L'art du vitrail à Chartres

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Les vitraux de Chartres ou vitraux de la cathédrale Notre-Dame de Chartres sont considérés comme l'un des ensembles les plus complets et les mieux préservés de l'époque médiévale. Ils sont notamment célèbres pour leurs couleurs et en particulier pour le bleu. Ils couvrent une surface totale de 2 600 m2 et présentent une collection unique de 172 baies illustrant la Bible et la vie des saints, ainsi que celle des corporations de l'époque.
Transcript
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00:14 "La ville de Chartres" est célèbre pour sa cathédrale
00:20 et ses vitraux des XIIe et XIIIe siècles,
00:23 miraculeusement préservés depuis plus de 800 ans.
00:29 Élodie Valli a 38 ans.
00:31 Elle aime restaurer les vitraux, notamment ceux de la cathédrale.
00:35 Une passion qui l'anime depuis sa jeunesse
00:43 et dont elle a fait son métier.
00:45 Ici, l'émerveillement est toujours au rendez-vous.
00:49 À 88 ans, Jacques Loire est toujours aussi créatif.
00:55 Il réalise en ce moment une série de vitraux de 7 m de haut
00:59 destinés à une école d'infirmières au Japon.
01:02 Une plongée dans l'univers des maîtres verriers d'hier et d'aujourd'hui.
01:07 Un voyage au pays du vitrail, au sein de deux ateliers historiques
01:12 et d'une cathédrale qui a traversé les siècles.
01:15 ...
01:26 La maison Lorrain est l'un des plus anciens ateliers de vitrail au monde
01:31 restés dans ses locaux d'origine.
01:34 C'est dans ces lieux chargés d'histoire
01:38 qu'Élodie crée et restaure des vitraux depuis une quinzaine d'années.
01:42 -Ce qui me plaît beaucoup dans le verre,
01:45 c'est que c'est quelque chose qui joue avec la lumière.
01:48 C'est une notion que j'aime beaucoup,
01:50 parce qu'un vitrail, selon la lumière du jour, les saisons,
01:53 il vibre toujours d'une façon différente.
01:55 C'est comme un objet un peu vivant.
01:57 Quand on a un vitrail dans une maison, ça amène une présence,
02:01 qui est assez forte et qui change, qui évolue dans le temps.
02:05 Du coup, ça fait quelque chose de vivant, un peu.
02:08 Alors, 57.
02:10 Comme ça.
02:12 Comme ça joue avec la lumière, c'est très poétique.
02:16 Il est peut-être un peu trop bleu, lui.
02:19 Ça me fait...
02:23 Ma mère est artiste-peintre, donc j'ai toujours eu une culture artistique.
02:34 J'ai toujours un peu baigné là-dedans.
02:36 J'ai pris des cours de dessin très jeunes.
02:39 J'avais un atelier de vitrail qui était à côté de mon lycée.
02:42 Et du coup, un peu tout naturellement,
02:44 je suis allée voir ce maître verrier
02:47 qui a accepté de me prendre dans son atelier.
02:50 Pour devenir à son tour maître verrier,
02:52 Elodie a suivi une formation de 3 ans
02:55 à l'école du Verre Lucas de Neoux, à Paris,
02:58 et effectué des stages dans différents ateliers en France et à l'étranger.
03:02 La maison Lorrain a à son actif plus de 6000 chantiers
03:07 réalisés sur tous les continents.
03:09 L'une des activités importantes de l'atelier
03:12 consiste à assurer la restauration et la préservation de ces vitraux.
03:16 Pour recréer à l'identique un simple petit fragment de vitrail qui manque,
03:21 les étapes sont nombreuses et minutieuses.
03:24 Une fois la couleur du verre choisie et la pièce découpée,
03:29 direction l'atelier de peinture.
03:33 Le verre et le métal m'ont toujours beaucoup parlé.
03:36 Et pour la restauration,
03:41 tout ce qui est les altérations, ça m'a toujours plu.
03:45 Travailler l'oxydation des métaux,
03:47 voir si on peut faire un peu de peinture,
03:49 et tout ça, ça m'a toujours plu.
03:51 Je suis allée voir des gens qui travaillent sur des peintures
03:54 qui sont en train de se faire peindre.
03:56 Et je me suis dit, c'est un peu comme un peintre,
03:59 ça m'a toujours plu. Travailler l'oxydation des métaux,
04:02 étudier quand on a en restauration les vitraux de la cathédrale,
04:05 voir toutes les altérations du verre, le passage du temps.
04:08 Il s'agit pour Elodie de recréer à la fois le motif
04:17 et la patine de la pièce d'origine.
04:21 Après une demi-heure de cuisson et quelques heures de refroidissement,
04:25 la pièce pourra être reconstituée.
04:29 Lorsqu'en 2016, les patrons d'Elodie aux ateliers Lorrain
04:33 prennent leur retraite,
04:35 elle décide de se faire un petit tour
04:38 dans la pièce de la cathédrale.
04:40 Elle va voir les peintures,
04:42 voir les peintures de l'ancienne cathédrale,
04:45 voir les peintures de l'ancienne cathédrale.
04:48 Elle va voir les peintures de l'ancienne cathédrale,
04:51 voir les peintures de l'ancienne cathédrale.
04:54 Elle va voir les peintures de l'ancienne cathédrale,
04:57 elle décide de s'investir pleinement,
04:59 avec l'aide de quelques appuis,
05:01 pour sauver ce patrimoine menacé de disparition.
05:04 Depuis, les locaux ont été rachetés par la ville de Chartres
05:08 afin d'en assurer la préservation.
05:11 Toutes les archives sont inventoriées
05:14 au musée des Beaux-Arts de la ville situé au pied de la cathédrale,
05:17 à 200 mètres des ateliers à vol d'oiseau.
05:20 L'actuelle cathédrale gothique a été construite au début du XIIIe siècle
05:24 sur les ruines d'une précédente cathédrale romane
05:27 qui était détruite par les flammes.
