Marie Gillain et Michel Boujenah

  • l’année dernière

Tous les jours dans Culture Médias, Thomas Isle dresse le portrait sonore de l'invité. Ce mardi, c’est Marie Gillain et Michel Boujenah, comédiens, pour le film d’Alexandre Arcady "Le petit blond de la casbah" qui sort en salles le 15 novembre. C'est l'adaptation du récit autobiographique éponyme d'Alexandre Arcady, publié en 2003.

Retrouvez "Le portrait sonore de l'invité" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-portrait-inattendu

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Et aujourd'hui on s'intéresse à un film qui sort demain,
00:03 "Le petit blond de la casbah",
00:05 film autobiographique d'Alexandre Arcadi,
00:07 avec Marie Gilin et Michel Bougnat à l'affiche Thomas Hiland.
00:11 Et on va dresser votre portrait sonore,
00:12 des petits sons qui vous rappelleront quelques souvenirs.
00:15 Voici le premier.
00:16 On ne serait pas des artistes
00:20 C'est moi.
00:21 Des jongleurs, des musulmibristes
00:23 Qui n'est pas qu'une excellente actrice,
00:25 elle chante bien aussi.
00:26 Sans mensonges
00:27 C'est pour votre tout premier film, "Mon perso héros".
00:30 Elle a vraiment la toute petite voix.
00:33 Vous avez quel âge là, 16 ans ?
00:34 16 ans, j'ai eu 16 ans sur le tournage.
00:36 Et vous êtes aux côtés de Gérard Depardieu.
00:38 Et de Patrick Mille aussi,
00:39 qui joue dans le film d'Alexandre.
00:41 Exactement.
00:42 Parce que lui, il incarne Antoine Adultin dans le film.
00:45 Donc là vous aviez 16 ans au moment de la sortie de ce film,
00:48 de Gérard Losier.
00:49 À l'époque vous vivez encore à Liège,
00:52 dans une ferme, à la campagne.
00:54 Vous dites que votre arrivée dans le cinéma,
00:55 ça s'est fait sur un coup de dé.
00:57 C'est-à-dire ? Ça veut dire quoi ?
00:58 J'ai eu...
01:00 Non, j'avais posé une intention depuis très très longtemps,
01:03 puisque j'écrivais à une fée.
01:05 Imaginaire forcément, si c'était une fée.
01:07 Parce que c'était mon rêve absolu d'être actrice.
01:10 Donc je lui écrivais régulièrement.
01:11 Donc je ne lâchais pas mon rêve.
01:13 Mais quand même, j'ai eu un décalage fou,
01:15 parce que je faisais du théâtre dans ma ville à Liège.
01:18 J'habitais moi-même dans un petit village de 600 habitants.
01:20 Donc Paris était très très très loin quand même de moi.
01:23 Aucune forme de connexion.
01:24 Et j'ai répondu à une annonce
01:25 pour un casting de Jean-Jacques Annaud au Laman.
01:28 Et je me suis retrouvée à 13 ans et demi
01:29 en salopette en jean avec mon père,
01:31 aller rencontrer cette directrice de casting à Bruxelles.
01:34 Et c'est comme ça que ma vie d'actrice a commencé.
01:36 C'est qu'ils ont gardé mon numéro de téléphone.
01:38 Et un an après, le téléphone a sonné chez moi
01:41 pour me proposer de venir à Paris faire des essais.
01:43 Donc c'est une histoire extraordinaire.
01:45 Donc j'ai eu...
01:45 Je veux dire, ma fée là, elle a vraiment hyper bien bossé.
01:49 - Et d'autant que vous vous retrouvez donc avec Gérard Depardieu
01:52 pour votre premier film. Vous n'étiez pas intimidé ?
01:54 - Si, j'étais intimidé,
01:55 mais je crois que j'étais moins intimidé que mes parents.
01:58 Mon père, quand on est allé à Paris
02:00 pour faire les essais avec Gérard,
02:03 moi, j'avais quelque chose d'assez instinctif.
02:06 Ça, c'est quand la jeunesse, on a un peu des ailes.
