Réautorisation du glyphosate: la France responsable

  • l’année dernière
Le 16 novembre, La Commission européenne a renouvelé l'autorisation du glyphosate pour 10 ans, à la suite du vote des 27 Etats de l'Union qui n'étaient pas parvenus à un accord.

En s'abstenant au lieu de voter contre la réautorisation, la France ainsi que l'Allemagne et l'Italie, ont sciemment abouti à la prolongation de l'usage en Europe de cet herbicide jugé "cancérigène probable" par le Centre international de recherche sur le cancer de l'OMS. Les détails de cette opération avec la députée européenne Marina Mesure ( La Gauche )

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Transcript
00:00 Bonjour et bienvenue dans ce débat au Parlement européen de Strasbourg.
00:04 Nous allons revenir encore une fois sur le dernier épisode de la série sur le glyphosate,
00:09 qui ne sera sans doute pas la dernière. On va en parler dans quelques instants.
00:13 Avec vous, Marina Mesur, vous êtes députée européenne de la gauche, je le rappelle.
00:17 Bonjour et merci d'être sur le plateau de l'humanité.
00:21 Alors, on rappelle en deux mots, jeudi dernier, la Commission européenne décide
00:25 de renouveler l'autorisation du glyphosate pour 10 ans. On peut peut-être reprendre quand même un peu la chronologie,
00:33 dénoyauter un peu ce moment, puisque précédemment, il y avait eu la décision du vote des 27 pays de l'Union européenne,
00:42 qui n'avaient pas réussi à se mettre d'accord sur l'interdiction ou sur la réautorisation du glyphosate.
00:48 On rappelle qu'il faut 15 États sur 27 représentant moins 65% de la population européenne qui soient d'accord pour que ça marche.
00:57 Donc, comme il n'y avait pas d'accord, la Commission européenne a décidé d'autoriser pour 10 ans le glyphosate.
01:05 C'était prévisible ? Ce qui n'était moins, c'était peut-être le vote, mais on va retravailler sur la manière exactement dont ça s'est passé.
01:16 Oui, prévisible, effectivement, puisque personne n'a voulu mener le rapport de force, en fait, au Conseil.
01:21 Et je pense notamment à la France, parce que, je parle de la France, parce que rappelons-nous quand même que depuis 2017,
01:29 Emmanuel Macron a dit qu'il combattrait la réautorisation du glyphosate. Il voulait l'éliminer sur 3 ans.
01:39 On est en 2023. Il a la possibilité, au Conseil, de bloquer cette réautorisation. Et d'ailleurs, pas seulement pour 5 ans,
01:46 parce que la dernière fois, c'était une réautorisation de 5 ans. Là, carrément sur 10 ans. Et en fait, il ne le fait pas.
01:54 Donc au Conseil, il s'abstient. Et pas qu'au Conseil. L'Allemagne, l'Italie aussi. Donc en plus, les pays où il y a le plus de population,
02:03 finalement, s'opposent... — Et consommateurs de glyphosate. — Et consommateurs importants de glyphosate. Le glyphosate, je pense qu'en France,
02:09 c'est la deuxième sustance utilisée dans l'agriculture. Donc c'est un enjeu important. Et de se dire qu'Emmanuel Macron a décidé
02:18 de ne pas s'opposer fermement et de pas mener le rapport de force au Conseil est une absurdité. Et en plus, avec ses aléas,
02:26 son ministre qui dit "Oui, on va se battre contre d'un côté", de l'autre côté, au Parlement européen, parce que nous avons dû aussi
02:32 nous prononcer au Parlement européen, même si encore une fois, reconnaissons que c'était comme c'est un acte dit exécutif.
02:38 Ça veut dire que le Parlement peut que seulement objecter. Mais en tout cas, on avait la possibilité dans la commission environnement
02:44 dans laquelle je siège de s'opposer à la réautorisation. Et les députés macronistes se sont abstenus, donc comme le gouvernement.
02:51 Donc à chaque moment où la France aurait pu avoir un rôle déterminant dans l'interdiction de la réautorisation du glyphosate, elle ne l'a pas fait.
