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Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Emilie Aubry, journaliste et animatrice de télévision, pour son magazine géopolitique "Les dessous des cartes" diffusé sur Arte le samedi à 19h30.

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Transcription
00:00 culture média.
00:02 Le générique du dessous des cartes, une des émissions les plus anciennes de la télé.
00:11 Aujourd'hui, ça existe depuis 33 ans, je pense qu'il n'y a que des chiffres et des lettres et le jour du seigneur qui vous battent.
00:16 Une émission créée par le géographe Jean-Christophe Victor. Vous avez repris "Les Reines" il y a cinq ans maintenant, Emilie Aubry, c'est ça ?
00:23 Oui, j'ai repris l'émission en septembre 2017, je suis donc dans ma sixième saison avec cette chance, ce beau cadeau que m'a fait Arte, c'est-à-dire qu'elle m'a confié à la fois la présentation et la rédaction en chef,
00:35 ce qui revient à piloter une équipe vraiment passionnante, en effet, à la fois de géographe, de cartographe, de journaliste, de graphiste.
00:42 Alors, c'est ma sixième saison, mais c'est vrai que je n'ai pas vraiment vu le temps passer parce qu'à chaque saison, on a créé des nouveaux formats.
00:48 Quand j'ai repris l'émission, le dessous des cartes, c'était une hebdomadaire le samedi à 19h30, c'est toujours une hebdomadaire le samedi à 19h30.
00:53 De 15 minutes.
00:54 De 15 minutes, mais désormais, il y a aussi la version quotidienne, 3 minutes, tous les soirs à 20h45, un coup de zoom sur un temps fort de l'actualité internationale du jour.
01:03 Ça, ça a été ajouté depuis la guerre en Ukraine, c'est ça ?
01:05 À partir du moment où, en effet, il y a eu l'invasion russe de l'Ukraine, après février 2022.
01:09 Et puis, c'est aussi un grand entretien pour le numérique, puisqu'on a aussi créé une chaîne YouTube qui compte presque 700 000 abonnés.
01:15 Je crois qu'on va fêter le 700 000e abonnés cette semaine.
01:18 Et puis désormais, 2-3 fois par an, on va dans la carte des reportages en immersion.
01:23 On est allé en mer Baltique sur une frégate, on est allé à Taïwan en juin dernier.
01:28 Et puis là, cet hiver, en janvier, on va aller dans le détroit de Gibraltar.
01:32 Et alors d'abord, vous qui êtes dans la pédagogie, dans cette émission, comment vous pourriez expliquer le principe du dessous des cartes à une personne qui ne l'aurait jamais vu ?
01:39 Eh bien, simple et basique.
01:41 Donner à voir et à comprendre le monde par des cartes.
01:45 Mais alors attention, des cartes du 21e siècle, c'est-à-dire des cartes satellites,
01:49 des cartes animées sur lesquelles il se passe plein de choses, beaucoup d'infographies, des pictos, des interactions de frontières.
01:56 En fait, on n'a rien trouvé de mieux qu'une carte pour immédiatement saisir en un regard une problématique géopolitique.
02:04 Évidemment, je pourrais vous donner plein d'exemples sur l'actualité du moment.
02:07 Comment vous voulez comprendre la complexité des territoires palestiniens si vous n'avez pas une carte sous les yeux
02:11 et que vous ne regardez pas cette tâche de léopard qu'on représente à la Cisjordanie,
02:16 ou si vous ne mesurez pas la petitesse de ces territoires, Israël, ces deux départements français.
02:21 Il faut comprendre que Tel Aviv, Gaza, c'est à peine 70 km, donc c'est comme si vous étiez à Paris et que le Hamas était à Rambouillet.
02:29 La géographie, elle est centrale. Il y a une phrase de François Mitterrand que j'aime beaucoup, c'est que
02:33 l'histoire emprunte toujours les chemins de la géographie.
02:37 Pour comprendre son époque, il faut regarder une carte, il faut avoir la géographie en face de soi.
02:42 Et c'est encore plus important aujourd'hui parce qu'on est dans une époque où la géopolitique est au cœur de l'actualité.
