• il y a 2 ans
Le ministre de l'Education Gabriel Attal a fait des annonces hier 5 décembre, notamment sur le redoublement, que seuls les enseignants pourront décider, sans le consentement ou l'opposition des parents. Le recteur de l'académie de Toulouse, Mostafa Fourar, est notre invité.
Transcription
00:00 Ici, c'est le 6/9 France-Globe Occitanie.
00:03 Bon début de journée, nous sommes le mercredi 6 décembre 2023, 7h47 dans le quart d'heure
00:08 Toulousain, on parle du redoublement.
00:09 Avec vos appels 05 34 43 31 31, est-ce que vous trouvez normal que désormais, seuls
00:15 les enseignants aient la main sur le redoublement et non plus les parents ? Vous nous appelez
00:19 et vous interpellez surtout notre invitée ce matin.
00:21 Qui est le recteur de l'Académie de Toulouse, bonjour Mostafa Fourard.
00:24 Bonjour.
00:25 Merci de venir, en quelque sorte, essuyer les plâtres des annonces hier du ministre
00:30 de l'éducation Gabriel Attal.
00:31 Il a annoncé beaucoup de choses pour améliorer le niveau des élèves qui dégringolent en
00:35 maths et en français.
00:36 A commencer par le redoublement qui va désormais être décidé par les enseignants, ça veut
00:41 dire qu'on va faire redoubler plus d'élèves dans notre académie ?
00:46 Ce n'est pas l'objectif.
00:47 Et d'abord, le redoublement n'est pas une fatalité, il y a d'autres mesures qui sont
00:52 à prendre en compte au préalable, à savoir l'aide personnalisée aux élèves mais aussi
00:57 les stages de renforcement.
00:59 Parce qu'on sait que beaucoup de parents, quand ils ont le choix, décident de faire
01:03 passer leur enfant en classe supérieure.
01:05 Ça arrive quand même dans la majorité des cas.
01:06 C'est clair que les parents, bien évidemment, ne sont pas outillés pour pouvoir décider
01:13 réellement du redoublement de leur enfant.
01:17 Certains comprennent l'intérêt de ce redoublement, d'autres le refusent.
01:20 Le taux de redoublement dans notre académie, il s'élève à combien actuellement ?
01:24 1,8%.
01:25 Donc vous voyez, on est dans la marge.
01:28 1,8% de redoublement au niveau national, c'est 1,9% en CP.
01:34 Un tout petit peu en dessous de la moyenne.
01:37 Un tout petit peu en dessous.
01:38 C'est dire que finalement, le redoublement est un phénomène marginal.
01:41 Est-ce qu'on ne revient pas avec cette décision à la pression des notes et des examens ?
01:46 Pas nécessairement.
01:47 C'est simplement de s'assurer que les fondamentaux sont maîtrisés par les élèves.
01:53 Parce que franchement, amener un élève au collège sans maîtriser les savoirs fondamentaux,
01:59 c'est le pénaliser par la suite.
02:01 Vous savez, c'est le choix entre une deuxième chance ou l'échec.
02:05 Parce que là, aujourd'hui, pour certains élèves, c'est un constat qu'on peut faire.
02:09 Reste à savoir si le redoublement est efficace, efficient ou pas.
02:13 Et d'ailleurs, on a un appel au standard à ce sujet.
02:15 Au nord-ouest de Toulouse, à Bretz, avec Valérie.
02:17 Bonjour Valérie.
02:18 Bonjour à tous.
02:19 Allez-y, le réacteur d'Académie vous écoute.
02:22 Moi, j'ai eu mes trois enfants que j'ai fait redoubler, à des niveaux différents pour
02:29 chacun.
02:30 Mais ça a été un commun accord avec toute l'équipe, que ce soit l'enseignant, la direction
02:39 de l'école ou nous-mêmes, les parents.
02:42 On est une équipe avant tout.
02:44 Avec l'enfant, on n'est pas des gens qui sont là contre les enseignants non plus.
02:49 Mais est-ce que ça lui a servi à votre enfant ? Est-ce qu'il a eu un meilleur niveau quand
02:54 il a redoublé ?
