Anne Fulda reçoit Amanda Sthers pour son livre «Les gestes» dans #HDLivres
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00:00Bienvenue à l'Heure des Livres, Amanda Sterz, alors on vous connaît, vous êtes auteur,
00:06vous êtes réalisatrice, vous êtes scénariste, vous avez écrit des pièces de théâtre,
00:09vous avez écrit des livres pour enfants, vous avez écrit des romans, bien sûr, votre
00:14dernier s'appelle Les Gestes, il est paru chez Stock, c'est un roman, une véritable
00:19saga qui nous emporte un petit peu dans le monde entier, enfin de l'Egypte à la Grèce,
00:25en passant par la France, avec des personnages qui sont truculents et poétiques, et c'est
00:30un roman qui se conjugue autour d'un thème, celui de la transmission et des origines,
00:35la transmission c'est un thème qui devient impérieux souvent au moment d'une naissance
00:39ou d'une mort, et là en l'occurrence pour le héros du livre, pour Marc, c'est le cas,
00:45puisque son père meurt alors qu'il décide, il est sur le point d'adopter un enfant, pourquoi
00:50avez-vous choisi ce thème des origines de la transmission ?
00:54Ça me hante depuis un bon moment, un jour je suis passée devant une vitrine et j'ai
01:00vu le geste de mon père, et puis j'ai compris que c'était moi qui le reproduisait, que
01:05c'était pas lui que je voyais, et j'ai commencé à penser à ces gestes qui sont
01:12inscrits en nous et qu'on reproduit, et l'idée de la transmission quand il y a une adoption
01:18c'est encore plus intéressant parce que je me demandais est-ce qu'on transmet malgré
01:23nous des silences, cette espèce d'ADN de l'intime, du trauma, et est-ce que dans l'absence
01:32de gestes, ces moments où on nous a pas pris dans nos bras, ces gestes qui n'ont pas été
01:37faits, ces portes qu'on n'a pas ouvertes, est-ce qu'il y a aussi dans ces gestes qu'on
01:44n'a pas faits, toute la force du poids de la famille, de la suite, de ce qu'on lègue
01:53Bien sûr, alors Marc nous mène sur les traces de sa famille, notamment de son père Hippolyte
02:00qui a un sacré numéro, qui est devenu archéologue, un métier qui définit, d'ailleurs ce n'est pas
02:06sans lien avec ce que vous venez de dire, d'une certaine façon, un archéologue dit-il, c'est
02:11quelqu'un qui cherche à comprendre le passé parfois avec un marteau et une pelle, parfois
02:15sur des parchemins pour saisir le présent et parfois même le futur, en fait c'est une véritable
02:20enquête intime qu'il mène Marc. Oui c'est une excavation des souvenirs de son père et c'est
02:27oui une archéologie de l'intime, c'est toute cette part qu'on ne veut pas voir de nos parents,
02:34on a tous à la fois une fascination pour les histoires d'amour que nos parents ont pu vivre
02:39avant nous, une part sexuée de nos parents qu'on veut connaître quand on vieillit et qu'on préfère
02:48ne pas connaître quand on est enfant, qui nous gêne, qui nous dérange, mais voilà toute cette
02:52partie parfois invisible mais parfois qu'on refuse aussi de voir quand ils sont en vie, je pense qu'on
03:00a envie de la connaître plus tard quand on essaye de comprendre qui on est, en comprenant qui ils
03:06ont été. Alors dans ces gestes que l'on reproduit effectivement plus ou moins consciemment, il y a
03:12ce geste qu'avait la mère d'Hippolyte, donc la grand-mère Florentine, de mettre sa main comme ça
03:17devant le visage, un geste qui a une explication, c'est lié, vous écrivez elle regardait les êtres
03:25inlassablement neufs avec un mélange de fascination et de crainte, ça devait être plaisant pour un
03:28homme de devoir la séduire soir après soir parce qu'elle était atteinte d'un mal particulier qui
03:33existe. Oui, l'agnosie, en fait certaines personnes n'arrivent pas à reconnaître les visages et donc
03:40vous avez passé une journée entière avec eux et puis le lendemain vous les voyez puis ils ne
03:45vous parlent pas, ce n'est pas par méchanceté mais c'est qu'ils ne vous reconnaissent pas. Donc
03:49cette espèce de... intérieurement on a un moyen normalement de reconnaître les visages et puis
03:57ça marche pas chez eux, donc ils sont perdus tout le temps et donc elle ne reconnaît même pas son
04:04propre fils. Ces gens-là parfois ne se reconnaissent pas dans le miroir tous les jours. Et son mari
04:10reconnaît grâce à un foulard rouge. Quand son mari s'en va, elle cherche un homme au foulard
04:18rouge qu'elle ne retrouvera jamais parce que c'est son seul moyen de le reconnaître. Alors
04:22elle trouvera un autre homme, on n'a pas le temps de rentrer dans les détails mais c'est vrai qu'on
04:27se laisse emporter dans l'histoire et puis évidemment ce qui a un sens, et le livre se
04:32termine là-dessus, cette quête des racines de l'histoire de cette famille assez originale,
04:39elle survient alors que Marc, qui en couple avec un autre homme, va chercher à l'aéroport son
04:48fils adoptif et effectivement c'est une manière comme ça de boucler la boucle.
04:52Oui j'aime bien dans les histoires qu'on aille vers la lumière. C'est un roman qui traite de
05:00chagrin mais aussi de beaucoup de joie. C'est un roman très... comme a pu l'être Le Café Suspendu
05:05juste avant mon précédent livre. C'est un roman foisonnant, joyeux, c'est une saga familiale. J'ai
05:12de plus en plus envie de cette littérature haute en couleurs, de grandes fresques d'histoire. Donc
05:19voilà c'est une saga familiale comme je rêvais d'en lire. C'est vrai que les personnages sont
05:25hauts en couleurs, qu'on s'y attache et qu'on ne lâche pas le livre. Donc ce livre qui s'appelle
05:31Les Gestes qui est paru chez Stock. Merci beaucoup Amanda. Merci à vous.