SMART BOURSE - Tech non cotée : état des lieux

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Jeudi 30 novembre 2023, SMART BOURSE reçoit Alice Albizzati (Associée et co-fondatrice, Revaia)

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00:00 [Musique]
00:10 Le dernier quart d'heure de Smartbourse, c'est le quart d'heure thématique.
00:13 Ce soir, le thème nous amène à évoquer le secteur de la technologie à travers notamment la tech non cotée.
00:19 L'idée étant de dresser un état des lieux de ce secteur de la tech non cotée, coté entreprise et coté investisseur également.
00:27 Ce sont les équipes d'investissement de Revaya qui sont avec nous ce soir.
00:30 Sa cofondatrice et associée Alice Albizati. Bonsoir Alice.
00:33 Merci beaucoup d'être avec nous.
00:35 J'ai mis tech non cotée mais vous êtes à la jointure des deux je crois chez Revaya.
00:39 Il y a quand même l'idée de travailler à la fois dans le monde non coté jusqu'à ce que des entreprises deviennent publiques comme on dit
00:46 et que vous ne vous interdisez pas de continuer à accompagner ces entreprises y compris quand elles sont cotées.
00:51 L'idée c'était quand même de dresser un état des lieux du marché de la tech non cotée à ce stade.
00:57 Après ce qu'on décrit depuis 18-24 mois maintenant, le violent reparamétrage des taux.
01:02 Directeur des banques centrales, on a passé 45 minutes à en parler juste avant.
01:05 Et les coûts de financement, l'augmentation des coûts de financement pour les entreprises, pour les investisseurs également.
01:11 Est-ce qu'on arrive au point où on retrouve un peu de visibilité pour la suite Alice ?
01:15 Oui, en effet, le secteur de la technologie comme toutes les classes d'actifs a été chahuté ces 18-24 derniers mois.
01:26 Néanmoins, on a l'impression qu'on est arrivé dans une phase de normalisation.
01:30 Ça c'est notamment lié à la stabilisation sur les taux d'intérêt, la stabilisation de l'inflation.
01:36 Et donc ça, ça se traduit par un retour de plus en plus important d'entreprises, notamment qui vont lever des tours de financement, early growth ou les stage growth.
01:49 Et donc quand on prend un peu de recul, ce qu'on observe c'est qu'en Europe, l'industrie des investissements dans la technologie est en croissance de 18% par rapport au niveau pré-Covid.
02:03 Donc c'est sur les trois premiers trimestres de l'année, près de 50 milliards qui ont été investis dans la tech en Europe.
02:11 Bien sûr en compression par rapport aux années un peu exceptionnelles de Covid, mais en hausse par rapport à la dernière année normale, on va dire.
02:24 Et ce qui est intéressant d'observer, c'est que l'Europe, c'est la seule géographie qui est en croissance.
02:31 Quand on compare ce qui s'est passé aux États-Unis, en Asie ou dans le reste du monde, ces autres géographies vont plutôt être en stabilisation ou en déclin.
02:41 Donc nous, on est en train de reprendre des parts de marché avec également un trou de financement qui est en train de se rétrécir.
02:54 Donc il y a de plus en plus également d'investisseurs locaux, notamment dans les tours de growth.
02:59 Donc ça va être plus de 60% des tours de growth qui sont faits par des fonds européens, là où dans cette année pré-Covid, on était plutôt à moins de 50%.
03:08 Donc ça c'est des tendances qui sont intéressantes.
03:10 L'Europe est devenue de plus en plus autonome en matière de financement de la croissance et de financement de l'industrie technologique au cours de ces trois dernières années.
03:18 Exactement. On est toujours à un niveau bien plus faible que ce qui se passe aux États-Unis.
03:25 Et ça, par exemple, si on regarde les allocations des asset managers dans l'alternative, en Europe, c'est 8% des allocations qui sont dédiées à la tech.
03:38 Donc à peu près 200 milliards.
03:40 Et aux États-Unis, on est plutôt sur 16%, 1000 milliards. Donc il y a quand même un recul, mais ce recul est en train de se rétrécir et avec plus d'autonomie en effet.
03:50 Qu'est-ce qu'on peut dire des valorisations ? Vous évoquez les tours de table. Qu'est-ce que vous voyez sur le terrain en matière de levée ?
03:58 Il faut dire qu'il y a aussi de plus en plus de start-up en Europe depuis ces trois dernières années.
04:03 Il y a plus de start-up, j'imagine, en Europe qu'il y en avait en 2019.
04:06 Donc des besoins de financement qui sont croissants de ce point de vue.
04:10 Qu'est-ce que vous regardez ? Qu'est-ce que nous disent les niveaux de valorisation aujourd'hui que vous pouvez observer, Alice ?
04:15 Alors, comme toutes les classes d'actifs, les niveaux de valorisation ont baissé.
04:20 Et ça, c'est une compression des multiples qui vient corriger quelques années qui ont pu être excessives.
