Écoutez l'interview du ministre de l'Intérieur.
Regardez L'invité de RTL du 16 novembre 2023 avec Amandine Bégot.
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00:02 RTL 7h42, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Légault, vous recevez ce matin notre ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
00:13 Gérald Darmanin, on a appris hier que le policier mis en cause dans la mort du jeune Naël
00:17 fin juin à Nanterre avait été remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire. Il a passé
00:22 139 jours en détention provisoire.
00:25 Les syndicats se disent soulagés, les syndicats de policiers. Et vous, que dites vous ce matin ? Il était temps ?
00:30 Non, je dis rien. J'essaie de faire la justice.
00:33 Je suis allé voilà plus d'un mois à Nanterre rencontrer les policiers de la DOPC, ses collègues. Voilà, ils étaient très éprouvés.
00:40 Je n'oublie pas qu'il y a évidemment la mort d'un jeune homme à Nanterre, bien évidemment. Il y a désormais une procédure judiciaire.
00:45 Et je laisse les magistrats faire leur travail.
00:48 On ne commande pas une décision de justice et on le sait, la justice est indépendante dans notre pays.
00:53 Cet été, vous aviez dit les policiers ne peuvent pas être les seules personnes en France pour lesquelles la présomption d'innocence ne compte pas.
00:58 Ils le disent sur le terrain, les policiers. Ce risque d'être placé comme ça en détention provisoire,
01:04 ça modifie profondément la façon dont ils gèrent ces refus d'obtempérer.
01:08 Quelle doit être la règle ?
01:10 Non mais je pense que je me suis exprimé. Cet été, on a eu, parce qu'il n'y a pas eu que le drame de Nanterre,
01:14 il y a eu des émeutes urbaines ou d'autres policiers. Je pense à ceux de Marseille
01:17 qui ont pu être mis en cause. Évidemment, les policiers et les gendarmes doivent rendre compte de leurs actes. Aucun problème évident pour cela.
01:23 Simplement, il me semble qu'il y a des garanties de représentation
01:27 qu'ont les policiers. Ils ont des armes parce que le Parlement les autorise en avoir
01:31 et qu'on doit accepter, non pas le fait qu'il peut y avoir malheureusement des drames,
01:35 mais le fait que c'est proportionnel. Le juge doit regarder la proportionnalité. Est-ce qu'on utilise bien
01:40 les armes qui ont été confiées par
01:43 l'autorité publique ? Je pense que ce n'est pas
01:45 des citoyens absolument comme les autres lorsqu'ils agissent comme policiers, comme gendarmes et que le magistrat doit faire attention à ça.
01:51 Je n'ai rien dit d'autre cet été. Les policiers savent que je les défends.
01:54 Je sais qu'ils font un travail extrêmement difficile, très peu rémunéré. Ils risquent leur vie pour nous.
01:59 Et moi, je ne peux pas l'oublier en tant que leur chef.
02:01 Venons-en à la flambée des actes antisémites dans notre pays. Dix telles Juives ont encore été dégradées hier dans un cimetière de l'Oise.
02:07 Comment arrêtons-t-on ça ?
02:11 Ce qui est dramatique dans la situation dans laquelle nous sommes, c'est qu'on aurait pu croire que devant ce qui s'est passé, des attentats islamistes
02:17 terribles du Hamas contre la population d'Israël et contre nos propres ressortissants, je rappelle qu'il y a eu plus de 40 morts français,
02:22 8 otages français, on aurait pu croire qu'il y a une vague d'empathie.
02:25 Et en fait, je constate moi plutôt une vague d'antisémitisme, ce qui doit
02:30 profondément blesser,
02:33 apeurer les Français de confession juive.
02:35 Par ailleurs, je constate également qu'il y a
02:40 dans le débat public des remises en cause de ce qu'a fait la police, de ce que nous disons, donc il a fallu que je redise,
02:45 et pourtant je fais désormais assez de médias pour dire oui, il y a eu plus de 700 actes ou actions antisémites
02:51 en France depuis le 1er janvier, c'est le triple de tous les actes antisémites de l'année dernière, c'est déjà un pays qui en connaît plus.
02:57 - Plus de 1700 depuis le 1er janvier ?
02:59 - Depuis le 1er janvier, oui. Alors c'est évidemment essentiellement des croix gammées,
03:01 des insultes téléphoniques, des lettres de menaces de mort, et c'est heureusement moins de 5% de coups et blessures,
03:08 mais jusqu'au drame. Et puis surtout c'est une peur, une peur qui s'installe chez tous les Français de confession juive,
03:13 d'amener leurs enfants à l'école, de pouvoir vivre leur vie.
03:16 Vous savez, l'antisémitisme, c'est un racisme
03:20 particulier en France, parce que d'abord il y a l'histoire, sur la Shoah, il y a les
03:25 attentats qui ont touché des enfants dans une cour d'école à Toulouse parce que juif, il y a l'hypercachère,
03:30 mais c'est aussi comme le canarie dans les mines, qui vient du nord, que les mineurs amenaient avec eux,
03:35 quand le canarie meurt, c'est que le coup de grisou va arriver. Quand les juifs sont pris pour cible, c'est tout le monde qui
03:41 ensuite, dans une société déviante,
03:43 finit par connaître le refus de l'altérité et le racisme. - Quel est le profil des auteurs de ces actes ?
