• il y a 2 ans
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Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de l'utilisation des tickets restaurant dans les magasins d'alimentation, de l'accord entre l'État et EDF sur le prix de l'électricité, des chiffres du chômage et de la crise israélo-palestinienne.

Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews de Sonia Mabrouk" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-de-8h20
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Transcription
00:00 Et place donc à la grande interview sur CNews et Europe 1. Bonjour à vous, Bruno Lemaire.
00:10 Bonjour, Sonia Mabrouk.
00:11 Et bienvenue. Vous êtes le ministre de l'Economie, des Finances, de la Souveraineté Industrielle et Numérique.
00:15 Et j'ajoute également que vous êtes un diplomate de formation. Vous avez été notamment directeur de cabinet de Dominique de Villepin.
00:21 On va bien sûr parler du Proche-Orient et des conséquences en France et dans le monde.
00:25 D'abord, Bruno Lemaire, c'est l'un des sujets de conversation dans les entreprises, dans les commerces, les tickets restaurants.
00:31 Je précise, au 1er janvier 2024, les tickets restos ne devaient plus être acceptés pour régler des produits non consommables immédiatement.
00:38 Finalement, face au tollé, y compris dans votre majorité, on a appris hier que cette mesure dérogatoire allait être prolongée en 2024.
00:45 Comment vous ne l'avez pas anticipé ? Est-ce que c'est un signe de déconnexion de votre part ?
00:49 Absolument pas. Nous l'avons anticipé d'une part. Et d'autre part, je rappelle que c'était le choix du législateur du Sénat d'arrêter cette mesure au 31 décembre 2023.
01:00 Nous, nous avons pris la décision des parlementaires. C'est normal dans une démocratie. Nous avons vu que ça correspondait à une attente forte.
01:08 Donc nous avons proposé avec Olivier Grégoire de prolonger l'utilisation de ces tickets restaurants pour l'achat d'alimentation dans les magasins.
01:15 Nous allons le faire. Nous le ferons par la loi parce que ça demande une disposition législative.
01:20 Je souhaite que ça puisse être fait dans le projet de loi de finances 2024 si c'est possible.
01:24 On est en train de vérifier les aspects juridiques. Nous avons toujours été favorables à cette prolongation tout simplement parce qu'elle facilite la vie des Français.
01:31 Mais ça donne pas cette impression, Bruno Le Maire, en direct, que face à une bronca, que quand les députés se sont agissés...
01:36 Je rappelle que c'est une décision des sénateurs. C'est un amendement sénatorial qui a limité l'utilisation...
01:41 Le gouvernement a un poids à sa voix.
01:43 Il a un poids, donc il joue de son poids pour justement modifier cette règle, faciliter la vie des Français.
01:49 Mon objectif, c'est évidemment de simplifier la vie des Français.
01:53 Vous avez 5 millions de personnes qui ont ces tickets restaurants.
01:56 Vous avez beaucoup d'entre eux qui trouvent que c'est vraiment beaucoup plus simple de les utiliser pour acheter des produits alimentaires,
02:02 se préparer ses paniers repas, se faire ses déjeuners soi-même.
02:05 Tant mieux. Simplifions la vie des gens et donc prolongeons cette mesure pour l'année 2024.
02:10 Donc vous nous dites ce matin que ce n'est pas un revirement, un volte-face ?
02:13 Il n'y a pas de revirement, je n'aime pas les revirements, il n'y a pas de volte-face.
02:15 En tout cas, c'était une décision du Sénat de l'arrêter au 31 décembre.
02:19 Et c'est une décision du gouvernement de le prolonger pendant un an.
02:22 Mais rassurez-nous, dans un an, qu'est-ce qui va se passer ?
02:25 Je pense qu'il faut qu'on ouvre une réflexion plus globale, comme toujours, quand on a des changements comme ça.
02:29 Est-ce qu'il ne faut pas utiliser les tickets restaurants de manière plus globale pour l'achat des produits alimentaires ?
02:34 Est-ce qu'il ne faut pas changer même la dénomination de ticket restaurant, qui est induite un peu en erreur,
02:39 avec une seule obsession, que ça corresponde aux attentes des gens, aux attentes des salariés ?