04:32 Qui, dans certains cas, va se matérialiser par des down-rounds.
04:39 Donc il reste encore une minorité des cas.
04:41 Donc des entreprises qui lèvent des tours de valorisation successives à des valorisations plus basses.
04:47 Qui sont des situations que nous, on a évité dans notre portefeuille en appliquant une discipline financière importante.
04:56 Néanmoins, ce qu'on va observer, c'est qu'on a cette compression des multiples, mais qu'on continue à être sur des sous-jacents qui sont très porteurs.
05:03 Et donc en très forte croissance.
05:05 Et donc la hausse du sous-jacent va plus que compenser la baisse des multiples.
05:11 Et donc en ce moment, nous on pense que c'est un moment opportun pour investir dans cette classe d'actifs.
05:17 Parce qu'on a ce point d'entrée qui est attractif.
05:19 Il y a toujours de la croissance, mais la valorisation, elle est où par rapport à l'historique aujourd'hui ?
05:24 Voilà, on est sur des valorisations.
05:26 Si on regarde sur ce qui s'est passé sur les séries B, séries C en Europe, on est revenu sur les niveaux pré-Covid.
05:32 Donc on est en dessous des médianes long terme.
05:35 Mais qui ont été très influencées j'imagine par les deux dernières années ou les deux, trois dernières années.
05:41 Donc on ne revient pas.
05:43 Je comprends.
05:44 Et aujourd'hui sur les valorisations, quand on compare aussi Europe par rapport aux Etats-Unis.
05:48 Les Etats-Unis à niveau de maturité similaire, donc séries B, C, C,
05:53 ces entreprises, elles lèvent avec des valorisations qui sont en moyenne deux fois plus élevées que les sociétés européennes.
05:59 Nous on pense qu'il va y avoir un rattrapage de l'Europe comme ce qu'on a déjà évoqué.
06:03 Et donc ça aussi, ça peut être une opportunité intéressante.
06:06 En tant qu'investisseurs, comment vous évaluez aujourd'hui les entreprises ?
06:11 Est-ce que c'est avant tout sur la base de leur croissance ?
06:14 Vous l'avez dit, le sous-jacent en termes de croissance, c'est la première métrique que vous avez citée Alice.
06:19 Quelle place a pris la rentabilité également dans la manière de valoriser des sociétés et d'y investir ?
06:25 Alors, c'est une question intéressante.
06:28 Ce qu'on va trouver, c'est que l'équilibre entre croissance et rentabilité devient de plus en plus important.
06:36 Donc on n'est plus du tout dans les phases où c'était l'hyper croissance à tout prix.
06:40 Aujourd'hui, la rentabilité et la trajectoire de rentabilité devient un critère qui est de plus en plus important.
06:47 Néanmoins, les sociétés qui réussissent à être dans des rites de croissance soutenues
06:51 sont celles qui vont bénéficier d'une prime en termes de valorisation.
06:55 Oui, mais la croissance compte toujours. Il n'y a pas de doute là-dessus.
07:01 Et c'est nous ce qu'on observe, ce qui nous intéresse particulièrement chez Revaya,
07:08 ça va être les entreprises du logiciel.
07:11 Et on voit que les entreprises du logiciel qui ont ces bons métriques, qui vont avoir des "rule of 40",
07:17 donc cette critère entre croissance et rentabilité supérieur à 40%,
07:22 continuent de bénéficier de niveaux de valorisation élevés 10 fois, 15 fois,
07:27 parce que c'est des perspectives de création de valeur.
07:30 Et de flux de trésorerie très important dans les années à venir.
07:34 Qu'est-ce qui vous intéresse particulièrement dans les softwares ?
07:36 C'est un secteur qui a... alors moi ma référence c'est les marchés cotés,
07:40 mais je sais que ce qu'on a vu sur les marchés cotés, ça se retrouve aussi dans le monde non coté.
07:44 C'est un secteur qui a beaucoup souffert, les softwares.
07:47 Qu'est-ce qui vous intéresse ? Alors il y a la question de la valorisation,
07:50 mais vous imaginez que les fondamentaux du secteur sont intacts.
07:53 C'est les questions qu'on s'est posées autour de ces années de polycrise,
07:57 est-ce que les méga tendances qu'on avait identifiées avant Covid,
08:00 est-ce qu'elles restent valables à la sortie du Covid ?
08:03 Qu'est-ce que vous dites de ce point de vue là ?
08:05 Alors nous ce qui va nous intéresser c'est investir dans des entreprises
08:08 qui vont avoir ce potentiel de leadership durable,
08:12 et donc qui sont positionnées sur des tendances porteuses très long terme,
08:18 avec telle que la digitalisation des entreprises,
08:22 telle que la transition écologique, telle que la santé,
08:27 et ça souvent ces entreprises de logiciels,
08:29 elles sont capables de porter ces tendances porteuses.
