Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la polémique créée par la présence de Yassine Belattar auprès d'Emmanuel Macron lors d'une visite à l’Élysée.
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00:00 Marc Twaty était avec nous, il évoquait Louis de Raguenel
00:02 il y a quelques instants le fait que Yacine Bellatar,
00:05 qui était un humoriste, était reçu par deux conseillers de l'Élysée
00:09 quelques jours avant la grande manifestation
00:11 contre l'antisémitisme,
00:12 au motif qu'il était un thermomètre des banlieues françaises.
00:17 C'est en tout cas ce qu'on dit, les deux conseillers.
00:19 En question, l'intéressé a confirmé
00:22 qu'il avait bien été reçu par l'Élysée.
00:23 Ça provoque la stupéfaction de Marc Twaty.
00:26 C'est de coutume de recevoir...
00:28 Oui, non, de recevoir des conseillers,
00:31 des consultants de tous ordres, en fait.
00:33 C'est qu'en fait...
00:36 Si vous voulez, moi, j'ai rien contre le fait
00:38 que le président ou ses conseillers voient des capteurs,
00:41 comme on dit aujourd'hui, des gens qui ont des sensibilités différentes,
00:44 pour se forger une conviction, un avis.
00:46 Mais première chose qui me surprend,
00:48 c'est que normalement, il n'y a pas de débat.
00:50 Le président n'aurait même pas dû réfléchir,
00:51 aurait dû aller à la marche
00:53 et éviter de rattraper cet échec de sa non-présentation,
00:57 de sa non-venue à la marche, par des prises de parole.
01:00 Il y a eu énormément de prises de parole
01:02 et qui n'ont absolument pas apporté des réponses,
01:05 en tout cas à ceux qui attendaient la venue du président.
01:07 Le deuxième élément, c'est que vous avez quelqu'un
01:09 qui a été condamné pour violence...
01:12 - À quatre mois. - Ils ont sursis pour menace de mort
01:15 et qui, en plus, est notoire, fréquente des personnes antisémites.
01:18 - Donc, on n'est plus dans le même temps. - Mais c'est pas pour ça
01:20 qu'il n'est pas antisémite.
01:22 - Comment ? - On ne fait pas le prophète de Yacine Benatar.
01:25 Il y a beaucoup d'ambiguïté.
01:27 C'est quelqu'un qui n'a pas toujours eu des positions très claires.
01:29 On est dans une période où il faut être clair.
01:31 On ne peut plus... Sur le Hamas, il n'y a pas de débat possible.
01:34 Pour moi, c'est assez binaire.
01:37 Vous ne pouvez pas... - Il a été très clair là-dessus,
01:38 sur le fait que le Hamas était une organisation terroriste.
01:41 - Yacine Benatar, je ne suis pas sûr qu'il soit très clair sur le sujet.
01:44 - Je l'ai entendu, pour le coup, chez nos confrères,
01:46 hier soir d'une autre antenne,
01:48 et il était assez clair sur ce sujet-là.
01:50 Est-ce que le fait qu'il soit reçu à l'Élysée vous pose problème ?
01:52 - Oui, c'est surtout la décision qui est prise ensuite,
01:55 et la justification.
01:56 En fait, M. Macron a dit "je ne veux pas y aller
01:58 parce que j'ai peur que ça mette le feu dans les cités".
02:01 - La France coupée en deux. - Mais quel rapport ?
02:03 Attendez, moi, je viens des cités HLM, je suis désolé,
02:05 mais ça n'a rien à voir.
02:06 C'est-à-dire, aujourd'hui, on avait des attaques antisémites,
02:08 je suis désolé, et la France, malheureusement,
02:10 a une sale histoire de ce point de vue-là.
02:12 On a vu ce qui se passe en Allemagne,
02:14 qui a aussi, évidemment, une très sale histoire de ce point de vue-là.
02:16 Mais aujourd'hui, les Allemands, ils sont radicaux.
02:19 Ça veut dire qu'on ne touche pas, justement,
02:22 et on ne laisse pas ces dangers se propager
02:28 dans l'économie, dans le pays, notamment en Allemagne.
02:31 Alors, les Allemands le font, et pourquoi pas nous ?
02:33 C'est ça qui... Je ne comprends pas.
02:34 Et donc, encore une fois, le président,
02:36 c'est le président, effectivement, de tous les Français,
02:38 mais en l'occurrence, là, il y avait un vrai danger.
02:40 Ce n'était pas d'opposer telle contre telle autre personne,
02:43 c'était justement de dire "je suis là".