02:59 – Ce qui veut dire que, en prenant cette décision de s'abstenir, en France, mais aussi en Italie et en Allemagne,
03:07 on savait que ça allait passer, en gros. – Exactement. Et finalement, en plus, c'est la commission qui valide.
03:12 Ce qui est quand même hallucinant. La commission, je le rappelle, un organe qui n'est pas élu, qui valide la réautorisation du glyphosate
03:18 sur 10 ans, avec l'impact que ça peut avoir sur la santé de nos concitoyens, mais aussi l'environnement.
03:24 Et d'ailleurs, je trouve qu'à quelques mois de l'élection européenne, c'est quand même un pied de nez à tout le monde.
03:29 – C'est ça, on va en parler tout à l'heure. – Oui, parce qu'il y a déjà eu... Les citoyens européens se sont mobilisés
03:36 à de nombreuses reprises contre la réautorisation du glyphosate. Je rappelle qu'il y a eu des initiatives citoyennes européennes
03:42 qui ont récolté plus d'un million de signatures, d'abord en 2017 et en 2023. Donc deux initiatives citoyennes.
03:48 Et là, on dit "on va réautoriser pendant 10 ans le glyphosate", sans même consulter réellement le Parlement,
03:57 parce qu'on est seulement là pour objecter, et sans même, au Conseil, s'opposer fermement, ce qui est pourtant visiblement
04:06 la position majoritaire des citoyens européens sur la question.
04:10 – Je reviens sur la France, ça veut dire que c'est un aveu de laisser carte blanche à la Commission européenne,
04:17 sachant parfaitement ce que la Commission européenne allait décider au bout du compte,
04:21 il n'y avait pas vraiment de suspense là-dessus.
04:23 – Évidemment, et parce que la Commission européenne, c'est elle-même qui l'a proposé,
04:27 puisque à partir du moment où l'ENSA a donné son avis, où elle jugeait qu'il n'y avait pas de risque suffisant
04:36 pour interdire la réautorisation du glyphosate, dans une réunion de la DG SAFE notamment,
04:44 la Commission a proposé elle-même, en juillet, la réautorisation du glyphosate aux États membres,
04:49 d'ailleurs dans une réunion, encore une fois, à Huisclot, où personne ne pouvait assister.
04:53 Mais donc c'est elle-même qui a fait la proposition, donc de fait, on savait ce qui allait se passer,
04:56 c'est-à-dire qu'à partir du moment où vous abstenez, et qu'il n'y a pas de majorité de blocage au Conseil,
05:01 et que nous au Parlement, on n'a quasiment pas d'autre mot à dire,
05:03 c'est ce qui s'est passé, c'est la Commission qui réautorise le glyphosate.
05:09 – Vous qui êtes dans cette Commission précisément, quels sont les arguments qui sont avancés,
05:13 parce qu'il faut tout de même bien en donner, il faut tout de même bien,
05:15 que ceux qui sont pour la réautorisation, pour disent, en donnent des arguments,
05:19 quels sont les arguments qui sont avancés ?
05:21 On n'a pas autre chose, ça c'est ce qu'on entend en permanence,
05:24 on n'a pas l'alternative réellement, c'est pas dangereux, etc.
05:27 – Oui, c'est exactement ce que vous dites, c'est-à-dire, c'est pas dangereux,
05:30 on ne saurait pas faire différemment pour l'agriculture,
05:34 et c'est fou à de nombreuses reprises, déjà quand ils disent "c'est pas dangereux",
05:37 bon, c'est quand même le cœur de la discussion,
05:39 est-ce que c'est dangereux pour la santé humaine,
05:41 est-ce que c'est dangereux pour l'environnement ?