03:47 Il y en a un certain nombre qui ont été jugés, condamnés aussi déjà ? - Alors pour l'instant, la police a fait énormément d'interpellations, on est à quasiment 600.
03:54 Il y a une centaine d'étrangers, un petit peu plus de 100 étrangers sur ces 600 personnes. Je voudrais dire d'ailleurs que ceux qui sont
04:01 irréguliers sont déjà tous dans les centres de rétention administratif,
04:04 et on a commencé les expulsions de ces personnes. Je pense que les ordres de fermeté sont très bien respectés par la police et par les
04:10 préfets. Ceux qui sont étrangers réguliers,
04:12 donc c'est à dire à peu près 80, on leur retire leur titre de séjour. Il n'y a pas de raison d'avoir gardé en France des étrangers
04:19 qu'on accueille généreusement et qui s'en prennent à nos compatriotes juifs. Et puis les autres, c'est quand même un profil très varié.
04:26 Mais il y a beaucoup de mineurs, il y a beaucoup de jeunes. Je prends l'exemple de ces jeunes dans le métro parisien.
04:31 La police fait un travail formidable. On les a tous retrouvés. Une semaine après sur une vidéo quasi anonyme, sans voir les visages,
04:37 récupérer ces personnes qui chantent des chants nazis et des lorraines des juifs. Bon ben voilà, le plus jeune à 11 ans.
04:42 Donc c'est pas un travail de policier quand le plus jeune à 11 ans, c'est un travail de parents et d'éducation nationale.
04:47 Vous avez condamné, monsieur le ministre, les propos tenus avant-hier par l'imam de la grande mosquée de Paris qui avait refusé de qualifier le
04:53 Hamas de mouvement historique. J'ai lu que la grande mosquée de Paris avait dit que c'était pas leur imam. Donc je voudrais ici le dire parce que
04:57 c'est important et je remercie le recteur de la mosquée de l'avoir dit.
04:59 Il avait laissé entendre que le recensement des faits antisémites en France ne correspondait pas à la réalité. Ce n'est pas leur imam ?
05:05 Enfin, on sait pas qui est l'imam de qui, pardon.
05:10 Non mais moi j'ai vu que la grande mosquée de Paris avait dit que c'était pas un imam qui était embauché par la mosquée de
05:14 Paris. Donc je pense qu'il faut le dire.
05:16 Moi je sais le travail que fait le recteur. Mais on peut imaginer des sanctions.
05:19 Vous êtes aussi ministre des cultes. On peut imaginer des sanctions après de tels propos ou pas ?
05:24 Les insinuations sont évidemment extrêmement ambiguës. Il a fallu que je redise. Évidemment qu'il n'y avait pas de chiffres pipotés, pas de complot qui montre
05:31 que l'état ou les juifs se seraient mis d'accord pour dire qu'il y a une vague d'antisémitisme alors qu'il n'y en a pas.
05:36 Il y en a évidemment et je les ai détaillés.
05:37 Certains sont inquiétés en se disant s'il est capable de dire ça sur un plateau de télé qu'est ce qu'il dit dans ses presses.
05:41 Ils sont surveillés les imams aujourd'hui vraiment ?
05:44 Alors d'abord il y a eu il y a 2600 lieux de culte musulman en France en tant que ministre de l'intérieur et je crois que tout le monde connaît à la fois
05:50 mon sens de la fermeté et la vérité que je peux porter aux français. Il y a eu cinq endroits en France depuis le 7 octobre,
05:56 cinq mosquées en France qui ont posé des problèmes dans leurs prêches sur 2600.
06:00 Donc moi je veux aussi saluer le travail que font les responsables religieux grâce à la construction d'un islam
06:06 de France et notamment ce que fait la mosquée de Paris
06:09 pour éviter ça. Vous savez le plus dur bien sûr il y a comme l'imam de Bocquer comme c'est l'imam des gens
06:14 scandaleux que nous poursuivons pour le premier bien sûr vous avez vu qu'il a été condamné
06:18 mais l'immense majorité de nos compatriotes musulmans
06:20 évidemment ont respecté la douleur et respectent ce qui se passe. Ce qui est sûr c'est que l'imam TikTok ou l'imam Twitter
06:27 il est beaucoup plus dramatique celui là. 75% des contenus apologétiques du terrorisme de haine du juif c'est sur Twitter
06:34 avec une très grande difficulté qu'a l'état français comme tous les états à faire respecter
06:38 la police sur internet et je pense qu'il faut plus s'inquiéter de la haine numérique
06:42 qui sont parfois relayés sur des plateaux de télévision par des personnes comme vous les avez évoqués
06:47 que dans les mosquées où les choses se sont
06:49 bien passées dans l'immense majorité des cas. Ce que je voudrais dire c'est que les juifs français
06:53 les français de confession juive ne sont pas responsables
06:57 de ce que fait Israël, Benjamin Netanyahou dans la coalition.