02:48 Ça donne encore plus de sens à ce rendez-vous, j'imagine.
02:50 Oui, bien sûr. C'est vrai que, ironie du sort, je reprends cette émission en 2017 et depuis que j'y suis, j'ai déjà vécu trois tsunamis géopolitiques.
03:00 La pandémie de Covid, qui est une expérience grandeur nature de nos interdépendances.
03:05 Nous tous, dans ce studio, pendant des mois, chaque matin, on s'est levé, on a regardé ce qui se passait à Ouran, à Milan,
03:11 pour essayer de comprendre ce qui nous arrivait à nous.
03:13 On a voulu avoir du paracétamol et on a découvert qu'il était produit en Chine.
03:18 Donc le tsunami de la crise de Covid. Ensuite, février 2022, la résurgence de l'Ukraine et désormais la résurgence de la mer de tous les conflits.
03:27 Le conflit israélo-palestinien avec sa déclinaison actuelle, c'est-à-dire une guerre entre Israël et le Hamas.
03:33 Alors on va voir comment vous travaillez. Dans un instant, on va explorer le dessous du dessous des cartes.
03:38 Ce sera juste après la session de rattrapage de Jean-Luc Lemoyne.
03:40 A tout de suite sur Europe 1.
03:41 Sur Europe 1, Thomas Hill. Ce matin, vous recevez Émilie Aubry, présentatrice du dessous des cartes sur Arte.
03:47 Une leçon de géopolitique en 15 minutes avec plein de chiffres et de cartes.
03:52 Ça peut paraître austère comme ça, mais alors vous, vous avez modernisé ce rendez-vous en essayant de le rendre moins professoral,
03:58 dans le ton accessible au plus grand nombre. Comment vous avez fait ?
04:01 D'abord parce que je ne suis pas prof, je ne suis pas universitaire, je suis journaliste.
04:06 Mais une journaliste qui a cette chance inouïe de passer ses journées à dialoguer, à échanger avec des universitaires,
04:13 avec des cartographes, avec des géographes, avec des graphistes.
04:16 C'est vraiment un travail collectif, c'est presque un travail d'orfèvre, cette émission qu'on fabrique pour le samedi soir.
04:22 En fait, l'émission du samedi, c'est vraiment la maison mère.
04:24 On met plusieurs semaines à la fabriquer dans des échanges comme ça, avec un certain nombre de spécialistes.
04:30 Voilà, je crois que j'ai eu ce souci d'essayer de rendre cette émission accessible, de la rajeunir aussi.
04:37 Peut-être que ma plus grande fierté aujourd'hui, c'est qu'elle soit à ce point un outil pour les enseignants,
04:41 mais aussi pour les élèves. Rien ne me fait plus plaisir que de rencontrer un lycéen à GGSP,
04:46 vous savez, cette nouvelle discipline au baccalauréat qu'on peut choisir comme la SBT.
04:50 - C'est une spécialité géopolitique. - Exactement.
04:52 - Il y a beaucoup d'étudiants qui vous regardent du coup, et de lycéens.
04:55 - Des lycéens qui disent qu'ils se sont abonnés à notre chaîne YouTube.
04:59 - Ça fait très plaisir. Je crois qu'avant c'était l'émission des profs, aujourd'hui c'est l'émission des élèves.
05:03 - Et c'est vrai que ça marche plutôt bien. Julien Pichenay, vous avez regardé les chiffres des dessous des cartes ?
05:07 - Ah ben ça marche très très bien, on est entre Arte Reportage et Arte Journal,
05:10 donc la case est intéressante, le samedi, et on est en général au-dessus des 400 000 téléspectateurs.
05:16 On reste sous la barre des 5% de parts de marché, mais 400 000 téléspectateurs c'est évidemment un beau score.
05:22 - Et puis surtout, comme pour beaucoup de programmes d'Arte, la diffusion à la télé c'est qu'un élément parmi d'autres.
05:26 C'est un programme qui vit surtout en replay sur YouTube.
05:29 J'ai vu que vous aviez presque 700 000 abonnés sur la chaîne YouTube,
05:33 presque 3 millions de vues en plus tous les mois entre Arte.tv et YouTube.
