• l’année dernière
1 000 personnes contrôlées, 500 véhicules inspectés, 13 kg de drogue saisis, pour le préfet de l’Hérault, les chiffres obtenus lors de cette première semaine “montrent l’importance des contrôles, leur densité.” Loin de vouloir se satisfaire de ces premiers résultats, François-Xavier Lauch voit dans ce dispositif une occasion de faire passer un message aux trafiquants : “Le message est que ces quartiers ne sont pas à la main des trafiquants, ils appartiennent aux femmes et aux hommes qui les habitent et qui ont le droit d’y vivre normalement. Il n’y a et n’y aura pas d’impunité”.

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Transcription
00:00 Alors on le sait, le trafic de drogue, c'est un petit peu comme une hydre finalement, on a toujours des têtes qui poussent.
00:04 Est-ce que vous avez peur que le trafic se déplace dans certains quartiers ?
00:07 Est-ce que votre vigilance est du coup accrue sur les quartiers voisins ?
00:10 Il y a toujours ce risque, mais finalement on n'a jamais renoncé.
00:15 C'est-à-dire depuis que je suis ici, on s'est toujours attaqué au trafic, au deal de rue, notamment de manière résolue.
00:21 C'est-à-dire qu'effectivement, on doit revenir.
00:25 Il y a beaucoup d'endroits où on doit repasser parce que, économiquement, c'est tellement juteux
00:31 qu'effectivement, les gens sont prêts à prendre des risques pour réimplanter immédiatement un réseau.
00:38 Mais il y a des quartiers où les réseaux ne se réimplantent pas de la même manière.
00:42 Souvenez-vous, quand le président de la République est venu,
00:44 le réseau qui avait été démantelé à cet endroit ne s'est pas remis à cet endroit.
00:49 Voilà, ça a été effectivement un réseau qui a été neutralisé.
00:54 Mais bien sûr que c'est un exercice perpétuel.
00:57 Alors peut-être moi là-dessus, généralement je n'ai pas peur.
00:59 Ce qui m'inquiète quand même à Montpellier depuis que je suis arrivé, c'est l'importance de ces trafics.
01:04 Il faut qu'on se dise les choses.
01:05 On a des quartiers où c'est un phénomène très développé.
01:09 On a des effets de bord, je pense en termes de blanchiment d'argent aussi sur une partie du centre-ville
01:15 avec un certain nombre de commerces contre lesquels nous luttons,
01:19 on les ferme hardamment, si vous voyez ce que je veux dire.
01:22 Donc c'est un vrai sujet.
01:23 Et puis les stupéfiants sont au cœur de toutes les logiques de délinquance, très clairement.
01:29 Moi je voudrais vous prendre une métaphore qui n'est pas très jolie.
01:31 Mais vous voyez, les stupéfiants c'est un petit peu comme les ordures ménagères
01:34 que M. le maire et ses services ramassent tous les matins.
01:38 On va faire pareil avec les points de deal.
01:39 On va les ramasser tous les matins et on va les contrôler
01:43 parce que sinon ça s'accumule et il y en a de plus en plus.
01:45 Alors peut-être que oui, effectivement ça va revenir.
01:48 Peut-être qu'on n'aura pas des succès partout.
01:51 Mais on va lutter contre de la manière la plus ardente que nous puissions le faire.
01:56 Parce qu'encore une fois, ces trafics de stupéfiants,
01:58 ils sont vraiment au cœur d'une délinquance qui peut être très grave.
02:02 Je rappelle quand même qu'on a parlé de coups de feu ici,
02:05 avec une personne qui a failli se prendre une balle alors qu'elle n'était pas visée.
02:08 C'est ça le sujet.
02:10 On parle de personnes qui habitent dans les quartiers
02:12 qui n'osent plus sortir de chez eux parce que les parties publiques du quartier,
02:17 même si ici c'est une copropriété, c'est un peu plus compliqué,
02:19 sont occupées nuit et jour par des personnes qui,
02:23 par la manière dont ils occupent le terrain,
02:26 vous empêchent d'aller dans tel ou tel commerce.
02:28 On a aussi des commerces qui se développent
02:31 et qui n'ont que l'image d'un commerce ou d'une épicerie de nuit.
02:36 En réalité c'est des commerces dans lesquels il y a des gaiters et on blanchit de l'argent.
