SMART ÉDUCATION - Emission du 17 novembre 2023

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Vendredi 17 novembre 2023, SMART ÉDUCATION reçoit Jacky Vagnoni (Président, Paralysie cérébrale France)

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00:00 ...
00:07 -Bonjour à tous. Je suis ravie de vous retrouver
00:10 dans "Smart Education", votre magazine hebdomadaire
00:13 dédié aux nouveaux métiers, nouvelles formations,
00:16 nouvelles pédagogies, nouvelles technologies de l'éducation.
00:19 Comme chaque mois, nous faisons un focus sur une actualité
00:22 du monde éducatif, la scolarisation des élèves
00:25 en situation de handicap. On appelle ça l'école inclusive.
00:29 Où en est-on, vraiment, alors que près d'un enfant sur quatre
00:32 ne peut pas aller à l'école ?
00:34 C'est selon une étude de l'association UNAPI.
00:36 Les 430 000 enfants à être accueillis,
00:39 eux, dans les établissements scolaires en 2022,
00:41 le sont parfois dans de mauvaises conditions.
00:44 Nous en parlons cette semaine, parce que Jacqui Vagnoni,
00:47 président de la Fédération Paralysie Cérébrale France,
00:50 a écrit une lettre ouverte, notamment au ministre
00:53 de l'Education nationale, pour l'avertir sur les besoins
00:56 de ses élèves.
00:57 Vagnoni est donc notre invité. Bonjour.
00:59 -Bonjour. -Bienvenue dans "Smart Education".
01:02 Merci de nous accompagner.
01:03 Un mot sur cette pathologie.
01:05 D'abord, la paralysie cérébrale, en quoi consiste-t-elle ?
01:09 -La paralysie cérébrale, c'est le premier handicap de l'enfance,
01:12 le premier handicap moteur de l'enfance.
01:15 Les causes sont doubles, grosso modo 50-50,
01:18 c'est-à-dire la grande prématurité,
01:20 le nourrisson qui naît à six mois, sept mois,
01:24 ou l'accident de naissance,
01:26 qui laisse...
01:28 Enfin, je vais dire un accident grave,
01:32 bien entendu.
01:33 La résultante est que, dans les premiers mois de la vie,
01:37 apparaît une lésion, une lésion cérébrale,
01:39 qui est non évolutive, mais qui ne changera pas,
01:43 qui ne bougera pas, et qui affecte le mouvement
01:47 et la posture. C'est un handicap moteur.
01:49 Cependant, alors, avec une grande variabilité,
01:53 si je puis dire, de niveau,
01:57 c'est-à-dire que les personnes ne peuvent souffrir
02:00 que d'une simple boiterie ou être dépendants à 24 ans.
02:04 -Vous dites "premier handicap moteur",
02:06 ça veut dire quoi ? Combien d'enfants se sont touchés ?
02:09 -Peut-être nourrissons par jour, naissent et sont susceptibles
02:13 de vivre, ou vivront avec une paralysie cérébrale.
02:16 La paralysie cérébrale, elle a une spécificité,
02:18 enfin, une spécificité,
02:20 c'est qu'elle s'accompagne souvent de troubles associés.
02:23 Pas seulement des troubles moteurs,
02:25 mais des troubles associés, de la communication,
02:28 des troubles de l'apprentissage, de l'attention...
02:31 -Des choses sur lesquelles on peut travailler ?
02:34 -Oui, mais qui nécessitent souvent, j'allais dire,
02:37 un accompagnement à renforcer.
02:39 D'ailleurs, pour nous, la paralysie cérébrale,
02:41 c'est un modèle d'application pour la société inclusive,
02:45 parce qu'effectivement, la largeur de ces troubles permet de,
02:49 j'allais dire, de progresser
02:52 dans le meilleur accompagnement pour aider
02:54 plein d'autres enfants qui soubent des mêmes troubles.
02:57 -Comment on les aide, ces enfants-là,
02:59 au sein de votre fédération ? Quel travail vous menez ?