05:43 Ça fait 20 ans qu'il y a des scandales sur le glyphosate,
05:45 je rappelle encore le moment des "Mosanto papers",
05:49 peut-être les gens l'ont oublié, c'était en 2017,
05:51 mais "Mosanto papers" c'est la divulgation de documents
05:56 qui montrent que Mosanto a payé des scientifiques de renom
05:59 pour publier des articles dans des revues prestigieuses
06:01 pour expliquer qu'il n'y avait pas de problème avec le glyphosate,
06:05 c'est l'intervention auprès du Centre international de recherche contre le cancer,
06:09 avec des menaces sur ces scientifiques,
06:12 avec des prises de parole pour que chacun qui critiquerait la position
06:17 soit entravé dans ses fonctions, dans son financement, etc.
06:21 C'est des techniques extrêmement violentes qui ont été utilisées par Mosanto.
06:24 Et c'est aussi, et juste je rajoute ce point-là,
06:27 c'est aussi Mosanto, c'est encore 6 millions d'euros,
06:29 d'ailleurs Mosanto, 6 millions d'euros de lobbying
06:32 au sein des institutions européennes chaque année.
06:36 Donc ils sont là pour vendre leurs produits, c'est ce qu'ils font,
06:39 et donc effectivement quand vous avez l'ENSA qui dit
06:43 "à priori il n'y a pas de difficultés à réautoriser le glyphosate",
06:49 elles se basent sur quoi ?
06:50 Elles ne se basent même pas sur la littérature scientifique,
06:52 donc encore une fois elles se basent seulement sur les rapports qu'ont donnés Mosanto
06:55 pour expliquer ce qu'ils jugent eux-mêmes de leurs produits.
06:58 Il y avait des copiés-collés du rapport dans l'évaluation de l'ENSA, c'est aberrant.
07:03 Donc oui il y a un problème de santé publique lié à Mosanto,
07:06 les scandales à répétition, je repense aussi à notre jardinier américain Johnson
07:10 qui avait gagné face à Mosanto pour reconnaître son cancer.
07:13 Donc la question de la santé et la question de l'environnement,
07:16 11 sur les pays qui ont été testés par rapport au glyphosate
07:21 qui est aujourd'hui partout dans l'environnement, dans l'eau,
07:25 sur 11 pays sur 12 où il y a eu des analyses, il y avait du glyphosate,
07:30 il y en a du glyphosate partout, il y a 99% des Européens qui en ont dans l'urine,
07:33 donc je veux dire la question est majeure.
07:36 Donc non, les arguments qui sont avancés ne sont pas satisfaisants.
07:41 Vous citiez l'EFSA tout à l'heure,
07:43 l'Autorité européenne de sécurité des aliments,
07:45 alors il y a eu une foule, comme vous le disiez, de rapports qui ont été faits.
07:48 Rappelons quand même que le Centre international de recherche sur le cancer
07:52 qui dépend de l'OMS, qui est l'organisme de l'OMS,
07:56 avait quand même dès 2015 dit que le glyphosate était cancérigène probable.
08:01 Donc ce n'est pas du tout ce que dit l'EFSA aujourd'hui, il faut le rappeler quand même.
08:06 Et pourquoi ils ont ces analyses différentes ?
08:08 Tout simplement parce que, ce que je disais auparavant,
08:10 c'est-à-dire que vous avez l'Agence européenne,
08:12 elle se base seulement sur les rapports qui lui sont donnés par les industriels
08:16 pour juger de leurs produits,
08:18 alors que le Centre international de recherche sur le cancer,
08:21 qui est effectivement lié à l'OMS,
08:23 eux ils vont aller chercher dans la littérature scientifique
08:25 et donc eux, effectivement, ils arrivent à des résultats totalement différents.
08:28 Ce qui me paraît logique quand on sait les conflits d'intérêts
08:30 qu'il peut y avoir lorsque vous avez les industriels
08:32 qui font eux-mêmes leur propre rapport sur leurs produits.
08:34 Alors vous parliez du groupe Bayer aux États-Unis,
08:37 rappelons peut-être que le groupe Bayer vient une nouvelle fois,
08:40 après ce n'est pas la première, d'être condamné vendredi aux États-Unis
08:44 à verser un milliard et demi de dollars à trois personnes
08:47 qui ont eu un cancer après une exposition Roundup,
08:51 dont le principe a été fait effectivement de glyphosate.