05:29 Ces vitraux constituent l'un des ensembles les plus complets
05:33 et les mieux préservés de l'époque médiévale.
05:36 Célèbres pour leurs couleurs,
05:38 en particulier le bleu d'une intensité particulière,
05:41 ils couvrent une surface totale de plus de 2600 mètres carrés.
05:45 Elodie a participé à différents chantiers de restauration de ces vitraux.
05:50 C'est magique, parce que les vitraux,
05:54 ils datent la plupart à la cathédrale du XIIIe siècle,
05:57 un peu du XIIe, mais je n'ai pas touché à des vitraux du XIIe,
05:59 surtout du XIIIe,
06:01 et les vitraux sont restaurés à peu près tous les 100 ans.
06:04 On trouve toujours des restaurations de toutes les époques,
06:07 donc on sent vraiment le maillon d'une chaîne.
06:10 Parce que depuis la création de l'œuvre,
06:12 il y a énormément de gens qui ont travaillé dessus à différentes époques
06:15 et ce sera encore le cas après.
06:17 Donc c'est vachement fort de pouvoir participer
06:20 à la conservation de ces œuvres-là.
06:24 Ce qui est particulier, c'est qu'on a des pièces de différentes époques.
06:27 En fait, là, par exemple, ces rouges-là,
06:30 oui, ça, c'est du XIIIe siècle,
06:32 ça, c'est du XIIIe siècle, la main, elle est du XIIIe, le bras,
06:35 et après, on a des traces de restauration antérieures, du coup.
06:38 Donc ça, ça date du XIXe, XIXe,
06:41 celle-ci aussi, celle-là aussi.
06:43 Ce qu'on peut remarquer aussi sur beaucoup des panneaux des Beoth,
06:49 c'est la qualité de peinture.
06:51 Il y a une tension dans les traits,
06:53 un dynamisme, quelque chose de très graphique, en fait.
06:56 C'était un trait, enfin, des traits,
06:58 rehaussés par des petits lavis,
07:00 quelque chose de très efficace, de très...
07:02 Et souvent, c'est assez complexe de reproduire.
07:05 Et là, donc, tout ça, c'est ancien, là, le cheval, le visage.
07:08 On voit que le visage a été recollé, là.
07:11 Là, on voit les casses.
07:13 Et là, on voit...
07:15 Ce qui est intéressant, là, c'est qu'on voit deux mains d'époques différentes.
07:19 Donc ça, c'est une main XIIIe.
07:21 Et ça, c'est une main qui doit dater du XIXe, qui a été refaite après.
07:25 Donc, esthétiquement, là, c'est pas très harmonieux.
07:28 Mais bon, ils ont dû, lors de la dernière restauration,
07:31 décider de la conserver comme ça.
07:33 Ce qu'il faut savoir dans l'art du vitrail,
07:37 c'est que les compétences techniques se sont un peu perdues au XVIIe, XVIIIe.
07:41 Parce que c'était l'époque des lumières.
07:43 Il fallait vraiment que la lumière rentre.
07:45 Donc toutes les baies qui étaient colorées comme ça,
07:47 souvent, elles étaient supprimées
07:49 pour laisser place à des vitraux incolores.
07:51 Donc la technique du vitrail s'est un peu perdue à ces époques-là.
07:55 Et c'est redevenu un peu à la mode fin XVIIIe, début XIXe.
07:58 Et ils ont réappris à travailler.
08:00 Mais il a fallu qu'ils réapprennent tout le savoir qu'ils avaient perdu.
08:03 -Gilles Fresson est historien et chercheur.
08:17 Passionné par la cathédrale depuis son plus jeune âge,
08:20 il aime la faire découvrir au plus grand nombre.
08:23 -Ce qui est étonnant dans cette cathédrale,
08:38 c'est son état de conservation, qui est absolument hallucinant,
08:41 qui n'a aucun équivalent ailleurs, dans les grandes cathédrales gothiques.
08:45 100 % de l'architecture est conservée
08:48 et près de 80 % des vitraux.
08:51 Ces vitraux ont traversé le temps,
08:54 la guerre de Cent Ans, les guerres de Religions,
08:56 les changements de goût, la Révolution française,
08:58 les Mauvaises Restaurations, les Deux Guerres mondiales,
09:01 à chaque fois passant indemne au travers de tous les aléas de l'histoire.
09:04 Quelque chose qui ne pouvait en principe pas se passer.
09:09 Et ça nous vaut aujourd'hui d'avoir ce livre des vitraux complet
09:13 et qu'on peut encore consulter avec la même gourmandise,
09:16 le même éveillement que s'éjouant il y a 800 ans.
09:19 -Les rares vitraux de la cathédrale romane, sauvés des flammes,
09:34 ont fait la renommée du bleu de Chartres.
09:36 Grâce au cobalt, l'éclat originel de la couleur
09:39 a été entièrement préservé.
09:41 -Le vitrail le plus célèbre de Chartres,
09:45 c'est Notre-Dame de la Belle-Verrière.
09:47 La représentation même de la Vierge qui tient son enfant
09:51 date de la deuxième moitié du XIIe siècle
09:54 et elle comporte ce magnifique bleu, un bleu azur,
09:57 avec tous ses effets de translucidité.
10:00 C'est lui que l'on appelle le fameux bleu de Chartres.
10:03 Ce vitrail appartenait à la cathédrale du XIIe siècle, celle précédente.
10:07 Il est plus ancien que les autres vitraux de la cathédrale
10:10 et il échappe à l'incendie en 1194.
10:14 Il est encore dans les ruines de la cathédrale disparue.
10:18 On le conserve, il est d'autant plus précieux.
10:20 C'est comme si Marie elle-même avait échappé à l'incendie
10:23 et qu'elle donnait un signe du fait qu'on pouvait continuer à la prier
10:27 et qu'au travers de cette luminosité, elle nous amenait au ciel.