03:02 -Au niveau du travail, c'est pas un travail direct,
03:06 puisqu'en fait, nous, nous sommes...
03:08 Nous portons plutôt une voie nationale.
03:10 La fédération, elle est née des territoires,
03:13 c'est-à-dire, ce sont des associations de territoires,
03:17 départements, régions, qui, il y a 30 ans,
03:19 maintenant, même un peu plus de 30 ans,
03:22 en 1991, ont décidé de constituer une fédération,
03:25 une fédération qui porte leur voix au plus haut niveau,
03:28 au plus haut niveau de l'Etat,
03:30 mais aussi dans tous les lieux institutionnels
03:32 où on parle de handicap.
03:34 -On porte leur voix, on alerte, notamment sur cette lettre
03:37 dont je parlais en premier, on va en reparler.
03:40 Jackie Vagnoni, je le disais,
03:41 près d'un enfant handicapé sur quatre
03:44 ne peut toujours pas aller à l'école.
03:46 Comment vous l'expliquez ?
03:47 Quelles pathologies souffrent-ils ?
03:49 Comment explique-t-on qu'on ne peut pas les accueillir ?
03:53 -Alors, déjà, on va dire, on pourrait le dire
03:55 de manière un peu...
03:57 un peu débridée, mais quand même dire,
03:59 d'abord, c'est une question de formation.
04:02 Il est important, bien sûr,
04:04 que tous les intervenants autour de l'enfant,
04:06 on parle du personnel...
04:09 du personnel enseignant, éducatif.
04:12 On peut parler aussi des AESH,
04:13 des accompagnants d'élèves en situation de handicap
04:17 qui, souvent, ne sont pas formés au handicap.
04:20 Donc...
04:21 l'acte 1 de l'inclusion,
04:25 ça a été effectivement ces 460 000 enfants...
04:28 j'allais dire qui, aujourd'hui, sont dans l'école
04:33 avec des situations extrêmement diverses.
04:36 C'est pas "je suis à l'école cinq jours sur cinq".
04:39 C'est "je suis à l'école cinq jours sur cinq,
04:42 à temps partiel, à mi-temps,
04:44 peut-être un jour, peut-être une demi-journée".
04:46 Donc il nous semble que l'acte 2, justement,
04:50 de cette inclusion,
04:52 ça serait que les handicaps plus complexes
04:54 puissent bénéficier de l'éducation pour tous.
04:58 -Qui prend le relais, dans ces cas-là,
05:00 ces enfants qui ne sont pas accueillis par l'école ?
05:03 -Ils sont soit...
05:05 Ils sont à la charge de leur famille.
05:07 "À la charge", je ne devrais pas le dire,
05:09 c'est pas un joli mot.
05:11 Mais en tout cas... -Ses parents sont occupés.
05:13 -Ils sont chez leurs parents.
05:15 Ils peuvent être dans des établissements,
05:19 dans des établissements médico-sociaux,
05:22 ils peuvent être suivis par des services
05:25 qui les accompagnent
05:28 sur leur lieu de...
05:30 sur le lieu de...
05:32 de...
05:34 sur leur lieu social, chez leurs parents, en l'occurrence.
05:37 Après, il y a véritablement
05:40 un ensemble de situations très diverses.
05:42 Mais là, quand il n'y a pas
05:44 de scolarité, les parents sont, bien entendu,
05:47 mis à contribution.
05:48 -Jacqui Van Yonney, le président de la République
05:51 avait promis plus de moyens, on s'en rappelle,
05:54 la création de postes d'accompagnants.
05:56 Vous parliez des AESH.
05:58 On en est où, aujourd'hui ?
06:01 Ca paraît pas suffisant.
06:02 -Alors... -On n'y est pas.
06:04 -Alors, si vous voulez,
06:06 il y a vraiment quelques jours,
06:09 une délégation d'associations
06:11 a été reçue au ministère
06:13 de l'Education nationale.
06:14 Ils ont pu rencontrer la conseillère
06:16 de M. le ministre, Gabriella Lattal.
06:19 Et ensuite, M. le ministre est venu
06:21 échanger quelques mots
06:23 avec cette délégation.