02:44 Si les salariés trouvent ça bien, s'il faut engager une réforme de plus en profondeur, moi je suis prêt à regarder cela.
02:50 Donc nous allons avec Olivier Grégoire, au-delà de cette prolongation pour un an,
02:53 moi je suis prêt à ouvrir la discussion sur l'utilisation plus généralement de ces tickets pour acheter de la nourriture.
02:59 Il y a les chiffres du chômage, Bruno Le Maire, ce matin, dévoilé par l'INSEE, c'est une hausse au troisième trimestre,
03:05 à 7,4% de la population active. J'ai lu la première réaction de votre collègue, ministre du Travail, qui dit
03:12 "en somme, c'est la faute à l'économie mondiale". Vous partagez ce constat ?
03:17 C'est la conséquence. Non, c'est la conséquence, il a raison, c'est la conséquence du ralentissement de l'économie en Europe,
03:23 l'économie mondiale. Je rappelle que nous, nous faisons 1% de croissance, là où beaucoup de nos voisins européens sont en récession.
03:29 Mais je veux aussi, je ne veux pas me cacher derrière mon petit doigt, je veux aussi être très clair,
03:34 si nous voulons tenir la feuille de route qui nous a été fixée par le président de la République.
03:38 5% de taux de chômage en 2027, et passer de 7 à 5, ce qui n'est pas arrivé, souligne un mabrouk, depuis un demi-siècle.
03:45 Nous n'y arriverons pas à modèle social constant. Je veux que chacun comprenne bien, parce que c'est ça la politique,
03:51 c'est défendre des convictions et le faire avec vérité, que notre modèle social tel qu'il existe aujourd'hui,
03:56 ne nous permettra pas d'arriver à 5% de taux de chômage. Il y a au moins trois choses qu'il faut changer.
04:01 La première, c'est la mobilité des salariés, leur permettre de se loger plus facilement dans les endroits où il y a beaucoup d'emplois.
04:07 Ça demande une politique sur le logement très offensive, nous y réfléchissons évidemment avec Christophe Béchut.
04:13 Deux, ça demande d'accélérer encore plus la formation, la qualification, en particulier des seniors qui partent beaucoup trop tôt
04:20 du marché du travail. Je regrette d'ailleurs que dans l'accord qu'ont conclu les partenaires sociaux, la question des seniors soit à nouveau repoussée.
04:28 Et trois, ça demande qu'on réfléchisse aux dispositifs d'indemnisation, d'indemnisation du chômage, de soutien à ceux qui ne travaillent pas,
04:35 pour s'assurer qu'on garde une vraie différence entre les revenus du travail et les revenus de la redistribution.
04:40 Monsieur le ministre, on vous entend, mais ce n'est pas comme si vous n'étiez pas au pouvoir depuis des années.
04:43 Mais les premières marches, souligne un mabrouk, nous avons fait un travail considérable pour arriver à ces 7%.
04:48 Nous avons réformé le marché du travail. On vient d'adopter la loi plein d'emplois qui va créer France Travail et qui va donner une obligation de travail
04:56 pour les bénéficiaires du RSA. Tout ça, c'est des changements qui sont très forts. J'appelle juste la majorité à rester fidèles à ce qu'est la promesse originelle
05:05 d'Emmanuel Macron et du président de la République, transformer notre modèle social, transformer notre économie pour atteindre le plein d'emplois,
05:12 pour réindustrialiser le pays et pour que chacun vive bien de son travail. Nous sommes à la croisée des chemins.
05:19 Viveur bien de son travail ou vivre tout court, tout ce discours intervient, Bruno Le Maire, au moment où on apprend aussi les chiffres sur la pauvreté.
05:25 Alors ils sont au rouge, les inégalités se creusent, comme le rapportent là encore les derniers chiffres de l'INSEE pour la période 2021.
05:32 Est-ce que ça veut dire, Bruno Le Maire, qu'au sortir des aides qu'il y a eu pour protéger les plus modestes, ça a aggravé les inégalités ?
05:40 Ce que je veux dire sur ce chiffre, c'est que quand vous le comparez aux autres pays européens, nous avons des taux de pauvreté les plus faibles.