07:01 Voilà ils sont français et quand on va protéger les juifs français on protège pas
07:07 Israël même si par ailleurs évidemment Israël doit se protéger. Et les musulmans ne sont pas responsables de ce que fait les musulmans français.
07:12 J'ai vu qu'à Pessac une mosquée avait été
07:15 attaquée
07:17 avec des propos absolument ignominieux. Les musulmans français ne sont pas le Hamas. Donc il faut qu'on reste tous raisonnables
07:22 et qu'on respecte l'idée que d'abord nous protégeons des français qui par ailleurs ont une religion.
07:26 Gérald Darmanin, le projet de loi immigration a été adopté mardi soir au Sénat, projet très largement
07:30 remanié, on en a beaucoup parlé. La prochaine étape c'est l'Assemblée Nationale. Vous me disiez tout à l'heure "oui j'espère toujours faire passer ce texte
07:37 149.3" ça va être compliqué.
07:40 Je ne sais pas, j'espère toujours, je suis confiant.
07:42 Bon mais ça va être compliqué. Il y a d'un côté la majorité avec l'AME par exemple.
07:47 Excusez-moi j'ai toujours pas compris. Si ça n'avait pas été compliqué je pense qu'on aurait mis quelqu'un d'autre non ?
07:50 Non mais ce que je veux dire c'est que... L'aide médicale d'état, serions sérieux, il nous reste super peu de temps.
07:55 L'aide médicale d'état, vous êtes pour ou contre sa suppression ?
07:59 Non mais ça n'a rien à voir dans ce texte. Si c'est dans le texte.
08:03 La majorité ne dit pas, on ne votera pas le texte. C'est quoi ce texte ? Ce texte qu'on a déposé
08:08 sur le bureau du Sénat, voilà, plus d'un an et pendant un an on m'a dit que jamais je ne le ferai passer au Sénat, on l'a fait passer.
08:13 Prévoit la simplification des recours administratifs,
08:15 l'expulsion d'étrangers délinquants et des exigences d'intégration. Prévoit pas ni les prestations sociales
08:20 ni l'aide médicale d'état. Les sénateurs l'ont rajouté. Mais ils savent très bien que c'est ce qu'on appelle un cavailler législatif.
08:25 Ça sera censuré par le conseil constitutionnel parce que c'était pas prévu dans le texte.
08:29 Moi je pense qu'il y a des questions qui se posent autour de l'AME. Je l'ai dit, la première ministre le dit,
08:33 elle a commandé un rapport à monsieur Stefanini, quelqu'un de droite, et monsieur Évin, quelqu'un de gauche.
08:36 Mais ce n'est pas dans ce texte là, c'est un texte budgétaire l'aide médicale d'état, qu'on doit regarder
08:42 le fonctionnement de l'aide médicale d'état. Donc revenons au texte. Est-ce que la droite, la gauche est d'accord pour que les étrangers qui arrivent en France
08:49 doivent parler français, doivent passer un examen de français, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui ?
08:53 Je vois pas comment on peut être contre ça. Est-ce qu'ils sont d'accord pour qu'on expulse des étrangers délinquants ?
08:57 Aujourd'hui je ne peux pas en expulser plus de 4000 par an parce que la loi me l'interdit, pas la constitution, la loi.
09:02 Qui peut être contre ça ? Donc moi je dis aux parlementaires,
09:05 travaillons ensemble, c'est déjà assez grave la situation française, la situation mondiale.
09:10 L'immigration ne va faire qu'augmenter
09:12 du fait des dictatures. - Et quand vous vous lisiez les propos d'Éric Ciotti hier, on n'a pas l'impression qu'il va voter ce texte.
09:16 - Non mais j'ai lu les propos pendant très longtemps de monsieur Bruno Retailleau.
09:18 Jamais il n'y aurait une mesure de régularisation. Six mois après il y a un texte avec une mesure de régularisation. Ça s'appelle la politique.
09:23 Je regrette qu'on n'ait pas une discussion parfois aussi franche
09:27 en off qu'en on parce que quand on a la buvette de l'assemblée on se parle plus que quand on est sur les plateaux de télé.
09:32 C'est malheureusement comme ça la politique française. - Et ne pas aller aux rencontres de Saint-Denis demain pour Éric Ciotti, c'est une faute majeure, une faute politique majeure.
09:38 - C'est une erreur parce que quand on a un grand parti de gouvernement qui se digoliste, on va parler avec le président de la République.
09:42 Ça me paraît normal.
09:43 Xavier Bertrand l'a dit par exemple et moi je salue ce travail. Gérard Larcher va y aller.
09:47 Donc voilà, moi j'invite Éric Ciotti évidemment à travailler pour le bien de la France et à voter, à discuter bien sûr.
09:52 Moi je suis là avec un discours de
09:54 l'ouverture, de compromis comme je l'ai fait au Sénat. Je suis pas là pour imposer les choses, c'est pour ça que je ne suis pas pour le 49-3.
09:59 S'il faut travailler entre Noël et Nouvel An, j'irai au Parlement entre Noël et Nouvel An. - Merci beaucoup. - Merci beaucoup.
10:05 - Merci. - Merci à vous.