10:34 "La vie de Jacques Loire"
10:39 A quelques kilomètres de la cathédrale,
10:56 Jacques Loire travaille à une nouvelle création en vitrail pour le Japon.
11:01 Cette esquisse, appelée "maquette", présente le projet à l'échelle 1/10e.
11:06 Donc là, c'est une déliane qui part du haut en bas.
11:16 Je reforce un peu les tons.
11:19 Ce que vous voyez ici, c'est la quatrième étude que j'ai créée
11:25 pour ce projet de décor dans le hall d'entrée d'une école d'infirmières à Osaka, au Japon.
11:33 Et je voulais surtout ici leur faire quelque chose de très joyeux et de très vivant.
11:39 Et comme j'ai eu le plaisir d'aller quelques fois au Japon,
11:43 j'ai vu qu'ils aimaient bien tout ce qui volait,
11:45 les cerfs volants avec des grandes traînes, des queues, etc.
11:49 Et je me suis rapproché de cette idée-là avec des dessins de kimono
11:55 et des fleurs, puisque les fleurés adorent les fleurs un peu partout.
12:00 Et j'ai fait un fond qui représente l'hiver, le début des études.
12:05 Le printemps, ils apprennent.
12:07 L'été, c'est la plénitude, puisque en principe, elles savent leur métier
12:13 et elles s'en vont dans le monde.
12:15 Après, elles vivent leur vie chacune.
12:17 Ma passion du vitrail vient de mon père, que j'ai beaucoup aimé et beaucoup admiré,
12:24 qui a construit l'atelier en 1946.
12:27 J'ai suivi les premiers travaux qu'il ait pu réaliser en vitrail.
12:32 Tout naturellement, je me suis dit que je ferais comme papa.
12:37 Ça me permet de caler la maquette directement aux dimensions du panneau fini.
12:47 Il faut être exactement dans les dimensions de ce qui est produit.
12:50 Avec les plans de l'architecte,
12:53 on pensait que ça allait faire 7 mètres de haut, mais c'est assez haut.
12:57 Je crois qu'une des belles phrases qui définit bien mon métier,
13:03 c'est "passeur de lumière".
13:05 Je trouve que c'est formidable d'avoir ce pouvoir-là
13:08 de transformer la lumière du soleil.
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13:33 -Sauvés de la disparition par Élodie,
13:36 ces lieux sont utilisés pour la création du vitrail
13:40 depuis plus de 150 ans.
13:42 Au plus fort de l'activité, 53 personnes y travaillaient.
13:45 Le défi d'Élodie est de restaurer l'ensemble
13:48 en conservant son âme d'origine
13:51 et continuer à faire vivre la maison Lorrain.
13:54 -Pour moi, ça fait partie de mon métier,
13:57 la sauvegarde de ce patrimoine-là.
13:59 J'ai du mal à dissocier les deux.
14:01 Le lieu m'a toujours tellement émerveillée
14:04 et m'émerveille encore.
14:06 Ça fait 16 ans que je suis là et ça m'émerveille au quotidien.
14:09 C'est merveilleux d'être dans un endroit pareil.
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14:24 Mes filles aiment beaucoup être ici.
14:27 C'est merveilleux.
14:29 Pour elles, c'est un château.
14:31 ...
14:49 -Avec son équipe,
14:51 Élodie part souvent sur les routes
14:53 pour aller chercher des vitraux à restaurer.
14:56 Aujourd'hui, direction l'église Saint-Leu de Boubier,
14:59 à 2 heures de route au nord de Chartres.
15:02 ...
15:09 Leur mission, déposer plusieurs vitraux
15:12 afin d'en assurer la restauration.
15:15 ...
15:18 -La création et la restauration sont deux mondes très différents.
15:21 C'est déjà deux métiers dans le métier.
15:23 Les deux me tiennent beaucoup à coeur,
15:25 mais je suis un peu plus sur la restauration,
15:28 la création et la conservation.
15:30 On doit avoir un éventail de compétences assez large.
15:34 Chaque chantier est différent.
15:36 ...
15:57 -Allez !
15:58 ...
16:09 Timothée, tu peux venir, s'il te plaît ?
16:13 ...
16:23 C'est bon.
16:24 ...
16:35 -Ce qui est assez complexe dans de la dépose,
16:38 c'est qu'on a des vitraux très fragiles
16:40 et les calfeutrements sont très durs.
16:42 Il faut y aller avec de la force,
16:44 mais en étant précis pour ne pas endommager le vitrail.
16:48 Il faut être très concentré.
16:50 ...
17:19 -Sur cette baie-là, il y a beaucoup de pièces cassées.
17:23 On va coller,
17:25 parce qu'on est dans une éthique de conservation au maximum.
17:28 Après, il y a des pièces menton.
17:30 Donc ça, on va les reconstituer.
17:32 Là, si tu peux, ici, mettre des petits scotch.
17:35 -C'est bizarre, oui.
17:37 Là, là.
17:38 -Ca va être moins dangereux.
17:40 Ouh là !
17:42 ...
17:44 C'est bon ? -C'est super.
17:46 -Maintenant, j'ai rien.
17:48 -T'inquiète.
17:50 -Là, tu le maintiens encore.
17:52 Là, c'est bon. Tu peux le lâcher.
17:55 ...
17:57 T'es sûr ? Ouais, peut-être.
17:59 Non, là, ça va le faire.
18:01 Voilà.
18:03 ...
18:05 ...
18:07 ...
18:09 ...
18:11 ...
18:13 ...
18:15 Hop !
18:17 ...
18:19 -Thimothéo ? -Ouais ?
18:21 -Regarde.
18:23 -Oh bah ! -C'est le bas de la baie d'Axe.
18:26 -Ah ouais ? Mais pourquoi il est là ?
18:29 -C'est un ouvrant qui a dû être déposé à un moment.
18:32 Il a plein de projections de pierres.
18:35 Je sais pas. Aucune idée.