02:09 Enfin, on n'est pas paralysé par la peur, en fait,
02:12 quand on est très jeune.
02:14 Et je voyais mon père qui était complètement paralysé,
02:17 qui avait une haleine de chacal.
02:21 - Ah, mais le mèche ! - Petit détail !
02:22 Et moi, j'étais là, je faisais la fameuse scène
02:25 où il me dit "mais marche normalement"
02:27 et où je suis habillée vraiment...
02:29 Voilà, comme une...
02:32 - Pas comme une petite fille de 16 ans.
02:35 - Et en fait, ça le faisait.
02:36 Enfin, moi, Gérard, c'était mon copain.
02:40 - Il vous a mis à l'aise. - Oui.
02:41 - Allez, extrait suivant.
02:43 - On vous connaissait, Michel Beaujenat,
02:44 avec le personnage fétiche que vous avez imposé,
02:47 qui était Albert, le jeune juif tunisien.
02:50 Je ne sais pas si on va le retrouver dans le spectacle
02:53 que vous faites à partir de demain,
02:54 "Les Magnifiques" au Théâtre du Splendide.
02:56 Et au début de l'émission, je me demandais
02:57 s'il fallait dire "les magnifiques" ou "les magnifiques".
03:01 - Vous pouvez dire "les magnifiques".
03:03 - Et qu'est-ce que c'est, "les magnifiques" ?
03:04 - C'est un peu...
03:05 On pourrait dire que c'est "Les Oncles d'Albert".
03:09 Ça veut dire que le premier spectacle,
03:12 Albert, c'était "L'Histoire de l'Exil".
03:14 Et là, maintenant, c'est une fois qu'on est là,
03:16 comment ça se passe avec les enfants ?
03:17 - On a gardé l'accent.
03:18 - Bien sûr, on ne peut pas enlever mon accent.
03:20 Mon accent, il est dans ma gorge.
03:22 Je ne peux pas.
03:23 Si on m'enlève mon accent, je ne peux plus parler, moi.
03:24 - Si on m'enlève mon accent, je ne peux plus parler.
03:28 On vient de vous entendre,
03:29 c'était au micro de Jean-Pierre Elkabach sur Europe 1,
03:31 c'était en 84.
03:33 Et cet accent chantant unique,
03:35 qui est devenu aussi votre marque de fabrique,
03:36 il vous a valu d'être recalé
03:38 à l'École supérieure d'art dramatique à Strasbourg.
03:41 - Si je peux faire une parenthèse,
03:42 vous aussi, vous avez un accent pour moi.
03:44 - Bien sûr, pointu.
03:45 - Oui.
03:46 - D'Angers.
03:47 - Oui.
03:47 - C'est son accent angevin.
03:48 - Oui, c'est terrible.
03:50 C'est terrible.
03:51 - Bien sûr.
03:51 - Ça a vous handicapé énormément.
03:53 - Ça n'a pas été trop compliqué.
03:55 - Ça va.
03:56 - Oui, oui.
03:57 - À Paris, ça va.
03:58 - Mais vous, ça vous a handicapé au départ ?
04:02 - Quand vous êtes minoritaire
04:05 et que votre accent est minoritaire,
04:06 vous êtes différent.
04:07 - Oui.
04:07 - Vous voyez ?
04:09 Ce n'est pas parce que j'avais un accent,
04:10 c'est parce que mon accent,
04:12 il n'y avait pas beaucoup de gens qui l'avaient.
04:13 - D'ailleurs, vous...
04:14 - Alors que le vôtre, tout le monde l'a.
04:15 - Et vous envisagez l'inverse dans votre spectacle,
04:18 d'ailleurs, à l'époque.
04:19 Vous envisagez un monde dans lequel
04:22 l'accent pointu parisien que j'ai...
04:24 - Absolument.
04:25 - ... serait minoritaire.
04:26 - Absolument.
04:27 J'imagine une inversion
04:31 et ça m'amuse beaucoup.
04:33 Mais oui, bien sûr, ça m'a plombé au départ.
04:36 Ça m'a fait mal, d'autant plus que
04:39 moi, mon parcours, il n'était pas du tout lié
04:42 à mes origines au départ.
04:43 Il était lié à l'amour que j'avais du théâtre
04:46 dans l'absolu.
04:47 Je montais Berthold Brecht à l'école.
04:52 - Oui.
04:53 - Je voulais faire du théâtre dans les usines
04:57 avec les enfants immigrés.
