LA BANDE PREND LE POUVOIR - Emmanuel Macron fait la leçon aux petits patrons

  • l’année dernière
La bande de 22H Max réagit aux propos d'Emmanuel Macron qui demande aux patrons de PME de "se réveiller".
Transcript
00:00 Et le premier à prendre le pouvoir, c'est Pablo.
00:02 Pablo pour un coup de gueule, le coup de gueule d'Emmanuel Macron.
00:05 Va l'entendre pour secouer les petits patrons qui étaient invités à l'Élysée aujourd'hui.
00:08 Le président qui leur explique qu'on n'est pas encore au plein emploi
00:11 et que ce n'est pas le moment de s'endormir.
00:13 Je vois avec inquiétude, je le dis franchement, le discours en lien.
00:18 Et j'ai le sentiment, quand je regarde ces derniers mois,
00:21 qu'on serait arrivé.
00:23 Quand j'écoute les grands débats, au fond,
00:26 l'assurance chômage, les retraites,
00:31 on peut redistribuer pour revenir en arrière.
00:36 Les réformes, on pourrait mettre sur pause.
00:39 C'est le moment de savoir comment on va être plus gentil,
00:40 comment on va engager.
00:43 Réveillez-vous.
00:45 Je vous le dis en toute sincérité, réveillez-vous.
00:48 On est à 7% de taux de chômage.
00:50 Réveillez-vous, Pablo Piovivien.
00:52 Moi, j'adore Macron quand il prend ses airs de tonton-flagueur
00:55 et qu'il a envie de foutre des baffes à tout le monde.
00:57 Il dit "Allez, c'est bon, secouez-vous, on va y arriver,
00:59 on va passer de 7 à 5", c'est-à-dire au plein emploi.
01:02 Je trouve ça un peu fort de café.
01:04 Il y a deux choses dans l'intervention d'Emmanuel Macron.
01:07 D'abord, il faut rappeler le contexte.
01:08 Il présente un plan qui s'appelle le plan "étincelle",
01:12 avec le ETI en majuscule,
01:14 parce que c'est un plan qui est à destination des ETI,
01:16 c'est-à-dire des entreprises de taille intermédiaire.
01:19 En gros, ce qu'il propose, c'est de simplifier la bureaucratie
01:21 pour qu'elle puisse grossir plus vite.
01:22 C'est des entreprises qui sont entre 250 et 500 salariés.
01:26 Il dit "C'est génial, on va en avoir plus qu'auront, je ne sais pas,
01:29 1000 salariés, 1500 salariés, on va les faire grossir".
01:32 Et à l'intérieur de ça, il fait un discours de politique économique générale
01:36 où il dit "Bon, il faut se réveiller parce que moi,
01:38 j'aimerais bien qu'à la fin de mon quinquennat, je sois à 5%".
01:42 - Oui, mais ce n'est peut-être pas pour lui qu'il le souhaite.
01:44 - Ce n'est peut-être pas pour lui, c'est pour son bilan.
01:46 Ça, c'est toujours sympa.
01:48 On se souvient de l'obsession de François Hollande.
01:51 - Bien sûr, mais on se souvient de l'obsession de François Hollande,
01:54 de cette courbe du chômage.
01:55 Il voulait absolument inverser la courbe du chômage,
01:57 faire baisser le nombre de chômeurs.
01:58 D'ailleurs, dans une certaine mesure, il y est très bien arrivé.
02:01 Emmanuel Macron, comme François Hollande, comme tous les autres,
02:04 il joue souvent avec les catégories de chômeurs.
02:06 Ils les font sortir un peu des catégories.
02:08 - C'est plus que ça, c'est la baisse actuelle.
02:10 - C'est vrai, c'est vrai.
02:11 - C'est fragile.
02:12 - Mais c'est très fragile.
02:14 Et surtout, il y a toujours un problème, c'est qu'il dit ça aux entreprises.
02:18 Mais derrière, qu'est-ce qui va se passer ?