05:47 Il faut arrêter de noircir systématiquement le tableau de la France. Dès qu'il y a une personne pauvre, c'est une personne pauvre de trop.
05:54 Et le combat contre la pauvreté est un combat que nous avons engagé depuis 6 ans. Mais là, nous retrouvons tout simplement les chiffres que nous avions auparavant.
06:02 Ça doit nous amener à toujours plus combattre la pauvreté. C'est ce qui nous a amené, par exemple, à maintenir l'indexation de toutes les prestations sociales,
06:10 de tous les minima sociaux sur l'inflation pour protéger les personnes les plus modestes. Mais derrière ce chiffre, il y en a un autre.
06:15 34% des personnes qui n'ont pas d'emploi sont en situation de pauvreté. Ça veut dire quoi ?
06:21 Ça veut dire que le combat pour le plein emploi est aussi un combat contre la pauvreté.
06:26 Et que notre ligne rouge, qui est celle du travail, du travail qui paye, du travail qui paye bien, qui permet de construire sa vie,
06:32 ce fil rouge doit continuer à être le fil directeur de notre politique économique.
06:36 Et ce qui m'interpelle, souvent vous mettez en avant, et parfois à raison, des chiffres macroéconomiques qui sont bons.
06:41 Et on a l'impression, ce n'est pas qu'une impression, d'un décalage très très net avec l'avis des citoyens, de nous tous,
06:48 entre des chiffres certainement mis en avant par les sachants, et ce n'est pas du tout méprisant, de Bercy, et qui sont en contradiction avec ce que l'on vit.
06:55 Les deux sont parfaitement compatibles, je n'ai pas de contradiction là-dedans.
06:59 Ce n'est pas parce que vous avez réussi à faire baisser le taux de chômage, qu'il n'y a pas des millions de nos compatriotes
07:05 qui ne sont pas satisfaits parce qu'ils ne vivent pas assez bien avec leur salaire, parce qu'ils voudraient des rémunérations plus élevées,
07:10 parce qu'ils voudraient pouvoir s'acheter plus facilement leur logement.
07:14 Donc les deux sont parfaitement compatibles.
07:16 Je dis juste, ne perdons pas le fil directeur de notre politique économique, et faisons en sorte de répondre aux attentes de ces personnes.
07:23 Est-ce qu'on peut aller plus loin sur le partage de la valeur ? Oui.
07:25 Aller plus loin sur l'actionnariat salarié pour augmenter les rémunérations des salariés ? Oui.
07:30 Aller plus loin sur la formation et la qualification, parce qu'une personne qui est mieux formée, mieux qualifiée,
07:34 elle est plus productive, elle a un meilleur salaire.
07:37 Et toutes ces questions-là, je dis simplement, Mme Magroux, parce que c'est le plus important à mes yeux.
07:41 Nous avons fait un travail formidable pour redresser notre économie depuis près de 7 ans.
07:47 Vous dites formidable malgré tout ce qu'on vient de passer en revue.
07:50 L'industrie qui redémarre, 300 usines qui ont été ouvertes, un des nations qui est la plus attractive.
07:55 Un commerce extérieur français fragile, importation et exportation.
07:58 Je dis juste qu'il y a un travail formidable qui a été fait, qui a donné des résultats qui sont forts.
08:01 Nous sommes à la croisée des chemins.
08:04 Est-ce que pour les 4 années qui restent, c'est beaucoup de temps 4 années, on vit sur nos acquis ?
08:09 Ou est-ce qu'on relance la machine des réformes de structure, de la transformation de notre modèle social,
08:16 de la transformation du marché du travail pour viser le plein emploi, la réindustrialisation et le rétablissement des comptes publics ?
08:23 Je plaide très fortement pour la deuxième voie.
08:25 Oui, mais est-ce que vous allez pouvoir le faire en pleine période inflationniste ?
08:28 Parlons des prix, parce qu'un accord a donc été trouvé, Bruno Le Maire, entre l'État et EDF,
08:33 permettant, avez-vous dit, de garantir un prix stable pour les consommateurs.
08:37 Est-ce que ce matin, justement, vous garantissez, vous certifiez que le prix de l'électricité moyen restera aux alentours de ces 70 euros le mégawatt-heure ?