02:39 Ça c'est juste pas possible.
02:41 Si on continue comme ça, ces quartiers vont se paupériser encore plus.
02:44 La mixité sociale qu'il y a dans ce type de quartier,
02:47 parce que c'est un quartier où il y a de la mixité sociale, va disparaître.
02:50 Et on aura de véritables ghettos astupéfiants.
02:53 Et je vais être plus clair avec vous,
02:55 encore que je ne l'ai dit tout à l'heure,
02:56 ces trafics sont alimentés, excusez-moi du terme,
02:59 par les petits bourgeois qui viennent du centre-ville
03:02 et qui viennent acheter de la drogue.
03:03 Et ça c'est juste pas possible.
03:05 Moi je voudrais juste dire à ces personnes-là qu'ils réfléchissent.
03:08 Au-delà de tout ce qu'ils peuvent penser sur les stupéfiants,
03:11 de l'aspect festif, de ce qu'ils veulent faire le soir chez eux,
03:14 c'est qu'ils alimentent cette économie-là.
03:16 Et qu'elle est très importante dans notre pays et ainsi même à Montpellier.
03:19 Et que le premier geste qu'on puisse faire,
03:21 c'est juste de ne pas acheter et de ne pas alimenter cette économie.
03:24 Moi je me suis baladé dans d'autres quartiers de Montpellier
03:26 avec la BAC à mon arrivée.
03:28 Quand je vois des files de voitures qui vont dans les quartiers
03:30 acheter des stupéfiants,
03:31 je me dis qu'il y a aussi une réponse citoyenne et morale
03:34 à faire sur ces sujets-là. Voilà.
03:36 De manière générale, on a un triptyque maintenant sur ces trafics,
03:39 c'est protoxyde d'azote, cigarettes et stupéfiants.
03:42 On a des trafics qui sont moins visibles,
03:45 sans doute, que le trafic de stupéfiants,
03:46 mais qui sont tout aussi lucratifs.
03:48 Le tabac, le protoxyde d'azote avec les dangers en termes de santé publique.
03:52 Et effectivement, comme on vous l'a dit,
03:55 ça gravite toujours autour des mêmes types de commerces.
03:58 Et on se rend compte qu'il y a des mouvements financiers
04:01 qui nous restent à investiguer davantage.
04:04 Mais ça démontre que c'est toute une économie parallèle
04:08 qui se développe sur ces produits contrebons.
04:13 Quand on prend 30 kilos de tabac dans un bar à chicha
04:18 du centre-ville de Montpellier,
04:19 et que le préfet d'ailleurs le ferme pendant 6 mois,
04:22 c'est le plus qu'on puisse faire,
04:24 ça montre bien que là aussi on a un sujet.
04:25 Non seulement les commerces qui sont ouverts ne sont pas là
04:28 pour vendre des pipes à fumer,
04:29 il ne faut pas croire qu'on arrive à vivre à la fin du mois
04:33 avec ce type de commerce, moi je ne crois pas.
04:35 Ils sont là pour d'autres choses,
04:36 et notamment pour faire de la contrebande de produits,
04:39 là en l'occurrence de tabac, qui se développent.
04:41 Donc on va là aussi continuer à lutter fortement contre cela,
04:47 parce que c'est le même réseau qui se déploie.
04:51 Au niveau de la spécificité,
04:52 qu'est-ce qui va différencier Clasnet
04:55 à ce qui a été lancé en juin dernier avec le préfet Mouton ?
05:00 Alors pour moi, je vais dire,
05:02 peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse.
05:05 C'est-à-dire moi, tant que j'ai des...
05:06 Peu importe, j'ai le préfet tant qu'on a l'ivresse.
05:09 Moi, à partir du moment où j'ai des affaires judiciaires
05:13 qui peuvent se dérouler,
05:15 et puis avec la philosophie qu'on emploie actuellement,
05:17 c'est-à-dire des délinquants qui ont intégré dans leur parcours,
05:21 dans une certaine mesure, l'emprisonnement.
05:23 Ils n'ont pas intégré les saisies d'avoirs criminels.
05:25 Et c'est ce type de mesures, je crois que,
05:28 à partir du moment où on sanctionne les gens
05:30 sur des choses concrètes,
05:31 on parlait tout à l'heure de la saisie d'un appartement,
05:34 moi je m'adapte bien évidemment à ce contexte,
05:37 et l'action judiciaire toute seule ne peut rien.
