Avec Eric Ciotti, Président des Républicains.
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NewsTranscription
00:00 Notre invité ce matin, Eric Ciotti, qui est président des Républicains et député des Alpes-Maritimes. Eric Ciotti, bonjour.
00:06 - Bonjour.
00:07 - Merci d'être avec nous ce matin.
00:08 - Merci à vous.
00:09 - Vous avez vu hier le film des massacres commis par le Hamas le 7 octobre en Israël.
00:17 43 minutes.
00:19 J'ai une question toute simple ce matin. Est-ce que vous avez pu dormir en paix ?
00:23 - J'ai en permanence le souvenir,
00:28 l'image saisissante, glaçante, terrifiante,
00:31 de ces deux enfants qui fuient dans une cour intérieure avec leur père,
00:36 qui sont rattrapés par les terroristes du Hamas.
00:39 Leur père est mort, ils sont traînés dans leur salle à manger,
00:44 et là un d'entre eux
00:47 réclame comme
00:50 peut-être une délivrance d'être tué,
00:53 et pleure son père. Les deux pleurent leur père, un manifestement a été touché,
00:59 par une grenade, où on voit ils étaient réfugiés dans un local.
01:02 Il y a d'autres images de multitude de cadavres d'enfants, de bébés,
01:09 carbonisés, de décapitations. C'est terrifiant, c'est
01:13 indicible.
01:16 J'ai fait le lien parce que je suis allé sur place et j'ai retrouvé.
01:19 On était sur le site de la Rêve Partie, on était sur le site du kiboutz de Béhéry, on a vu des maisons calcinées,
01:27 on a vu des traces terrifiantes de balles de sang,
01:32 mais là, sur ces mêmes lieux, il y a encore des personnes vivantes qu'on voit assassinées
01:41 comme des animaux. D'ailleurs,
01:43 il y a aussi dans ces images un chien qui est tué gratuitement. Enfin, je veux dire, c'est terrifiant.
01:50 C'est terrifiant et c'est vrai que
01:54 j'avoue, j'ai détourné le regard un moment. C'était insupportable.
01:58 - Est-ce que ce film devrait être diffusé
02:02 pour le grand public ?
02:05 - Je ne pense pas que ces images puissent être imposées
02:11 parce qu'elles laissent forcément un traumatisme.
02:16 D'ailleurs, certains de mes collègues députés ont dit qu'ils n'ont pas pu rester.
02:23 Mais
02:24 on devrait pouvoir les voir, oui, avec des filtres, avec des sécurités, parce que je pense que tout le monde ne peut pas les voir
02:30 tellement elles sont traumatisantes.
02:33 - Est-ce que ça veut dire qu'il faudrait diffuser les images des atrocités commises dans toutes les guerres ?
02:41 - En tout cas, je crois pas qu'on soit, et c'est tout le débat historique, je crois pas qu'on soit dans une guerre classique.
02:51 On est, et c'est ce qui m'avait frappé quand je suis allé en Israël,
02:54 nos interlocuteurs avaient le sentiment de revivre la Shoah.
02:58 On a traqué des personnes parce qu'elles étaient juives.
03:02 Sur le site du concert qui accueillait une jeunesse internationale, il y avait 4000 jeunes venus du monde entier,
03:09 je crois d'une quarantaine de pays,
03:11 le Hamas cherchait les juifs.
03:14 C'est ça la différence. Je crois qu'on n'est pas dans un...
03:18 tout conflit est terrible avec ces horreurs, avec ces drames,
03:21 mais là, c'est la volonté
03:24 d'éradiquer, d'exterminer
03:27 les juifs,
03:29 de détruire, de rayer sur la carte de la planète les juifs. C'est ça qui fait la différence,
03:34 et c'est ça qui doit être montré, parce qu'on est au bout de l'insupportable.
03:39 Cette volonté,
03:42 elle a été mise en oeuvre par les nazis, et aujourd'hui
03:47 elle est à nouveau en moteur, et aucun conflit territorial,
03:51 aucune justification, aucune circonstance atténuante,
03:55 ne peut expliquer qu'on vienne dans son lit assassiner un bébé.
