Rassemblement National ?
00:58 Nous lui poserons la question dès le début de cette émission.
01:01 Vous l'aurez compris, c'est Bruno Le Maire, le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique,
01:08 qui est notre invité dans "Questions politiques", en direct et jusqu'à 13h.
01:11 Bonjour Bruno Le Maire.
01:19 Bonjour Karine Bécard.
01:20 Merci d'avoir accepté notre invitation.
01:22 Pour vous interviewer, j'ai à mes côtés deux des meilleurs observateurs de la vie politique.
01:27 Françoise Fressoz du journal Le Monde. Bonjour Françoise.
01:30 Bonjour Karine. Bonjour à tous.
01:32 Ne rosissez pas, c'est vrai.
01:33 Et Guillaume Darré. Bonjour Guillaume.
01:34 Bonjour Karine. Bonjour à tous.
01:35 De France Télévisions.
01:36 Chaque dimanche, on commence dans "Questions politiques" avec vos images de la semaine.
01:41 Bruno Le Maire, qu'est-ce qui vous a marqué en particulier, vous, cette semaine ?
01:45 Alors je vais vous surprendre, mais ce qui m'a marqué c'est l'Ukraine.
01:49 Nous sommes en train d'oublier l'Ukraine.
01:52 Et ce qui se joue en Ukraine, c'est tout simplement l'avenir de l'Europe.
01:57 Est-ce que nous sommes une puissance politique ou simplement un supermarché commercial ?
02:01 Et alors quelle image vous avez choisi ?
02:03 J'ai donc choisi cette image de Vladimir Poutine avec monsieur Choygout,
02:08 avec cette map-monde à l'arrière, une image qui rappelle furieusement les images du dictateur de Chaplin
02:16 et qui doit nous rappeler que le régime de Vladimir Poutine est un régime autoritaire,
02:20 que nous sommes des démocraties et que les démocraties doivent faire preuve d'autorité et de constance
02:26 pour défaire Vladimir Poutine et permettre à l'Ukraine de l'emporter.
02:31 On a oublié l'Ukraine.
02:33 On est en train, c'est le risque. L'image chasse l'autre, l'actualité chasse l'actualité.
02:38 Et nous oublions qu'il y a un peuple qui, en 2014, s'est dressé pour affirmer sa liberté et sa souveraineté à Maïdan.
02:45 Qui, dix ans plus tard, se bat en enregistrant des pertes qui sont très lourdes pour sa liberté, pour sa souveraineté.
02:53 Un peuple qui veut rejoindre l'Europe.
02:55 Nous avons été avec le président de la République depuis le début aux côtés du peuple ukrainien.
03:00 L'Europe est aux côtés du peuple ukrainien, mais elle doit le réaffirmer.
03:04 Et nous devons être capables de penser la globalité des conflits qui sont en cours.
03:08 Il y a un conflit au Proche-Orient. Il y a un conflit qui se poursuit à l'approche de l'hiver en Ukraine.
03:13 Nous devons redire notre soutien à l'Ukraine.
03:16 Et donc les aider, leur donner plus d'armements, c'est ce qu'ils réclament en permanence.
03:19 J'ai reçu la vice-première ministre ukrainienne avant-hier dans mon bureau.
03:23 Je lui ai rappelé le soutien financier de la France qu'a souhaité le président de la République.
03:27 Je lui ai rappelé que nous participerions à l'aide de près de 50 milliards d'euros qui est prévue par l'Union Européenne pour l'Ukraine.
03:33 Mais je pense que dans ces moments où, une fois encore, une actualité chasse l'autre,
03:38 il est bon de faire preuve de constance, d'entre détermination, pour défendre la liberté du peuple ukrainien à leur côté.
03:45 Même question pour vous, Françoise Fresseau. Qu'est-ce que vous avez repéré dans l'actualité politique de cette semaine ?
03:50 C'était l'examen du projet de loi immigration au Sénat.
03:53 Et la photo que j'ai retenue, c'est au fond deux visages.
03:56 Au premier plan, celui de Gérald Darmanin qui est le ministre de l'Intérieur.
03:59 Et à l'arrière-plan, un peu déconcerté, celui de Bruno Retailleau, le patron des sénateurs, les Républicains.
04:06 Alors l'idée, en arrivant à cette discussion, c'était que l'un allait faire plier l'autre.
04:11 Autrement dit que Bruno Retailleau allait exiger qu'une des dispositions du texte,
04:15 visant notamment à régulariser les sans-papiers qui travaillent dans les métiers en tension, soit enlevée.
04:21 Finalement, il y a eu un compromis, mais personne n'a perdu la face.
04:24 C'est-à-dire que le texte a été globalement très durci à droite.
04:28 Et en même temps, Gérald Darmanin a réussi à obtenir que cette disposition soit maintenue dans un cadre un peu plus restrictif.
04:36 Alors, qu'est-ce qu'on peut tirer comme leçon ?
04:39 Que le pire n'est jamais sûr. C'est-à-dire que quand on discute, on arrive parfois à s'entendre.
04:43 Gérald Darmanin en arrive à la conclusion qu'au fond, on peut peut-être éviter le 49.3 sur ce texte.
04:49 Et que ce texte qu'il disait absolument impossible à faire passer, peut-être qu'on y arrivera.
04:54 C'est préjugé de beaucoup de l'avenir. Ça doit maintenant passer à l'Assemblée nationale en décembre, où le rapport de force n'est pas du tout identique.
05:02 Et donc, on verra à ce moment-là si Gérald Darmanin arrive à tenir son pari d'une discussion 149.3.
05:10 Je n'y mettrai pas ma main au feu, mais c'est vrai que la première étape a été pour lui une réussite.
05:15 Alors, l'immigration, on va en reparler, mais j'ai l'impression que ça vous fait sourire.
05:17 Vous avez un petit rictus, si je puis me permettre, sur les lèvres. Il signifie quoi ce petit rictus, Bruno Le Maire ?
05:21 Je soutiens ce que dit François Strassaud. J'espère que nous aurons un accord sur ce texte, un texte important.
05:26 Vous y croyez vraiment ou pas ?
05:27 Oui, moi j'y crois. Je suis un tempérament volontariste. Gérald Darmanin a fait un travail absolument remarquable pour bâtir ce texte.
05:34 Et nous avons besoin de ce texte qui réaffirme une chose très simple.
05:37 C'est que toute personne qui est en situation irrégulière sur notre territoire doit quitter le territoire.
05:44 Et nous devons nous donner les moyens de le faire quitter ce territoire. C'est l'objet de ce texte. Je le soutiens.
05:49 Et je trouve que Gérald a fait un travail tout à fait remarquable.
05:51 Mais 49.3 ou pas 49.3 ? C'est ça la question ?
05:54 Je souhaite que nous puissions trouver un accord. C'est toujours mieux de trouver un accord politique plutôt que de passer par le 49.3.
06:00 On va revenir sur l'AME, on va revenir sur le groupement familial, etc.
06:03 Dernière question, je vous la pose à vous également, Guillaume Darré. Après la droite, un petit coup d'œil avec vous sur ce qui se passe à gauche.
06:09 Regardez cette députée. Pour moi, c'était l'une des images de la semaine.
06:11 Effectivement, Raquel Garrido, députée de la France Insoumise, qui a donc été sanctionnée pour cette montrée trop critique à l'égard des instances de son parti et de son patron de ce parti, Jean-Luc Mélenchon.
06:22 Alors là, elle est à la tribune.
06:23 Absolument. Sanctionnée, justement. C'est une image que vous n'allez plus pouvoir voir pendant quatre mois puisqu'elle a été punie, sanctionnée.
06:28 Pendant quatre mois, elle n'aura plus le droit de prendre la parole dans les débats au nom de la France Insoumise.
06:32 Alors, elle a hurlé au scandale en expliquant notamment que c'était la même sanction qu'Adrien Quatennens à l'époque.
06:37 Ce n'est pas tout à fait la même chose. Adrien Quatennens, lui, avait été exclu temporairement du groupe, ce qui est un peu différent.
06:43 Ce qui est marquant, quand même, c'est que ça symbolise cette implosion de la nupe, que ce soit entre les partis et la France Insoumise.
06:48 Et ces critiques de plus en plus fortes, quand même, y compris au sein de la France Insoumise, on n'y était pas quand même habitués.
06:55 Pas grand monde aurait parié non plus, Karine, que ce débat aurait lieu sur les questions internationales il y a quelques mois.
07:00 C'est sûr.
07:01 Ce qui est marquant aussi, c'est entendre peut-être pour les premières fois quelqu'un qui est un responsable du parti dire que, je cite,
07:06 la France Insoumise peut se passer dans Jean-Luc Mélenchon.
07:10 Alors, au-delà de ces critiques, il faut faire attention. Il ne faut pas croire que Jean-Luc Mélenchon, ça va forcément l'affaiblir,
07:15 parce qu'il va se retrouver au contraire avec des gens qui seront plus resserrés autour de lui, un parti plus homogène.