05:40 C'est aussi pour ça qu'on est en synergie
05:44 sur ce type d'opération,
05:46 parce que l'un des acteurs, finalement,
05:49 le problème dépasse le simple domaine judiciaire,
05:53 c'est un problème social, c'est un problème économique,
05:55 c'est un problème politique.
05:58 On est obligé, à un moment donné, de réfléchir
06:01 et de se coordonner,
06:03 en restant bien évidemment chacun dans ses attributions,
06:06 mais on se met autour d'une table
06:08 et finalement on définit des objectifs,
06:10 il y a des objectifs judiciaires,
06:11 il y a des objectifs en termes de prévention situationnelle,
06:14 il y a des objectifs en termes de police administrative,
06:16 et finalement on coordonne tout ça.
06:18 Moi je voudrais lancer trois messages.
06:21 Le premier, c'est aux habitants de ce quartier.
06:23 J'ai été le témoin, parce que j'en ai rencontré quelques-uns
06:26 et j'ai lancé des cartes visites,
06:28 du fait que les langues se déliaient.
06:30 Nous avons besoin de leurs informations,
06:32 de leur parole claire, de leur résistance,
06:35 de leur sursaut pour assainir la situation.
06:39 Ils peuvent parler en confiance à la police nationale,
06:41 à M. le procureur de la République,
06:44 donner des informations et nous aider à lutter contre ces trafics.
06:47 C'est très important.
06:48 Lorsque je suis venu l'autre jour,
06:49 j'ai vu des copropriétaires qui m'ont dit
06:52 "Nous sommes prêts à nous faire justice nous-mêmes".
06:54 Je leur ai dit "Non,
06:56 c'est pas comme ça que ça doit se passer en République,
06:58 d'abord c'est dangereux pour vous-même,
07:00 il y a d'autres solutions qui est de travailler avec nous".
07:02 Donc je lance un appel aux habitants du quartier
07:05 d'avoir confiance dans leur police nationale,
07:08 dans leur justice et de nous donner des informations.
07:11 Deuxièmement, je voudrais dire des choses
07:13 très simples aux trafiquants,
07:16 à ceux qui tiennent les points de deal,
07:19 trafiquants qui généralement ne sont pas dans ces quartiers,
07:22 se prélassent à l'étranger ou dans les centres-villes
07:26 ou dans d'autres départements
07:27 et qui emploient des personnes pour tenir les points de deal,
07:31 c'est que nous allons continuer en réalité.
07:34 Et que sans relâche,
07:35 nous allons continuer à démanteler ces points de deal,
07:38 même si ça revient tous les jours.
07:40 Je pourrais utiliser une métaphore imagée pour le dire,
07:43 chaque jour nous allons intervenir pour démanteler ces points de deal.
07:48 Et puis le dernier message que je veux passer,
07:50 c'est aux usagers.
07:52 On croit assez bêtement quand on vient dans ce type de quartier
07:55 que c'est les habitants de la tour qui viennent acheter les stupéfiants.
07:59 Monsieur le procureur, vous parlez de 10 000 euros de somme d'argent,
08:02 ça doit être à peu près la recette d'une journée,
08:04 c'est ce qu'on estime.
08:06 Je voudrais lancer un message aux usagers,
08:09 à ceux qui peut-être sont dans des classes sociales plus aisées,
08:12 qui habitent dans les centres-villes,
08:14 qu'eux aussi on va les verbaliser avec des AFD.
08:16 Il y en a eu 28.
08:17 On a dû multiplier par deux, madame la DDSP,
08:19 en un an le nombre d'AFD stupéfiants.
08:22 Je leur dis très simplement qu'en venant acheter leur dose de cannabis,
08:26 ils gangrènent notre société
08:27 en faisant en sorte que ces trafiquants s'y installent.
08:30 Et donc je leur demande d'arrêter de le faire
08:31 parce que sinon ils vont être verbalisés.
08:33 Voilà ce que je voulais vous dire ce soir.
08:35 En vous remerciant et vous avez compris
08:37 que ce n'est pas la dernière fois qu'on se voit sur ce type d'opération.
08:39 *musique*

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