05:38 Et puis ça a l'avantage de pouvoir vivre assez longtemps comme programme.
05:42 - Oui oui absolument, aujourd'hui c'est une émission qui est sur plusieurs supports,
05:46 qui vit plusieurs vies, et puis c'est l'avantage d'Arte, c'est que nos programmes restent en ligne durablement.
05:51 Donc là vous avez donné les audiences de nos émissions hebdomadaires, donc la case du samedi 19h30,
05:56 mais il y a aussi ce format quotidien du lundi au jeudi diffusé à l'antenne à 20h45.
06:01 La semaine dernière par exemple on a dépassé le million de téléspectateurs,
06:05 mardi dernier je crois, c'est assez réjouissant de se dire...
06:09 - C'était sur quel sujet ? - C'était sur les outils, en fait on est parti, vous savez, de cette prise d'otages,
06:14 alors les outils, cette milice Procheat soutenue par l'Iran,
06:18 et donc cette milice outils en mer Rouge a pris en otage un cargo commercial,
06:23 pensant que c'était un cargo israélien, ils se sont filmés en train de faire cette prise d'otages,
06:28 donc on est parti de cette vidéo, et ensuite on a raconté là où on était avec les cartes,
06:32 c'est-à-dire dans le détroit du Babel-Mendeb, c'est-à-dire l'embouchure de la mer Rouge,
06:37 d'où on comprend que cette milice outils basée au Yémen,
06:42 ayant pris le pouvoir sur un port sur la mer Rouge qui s'appelle Odeida,
06:46 a la distance géographique idéale pour pouvoir envoyer des missiles balistiques sur Israël.
06:51 Voilà, plus d'un million de téléspectateurs pour expliquer ça aux Français, aux Allemands, aux Européens qui nous regardent,
06:57 ça montre la soif qu'il y a aujourd'hui de comprendre le monde,
07:01 de comprendre des crises géopolitiques majeures, et de les comprendre par les faits, par les chiffres,
07:06 ça c'est vraiment la mission d'Arte, on est là pour décrire le monde,
07:10 on est là pour donner des clés afin de comprendre ce monde complexe,
07:14 on est là pour donner les clés mais pas expliquer ce qu'il faut penser.
07:17 - Mais justement c'est d'une grande complexité j'imagine aussi pour vous,
07:20 parfois vous devez vous y perdre aussi un peu, vous êtes aidé par des scientifiques ?
07:25 - Ah oui bien sûr, c'est ce que je vous disais tout à l'heure, c'est vraiment un collectif,
07:29 le Dessous des Cartes, toute émission du Dessous des Cartes pour celle du samedi,
07:33 commence par un partenariat avec un universitaire ou un chercheur.
07:37 Si par exemple j'ai envie de faire une mission sur la mer Rouge,
07:39 je vais aller chercher un spécialiste du Moyen-Orient et de cette zone géographique-là en particulier.
07:43 Il va nous remettre une note universitaire de 20 000 signes avec une vingtaine de documents cartographiques
07:48 et ensuite tout le travail avec mon équipe consiste à réduire, à simplifier ce travail,
07:52 mais sans rien lâcher sur la rigueur, c'est simplifié, vulgarisé mais dans le meilleur sens du terme,
07:58 sans en venir à dire des bêtises évidemment ou des inexactitudes.
08:02 - Oui parce que vous avez une grande responsabilité évidemment là-dessus
08:05 et puis derrière il y a tout ce travail de mise en image,
08:07 c'est là que les graphistes vont intervenir pour rendre ces cartes attractives et claires.
08:12 - Mais pour les animer surtout, en réalité au 21e siècle,
08:15 on ne peut pas proposer des images qui ne bougent pas à la télévision,
08:18 donc ce sont des cartes qui bougent.
08:20 Aujourd'hui en plus les ressources cartographiques sont infinies,
08:23 nous on travaille beaucoup avec Planet Observer qui nous fournit des cartes satellites d'une très grande précision.
08:29 Ces cartes-là en effet on va les animer, on va mettre des datas, on va mettre des chiffres,
08:33 on a recours aussi beaucoup à la photographie, moi je crois beaucoup à l'incarnation géopolitique aussi.
