• l’année dernière
Mathilda May (@maymathilda), actrice et metteure en scène, accompagnait son mari Sly Johnson (@slyjohnson_) pour le soutenir lors de sa gracieuse participation au showcase after conférence de l'évènement "X,Y sommes nous complémentaires?" organisé par l'association "Je suis une Femme & j'Existe".
Pour avoir échanger avec eux nous pouvons affirmer qu'ils sont une belle représentation de la complémentarité femme / homme.
Binder à profiter de cette occasion pour interroger Mathilda sur le sujet de l'égalité homme/femme.
Transcription
00:00 [Musique]
00:05 Franchement je trouve fou qu'aujourd'hui on en soit encore à parler d'égalité,
00:11 ne serait-ce que sur le monde du travail, la valeur qu'on donne aux personnes
00:15 se signifie par les salaires et qu'il y ait encore des inégalités de salaire.
00:20 Par exemple, ça me semble complètement incroyable la compétence égale,
00:23 la poste égale, que ça puisse encore être possible.
00:26 Alors évidemment il y a énormément de progrès, je me souviens moi à mes débuts,
00:31 quand je suis rentrée dans le monde du travail, j'étais vraiment très peu,
00:35 très mal considérée par rapport à mes collègues comédiens.
00:40 Mais je vois qu'il y a un gros progrès, ne serait-ce que sur la façon dont les jeunes femmes,
00:48 comme ma fille par exemple, ont une vision d'elle-même qui n'est pas orientée par leur sexe.
00:55 Et que les idées de parcours de vie, de carrière, ne sont pas contextualisées ou limitées par le féminin.
01:05 Ça c'est nouveau et je découvre ça, je trouve que c'est quand même un très bon signal,
01:10 mais ça reste pour moi très choquant qu'on en soit encore à batailler pour l'équité des droits,
01:17 je trouve ça complètement absurde.
01:19 C'est compliqué la question du consentement,
01:22 parce que ça veut dire que d'abord il faut s'écouter déjà soi-même,
01:27 pouvoir évaluer quel est son périmètre de sécurité,
01:31 connaître aussi sa valeur, la valeur de son propre corps.
01:35 Donc ça, ça implique quand même une conscientisation de soi-même.
01:40 Et puis la question du consentement, le non, qu'est-ce que veut dire non,
01:46 la valeur du mot, la valeur du geste, la valeur de l'intention,
01:50 enfin ça c'est du comportement humain.
01:53 Moi j'ai l'impression que l'arrivée des réseaux sociaux et des images en permanence
02:00 détachent finalement un peu de cette prise de conscience de l'humain
02:07 et de tout ce langage qui n'est pas seulement verbal,
02:13 mais on a plein d'informations en réalité, si on se regarde vraiment,
02:17 qui nous permettent de savoir, de jauger si la personne est d'accord ou pas,
02:23 au-delà du non, je veux dire.
02:26 Moi j'ai appris à observer, j'ai observé dans mon enfance,
02:30 parce que peut-être je n'étais pas aussi sollicitée par des images constantes sur les écrans.
02:34 Je ne sais pas si ça a une influence, ça c'est peut-être un rapprochement que je fais,
02:37 mais il me semble que ces réseaux sociaux éloignent un peu de la réalité,
02:44 du corps de l'autre notamment, on voit maintenant les réunions Zoom,
02:49 le monde du travail qui fait intrusion dans le privé,
02:52 les frontières sont compliquées à tracer aujourd'hui entre le virtuel et le réel,
03:02 et puis le travail qui infuse dans le privé, ça brouille pas mal de frontières.
03:10 C'est vrai que peut-être l'éducation nationale, l'école, a un rôle à jouer,
03:15 justement d'autant plus aujourd'hui sur ces définitions de l'appropriation de son propre corps et des limites.
03:24 C'est très compliqué de toucher à la sexualité des très très jeunes,
03:29 parce que dans le cadre de collectifs, on rentre dans des sphères intimes,
03:34 c'est pas simple, il faudrait trouver comment les jeunes pourraient eux-mêmes peut-être
03:39 prendre ce sujet à cœur sous la forme peut-être d'une rédaction,
03:44 par le biais d'une autre matière pour développer une vision,
03:49 faire, je sais pas, on faisait beaucoup d'exposés, je sais pas si ça se fait toujours les exposés,
03:55 mais c'était des travails de groupe où chacun parlait d'un sujet,
03:58 et ça permettait d'évoquer un sujet de façon peut-être indirecte,
04:03 pour ne pas que les jeunes se sentent, comment dire, exposés dans leur intimité.
04:08 C'est un vrai sujet, après il y a évidemment l'éducation parentale,
04:12 ce qu'on permet aussi, ou pas, avec les images, notamment la pornographie,
04:17 et ça c'est aussi là, les frontières doivent être bien définies à partir de quel âge, par exemple,
04:25 on laisse son propre enfant potentiellement regarder du porno.
04:31 Parce que ça aussi, ça fausse la donne sur la conception de la sexualité,
04:36 et comment on s'y prend en fait.
04:40 [Musique]