• il y a 2 ans

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00:00 [Générique]
00:09 L'association Anticor s'est donnée pour mission de lutter contre la corruption et les scandales qui inondent la scène politique
00:16 dans un contexte de moralisation voulu par le président François Hollande. Que faire pour assurer la transparence ?
00:23 C'est la question que nous allons poser à notre invité. Gabriel Odefroy, bonjour.
00:27 Bonjour.
00:28 Bienvenue face à rage. Vous êtes coordinatrice nationale des groupes locaux de l'association Anticor.
00:33 On commence, c'est une coutume, par trois dates clés dans votre parcours. En 1994, vous rejoignez les rangs du RPR.
00:40 Oui.
00:41 2007, vous entrez à l'UDF puis au Modem.
00:44 Oui.
00:44 Et en 2008, vous adhérez à l'association Anticor.
00:48 Oui.
00:48 Est-ce que vous rajouteriez une date pour commencer ?
00:51 2001, où j'ai quitté le RPR.
00:53 Pourquoi ?
00:54 Pendant les affaires de la mairie de Paris, où le sort qui a été jeté à Eric Elfen pendant tout le temps
00:58 où il s'occupait de cette procédure. Et je l'ai connue depuis, donc à Anticor.
01:02 Est-ce qu'il y a une couleur politique prédominante au sein de l'association Anticor ?
01:06 Du tout. On va du front de gauche à deux bouts de la République.
01:09 On entend souvent parler de vous en ce moment.
01:11 Oui. On est très occupés.
01:13 Alors quel est l'objet de cette association pour que les auditeurs, mais aussi ceux qui nous regardent en vidéo,
01:20 comprennent mieux, parce qu'on entend parler de vous, mais on ne sait pas forcément quel est votre objet,
01:23 quels sont vos statuts, quels sont vos objectifs ?
01:26 Alors notre objectif, c'est bien entendu de lutter contre la corruption politique.
01:30 Donc on s'est créé au lendemain du 21 avril 2002 en rejet de ce mot de Jean-Marie Le Pen « tous pourris »
01:37 parce que non, les politiques ne sont absolument pas tous pourris.
01:40 Il y a simplement une petite quantité de politiques qui posent problème.
01:44 Parler aussi très fort et promouvoir la démocratie représentative et l'éthique en politique.
01:49 Est-ce qu'il y a un lien entre l'éthique, la démocratie représentative et la lutte contre la corruption politico-financière ?
01:55 Bien sûr, parce que quand on a des prétentions de lutter contre la corruption politique, simplement, ça ne suffit pas.
02:00 Il faut aussi être en capacité de proposer des choses.
02:03 Alors justement, des propositions, mais on va pouvoir écouter les vôtres.
02:06 Qu'est-ce que vous proposez concrètement pour en finir avec la corruption ?
02:10 Est-ce qu'il y aurait vraiment une charte ou en tout cas une règle de conduite,
02:14 un ensemble de règles à suivre pour en finir avec la corruption ?
02:17 Alors en finir, au moins améliorer les choses de manière considérable, ça je pense que c'est possible.
02:22 Bon déjà...
02:22 Vous avez des mesures phares.
02:23 Le non-cumul des mandats, bien entendu, oui, et des fonctions.
02:27 Parce que d'une part, l'expérience démontre que quand on trouve des affaires,
02:31 c'est le mélange des genres qui fait aussi que ces gens perdent pied sur la réalité.
02:36 Le non-cumul des mandats aussi, c'est un énorme progrès aussi pour la démocratie.
02:40 Le pouvoir se partage.
02:42 Bien entendu, une législation très forte et très serrée sur le lobbying.
02:47 Et aussi promouvoir la justice et clarifier la justice, l'indépendance de la justice.
02:53 Nous avons entendu aussi ces trois mesures de François Hollande,
02:56 en particulier quand il parle de parquet financier, création de parquet financier.
03:00 Il y en a déjà, sauf qu'il y a très peu de parquet financier, très peu de magistrats financiers.
