Otages, vers une libération prochaine des otages détenus par le Hamas

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Du lundi au jeudi, Hélène Zelany reçoit un invité au centre de l'actualité.
Retrouvez "L'invité actu" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-actu

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Transcription
00:00 *Sonnerie*
00:02 *Europe 1 soir*
00:04 *19h20*
00:06 *Hélène Zellany*
00:07 Il est 19h33 sur Europe 1, on sait désormais que la trêve entre Israël et le Hamas s'est prolongée de deux jours supplémentaires.
00:14 Aujourd'hui, si tout va bien, 11 nouveaux otages doivent être libérés dont 3 enfants français.
00:20 Jusqu'ici, ils sont 58 à avoir retrouvé la liberté.
00:23 Bonsoir maître Ilana Soskine.
00:25 *Bonsoir*
00:26 Vous êtes avocate des familles françaises de 7 otages, on vous avait reçu la semaine dernière, ils étaient encore en captivité.
00:33 Et samedi soir, 3 adultes et 3 enfants de cette famille ont été libérés, vous les avez eu au téléphone, évidemment c'est un immense soulagement.
00:42 *Alors oui tout à fait, c'est un soulagement. Donc il y a 3 mamans qui ont été libérées,
00:48 Chochane, Adi sa fille, et la belle-sœur de Chochane, Sharon, avec leurs 3 enfants, les 2 enfants de Adi,
00:55 Yaël qui a 3 ans, une petite blonde que vous avez peut-être vu passer, et Naveh qui a 8 ans,
01:01 et la fille de Sharon qui fait d'ailleurs la couverture de Libération aujourd'hui, Noam, qu'on entend pleurer.
01:09 Donc c'est un soulagement et à la fois c'est une immense souffrance, parce que Tal, le papa de Naveh et Yaël, n'est pas sorti de captivité.
01:17 J'ai appris, et on ne le savait pas jusqu'alors, qu'il n'était pas détenu avec eux, qu'il n'était pas retenu avec eux.
01:23 Un témoignage qu'on avait, dès le départ, nous disait qu'un voisin l'avait vu jeté dans le coffre d'une voiture,
01:30 mais on ne savait pas, on n'avait pas de suite de l'histoire. Donc là on sait qu'il n'était pas retenu en captivité avec eux.
01:35 C'est une immense souffrance, c'est un soulagement et une immense souffrance, parce que Adi, à l'heure à laquelle je vous parle,
01:42 je ne sais pas si elle l'a appris ou va l'apprendre, mais son papa a été tué, le mari de Sharon.
01:47 Donc voilà, c'est le début d'une vie nouvelle qui va commencer pour eux, sans Tal, le papa des enfants,
01:56 sans Afshalom, le papa d'Adi, le mari de Shoshan. C'est énormément de souffrance.
02:01 Donc oui, on est soulagés, et immensément soulagés qu'ils soient revenus, qu'ils soient en bonne santé, mais ça ne s'arrête pas là.
02:08 - C'est ça justement que je voulais savoir. Vous dites qu'ils sont en bonne santé, et psychologiquement ?
02:14 - Alors, psychologiquement, je ne peux pas savoir. D'abord, on ne pose pas de questions.
02:20 On prend les informations qu'ils nous donnent eux, qu'ils donnent aux proches et à la famille, et qu'on me retransmet.
02:26 Je ne les ai pas eues eux directement, ils ne me connaissent pas, ils étaient otages au moment où j'ai été saisie de ce dossier.
02:30 J'ai des informations près de leurs proches.
02:32 - Vous avez été mandatée par la famille française de ces otages israéliens ?
02:37 - Exactement, par la famille française de ces otages israéliens, par Ariane Tamir, dont je pourrais vous dire aussi deux mots.
02:43 Donc j'ai des nouvelles par la famille française de ces otages.
02:47 Les conditions psychologiques, j'imagine que ça doit être très dur.
02:52 J'ai su par exemple que Shoshan, qui est donc la grand-mère des enfants et la mère de Hadi,
02:57 avait réussi à tenir parce qu'elle avait lu énormément de livres sur la Seconde Guerre mondiale,
03:04 et sur comment survivre dans des situations comme ça.
03:08 Et donc Ariane me racontait que Shoshan a fait un emploi du temps pour les enfants,
03:14 qu'elle a pris en main le matin de les occuper en leur faisant la leçon.
03:19 Je ne peux pas vous dire quoi, parce que...
03:21 - Un peu l'école à la maison.
03:23 - Je ne peux pas parler d'école à la maison, mais qu'ils se sont mis en mode de survie,
03:26 et qu'elle a essayé de leur faire faire du sport, et elle a beaucoup réfléchi à comment survivre dans cette situation.