08:45 Tout l'objectif de cet accord, c'est de garantir la stabilité des prix pour le consommateur.
08:51 Moi, je vois des comparaisons qui sont faites ce matin, mais qui sont lunaires.
08:54 On peut dire "mais c'est 42 euros le mégawatt-heure, ça va être 70".
08:58 Enfin, on compare des choses qui ne sont pas comparables.
09:00 Les 42 euros le mégawatt-heure portent sur un tiers de la production nucléaire d'EDF.
09:06 110 térawatt-heure pour être tout à fait précis.
09:08 Les 70 euros le mégawatt-heure portent sur 100% de la production électrique nucléaire d'EDF.
09:14 Quand vous allez chez le boulanger, c'est à Mabrouk, et que vous achetez une part du gâteau, c'est moins cher que si vous achetez tout le gâteau.
09:21 Oui, mais j'ai l'impression qu'on mange de moins en moins ce gâteau, monsieur le ministre.
09:23 Est-ce que les téléspectateurs et les auditeurs, ce matin, parce qu'ils se posent une question,
09:26 est-ce que les prix vont revenir au niveau d'avant-inflation ?
09:29 Mais ils ne reviendront pas. Mais aucun prix ne va revenir au niveau d'avant-inflation.
09:32 Parce que les prix augmentent année après année, comme les salaires augmentent.
09:35 Et tout l'objectif, c'est que les salaires augmentent plus que les prix.
09:38 C'est pour ça que nous nous battons.
09:39 Mais pour revenir au prix d'électricité, les téléspectateurs, la première chose qu'ils se demandent ce matin, on est le 15 novembre,
09:45 c'est de se dire, est-ce que la semaine prochaine, dans les mois qui viennent, ma facture d'électricité va augmenter ?
09:50 Cette réforme ne s'applique pas avant le 1er janvier 2026.
09:53 Donc il n'y aura pas d'augmentation de plus de 10% des tarifs de l'électricité, de factures d'électricité, début 2024.
10:00 J'ai pris cet engagement. J'ai l'habitude de tenir mon engagement.
10:04 Nous allons progressivement sortir du bouclier énergétique.
10:07 Donc il y aura cette hausse au début de l'année 2024.
10:10 Elle sera inférieure à 10%.
10:12 Mais je rappelle, c'est à ma boucle, que nous payons encore 34% de la facture d'électricité des gens.
10:17 Donc il faut en sortir progressivement pour revenir à la normale.
10:21 Ensuite, nous allons arriver...
10:22 - On vient de parler des chiffres de pauvreté parce qu'on est sortis des aides.
10:24 Donc est-ce que ça ne va pas aggraver la situation ?
10:26 - Il n'y a pas une explosion, comme je l'entends dire, de la pauvreté.
10:29 C'est maîtrisé. Nous veillons à ce que ce soit maîtrisé.
10:32 Mais vous êtes bien obligés de sortir de ces boucliers énergétiques
10:35 qui coûtent 40 milliards d'euros à la nation française.
10:37 On ne va pas payer 40 milliards d'euros chaque année pour le prix électricité.
10:41 Donc nous allons sortir progressivement. C'est d'ici 2025.
10:46 Ensuite, on basculera dans le nouveau modèle que nous avons présenté hier avec le président de l'EDF,
10:51 avec justement cet objectif qu'il n'y ait pas de marge entre l'ancien et le nouveau modèle,
10:56 mais de la stabilité des prix pour le consommateur.
10:58 Donc ne confondons pas deux choses.
11:00 La sortie du bouclier énergétique se fait maintenant progressivement,
11:04 avec l'engagement que je prends que ce sera progressif, qu'il n'y aura pas de brutalité,
11:08 qu'il n'y aura pas de hausse de plus de 10% à la rentrée 2024.
11:11 Et après, il y aura le nouveau modèle, et c'est un deuxième engagement que je prends,
11:14 stabilité des prix pour le consommateur.
11:16 Enfin, je redis à quel point je suis pas révolté, mais un peu surpris
11:21 de voir que certains font des comparaisons entre des chiffres qui ne veulent absolument rien dire.