03:59 Éric Ciotti, aujourd'hui Israël est en guerre, oui, est en guerre contre le Hamas,
04:05 Israël est en opération dans la bande de Gaza, à Gaza même,
04:10 Israël est en opération dans l'hôpital principal de Gaza, Al-Shifa,
04:17 il y a des appels au cessez-le-feu, il y a des appels à la protection des médecins,
04:22 à la protection des malades, à la protection des civils, venus même des Etats-Unis,
04:27 est-ce que vous appelez à une trêve, à un cessez-le-feu ?
04:32 Éric Ciotti.
04:35 Je n'aurais pas la prétention de dire cela, moi,
04:38 en ayant vu,
04:40 tout ce que vous rappeliez à l'instant, ces images, en ayant vécu sur place, en ayant eu beaucoup d'interlocuteurs,
04:46 je comprends
04:48 la volonté légitime d'Israël de se protéger.
04:53 De se venger ?
04:54 Non, non, pas de se venger, de se protéger, c'est sa survie qui est en cause.
04:58 On parle de la solution à deux états qui a été
05:01 toujours la position traditionnelle de la France, j'y adhère.
05:06 Bien sûr que dans l'absolu, qui peut dire qu'il faut que demain, les Palestiniens et les Israéliens
05:12 cohabitent dans des états respectifs, ça c'est une vision idéale,
05:17 et j'y adhère. Mais quand vous dites cela aux Israéliens, ils ditent "oui mais on va laisser à nos portes
05:24 un état dirigé par le Hamas
05:27 qui a fait cela".
05:29 Donc, c'est la priorité...
05:31 Donc, pas de cessez-le-feu ?
05:32 La priorité, c'est détruire le Hamas.
05:34 Moi, je comprends que les Israéliens
05:37 aient la volonté de détruire le Hamas et donc ne cesse pas le feu pour détruire le Hamas.
05:44 Après, il faut naturellement
05:46 qu'il y ait le respect du droit international,
05:49 il faut qu'il y ait une approche humanitaire, il faut qu'il y ait des corridors,
05:53 il faut que toutes
05:56 les personnes civiles soient épargnées,
05:59 et il y a naturellement, et malheureusement, et c'est tragique et je le déplore, il y a toujours des dommages collatéraux, mais
06:06 l'armée israélienne...
06:08 - Dommages collatéraux, c'est-à-dire des civils qui meurent ?
06:10 - Il y a des civils qui meurent, et un civil qui meurt, bien entendu,
06:15 la guerre est une tragédie. Qu'un militaire meurt, c'est une tragédie.
06:20 On va pas dire "c'est très bien que des militaires meurent".
06:23 Que des civils meurent, c'est une tragédie encore plus forte, et je le disais tout à l'heure,
06:29 alors que là, ils ont été assassinés volontairement, de façon délibérée.
06:34 Voilà, donc, mais je comprends, et que Israël veuille se protéger, parce que c'est sa survie qui est en cause, et je le dis
06:42 parce que ceux qui ont commis ces actes d'une barbarie insigne étaient aussi animés par une volonté de détruire
06:50 des valeurs,
06:52 guidés par une radicalité religieuse,
06:56 et ils veulent aussi nous détruire, parce que ceux qui ont attaqué Israël, ce sont les mêmes, il y a les mêmes ferments
07:02 que ceux qui ont attaqué
07:04 le prix d'assaut le Bataclan, qui ont tué ces jeunes, qui comme ceux de la Rêve Partie
07:12 du désert du Néguev, partageaient des moments de joie, c'est les mêmes motivations, les mêmes qui ont tué
07:20 dans ma ville à Nice, sur la promenade des Anglais, on a les mêmes adversaires, ce sont les islamistes, ils veulent nous détruire,
07:26 si demain Israël tombe, quel sera le prochain ? Je pose cette question avec gravité et lucidité.
07:32 Donc je comprends le devoir de se défendre, et quelque part, je pense qu'Israël défend aussi
07:38 d'une certaine façon ce que nous sommes. - Est-ce que vous comprenez
07:41 ces ambassadeurs ou ces diplomates qui sont en poste au Moyen-Orient français, un français
07:47 et qui regrettent le virage pro-israélien selon eux, pris par Emmanuel Macron depuis ces massacres du Hamas
07:54 en Israël ?