03:05 Et puis aussi très peu d'affaires qui arrivent au parquet financier. Pourquoi ?
03:09 — On va revenir aux conséquences, notamment de l'affaire Cahuzac, évidemment.
03:12 À quoi s'engagent précisément les élus lorsqu'ils signent la charte éthique de l'association Anticor ?
03:17 De quoi s'agit-il ? — Alors, donc ce non-cumul des mandats,
03:20 ce qu'on appelle aussi un service après vote... Ça, c'est une invention de notre fondatrice,
03:24 Séverine Tessier, qui a un excellent concept. Service après vote, c'est-à-dire qu'un élus,
03:30 genre un homme politique, quand il dit quelque chose, il le fait.
03:33 Ensuite, qu'un homme politique est un homme comme un autre,
03:37 on va rapprocher simplement à la fonction publique, où un fonctionnaire doit non seulement avoir
03:43 un cagé judiciaire vierge, mais aussi, si un jour il est condamné, il est radié à vie de la fonction publique.
03:49 Ce qu'on aimerait, c'est qu'effectivement, les exigences demandées à ces électeurs soient aussi les mêmes
03:56 pour les élus dans la mesure où ils sont nos donneurs d'ordre aussi, nos donneurs de conseils, surtout en cas de crise.
04:01 — Vous avez donc publié une charte éthique. L'objectif, c'est sensibiliser les élus, les faire signer, s'engager.
04:09 Il y en a combien, aujourd'hui, qui se sont engagés ? — Alors la charte éthique, en juin 2012, on a eu à peu près 500 signatures.
04:17 17 députés ont été élus. 5 ont oublié qu'il fallait arrêter de cumuler. Donc forcément, on les a sortis,
04:24 dont 2 qui ont été très très mécontents qu'on les sorte aussi de nos... — D'accord.
04:29 — Le maire de Grenoble, député maire de Grenoble, et aussi le président du Conseil général et député, le 04... C'est quel département, déjà ?
04:37 — Le maire de Penote-Provence. — Voilà. Donc ils se sont fâchés, les deux. C'est bonne maladie, parce qu'ils signent un engagement qu'ils suivent pas.
04:43 — Vous avez sollicité Jérôme Cahuzac. — Oui, je l'ai rencontré moi-même.
04:47 — C'est vous qui l'avez rencontré. Expliquez-nous. — Alors tous les responsables de groupe loco ont été chargés
04:53 donc de contacter tous les candidats aux élections législatives pour faire signer la charte éthique.
04:57 Et puis selon, promouvoir cette signature devant la presse et puis passer des moments très très agréables là.
05:02 Et selon mon appel du temps, je suis allé dans quelques départements accompagner mes responsables.
05:06 J'ai accompagné mon responsable du groupe local 47, Lotte et Garonne, Patrick Bovillard, donc signer les chartes éthiques.
05:12 Et puis nous avons reçu un coup de fil du directeur du cabinet de Jérôme Cahuzac – il était donc candidat aux élections législatives –
05:19 pour nous donner un rendez-vous. Et bon, nous y sommes allés. Et en fait, ce rendez-vous s'est pas très très bien déroulé.
05:26 — Qu'est-ce qui s'est passé ? — Déjà, dès la première question « cumule des mandats » ou « comment, madame, vous représentez
05:33 une association anticorruption et vous me contraignez à contrarier la loi ? » Parce que le cumul des mandats est autorisé.
05:42 Donc ça a pas démarré très très bien. Et tout a été comme ça. Ça a duré ¾ d'heure. On s'est fait pilonner ¾ d'heure.
05:47 — Est-ce que, justement, pendant ces ¾ d'heure, vous avez identifié à un moment donné... En tout cas, est-ce que ça a généré
05:53 chez vous un doute, une inquiétude, une forme de suspicion compte tenu de cette prudence, voire de cette réticence à s'engager dans cette charte ?
06:01 — Ah bah bien entendu, oui. Surtout que parmi tous nos points de désaccord, on a eu aussi celui de sa fonction.