04:59 Je veux dire, je faisais un théâtre militant.
05:03 Je ne vivais pas, moi, mon...
05:06 L'accent n'existait pas pour moi dans ma vie.
05:09 Il y a eu un retour de flamme, au fond,
05:13 d'abord quand les autres me l'ont rappelé.
05:17 Et ensuite, quand...
05:20 Vous savez, il y a une phrase qui dit
05:21 "Jette ton bâton en l'air, il retombe toujours
05:23 à la même place".
05:24 Et ce n'est pas valable que pour moi,
05:26 c'est valable aussi pour vous qui êtes d'Angers
05:27 ou je ne sais pas d'où,
05:28 puisque vous avez un accent bizarre.
05:31 - Il est très désagréable.
05:32 - Pour moi, vous êtes...
05:33 À Paris, vous êtes un immigré.
05:36 Donc, je pense qu'on se retrouve toujours
05:42 à confonter à d'où on vient.
05:44 Alors, on peut le refuser, on peut le nier.
05:47 En général, ça nous rend tristes
05:49 et ça nous rend malheureux.
05:53 Voilà, et après, j'en ai fait mon étendard.
05:57 Et de ce qu'ils m'ont reproché,
05:58 j'en ai fait mon étendard.
06:01 Et puis, j'ai été heureux, surtout.
06:03 J'étais heureux, tout d'un coup, sur scène,
06:05 d'être en accord avec moi.
06:07 Je ne savais absolument pas ce qui allait se passer.
06:09 Vous savez, franchement,
06:10 je ne savais pas que ça allait marcher.
06:12 Je n'y pensais même pas.
06:14 Évidemment, j'avais envie de remplir un théâtre.
06:17 Mais quand j'ai vu le Lucerner rempli,
06:20 il y avait 100 places quand c'était plein.
06:22 Le premier jour où ça a été...
06:23 Vous savez que c'était incroyable quand même.
06:25 - Le jour où c'est plein ?
06:26 - J'ai loué ce théâtre.
06:27 Moi, le mec, il ne voulait pas.
06:29 J'ai emprunté de l'argent à tous mes copains.
06:31 C'était 1 000 francs par jour.
06:33 Donc, j'ai emprunté 15 000 francs.
06:35 J'ai dit au type, voilà, je vous donne les 15 000 francs.
06:37 Vous prenez l'argent, vous prenez la recette,
06:40 prenez tout, laissez-moi juste jouer 15 jours.
06:43 Et au bout de cinq jours, c'était complet.
06:46 Alors qu'il n'y avait pas de publicité,
06:47 il n'y avait pas de promotion, il n'y avait rien.
06:50 C'était que le bouche à oreille.
06:51 Mais comme ça.
06:52 Après, c'est devenu viral de l'époque.
06:56 Donc, oui, parce qu'à l'époque,
06:58 il y avait trois chaînes de télévision.
06:59 Quand vous faisiez une émission de télévision,
07:01 c'était fini.
07:03 Donc, j'étais le premier surpris.
07:06 Moi, je voulais juste recoller mes morceaux.
07:10 Donc, oui, ils m'ont fait souffrir.
07:11 Bien sûr qu'ils m'ont fait souffrir, c'est normal.
07:13 - Michel Bougin, d'ailleurs, en parlant de votre spectacle,
07:16 "Adieu, les Magnifiques", vous êtes en tournée en ce moment.
07:17 Le 30 novembre, vous serez à Mérignac jusqu'au printemps 2024.
07:21 Le 14 avril, vous finissez en beauté à Clermont-Ferrand,
07:23 où il y a un très léger accent, vraiment pas grand chose à Clermont-Ferrand.
07:26 - Oui, ils ont rien du tout.
07:29 - Et on embrasse les Auvergnats.
07:30 - Je suis à Menton dimanche.
07:32 - Et à Menton dimanche.
07:33 - Et j'ai demandé aux spectateurs, d'ailleurs,
07:35 que tous ceux qui ne venaient pas avec un citron, ils ne rentraient pas.
07:38 - Ah, évidemment !
07:39 - Ça m'amuse beaucoup.
07:41 - Marie-Gilin, Michel Bougin,
07:42 restez avec nous dans un instant.
07:43 Le premier indispensable du jour, on va parler de Napoléon.
07:46 Non, pas avec Stéphane Bern, mais avec Olivier Véron.

Recommandations