02:55 Ma fille, qui est dyslexique sévère, forcément, puisqu'elle a fait deux CE1.
03:05 Pour mon grand, lui, il a fait deux CP.
03:10 Il était sorti du premier CP, il n'arrivait pas à lire du tout.
03:13 Donc, j'ai considéré que déjà, ce n'était pas normal de ne pas arriver à faire au moins
03:21 la moitié de ce qu'il devait faire.
03:24 Et pour le petit, ça a été en CME1.
03:27 Pareil, ils sont tous les trois dyslexiques.
03:29 Mais est-ce qu'ils ont eu, vos enfants, un accompagnement supérieur quand ils ont redoublé ?
03:33 C'est la question, en fait.
03:34 Est-ce qu'ils ont été mieux accompagnés quand ils ont doublé leur classe ?
03:37 Pour mon deuxième, lui, il a eu droit à un PAP, puisqu'il a eu un plan personnalisé
03:45 d'accompagnement, pour qu'il puisse savoir vraiment qu'il ne va pas corriger les fautes
03:52 d'orthographe parce qu'il est dyslexique.
03:54 On ne va pas le pénaliser pour faire ce genre de choses.
03:57 Et pareil pour le second, ça a été la même chose.
04:00 La grande, elle a eu droit à une ABS.
04:02 Et le deuxième aussi.
04:03 Le troisième aussi.
04:04 - Qu'en est-il ? Merci beaucoup Valérie pour votre appel et témoignage précieux.
04:09 Qu'en est-il à l'heure actuelle, Mostafa Foura ?
04:12 Est-ce qu'il y aura un accompagnement personnalisé pour les élèves qui redoubleront pour que
04:17 le redoublement soit efficace ?
04:18 - D'abord, le témoignage de cette maman montre que c'est un travail entre les enseignants
04:24 et les parents.
04:25 Et donc, c'est ce que souhaite le ministre.
04:30 C'est donner la main aux enseignants qui connaissent davantage leurs élèves pour pouvoir décider.
04:34 Mais c'est en concertation avec les parents.
04:36 Mais il faut bien que quelqu'un décide.
04:38 - Les études prouvent que le redoublement tel qu'il est organisé en France n'est pas
04:41 efficace en tout cas.
04:42 - Alors, ça dépend de quelles études on parle.
04:46 Parce qu'il y a d'autres études qui vous montrent que dans certaines conditions, celles
04:50 où il y a de l'accompagnement, effectivement, les études montrent que ce redoublement peut
04:57 être bénéfique aux élèves.
04:58 Il ne faut pas avoir peur de cette culture.
05:01 Parce qu'en fait, on a peur de l'échec.
05:04 Mais l'échec, c'est l'élève qui va décrocher, qui va quitter le système éducatif sans
05:11 qualification.
05:12 Le choix est entre ces deux possibilités pour certains élèves.
05:15 Donc, autant qu'ils puissent avoir une année supplémentaire pour pouvoir travailler les
05:21 fondamentaux et mieux s'orienter.
05:23 - Et on a un nouveau retour d'expérience au stand-up.
05:25 - C'est exactement ce que dit Josette sur la page Facebook.
05:27 L'enseignant est plus à même de décider, il vaut mieux un redoublement plutôt que
05:30 de voir un gamin galérer parce qu'il n'arrive pas à suivre.
05:33 Il n'y a pas de honte à redoubler, nous dit Josette sur la page Facebook.
05:35 Elle rejoint votre avis.
05:37 Dominique est avec nous depuis Toulouse au 05 34 43 31 31.
05:41 Bonjour Dominique.
05:42 - Bonjour Dominique.
05:43 - Bonjour.
05:44 - Bienvenue.
05:45 - Est-ce que votre enfant a redoublé et comment s'est passée cette double année ?
05:48 - Non, moi c'est ma petite fille qui est… il n'y avait pas question de redoublement.
05:57 Elle était rentrée en classe et bon à cette époque-là, ma fille, ça n'était très
06:04 occupée, elle savait les lettres, l'alphabet, tout ça.
