• l’année dernière
Transcription
00:00 Bonjour, nous allons vous présenter deux titres pour les éditions Julliard pour janvier
00:08 prochain.
00:09 Lisa, alors je ne sais pas, est-ce qu'on peut avoir l'image derrière ? On commence
00:14 par notre Caméra Obscure en premier.
00:17 Très bien, un premier roman qu'on est ravie de vous présenter, de Gwenaëlle Lenoir.
00:25 Merci, bonjour.
00:27 En effet, un premier roman saisissant sur le cheminement d'un homme qui va parvenir
00:35 à se dresser contre la barbarie alors que rien ne l'y prépare.
00:39 L'histoire s'ouvre par ces quelques lignes.
00:43 "Je me souviens des premiers suppliciés, je me souviens du matin où ils sont arrivés,
00:47 ils étaient quatre, il faisait beau, la pluie de la nuit avait lavé le ciel et les rues,
00:52 c'était le printemps, j'étais heureux."
00:55 Le narrateur, qui est aussi le héros de cette histoire, est un photographe militaire qui
01:01 voit donc arriver dès le début du roman des corps torturés, puis d'autres encore.
01:06 Il est obligé de les prendre en photo, c'est son métier, et à travers ces photos, à
01:11 travers son appareil, à travers cette Caméra Obscura, il va voir ainsi son pays s'abîmer
01:16 dans la terreur.
01:17 Il se met donc à se poser des questions, à s'interroger sur ce qui se passe, alors
01:21 que c'est quelqu'un qui jusque-là a toujours été extrêmement obéissant, extrêmement
01:26 prudent, extrêmement sage.
01:27 Et bien évidemment, dans ce monde-là, se poser des questions est déjà le commencement
01:33 d'une rébellion, d'une petite résistance.
01:36 Il va être bientôt tiraillé entre l'horreur de ce qu'il voit, la colère qui commence
01:42 à naître en lui, la peur bien évidemment, l'envie de fuir, et celle aussi d'agir,
01:47 de résister, et il va être conduit à commettre l'impensable, l'impensable même pour lui
01:53 qui encore une fois ne s'y était jamais préparé, qui avait passé sa vie à être
01:58 extrêmement prudent.
01:59 On a donc un roman qui décrit le basculement psychique d'un homme tout à fait ordinaire,
02:06 rendu avec une immense justesse.
02:08 On a peur avec lui, on est terrorisé avec lui, on est plein de colère, et on voit naître
02:16 donc ces prémices de courage fou.
02:19 C'est un roman qui est d'une tension extrême d'un bout à l'autre, avec une écriture
02:26 au cordeau, dont je vous ai donné juste quelques lignes, qui ne tombe jamais dans le voyeurisme,
02:31 jamais dans le pathos, et qui est d'une très grande retenue, un peu comme si on était
02:37 avec lui derrière cet appareil photo qui permettait une forme de distance aussi, et
02:42 une forme de grand respect pour le lecteur et la lectrice.
02:45 Il y a des personnages lumineux quand même autour, il y a des respirations, il y a notamment
02:51 la femme du héros qui s'appelle Anya, qui est un personnage absolument bouleversant
02:55 et lumineux.
02:56 Et tout ce monde-là, qui n'est donc jamais nommé dans le texte, on ne sait pas exactement
03:02 où on est, on ne sait pas quand on est, en fait c'est très inspiré de l'expérience
03:07 de l'autrice qui s'appelle Gwennaëlle Lenoir, qui est une journaliste, une grande
03:11 journaliste, spécialiste du Proche et du Moyen-Orient, qui a arpenté à de très très
03:16 très nombreuses reprises, qui a même vécu de nombreux pays, du Soudan à la Syrie, à
03:21 l'Afghanistan ou à la bande de Gaza, dont on parle malheureusement beaucoup ces temps-ci.
03:26 Elle a une connaissance empirique parfaite de ces régions et elle a évidemment nourri
03:32 ce roman de tout ceci.
03:34 Elle la nourrit surtout de l'histoire d'une personne réelle, dont le pseudonyme était
03:39 César, vous en aviez peut-être entendu parler il y a quelques années, c'était
03:43 donc un photographe légiste syrien dont les photos ont permis de prouver les exactions
03:48 du régime de Bachar el-Assad, parce qu'il a réussi à sortir ces photos de Syrie,
03:53 elles ont été montrées à l'ONU notamment, pour prouver donc les exactions de Bachar
03:59 el-Assad.
04:00 Mais, bien sûr, la grande force du roman c'est d'en faire un personnage de fiction
04:04 totale, de lui donner une voix et de donner aussi une voix à des interrogations complètement
04:09 universelles et intemporelles sur qu'est-ce que nous, moi, vous, aurions fait dans une
04:14 situation similaire ? Est-ce qu'on aurait trouvé ce courage fou ou cette folie courageuse
04:20 pour se dresser face à cette barbarie ?
04:24 On a beaucoup de retours très enthousiastes sur ce texte qui est évidemment à la fois
04:29 très fort et qui ne laisse personne indifférent ni indemne.
04:33 Et on est vraiment très heureux de porter ce texte puissant.
04:38 Tu veux peut-être rajouter quelques mots ?
04:43 Non, le texte est disponible, on peut l'envoyer, il n'y a pas de souci, donc n'hésitez pas.
04:49 On passe au deuxième titre, un auteur que vous connaissez, Philippe Besson, avec "Un
04:57 soir d'été".