11:25 Il est évident que 42 euros sur un tiers de la production,
11:28 ça ne se compare pas avec 70 euros sur 100% de la production électrique.
11:31 Encore une question sur ce sujet, Bruno Le Maire.
11:33 Je ne comprends pas.
11:34 Vraiment, expliquez-nous ce matin à la fois sur Europe 1 et sur CNews,
11:37 pourquoi on n'est pas sortis du marché européen ?
11:39 Nous payons, dites-moi si on a tort, l'électricité la plus chère d'Europe,
11:43 alors que nous la produisons au coût le plus faible,
11:45 grâce à un formidable outil de production nucléaire et hydraulique.
11:48 Est-ce que vous n'êtes pas le plus grand qui marche sur la tête ?
11:50 Non, ce n'est pas beaucoup.
11:51 Je ne marche pas sur la tête, je vais rappeler certaines réalités de base.
11:53 1. Nous sommes parfois dépendants de la production électrique des autres.
11:57 C'est pour ça qu'on fait partie du marché européen de l'électricité.
11:59 On était bien contents de trouver l'électricité allemande
12:02 quand nos centrales nucléaires étaient à la ramasse
12:05 et qu'elles ne produisaient plus problème de corrosion sous contrainte.
12:08 2. Ce que je veux éviter, c'est les chocs tels que ceux qu'on a connus.
12:12 Les factures des Français auraient dû augmenter de 100% par moment.
12:16 Vous payez 1200, ça aurait dû être 2400.
12:18 Ça n'a pas été le cas parce qu'on vous a protégés.
12:20 Mais je ne peux pas protéger chaque année à 40 milliards d'euros
12:23 parce que ça risque de nous coûter cher en termes d'impôts par la suite.
12:26 3. Nous avons effectivement un prix d'électricité qui est un des plus bas en Europe.
12:31 Mais nous avons des investissements à faire.
12:33 Donc si nous voulons garder notre indépendance énergétique,
12:35 il faut fabriquer 6 nouveaux réacteurs nucléaires.
12:39 C'est un coût de plus de 50 milliards d'euros.
12:41 Je suis obligé d'intégrer ce prix dans la facture globale
12:46 pour que ça permette de financer la construction de ces centrales.
12:50 Enfin, dernière remarque, EDF est une entreprise publique,
12:54 mais ce n'est pas une entreprise qui a vocation à vendre à perte.
12:56 Sinon, demain, elle fera faillite.
12:58 Il faudra renfouer EDF et ça coûtera très cher aux contribuables.
13:01 Bruno Le Maire, sur la situation au Proche-Orient et ses conséquences en France et dans le monde,
13:04 vous êtes un diplomate de formation.
13:07 Vous avez été notamment directeur de cabinet de l'ancien Premier ministre Domique de Villepin.
13:11 Il était hier l'invité de CNews en l'heure des pros.
13:14 Il s'est inquiété, l'ancien Premier ministre, je cite,
13:16 "d'un glissement vers une confrontation globale".
13:19 C'est grave quand même comme propos.
13:21 Est-ce que vous partagez une telle inquiétude ?
13:23 Je pense qu'il y a partout à travers la planète le risque d'une confrontation
13:28 entre des régimes autoritaires et les démocraties libérales.
13:33 Ce risque-là, il existe. Il doit évidemment être évité.
13:36 Et je considère que la France et l'Europe ont un rôle très particulier à jouer
13:41 pour éviter ce piège d'un conflit global entre régime autoritaire et démocratie libérale.
13:47 Prenez un exemple qui n'a rien à voir avec le Proche-Orient,
13:49 mais pour dépassionner les choses, la Chine.
13:52 Quel rapport voulons-nous avoir avec la Chine ?
13:54 Nous, nous voulons un rapport équilibré.
13:56 Nous savons que nous ne sommes pas des alliés de la Chine, mais des partenaires de la Chine.
14:00 Nous voulons garder ce partenariat économique
14:02 là où les États-Unis de leur côté ont une approche qui est beaucoup plus brutale vis-à-vis de la Chine.
14:07 C'est le rôle de l'Europe, c'est le rôle de la France,
14:09 de montrer que nous avons des choses à construire économiquement,
14:12 mais aussi politiquement avec la Chine.
