Dérives dans les crèches privées : un livre enquête secoue le secteur

Sud Radio

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Transcript

00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.

00:03Les crèches privées, est-ce que nos enfants sont mal accueillis ?

00:07Nous sommes avec Julie Marty-Pichon, qui est membre du collectif Pas de bébé à la consigne.

00:12Bonjour.

00:13Merci d'être avec nous.

00:14Il y a ce nouveau livre du journaliste Victor Castaner, publié aujourd'hui,

00:17Les ogres chez Flammarion, qui dénonce les dérives dans les crèches privées.

00:21Alors je voudrais tout de suite que nous précisions les choses.

00:23Tout ne va pas toujours mal dans les crèches privées, on est bien d'accord ?

00:27Non, tout ne va pas toujours mal, quelle que soit la crèche d'ailleurs, quel que soit le mode d'accueil, heureusement.

00:32Les professionnels font leur possible pour faire au mieux et pour accueillir les enfants et les familles.

00:37Et c'est le système dont on parle et dans lequel nous sommes qui est critiqué, pas les professionnels qui travaillent évidemment.

00:43Alors il y a les crèches publiques et les crèches privées, on est bien d'accord.

00:47Les crèches privées sont confiées à des sociétés privées qui gèrent ces crèches.

00:54C'est comme ça que ça fonctionne.

00:56Qui confie ces crèches à le soin de garder les enfants, à des sociétés privées ?

01:01Ce sont les mairies, les collectivités locales, c'est bien cela ?

01:05Oui.

01:06Et parfois les mairies, les collectivités locales ne sont pas très regardantes sur l'entreprise qui va s'occuper de nos enfants.

01:17Disons qu'elles ont mis en place des délégations de services publics depuis un petit moment maintenant

01:21et souvent dans les appels d'offres, le critère le plus prépondérant c'est le prix.

01:25Et comme c'est un secteur qui est soumis à concurrence,

01:27parce que c'est les lois du marché qui s'imposent depuis une bonne dizaine d'années, quinzaine d'années maintenant,

01:32et bien quand on n'a pas forcément les moyens dans sa collectivité

01:35ou quand on n'est pas suffisamment formé sur ce que sont les enjeux de la petite enfance

01:39ou qu'on ne veut pas s'occuper de cette situation parce que c'est assez technique,

01:42on délègue et on prend au mieux aux offrants.

01:44Et malheureusement on sait aujourd'hui que la place à 3 000, 4 000, 5 000 euros,

01:48ça ne peut pas fonctionner.

01:49Une place de crèche à l'année ça coûte entre 10 000 et 13 000 euros.

01:52Donc forcément il y a un problème.

01:53Ça coûte entre 10 000 et 13 000 euros à la collectivité.

01:56Oui, de façon générale, à l'ensemble des financeurs.

01:59Et évidemment les parents eux paient une partie de cette somme.

02:02Oui, ils paient une partie en fonction de leur revenu et de la composition de leur famille.

02:06Ça c'est quelque chose qui est national et c'est partout en France.

02:09Bien, alors encore une fois je ne veux pas inquiéter les parents,

02:11mais comment faire, je me mets à la place des parents,

02:14comment faire pour savoir si la crèche à laquelle on confie son enfant est une crèche de qualité ?

02:21Il faut dialoguer.

02:22Il faut pouvoir discuter avec les professionnels le matin quand on arrive, le soir.

02:25Demander le projet d'établissement qui normalement est fourni à tous les parents qui inscrivent leurs enfants.

02:30Demander les activités qui ont pu se faire, si elles ont pu sortir,

02:33si elles vont bien aussi tout simplement,

02:35parce qu'après il faut savoir que les professionnels font ce qu'ils peuvent avec les moyens qu'ils ont.

02:39Quel que soit l'endroit, c'est tendu partout depuis plus de 10 ans

02:42parce que le système de financement est complexe, est compliqué

02:46et tend les professionnels et met de la pression sur la fréquentation des structures.

02:51On accueille de plus en plus d'enfants à la chaîne

02:54et il faut discuter avec les professionnels.

02:57Les crèches sont d'habitude très ouvertes quand même avec les familles

03:01et il ne faut pas hésiter, à la moindre hésitation il faut poser les questions

03:05et en fonction des réponses normalement il ne devrait pas y avoir trop de soucis.

03:09Il y a des dérives bien sûr parfois, vous les avez constatées ?

03:12Ah les dérives oui, elles nous sont remontées très régulièrement par des professionnels,

03:16les directrices souvent qui nous expliquent ce qui a déjà été documenté

03:19dans le rapport de Ligas l'année dernière sur les maltraitances,

03:21ce que rapportent les ouvrages qui ont pu être édités depuis septembre dernier,

03:25c'est-à-dire ce qu'on a pu entendre, le rassemblement des couches, des repas, etc.

03:28Oui ça a existé et ça existe toujours parce qu'il faut être compétitif sur le prix,

03:32parce que c'est un marché et c'est bien ça le problème,

03:35c'est que la petite enfance, le travail social, l'accueil des publics vulnérables et fragiles

03:39comme les personnes déjà âgées ne devraient pas être soumises aux lois du marché.

03:42Oui mais ce qui se passe dans le privé se passe aussi dans le public.

03:45Et est-ce qu'il arrive que dans le public les crèches soient mal dirigées

03:49et que les enfants soient pas mal traités mais pas très bien traités ?

03:55Oui ça arrive malheureusement parce que le fait d'avoir fait entrer le privé lucratif dans la danse

04:00a fait niveler vers le bas l'ensemble du secteur et donc les collectivités...

04:05Mais s'il n'y avait que du public ça marcherait mieux ?

04:08Ce qui est certain c'est que s'il n'y avait que du public et de l'associatif,

04:11parce qu'il ne faut pas mélanger l'associatif et le privé lucratif dans les crèches privées,

04:15comme c'était le cas il y a 20 ans, ça marcherait certainement mieux

04:19parce que dans les collectivités publiques on a le souci de ne pas être toujours au ras des pâquerettes

04:25pour les agents, on a le souci d'essayer d'avoir des budgets pédagogiques qui conviennent, etc.

04:30Donc oui, ça irait sûrement mieux.

04:33Bien, merci beaucoup Julie-Marie Pichon.

04:36Merci.

04:37Membre du collectif Pas de bébé à la consigne.

04:40Vous veillez pour les parents.

04:42Exactement.

04:43Bien, il est 7h30, le temps tout de suite avec Amy André.

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