18:37 "Saint-Leu, guéri,
18:40 "malade, paralytique
18:43 "et aveugle."
18:45 -C'est le nom de l'église.
18:47 -Oui, l'église Saint-Leu et Saint-Gilles.
18:50 -C'est lui qui a mis en valeur... C'est trop cool.
18:53 Va falloir le restaurer. -Oui.
18:55 -C'était prévu, ça ? -Non, pas du tout.
18:58 Je l'ai trouvé en cherchant le balai tout à l'heure pour nettoyer.
19:02 Il y avait un balai dans la sacristie. Et j'ai pas trouvé de balai.
19:06 ...
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19:41 ...
19:44 -Aux ateliers Loire créés par son père en 1946,
19:48 Jacques continue d'avancer sur son projet pour le Japon.
19:52 Il a aussi entraîné ses enfants dans sa passion du vitrail.
19:56 ...
20:01 Aujourd'hui, il sollicite l'avis de son fils Hervé
20:04 au sujet d'une nouvelle étape de création.
20:07 ...
20:09 -J'avais besoin de... de ton conseil.
20:13 ...
20:15 Ici, je trouve que le rond est un peu... un peu pareil.
20:20 Et là, j'étais un peu... un peu étroit.
20:24 -Tu l'as augmenté un peu, mais il y a une chose qui me gêne.
20:28 T'as des grandes pièces un peu partout. Et là, t'as 3 petites pièces.
20:32 Je me demande si je blanchirais pas ici pour faire une pièce plus grande.
20:36 -Tiens, je te donne ça.
20:38 ...
20:40 -Merci.
20:42 ...
20:44 -Elle est vraiment très petite, comme pièce.
20:47 -Le carton, comme on l'appelle, est un agrandissement de la maquette
20:51 qui donne un aperçu du futur vitrail à l'échelle réelle,
20:54 mais sans les couleurs.
20:56 -C'est pas grand-chose, mais c'est... -Merci.
20:59 ...
21:03 -Non, mais... -Quand on est là-haut,
21:06 on a du mal à... à se voir, mais...
21:10 Je crois que le haut est bien, là. C'est assez plein.
21:14 ...
21:21 -Ca tourne ? -Ah oui, non, c'est mieux.
21:24 -Elle tourne.
21:26 -Oui. -Et c'est vrai.
21:29 -Beaucoup plus dans l'esprit des autres bulles.
21:33 ...
21:37 -C'est une passion que j'ai eu la chance de transmettre à toute la famille.
21:41 Ca crée un lien familial qui est très, très fort et très sympathique.
21:45 ...
21:50 -Avant de travailler avec ses deux fils, Jacques a appris le métier
21:54 aux côtés de son père, Gabriel Loire.
21:57 Ensemble, ils ont expérimenté les multiples possibilités
22:01 pour construire ce qu'on appelle la dalle de verre.
22:04 ...
22:09 Cette technique de vitrail s'est développée à partir des années 1930
22:13 grâce à l'utilisation du béton armé dans l'architecture.
22:17 ...
22:23 -Ici, vous êtes dans l'atelier que l'on appelle Atelier Berlin.
22:27 C'est ce qui nous reste de cet énorme travail
22:31 que Jacques et un petit peu moi avons réalisé à Berlin
22:35 au début des années 1960.
22:37 Ce vitrail est situé dans l'église du Souvenir,
22:41 construite par Guillaume II, qui a été détruite pendant la guerre,
22:45 et que les Albans ont voulu reconstruire
22:48 comme un signe de réconciliation, de paix.
22:51 C'est pour ça qu'on l'appelle l'église du Souvenir.
22:54 On pensait qu'il y a 40 fois à peu près cette surface-là
22:58 dans l'église, qui est en forme d'octogone,
23:01 avec une particularité créée par l'architecte,
23:04 c'est-à-dire que ce sont deux parois superposées
23:07 qui éclairent l'intérieur de l'église.
23:10 Alors, ce vitrail a été dessiné et créé par mon père
23:15 après beaucoup d'essais différents.
23:17 On pensait qu'on a mis à peu près...
23:19 Je dis "on" parce que je commence à l'aider.
23:22 On a mis à peu près trois ans à aboutir,
23:25 et quand vous êtes à la tête d'une surface pareille,
23:28 environ 2000 m2, on se croit tout permis.
23:32 Et finalement, je crois que mon père,
23:35 en voyant le vitrail de l'arbre de Gécée à la cathédrale,
23:39 a eu cette révélation de s'effacer un petit peu
23:44 et donner plus de vie à la couleur.
23:47 C'est d'ailleurs le bleu, bien sûr,
23:49 une des couleurs fortes de Chartres.
23:51 Le bleu qui est différent.
23:54 Le mur extérieur est un peu bleu Outre-mer,
23:57 et le mur intérieur est bleu Cobalt.
24:00 Quand vous êtes dans l'église,
24:02 vous êtes comme dans un grand kaléidoscope géant,
24:05 et quand vous bougez,
24:07 vous recréez une infinité de mondes.
24:09 Vous êtes dans le ciel.
24:11 Au cours de la 2e moitié du 20e siècle,
24:19 Gabriel Noir a créé des vitraux d'envergure
24:22 sur tous les continents.
24:24 Parmi ses œuvres les plus spectaculaires
24:27 figurent 7 tours entièrement composés de vitraux
24:31 au musée d'art moderne de Hakone, au sud de Tokyo,
24:35 et ce toit en spirale de la chapelle de Thanksgiving Square
24:41 à Dallas, au Texas.
24:43 En 50 ans de création,
24:49 Gabriel Noir a réalisé des vitraux
24:52 sans édifices à travers le monde,
24:54 y compris dans la crypte de la cathédrale de Chartres.
24:58 Les vitraux de la cathédrale de Chartres
25:21 sont d'abord un émerveillement.