07:57 Vous comprenez ? Parce que la position de la France, et notamment celle de Jacques Chirac, a toujours été très équilibrée,
08:04 volontairement très équilibrée entre Israéliens et Palestiniens et monde arabe.
08:09 - Sur la forme, j'ai du mal à comprendre que
08:14 des diplomates qui... - Des ambassadeurs ! - Des ambassadeurs qui doivent porter la voix de la France contestent
08:21 - Les positions d'Emmanuel Macron. - Les positions du président de la République. Ça c'est sur la forme. Sur le fond,
08:27 j'avoue que j'ai du mal à comprendre quelle est la position de la France. Est-ce qu'elle est pro-israélienne ?
08:32 Certains jours. Est-ce qu'elle est pro-arabe ? Certains jours.
08:37 Aujourd'hui, on est dans le "en même temps". On est dans le "en même temps".
08:41 Et ce qui est clair, c'est que la voix de la France,
08:44 dans ce conflit, mais ailleurs. On pourrait parler de l'Afrique, on pourrait parler de l'Ukraine,
08:50 est devenue, parce qu'elle est confuse, totalement inaudible. Et ça, ça traduit une perte d'influence de notre pays,
08:57 parce qu'il n'y a pas de clarté. Et là, on revient
09:01 finalement aux sources du macronisme. C'est dire
09:07 tout à la fois et en même temps des choses contradictoires selon les interlocuteurs. On ne peut pas
09:13 demander une coalition contre le Hamas,
09:16 qui avait été évoqué avec personne,
09:19 et le lendemain demander le cessez-le-feu face au Hamas. Il y a une forme de contradiction.
09:27 Les deux positions sont sans doute
09:29 entendables. Il y a des arguments. Mais on ne peut pas
09:34 défendre les deux en même temps. Donc le "en même temps", mais on pourrait le prolonger sur l'économie, sur la sécurité,
09:40 sur l'immigration, en revenant, et c'est moins
09:43 dramatique, mais enfin ça peut le devenir sur la scène nationale,
09:47 ce "en même temps" est source d'impuissance, d'immobilisme, de perte d'influence,
09:52 et
09:55 altère quelque part la voix, la force de la voix française.
09:59 - Éric Ciotté, est-ce que vous confirmez que vous n'irez pas à la réunion des chefs de parti à Saint-Denis, voulu
10:04 organisé par le président de la République, à l'invitation d'Emmanuel Macron ?
10:09 - Naturellement, je l'ai dit, je l'ai écrit hier au président de la République, je n'irai pas à Saint-Denis. J'ai réfléchi,
10:15 la décision n'était pas forcément évidente ou simple.
10:20 Nous avons vu deux fois le président de la République sous ce format. La première fois,
10:25 je ne concevais pas de ne pas répondre à l'invitation du président de la République, c'était une démarche inédite.
10:30 J'étais sceptique sur le fait d'être à la même table que
10:34 lfi et que le Rassemblement National.
10:37 Voilà, quand il y a de telles différences,
10:40 il ne peut rien sortir d'efficace.
10:44 On est dans un outil de communication. - Quand il y a des différences, on encourage la différence ?
10:48 - Mais là, ce n'est pas des différences, c'est des oppositions
10:53 totales. Je crois que là, on est
10:56 quelque part, moi je l'ai vécu la première fois,
10:59 j'ai eu le sentiment, à la sortie, d'être un peu
11:04 l'objet d'un artifice de communication, d'un alibi, voilà, où tout était finalement écrit d'avance, on a eu une discussion courtoise,
11:13 pourquoi pas ? Mais
11:16 la troisième fois, je me dis qu'on n'est pas obligé de se faire piéger
11:20 tout le temps, c'est une réunion qui n'a débouché sur rien de concret, moi j'ai écrit dès le lendemain au président de la République,
11:27 mes propositions, il les connaît, sur la sécurité,
11:31 quelles conséquences a-t-on tiré des émeutes du mois de juin, du mois de juillet ?
11:36 Suppression des allocations familiales pour les mineurs délinquants, ça n'a pas été fait. Qu'a-t-on tiré comme conséquence sur l'immigration ?