08:53 Ce n'est pas la première fois, mais ça continue,
08:56 c'est-à-dire qu'aux États-Unis,
08:58 - Les procès se sucent, oui.
08:59 - Les tribunaux condamnent en reconnaissant eux que oui,
09:03 le glyphosate est bien une cause réelle de ces questions de cancer.
09:08 - Exactement, en fait, on le reconnaît et d'un seul coup,
09:11 et de l'autre côté, vous avez le lobbying,
09:13 et donc le lobbying important des industriels
09:16 qui va tout faire pour que ça continue.
09:18 - Alors maintenant, on en est à ce point,
09:21 rappelons quand même que chaque État est libre
09:24 d'adopter la législation par rapport à cette question
09:29 qui lui semblera la bonne.
09:31 Est-ce que les États se sont exprimés depuis ?
09:34 Est-ce qu'on a, depuis cette décision ?
09:36 Parce qu'il y a eu énormément de réactions,
09:37 évidemment, Bayer a trouvé que c'était parfait,
09:42 - Oui, bien évidemment.
09:44 - Les syndicats agricoles, productivistes,
09:46 et qui utilisent l'industrie,
09:48 on trouve aussi que c'était pas mal.
09:50 On n'a pas tellement entendu les États à la suite,
09:52 rappelons quand même qu'il y a trois États qui ont voté contre,
09:55 malgré tout, même si 17 États ont voté pour,
09:58 il y en a trois qui ont voté contre.
09:59 Est-ce que depuis, des pays se sont exprimés
10:02 sur la manière dont ils allaient interpréter effectivement
10:05 la décision qui avait été prise par la Commission européenne,
10:08 ou pas ?
10:08 Évidemment, ceux qui nous intéressent,
10:10 la France, l'Allemagne, etc.
10:11 - Alors, à ma connaissance, pas encore.
10:13 C'est-à-dire qu'on ne sait pas quelles seront les prochaines étapes.
10:16 J'ai vu effectivement quelques expressions,
10:18 notamment de Pascal Canfin,
10:20 qui regrette la décision de la Commission de réautoriser,
10:23 encore une fois avec ce double discours,
10:25 dans le sens où si on pouvait s'opposer quand même
10:27 à plusieurs moments à cette réautorisation.
10:30 Mais donc, je ne sais pas exactement
10:31 ce que va faire le gouvernement
10:32 et quelle va être sa prise de position
10:35 dans les semaines à venir.
10:36 Ce qui est sûr, c'est qu'en attendant
10:38 que les États ne se décisent pas entre eux
10:40 de la suite à apporter,
10:42 les associations n'ont pas attendu.
10:44 Et il y a déjà effectivement Secrets toxiques
10:47 qui regroupe 68 associations,
10:49 qui déposent un recours en annulation
10:52 donc de cet acte, en gros, de la réautorisation
10:55 du glyphosate.
10:58 Donc, elles le déposent où ?
11:00 Devant la Cour de justice européenne.
11:02 Donc, affaire à suivre.
11:03 Nous, évidemment, nous serons en soutien
11:05 de ces démarches parce que nous ferons,
11:08 évidemment, si on n'a pas gagné au niveau du Conseil,
11:10 il y a la bataille de l'opinion.
11:12 C'est-à-dire, avec l'associative civile,
11:14 on peut faire reculer.
11:15 Et quand je sais à quel point les gens
11:17 s'opposent fermement à cet herbicide
11:21 et aux conséquences que ça a sur leur santé
11:23 et sur leur environnement,
11:24 je me dis qu'il y a la possibilité de gagner ce combat.
11:28 De gagner ce combat avec les gens.
11:30 Et peut-être, je rajouterais juste,
11:31 parce qu'on a un moment aussi important,
11:32 puisqu'on parlait des États,
11:34 là, en ce moment, au Parlement européen,
11:36 on est en train de se positionner,
11:37 on a un vote demain sur une réglementation
11:39 qui s'appelle la réglementation sûre.
11:41 Et cette réglementation, elle vient nous
11:44 demander aux États membres,
11:45 enfin demander, exiger aux États membres,
11:47 de réduire de 50% les pesticides d'ici 2030.