08:33 Et du coup elles ont des caractéristiques qui sont très attractives
08:36 pour des investisseurs de grosses comme nous,
08:38 c'est que ça va être des entreprises qui vont être résilientes,
08:41 et on voit là que même dans le contexte de marché actuel,
08:43 c'est des sociétés qui continuent d'avoir des croissances à deux chiffres,
08:47 voire à trois chiffres pour certaines,
08:49 qui vont avoir beaucoup de récurrence dans leurs revenus,
08:52 qui vont avoir des marges brutes élevées,
08:54 donc qui vont pouvoir piloter aisément ces trajectoires de croissance
08:58 par rapport à rentabilité.
08:59 Ça va être aussi des sociétés qui vont avoir des trajectoires d'internationalisation
09:03 qui sont prouvées, donc ça c'est des critères qui sont très intéressants.
09:06 Et par ailleurs c'est des sociétés aussi où on continue d'avoir des perspectives
09:10 de sortie attractive, et notamment une tendance qu'on observe ces derniers temps,
09:15 c'est qu'il y a de plus en plus de fonds de private equity type buy-out growth,
09:20 tech, qui s'intéressent à nos sociétés,
09:23 et donc ça qui viennent ajouter des perspectives de sortie
09:26 aux perspectives de sortie traditionnelles,
09:29 que sont les introductions en bourse et les rachats
09:32 par des grands corporate, tels que les GAFAM.
09:35 D'avoir des options supplémentaires dans la sortie aujourd'hui,
09:38 c'est quand même important.
09:39 C'est critique, puisque on sait que ces sociétés,
09:43 nous on s'efforce à leur apporter des trajectoires de pérennité,
09:48 mais il y a un moment où l'événement de liquidité majeure reste un objectif,
09:52 et c'est un objectif sur lequel nous on travaille en tant que fonds de growth,
09:57 au board, présents, accompagnés de la création d'allure.
10:00 Des gros fonds de private equity, je pense à E-Quity qui en a beaucoup parlé,
10:03 qui remettent en cause même l'idée d'une sortie par la bourse,
10:07 estimant que les marchés boursiers dysfonctionnent aujourd'hui.
10:10 Donc ils essayent de trouver des dérivatifs pour créer d'autres options de sortie.
10:14 Est-ce qu'à votre stade d'investissement, growth, comme vous dites, Alice,
10:19 est-ce que c'est déjà le moment où on peut consolider aussi, par exemple,
10:23 ou participer à la consolidation d'un secteur, comme celui des softwares ?
10:27 Exactement, et c'est aussi quelque chose qui nous plaît dans ce secteur,
10:31 c'est qu'on pense qu'il y a beaucoup de pistes de croissance organique,
10:34 mais également de la création de valeur qui s'effectue par de la croissance externe.
10:39 Donc nous, dans notre portefeuille, sur les 24 derniers mois,
10:43 on a pu effectuer 8 opérations de build-up, donc de rachat de sociétés
10:49 par nos sociétés en portefeuille, soit pour accélérer la roadmap produit,
10:54 c'est la raison numéro 1 de ces opérations de croissance externe,
10:58 ou bien également pour accélérer la croissance internationale.
11:02 Et c'est quelque chose qu'on fait, auquel on participe activement,
11:09 donc pour s'assurer que ce sujet soit un sujet qui soit prioritaire
11:13 dans les discussions avec la gouvernance, avec le borne,
11:16 donc on cherche à avoir cet alignement, et ensuite on va aider nos sociétés
11:20 à identifier des cibles potentielles d'acquisition,
11:23 on va les aider à exécuter ces transactions,
11:27 donc à négocier avec les parties prenantes,
11:29 et également à s'assurer qu'on a une intégration réussie,
11:32 puisqu'il y a des feuilles de route et des méthodes pour que ça fonctionne bien.
11:37 Oui, c'est-à-dire qu'il y a toujours un risque d'exécution d'intégration,
11:41 même à ce stade de développement, même quand on est en forte croissance,
11:44 en hyper croissance, il y a toujours le risque que le match,
11:47 que ça ne fit pas forcément aussi bien que ce qu'on imagine,
11:51 y compris quand on est encore des entreprises de cette taille-là, j'entends Alice.
11:55 Oui, bien sûr, on sait que comme toute opération de M&A,
11:59 les opérations c'est délicat, et ça prend beaucoup de temps,
12:06 donc ça peut être très consommateur d'énergie,
12:09 et de bande passante du côté des équipes dirigeantes,
12:14 et donc il faut essayer de minimiser les risques,
12:17 et de maximiser les chances de succès.
12:20 Merci beaucoup Alice, merci d'être venue nous parler de la tech,
12:24 l'industrie de la tech, et du financement de la croissance de l'industrie technologique
12:29 en France et en Europe, c'est votre terrain de jeu chez Revaya,
12:32 vous êtes investisseur Gross, cofondatrice et associée de Revaya, Alice,
12:37 qui était l'invité de ce quart d'heure thématique de Smart Bourse ce soir.
12:41 Merci.
12:42 Merci.
12:43 [Musique]

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