11:43 On demandait une réforme constitutionnelle, je crois comprendre que le président de la République
11:48 n'y accèdera pas, sur le pouvoir d'achat, je demandais... - Il n'aurait pas dit qu'il n'y accèderait pas. - On le sait, je demandais une baisse des prélèves, on verra bien, en tout cas, nous...
11:57 - Vous auriez pu lui en parler,
11:59 vendredi, puisque c'est l'objet, c'est ce que vous demandez absolument, vous allez même déposer une proposition de loi.
12:05 - Je lui ai écrit, et nous débattrons de notre proposition de loi, le 7 décembre, donc je lui ai redit hier dans mon courrier,
12:13 voilà, nos propositions elles sont sur la table. - Bon, mais Éric Ciotti... - Et on en discute dans le cadre des institutions.
12:18 - Qui va représenter l'opposition vendredi ? Le Rassemblement National qui ira ? - L'opposition... - Est-ce que vous ne laissez pas,
12:25 vous ne laissez pas la place
12:28 au Rassemblement National comme
12:30 devenant ainsi le premier parti de l'opposition en France ? - Je ne crois pas, l'opposition elle est au Parlement.
12:38 Voilà, l'opposition c'est la démocratie, elle n'est pas...
12:41 le débat démocratique, il n'est pas dans des scénarios de communication, on a eu le grand débat, on a eu les Grenelles,
12:48 sincèrement Jean-Jacques Bourdin,
12:51 sur quoi tout ça a débouché ? On est dans un
12:54 prolongement d'une permanence de
12:57 communication verbale, débordante,
13:01 l'une remplace l'autre, un Grenelle remplace un Ségur, mais à la fin, qu'est-ce qui avance pour le pays ?
13:08 C'est ce que nous disent nos concitoyens, donc moi je souhaite qu'on parle du temps long, qu'on ait une stratégie, une vision,
13:14 et pas simplement cette communication. Alors le Président de la République est un remarquable communicant,
13:21 il a un talent
13:23 formidable pour cela, mais j'aimerais qu'il mette ses compétences et ce talent au service de l'action. - Mais n'était-ce pas...
13:30 - Et puis, pour répondre à votre question "pourquoi je n'irais pas", j'ai été choqué qu'il ne soit pas présent dimanche
13:37 à la manifestation contre l'antisémitisme, et encore plus par les explications qu'il a données à la petite fille du capitaine Dreyfus,
13:44 en disant
13:46 "si j'y vais, je le dis en substance, je remettrai en cause l'unité nationale",
13:51 comme si l'antisémitisme
13:54 était le tenant d'une partie,
13:57 était une position que certains défendent, mais pas les autres, et que ceux qui ne la défendent pas seraient légitimes. Mais l'antisémitisme,
14:04 c'est une abomination, c'est un délit pénal, c'est une honte, et je pense que dans ce moment, là où il y a eu ce très beau message
14:11 d'unité, mais dans le cadre de nos institutions,
14:14 lancé par la Présidente de l'Assemblée Nationale, Yann Prol-Pivet,
14:18 membre de la majorité, lancé par Gérard Larcher, Président du Sénat,
14:23 membre des Républicains, c'était un signal très fort au sommet de nos institutions,
14:28 le gouvernement y va, et le Président de la République, il fait encore du en même temps.
14:33 - Oui, cette marche...
14:34 - Alors je le dis, on ne peut pas être contre l'unité le dimanche,
14:38 et être pour l'unité le vendredi à samedi. Ça ne me paraît pas sincère.
14:42 - Ce n'était pas la place du Président de la République, ce n'est pas moi qui le dis,
14:45 c'est Rachida Dati qui fait partie de votre parti politique.
14:49 - J'étais...
14:50 - Cette marche, cette manifestation, trop classe moyenne, trop...
14:53 était manifestement trop classe moyenne, trop de classe supérieure,
14:57 elle n'était pas une marche populaire. Voilà ce que dit Rachida Dati, ce n'est pas moi.
15:02 - En tout cas, moi j'y étais, et j'étais même bras-dessus-bras-dessous avec Rachida Dati.
15:08 Elle était à côté de moi, elle était à côté de François...
15:11 - Ça n'empêche pas qu'on peut observer...