07:20 Et derrière ça, il y a une stratégie de Jean-Luc Mélenchon. C'est que lui et ses proches sont convaincus d'une chose.
07:25 C'est tout simplement que c'est la radicalité qui fait leur succès. La radicalité qui leur permet de garder entre 10 et 15% potentiellement pour l'élection présidentielle.
07:33 Et radicalité, c'est ce qu'il espère, qui lui permettrait de mobiliser ses électeurs, mais aussi des abstentionnistes, notamment en banlieue.
07:40 On voit bien que le fait que le Rassemblement National, que Marine Le Pen, que Jordane Bardella aient annoncé leur participation à cette marche,
07:51 en change un peu la nature. Mais beaucoup de personnes d'en embarrassent. Ce n'est pas pour ça que nous n'irons pas.
07:55 Mais moi, j'entends le malaise, je le partage.
07:57 Vous êtes embarrassée ?
07:58 Évidemment. Évidemment. En plus, je vous dis ça, je suis élue dans la circonscription de Marine Le Pen depuis 2014.
08:04 Ma mairie est Rassemblement National. Que le 4 décembre, pour la Sainte-Barbe, la Sainte-Patronne des mineurs, nous défilerons dans la ville,
08:11 que pour le 14 juillet, nous défilons avec les pompiers, ça m'est déjà arrivé.
08:15 Mais j'avoue que sur ce sujet de l'antisémitisme, ça m'embête encore un peu plus et je pense que ça dessert le sujet parce que c'est ce sujet-là.
08:23 Alors, vous avez reconnu Marine Tondelier, la secrétaire nationale des écologistes.
08:29 Elle était ce matin l'invitée de la matinale de France Inter, présentée par Marion Lourd et Ali Baddou.
08:33 Bournou Lemaire, est-ce que vous irez, vous, cet après-midi, marcher pour la République, contre l'antisémitisme ?
08:39 Et est-ce que défiler avec le Rassemblement National vous pose un problème ?
08:43 Oui, j'irai cet après-midi à la marche contre l'antisémitisme.
08:48 J'y vais sans aucune hésitation.
08:51 Et j'y vais pour passer un message simple.
08:54 Non à l'antisémitisme.
08:56 Cette marche n'est pas la marche des partis politiques.
08:59 Elle n'est pas la marche du parti majoritaire ou des oppositions.
09:02 Elle n'est pas la marche des élus.
09:04 Elle est la marche de tous les Français.
09:07 Donc qu'on soit élu ou qu'on ne le soit pas.
09:09 Qu'on soit dans l'opposition ou dans la majorité.
09:11 Que l'on soit citoyen français de confession juive ou de confession musulmane ou de confession catholique ou sans confession.
09:20 Qu'on croit ou qu'on ne croit pas.
09:22 Nous devons tous défiler pour dire non à l'antisémitisme.
09:27 Le Président de la République, compris ?
09:29 Le Président de la République s'est exprimé très clairement dans la lettre qu'il a adressée ce matin aux Français.
09:34 Il a pris une position qui est, je crois, d'une clarté limpide contre l'antisémitisme.
09:38 Mais il ne s'explique pas. Sur sa non-venue, il ne s'explique pas.
09:40 Le Président de la République a une position particulière dans nos institutions.
09:43 Et je voudrais que nous évitions toute politisation de cette manifestation.
09:49 Nous avons une responsabilité particulière à l'égard de nos compatriotes de confession juive.
09:55 Ils appartiennent à la nation française depuis des siècles.
09:59 Ils ont eu droit à un statut accordé par Napoléon Bonaparte au début du 19ème siècle.
10:04 Il y a eu une première trahison de nos compatriotes de confession juive dans les années 40.
10:11 Avec le statut des Juifs du maréchal Pétain.
10:15 Avec la rafle du Veldiv.
10:18 Et la déportation de majeurs et d'enfants de nationalité française et de confession juive.
10:24 Ça a été la première trahison.
10:26 Je ne voudrais pas que la France vive une seconde trahison de nos ressortissants français de conception juive.
10:33 - C'est assez grave ce que vous dites. Pourquoi est-ce que vous pensez qu'il pourrait y avoir une telle trahison ?
10:38 - Parce que quand je vois les hésitations de certains.
10:41 Quand je vois le refus d'autres de condamner cet antisémitisme.
10:46 Quand je vois la relativisation des milliers d'actes que nous avons connus, plus importants depuis le 7 octobre que tout ce qui a été connu depuis deux années.
10:54 Quand je vois le silence, parfois assourdissant.
10:58 Je me dis, reprenons conscience de ce qui se joue ici.
11:02 Ce qui se joue ici, c'est l'avenir de la nation française.
11:07 Pas simplement l'avenir des ressortissants de confession juive.
11:10 C'est l'idée même que nous nous faisons de la nation française.
11:13 Qui protège tous ces ressortissants, tous ces compatriotes, quelle que soit leur confession.
11:18 Et qui les protège avec fermeté, sans aucune once d'hésitation.
11:23 Je vois aujourd'hui trop d'hésitation, trop de silence, trop de non-dit.
11:27 Nous avons cet après-midi, 15h, l'occasion unique de dire tous non à l'antisémitisme.
11:34 Et notre voix ne doit pas trembler.
11:36 Le silence n'est pas possible.
11:38 La parole est nécessaire.
11:40 Nous le devons à nos ressortissants de confession juive.
11:43 Et nous le devons à l'idée que nous nous faisons d'une nation française universelle.
11:48 Qui protège tous ses concitoyens, quelle que soit leur confession.
11:51 C'est très clair. Mais on ne peut pas effacer les étiquettes, malgré tout, Bruno Le Maire.
11:55 Mais peu importe les étiquettes, ça ne trompe personne.
11:58 Les Français sont lucides.
12:00 Ils savent parfaitement que le RN a un passé antisémite.
12:04 Je suis suffisamment âgé dans la vie politique pour avoir encore en mémoire
12:08 les propos de Jean-Marie Le Pen sur nos compatriotes de confession juive.
12:13 Les jeux de mots plus qu'hasardeux pour lesquels il a été condamné.
12:16 Les Français le savent très bien.
12:18 Ils sont lucides, ils ont de la mémoire, ils ont le sens de l'histoire.
12:21 Il n'a échappé à personne que la France Insoumise avait refusé de qualifier
12:26 le Hamas d'organisation terroriste.
12:28 Mais vous êtes un ancien chiracien, Bruno Le Maire.
12:30 Tout cela n'a échappé à personne.
12:32 Jacques Chirac n'aurait jamais défilé aux côtés du RN ?
12:34 Il ne s'agit pas de défiler aux côtés de tel ou tel parti politique.
12:38 Il ne s'agit pas de défiler contre.
12:40 Il s'agit de défiler pour protéger nos compatriotes de confession juive.
12:45 Il s'agit de défiler pour la nation française.
12:48 Et pour l'idée que je me fais de la citoyenneté.
12:51 Être citoyen français, c'est être citoyen quelle que soit votre confession
12:54 et avoir droit à la protection absolue.
12:56 Mais la peur de nos ressortissants de confession juive
13:00 devrait être une honte pour chacun d'entre nous.
13:03 On devrait vivre comme une honte le fait que certains renoncent à porter leur kippa,
13:07 que certains aient retiré leur mezuzah de l'entrée de leur appartement,
13:11 que d'autres refusent de porter une simple décoration,
13:15 ou un simple bracelet, ou un simple pendentif avec la croix de David.
13:20 Que certains aient encore peur de faire cela aujourd'hui en France
13:23 devrait être une honte pour chacun d'entre nous.
13:25 Mais qu'est-ce qui s'est tué à la retraite dans cet esprit de citoyenneté ?
13:28 Est-ce que c'est la montée des communautaristes ?
13:30 Qu'est-ce qui vous alerte ?
13:32 Ce qui se joue évidemment c'est l'idée que l'on se fait d'une nation
13:35 qui soit est une nation de citoyens, soit une somme de communautés.
13:40 Nous devons rester une nation de citoyens.
13:43 Et pas devenir une somme de communautés.
13:45 Et j'en appelle à la conscience individuelle.
13:48 Il y a une magnifique phrase de Franz Kafka qui disait
13:50 "Le niveau de la masse dépend de la conscience de l'individu".
13:54 Eh bien j'en appelle à la conscience de chaque individu.
13:57 Si nous voulons que le niveau de la France reste celui d'une grande nation,
14:01 la nation de l'universel, la nation des droits de l'homme et de la protection de citoyens,
14:04 j'en appelle à la conscience individuelle de chacun.
14:07 Venez défiler et venez dire non à l'antisémitisme.
14:10 Le conflit en ce moment qui oppose Israël au Hamas est un dossier extrêmement compliqué
14:16 qu'on ne va pas récler là en quelques heures, en quelques minutes que dis-je, dans "Questions politiques".
14:20 Votre regard simplement à vous sur la situation,
14:23 est-ce qu'Israël aujourd'hui va malgré tout trop loin et a enfreint un certain nombre de règles ?