25:23 C'est l'émerveillement de la couleur qui joue avec la lumière
25:26 et s'évolue dans l'esprit de ceux qui l'ont imaginé au Moyen-Âge.
25:30 Le bleu, c'est du saphir, le vert, c'est de l'émeraude,
25:34 le rouge, c'est du rubis.
25:36 La rose de la façade principale
25:42 est réalisée au tout début du 13e siècle
25:45 comme une fleur offerte à Marie.
25:48 Cette fleur gigantesque
25:50 fonctionne comme un feu d'artifice, un chœur,
25:53 et ces différents cercles concentriques de lumière
25:56 qui explosent, qui éclatent.
25:58 Et cette rose, qui est énorme,
26:00 donne encore l'impression de points de lumière
26:03 qui passent au travers des parois.
26:05 Quelques années plus tard, avec la rose sud,
26:09 le vitrail a complètement pris la main.
26:11 Il emporte tout sur son passage
26:13 et au fond, l'ossature de pierre devient très légère.
26:16 Elle n'est là qu'en accompagnement.
26:19 Et puis, de nouveau, quelques années passent,
26:21 et c'est la rose nord.
26:23 Entre les lancettes et la rose,
26:25 maintenant, tout est devenu vitrail.
26:27 C'est le fantasme total d'un maître d'œuvre dans ces années.
26:31 C'est d'imaginer une cathédrale
26:33 dans laquelle le mur aurait quasiment disparu,
26:35 dans laquelle il n'y aurait plus de parois
26:37 et dans laquelle on baignerait dans la lumière et la couleur.
26:41 (Bourdonnement)
26:43 (Musique douce)
26:48 (Bourdonnement)
26:53 (Bourdonnement)
26:58 (Bourdonnement)
27:05 (Bourdonnement)
27:06 -Un peu de grisaille effacée dans l'œil, en haut.
27:24 -Après le nettoyage et la séance photo,
27:32 Elodie prépare le démontage des vitraux
27:34 de la petite église Saint-Leu de Boubier
27:36 en vue de leur restauration.
27:38 (Musique douce)
27:41 (Bip)
27:55 (Bip)
28:00 (Bip)
28:02 -Je vais reconstituer le dessin.
28:22 Je vais étudier la façon dont ça a été dessiné, à la base,
28:26 pour être dans le même esprit.
28:28 Cette pièce est en entier, donc on va refaire la tête complète.
28:31 Elle sera réintégrée dans le réseau de plomb.
28:33 Il faut qu'elle s'accorde esthétiquement au maximum
28:36 avec l'œuvre d'origine.
28:55 -Voilà, tu peux mettre le doigt un peu plus bas pour avoir les traces.
28:59 Voilà, là.
29:00 -Il y a un doigt, là, qui passe de façon bizarre.
29:03 -Ah oui ?
29:04 -Peut-être...
29:06 On est ici, on peut faire... -Hum.
29:09 -On va bien arrêter.
29:10 Et puis là, ça cape, lui, elle se termine, hop, comme ça.
29:23 -C'est toujours important, quand on fait du dessin,
29:26 de s'inspirer du réel, sinon on s'en échappe
29:29 et après, il y a moins d'émotions, moins de vivants, quand on dessine.
29:33 Même là, par exemple, pour faire la position,
29:36 Vincent s'est inspiré de moi.
29:38 On pose, c'est hyper important,
29:40 pour bien voir comment arrivent les valeurs, les lumières.
29:43 -Là, regarde, ça, c'est derrière, mais ça cape.
29:46 Regarde. -Oui.
29:47 -Là, en fait, ici, il y a quand même une ligne de plomb.
29:50 -Oui. -Là, je le divise.
29:53 Là, tu vas voir. Voilà.
29:55 -Non, ça, ça existe.
29:57 Ça, on peut pas le modifier.
29:59 C'est le vitrail existence.
30:01 Là, on a des contraintes très spécifiques,
30:04 parce qu'on doit respecter ce qui a déjà été fait et recréer,
30:07 donc recréer à la manière de...
30:10 Voilà, la manière de ce qui a été fait à l'origine.
30:13 Donc même quand il y a, au niveau du dessin,
30:15 même quand il y a des petits défauts, des petites choses,
30:17 on est obligé de vraiment s'imprégner
30:19 de ce qui a été fait à la base, pour refaire pareil.
30:22 Donc c'est assez complexe, plus complexe qu'un carton en création,
30:25 parce qu'il faut se mettre un peu sa personnalité de côté
30:28 pour laisser place à ce qu'il y a
30:30 et recréer quelque chose qui soit esthétiquement cohérent.
30:34 -Ça, c'est dans l'ombre, en gros, mais c'est son...
30:39 -Non, non.
30:40 -T'as l'air...
30:41 -Je prends un gros morceau.
30:43 Donc ce petit morceau-là de rendementation,
30:46 mais c'est... -Après, je pense que ça, c'est plus...
30:50 Musique douce
30:53 ...
31:08 -Les ateliers Loire s'étendent
31:10 sur plus de 1 000 m2 de bâtiments
31:13 et emploient une équipe d'une dizaine de compagnons.
31:16 ...
31:29 Pour son projet japonais, Jacques définit au préalable
31:33 les couleurs de chaque élément des vitraux.
31:36 A ses côtés, Henriquet découpe les formes
31:39 qui lui permettront ensuite de tailler les dalles de verre.
31:43 ...
31:53 En s'inspirant des couleurs peintes sur sa maquette,
31:56 Jacques note sur le carton
31:58 les numéros des échantillons de dalles de verre
32:01 qui s'en approchent le plus.
32:03 -La coloration, c'est une 3e création de vitrail,
32:06 puisqu'il y a la maquette, bien sûr, le carton,
32:09 mais là, le choix des couleurs est très important
32:12 parce qu'on peut modifier la gamme.
32:15 ...
32:21 Je crois que le 8 va être suffisant.
32:24 ...
32:33 Henriquet, je compte utiliser le 212.