04:58 Bon, alors là, je ne vous présente pas Philippe Besson, mais je vous rappelle juste qu'après
05:05 le grand succès de "Paris-Brianson", après aussi "Ce qui n'est pas un fil d'hiver",
05:09 qui était un roman fort et engagé, qui a eu plusieurs prix et que vous continuez à
05:14 défendre pour ce qu'on le voit encore beaucoup sur table.
05:17 Philippe renoue avec une veine plus autofictionnelle, plus proche de celle de "Arrête avec tes
05:22 mensonges", donc avec "Un soir d'été", pour saisir l'insouciance foudroyée de
05:27 six jeunes gens au cours d'un été caniculaire des années 80.
05:32 Donc, comme son titre l'indique, l'action se déroule en été.
05:36 Donc, en été 1985, sur l'île de Ré.
05:40 On va rencontrer une bande de six jeunes, cinq garçons, une fille de milieux différents.
05:46 On a donc Philippe, que vous reconnaissez, le narrateur, qui vient passer ses vacances
05:50 une fois de plus dans l'île de Ré.
05:52 Des enfants de l'île, ses grands amis d'enfance, François et Christophe, qui sont plutôt
05:56 des familles assez modestes.
05:58 L'un fils de pêcheur, l'autre fils de boucher, un nouveau venu très mystérieux, Nicolas,
06:02 et deux Parisiens, Marc et Alice, qui débarquent pour la première fois dans cette île et
06:07 dans ce microcosme.
06:09 Il y a aussi les parents en toile de fond, mais qui sont des figures assez lointaines,
06:14 un peu des missionnaires, et une petite sœur, un personnage très intéressant, qui voit
06:18 tout, qui sait tout, qui entend tout, mais qui est en dehors de la bande, la petite Virginie.
06:23 Et donc, ces six jeunes gens, ils ont tous 18 ans, ils sont dans ce moment en
06:28 entre l'enfance, l'adolescence et l'âge adulte, vraiment ce moment de bascule.
06:32 Ils vont vivre dans cet été caniculaire des rapprochements, ces amitiés fulgurantes
06:37 qu'on peut connaître à ces âges-là.
06:39 Évidemment, la naissance de désirs et d'amour et de ces rapprochements aussi, des jeux de
06:44 séduction qui peuvent avoir cours dans une atmosphère insouciante, indolente, entre
06:50 plage, boîte de nuit, café, fête de village, voire fête du 14 juillet, jusqu'à ce que,
06:57 comme souvent chez Philippe Besson, le drame se produise et l'un d'entre eux disparaisse
07:02 soudainement, brutalement.
07:03 Le lecteur, la lectrice, savent depuis le début que l'un d'entre eux va disparaître.
07:08 On ne sait pas lequel c'est, donc ça crée évidemment une tension tout au long du texte.
07:12 Lorsque le drame se produit, les cinq autres se posent des questions.
07:17 On se demande évidemment, est-ce que c'est un enlèvement ? Est-ce que c'est une disparition
07:20 volontaire ? Est-ce que c'est un suicide ? Quelles sont les hypothèses qui peuvent
07:26 être émises ? Et évidemment, toutes et tous sont dévorées par la culpabilité de
07:32 n'avoir rien vu, rien perçu, rien pu faire et cette impuissance.
07:36 On retrouve donc dans ce texte à la fois le suspense et la galerie de portraits qu'on
07:41 pouvait avoir dans Paris Brillonson et, dans notre côté, le portrait d'une époque et
07:47 cette veine auto-fictionnelle de Arrête avec tes mensonges, puisque tout ça est ancré
07:51 dans un souvenir de jeunesse de Philippe Besson, dans cette île de Ré qu'il connaît et qu'il
07:58 fréquente encore énormément et ses amitiés, puisque ses figures, ses personnages sont
08:04 tous inspirés d'amis d'enfance de Philippe.
08:08 C'est aussi, vous l'aurez compris, un hommage aux années 80.
08:11 On a essayé de le rendre un peu sur la couverture et vous le verrez quand vous aurez l'objet
08:16 entre les mains, ces années 80 avec leur bon goût non seulement vestimentaire mais
08:22 musical.
08:23 On a donc une super bande-son qui va des Erita Mitsouko à Émile et Images et qui est la
08:29 bande-son de la danse de cet été-là et de ces gamins-là.
08:32 Et évidemment, on retrouve tout le savoir-faire de Philippe Besson pour les atmosphères,
08:38 pour aussi cette évocation assez nostalgique et assez mélancolique, sous couvert de cette
08:43 insouciance, de cette indolence qui fait aussi la force de ces textes et leur empreinte durable.
08:50 Voilà, donc on espère que vous l'aimerez, que vous le défendrez aussi bien que les
08:55 précédents.
08:56 Là aussi peut-être que tu veux rajouter ?
08:59 Juste pour dire que Philippe Besson sera ravi de faire plein de tournées en librairie.
09:04 Il adore rencontrer son lectorat et on le suivra là-dedans évidemment tout au long
09:11 de la vie du livre.
09:12 Voilà.
09:13 Merci.
09:14 Comme à chaque fois, le poche du précédent, donc de Ceci n'est pas un fit vert, sortira
09:23 en même temps que la nouveauté un soir d'été.
09:25 Voilà.
09:26 Merci beaucoup et bonne continuation.
09:31 (Applaudissements)

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