Les 4 vérités - Sacha Houlié

  • l’année dernière
Guillaume Daret reçoit Sacha Houlié, député Renaissance, président de la Commission des lois à l'Assemblée nationale sur le plateau des 4 vérités. 
Transcript
00:00 Bonjour à tous, bienvenue dans les 4V, Sacha Oulier.
00:06 Hier soir, 200 militants d'ultra-droite se sont rassemblés, place du Panthéon à Paris,
00:11 pour, disent-ils, rendre hommage à Thomas tué à Crépole,
00:15 manifestation qui a été autorisée par la justice alors qu'elle avait été interdite dans un premier temps par le préfet de police.
00:21 Parmi les slogans scandés, je cite "Français, réveille-toi, tu es ici, chez toi".
00:26 Qu'est-ce que vous avez ressenti quand vous avez découvert ces images et est-ce que la justice a commis une erreur ?
00:31 Moi j'ai compris surtout pourquoi le préfet de police et le ministre de l'Intérieur avaient voulu interdire cette manifestation.
00:37 On a des appels à la haine, on a aujourd'hui toute une série d'infractions dans les discours qui ont été portés à l'occasion de cette manifestation.
00:43 On semble se réjouir qu'il n'y ait pas eu de violences.
00:45 Heureusement, cette manifestation aurait dû être interdite.
00:48 Moi je déplore qu'elle ne l'ait pas été par l'effet d'une décision judiciaire.
00:52 Je suis tout aussi scandalisé que le ministre l'a pu le dire lors de notre séance cette nuit en commission des lois.
00:58 Un tribunal administratif juge qu'interdire cette manifestation, c'était, je cite, "disproportionné"
01:03 et que ça constituait une atteinte grave à la liberté de manifester.
01:07 Je pense qu'on a quelques précédents de manifestations d'ultra-droite ces derniers jours, à Romance-sur-Isère ou à Lyon,
01:12 qui justifiaient à mon avis ces annulations, en tout cas avec les propos qui sont tenus,
01:17 avec dans d'autres cas des violences qui ont été là aussi commises.
01:21 Et donc ça a justifié cette décision du préfet de police que je soutiens pleinement.
01:26 Il y en a d'autres aujourd'hui partout en France qui sont également interdites.
01:29 Si dans les jours à venir, il y en a d'autres qui sont prévus à Paris, comment vous réagirez ?
01:33 De la même façon, en fait, ce risque ne disparaît pas au fur et à mesure des jours.
01:37 On a aujourd'hui des gens qui délibérément viennent en découdre,
01:40 qui viennent exciter tout un sentiment populaire,
01:42 qui peut être parfois légitime d'avoir un peu peur des agressions.
01:47 En revanche, ça n'est pas la vengeance, ça n'est pas la justice, tout simplement.
01:51 Dans le même temps, la maire de Romance-sur-Isère, qui est la maire de la commune
01:55 d'où sont originaires une partie des suspects du meurtre du jeune Thomas,
02:00 a porté plainte parce qu'elle est victime de menaces de mort, de décapitation, dit-elle notamment.
02:05 Est-ce que vous diriez, comme le ministre de l'Intérieur vous avait évoqué,
02:08 je cite, que ça témoigne, comme il l'avait dit, d'un "ensauvagement de la société" ?
02:11 Ce que je dis, c'est que moi je soutiens tous les élus qui font l'objet de menaces,
02:15 qui font l'objet, quelque part, d'intimidation.
02:19 C'est le cas de beaucoup de parlementaires également, et j'y apporte tout mon soutien.
02:23 Je ne vais pas mettre des mots sur cet aspect, c'est des actes qu'il faut.
02:27 Des actes, nous en avons produits, commis, avec des lois sur la justice,
02:31 des lois sur le ministère de l'Intérieur pour donner plus de moyens.
02:34 Et vous avez aujourd'hui plus de policiers, plus de gendarmes, plus de juges,
02:37 plus de greffiers pour faire face à tous ces comportements
02:40 de gens qui se croient autorisés à faire n'importe quoi dans notre pays.
02:43 Vous avez dit qu'elle est ciblée parce que, notamment, elle a dit qu'elle avait trouvé
02:46 que ne pas communiquer le prénom des agresseurs présumés était indécent
02:49 et ne faisait que renforcer la stigmatisation. Vous la soutenez dans ce combat ?
02:52 Ce que je crois, c'est que nous n'avons rien à cacher,
02:55 et que le procureur de la République aurait dû communiquer le prénom,
02:58 puisque lorsqu'il y a des délinquants, quelle que soit leur nationalité,
03:02 quels que soient, ils étaient français en l'occurrence,
03:04 quels que soient leurs prénoms, l'État n'a rien à cacher à ses concitoyens.
03:08 Alors, vous étiez avec nous au 4V à 7h43, mais à 2h20 cette nuit,
03:12 on est encore à l'Assemblée nationale, puisque vous avez adopté,
03:15 justement, en pleine nuit, le projet de loi d'immigration en commission
03:19 à l'Assemblée nationale, un texte que vous avez sacrément fait évoluer
03:22 par rapport à celui qui est arrivé au Sénat.