14:30 Je pense évidemment aux règles internationales de la guerre, je pense aussi aux règles du droit humanitaire.
14:33 Est-ce qu'il faut des limites ?
14:35 Bien sûr qu'il faut des limites. Il faut des limites à toute intervention militaire.
14:40 Ce sont les limites du droit de la guerre.
14:43 Elles existent, elles sont fixées et Israël doit les respecter comme n'importe quelle autre démocratie.
14:48 Mes quelques remarques, d'abord simples, mais dans ce temps de grande confusion,
14:52 je pense qu'il faut faire preuve de beaucoup de clarté.
14:54 D'abord, il y a les actes antisémites en France et il y a le conflit au Proche-Orient.
15:00 Et j'aimerais qu'on sépare de manière très distincte les deux.
15:03 La deuxième chose, c'est que l'attaque du 7 octobre dernier est l'attaque la plus brutale,
15:10 la plus sanglante, la plus violente qu'il n'y ait jamais eu à connaître Israël.
15:14 Et que cette attaque, non seulement elle est un déchirement et un bouleversement pour les Israéliens,
15:20 elle remet aussi en cause le droit des Juifs à avoir une terre, avoir une place dans ce monde.
15:27 Il faut comprendre ce traumatisme.
15:29 Les Juifs, aujourd'hui, s'interrogent, après cette attaque du 7 octobre, sur leur droit à avoir une terre.
15:36 Troisième remarque, très simple, n'oublions jamais que nous avons perdu 40 de nos compatriotes.
15:39 On a l'impression qu'il n'y a pas eu 40 Françaises et Français qui sont morts dans cette attaque.
15:44 Il y a eu 8 otages et il y a toujours 8 otages.
15:48 Le président de la République l'a rappelé au tout début de son appel ce matin dans Le Parisien.
15:53 Pensons à ces otages, pensons à ce que vivent les familles des otages actuellement,
15:57 chaque heure, chaque jour, chaque semaine.
16:00 Enfin, toute dernière chose, Israël a un droit absolu à la sécurité.
16:06 Et Israël a un devoir, c'est de respecter le droit de la guerre, le droit international.
16:13 Je n'oublie pas qu'il y a aujourd'hui des milliers d'habitants à Gaza, d'enfants,
16:19 qui vivent aussi dans la peur, qui sont bombardés, qui meurent dans ces combats.
16:24 Et personne ne mérite cette vie-là.
16:26 Bruno Le Maire, est-ce que vous diriez aujourd'hui que la riposte menée par Israël est légitime ou excessive ?
16:32 La riposte est légitime, puisqu'Israël a un droit à se défendre.
16:37 Est-ce qu'elle est excessive ou non, ce n'est pas à moi de le juger.
16:39 Mais nous appelons, comme l'a fait très clairement le président de la République,
16:42 à des choses qui sont simples et légitimes.
16:45 Respecter le droit international, parce qu'Israël est une grande démocratie
16:49 et qu'une grande démocratie doit respecter le droit international
16:52 pour ne pas faire le jeu de ceux qui nous attaquent et qui, eux, ne respectent absolument aucun droit,
16:58 et certainement pas le droit à la vie.
17:00 Le jugement sur la proportionnalité de cette attaque, ce n'est certainement pas à moi de le faire.
17:05 Pour vous, elle n'est pas excessive ?
17:06 Et il faut, en troisième lieu, qu'il y ait le plus possible, le plus rapidement possible,
17:12 qu'au-delà de l'aide humanitaire, nous parvenions à une solution politique.
17:16 Il n'y a que la solution politique.
17:18 Mais vous ne disiez pas le mot "cesser le feu" ?
17:20 Il y a une solution politique dans cette région-là ?
17:23 Le déplacement qu'a fait le président de la République au tout début du conflit,
17:27 je pense qu'il ouvre les lignes d'une solution.
17:30 Il faut parler à l'Egypte, il faut parler à la Jordanie, il faut parler aux Émirats Arabes Unis,
17:34 il faut parler avec l'Arabie Saoudite.
17:36 Il faut tout faire pour empêcher un embrasement du conflit,
17:40 avec notamment l'implication de l'Iran, d'Huezbola au Liban,
17:44 et derrière, ça revient à ma première remarque à la Russie de Vladimir Poutine,
17:47 ne soyons pas naïfs là-dessus,
17:49 l'embrasement du conflit doit être évité à tout prix.
17:52 C'est la priorité absolue du président de la République,
17:55 c'est la priorité absolue des États européens.
17:57 Est-ce que ce conflit, pour finir sur le Proche-Orient, Bruno Le Maire,
18:01 a aujourd'hui des impacts sur l'économie française ?
18:03 Pas d'impact significatif aujourd'hui, mais conflit local, impact local,
18:09 conflit global avec un embrasement de tout le Moyen-Orient
18:12 et une implication de l'Iran, signifierait évidemment conséquences globales.
18:17 Ne vivons pas une troisième grande crise économique après la crise du Covid
18:22 et après la crise inflationniste, tout doit être fait pour éviter l'embrasement du conflit.
18:26 Alors voilà, l'économie en tout cas en France reste fragilisée,
18:29 vous me permettez de faire ma transition, c'est parfait,
18:31 par le niveau de son inflation notamment, elle a baissé,
18:34 elle est aujourd'hui de l'ordre de 4%, vous me corrigerez si je me trompe,
18:38 évidemment je compte sur vous, mais sur les prises alimentaires,
18:41 elle reste tout de même à 7,7% pour le mois d'octobre.
18:45 A quand un retour à la normale ? Est-ce que vous réussissez à le quantifier, à l'imaginer ?
18:49 Le retour à la normale, il est en cours.
18:51 Je rappelle qu'au début de la crise inflationniste, nous avions plus de 6%,
18:55 c'était au début de 2022, plus de 6% de niveau d'inflation.
19:00 Aujourd'hui on est à 4, on était à 4,9% le mois précédent,
19:03 donc on est en train de gagner cette bataille contre l'inflation
19:06 et la crise inflationniste est derrière nous, je le confirme.
19:10 Nous aurons en 2024 un peu plus de 2% d'inflation,
19:13 donc nous allons revenir à la normale.
19:15 Une fois encore, la seule réserve que je mets, c'est s'il y a un embrasement au Proche-Orient
19:19 qui aurait un impact sur les prix de l'énergie.
19:22 Après que ça reste très dur sur les prix alimentaires, bien sûr,
19:24 c'est pour ça que nous avons avec Olivia Grégoire fait adopter cette loi
19:28 qui permet d'anticiper les négociations commerciales,
19:30 que nous continuons à rassembler distributeurs, industriels,
19:33 pour faire baisser le plus vite possible les prix alimentaires.
19:36 Mais la conclusion qu'il faut tirer de tout cela,
19:38 c'est que nous aurons réussi en moins de deux ans à sortir de la crise inflationniste,
19:42 là où dans les années 70, il avait fallu 10 ans.
19:45 Donc il faut poursuivre nos efforts, nous sommes dans la bonne voie
19:48 et nous devrions revenir à la normale dans le courant de l'année 2024.
19:51 Alors l'autre signal, c'est le chômage.
19:53 Trois ans de baisse, ce qui mérite d'être salué,
19:56 mais une légère hausse au troisième trimestre,
19:58 parce que la croissance est nettement plus basse
20:01 et que les prévisions ne sont pas forcément très glorieuses.
20:04 Est-ce que vous pensez que vous allez quand même, malgré tout,
20:07 tenir le cap du plein d'emploi,
20:08 ou est-ce qu'il faut prendre de nouvelles mesures pour y parvenir ?
20:11 Il est impératif de tenir le cap du plein d'emploi.
20:14 D'abord parce que c'est bon pour la société française,
20:16 qui n'a pas connu le plein d'emploi, je le rappelle, depuis un demi-siècle.
20:19 Et ensuite parce que c'est une promesse du Président de la République
20:21 et que ma responsabilité de ministre d'Économie et des Finances
20:23 est de tenir les promesses du Président de la République.
20:25 Mais alors comment on fait ? Est-ce qu'il faut augmenter certaines mesures ?
20:28 Je voudrais tendre le coup à une idée reçue,
20:31 qui est qu'on pourrait arriver mécaniquement et naturellement au plein d'emploi.
20:34 Nous n'y arriverons ni mécaniquement, ni naturellement.
20:38 Si nous voulons passer d'un peu plus de 7 à 5% de taux de chômage,
20:41 il va falloir prendre trois séries de décisions supplémentaires.
20:45 La première, elle porte sur le logement.
20:48 Une des grandes difficultés aujourd'hui pour les jeunes qui démarrent dans la vie,
20:51 pour les jeunes salariés, c'est qu'ils voudraient venir travailler,
20:54 je ne sais pas, moi, aux Herbiers en Vendée, qui a le plein d'emploi,
20:56 mais ils ne peuvent pas parce qu'il n'y a pas de logement,
20:58 ou que les logements sont trop chers.
