Sans certitude sur son avenir, la Commission Inceste rend son rapport final

  • l’année dernière
Avec Angélique Mouly, victime d’inceste, membre de la Ciivise, Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants

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##C_EST_A_LA_UNE-2023-11-17##

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00:00 - 7h13, 7 à la une ce matin sur Sud Radio. Lutter contre l'inceste, une commission rend son rapport final tout à l'heure.
00:07 On estime que 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année,
00:12 et que plus de 5 millions de personnes, hommes et femmes, en ont subi dans leur enfance.
00:16 Nous sommes avec Angélique Mouly, victime d'inceste, membre de la commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants.
00:23 Bonjour Angélique Mouly.
00:25 - Bonjour.
00:27 - Avant de voir les préconisations pour protéger les enfants de la commission,
00:31 pouvez-vous témoigner de votre histoire Angélique, de ce qui vous a poussé à prendre la parole dans ce combat contre l'inceste ?
00:41 - Oui tout à fait, merci de me donner la parole et de donner la parole à la SDI.
00:45 Alors moi j'ai été victime d'inceste de mes 7 ans à mes 10 ans, de la part de la personne qui était mon beau-père à l'époque.
00:51 Et donc c'est forcément quelque chose qui est extrêmement difficile pour un enfant,
00:56 mais la partie qui a été la plus difficile finalement ça a été de parler,
00:59 qu'on puisse être entendu, qu'on puisse être entendu par les différents organes, notamment l'organe judiciaire,
01:04 qui m'a fait défaut moi dans mon parcours.
01:07 Et en grandissant je me suis rendu compte finalement que j'avais besoin d'aider les autres victimes dans cette un peu errance qui est médicale, qui est judiciaire, qui est un petit peu à tous les niveaux,
01:16 pour arriver à trouver une paix et arriver à avancer dans leur parcours de vie.
01:22 Et c'est tout naturellement que je me suis positionnée pour intégrer la civile lorsqu'elle a été créée,
01:26 puisque mon désir au-delà d'avoir été considérée victime un jour, c'est de potentiellement pouvoir faire changer les choses qui n'y en étaient pas.
01:33 - Quand est-ce que vous avez eu conscience de ce que vous subissiez et que vous avez pu ou vous avez réussi à essayer de parler angélique ?
01:42 - Alors j'ai eu conscience de ce que je subissais, je pense assez rapidement, puisqu'il y a vraiment quelque chose qui est anormal dans l'acte.
01:50 Le problème vient de la répétition qui crée une normalité, mais le premier acte n'en crée pas une.
01:56 Donc c'est pour ça qu'il faut aider dans la prévention, dans le repérage immédiatement,
02:02 parce que si on coupe ce cercle de normalité dans le monde des cibles, c'est là qu'on arrive à faire quelque chose.
02:06 Et moi j'ai parlé quand j'ai été placée dans la maison d'accueil Jean-Bruc, qui est une maison spécialisée typiquement pour les enfants victimes de violences sexuelles intrafamiliales.
02:16 - Pourquoi vous aviez été placée dans cette maison d'accueil ?
02:20 - Alors j'ai été placée pour des faits d'inceste de la part de mon géniteur sur ma soeur et moi-même,
02:25 et également pour un inceste dont ma mère a été victime de la part de mon grand-père paternel, qui l'a violée.
02:32 Effectivement, c'est le problème finalement de l'inceste, c'est un problème systémique qui touche l'ensemble de la population.
02:37 - Oui, c'est ça. Alors qu'est-ce que vous attendez, vous, à travers les préconisations que vous faites dans la commission ?
02:44 Ça porte notamment sur la justice ?
02:47 - Oui, bien sûr, bien sûr. On a plusieurs axes qui commencent par le repérage, bien sûr, des victimes,
02:51 par l'ensemble des acteurs qui sont au contact des victimes,
02:55 le traitement judiciaire, bien entendu, aujourd'hui il y a des errances judiciaires qui sont évidentes,
03:00 des délais qui sont beaucoup trop longs, la réparation qui inclut le soin, là où encore une fois je parlerais,
03:06 d'errances médicales, d'accéder au soin, de trouver le bon thérapeute,
03:10 et bien sûr la prévention, puisque le plus on communique finalement,
03:14 et le plus les personnes peuvent parler parce qu'elles se rendent compte que ce qu'elles vivent,
03:18 ou ce que vive le voisin, n'est pas normal.
03:20 - Comment ça peut se traduire, la prévention ? C'est-à-dire des campagnes à l'école ?
03:25 - Oui, tout à fait, toutes campagnes positives, on en a déjà fait.
03:29 - Oui, il y en a beaucoup, j'ai l'impression.
03:31 - On parle aujourd'hui, on met d'ailleurs le mot sur l'inceste, c'est de moins en moins un tabou,
03:34 mais ce n'est pas encore suffisant, bien sûr, il y a toujours des victimes,
03:37 donc ce ne sera jamais suffisant, j'ai envie de vous le dire,
03:39 mais la prévention seule aujourd'hui, c'est là-dedans qu'on se situe peut-être,
03:42 la prévention seule ne sert à rien.
03:45 Si on ne fait pas le repérage, si on ne fait pas un vrai traitement judiciaire,
03:49 et donc une vraie réparation qui inclut le soin, mais aussi la réparation judiciaire qui peut exister,
03:54 alors ça ne sert à rien, il faut qu'on travaille sur l'ensemble des tabous.
03:58 - Alors, votre commission, normalement la CIVIS, elle a été créée il y a trois ans,
04:04 les travaux doivent s'interrompre à la fin de l'année,
04:08 est-ce que ça se poursuivra par la suite,
04:11 et est-ce que c'est important justement qu'elle continue cette commission inceste ?
04:16 - Alors aujourd'hui, la réponse du gouvernement est un peu fou, on ne sait pas.
04:20 Les victimes, et nous, membres de la commission, sommes dans l'expectative de savoir
04:24 si la commission sera prolongée, et si elle est sous quelle forme,
04:27 c'est vraiment très compliqué, mais pour nous en tant que membres,
04:31 et bien sûr les représentants des victimes, c'est une nécessité absolue,
04:34 on ne peut pas ouvrir la boîte, dire aux personnes "je vous crois, je vous écoute",
04:38 et puis finalement ne pas aller jusqu'à "je vous protège".
04:40 Nous faisons des préconisations qui sont extrêmement importantes, ambitieuses,
04:43 il y en a une très très grande quantité, vous pourrez le constater,
04:46 et il est nécessaire aujourd'hui que l'organe continue d'exister,
04:50 la CIVIS, la commission continue d'exister,
04:52 pour s'assurer que ces préconisations soient suivies,
04:54 et que sa mission principale, qui est de protéger les victimes,
04:57 puisse être menée jusqu'au bout, et aujourd'hui, ce n'est pas le cas.
05:00 - Merci beaucoup Angélique Mouly, victime d'inceste,
05:03 et membre de cette commission indépendante sur l'inceste,
05:06 avec votre rapport final qui va être rendu aujourd'hui.

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