02:20 Rien. Qu'est-ce qu'il leur propose ?
02:22 Est-ce qu'il propose un nouveau paradigme
02:24 pour que les gens aient envie d'aller bosser ?
02:26 Parce que c'est ça aussi, c'est toujours le problème des emplois vacants.
02:28 Il y a plein d'emplois vacants.
02:29 Le problème, c'est que les gens n'ont pas envie d'aller bosser
02:31 pour des boulots avec des horaires de merde,
02:33 avec un salaire de merde,
02:34 et dans des métiers qui sont parfois très compliqués physiquement.
02:38 - Il ne faut qu'on demande à notre petit patron de prendre un tonnerre à la table.
02:41 - Et donc c'est compliqué.
02:41 - Réveillez-vous.
02:42 - Il y a une solution, c'est forcer les patrons à augmenter les salaires,
02:47 c'est-à-dire les accords de branche qui font qu'il y a certains secteurs
02:50 où ça peut être en dessous du SMIC.
02:52 Ça, ce n'est pas possible.
02:53 Il faut absolument les élever au niveau du SMIC et puis augmenter le SMIC.
02:56 - Sébastien ?
02:57 - Là, je suis réveillé, il m'a hurlé dans l'oreille.
02:59 C'est bon.
03:00 - Il faut parler de Pablo, pas du président Macron.
03:01 - Bien sûr, Pablo.
03:02 - Et Macron ? Il t'a réveillé ?
03:04 - Non, il m'endort plutôt, Macron, souvent.
03:07 Mais ce qui est important de comprendre,
03:09 c'est qu'on ne crée pas de l'emploi comme ça
03:11 pour se faire soit plaisir aux gens d'ailleurs,
03:13 soit se faire plaisir à soi-même.
03:14 On a une activité qui grossit et dans ces cas-là,
03:17 effectivement, on a besoin de plus de main-d'œuvre et on engage des gens.
03:19 Et en échange, on leur propose un salaire,
03:21 ils sont OK dans le projet de l'entreprise ou pas.
03:22 C'est aussi simple que ça.
03:23 Enfin, je veux dire, il n'y a pas besoin d'avoir fait l'ENA pour comprendre ça.
03:26 Et donc, ce qu'ils ne comprennent pas ou qu'ils ne voient pas
03:28 ou ça les énerve peut-être, c'est qu'effectivement,
03:30 on sent que dans certains secteurs, ça commence à se gripper.
03:33 Dans plein de petites entreprises, puisqu'il était sur les PME,
03:35 eh bien, c'est compliqué.
03:36 Il y a plein de secteurs aujourd'hui qui souffrent.
03:38 On le voit, moi, j'ai plein de, je n'aime pas ce terme-là,
03:40 mais de collègues entrepreneurs pour qui ça commence à être compliqué,
03:43 qui commencent à réfléchir.
03:44 Les taux d'intérêt augmentent énormément.
03:46 Donc, pour se ré-endetter, c'est compliqué, etc.
03:48 Et c'est ça, le problème du chômage.
03:50 Souvent, c'est aussi basique que ça.
03:52 Donc, effectivement, dire de nous réveiller,
03:54 je ne connais pas beaucoup de patrons qui ont besoin d'engager,
03:56 qui ne le font pas parce qu'ils dorment.
03:57 - Échiroupi, Christophe.
03:59 - Oui, je ne pense pas qu'ils s'adressent à des gens qui dorment.
04:01 Parce qu'en effet, les patrons, ils ne dorment pas.
04:02 Sinon, ils ne seraient pas patrons, ils ne seraient pas entrepreneurs.
04:04 Puis, la période est assez difficile et angoissante
04:06 pour que les chômeurs ne dorment pas non plus.
04:08 Je pense qu'ils s'adressent plutôt à des somnambules.
04:10 C'est-à-dire des gens qui bougent, qui sont bien réveillés.
04:12 - Oh la vache !
04:14 Cramponnez-vous à la table.