21:00 Donc le logement doit être une priorité absolue pour des raisons sociales,
21:04 mais aussi pour des raisons économiques, et je pense en particulier
21:07 à ces jeunes actifs, ces jeunes salariés, qui ne peuvent pas aujourd'hui se loger
21:10 dans les zones où pourtant il y a du travail.
21:13 Ça veut dire que l'État doit être très interventionniste sur la politique du logement,
21:16 pour réserver certains logements, par exemple ?
21:19 Je vais en discuter avec Christophe Béchut, avec Patrice Vergrit, le ministre du Logement,
21:23 mais il faut mettre toutes les options sur la table,
21:25 et ne reculer devant aucune des options possibles.
21:28 Donc baisser les taux d'emprunt, etc. ?
21:30 Parce que pour l'instant, personne n'arrive à...
21:32 Ça, le taux d'emprunt, la négociation que j'ai avec les gouverneurs de la Banque de France,
21:35 nous allons essayer de donner un accès plus simple et plus rapide au crédit,
21:39 mais plus globalement, il faut offrir des logements dans des conditions
21:43 beaucoup plus attractives à tous ceux qui démarrent dans la vie active
21:46 et qui sont bloqués uniquement par cette question-là.
21:48 C'est la première condition.
21:50 La deuxième, c'est d'offrir des compétences, des qualifications
21:54 qui correspondent à la demande des entreprises.
21:56 Regardez, vous avez vu une tempête en Bretagne ?
21:58 Aujourd'hui, si vous voulez rénover votre maison,
22:01 bon vent, c'est le cas de le dire, pour trouver un couvreur.
22:04 Vous n'en trouverez pas.
22:06 Vous voulez construire des centrales nucléaires, c'est le choix qu'a fait le président de la République.
22:09 Cherchez un soudeur nucléaire, vous n'en trouverez pas.
22:12 Donc il y a plein de métiers sur lesquels il n'y a pas d'adéquation
22:15 entre la demande des entreprises et l'offre de qualification.
22:18 La réforme qu'ont engagé le président de la République et la première ministre du lycée professionnel
22:22 est décisive pour qu'on forme les jeunes au métier dont nous avons besoin.
22:27 Et alors la troisième condition ?
22:28 La troisième condition, c'est que notre modèle social soit moins attractif
22:32 pour ceux qui ne travaillent pas.
22:35 Alors je sais que c'est difficile à entendre, mais très concrètement,
22:38 nous avons déjà engagé une réforme du marché du travail très importante,
22:42 nous avons engagé une réforme de l'assurance chômage très importante,
22:46 en réduisant les délais d'indemnisation, je pense que c'est des mesures qui étaient nécessaires.
22:52 Mais si le chômage monte, il va falloir augmenter les indemnités.
22:55 Est-ce qu'il faut aller plus loin pour que notre modèle social soit plus attractif pour le travail
23:01 et moins attractif pour ceux qui ne travaillent pas ?
23:03 Ma réponse est oui.
23:05 Mais ça veut dire quoi ?
23:06 Ça veut dire qu'il faut regarder s'il faut aller plus loin sur les réformes de l'assurance chômage, je crois que oui.
23:12 Il faut regarder comment est-ce que sur notre politique de charge,
23:16 on arrive à avoir des salaires nets qui soient plus élevés pour les salariés.
23:21 Que notre modèle social, et je ne vais pas apporter des réponses précises à chacune de ces questions,
23:25 je dis simplement que ce problème doit à nouveau être remis sur le métier.
23:29 Que nous ayons un modèle social plus attractif pour ceux qui travaillent,
23:33 avec de meilleures rémunérations nets à la fin du mois et moins attractifs pour les salariés.
23:37 Mais je vous ai bien entendu, ça veut dire que les indemnités doivent baisser encore.
23:40 Il faut faire des économies, ça coûte trop cher à l'État.
23:43 Il faut remettre le sujet sur la table.
23:45 Regardez ce qui a été fait sur l'RSA, c'est courageux, c'était absolument indispensable.
23:49 Que l'RSA ne soit pas seulement une indemnisation, mais un encouragement et un accompagnement
23:54 pour reprendre une activité, pour aider ceux qui sont le plus éloignés du marché du travail
23:58 à revenir sur le marché du travail.
24:00 Est-ce qu'on peut prendre ce genre de mesures difficiles quand on est en fin de mandat
24:06 ou en tout cas au milieu d'un quinquennat qui se termine ?
24:09 Est-ce qu'il ne faut pas un peu plus de courage politique qu'aujourd'hui ?
24:12 C'est intéressant ce que vous venez de dire François Sfresouz.
24:14 Vous venez de dire un quinquennat qui se termine.
24:16 Il reste trois ans et demi, vous avez raison.
24:19 J'ai l'impression que dans la tête de beaucoup de gens, le quinquennat se termine.
24:21 Mais pour moi, il commence.
24:22 Je suis très simple comme garçon, nous sommes en 2023.
24:25 Un an après l'élection présidentielle de 2022.
24:28 On a le sentiment qu'on est un an avant l'élection présidentielle de 2027.
24:31 Non, je le redis, nous sommes un an après l'élection présidentielle de 2022.
24:35 Donc c'est maintenant qu'il faut décider.
24:37 J'en donne un fond de ma pensée.
24:39 Nous sommes à un tournant du quinquennat.
24:41 Un tournant important d'abord parce qu'il y a des crises internationales majeures
24:45 qui ont un impact très profond sur notre vie quotidienne.
24:48 On en a parlé, le Proche-Orient, l'Ukraine.
24:50 Et en deuxième lieu parce qu'il y a une question à laquelle il faut que nous répondions.
24:54 Est-ce que nous continuons dans la voie des réformes de structure,
24:57 qui sont l'ADN même de cette majorité, et l'ADN du président de la République,
25:02 pour obtenir les résultats que nous avons promis aux Français ?
25:04 Plus d'industrie, plus d'usines, le plein emploi,
25:07 et une nation qui est devenue la plus attractive pour les investissements étrangers en Europe.
25:10 En attendant, Bruno Le Maire, vous continuez à distribuer des aides.
25:13 Ou est-ce que nous estimons, comme Françoise Fressoz, comme vous le sous-entendez,
25:17 que dans le fond c'est trop difficile ?
25:19 En fait, il y a eu la réforme des retraites.
25:21 Il y a eu la réforme des retraites, qui a mis le pays à feu et à sang.
25:24 Et que la réforme des retraites serait pour solde de tout.
25:26 Vous, ce n'est pas votre conviction.
25:27 Ma conviction, inébranlable, c'est que notre ADN,
25:32 c'est la transformation économique, sociale, financière de la France,
25:36 pour qu'elle soit plus attractive, que tout le monde ait un job,
25:40 un job qui soit bien payé, une nation qui devienne non plus une nation simplement de consommateurs,
25:46 mais une grande nation de production industrielle et agricole.
25:49 Et pour ça, il ne faut certainement pas lâcher le levier des transformations en profondeur du pays.
25:56 C'est ce que je défends et je continue à défendre.
25:58 Ce n'est pas la conviction de toute la majorité ?
25:59 Peut-être, mais une majorité, ça s'entraîne.
26:01 Il faut entraîner la majorité vers ces décisions-là.
26:04 J'ai la conviction que notre majorité, qui a toujours répondu présent quand c'était difficile,
26:08 qui a voté la réforme des retraites alors qu'aucune des oppositions n'a su prendre ses responsabilités,
26:13 les Républicains en tête.
26:14 Notre majorité n'attend que ça.
26:16 Est-ce que c'est compatible ce que vous êtes en train de dire, d'expliquer, Bordelemaire,
26:20 avec les deux chèques dont on a appris l'existence cette semaine ?
26:23 Je les rappelle pour ceux qui nous écoutent, on a appris cette semaine qu'il y aurait une aide exceptionnelle
26:27 de Noël jusqu'à 200 euros pour 800 000 familles monoparentales.
26:31 C'est une concession qui a été faite au député PS à l'occasion des débats sur le budget.
26:36 Et puis autre cadeau, un nouveau chèque carburant de 100 euros en début d'année prochaine,
26:41 en début d'année 2024.
26:42 Ce qui fait au total une enveloppe d'un peu plus de 300 millions, je crois, si j'ai bien calculé.
26:46 Bordelemaire, est-ce que la politique du chèque continue à être appliquée au gouvernement ?
26:51 Non. J'étais contre ces propositions, chacun le sait, mais ça fait partie de la vie gouvernementale.
26:56 Il arrive que des arbitrages...
26:58 Vous l'avez dit à Quai de Droit, vous l'avez dit au Président de la République, au Premier ministre.
27:01 Le Président de la République n'a pas à s'occuper du chèque de ce montant-là.
27:05 Je pense qu'il a d'autres responsabilités.
27:06 Je dis simplement que nous n'avons plus les moyens de mener cette politique.
27:11 Et que par ailleurs, je pense qu'elle n'est pas bonne pour le pays.