06:08 Quand il nous explique « Moi, maire de Villeneuve-sur-Lot, je peux pas faire rayonner le Lot-et-Garonne »,
06:15 « Moi, député du Lot-et-Garonne, je fais un peu mieux rayonner le Lot-et-Garonne », « Moi, ministre, je ferai encore mieux rayonner le Lot-et-Garonne »,
06:25 il a rien compris à sa fonction. — Le président de la République, il va 6 fois à Tulle, par exemple, depuis son élection. Ça vous choque ?
06:32 — Bah peut-être qu'il rentre chez lui. Je suis tellement naturellement optimiste.
06:36 — La droite et la gauche, il y a des différences en matière de corruption ou il y a un côté plus touché que nôtre ?
06:42 — Non, on peut pas dire ça, parce que déjà, on ne sait pas tout. Je crois qu'il faut pas jeter l'opprobre sur un parti politique quel qu'il soit.
06:51 Bon, maintenant, le raisonnement, que ce soit des affaires politico-financières ou – pardonnez-moi – des voyous des quartiers,
06:56 c'est exactement le même. Un bandit est un bandit. C'est tout.
07:00 — Est-ce que vous avez le sentiment que l'affaire Cahuzac – on en a beaucoup parlé – a véritablement été une onde de choc
07:08 dans la sphère politique et va apporter du changement ?
07:14 — Ça a été une onde de choc parce qu'effectivement, François Hollande a déjà signé une charte à ses ministres d'éthique.
07:22 — Tout ça, c'était avant ? — Voilà. Donc il est parti aussi sur une logique de moralisation politique,
07:31 et aussi en faisant signer cette charte à ses ministres. Il a été très mordant sur les affaires qu'on peut trouver aussi par certains à l'UMP.
07:43 Et en fait, ça arrive chez lui aussi. Il y en a partout.
07:46 — Mais est-ce que vous avez le sentiment concrètement que les mentalités vont changer, qu'il y aura un avant et un après Cahuzac ?
07:53 — Je pense qu'actuellement, on monte dans des extrémités médiatiques. Est-ce que les gens vont changer sur le front ? Je crois pas.
08:01 Je vous dis que ces mesures de François Hollande en particulier sur les parquets financiers, il y a des parquets financiers.
08:06 — Et la publication alors du patrimoine des ministres, c'est une bonne chose pour vous ?
08:10 — Écoutez, j'ai publié le mien. Ça m'a beaucoup amusé. Je pense que ça les a amusés aussi certainement.
08:14 Maintenant, s'ils ont des comptes dans des pays européens, on aura une vraie difficulté à savoir.
08:20 En Suisse, ça sera encore plus compliqué. Quand on part à des fiscaux, on saura jamais.
08:26 Ce qui compte, c'est pas la quantité d'argent. C'est comment on gagne l'argent.
08:31 — Et alors Anticor, comment cette association gagne-t-elle de l'argent ? Est-ce qu'on vous pose des fois la question ?
08:37 — Bien sûr. — Et alors quelle est la réponse ?
08:39 — Alors moi, je suis totalement bénévole. Anticor doit me prendre à peu près 3 heures par jour bénévolement, bien sûr.
08:45 Nous n'avons aucune subvention. Nous vivons grâce à nos cotisations et aux dons.
08:51 Nous sommes en train de réfléchir sur le fait de demander une subvention à l'UE.
08:55 — Et pourquoi plus l'UE qu'une subvention à l'échelle nationale ?
08:59 — Nous, le lobbying, on n'est pas tellement d'accord. Donc forcément, on veut jamais, jamais craindre ça d'une manière ou d'une autre.
09:06 — Gabriel Autefroy, merci d'avoir accepté notre invitation.
09:09 Face à Rage, je le rappelle pour nos auditeurs, c'est une émission en multimédia. Ça se passe sur Rage 8h05, en vidéo sur le Rage.fr des 10h.
09:17 Si vous avez une réaction, une proposition d'émission, d'invité, un mail pour participer au programme face@rage.fr. À la semaine prochaine.
09:26 — Merci.
09:27 (Générique)

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