04:15 Allez-y.
04:15 - C'est important.
04:16 Vous savez, les somnambules, c'est le titre d'un ouvrage d'historien
04:18 qui explique comment, en 1914, on est allé vers la guerre mondiale
04:21 en étant tous bien éveillés, mais les yeux fermés, aveugles.
04:23 On n'avait pas dans quel mur on allait.
04:25 Évidemment, c'est moins grave ici, mais c'est un peu le même problème.
04:27 C'est quoi le problème ?
04:28 C'est quoi être somnambule ?
04:29 C'est croire du côté des entreprises que la mondialisation,
04:32 le marché mondial, tout ça, ça a des hauts et des bas,
04:34 mais ça continuera à fonctionner.
04:36 Non, nous sommes dans un péril géopolitique qui pourra peut-être même
04:38 remettre en question tout ce qu'on a cru acquis depuis des décennies,
04:41 c'est-à-dire le libre-commerce.
04:43 Deuxièmement, pour les chômeurs, pour ceux qui sont entre deux emplois,
04:45 pour ceux qui, en effet, refusent des boulots parce que les salaires,
04:48 c'est vrai, sont trop faibles, il faudrait augmenter les salaires dans ce pays.
04:51 Là, je suis d'accord avec Pablo.
04:52 Eh bien, les chômeurs se disent, de toute façon, c'est pas grave
04:54 parce qu'il y aura toujours les allocations.
04:55 Ben non.
04:56 On pourra peut-être un jour connaître une situation à l'Argentine
04:59 où on nous dira, ben voilà, on n'a plus de quoi payer les allocations chômage.
05:02 Donc, à partir de la semaine prochaine ou du mois prochain,
05:05 si vous voulez manger le soir, il ne faudra pas aller à Pôle emploi
05:08 ou à France Travail, il ne faudra pas attendre l'allocation,
05:10 il faudra descendre dans la rue, trouver du boulot.
05:12 Et ça, ça va être terrible.
05:13 Donc, avant d'avoir ce réveil-là qui sera tragique,
05:16 réveillons-nous pour voir comment on sauve ce système social
05:18 qui s'appelle l'assurance chômage et comment on assure la prospérité de demain.
05:21 Il faudra que tout le monde fasse un effort.
05:23 L'État, les patrons qui paieront mieux et les salariés qui travailleront plus.
05:26 Vos camarades sont bavards d'un mot résilient.
05:28 Je voulais poser une question à l'entrepreneur qui est sur ce plateau.
05:31 C'est aussi, que faites-vous de la question de la productivité ?
05:33 Parce qu'on sait qu'elle est en baisse
05:35 et donc on le fait sortir des catégories des chômeurs.
05:38 Mais en revanche, la question de la productivité, elle se pose,
05:41 est-ce que vous avez des problèmes, par exemple, liés aux arrêts maladie
05:46 dans votre entreprise ou chez vos collègues ?
05:49 Alors moi j'en ai très peu.
05:51 Mais effectivement, il y a aussi dans une entreprise une ambiance.
05:55 Il y a plein de choses.
05:56 Moi je n'aime pas d'ailleurs le terme de patron,
05:57 je préfère toujours le terme de leader.
05:59 On a une idée et on essaye d'emmener des gens avec nous
06:01 pour aller au bout de cette idée.
06:03 C'est vraiment ça.
06:04 Et effectivement, il y a des boîtes où il y a des gens malheureux.
06:06 Et ça c'est vrai aussi.
06:08 Dieu sait que je suis patron,
06:09 mais je ne peux pas dire que tous les patrons sont des types formidables.
06:11 Il y a des gens qui ne sont pas bien.
06:12 Il y a des conditions de travail qui ne sont pas bonnes.
06:14 Et c'est aussi peut-être à nous, les entrepreneurs,
06:16 souvent, de remettre du sens dans ce que l'on propose aux gens.
06:19 Plus que juste de dire "je te paye, tu viens".

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