27:14 Prenez l'intimité carburant-travailleur.
27:16 C'est une bonne décision qui a été prise par le Premier ministre et par le Président de la République,
27:19 il y a six mois, pour dire que si jamais il y a une flambée des prix à la pompe,
27:24 il faut que la personne qui travaille puisse être aidée pour que ça reste rentable d'aller travailler.
27:29 Je suis cohérent avec ce que je venais de vous dire.
27:31 On l'avait limitée jusqu'au cinquième décile.
27:34 C'est-à-dire vraiment les personnes les plus modestes qui ne peuvent pas se payer cette augmentation des prix des carburants.
27:39 Alors que là, vous avez rouvert.
27:40 On rouvre.
27:41 On va au sixième décile pour être très technique.
27:43 Et pourquoi pas le septième, pourquoi pas le huitième ?
27:44 À un moment donné, il faut dire stop, nous n'avons plus les moyens.
27:47 C'est quoi la ligne économique du gouvernement ?
27:50 Parce que visiblement, il y a le ministre de l'économie qui n'est pas sur la ligne de la Première ministre.
27:53 N'exagérons pas l'importance de cette décision.
27:57 Elle représente de l'ordre de 160 millions d'euros.
28:00 Donc n'exagérons pas l'importance de cette décision.
28:03 Je dis simplement que nous devons poursuivre dans la loi, dans la voie du plein emploi.
28:07 Poursuivre dans la voie de la compétitivité, de la productivité pour nos entreprises.
28:11 Et poursuivre dans la voie de la réduction de la dépense publique et du rétablissement de nos comptes publics.
28:18 C'est ce qui fait la cohérence de notre politique économique.
28:21 C'est créer de la richesse, atteindre le plein emploi,
28:24 augmenter le taux d'emploi de notre pays qui doit passer de plus de 70%, c'est le niveau le plus élevé, grâce à nous, à 80%, c'est le niveau de l'Allemagne.
28:33 Et rétablir des comptes publics.
28:34 Et pour rétablir des comptes publics, il faut dire à un moment donné, désolé, la caisse est fermée, il n'y a plus de dépenses possibles et nous en tenons aux engagements de l'EU.
28:43 Mais vous êtes en train de nous dire que ces chèques finalement vont peut-être gêner la note qu'on attend pour...
28:49 Non, ce n'est pas dramatique. Encore on ne parle pas d'un milliard d'euros.
28:51 Attendez, vous étiez à la recherche d'un milliard d'euros d'économie au début de la discussion.
28:57 Et François Fresseau, nous les avons trouvés, je rends hommage à Jean-René Cazeneuve, le rapporteur général du budget, à l'ensemble des parlementaires de la commission des finances
29:06 et à notre majorité qui a su trouver un milliard d'euros supplémentaires.
29:09 Mais l'année dernière, vous étiez à l'euro près.
29:11 800 millions d'euros sur le gel du bandeau famille, pour être tout à fait précis, et 200 millions d'euros supplémentaires.
29:16 Donc la France n'est plus à l'euro près, parce que l'année dernière, c'est l'expression que vous aviez utilisée.
29:19 On a trouvé un milliard d'euros supplémentaires d'économie, merci à la majorité. Et c'est parce que nous restons à l'euro près que nous ne pouvons pas décider,
29:26 comme ça, sur un coin de table, on va augmenter telle ou telle dépense. Ce n'est plus possible.
29:30 Et je n'appelle pas à l'austérité, ce serait une faute économique. J'appelle à la responsabilité.
29:36 C'est-à-dire tenir les engagements que nous avons pris vis-à-vis de nos partenaires européens et vis-à-vis des Français.
29:42 Nous avons dit aux Français, on fera 4,9% de déficit en 2023. Nous ferons 4,9%.
29:47 J'ai dit 1% de croissance. Nous ferons 1% de croissance. Je dis pour 2024, on doit faire 4,4% de déficit et 1,4% de croissance.
29:55 Mon rôle, qui est parfois un peu ingrat, c'est de faire en sorte que ces chiffres soient scrupuleusement tenus.
30:02 Et si elles ne sont pas, qu'est-ce que vous faites ? Est-ce qu'à un moment, vous pourriez dire "C'est plus ma ligne et je m'en vais" ?
30:08 Ils seront tenus.
30:09 Et Elisabeth Borne est sur la même ligne que vous ?
30:11 Évidemment, il ne peut pas y avoir de désalignement entre la Première ministre et le ministre des Finances.
30:15 Pourtant c'est bien Matignon qui avait les idées de ces chèques.
30:17 Il peut y avoir des désaccords sur des points qui sont des points mineurs. C'est un point mineur.
30:24 Il y a une philosophie derrière vous-même, vous dites le sérieux budgétaire.
30:26 La philosophie, nous la partageons, elle est fixée par le président de la République.
30:29 Elle est appliquée par la Première ministre et ensuite par le ministre des Finances.
30:34 Nous avons fait adopter une trajectoire de rétablissement de nos finances publiques.
30:38 Avec des niveaux de déficit en 2024, 2025, 2026, 2027. Avec des niveaux de dette en 2024, 2025, 2026, 2027.
30:45 Avec un retour sous les 3% de déficit en 2027.
30:48 Ma responsabilité, et c'est une responsabilité lourde et grave, c'est que ces chiffres, au dixième près, soient respectés.
30:57 Pourquoi ? Parce que sinon vous perdez votre crédibilité auprès de vos partenaires européens.
31:01 Vous perdez votre crédibilité auprès des marchés.
31:04 Et effectivement, vous perdez votre note.
31:07 Qu'est-ce que ça veut dire, perdre sa note ?
31:09 On n'est pas au CM1, ce n'est pas une mauvaise note que vous allez avoir.
31:12 Ça veut dire que si votre note est dégradée, votre dette publique coûte plus cher.
31:16 On dit si vous voulez aller financer votre dette, comme vous êtes un peu moins crédible, ça va coûter plus cher.
31:20 Une dégradation de la note française, cela voudrait dire, pour être très précis avec nos compatriotes,
31:26 à terme, 6 milliards d'euros de dépenses supplémentaires sur la charge d'intérêt de la dette par an.
31:32 Vous ne pensez pas que ce serait mieux, avec 6 milliards, d'investir pour les aides-soignants, pour les hôpitaux, pour les collèges, pour les universités ?
31:38 Donc c'est pour ça que je suis strict, rigoureux et intraitable sur la trajectoire de finances publiques
31:45 qui a été fixée par le président de la République et dont je suis responsable.
31:48 Mais est-ce qu'il pourrait y avoir d'autres demandes, d'autres exigences d'économie de votre part ?
31:52 Bien sûr. Il faudra qu'en 2024, nous trouvions, à minima, 12 milliards d'euros d'économie supplémentaire.
32:00 Sur quoi ? Parce que cette semaine, à Reuters, à l'occasion d'une conférence de presse, vous avez eu l'occasion de dire
32:05 qu'il y avait déjà des choses qui étaient prévues, qui étaient envisagées. Il y avait des décisions, il y avait juste le bouton sur les canapés.
32:11 Attendez encore quelques jours. En novembre, la Première ministre présentera les premières revues de dépenses publiques.
32:16 Vous aurez 8 revues de dépenses publiques. Il y a 8 politiques publiques. On va regarder si la dépense est efficace.
32:21 Si elle est moins efficace, il faudra la réduire pour qu'elle soit plus efficace.
32:25 Un exemple, ce serait quoi ?
32:26 À la rentrée 2024, il y aura une nouvelle revue de dépenses publiques. Et mon objectif est de dégager, à minima, 12 milliards d'euros d'économie supplémentaire en 2024
32:35 pour tenir notre trajectoire de finances publiques, être respecté par nos partenaires européens et aussi rassurer nos compatriotes qui n'ont aucune envie qu'on jette l'argent par les mains.
32:43 Mais pour les rassurer, ce serait quel type de secteur ? Qu'ils comprennent effectivement ce qui est en train de se passer, ce qui est en train de se préparer.
32:48 Il n'y a pas d'exclusif. Tous les secteurs de dépenses publiques seront attentivement regardés pour nous assurer que nous sommes dans la bonne direction.
32:55 Un mot sur l'accord assurant le chômage qui est intervenu entre certains syndicats et le patronat.
33:01 Est-ce que le gouvernement est plutôt sensible à cet accord et va le valider ou va dire qu'il y a pas mal de dépenses et qu'il y a peut-être moins de désendettement que ce qu'on attendait ?
33:11 Pas de dépenses et du désendettement. Je le dis très sincèrement.
33:16 Ça veut dire que vous êtes plutôt favorable à l'accord ou un peu sceptique ?
33:20 Dès qu'il y a un accord entre les partenaires sociaux, c'est toujours une bonne chose. Mais l'accord entre les partenaires sociaux ne peut pas se faire sur le dos du rétablissement des finances publiques.
33:29 C'est trop facile.
33:30 Mais vous avez pas l'impression parfois d'être très seul dans la politique de désendettement ?