03:33 Donc l'état psychologique dans lequel ils sont, je ne peux pas vous le dire,
03:36 j'imagine que c'est très difficile, et puis c'est un choc terrible à tout niveau.
03:41 - En tout cas la grand-mère a essayé de prendre les choses en main,
03:43 et d'aider les enfants à mieux traverser cette épreuve.
03:46 - C'est ce qu'on m'a rapporté.
03:47 - Si on comprend bien.
03:48 Ces enfants, ils vont pouvoir reprendre l'école, ils vont reprendre une vie normale.
03:53 Est-ce que c'est possible de reprendre une vie normale quand on sort de 50 jours de détention ?
03:59 C'est beaucoup demander à un avocat, je ne suis pas psychologue.
04:04 Je pense que les enfants ont une force en eux qui leur permet de surmonter les épreuves,
04:09 d'avancer dans la vie, et je leur souhaite de tout cœur d'avancer, de continuer.
04:13 Ils garderont certainement des traumatismes de cette captivité pendant 50 jours,
04:18 loin de leurs proches, loin de leur père.
04:21 Du coup pour ces trois enfants, ni Noam n'était avec son père, ni Navé, ni Yaël.
04:26 Ils vont, de toute évidence selon moi, garder des séquelles.
04:30 C'est une épreuve terrible.
04:31 J'espère, je leur souhaite de tout cœur, avec la solidarité nationale qui est organisée,
04:36 avec l'amour de leur famille, de retrouver cette force,
04:39 de pouvoir retourner à l'école et de retrouver un chemin normal.
04:43 - Vous avez d'autres informations sur certains otages qui ont déjà été libérés ?
04:47 - Alors oui, on a des informations un peu surprenantes sur ce que dit le Ramas,
04:52 sur ce qu'il dit pas par exemple.
04:53 Vous savez ce russo-israélien qui a été libéré, Ron Kariboy ?
04:58 - Grâce à Vladimir Poutine.
05:00 - On a appris en fait qu'il était dans un appartement, ou dans une maison,
05:04 et qu'il a pu y échapper grâce au bombardement,
05:07 parce qu'il s'est rendu compte que la maison était détruite,
05:09 et qu'il a erré pendant quatre jours dans Gaza.
05:11 Et qu'en réalité, au bout de quatre jours d'errance dans Gaza,
05:14 il savait pas retrouver son chemin, il voulait aller à la frontière,
05:16 il savait pas comment y aller.
05:17 C'est des Gazaouis, c'est pas le Ramas.
05:20 C'est des Gazaouis qui l'ont retrouvé, et qui l'ont remis en main du Ramas.
05:23 Et ça en dit quand même un peu sur la population,
05:25 sur qu'est-ce qui se passe là-bas,
05:28 le fait que des civils, Gazaouis, l'aient pris et les rendus au Ramas.
05:32 - Il se dit que certains otages, et notamment des enfants,
05:35 pourraient être aux mains de la population.
05:37 On parle notamment de ce petit Kfir,
05:40 cet enfant de dix mois dont personne ne sait trop ce qui lui arrive.
05:45 Il est pas exclu, c'est beaucoup de suppositions,
05:48 mais qu'il soit entre les mains de familles Gazaouis.
05:51 - C'est pas exclu, soit entre les mains de familles,
05:54 soit entre les mains d'autres factions.
05:56 C'est évidemment extrêmement inquiétant,
05:58 surtout qu'on sait pas ce qu'on peut croire du Ramas.
06:01 J'ai aussi appris, la petite Hila Rotem,
06:05 qui est revenue sans sa mère,
06:07 alors qu'ils avaient dit qu'ils sépareraient pas les mères et les enfants.
06:12 En réalité, ils ont dit que la mère était introuvable.
06:15 Quand elle est revenue, elle a dit qu'elle n'avait été séparée de sa mère
06:18 que très peu de jours avant le moment où elle a été libérée.
06:24 Donc en réalité, je ne crois pas que la mère était introuvable.
06:28 - Mais il y a de toute façon de la communication du Ramas.
06:31 On a vu aussi ces images du moment de la libération,
06:34 où des otages font des sourires, agitent les mains,
06:38 filmées par les membres du Ramas.
06:40 Il y a quelque chose d'assez révoltant dans ces images aussi,
06:44 qui sont exploitées sur les réseaux sociaux.
06:46 - Le Ramas utilise une guerre psychologique, une guerre d'images,
06:49 une guerre de communication terrible.