08:38 La géopolitique c'est des histoires du monde qu'on raconte avec des personnages,
08:42 avec des protagonistes plus ou moins terrifiants, il faut les montrer aussi ces visages-là.
08:46 Évidemment quand un Ravier Millet est élu en Argentique,
08:49 on montre la tête de Ravier Millet parce qu'elle nous raconte quelque chose aussi de l'époque.
08:53 Donc le dessous des cartes utilise la carte comme un décor,
08:57 comme un support pour expliquer le monde et tout ce qu'il y a à expliquer autour de ce monde.
09:02 - Et puis alors on vous a découvert, Émilie Aubry, il y a quelques années sur la chaîne LCP,
09:07 à parler plutôt d'actualité et de politique.
09:10 Ça vous manque pas la politique pure ? Vous en faites forcément un petit peu dans le dessous des cartes ?
09:14 - Oui je fais de la GOPolitique.
09:15 Non je crois que je suis restée juste le temps qu'il fallait à la chaîne parlementaire,
09:19 j'y ai appris beaucoup, j'ai eu la chance de faire des choses passionnantes,
09:23 notamment les premières primaires socialistes.
09:26 - Est-ce que vous vous souvenez de cette musique ?
09:28 - C'est l'angoisse totale de réécouter cette musique.
09:35 - C'était les tout premiers débats des primaires, c'était totalement inédit ça en France,
09:39 c'était la primaire des socialistes à l'époque.
09:41 Il y avait Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius.
09:44 Quel souvenir vous en gardez ? Parce que vous aviez animé trois débats.
09:47 - Oui trois débats, un peu à la fois passionnants, incroyables et un peu terrifiants,
09:53 parce que j'étais quand même une toute jeune journaliste,
09:55 je revenais de congé maternité, j'avais un bébé qui ne dormait pas,
09:58 et d'un coup je me retrouve avec face à moi Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn, Ségolène Royal,
10:03 avec une pression médiatique très importante, parce qu'en effet c'était les premières primaires socialistes
10:07 qu'on pouvait voir à la télévision.
10:09 Très grosse pression politique, très grosse pression de ma chaîne bien sûr,
10:12 et puis d'un coup une exposition médiatique à laquelle je n'avais jamais été habituée.
10:17 Ça a été une expérience d'interview formidable, menée en binôme avec Emmanuel Kester,
10:21 qui était mon co-interviewer.
10:23 - Vous aviez senti à l'époque que Ségolène Royal allait l'emporter ou pas ?
10:26 - Non, je n'avais pas senti ça du tout.
10:29 On était dans un moment politique très compliqué pour la famille socialiste.
10:36 En tout cas ce qui était intéressant c'est qu'on avait vraiment construit de façon archi rigoureuse nos débats.
10:41 Donc il y avait un débat de politique intérieure, un débat de politique étrangère,
10:45 et puis évidemment tout ça avait volé en éclat.
10:48 Mais voilà, ça raconte quelque chose aussi de la façon dont je me suis un peu lassée de cet univers-là,
10:52 où en fait, pour moi qui avais envie de décrire le monde de façon factuelle, de façon clinique,
10:57 moi je crois beaucoup à un journaliste à l'anglo-saxonne en fait, où on décrit les faits, etc.
11:01 Quand on fait du journalisme politique, vous êtes sans doute placé pour le savoir,
11:04 c'est beaucoup plus compliqué. On est pris dans des plans com, dans une langue de bois.
11:08 Et puis surtout j'ai eu très envie progressivement d'ouvrir les fenêtres, de changer d'échelle.
11:12 La vie politique au Palais Bourbon, d'une certaine manière ça devenait un peu claustro.
11:17 J'avais une très grande soif de découvrir le monde, de le parcourir, de le comprendre,
11:21 et de donner à voir et à comprendre ce monde.
11:23 Vous sentez plus à votre place dans le Dessous des Cartes sur Arte.
11:28 Dans un instant sur Europe 1, la suite de Culture Média avec, à 9h30 comme chaque jour,
11:32 le journal des médias de Julien Pichenay.

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