33:35 Ce n'est jamais un problème d'être seul en politique. Vous avez des soutiens. Mais ce n'est jamais un problème de défendre ses convictions avec fermeté.
33:42 Parfois, ça vous fait retrouver effectivement un peu seul. Je sais que dans la majorité, parmi les parlementaires, notamment le rapporteur général du budget, mais beaucoup d'autres autour,
33:54 il y a une conscience très aiguë de la nécessité d'être rigoureux en matière de finances publiques pour nous éviter justement l'austérité, garder des marges de manœuvre si demain il devait y avoir une nouvelle crise à laquelle nous aurions à faire face.
34:06 Ça s'appelle tout simplement anticiper et être responsable.
34:09 Alors on va parler d'immigration. Juste avant, une question sur l'électricité, sur le prix de l'électricité posé par Guillaume Darré.
34:14 Est-ce qu'un accord a été trouvé sur le nouveau mode de calcul avec EDF ? Et très concrètement, est-ce que vous pouvez nous dire si ça va coûter plus ou moins cher demain aux Français de payer leur électricité ?
34:22 Alors nous sommes très proches d'un accord avec EDF. L'objectif, c'est justement de garantir à nos compatriotes un prix de l'électricité parmi les plus bas en Europe.
34:30 Le garantir sur le long terme. C'est-à-dire que même s'il y avait demain une nouvelle crise énergétique, que nous puissions avoir des prix bas sur le long terme pour les ménages.
34:37 C'est de garantir aussi, deuxième objectif, la compétitivité de notre industrie. Parce que pour moi, la réindustrialisation, c'est la mer de toutes les batailles.
34:44 Qu'on redevienne une grande nation de production.
34:47 Est-ce que ça va coûter moins cher ou combien ça va coûter aux Français qui nous écoutent ?
34:49 Ça, vous le verrez prochainement. Ça ne touchera pas.
34:51 Vous n'êtes pas très précis Bruno Le Maire. On vous demande des chiffres. On ne les a pas là.
34:54 Je suis très précis mais il y a des choses que je ne peux pas dire tant que les accords ne sont pas signés.
34:58 Et il y a un troisième objectif, je le rappelle. C'est que EDF puisse être une entreprise qui réussit économiquement.
35:04 Ce serait trop facile d'aller dire "écoutez, on vous fait l'électricité à un tarif complètement cassé mais ensuite EDF sera ruinée".
35:10 On ne serait pas bien avancé. EDF est une magnifique entreprise publique qui doit aussi dégager des bénéfices pour financer le nouveau nucléaire et les énergies renouvelables.
35:18 Je pense que nous ne sommes pas loin d'avoir trouvé cet équilibre.
35:21 Bruno Le Maire est l'invité de questions politiques sur France Inter et sur France Info en direct jusqu'à 13h.
35:26 Parlons immigration. Le projet de loi immigration, le Sénat a profondément durci le texte du gouvernement.
35:32 Est-ce que l'article 3 sur la régularisation des personnes sans papier dans les métiers en tension, est-ce que cet article doit disparaître selon vous du texte du gouvernement ?
35:41 Je trouve qu'on fait là aussi beaucoup de bruit autour de sujets sur lesquels nous pourrions nous mettre d'accord.
35:49 L'objectif de ce texte c'est de faciliter les procédures d'expulsion de personnes qui sont en situation irrégulière sur notre territoire.
35:56 C'est un objectif indispensable. Il ne faut pas avoir des obligations de quitter le territoire français qui reste l'être morte à 80%.
36:03 Je salue une fois encore le travail qu'a fait Gérald Darmanin là-dessus. C'est le point clé de ce texte de loi.
36:09 Il y a une deuxième grande question qui est de savoir s'il faut de l'immigration de travail.
36:14 Je redis que tant qu'on est à 7% de taux de chômage, l'essentiel c'est d'abord de donner la bonne formation et la bonne qualification à nos compatriotes.
36:21 Ça prend du temps, c'est pas grave. La solution de facilité consiste à dire on ouvre tout grand les frontières, puis tant pis pour la formation et la qualification.
36:28 Il y a certains métiers où vous ne trouvez pas de français pour exercer ces métiers.
36:32 Par exemple dans le domaine de la médecine, j'ai été élu pendant 15 ans dans le département de l'Eure.
36:36 La lutte contre les déserts médicaux, ça passe parfois quand vous ouvrez une maison médicale par faire venir un médecin étranger.
36:42 Bien sûr, ça doit rester des exceptions.
36:44 Donc la régalité de la restauration en tant que titre de séjour pour les métiers en extension n'est pas nécessaire selon vous ?
36:49 Je considère qu'aujourd'hui l'essentiel c'est d'abord de donner la bonne formation et la bonne qualification à nos compatriotes qui sont au chômage.
36:55 C'est la priorité absolue.
36:57 Enfin, en troisième lieu, sur la régularisation, on parle de quoi ?
37:00 On parle de 6 000, 7 000, 8 000 personnes qui sont venues la plupart légalement sur le territoire,
37:05 qui sont restées, qui travaillent dans un restaurant, sur un chantier, qui parlent le français,
37:09 qui sont intégrés, qui respectent nos valeurs, les valeurs de la République.
37:13 Ça me paraît de bon sens de leur donner un titre de séjour.
37:17 Est-ce que ça doit être dans un article de loi ? Est-ce que ça doit être réglementaire ?
37:20 Je ne suis pas suffisamment spécialiste pour vous le dire.
37:22 Je trouve que ça ne justifie pas autant de querelles politiques.
37:26 Pour une partie de votre majorité, celle à laquelle vous appartenez, c'est une ligne rouge quand même.
37:30 L'article 3 doit figurer dans ce projet.
37:32 C'est la raison pour laquelle je vous pose la question aujourd'hui, M. Le Maire.
37:35 La majorité aura de toute façon le dernier mot.
37:37 Mais évitons d'accorder trop d'importance au symbole et essayons d'apporter des solutions pragmatiques.
37:44 L'aide médicale d'État, c'est peut-être un symbole, mais elle a été supprimée par les sénateurs de droite.
37:48 Est-ce que vous êtes pour la disparition de l'AME ?
37:51 L'aide médicale d'État, ce n'est pas un symbole.
37:54 C'est assez différent. Autant, je pense, que sur la régularisation, très franchement,
37:58 chacun devrait pouvoir s'entendre pour dire qu'une personne que vous côtoyez, vous et moi,
38:02 que les téléspectateurs côtoient dans un restaurant, sur un chantier, qui est parfaitement intégré,
38:07 oui, autant lui donner un titre de séjour.
38:09 Ça s'appelle du pragmatisme et aussi de la justice.
38:12 Sur l'AME, c'est différent. Je pense qu'il y a un enjeu qui est très important.
38:15 Toute personne sur le territoire français doit pouvoir être soignée.
38:18 Et ce principe-là, il doit être respecté.
38:21 C'est un principe d'humanité.
38:22 C'est le serment d'Hippocrate.
38:24 C'est un principe d'humanité et c'est un principe de sécurité sanitaire.
38:27 Donc faisons très attention. Là, pour le coup, on ne parle pas de symbole.
38:31 On parle de principe essentiel d'humanité et de protection sanitaire pour nos compatriotes.
38:37 Donc finalement, il est allé trop loin, selon vous, le Sénat, ou pas, cette semaine,
38:40 en réécrivant quasiment intégralement le projet de loi.
38:42 On verra ce que diront M. Évin et M. Stefanini.
38:45 Un rapport qui leur a été demandé par la Première ministre.
38:47 Ça me paraît une décision très judicieuse.
38:50 Mais je le redis, ne transigeons pas avec les principes d'humanité et de sécurité sanitaire.
38:55 Françoise Fresseuse, l'Europe, les Européennes.
38:57 Je ne sais pas si vous avez lu aujourd'hui la tribune dimanche,
38:59 mais il y a un beau sondage qui montre qu'au fond,
39:02 si Bruno Le Maire portait la liste de la majorité aux élections européennes,
39:06 vous seriez à peu près à 22% et Bardella à 29%.
39:11 Alors, est-ce que vous êtes candidat ?
39:13 Non, je ne suis pas candidat aux élections européennes.
39:15 Alors, pourquoi votre nom est testé comme ça ?
39:17 Est-ce que vous y réfléchissez ?
39:18 On a envie que vous le soyez dans la majorité.
39:20 Je suis à ceux qui mettent le nom dans la moulinette des sondages.
39:22 J'ai un principe absolu, on parlait de principe tout à l'heure, en politique,
39:27 et dans ma vie politique depuis maintenant près de 20 ans.
39:29 C'est de respecter les Français.
39:32 Et donc ce serait très irrespectueux vis-à-vis des Français de leur dire
39:36 « voilà, je m'engage dans une campagne européenne,
39:38 mais je n'ai absolument pas envie d'être député européen
39:41 et je ne siégerai pas pendant 5 ans au Parlement européen. »
39:45 Y compris d'être membre de la partition ?