03:24 Vous avez, par exemple, rétabli l'aide médicale d'État,
03:27 vous avez recréé ce titre de séjour pour les métiers en tension,
03:31 d'une façon différente de ce qui avait été fait par le Sénat.
03:34 Autant de chiffon rouge, pourtant, pour la droite,
03:36 qui ne veut pas en entendre parler.
03:37 Pourtant, vous avez besoin de la droite pour faire adopter ce texte.
03:40 Comment vous allez faire ?
03:41 D'abord, il faudra peut-être qu'elle siège un peu plus qu'elle ne l'a fait en commission,
03:44 puisque, à l'exception de deux de ses députés,
03:46 tous les cadres qui défilent sur le plateau télé n'étaient pas très présents
03:49 dans la commission des lois.
03:50 Et ensuite, nous avons des objectifs.
03:52 Nous avons des objectifs, pas pour notre glorieux,
03:55 pas pour nos carrières politiques, pour les Français.
03:58 Ces objectifs, ils sont au nombre de trois.
04:00 Expulser les 4 000 étrangers délinquants qui sont sur notre territoire
04:04 et que nous ne pouvons pas expulser aujourd'hui.
04:06 Régulariser ceux qui travaillent, parfois pour s'occuper de vos grands-parents,
04:09 pour soigner des gens à l'hôpital, pour produire des équipements,
04:14 pour encore servir dans les restaurants.
04:16 Régulariser ces personnes qui le méritent,
04:18 puis simplifier tout le mécanisme du droit d'asile,
04:22 des procédures dans les préfectures, des procédures dans les tribunaux,
04:25 qui aujourd'hui atteignent une embolie totale
04:27 et qui font qu'on peut rester en France dans une situation d'irrégularité
04:32 parce que la préfecture ou la justice ne nous a pas donné de réponse pendant des années.
04:37 Est-ce que vous n'allez pas être, si j'ose dire, perdant-perdant ?
04:39 Parce que la gauche considère que c'est toujours trop répressif
04:41 et la droite considère que vous avez vidé le texte de sa substance.
04:44 Nous nous considérons que c'est efficace et que ça apporte des vraies solutions,
04:46 toutes les solutions qui n'ont pas été apportées.
04:48 Au final, on a montré lors de la commission,
04:51 35 voix contre, pour, contre, 16 contre.
04:54 On a montré lors de la commission que toutes ces mesures avaient une utilité.
04:57 Peut-être que les parlementaires ont aussi vu
04:59 qu'il n'y avait pas lieu de s'opposer
05:01 et donc devant l'évidence, devant l'utilité de toutes ces mesures,
05:04 devant le fait qu'aucune personnalité politique avant nous
05:08 n'avait réussi à agir de la sorte,
05:10 eh bien il fallait peut-être nous laisser faire et adopter ce texte.
05:12 Qu'est-ce que vous leur dites alors à ces députés de droite ?
05:14 Je dis aux députés de droite, mais comme aux députés de gauche,
05:17 que toutes les mesures qu'ils ont vues et éliminées cette semaine,
05:20 toutes celles que nous avons rétablies et que le Sénat avait supprimées,
05:22 toutes celles que nous avons supprimées parce qu'elles sont inefficaces
05:25 ou parce qu'elles nous plaçaient dans une situation où à la fin,
05:27 le juge allait nous censurer.
05:29 Toutes ces mesures, les Français en ont besoin,
05:31 ça fait 18 mois qu'ils les attendent.
05:32 Nous on est prêts, on y a travaillé,
05:34 donc peut-être qu'on peut dorénavant, avant Noël, adopter un texte.
05:38 Le texte arrive dans l'hémicycle le 11 décembre.
05:40 Si aucune majorité ne se dessinait,
05:42 est-ce qu'il faudra ou non utiliser le 49.3 ?
05:44 Ou pour vous c'est un chiffon rouge ?
05:45 Non, moi je dis que je n'avais jamais eu de pudeur.
05:47 Toutes les mesures sont populaires, tous les Français les attendent.
05:49 On nous parle souvent d'enquête d'opinion.
05:51 Eh bien toutes les mesures qui sont présentées par le ministre de l'Intérieur
05:55 sont populaires, y compris la régularisation des travailleurs
05:57 dans les métiers en tension que les Français comprennent.
05:59 Ils les voient au quotidien et ils ont recours à leur service.
06:03 Donc maintenant je pense qu'il est temps de voter.
06:05 Et si personne ne veut prendre ses responsabilités,
06:07 alors il nous faut prendre les nôtres avec peut-être un 49.3.
06:10 Ce n'est pas la version idéale, par contre pas de pudeur sur cette utilisation.
06:15 Emmanuel Macron est actuellement à Dubaï pour la COP28,
06:18 une COP chez l'un des plus gros producteurs de pétrole
06:20 qui est présidé par le PDG de la première compagnie pétrolière du pays.
