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Cop 28 : un moment de vérité pour les énergies fossiles. Pour en parler, Oriane Wegner, cofondatrice de l'ONG Eclaircies et co-autrice de l'étude "Bombes carbone", qui recense les projets d'extraction fossile.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin du 27 novembre 2023 avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau.

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00:02 RTL
00:05 Les trois questions du petit matin. Et à trois jours de la COP 28, la conférence sur le climat qui aura lieu à Dubaï,
00:11 sommes-nous vraiment prêts à vivre sans charbon, sans pétrole et sans gaz ? Bonjour Oriane Wegener.
00:17 Bonjour. Vous êtes la co-fondatrice de l'ONG Eclercy et co-autrice de l'auteur "Bombe carbone" au pluriel, qui recense les projets d'extraction fossile.
00:28 La France compte sortir des énergies fossiles d'ici à 2050. Le gouvernement a présenté sa feuille de route la semaine dernière.
00:33 Est-ce que c'est un objectif tenable et réaliste, sachant que ces énergies aujourd'hui représentent
00:40 60% de notre consommation en France ?
00:43 Oui, effectivement, c'est un objectif qui est atteignable, même si la part actuelle
00:49 d'énergie fossile dans la consommation énergétique est élevée, vous l'avez dit, autour de 58%.
00:56 Mais pour y arriver, ça suppose
00:58 d'avoir un plan d'action ambitieux d'ici là et notamment
01:01 d'investir vraiment significativement
01:05 pour réussir, notamment du point de vue du transport, à sortir du carburant fossile. Et alors on y est ou pas ?
01:11 Pour l'instant, on n'y est pas encore.
01:14 Et quand on regarde notamment le...
01:17 ce qui est intéressant, c'est de prendre la mesure qu'est les investissements. Donc il faudrait qu'on arrive à mettre à peu près 2% du PIB
01:24 chaque année en investissement supplémentaire pour réussir, notamment à faire les investissements
01:29 dans les voitures électriques, dans un certain nombre d'autres infrastructures
01:33 de consommation énergétique.
01:35 Sur les voitures électriques, par exemple, il y a un plan, on va développer les bornes,
01:41 les constructeurs s'y mettent, vous pensez qu'on n'y sera pas ?
01:46 On peut y être, mais ça nécessite vraiment de continuer les investissements, de les augmenter.
01:53 Parce que là, à ce rythme-là, c'est difficile.
01:55 Ça veut dire aussi développer toutes les énergies alternatives.
01:58 L'éolien en mer, par exemple, aujourd'hui il n'y a qu'un parc à Saint-Nazaire qui fonctionne.
02:04 Pour les autres, on est très en retard ?
02:07 Oui, exactement. Et on le voit justement dans la part des fossiles, dans la consommation d'énergie finale en France.
02:16 Et ce qui est intéressant, c'est quand on parle d'énergie renouvelable en France, on parle beaucoup
02:21 d'électricité, notamment du parc nucléaire, mais ce qui est très important, c'est de regarder toute la consommation d'énergie.
02:26 Et là, c'est là où on voit que le secteur des transports
02:29 pèse beaucoup, notamment par le carburant. Et ça,
02:32 l'éolien en mer ne pourra pas suffire.
02:36 Vous avez dévoilé il y a quelques semaines ces sites
02:39 d'extraction de pétrole, de gaz, de charbon partout dans le monde.
02:42 Plus de 400 sites, des méga-gisements, des bombes carbone, c'est ce que vous dites,
02:46 qui rendent, selon vous, impossibles les objectifs de limitation du réchauffement.
02:50 Ça veut dire quoi ? Que tout ce qu'on fait là, tous ces efforts, ne servent à rien ?
02:54 Non, ça ne veut pas du tout dire que ça ne sert à rien.
02:58 Ça veut dire qu'il faut réussir à aller plus vite, et notamment ces bombes carbone,
03:02 donc ces énormes projets d'extraction pétrolière, gazière ou de charbon dans le monde, ça veut dire que
03:08 tous ceux qui n'ont pas encore démarré, et il y en a 40% dans notre étude qui n'ont pas encore démarré,
03:13 ça veut dire que ceux-là, il faut réussir à les fermer avant qu'ils ne commencent exactement.
03:19 Et pour ceux qui sont déjà en cours, qu'il faut réfléchir à la manière dont on pourrait
03:24 les fermer un peu plus tôt que la date prévue, et la COP 28, ça peut être l'occasion de discuter de cela.
03:30 Vous êtes optimiste sur les résultats de cette nouvelle COP ?
03:34 Pas très optimiste pour deux raisons. La première, c'est que cette année, la COP 28, elle est présidée par
03:41 le patron de l'entreprise Emirati d'extraction pétrolière, qui s'appelle la Bouddhabi National Oil Company,
03:48 donc forcément pas très optimiste sur le fait que cette COP puisse aboutir à un accord de sortie des énergies fossiles.
03:54 L'autre raison aussi, c'est que les COP, c'est extrêmement important, parce qu'il faut se retrouver,
03:58 qu'il faut discuter ensemble de la sortie des fossiles, mais que les accords internationaux
04:03 sur lesquels les pays signent à l'issue des COP, ils ne sont pas contraignants, au sens où il n'y a pas de
04:09 mécanisme de sanction pour les pays qui ne les respectent pas. Donc là, ce n'est pas de la COP que peut venir toute la solution.
04:15 Et d'ailleurs, en juillet dernier, le G20, qui était en Inde, n'a même pas réussi à s'accorder sur un calendrier de réduction des énergies fossiles.
04:22 Exactement, et là, cette année encore, l'Union Européenne arrive à la COP avec une position de négociation qui a des ambitions assez limitées,
04:32 notamment parce que des pays comme la Hongrie, comme la Pologne ou comme l'Italie ont freiné,
04:36 et donc l'Union Européenne arrive sans avoir, par exemple, de date de sortie des énergies fossiles dans sa position de négociation.
04:44 Tout ça va décidément très lentement si on vous suit.
04:47 Oui, exactement.
04:49 Merci beaucoup, Oriane Wegener, cofondatrice de l'ONG Eclercy et coautrice de l'étude "Bombe carbone"
04:56 qui recense les projets d'extraction fossile, on en parlait ensemble. Merci beaucoup, bonne journée.
05:00 Merci.
05:02 [SILENCE]

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