32:37 Pourrais-tu regarder s'il en reste beaucoup ?
32:40 ...
32:43 -Il en reste une dalle. -6 dalles ?
32:45 -Une dalle. -Une dalle, ah oui.
32:47 Bien, merci.
32:49 Il va falloir que je l'utilise avec parcimonie
32:53 parce qu'on a beau redemander des tons semblables à l'usine,
32:57 ils ont beaucoup de mal à faire exactement.
33:01 ...
33:04 -Les dalles de verre sont des plaques de verre coulées
33:08 et puis colorées dans la masse.
33:11 Celles-ci mesurent 22 mm d'épaisseur.
33:14 ...
33:25 -C'est un verre d'âpre que j'utilise beaucoup
33:28 dans cette verrière numéro 2 pour le Japon
33:31 parce que c'est le verre, c'est l'espérance,
33:35 c'est le début de la repousse des fleurs,
33:38 alors que dans certains cas,
33:40 j'ai utilisé des rouges comme ceux-là,
33:43 assez forts, assez stridents,
33:46 qui varient selon l'épaisseur et selon le morceau
33:49 et qui vont donner le fruit mûr, le fruit qui commence à mûrir,
33:54 et une force aussi, parce qu'il faut quand même conserver des tons forts,
33:58 de même que dans les bleus.
34:00 Vous voyez, les bleus, il y a tout une...
34:03 Le fameux bleu de chartres, il y a toutes sortes de coloris.
34:06 Vous le voyez d'ailleurs sur la palette de teintes qui est là-bas.
34:09 Vous allez voir les deux gammes de bleus que l'on peut avoir.
34:12 Celui que j'appelle bleu cobalt et celui que j'appelle bleu vautre-mère.
34:16 Bon, chacun dans différentes nuances.
34:19 ...
34:31 On éclate les dalles dans l'épaisseur,
34:34 c'est-à-dire qu'on donne des éclats superficiels volontairement
34:38 pour animer le verre encore plus qu'il ne l'est.
34:42 Par exemple, pour cette fenêtre du Japon,
34:45 j'ai souhaité que toutes les dalles du fond passent plus en fond,
34:50 donc on les éclate beaucoup moins,
34:52 alors que les fleurs, il faut qu'elles soient éclatantes,
34:55 chatoyantes et resplendissantes.
35:00 La plupart, on pourrait les couper à la scie,
35:03 mais la scie a certains inconvénients, en dehors du bruit,
35:07 c'est que ça fait des parois nettes
35:10 sur lesquelles le béton a peu de prise,
35:13 et puis je trouve que ça fait trop mécanique, on ne sent pas la main.
35:17 Alors que là, vous sentez,
35:20 même si les pièces sont...
35:24 Vous voyez, par exemple, là, on sent bien
35:27 que la pièce est courbe,
35:30 mais ce n'est pas une courbe parfaite.
35:32 Mais ça, c'est accepté, c'est vu,
35:35 et de loin, ça ne va pas se ressentir.
35:38 Quand ça sera là, vous voyez la pièce presque parfaite.
35:42 Une question qu'on me pose souvent quand on a des visites,
35:48 on me dit combien de temps il faut faire pour couper tout ça,
35:52 et on répond ensemble, un certain temps.
35:56 Après avoir réalisé un coffrage,
35:59 Enrique coule un mortier de résine synthétique
36:02 pour assembler les dalles de verre colorées.
36:06 Le temps de couper le mortier de résine synthétique
36:09 est terminé.
36:11 Il faut maintenant couper les dalles de verre colorées.
36:14 On a fait un mortier de résine synthétique
36:17 pour assembler les dalles de verre colorées.
36:20 On a fait un mortier de résine synthétique
36:23 pour assembler les dalles de verre colorées.
36:26 On a fait un mortier de résine synthétique
36:29 pour assembler les dalles de verre colorées.
36:32 On a fait un mortier de résine synthétique
36:35 pour assembler les dalles de verre colorées.
36:38 On a fait un mortier de résine synthétique
36:41 pour assembler les dalles de verre colorées.
36:44 On a fait un mortier de résine synthétique
36:47 pour assembler les dalles de verre colorées.
36:50 On a fait un mortier de résine synthétique
36:53 pour assembler les dalles de verre colorées.
36:56 On a fait un mortier de résine synthétique
36:59 pour assembler les dalles de verre colorées.
37:02 On a fait un mortier de résine synthétique
37:05 pour assembler les dalles de verre colorées.
37:08 On a fait un mortier de résine synthétique
37:11 pour assembler les dalles de verre colorées.
37:14 On a fait un mortier de résine synthétique
37:17 pour assembler les dalles de verre colorées.
37:20 On a fait un mortier de résine synthétique
37:23 pour assembler les dalles de verre colorées.
37:26 On a fait un mortier de résine synthétique
37:29 pour assembler les dalles de verre colorées.
37:32 C'est vraiment particulier.
37:34 Il y a un moment, d'ailleurs,
37:42 où la cathédrale va encore résonner autrement.
37:45 Pas plus longtemps, mais peut-être plus intensément.
37:49 (La cathédrale sonne.)
37:53 (La cathédrale sonne.)
37:58 (La cathédrale sonne.)
38:03 (La cathédrale sonne.)
38:04 (La cathédrale sonne.)
38:07 (La cathédrale sonne.)
38:11 (La cathédrale sonne.)
38:16 (La cathédrale sonne.)
38:21 (La cathédrale sonne.)
38:25 (La cathédrale sonne.)
38:31 (La cathédrale sonne.)
38:33 (La cathédrale sonne.)
38:36 -J'ai toujours été assez présente.
38:46 Je venais souvent à la cathédrale.
38:49 Quand on est enfant, on s'imagine plein de choses dans la cathédrale.
38:54 On s'imagine toujours plein de mystères, plein de trucs.
38:57 Ça fait rêver.
38:59 (La cathédrale sonne.)