06:24 Est-ce que franchement il n'y a pas quelque chose qui ne tourne pas rond ?
06:27 Non, ce qu'il faut faire d'abord c'est convaincre toutes ces personnes
06:30 que les énergies fossiles doivent être désormais derrière nous.
06:33 Et donc il y a eu un discours du président de la République sur la sortie du charbon
06:38 et notamment dans tous les pays qu'ils soient émergents
06:41 ou qu'ils soient déjà très industrialisés.
06:43 C'est le cas en France. En France, plus que deux centrales à charbon…
06:46 Mais les écologistes notamment disent que la France n'est pas à la hauteur
06:49 par exemple sur le pétrole et sur le gaz.
06:50 Les écologistes qui gouvernent en Allemagne, ils ont un mix énergétique
06:53 qui est quatre fois plus polluant que le nôtre.
06:55 Quatre fois plus polluant que le nôtre.
06:57 Donc, ayons raison de garder sur cette question.
07:02 Ce qu'il faut faire c'est sensibiliser tous ces pays
07:04 parce que si la France et si l'Europe progressent,
07:07 toujours avec beaucoup de prudence
07:11 parce qu'on ne va jamais assez vite contre le changement climatique.
07:14 Si la France et l'Europe progressent, nous avons aussi besoin d'aller
07:18 beaucoup plus vite en Chine, en Russie, aux États-Unis
07:22 pour réussir les objectifs qui sont les nôtres,
07:25 à la fois en termes de baisse du CO2 et puis surtout
07:27 de maintenir une température acceptable sur la planète.
07:29 Sacha Oulier, vous êtes aussi un passionné de foot.
07:31 Vous avez été rapporteur d'une mission sur la sécurité dans les stades.
07:34 On a vu de nombreux actes de violence malheureusement depuis le début de cette saison.
07:38 Le 6 décembre, le match Marseille-Lyon se déroulera.
07:42 Il avait été arrêté après que le bus des joueurs
07:45 puis des supporters lyonnais aient été caillassés.
07:46 L'entraîneur qui a été démissionné depuis, Fabio Grosso,
07:49 avait été blessé la semaine dernière.
07:51 C'est le bus de supporters brestois qui a été caillassé à Montpellier.
07:55 Alors ça se passe en dehors des stades.
07:56 La Ligue, la Fédération disent donc en gros que ça ne les concerne pas.
07:59 Donc on a l'impression qu'il n'y a personne qui est fautif.
08:01 Comment on résout ce problème de violence ?
08:04 C'est la faute à personne ?
08:05 Non, ça ne peut pas être la faute de personne.
08:07 Donc on a aujourd'hui résorbé une partie de la violence dans les stades.
08:11 Aux abords, elle s'est détournée.
08:13 Donc ce qu'il faut faire, c'est qu'on ait d'abord davantage de moyens.
08:15 Je vais parler des moyens du ministère de l'Intérieur
08:17 que l'on déploie pour organiser les déplacements.
08:19 Et ensuite, des interpellations qui sont celles d'individus,
08:22 puisque ce sont des individus à la marge.
08:24 À Marseille, il a suffi de 20 personnes pour empêcher un match
08:27 et priver 65 000 supporters d'un match de football.
08:30 À Montpellier, il a fallu, il s'agit de quelques personnes à la fin d'un match
08:33 pour caillasser un bus et donc porter atteinte à l'intégrité physique des joueurs.
08:37 Ces interpellations ciblées qui doivent conduire à des interdictions durables
08:41 et de stade et des peines pénales importantes,
08:43 il faut pouvoir les conduire de sorte à ce qu'on ait des réponses pénales qui soient efficaces.
08:46 En tout cas, il y a une responsabilité de l'État que l'État prend pleinement,
08:50 via le ministère de l'Intérieur, et puis il y a une responsabilité de la Ligue aussi.
08:53 Il y a donc une responsabilité de la Ligue, même si ce n'est pas dans les stades.
08:56 Il faut pouvoir assumer parce que c'est une responsabilité d'organisateur.
08:59 On ne peut pas se défausser, c'est la faute à tout le monde,
09:02 et donc c'est tout le monde qui doit réagir. C'est comme ça que je le vois de mon côté.
09:05 Même si c'est à 300-400 mètres des stades, par exemple, si c'est passé à Marseille ?
09:08 Même si c'est à 300-400 mètres des stades. La Ligue organise les compétitions.
09:11 Vous avez aujourd'hui des infrastructures qu'on a héritées de l'Euro 2016,
09:14 qui mélangent tous les supporters et qui parfois, dans l'amnée des joueurs,
09:18 met en risque quelques quarts parce que les trajets sont un peu sinueux.
09:24 Donc les quarts doivent prendre des trajets en printemps,
09:26 enfin sujet à ce qu'on appelle des guet-apens.
09:28 Et donc, dans l'organisation des compétitions, il faut aussi que la Ligue réfléchisse à cela.
09:33 Merci beaucoup, M. Saoulib.
09:34 Merci, c'est à vous, Maïa.