06:25 Il a eu une approche
06:28 qui nous convient parfaitement, c'est de dire
06:30 qu'il faut passer de la quantité à la qualité.
06:33 Donc, cela, bien sûr, nous va très bien.
06:37 Ces mots-là,
06:40 j'allais dire, sont aussi repris
06:43 à la dernière conférence nationale du handicap,
06:45 à la CNH, présidée par le président de la République.
06:48 Là, on a parlé de plus de moyens,
06:51 de plus de personnalisation,
06:52 de plus de formation, un grand plan formation.
06:55 On a parlé d'autre chose qui nous semble
06:57 très importante pour les personnes
06:59 que l'on représente,
07:01 c'est la possibilité d'avoir les soins,
07:05 d'avoir ces soins, ces soins de rééducation,
07:08 qui naît orthophonie, orthoptisme,
07:11 ergothérapie, à l'école,
07:14 et que ce ne soit pas un temps rajouté
07:17 qui épuise les familles et les jeunes.
07:19 Donc, c'est de trouver
07:22 la vraie articulation
07:24 pendant le temps d'éducation,
07:26 entre "j'apprends à lire à compter"
07:29 et "je peux suivre aussi dans la même journée
07:32 à l'école mes temps de rééducation".
07:35 -Cette lettre dont je parlais tout à l'heure,
07:37 adressée au ministre de l'Education nationale,
07:39 et à la ministre déléguée chargée des personnes handicapées,
07:43 c'est quoi, cette lettre ?
07:44 Vous nous dites que vous en avez déjà parlé
07:47 avec le gouvernement.
07:50 Vous, dans cette lettre,
07:52 vous faites des propositions très concrètes.
07:54 Voilà. C'était quoi, cette lettre ?
07:57 C'était quoi, l'idée ?
07:58 -Je vous parlais de ces associations
08:00 qui attendaient de leur fédération
08:03 de porter une voix nationale.
08:04 Bien entendu, le plaidoyer,
08:08 c'est l'art de la répétition.
08:09 Effectivement, nous redisons ce que nous disons.
08:14 Je pense aussi qu'à l'occasion, justement,
08:17 de cette conférence nationale du handicap,
08:19 à l'occasion de nos nombreux contacts
08:22 avec le ministère chargé des personnes handicapées,
08:27 bien sûr que c'est des sujets
08:29 sur lesquels nous revenons régulièrement.
08:33 Et que la scolarité est vraiment un élément
08:37 tellement important de la vie
08:39 que ça vaut la peine d'y passer du temps,
08:43 sachant que comment être inclus
08:46 si je ne sais lire, si je ne sais ni écrire ?
08:48 Alors, bien entendu, aussi, soyons nuancés,
08:53 l'éducation, les apprentissages
08:56 ne sont pas toujours à apporter
08:59 de tous les enfants en situation de handicap,
09:01 mais quand même, je pense que la République,
09:06 la nation doit faire l'effort d'apporter
09:09 le moins... tous les apprentissages possibles
09:12 à chaque enfant.
09:13 -On a parlé de formation, vous parliez des soins aussi.
09:16 Quelles sont les propositions concrètes
09:18 que vous faites dans cette lettre
09:20 qui sont à mettre en application d'urgence ?
09:22 -En application d'urgence,
09:23 il y a quand même plusieurs choses.
09:26 La première chose, quand même, il y a un prérequis,
09:29 c'est l'accessibilité de l'école.
09:31 Quand je parle d'accessibilité,
09:33 c'est vrai qu'il n'y a pas de marche.
09:36 Il faut qu'il y ait peut-être une possibilité
09:38 d'aller d'un étage à un autre facilement.
09:40 Je ne l'ai pas précisé,
09:42 mais souvent, une personne qui vit avec une pareille cérébrale
09:46 se déplace en fauteuil,
09:47 en fauteuil manuel ou en fauteuil électrique,
09:50 donc il faut pouvoir se déplacer partout dans l'école.
09:54 Donc, l'accessibilité universelle, c'est un prérequis.