39:01 Dès qu'on a des vitraux de la cathédrale entre les mains,
39:08 c'est émouvant.
39:10 Tout, la matière, l'ensemble...
39:12 On travaille avec beaucoup de gens.
39:14 C'est chouette, on travaille avec les architectes,
39:17 les historiens d'art.
39:19 Il y a plein de gens qui virevoltent autour de cette cathédrale.
39:23 C'est très intéressant de pouvoir participer à sa conservation.
39:28 On voit bien en extérieur le mouvement du verre.
39:31 On voit bien que c'est pas plat.
39:33 Avec les techniques de fabrication du Moyen Âge,
39:36 on n'avait pas quelque chose de très uniforme, plat,
39:39 comme on a maintenant. Il y avait des grosses variations.
39:42 On le voit dans les verres, ça fait des vagues.
39:45 On voit bien en extérieur les verres qui sont plus récents.
39:51 Cette tête-là, par exemple, elle doit dater du 19e.
39:56 Là, la tête, on voit la structure du verre est différente.
40:00 Ils ont fait des petites altérations pour imiter.
40:03 Ça donne envie de les restaurer.
40:06 Ça donne envie de les déposer pour les restaurer.
40:09 Là, on voit les pieds, les deux pieds du personnage.
40:13 Là, on remonte, on voit les habits, les drapés,
40:16 et après, les visages.
40:18 Là, la tête, on voit bien les yeux dessinés.
40:21 C'est cerné de plomb pour avoir des pupilles blanches.
40:24 On arrive bien à lire la barbe, l'auréole.
40:27 Ça prend une proportion.
40:29 On ne se rend pas compte souvent de la taille des vitraux.
40:32 C'est ça que j'aime beaucoup dans le vitrail,
40:35 le fait que ce soit un art monumental.
40:37 Même nous, quand on travaille, on est sur des petites parties.
40:41 Mais quand on voit l'ensemble assemblé sur place,
40:44 c'est toujours vraiment grandiose.
40:47 Musique douce
40:50 ...
41:07 -Le premier vitrail de la cathédrale qu'Élodie a restauré
41:10 fait partie des grandes baies placées au-dessus du coeur.
41:14 C'est toujours émouvant pour moi parce que...
41:17 C'est une baie qui est assez symbolique pour moi.
41:20 Et de la voir en plus de là,
41:22 ça me rappelle plein de beaux souvenirs.
41:25 C'était l'été quand on l'a restaurée.
41:27 Dans la symbolique, elle est assez marrante
41:33 parce qu'en bas, on voit Moïse avec le buisson ardent.
41:36 Il y a un mouvement, vraiment, avec ce buisson ardent.
41:40 Le dieu qui en sort,
41:42 il a utilisé des verres rouges chamarrés.
41:45 Il y a des veinages dans le verre
41:47 qui donnent cette sensation de feu dans les feuilles du buisson.
41:51 Et au niveau des nettoyages,
41:53 il y avait un très gros travail de nettoyage, surtout sur cette baie.
41:56 Elle était très altérée.
41:58 C'était assez intéressant.
42:00 Puis on avait redécouvert...
42:02 On voit à côté du roi qu'il y a,
42:04 il a une branche d'arbre.
42:06 Il y a un petit Jésus qui sort de cette branche.
42:09 On ne la voyait pas avant la restauration.
42:11 On a suivi les altérations extérieures.
42:13 On ne voyait pas grand-chose.
42:15 Quand on nettoie, on redécouvre des choses.
42:18 Là, on a redécouvert ce petit Jésus.
42:21 C'était vraiment marrant. C'était plutôt chouette.
42:24 Aux ateliers de la maison Lorrain,
42:34 plusieurs chantiers de restauration avancent en parallèle.
42:37 Et cela réserve parfois d'agréables surprises.
42:41 C'est un panneau qu'on a déposé sur un autre chantier,
42:45 à Auton-du-Perche.
42:47 Il y a une petite baie qui représente la Sainte-Famille.
42:50 C'est la même scène qu'à l'église de Sours,
42:52 ce qu'on est en train de restaurer actuellement.
42:54 Je dois refaire le visage de la Vierge qui est là.
42:59 Et je n'ai plus le dessin.
43:02 Le dessin s'est effacé.
43:04 Je vais refaire les parties manquantes sur un verre de doublage
43:08 pour redonner la lecture du visage.
43:10 Et du coup, vu que j'ai une scène en atelier,
43:13 c'est assez providentiel,
43:15 parce que ça n'arrive pas non plus souvent,
43:17 mais vu que j'ai le même dessin qui a été réalisé un an avant,
43:21 j'ai le dessin du visage de la Vierge.
43:23 Je vais le redessiner.
43:27 Je peux refaire exactement le dessin qui était à l'origine.
43:32 [Musique]
43:35 [Musique]
43:39 [Musique]
43:42 [Musique]
43:45 [Musique]
43:48 [Musique]
43:51 [Musique]
43:54 [Musique]
43:57 [Musique]
44:00 [Musique]
44:03 [Musique]
44:06 [Musique]
44:09 [Musique]
44:12 [Musique]
44:15 [Musique]
44:18 Je suis le nez dessus, mais...
44:21 Une fois qu'après, les vitraux, c'est toujours ça.
44:24 On travaille et on les a...
44:26 On les a sous le nez.
44:28 Mais ensuite, quand ils sont en place,
44:30 ils sont à 10 m de haut,
44:32 et la vision est complètement différente.
44:35 Il faut garder ça dans un coin de sa tête,
44:38 parce qu'il ne faut pas se focaliser trop sur des détails.
44:42 [Musique]
44:45 [Musique]
44:48 [Musique]
44:51 [Musique]
44:54 [Musique]
44:57 [Musique]
45:00 [Musique]
45:03 [Musique]
45:06 [Musique]
45:09 [Musique]
45:12 [Musique]
45:15 [Musique]
45:18 Toutes les étapes du printemps,
45:20 l'un des quatre vitraux de la série pour le Japon,
45:23 sont terminées.
