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00:00 Bonsoir à toutes et à tous, c'est la semaine de la finance solidaire en ce moment, 16e édition.
00:07 Et pour en parler, notre invité est avec nous. Bonsoir Frédéric Tibergain.
00:11 Bonsoir Camille.
00:12 Vous êtes le président de l'association FAIR, vous organisez cette semaine objectif,
00:15 faire mieux connaître la finance solidaire au plus grand nombre dans l'espoir qu'il se lance.
00:20 Est-ce qu'on peut commencer tout simplement par la définir la finance solidaire ? Qu'est-ce que c'est ?
00:24 La finance solidaire c'est une finance qui met en lien direct des épargnants avec des projets
00:29 à fort impact social et environnemental.
00:31 Donc l'épargnant souscrit à un produit qui est investi et qui soutient une entreprise
00:37 ou une cause auxquelles l'épargnant est attaché.
00:39 Quel produit existe de finance solidaire ?
00:41 Alors il existe trois circuits pour devenir épargnant solidaire.
00:44 Le plus ancien, c'est celui des banques et des compagnies d'assurance.
00:48 Vous pouvez ouvrir un livret au crédit coopératif, à la NEF.
00:52 Vous pouvez souscrire un organisme de placement collectif également par votre banque.
00:57 Le deuxième circuit qui est le plus répandu aujourd'hui, c'est celui de l'épargne salariale.
01:02 Donc beaucoup de salariés, notamment des grandes entreprises, des PME,
01:05 disposent d'accords de participation d'intéressement.
01:07 Et donc à travers ça, ils peuvent souscrire dans des fonds qu'on appelle 90/10,
01:11 où c'est 90% qui est investi dans des produits cotés et 5 à 10% dans des produits solidaires,
01:16 donc qui financent des entreprises solidaires.
01:18 Puis le troisième circuit, c'est la souscription directe au capital d'entreprises solidaires.
01:23 Je prends un exemple, la Solifab, qui est la fondation de la bépière spéciale pour le logement,
01:28 a créé une société foncière qui lève des capitaux pour financer des associations,
01:33 des programmes immobiliers pour des gens qui sont mal logés.
01:37 Et c'est quoi le profil des épargneurs solidaires aujourd'hui ?
01:40 Alors le profil, vous avez une diversité de profils.
01:42 Vous avez un cœur de militants qui sont à la fois des militants sociaux-écologistes depuis de longues années,
01:48 donc qui souscrivent à des produits à impact social environnemental.
01:52 Et puis vous avez donc toute l'immense masse des salariés qui bénéficient de ces accords d'épargne salariale,
01:58 et c'est quelque chose de très important.
02:00 Et puis vous avez des particuliers qui sont attachés notamment aux banques mutualistes ou coopératives,
02:06 parce que vous savez qu'en France, c'est de cette particularité d'avoir environ la moitié des banques
02:10 qui appartiennent à l'économie sociale.
02:12 Et donc ces banques font également la promotion d'un certain nombre de produits financiers
02:17 qui soutiennent l'économie sociale et la finance solidaire.
02:20 Et est-ce qu'ils sont rentables, ces produits ?
02:21 Est-ce que l'épargne solidaire, par exemple, ça rapporte autant que l'épargne classique ?
02:25 Alors, ces produits sont rentables, mais nous distinguons dans la finance à impact,
02:30 la finance qui vise d'abord l'impact, et dans ce cas, l'épargnant dit
02:34 « moi, ce que je veux, c'est l'impact social et environnemental avant la rentabilité financière ».
02:39 Et vous avez d'autres qui disent « moi, je veux la rentabilité financière autant que l'impact ».
02:44 Et donc, en général, les produits solidaires sont rentables financièrement,
02:49 mais certains d'entre eux qui relèvent ce qu'on appelle l'investissement patient
02:53 et qui privilégient l'impact sont un peu moins rentables que les autres.
02:57 Mais je prends l'exemple des fonds 90/10.
02:59 Donc, comme je disais pour l'épargne salariale, 90% est placé dans des produits cotés.
03:03 Donc, en général, leur évolution suit celle de la Bourse de Paris.
03:07 Et donc la partie solidaire, elle peut éventuellement être moins rentable
03:11 s'il s'agit d'investissement patient, mais compte tenu du poids très modeste,
03:14 ça n'a pratiquement pas d'impact sur la rentabilité.
03:17 Donc, les produits solidaires sont rentables,
03:19 mais l'épargne ne recherche pas forcément d'abord la rentabilité financière.