09:58 Ensuite, il y a un certain nombre d'éléments,
10:02 mais je vous en redonne les deux que j'évoquais tout à l'heure,
10:05 voire les trois, je pourrais en rajouter un.
10:08 Je vous parlais d'accès aux soins,
10:12 je vous parlais de formation.
10:14 Je pourrais aussi vous dire qu'à l'école,
10:17 doit être aussi la rencontre, la collaboration
10:19 entre le personnel enseignant et le personnel médico-social.
10:23 -Favoriser le lien, la communication.
10:25 -La communication, le travail ensemble.
10:28 L'enseignant, il sait enseigner.
10:31 On peut bien sûr le former un peu au handicap.
10:33 Cependant, l'équipe médico-sociale,
10:36 qui est une équipe pluridisciplinaire
10:39 dans laquelle il y a de l'accompagnement,
10:41 de la compétence en accompagnement social
10:44 et de la compétence en soins, en santé, en rééducation,
10:47 elles doivent travailler ensemble
10:49 de manière à rendre fluide ce parcours.
10:51 -Le temps passe vite sur la formation.
10:53 Grand plan de formation, on forme qui ?
10:56 Les AESH, ça vous le disiez.
10:57 Est-ce qu'on forme aussi les enseignants ?
11:00 -Bien sûr, bien sûr.
11:01 On forme les enseignants.
11:03 Et pourquoi on les forme ?
11:05 Parce que les enseignants,
11:08 ils ont appris à enseigner face à des enfants valides.
11:12 Là, ils se retrouvent face à des personnes
11:16 qui peuvent avoir des problèmes de communication,
11:19 des problèmes de comportement,
11:21 des problèmes, difficultés d'attention,
11:24 des problèmes de fatigabilité.
11:26 Donc, il faut qu'ils perçoivent ces difficultés,
11:29 qu'ils les connaissent, mais qu'ils soient aidés
11:32 de manière à pouvoir mener dans la classe un travail sérieux.
11:36 -Avez-vous de l'espoir ?
11:38 Est-ce qu'on va dans le bon sens ?
11:40 On terminera là-dessus.
11:41 -De l'espoir, bien entendu.
11:43 De l'espoir, oui.
11:46 Je crois que...
11:48 Je crois que...
11:50 que le progrès ne peut pas s'arrêter.
11:53 -Oui. On est bien partis, quoi. -Voilà.
11:56 -Il nous reste encore une petite minute.
11:58 J'avais juste une question que je pose cette année,
12:01 et je la pose à tous mes invités.
12:03 C'est intéressant, parce que tout le monde n'a pas la même idée.
12:07 Mais vous, quel est, selon vous, le modèle éducatif idéal ?
12:12 J'imagine qu'il sera en lien avec ces élèves-là.
12:15 -Je ne sais pas vous répondre à cette question.
12:18 J'en suis désolé. Par contre, j'ai envie de vous dire
12:21 quelque chose de plus.
12:23 Vous avez dû lire la lettre
12:27 concernant nos inquiétudes par rapport à l'évaluation
12:30 par l'Education nationale des besoins des enfants.
12:35 -Il nous reste 10 secondes.
12:37 -Il ne faut pas que l'Education nationale
12:41 soit jugée partie sur ce sujet.
12:43 -Et c'est aux équipes médicales et aux équipes de soins ?
12:47 -Avec des commissions ad hoc,
12:49 d'évaluer les besoins de l'enfant.
12:51 -On la retrouve dans votre lettre,
12:53 que je vous invite à consulter,
12:55 de la Fédération Paralysie Cérébrale France.
12:58 Merci d'être venu nous voir dans Smart Education.
13:01 Vous êtes le président de cette fédération.
13:03 Merci d'être venu nous parler de cet accueil à l'école
13:06 des élèves en situation de handicap.
13:09 Merci d'avoir été avec nous.
13:11 Merci à vous de nous avoir suivis.
13:13 On se retrouve très vite pour un nouveau numéro.
13:16 Salut.
13:17 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
13:20 ...

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