45:25 Jacques Loire va enfin découvrir le fruit de son travail
45:28 et le partager avec d'autres.
45:31 Je l'ai rêvé, je l'ai dessiné, je l'ai coloré,
45:35 j'ai travaillé à la coupe aussi avec Edouard Piquet,
45:38 et maintenant on voit la première phase précise.
45:42 C'est formidable d'avoir déjà ce résultat.
45:45 [Bruits de bouteilles]
45:52 Bon, on peut appeler tout le monde.
45:55 Pour se réjouir.
45:57 Les fils qui tiennent les ballons,
45:59 qui sont tous violets,
46:01 mais quelquefois avec des bleus,
46:03 quelquefois avec des bruns.
46:06 Ça s'est repris un peu de beaucoup de kimonos,
46:09 de dessins de fleurs de kimonos de ces dames.
46:12 Bon.
46:14 OK.
46:16 Il n'y a plus qu'à continuer pour le prochain.
46:20 Hein.
46:22 Et merci de la belle coupe.
46:26 [Musique]
46:28 Et pas un morceau de confusion de couleurs.
46:31 Oui, c'est ça.
46:33 [Musique]
46:49 Le vitrail est vivant par beaucoup de choses.
46:52 D'abord par la lumière qui change.
46:54 Là, ce matin, on a une très belle lumière,
46:56 mais cet après-midi, il y aura du soleil,
46:58 ça sera autre chose.
47:00 Si demain matin, il y a un peu de brouillard,
47:02 il se passera des choses.
47:04 Et puis, il y a tous les gens qui vont passer,
47:06 qui vont animer l'espace.
47:08 Et là, je crois que les élèves, l'infirmier,
47:10 vont trouver un peu de joie, un peu de vie.
47:12 Peut-être certains n'auront du mal.
47:14 Il y aura des moments
47:16 où la couleur va venir les booster un peu.
47:18 J'espère qu'elles vont vivre avec le vitrail.
47:22 Et ça, j'aimerais bien le voir.
47:25 [Musique]
47:37 Tu peux me le guider ?
47:39 Voilà, niveau 3.
47:41 Là, maintenant ?
47:43 C'est quoi ?
47:45 Ah si, c'est bon.
47:47 C'est si on le voit.
47:49 Ouais, ouais.
47:51 Dans les arts, on le voit à peine,
47:52 mais sur le ciel, on le voit bien.
47:54 C'est sur le plein ciel.
47:56 [Musique]
48:18 Ça passe bien, ça se réintègre bien.
48:20 Et puis, avec le vitrail,
48:22 ce qu'il faut toujours prendre en compte,
48:24 c'est qu'on ne va pas le voir sous le nez.
48:26 Il faut toujours réussir à prendre du recul
48:28 pour voir le résultat de loin.
48:31 Et de loin, ça passe très bien.
48:33 Le vitrail, c'est vraiment partie de ma vie
48:37 depuis quand même un bout de temps.
48:39 Avec le projet des ateliers Lorrain,
48:42 il faut être quand même assez passionné.
48:46 Et je le suis, donc forcément,
48:48 c'est très présent dans ma vie.
48:52 [Musique]
48:55 Donc oui, je rêve souvent de vitraux.
48:58 [Musique]
49:07 C'est le grand jour pour ce vitrail
49:09 patiemment restauré par Élodie et son équipe.
49:12 [Musique]
49:15 Après deux mois de travail,
49:17 il va regagner sa place
49:19 au milieu des autres vitraux
49:21 tout près de Chartres.
49:23 [Musique]
49:53 C'est ça qui est bien avec le vitrail,
49:55 c'est qu'on est dans des situations
49:57 très différentes.
49:59 Quand on fait du chantier
50:01 ou quand on est sur de la peinture vert,
50:03 des choses hyper minutieuses,
50:05 c'est complètement différent,
50:07 mais c'est ça qui est chouette
50:09 dans le vitrail, d'être assez polyvalent.
50:11 [Musique]
50:13 Alors, donc...
50:15 [Musique]
50:17 Ah bah tiens, si, tiens, ouais.
50:19 Ah si, mais là à trois,
50:21 en niveau hauteur,
50:23 c'est bon.
50:24 Le vitrail, c'est le seul élément,
50:26 au final, dans une église,
50:28 il y a les murs, c'est l'immobilier.
50:30 Le vitrail, ça fait partie un peu
50:32 des murs de la structure,
50:34 mais en même temps, on la dépose
50:36 pour la restaurer. Donc il y a
50:38 un rapport qui est assez intéressant.
50:40 On doit, même dans la restauration,
50:42 respecter tout l'ensemble.
50:44 On a toujours cette vision-là
50:46 de globalité. Bon.
50:48 - C'est pas mal, hein ?
50:51 - Les murs sont bien faits.
50:52 - Y a rien qui me choque.
50:54 La tête de doublage, elle passe bien.
50:56 Les mains, c'est bien.
50:58 - Les mains, on les relie bien.
51:00 - Ouais, les mains fonctionnent bien.
51:02 - Hum.
51:04 - Ce qui est bien, une fois
51:06 que l'oeuvre est posée,
51:08 c'est de la revoir dans son environnement.
51:10 Un vitrail, il est inclus
51:12 dans un ensemble de vitraux.
51:14 Et il y a toute une harmonie de couleurs
51:16 qui se font dans l'édifice.
51:18 [Musique]
51:20 - C'est cette harmonie de couleurs
51:22 que l'on retrouve magnifiée
51:24 au plus haut niveau dans les vitraux
51:26 de la cathédrale de Chartres.
51:28 Plus de 800 ans après leur création,
51:30 ils s'offrent encore à nos regards
51:32 grâce aux restaurations passées,
51:34 présentes et avenues.
51:36 [Musique]
51:38 ---
51:58 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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