14:14 Mais encore faut-il parler de la même voie.
14:15 Quand le président Emmanuel Macron demande, avant qu'il ne change d'avis,
14:19 il y a quelques jours, un cessez-le-feu sans condition,
14:22 le chancelier allemand dit non.
14:24 Alors, quelle est la voie de l'Europe ?
14:26 Je ne me retenais davantage, je ne me prendrais pas dans la position du président de la République.
14:30 Mais quelle est-elle ? On a du mal à la suivre.
14:32 Bien sûr qu'on a du mal à suivre la position européenne.
14:34 C'est arrivé à chaque fois qu'il y a eu un conflit au Proche-Orient,
14:38 il était très difficile d'harmoniser les positions européennes.
14:41 C'est la raison pour laquelle je suis d'ailleurs totalement opposé
14:44 à l'idée d'une majorité qualifiée en Europe sur les sujets internationaux.
14:48 Parce que je considère que la voie de la France doit rester indépendante.
14:51 En 2003, j'ai bien connu cette période, celle de l'Irak,
14:55 la France, l'Allemagne, se sont opposées à cette intervention militaire
14:59 qui a généré du terrorisme au bout du compte.
15:01 L'Espagne, la Grande-Bretagne étaient sur une autre ligne.
15:03 Je pense qu'il était bon de garder notre voie indépendante.
15:06 Aujourd'hui, même chose.
15:08 Quelle est la seule solution au conflit dramatique que nous vivons aujourd'hui ?
15:11 Une solution politique.
15:13 Cette attaque du 7 octobre, c'est une attaque qui remet en cause
15:17 le droit d'Israël à exister.
15:19 Elle est dramatique sur le plan humain, dramatique sur le plan émotionnel,
15:23 mais surtout dramatique sur le plan politique,
15:25 parce qu'une organisation terroriste, le Hamas,
15:28 vise à faire disparaître Israël de la carte internationale.
15:32 Donc vous n'êtes pas pour un cesser le feu sans conviction ?
15:34 Je suis pour que les Israéliens puissent se défendre, bien entendu,
15:39 mettre fin aux agissements terroristes du Hamas
15:42 qui menacent non seulement Israël,
15:44 mais qui menacent la stabilité de toute la région.
15:46 Mais je dis simplement qu'on ne peut pas non plus être indifférent
15:48 au sort des populations civiles palestiniennes.
15:51 On ne peut pas ne pas être bouleversé.
15:53 Qui est indifférent à ce sort ?
15:54 Parfois on a le sentiment que les victimes des bombardements,
15:59 les victimes palestiniennes,
16:01 ce serait un moindre mal à payer
16:04 comme prix de cette opération militaire.
16:08 On ne peut pas considérer cela.
16:10 Chaque victime est un drame.
16:12 Et c'est bien pour cela qu'il faut appeler le plus rapidement possible,
16:15 comme l'a fait le président de la République,
16:17 à une solution politique.
16:18 La guerre est un instrument.
16:20 Ce n'est pas une fin en soi.
16:22 C'est un instrument pour un objectif politique.
16:24 Et il est essentiel de définir l'objectif politique.
16:26 C'est vrai, on en a connu depuis 20 ans des guerres.
16:29 En Syrie, en Irak, en Afghanistan.
16:32 Et tous les pays occidentaux se sont engagés dans ces guerres,
16:34 parfois avec des buts politiques qui n'étaient pas très clairs.
16:37 Quand les buts politiques finaux ne sont pas clairs,
16:39 l'intervention militaire se solde par un échec.
16:41 Je plaide pour que cette intervention militaire israélienne,
16:44 qui est nécessaire pour sa sécurité,
16:46 se traduise le plus rapidement possible par une solution politique.
16:49 C'est ce que défend le président de la République.
16:50 Merci Bruno Le Maire.
16:51 C'était votre grande interview ce matin sur Europe 1 et C News.
16:54 Merci Sonia Babrouk et merci Bruno Le Maire.
16:56 Reste avec nous sur Europe 1 dans un instant
16:58 vos signatures du mercredi,
17:00 et notamment Gaspard Proust.
17:01 A tout de suite.

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