11:52 C'est l'autre aspect de la question.
11:53 Voilà, c'est ça.
11:53 Donc d'un côté, on demande ici,
11:55 et on le vote demain,
11:56 de diminuer de 50% les pesticides,
12:01 et dans la même semaine, limite,
12:03 on réautorise pour 10 ans le glyphosate.
12:05 C'est quand même aberrant comme situation.
12:07 Et en plus, dans cette réglementation,
12:09 que j'ai suivie aussi dans la commission Envie,
12:11 on se rend compte qu'on prend en considération
12:15 des nouveaux aspects.
12:15 Par exemple, on dit qu'il va falloir faire attention
12:18 à l'impact des pesticides dans le milieu rural,
12:20 c'est-à-dire les habitations, les écoles,
12:22 donc toutes les choses sur lesquelles
12:23 on s'est battus pendant des années,
12:25 parce qu'effectivement, il y a eu des cas de maladies
12:28 autour de champs, autour d'espaces agricoles,
12:32 et donc finalement, on avance avec cette réglementation,
12:34 et de l'autre côté, on réautorise avec l'axisme,
12:37 en disant "il n'y a pas de problème,
12:38 on peut continuer avec le glyphosate".
12:40 Donc ça veut dire que ce n'est pas tout à fait perdu
12:42 pour 10 ans, on n'en est pas encore là.
12:44 Non, il faut mener la bataille.
12:46 Il faut la mener avec la société civile,
12:49 avec toutes celles et ceux qui ont signé aussi
12:50 l'initiative citoyenne, plus d'un million
12:52 qui se mobilisent au quotidien
12:54 contre la réautorisation du glyphosate,
12:56 et on sera à leur côté, et on le sera aussi.
12:59 Et je tiens à le dire parce que c'est important,
13:00 et je sais que ça oppose souvent la demande agricole,
13:02 c'est qu'on sera aussi aux côtés des agriculteurs,
13:05 parce qu'évidemment que transformer le modèle agricole,
13:08 ça a un coût pour les agriculteurs.
13:11 Je pense que quand on voit les objectifs
13:13 aujourd'hui de notre politique agricole commune,
13:15 c'est quand même d'avoir des denrées saines,
13:18 d'avoir un modèle vertué pour l'environnement,
13:20 parce que si on veut cultiver pendant plusieurs années,
13:22 il va falloir qu'on ait des terres qui le permettent.
13:25 Et donc je veux aussi adresser quand même ce message,
13:27 oui il faut faire la transition avec les agriculteurs,
13:30 il faut que les agriculteurs aient des revenus rémunérateurs,
13:34 donc tout ça il faut qu'on le porte en même temps,
13:36 il ne faut pas opposer les agriculteurs
13:38 à la société civile dans ce débat.
13:40 C'est les agriculteurs qui sont aussi les premiers impactés
13:43 et les premiers souffrants de l'utilisation de ces pesticides.
13:47 Vous faisiez allusion tout à l'heure à Monsanto,
13:49 à son pouvoir finalement.
13:51 Est-ce qu'on est obligé d'en tirer une conclusion quand même,
13:54 des conclusions quand même,
13:56 que les groupes industriels de cette force-là,
13:58 de cette envergure-là, de cette taille-là,
14:00 finissent quand même par arriver à leur fin
14:04 dans les institutions européennes ?
14:05 Parce que c'est ce que les gens lisent à leur écran.
14:07 Bien sûr, je comprends qu'on puisse le lire ainsi,
14:10 et de fait on ne peut que constater que c'est révoltant
14:12 de voir à quel point ils ont pris sur les décisions européennes,
14:16 mais la bataille contre les lobbyistes,
14:18 c'est une bataille de chaque instant.
14:20 Je vous parle de ça parce que dans quelques semaines
14:22 on aura la COP et il y aura encore la question des lobbyistes,
14:24 des industries pétro-gazières et de leur poids
14:27 sur les décisions qui vont être prises à ce moment-là.