06:51 On entend sur une des vidéos une voix en hébreu dire "Saluez, saluez".
06:55 On leur demandait de saluer vraisemblablement.
06:58 - Est-ce qu'ils ont droit à votre connaissance, une fois de plus ?
07:01 Je sais que vous ne pouvez pas avoir de relation directement
07:04 avec ces personnes qui viennent tout juste de sortir de détention.
07:08 Est-ce qu'elles ont le droit, ou est-ce qu'on leur a demandé
07:11 de garder le silence sur ce qu'elles ont vécu,
07:14 quand elles étaient dans les tunnels, sur ce qu'elles ont vu ?
07:17 - Je n'ai pas d'informations à ce niveau.
07:20 - Parce qu'il n'y a pas grand-chose qui sort finalement.
07:22 - Je pense que les informations vont arriver petit à petit,
07:25 d'abord pour assurer la sécurité de ceux qui sont encore détenus.
07:28 Je pense qu'il y a des informations.
07:30 Maintenant, il y a beaucoup de choses qui se disent,
07:32 notamment on a entendu le témoignage de cette femme
07:35 qui raconte comment elle a été violée de très nombreuses reprises.
07:39 Il y a beaucoup de choses qui commencent à être dites quand même
07:42 sur les conditions de détention,
07:45 sur la manière dont ils ont été détenus,
07:47 les détails matériels, je ne peux pas vous dire.
07:51 - Et votre rôle d'avocate dans cette affaire, en quoi il consiste ?
07:55 - Alors, il consiste à plusieurs niveaux.
07:58 D'abord, nous avons déposé plainte devant les juridictions,
08:02 des avocats ont déposé plainte devant plusieurs juridictions,
08:04 devant la Cour pénale internationale.
08:06 - Contre le Hamas ?
08:07 - Contre le Hamas, tout à fait.
08:09 Au nom de cette famille, avec ma consoeur, nous avons écrit au CICR,
08:13 nous avons mis en demeure le CICR, en notre qualité d'avocat,
08:17 d'avoir à visiter les otages que nous représentons,
08:20 pas tous les otages, les otages que nous représentons,
08:24 d'avoir à, c'était il y a déjà trois semaines peut-être,
08:27 d'avoir à nous dire si les enfants étaient avec leurs parents
08:31 ou pas avec leurs parents,
08:32 de nous faire un retour sur leur état de santé.
08:35 Nous n'avons pas eu de réponse du CICR.
08:37 - Mais vous avez l'espoir qu'il y ait une suite judiciaire ?
08:41 - Écoutez, on a forcément l'espoir qu'il y ait une suite judiciaire,
08:44 parce que pour suivre un groupe terroriste,
08:47 c'est vrai que ça paraît une lourde tâche.
08:49 - Écoutez, en tout cas, les caméras de GoPro qui ont été récupérées,
08:53 les terroristes sont identifiables.
08:55 On connaît les responsables de ces exactions,
08:57 on sait qui les a organisées, qui les a commandités.
09:00 Il me semble que ce n'est pas invraisemblable
09:02 d'imaginer qu'il puisse y avoir des mandats d'arrêt internationaux
09:05 contre ces personnes, qu'elles ne puissent pas voyager,
09:08 qu'on puisse les appréhender au moindre voyage.
09:11 J'ai évidemment espoir que justice puisse être faite
09:15 et que ces personnes puissent être condamnées
09:17 pour les crimes qu'elles ont commis,
09:19 qui sont évidemment terribles et les plus graves sur le plan pénal.
09:23 - Mais quelle justice, quel pays rendrait cette justice dans ce cas ?
09:27 - Alors, différentes juridictions ont été saisies.
09:30 Lorsque les victimes ont la nationalité d'un pays,
09:33 elles peuvent porter plainte devant la juridiction.
09:36 Donc je sais qu'il y a des procédures qui sont en cours en France.
09:39 La Cour pénale internationale, à ma connaissance,
09:42 a également été saisie et le procureur de la Cour pénale internationale,
09:46 Karim Khan, pourrait très bien prononcer des mandats d'arrêt internationaux aussi.
09:51 Voilà, différentes juridictions, à la fois étatiques
09:54 et à la fois internationales, peuvent rendre justice dans ces affaires.
09:58 - Voilà, espérons qu'une justice sera rendue.
10:01 En tout cas, je vous remercie beaucoup Ilana Soskine.
10:03 Vous êtes, je le rappelle, avocate des familles françaises
10:06 de sept otages dont six ont déjà été libérés,
10:09 mais un de ces otages reste encore en détention.
10:12 Merci beaucoup d'être venue dans les locaux d'Europe 1.

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