39:46 Je respecte les électeurs et je respecte nos compatriotes.
39:49 Quand je leur ai dit que je ne ferais que 3 mandats successifs de députés,
39:52 croyez-moi, c'est un crève-cœur, un arrachement de quitté,
39:55 c'est la circonscription de l'heure.
39:56 Mais au bout de 3 mandats, j'ai tenu ma parole et je ne me suis pas présenté pour un quatrième.
40:01 Quand j'ai dit que tout fonctionnaire, tout haut fonctionnaire,
40:04 devait démissionner de la fonction publique pour avoir une fonction élective,
40:07 parce que ça me paraît nécessaire, j'ai démissionné de l'autre fonction publique.
40:11 Qui est-ce que je serais si aujourd'hui, j'allais me présenter à une élection européenne
40:15 pour laquelle je vais m'engager totalement comme ministre,
40:17 tout en leur disant « mais dans un coin de ma tête,
40:19 je sais que je ne serai pas député européen, je ne siégerai pas au Parlement européen. »
40:24 Sauf que le Rassemblement national, d'après le sondage que rappelait Françoise Quisse-Matin dans la presse,
40:30 indique pour l'ERN 29%.
40:34 Vous avez un joli profil, vous êtes pro-européen, vous êtes germanophone, vous êtes un ministre de poids,
40:40 vous avez un profil intéressant.
40:41 Il y a beaucoup d'autres personnalités, Stéphane Séjourné a été estimé dans ce sondage,
40:47 Clément Beaune a été ministre des Affaires européennes, il connaît parfaitement ces sujets.
40:52 Il y a beaucoup d'autres profils de très grande qualité, je veux dire de meilleure qualité que moi, pour porter cette liste.
40:57 Mais qui est le profil de candidat idéal ?
40:58 Deuxièmement, je ne veux pas qu'il y ait d'ambiguïté sur le sujet, je m'engagerai totalement dans cette campagne
41:02 pour rappeler tout ce que nous avons fait pour protéger l'économie française pendant la crise du Covid,
41:06 pour dénoncer aussi les absurdités des solutions économiques du Rassemblement national.
41:11 Mais moi, le sujet qui monte, c'est au fond, la majorité n'est pas prête, ils n'ont pas de candidat,
41:15 l'ERN ne bat pas la campagne, ils sont en position de force. Comment aujourd'hui ?
41:19 Être prêt trop tôt, ce n'est pas être bien prêt.
41:21 Et je considère que nous avons encore le temps avant d'engager cette campagne européenne.
41:26 Très franchement, je pense que les Français ont vraiment la tête à autre chose qu'aux élections européennes.
41:31 Donc il n'y a aucune hâte à avoir, nous avons le temps pour choisir nos thèmes de campagne,
41:36 choisir notre candidat tête de liste et nos candidats qui figureront sur la liste.
41:41 Mais je le redis très clairement, je ne serai pas tête de liste parce que ce ne serait pas respectueux des Français.
41:48 Je m'engagerai totalement dans cette campagne pour que notre liste fasse le meilleur score possible.
41:53 Et celui ou celle qui sera retenu comme tête de liste aura évidemment mon soutien le plus absolu.
41:58 La mise au point est faite.
41:59 Être derrière l'ERN serait un échec pour la majorité.
42:02 Quand on voit une élection, on y va pour la gagner. C'est une règle absolue.
42:05 Merci beaucoup Bruno Le Maire. Vous restez avec nous bien sûr.
42:08 C'est le moment d'accueillir notre deuxième invité pour le livre de la semaine.
42:12 France Inter.
42:14 Questions politiques.
42:18 Karine Bécard.
42:21 Prenez le temps de vous installer confortablement sur ces chaises qui ne le sont pas forcément confortables.
42:27 Bonjour Jérôme Fourquet.
42:28 Bonjour.
42:29 Alors les auditeurs de France Inter et les téléspectateurs, pardonnez-moi, de France Info vous connaissent évidemment bien.
42:34 Ils ont entendu parler de votre dernier livre déjà qui vient de sortir, La France d'après.
42:38 C'est un tableau politique qui vient clore une trilogie, je le rappelle, entamée il y a presque cinq ans
42:44 et composée donc de l'archipel français et de la France sous nos yeux.
42:47 Jérôme Fourquet, vous êtes aussi le directeur du département opinion de l'IFOP
42:52 et on avait envie de vous entendre sur ce que vivent en ce moment les Français.
42:55 Emmanuel Macron a visiblement été surpris cette semaine à l'occasion d'un déplacement en Tordogne.
43:00 Surpris d'entendre les Français lui parler de leurs problèmes, à savoir essentiellement l'école et la santé.
43:06 Est-ce que le conflit au Proche-Orient fait partie des préoccupations des Français en ce moment ?
43:11 Oui bien sûr et l'actualité dramatique qui se déroule au Proche-Orient a un impact dans l'opinion
43:18 mais nos enquêtes montrent et de manière assez traditionnelle que les priorités des Français
43:24 demeurent quand même régulièrement centrées sur la situation de leur propre pays.
43:30 Et vous évoquiez ces thèmes de la santé et de l'éducation.
43:34 Ils sont souvent très haut placés dans les baromètres et les sondages qu'on peut réaliser.
43:41 Monsieur le ministre a parlé des déserts médicaux qui sont un sujet majeur,
43:45 plus uniquement dans les zones rurales mais également aujourd'hui en milieu urbain.
43:49 D'autres enquêtes et d'autres sondages ont montré qu'il y avait une très nette prise de conscience
43:54 de la dégradation du niveau de l'enseignement et des dysfonctionnements de notre système éducatif
44:01 et donc tout ça, bien évidemment, pèse très lourdement dans les préoccupations des Français
44:06 même s'ils écoutent également ce qu'il se passe à l'étranger.
44:10 Alors justement il y a les actes antisémites également qui explosent,
44:13 on n'arrête pas de le dire, dans notre pays depuis maintenant un peu plus de 4 semaines.
44:17 Est-ce que ces actes antisémites, est-ce que cette atmosphère permet de dire
44:21 que le conflit entre Israël et le Hamas est en train de s'implanter en France
44:24 comme on le dit beaucoup ? C'est vrai ou c'est faux ça ?
44:27 Alors écoutez, de mon point de vue, on est juste sur la continuation d'un phénomène
44:32 qu'on connaît bien maintenant depuis le début des années 2000.
44:35 Le début des années 2000 c'est le déclenchement de la deuxième intifada dans les territoires occupés
44:41 et ce déclenchement de cette deuxième intifada s'est accompagné ici en France
44:46 d'une multiplication, une montée des actes antisémites qui peuvent aller de l'incivilité,
44:51 de l'insulte à des choses beaucoup plus graves
44:54 et à chaque période de tension au Proche-Orient, dans le conflit israélo-palestinien,
45:00 on a ici en France des répercussions au moment de l'opération Plon d'Ursy,
45:05 au moment de l'opération Bordure protectrice en 2014.
45:08 On voit à chaque fois les indicateurs sur le nombre d'actes antisémites
45:12 qui s'inscrivent très fortement là-haut.
45:15 Et ce qui est dramatique, c'est que les membres de la communauté juive ont intégré cette donnée
45:21 et dès que la situation se tend au Proche-Orient,
45:24 cette population adopte des risques, des mesures de protection.
45:28 On nous explique que les parents indiquent aux enfants de ne plus mettre la kippa quand ils sortent
45:33 ou de mettre une casquette au-dessus.
45:35 Moi j'avais écrit un livre qui s'appelait "L'An prochain à Jérusalem, Pont d'Interrogation"
45:38 qui s'interrogeait sur justement le sentiment de cette population
45:42 et dans des témoignages qu'on avait recueillis, des gens nous disaient
45:45 quand je vais au travail, par exemple un commerçant, je fais varier mon itinéraire
45:49 dans cette période parce que je sais que je vais être exposé.
45:51 Et donc là on est juste sur une réitération, alors sans doute plus vive encore, plus spectaculaire
45:56 puisque le nombre d'actes est tout à fait important, mais c'est pas une rupture,
46:00 c'est hélas une continuité par rapport à ce qui s'est mis en place déjà
46:04 depuis une vingtaine d'années en France.
46:06 Bruno Le Maire, la question de la contagion du conflit à la France est régulièrement posée,
46:11 on a quand même l'impression qu'on exagère, non ?
46:13 Non, c'est un risque majeur.
46:15 C'est un risque majeur, je partage à 100% ce que vient de dire Jérôme Fourquet.
46:18 A chaque fois qu'il se passe quelque chose dans les territoires palestiniens,
46:21 en Afghanistan, en Irak, Dominique de Villepin et Jacques Chirac l'avaient rappelé à l'époque,
46:27 les répercussions sont immédiates en France. Pourquoi ?
46:30 Parce qu'il y a un phénomène depuis maintenant 4 décennies qui s'appelle le djihad.