03:22 - Et est-ce qu'on sait spécifiquement, quand on place son argent dans un produit de finance solidaire,
03:27 ce qu'il va servir à financer ? Quel projet ?
03:29 - Alors, une des règles du règlement du label que nous pratiquons,
03:34 sur lesquelles nous sommes très attentifs, c'est la transparence.
03:36 Parce qu'en général, l'univers de la finance,
03:38 on lui reproche de ne pas être transparent dans la finance solidaire.
03:41 On sait très bien ce à quoi est employé l'argent que l'on confie à une institution financière.
03:45 Et celle-ci rend compte tous les ans de l'emploi de son argent.
03:49 Je prends un exemple toujours qui est le plus éminent.
03:51 La Nef, qui est un de nos membres et qui est un réseau bancaire de proximité,
03:56 publie tous les ans l'intégralité des prêts qu'elle a consentis,
04:00 avec le nom des bénéficiaires, les montants, l'activité.
04:02 Donc, l'épargnant qui a souscrit un compte à la Nef ou un livret,
04:06 il sait exactement à quoi sert son argent.
04:09 - Il y a des Français qui sont séduits par l'épargne solidaire.
04:11 Vous venez de publier un sondage.
04:13 Et pourtant, aujourd'hui, ça représente 0,45% de l'épargne totale des Français.
04:18 C'est quoi le problème ? C'est un manque de notoriété ?
04:20 Parce que ça fait 40 ans que ça existe.
04:22 - C'est un manque de notoriété.
04:22 Mais je vais vous faire une confidence.
04:25 Le monde de la finance est complexe et de plus en plus complexe
04:29 parce qu'il y a de plus en plus de finances qui financent des objets différents.
04:34 Donc, on a parlé de la finance verte.
04:36 À un moment, il y a eu le terme de finance responsable.
04:39 Il y a la finance éthique, la finance solidaire, la finance impact social.
04:43 Et donc, toutes ces finances ont des objets différents.
04:46 Donc, elles sont toutes nécessaires.
04:47 Mais je reconnais que pour l'épargne, on s'y perd un peu.
04:49 - On s'y perd un peu.
04:50 - C'est très difficile de s'y retrouver,
04:53 surtout si on prend en compte la dimension internationale.
04:56 Donc, nous faisons effectivement de la communication depuis 25 ans.
05:00 Parce que le Financier en a été créé en 1995 avec en particulier ce souci
05:05 d'expliquer un peu mieux ce que nous faisons.
05:07 Mais en même temps, ça s'explique très facilement.
05:09 Parce que je considère aujourd'hui que nous avons 2 millions d'épargnants solidaires.
05:13 Mais en France, nous avons un peu plus de 30 millions de ménages.
05:16 Donc, nous sommes encore devant un effort de conviction.
05:21 Il nous reste plus de 30 millions de ménages à convaincre et d'épargnants.
05:25 Et ceci ne se fait pas du jour au lendemain.
05:27 - Mais est-ce que vous êtes confiant dans ce contexte ?
05:29 - Alors, nous sommes très confiants.
05:30 Parce que je résumerais ça en disant que le collecte d'épargnes solidaires
05:35 croît en moyenne de plus de 15 % par an depuis 15 ans.
05:39 Donc, 10 fois plus que le PIB.
05:41 Ce qui veut dire que le potentiel reste considérable
05:44 parce que les épargnants veulent choisir des produits financiers
05:47 qui donnent du sens à leur placement.
05:50 Et parce que leur aspiration est effectivement de dire
05:53 nous en avons marre de la finance spéculative
05:55 telle qu'on l'a vue à travers la crise de 2008-2012.
05:58 Et nous voulons financer l'économie réelle
06:01 et celle qui justement a un impact social, territorial, écologique.
06:06 Donc, nous sommes portés par des aspirations extrêmement fortes des épargnants.
06:11 Transition écologique, transition énergétique,
06:14 puis tout ce qui concerne l'inclusion sociale.
06:16 Parce que nous avons des sociétés qui sont de plus en plus inégalitaires.
06:19 Donc, nous sommes une finance qui apporte une réponse à cette question.
06:22 Donc, des épargnants la plébiscitent de plus en plus.
06:25 Mais c'est à nous de faire l'effort d'en convaincre davantage.
06:28 - Merci beaucoup Frédéric Thibérien.
06:30 Vous êtes le président de l'association FER.
06:33 Vous organisez cette semaine dont nous parlons
06:35 de la finance solidaire.
06:36 C'est en ce moment et c'est jusqu'au 20 novembre.
06:38 Merci d'avoir été l'invité d'Eco de France Info.
06:40 - Merci Guillaume.