Anne Fulda reçoit Simone Bertière pour son livre «Les reines de France» dans #HDLivres
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00:00 Bienvenue à l'Heure des Livres, Simone Berthier.
00:02 On est ravis de vous accueillir.
00:04 Vous êtes historienne.
00:06 Certains vous présentent comme la reine des biographes.
00:09 -C'est beau.
00:11 Nous faisons beaucoup d'honneur.
00:12 -Vous êtes... -Imméritée.
00:14 -Vous êtes connue pour avoir raconté l'histoire
00:17 de reines célèbres ou oubliées de France,
00:20 de la Renaissance jusqu'à la fin de la monarchie.
00:23 Et après le "Siecle des Valois", publié l'année dernière,
00:27 voici, réuni dans un seul volume,
00:30 "Les reines de France, le grand siècle",
00:33 l'édition définitive de deux tomes
00:36 qui sont dédiés au XVIIe siècle.
00:38 C'est un très beau livre publié chez Perrin.
00:41 Et surtout, il faut le préciser,
00:44 il est très joliment écrit, d'une jolie plume déliée.
00:47 Ce qui est un bonheur,
00:48 ce qui n'est pas toujours le cas.
00:51 -Je n'étais pas professeure d'histoire,
00:53 j'étais professeure de français.
00:55 -Ce que je voulais vous interroger,
00:57 c'est que, pour parler de vous,
00:59 parce que vous êtes un phénomène, vous avez 97 ans,
01:02 et vous êtes à l'origine professeure de lettre.
01:06 -J'ai enseigné jusqu'à 60 ans, vous savez.
01:09 Donc ma carrière littéraire, elle commence à 60 ans.
01:12 -Et c'est à partir de 60 ans,
01:14 c'est lorsque votre mari est mort,
01:16 que vous avez changé de...
01:18 -J'ai pris ma retraite pour des raisons pratiques,
01:21 mon poste était à Bordeaux,
01:23 nous venions de déménager pour Paris,
01:25 où il espérait être nommé.
01:27 Donc je n'avais plus envie de faire la navette
01:30 entre les deux villes,
01:31 et j'ai pris ma retraite avec l'idée bien précise
01:34 de continuer dans mes travaux littéraires.
01:38 Je pensais à l'origine faire des éditions de textes,
01:41 j'ai fait d'ailleurs une édition des mémoires
01:44 du cardinal de Rennes,
01:45 sur lesquelles il avait rédigé sa thèse,
01:49 et puis le goût m'est venu,
01:51 après j'ai fait une biographie,
01:53 et de fil en aiguille, comme j'ai été accueillie
01:55 à bras ouverts par Bernard de Fallois,
01:58 qui montait sa nouvelle maison d'édition,
02:00 il m'a dit "Qu'est-ce que vous me faites ?"
02:03 Et quelqu'un m'a suggéré
02:05 "Pourquoi pas les rennes de France ?"
02:07 Je vais rendre hommage à quelqu'un
02:09 qui est complètement oublié,
02:11 qui était François Bluch,
02:13 c'est lui qui m'a donné l'idée de m'occuper des rennes.
02:16 -C'était pas un choix qui est venu...
02:18 -Je cherchais le sujet.
02:21 Mais alors la suggestion m'a paru
02:23 de très bon augure,
02:26 et je me suis attaquée aux rennes.
02:28 Alors il m'avait dit "En un volume,
02:31 "vous arriverez à couvrir à peu près l'entier régime."
02:36 J'en ai fait six volumes, voilà.
02:38 -Ce qui est intéressant,
02:40 c'est votre manière d'aborder l'histoire.
02:42 Vous le précisez dans le prologue,
02:44 vous dites que vous avez, comme fille directeure,
02:48 le désir de répondre à une question toute simple.
02:51 "Quel sort attend une jeune femme
02:53 "lorsqu'elle épouse le roi de France ?"
02:56 C'est la question qui sous-tend.
02:58 -C'est une question que les historiens ne se posent jamais.
03:02 -C'est ça qui rend vos livres plus faciles à lire.
03:06 -Effectivement, là, j'apporte un regard nouveau
03:09 sur les rennes.
03:10 -Leur sort n'est pas toujours des plus enviables.
03:13 -Ouh là !
03:14 -Je vous l'expliquais.
03:16 -On va dire que l'emploi est précaire.
03:18 -Précaire, non.
03:19 Précaire, non.
03:20 Une fois qu'on est renne, on n'en sort pas.
03:23 -Vous l'avez dit.
03:24 -Mais en revanche, il est souvent extrêmement déplaisant.
03:28 -Oui, il est déplaisant d'autant plus...
03:31 -Aucun espoir d'en sortir.
03:33 -Oui.
03:34 -Le divorce, ça n'existe pas.
03:36 -Alors, oui, la question, surtout,
03:39 c'est que...
03:40 Est-ce que ces rennes,
03:42 là, vous en étudiez plusieurs,
03:45 vous évoquez des grandes figures,
03:47 comme Marine Médicis, Anne d'Autriche ?
03:50 Elle semble être une de vos préférées,
03:52 Anne d'Autriche, si j'ai bien compris.
03:54 -Je crois que c'est ma préférée.
03:56 Il y a Catherine de Médicis,
03:58 que j'ai évoquée dans le tome précédent,
04:01 le tome 1, qui est encore en livrairie, d'ailleurs,
04:04 et qui vaut beaucoup mieux que son horrible réputation.
04:07 -Pourquoi ce faible pour Anne d'Autriche ?
04:10 -Mais Anne d'Autriche,
04:11 c'est quand même une femme intelligente,
04:14 et c'est une femme qui a dû gérer
04:18 une relation extrêmement difficile
04:21 avec un mari
04:22 jaloux, soupçonneux,
04:25 déplaisant au possible,
04:27 et qui considérait que le devoir conjugal
04:31 était absolument insupportable,
04:33 mais nécessaire.
04:34 Sa vie conjugale a été un cauchemar.
04:38 Et d'autre part,
04:39 après sa mort,
04:41 quand elle a été régente,
04:43 elle a dû faire face à une révolution,
04:46 c'est-à-dire le soulèvement, la fronde,
04:49 et qu'elle a dû défendre le pouvoir de son fils
04:53 contre la noblesse qui essayait de reprendre la main
04:56 en matière politique.
04:58 -En tout cas, si vous voulez en savoir plus
05:00 sur les reines du XVIIe siècle,
05:03 je vous conseille vraiment de lire votre...
05:05 Je conseille à tous de lire votre livre.
05:08 -Je peux rendre hommage à Benoît Hivert, mon éditeur,
05:11 parce que ses textes ne sont pas tous récents,
05:14 mais en revanche, il y a quelque chose qui est récent,
05:17 c'est l'iconographie.
05:18 Il a rendu à ses reines un service magnifique
05:21 en les habillant de neuf.
05:23 C'est-à-dire, d'après des gravures anciennes,
05:27 mais l'iconographie de ce livre
05:32 est une pure merveille.
05:34 C'est à mon éditeur qu'elle est...
05:37 -Dévoté. Alors, nous remercions aussi Benoît Hivert
05:40 et Simone Berthier d'être venu
05:42 pour nous parler des reines de France du Grand siècle.
05:45 Un très beau livre paru chez Perrin.
05:48 Merci beaucoup. -Merci à vous.
05:50 ...
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