46:35 Le djihad c'est la volonté des islamistes de mettre fin à la domination
46:41 ou même à la simple présence de l'Occident, de l'Europe et de l'influence de la France dans le monde.
46:48 Ce djihad a été particulièrement bien documenté par un chercheur qui s'appelle M.Michon,
46:52 qui a fait un travail remarquable sur le sujet.
46:55 Il est temps que tous collectivement nous prenions conscience que les attentats que nous avons connus,
47:00 que ce soit les attentats de Toulouse, ceux du Bataclan que nous célébrerons malheureusement demain,
47:06 ne sont pas des événements isolés.
47:09 Ils sont la partie d'un tout beaucoup plus global qui est l'attaque du djihad islamiste
47:15 contre l'Occident en général, l'Europe en particulier et la France comme cible principale.
47:21 Nous avons oublié, Karine Becker, qui nous sommes.
47:23 Nous sommes une grande nation. Nous sommes la nation de l'universalisme.
47:26 Nous sommes la nation qui a la communauté juive et la communauté musulmane la plus importante en Europe.
47:32 Et nous sommes la nation des droits de l'homme, une ancienne grande nation catholique qui a inventé la laïcité.
47:38 Ça fait de nous une cible.
47:40 La première des cibles du djihad en Europe, c'est la France,
47:44 parce que ce que nous représentons est finalement peut-être plus grand que ce que nous pensons nous-mêmes.
47:48 Vous êtes inquiet en fait ?
47:50 Oui, bien sûr que je suis inquiet.
47:52 Il y a des indices, il y a des signaux que vous avez repérés ?
47:54 Je ne suis pas du tout ministre de l'intérieur, mais j'ai de l'expérience politique.
47:57 Et je constate qu'à chaque fois que le djihad peut se greffer sur une des plaies du monde, il le fait.
48:03 Ça a été l'Afghanistan hier, ça a été l'Irak en 2003, ça peut être demain ce qui se passe à Gaza et dans les territoires palestiniens.
48:12 Je pense qu'il est temps de nommer les choses.
48:14 C'est une façon aussi, je le dis au passage, de protéger nos compatriotes de confession musulmane,
48:20 qui en ont assez légitimement, qu'on confonde islamisme et islam.
48:26 L'islamisme, c'est le cancer de l'islam.
48:29 L'islam, il a sa place en France. Nos compatriotes de confession musulmane ont droit aussi à la protection et au respect.
48:36 Mettre de la clarté, nommer les choses pour savoir quels sont nos adversaires et ceux que nous devons protéger.
48:42 Nos compatriotes de confession musulmane qui font l'objet parfois d'amalgames absolument révoltants, ça devient aujourd'hui indispensable.
48:48 Vous avez entendu qu'il y a justement une critique d'une partie parfois de ces compatriotes,
48:52 qui trouvent que dans la situation actuelle, que ce soit les politiques, les médias, il y aurait un deux poids deux mesures.
48:57 Il y aurait une indignation à l'égard des crimes horribles qui ont été commis à l'égard d'Israël,
49:01 mais que globalement la société serait plus silencieuse à l'égard de ce qui se passe à Gaza.
49:05 Penser, c'est séparer. Si on veut penser les choses et rester une grande nation de raison,
49:10 il faut arrêter de céder à l'émotion, aussi légitime soit-elle, et être capable de séparer les sujets.
49:15 Les actes antisémites ne doivent pas être mis en balance d'autres choses.
49:19 Ils sont inacceptables, point barre, et doivent être combattus.
49:23 Gaza est un autre sujet. C'est une menace globale qui pèse sur l'Europe, qui pèse sur la France,
49:27 et qui revient à chaque fois, Jérôme Fourquet l'a parfaitement dit, quand il y a une plaie dans le monde,
49:32 notamment une plaie qui peut toucher les territoires palestiniens.
49:36 Séparons les sujets pour mieux les penser.
49:38 Alors j'aurais à revenir à Jérôme Fourquet et m'interroger sur ce conflit au Proche-Orient.
49:43 Pourquoi est-ce qu'il rebat autant les cartes politiques, cette fois, de notre pays ?
49:47 On a le pouvoir macroniste qui semble parfois extrêmement proche de la position américaine, par exemple.
49:53 On a la droite classique, qui n'a jamais été autant, il me semble, pro-israélienne.
49:57 On a la gauche non-radicalisée, qui a un peu perdu le fil de son sujet concernant ce conflit.
50:04 Donc pourquoi le conflit au Proche-Orient, tout à coup, rebat à ce point les cartes politiques de notre pays ?
50:10 Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi tout le monde semble perdu ?
50:13 Tout d'abord, comme on l'a dit tout à l'heure, c'est un sujet qui marque énormément les esprits.
50:18 L'intensité des drames qui s'y jouent ne peut pas laisser la scène politique indifférente.
50:24 Mais au-delà de ça...
50:25 Mais ces 30 dernières années, chacun avait sa position. Et puis là, ça semble...
50:28 Mais si, on regarde bien... Encore une fois, c'est une des thèses que je défends dans le livre.
50:31 C'est que nous sommes sur des mouvements tectoniques lents, engagés depuis maintenant une trentaine d'années.
50:37 Et nous avons aujourd'hui une énième manifestation ou illustration de ces phénomènes.
50:42 Je vais prendre quelques exemples.
50:43 Si la droite républicaine, aujourd'hui, est sur une position très ferme de soutien inconditionnel à Israël...
50:51 C'est notamment parce que Éric Ciotti, je crois, sur votre antenne, sur France Inter, était revenu d'Israël.
50:59 Et il avait fait le parallèle entre ce que lui avait vécu en tant qu'élu local à Nice, lors des attentats terroristes de Nice, et ce qui se passait là-bas.
51:08 Et donc, il avait même employé la phrase "le vlieux catéchisme diplomatique français", en disant "voilà, une solution à des états".
51:14 On n'en est plus là, aujourd'hui, ces soutiens inconditionnels à Israël, dans une grille de lecture qui est celle du conflit de civilisation.
51:22 Et donc, la droite, de ce point de vue-là, est assez cohérente avec un certain nombre de ces évolutions au long cours.
51:30 Pour ce qui est de la gauche de la gauche, on voit tous les débats...
51:33 - Alors, la gauche de la gauche, oui. Je parlais, moi, de la gauche non radicalisée.
51:35 - Alors, la gauche non radicalisée, je vous laisse la responsabilité de votre définition, puis il faudrait voir quel est le périmètre de cette gauche non radicalisée.
51:45 On voit bien qu'elle est mal à l'aise, puisque c'est aujourd'hui, dans l'ensemble NUPES, c'est elle et FI qui donnent le "là".
51:51 Et les FI, pour des raisons diverses, est, elle aussi, sur une position qui est très très tranchée.
51:57 Alors, des positions, des raisons qui sont à la fois historiques et idéologiques.
52:01 À la gauche de la gauche, on a toujours été en soutien très fort à la cause palestinienne.
52:07 Et donc, aujourd'hui, un certain nombre de ces représentants considèrent que ce qui se passe aujourd'hui à Gaza,
52:15 et ce qui se passe depuis le 7 octobre, n'est qu'un nouvel épisode de cette résistance palestinienne.
52:22 Et puis, on a également, il faut dire les choses, monsieur le ministre en a parlé, on a la plus grosse communauté musulmane d'Europe qui vit ici en France.
52:33 Cette population est arrivée pour une partie d'entre elles depuis longtemps maintenant.
52:37 On est souvent la deuxième, troisième ou quatrième génération.
52:40 Et du fait du droit du sol, toute une partie de cette population, des descendants de cette population, ont aujourd'hui acquis le droit de vote en France.
52:47 Et 69% des personnes qui se disent de confession musulmane ont voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l'élection présidentielle.
52:55 Et la communauté juive, elle vote pour qui ?
52:57 Et alors, là aussi, on voit se dessiner depuis 20 ans maintenant un mouvement qui est assez spectaculaire,
53:03 et qui me fait dire, manifestation parmi d'autres, d'une bascule dans une France d'après,
53:07 que cet électoral juif qui était historiquement plutôt de centre-gauche, s'est de plus en plus droitisé.
53:12 Ça commence justement au début des années 2000 avec la deuxième intifada.
53:15 Et le dernier avatar de tout ça, c'est le score tout à fait spectaculaire d'Éric Zemmour dans cette population.
53:22 Complètement. Merci beaucoup, Jérôme Fourquet. Je rappelle le titre de votre livre "La France d'après".
53:26 Merci à vous aussi, Bruno Le Maire, d'être venu sur le plateau de "Questions politiques".
53:30 On vous laisse rejoindre l'esplanade des Invalides à Paris, d'où partira à 15h la marche pour la République et contre l'antisémitisme.
53:36 Merci à toute l'équipe, et en particulier à Fabienne Lemoile, la rédactrice en chef, et à Maurie Bauché à la programmation.
53:42 Je vous souhaite un très bon dimanche, et je vous dis à la semaine prochaine.
53:45 (Générique)

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