02:45 Quand il y a eu... M. Mitterrand avait manifesté pour Carpentras,
02:48 M. Hollande, quand il y a eu les attentats, etc.,
02:51 c'était des présidents, aussi, ils n'ont qu'à manifester.
02:53 Donc, je pense qu'il faut qu'il fasse attention, quand même,
02:55 M. Macron, parce qu'il est vraiment...
02:56 Vous savez qu'il était hors sol,
02:57 et là, il est vraiment en train de se détacher
02:59 de la société française.
03:01 Et je peux vous le dire, parce que je vais tous les jours,
03:03 en ce moment, en province, faire des conférences,
03:05 et je vois des chefs d'entreprise
03:07 et qui ont un discours, je peux vous dire, aujourd'hui,
03:10 extrême, comprenez ?
03:12 C'est-à-dire qu'on se dit "on va peut-être tester autre chose".
03:15 Des gens qui ont voté Emmanuel Macron.
03:18 Donc, ses conseillers, ils feraient mieux de lui dire ça,
03:20 plutôt que de dire "va voir ça, attention, les cités", etc.
03:22 Il n'a jamais été dans une cité HLM, M. Macron.
03:24 Moi, j'y ai vécu.
03:25 Il ne sait même pas comment ça fonctionne.
03:26 Et il prend des conseils qu'il ne sait même pas non plus
03:28 comment ça fonctionne.
03:29 Donc, c'est ça, aujourd'hui, le danger,
03:30 c'est qu'on a une situation où on est en train
03:33 de se démarquer complètement,
03:35 de se déconnecter de la réalité sociale, sociétale des Français.
03:40 Aujourd'hui, je pense qu'au contraire, il faut rassurer
03:43 les musulmans, les juifs, etc.
03:44 On doit se rassurer.
03:45 Si nous sommes tous Français,
03:47 on doit défendre, justement, encore une fois,
03:50 l'image de la France, notre douce France,
03:52 les valeurs de la France.
03:53 C'est ça, la force de notre pays.
03:55 Un petit mot d'Éric Revelle avant la pause.
03:56 - Un grand mot. - De Gaulle était conseillé
03:59 par Kouf de Murville, Pierre Mesmer,
04:02 Michel Debré, j'arrête là, je fais vite,
04:04 Jacques Chirac par Pierre Jullet et Marie-France Garot,
04:07 et donc Emmanuel Macron par M. Macron.
04:09 Pas seulement. Vous savez parfaitement
04:10 d'où il est accueilli.
04:11 Il y a des centaines de personnes qui se sont conseillées.
04:13 Très bien, mais si vous voulez, sur le sujet, là,
04:16 sur un sujet aussi important,
04:17 dans un contexte aussi inflammable,
04:20 pardonnez-moi, pardonnez-moi,
04:21 même si je vois le message politique,
04:23 c'est de dire aux banlieues dont il craint l'inflammation
04:27 qu'il reçoit aussi des gens qui les représentent très bien.
04:31 Mais quand vous voyez M. Bélatar sur une chaîne concurrente
04:34 qui dit absolument, je l'ai fait et je lui ai conseillé
04:36 parce qu'on ne défile pas avec le RN qui sont mes bourreaux,
04:40 c'est l'argument qui aurait emporté la décision
04:42 du président Macron de ne pas venir à la manifestation.
04:45 - C'est ça, Charline, ce comité de compagnie.
04:47 - Parce qu'il dit j'étais française.
04:48 - Je rappelle la longue litalie des conseillers
04:51 des présidents de la Ve République.
04:52 - Et puis après, effectivement, on peut rappeler
04:54 qu'il a animé ce dîner du CCIF
04:57 où était en lot, le gain,
05:01 c'était le dîner avec Tariq Ramadan.
05:04 Mais en fait, moi, ce qui me choque aussi,
05:07 c'est finalement de se dire qu'on entend
05:10 ce que dit Yassine Bélatar
05:12 et que finalement, on consacre l'idée
05:14 de la concurrence victimaire, sauf qu'en fait,
05:17 avec un discours du président qui nous disait 48 heures avant
05:20 qu'on devait être unis et qu'on devait être un
05:23 face à la montée de l'antisémitisme.
05:25 - C'est le message inverse qui est en vers.
05:27 Petite pause, on se retrouve dans un instant
05:29 sur Europe 1 et sur CNews.
05:30 On continuera à évoquer les débats qui agitent nos sociétés.
05:33 On sera aussi rejoints par Franck Tapiro
05:36 qui nous parlera de cette journée des droits de l'enfant.