15:13 - François Baroin et de Laurent Wauquiez, nous représentions avec beaucoup de parlementaires,
15:17 notre formation politique.
15:19 Moi je pense que la place du Président de la République, dans ce moment si grave,
15:24 1700 actes antisémites depuis le 7 octobre, il se passe quelque chose.
15:29 C'est une gravité, ainsi des Juifs ont peur aujourd'hui, parce qu'ils sont Juifs,
15:34 en France, pays des droits de l'homme,
15:37 eh bien il faut que tous les Républicains se lèvent.
15:40 Il y a les absents, indignes, je l'ai dit, lâches,
15:45 qui n'ont pas voulu, les insoumis qui ont essayé le matin de profaner le Veldiv,
15:51 lieu de ce drame terrifiant.
15:54 Mais voilà, moi je le redis, on peut avoir des nuances,
15:57 on peut avoir des différences avec Rachida, ça nous arrive,
16:00 on est amis, mais je pense que le message de la présence du Président de la République,
16:05 comme l'a fait François Mitterrand après Carpentras,
16:09 comme l'avait fait François Hollande...
16:12 - Des faits commis en France !
16:13 - Quelle différence Jean-Jacques Bourdin ?
16:15 Il serait moins horrible parce qu'ils ont été commis à l'extérieur ?
16:17 Il y a 40 Français qui ont été assassinés,
16:20 il y en a 8 potentiellement qui sont otages,
16:23 j'ai reçu à l'Assemblée nationale la mère de cette jeune otage la semaine dernière,
16:28 on ne doit pas les soutenir ?
16:29 Parce qu'il y aurait un conflit territorial ?
16:32 Ce seraient des otages qui auraient moins de prix que les autres ?
16:34 Ce seraient des morts qu'on devrait moins honorer que les autres ?
16:39 Après à la manifestation, il y avait beaucoup de monde,
16:42 il y a eu une grande mobilisation, on pourrait toujours souhaiter qu'il y en ait plus,
16:45 mais il y a des gens qui ont peur, et c'est aussi terrifiant.
16:51 - Projet de loi immigration adopté au Sénat en décembre à l'Assemblée nationale,
16:56 bientôt à la fin du mois en commission à l'Assemblée nationale,
16:59 et le 11 décembre à l'Assemblée,
17:00 alors je ne vais pas évoquer toutes les mesures,
17:03 mais c'est un texte écrit par le Sénat, par votre majorité au Sénat,
17:09 réécrit par votre majorité au Sénat,
17:12 qui est un texte qui a été vraiment durci.
17:14 Je vais prendre deux exemples, l'article 3-4,
17:17 qui est devenu l'article 4-bis sur les métiers en tension,
17:21 la régularisation des travailleurs sans papier,
17:23 au cas par cas, titre exceptionnel, le travailleur fera lui-même la demande au préfet qui statuera,
17:28 ça vous convient ça ?
17:30 - Ça me gêne.
17:31 - Ça vous gêne ?
17:32 - Ça me gêne.
17:33 Moi j'ai toujours dit que le principe de régularisation
17:36 était un principe dangereux parce que ça lançait un appel d'air.
17:40 Alors le Sénat a fait un très bon travail,
17:43 a mis des mesures qui vont dans le bon sens,
17:47 sur la limitation du regroupement familial,
17:49 - Oui, regroupement familial resserré, durcissement du droit du sol,
17:52 - Sur la ME, sur la ME,
17:54 - Sur la PE, allocation familiale, le médecin aux étrangers, après-c'est, le cas de présente en France.
17:56 - Il reste ce point, l'article 3 a été transformé en article 4-bis,
18:00 personnellement je préférais qu'il n'y ait aucune mesure de régularisation,
18:05 - Vous pourriez l'accepter cet article 4-bis ?
18:08 - Non, moi ce que je dis c'est qu'on aura avant un débat constitutionnel,
18:12 parce que cette loi c'est une loi simple, dans la hiérarchie des normes juridiques,
18:17 et la plupart des mesures qui sont dans cette loi,
18:20 les signaux qui sont lancés sur le regroupement familial,
18:23 sur les quotas, sur le délit de séjour, tout ça sera impossible.