14:29 Donc oui, effectivement, c'est révoltant
14:33 de voir le poids qu'ils ont aujourd'hui
14:35 dans les décisions européennes,
14:37 et c'est pour ça que nous en tout cas, on travaille au quotidien
14:39 pour essayer qu'ils aient moins de poids,
14:40 qu'ils n'aient pas leurs entrées au Parlement européen,
14:42 qu'ils ne puissent pas avoir des réunions comme ils en ont eues.
14:44 Je crois que Bayer, Monsanto,
14:46 avec leur centre sur l'industrie chimique,
14:48 c'est à peu près 153 réunions avec la Commission en direct depuis 2014.
14:52 Donc évidemment, tout ceci doit cesser.
14:54 Un discrédit de l'Union européenne
14:56 qui pourrait prendre forme
14:58 à l'occasion d'un combat aussi emblématique
15:00 que celui-là.
15:02 Il y en a d'autres bien sûr, mais celui-là en est un tout de même.
15:04 C'est dans la tête des gens,
15:06 c'est dans les opinions.
15:08 Il y a eu des mobilisations, comme vous le disiez tout à l'heure, énormes.
15:10 Un nombre incroyable de rapports
15:12 qui ont été faits par des associations,
15:14 par des ONG, par des syndicats, etc.,
15:16 qu'on a sous la main.
15:18 C'est un véritable enjeu, ce n'est pas un enjeu secondaire.
15:20 Et on rappelle quand même qu'on a
15:22 quelques mois des élections européennes.
15:24 Donc il va falloir expliquer aux gens pourquoi il faut aller voter.
15:26 Exactement.
15:28 Un discrédit et le fait de se dire
15:30 "Aujourd'hui, notre voix ne compte plus".
15:32 C'est-à-dire, pour la France,
15:34 parce que je ne connais pas dans chaque pays l'Union européenne,
15:36 mais pour la France, 70% des gens sont opposés au glyphosate.
15:38 À quel moment on prend en compte
15:40 leur position
15:42 et leur analyse du sujet
15:44 quand le gouvernement français
15:46 ne s'oppose pas au glyphosate ?
15:48 Oui, effectivement, à l'approche des européennes,
15:50 il y a un enjeu majeur
15:52 qui est celui de redonner confiance
15:54 à ces institutions. Et c'est vrai que
15:56 des choses comme celle-ci ne redonnent pas confiance.
15:58 Est-ce que le glyphosate peut revenir
16:00 devant le Parlement européen sous une forme
16:02 ou sous une autre ? Ou est-ce qu'on peut dire
16:04 que c'est plié pour ce coup-ci ?
16:06 Nous, on va continuer, comme je vous disais,
16:08 à mener la bataille. Si, au niveau
16:10 de la Cour de justice de l'Union européenne,
16:12 il y a quelque chose qui se passe suite
16:14 au recours fait par les associations,
16:16 peut-être que ça peut être enlevé pour le faire
16:18 revenir au niveau du Parlement européen.
16:20 Mais il faut dire qu'on a demandé, même s'il y a un débat
16:22 en plénière, ça n'a pas été accepté
16:24 par une partie de nos collègues
16:26 dans l'hémicycle. Et cette
16:28 manie de ne pas débattre
16:30 au sein du Parlement
16:32 devient une habitude, sur tous les sujets
16:34 importants, que ce soit pour les pesticides,
16:36 que ce soit pour l'électricité, sur tous les sujets
16:38 importants, on ne veut plus débattre dans ce Parlement.
16:40 Et ça, c'est quand même hallucinant, parce que
16:42 le Parlement, c'est les représentants
16:44 des citoyens européens, et donc
16:46 c'est là où doit se passer le débat sur tous
16:48 les sujets qui intéressent nos concitoyens.
16:50 Merci, Marina Mesur, on continuera
16:52 bien sûr à suivre
16:54 cette question, au fur et à mesure
16:56 de ces développements, en espérant qu'il y en aura.
16:58 Merci à vous. Merci à vous
17:00 qui nous avez suivis, et à très
17:02 bientôt, au revoir, merci.
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