18:27 - Donc le texte du Sénat voté et voulu par le Sénat sera impossible à appliquer ?
18:34 - Il se trouvera confronté aux contraintes jurisprudentielles,
18:38 aux traités internationaux, aux conventions,
18:41 le Sénat est allé au maximum de ce qu'on pouvait aller dans le droit actuel,
18:44 mais on a la même analyse avec Bruno Retailleau.
18:46 Ce que nous nous disons, c'est que préalablement,
18:49 il faut une réforme constitutionnelle pour lever ces verrous,
18:53 de trois natures, sur les quotas migratoires, les plafonds migratoires.
18:58 Les plafonds dans la loi ne concernent que l'immigration économique,
19:02 et pas l'immigration familiale.
19:05 C'est un point essentiel, l'immigration familiale, c'est 100 000 personnes.
19:08 Il faut qu'on reprenne le cours de notre destin là-dessus,
19:11 nous le mettons dans la Constitution.
19:13 Il faut que l'asile, qui est la principale source d'entrée d'étrangers aujourd'hui dans notre pays,
19:19 ça va être presque 200 000 demandeurs d'asile en 2023.
19:23 180 000, c'est déjà plus 14% au premier semestre, on n'a pas les derniers chiffres.
19:28 Il faut que l'asile soit demandé à l'extérieur de nos frontières,
19:31 pour que les personnes ne rentrent pas,
19:33 ce sont pour la plupart de faux demandeurs d'asile,
19:36 dont le statut de réfugié sera refusé,
19:39 mais qui vont rester à vie sur le territoire national.
19:42 Et il faut enfin que les expulsions ne soient plus contraintes,
19:45 ne soient plus limitées,
19:47 tout cela dans un cadre juridique où la France décide ce qu'elle veut.
19:52 Et nous souhaitons que cette réforme constitutionnelle soit approuvée par référendum.
19:58 - Donc deux ans, ça va mettre deux ans, un an et demi.
20:02 - Non, ça peut mettre quatre mois,
20:04 si notre proposition de loi est votée le 7 décembre à l'Assemblée nationale.
20:11 Elle sera débattue le 12 décembre au Sénat.
20:14 Si nous la votons dans les mêmes termes,
20:17 le processus sera ensuite dans les mains du Président de la République,
20:21 soit un congrès à Versailles, soit un référendum.
20:24 Nous demandons un référendum parce que les Français nous disent depuis des années
20:27 qu'ils veulent moins d'immigration, beaucoup moins,
20:30 parce qu'elle est devenue trop nombreuse et source de beaucoup de problèmes.
20:35 Et donc on a toujours des subterfuges.
20:37 Je dis simplement en conscience parce qu'on a eu 29 lois,
20:41 et chacune avait les mêmes objectifs.
20:43 Rappelez-vous la loi Colomb, c'était le même débat.
20:45 On disait qu'elle était très ferme, qu'elle allait tout régler.
20:47 Elle n'a rien réglé, on n'a jamais eu autant d'immigration.
20:50 Deux millions d'étrangers sont arrivés en France depuis l'élection de M. Macron.
20:54 Donc faisons un constat, des impuissants, c'est pas l'impuissance du Sénat,
20:59 c'est pas la nôtre, c'est nos institutions.
21:02 - J'ai bien compris, proposition de loi, le 7, ça veut dire que vous ne voterez pas cette loi.
21:06 Cette loi préparée au Sénat, écrite au Sénat, vous ne la voterez pas.
21:09 - D'abord, la loi, elle est au début d'un processus législatif.
21:12 - Vous ne la voterez pas.
21:13 - Ça ne vous a pas échappé.
21:14 - Oui, évidemment.
21:15 - Nous verrons comment la majorité, j'ai entendu des membres imminents de la majorité
21:21 disant qu'ils allaient supprimer tout ce qu'avait fait le Sénat.
21:24 M. Sacha Houllier qui veut pas...
21:26 - Oui, l'AME, qui allait y venir.
21:29 - Qui veut l'article 3, il y a la question de l'AME, l'AME c'est aussi insupportable.
21:33 Il y a des personnes en situation irrégulière,
21:35 qui ont plus de droits de français que de français modestes,
21:38 qui ont travaillé toute leur vie et qui, eux, n'ont pas leurs dépenses de santé payées à 100%.
21:43 Ça, les français, ils peuvent pas comprendre, ils ont travaillé toute leur vie.
21:46 Un artisan, un agriculteur, il peut pas se payer une complémentaire pour aller à 100%
21:51 parce qu'il a une retraite ridicule.
21:54 Et quelqu'un qui arrive en France en violant nos droits,
21:57 qui arrive, qui traverse la frontière illégalement,
22:00 au bout de 3 mois, l'AME, il a une carte où il est à 100%,
22:05 y compris sur certains soins de confort.
22:07 Bon, là, c'est pas acceptable.
22:10 - L'AME sorti de ce texte ? Est-ce qu'il faut sortir l'AME de ce texte, d'ailleurs ?
22:15 - Nous verrons bien ce qui ressort du Sénat.
22:18 Il y aura de l'Assemblée, on a vu ce qui ressortait du Sénat.
22:21 Nous verrons bien ce qui ressort de...
22:23 - Mais vous êtes prêt à voter ? Oui, vous ne voulez pas voter ce texte du Sénat.
22:27 Ce texte en état, est-ce que vous le voteriez ?
22:30 Moi, je vous pose une question.
22:32 - Si le texte du Sénat arrive au bout,
22:35 vous le voterez ?
22:37 - Et si on modifie la question sur les régularisations,
22:40 moi, je ne veux pas de régularisation.
22:42 - Donc, vous ne voulez pas de l'article 4 bis ?
22:45 - Non, moi, je ne me précipite pas.
22:47 Il y a un long processus législatif.
22:50 Ce que je veux, c'est qu'on soit efficace.
22:52 Et pour moi, le préalable, je le redis, je vous le redis aujourd'hui,
22:56 nous verrons bien ce que fera la majorité.
22:58 Ça déterminera aussi, ça conditionnera mon vote,
23:01 ce que la majorité fera le 7 décembre,
23:04 en réponse à notre proposition de loi constitutionnelle.
23:07 La vérité, la seule vérité,
23:09 c'est que si on veut changer les choses,
23:12 en sincérité, il faut voter une réforme constitutionnelle.
23:15 - Donc, pas de loi ?
23:16 - Le reste, va peut-être dans le bon sens,
23:19 et Jean le constate, c'est mieux que si c'était pire,
23:23 mais sincèrement, c'est pas ça.
23:27 - Si c'est mieux que si c'était pire,
23:30 pourquoi ne pas voter ?
23:31 Quand c'est mieux ?
23:32 Éric Ciotti, pourquoi être systématiquement dans l'opposition, dans l'obstruction ?
23:37 - Je ne vous dis pas aujourd'hui quel sera mon vote,
23:39 je vous dis que je vais regarder ce que fera le gouvernement
23:44 et sa majorité le 7 décembre sur notre loi constitutionnelle.
23:48 - Donc, un référendum plutôt qu'une loi ?
23:51 - Une réforme constitutionnelle approuvée par référendum.
23:54 76% des Français disent qu'il y a trop d'immigration,
23:58 dans la même proportion, 76% disent que
24:01 la politique de M. Darmanin en matière d'immigration est inefficace,
24:05 les chiffres le démontrent, il n'y a jamais eu autant d'immigration,
24:09 plus il y a de loi, plus il y a d'immigration,
24:11 et plus il y a d'immigration, plus il y a de loi.
24:13 Il faut peut-être à un moment rechercher ce qui ne va pas dans ce système.
24:17 - Vous avez désigné votre tête de liste aux européennes ?
24:22 - Pas encore, nous le ferons dans quelques semaines,
24:26 sans doute autour de la fin de l'année,
24:31 si nous le ferons juste avant ou juste après,
24:34 mais je crois que les Français, et la gravité des sujets qu'on a évoqués le démontrent,
24:38 ne sont pas vraiment encore dans la campagne européenne,
24:41 donc chaque étape dans son temps, je vois bien que certains veulent nous presser,
24:45 nous avançons à notre rythme.
24:47 - Merci Eric Ciotti, merci d'être venu nous voir, il est 8h59 et vous êtes sur ce droit.