06:09 Et vers le fin novembre, il y avait un mot sur son bulletin comme quoi la maîtresse
06:17 était très heureuse, bon, qu'elle ait appris tout ça, mais qu'elle se réservait
06:22 le droit de lui apprendre à lire et à écrire et tout ça, comme elle, elle le souhaitait.
06:29 Avec ma fille, on a été un peu, disons, je ne sais pas, pas vexé ni rien de tout
06:35 ça, mais disons que ça nous a interpellé parce qu'on était persuadé qu'on savait
06:40 le faire, disons, et au mois de février, elle le lisait couramment et tout, sans aucun
06:47 problème.
06:48 Mais la façon dont c'était marqué, c'était pas marqué "je vais faire quelque chose",
06:53 c'était très diplomatique, mais c'était très ferme aussi.
06:57 - Bon, c'était la méthode de cette enseignante qu'on salue également.
07:00 - Merci Dominique.
07:01 - On a un appel d'Asia.
07:02 - Asia est à Toulouse.
07:03 - Bonjour Asia.
07:04 - Bonjour Asia.
07:05 - Oui, bonjour.
07:06 - Votre enfant a redoublé, je crois que ça a été plutôt efficace.
07:08 - Exactement, moi, ça remonte à quelques années.
07:11 Ma fille, en fait, elle n'avait jamais redoublé, elle était des années 2000.
07:15 Arrivée à sa première année de seconde, elle s'était un peu égarée.
07:18 Et comme moi, elle n'avait jamais redoublé et qu'elle était née au milieu d'années,
07:23 j'avais proposé le redoublement.
07:24 Alors, ils se sont opposés en me disant "non, non, votre fille, elle ira en professionnel".
07:28 J'avais écrit au rectorat et le recteur, à l'époque, m'avait dit "oui, oui, elle
07:33 peut redoubler.
07:34 Mais je vous demandez que vous changez d'établissement".
07:35 C'est ce qu'on a fait et par, on va dire, à force des choses, en fait, ils ont accepté.
07:41 Et elle a fait une meilleure seconde, une première ES, une terminale ES, elle a eu son
07:46 bac et aujourd'hui, elle est diplômée, elle est infirmière.
07:49 - Donc un bon exemple de redoublement, je pense que Mostafa Fauré aime beaucoup les
07:52 auditeurs de France Bleu Occitanis maintenant.
07:54 - Bah écoutez, il faut les dramatiser le redoublement.
07:57 Il n'est pas préconisé pour tout le monde, mais pour quelques élèves qui peuvent être
08:01 en difficulté.
08:02 Et pourquoi aujourd'hui le constat qu'on fait, c'est qu'il est quand même marginal.
08:05 Mais qu'il ne soit pas tabou, c'est ce que souhaite le ministre.
08:09 - Alors, Gabriel Attal, le ministre qui a aussi annoncé des groupes de niveau au collège
08:13 pour les maths et le français.
08:14 Pourtant, la recherche a montré que si on regroupe les élèves en difficulté, entre
08:19 eux, ils ne progressent pas.
08:20 Vous, est-ce que cette méthode vous convainc, monsieur le recteur d'Académie ?
08:23 - Là aussi, il faut préciser les choses.
08:25 Vous faites référence à des études qui parlent de classes homogènes et non pas de
08:31 groupes de niveau.
08:32 Là, la classe, elle continuera d'exister avec des élèves avec différents niveaux.
08:36 Mais simplement pour les mathématiques et les français, le choix est opéré de les
08:41 mettre en petits groupes pour ceux qui seraient en grande difficulté.
08:44 Pas plus de 15 élèves par classe, de manière à rattraper le retard qu'ils peuvent avoir
08:49 en mathématiques et en français.
08:50 Mais ils ne quittent pas la classe par rapport à leurs camarades, où ils vont avoir tous
08:54 les sources d'enseignement, d'histoire géographie.
08:57 - J'ai bien compris, mais quand on est à côté de quelqu'un en classe qui a un meilleur
09:00 niveau que soi, pour faire un exercice, ça peut aider sa élève ?
09:03 - Vous avez raison.
09:04 - Si vous jouez au tennis, monsieur le recteur, avec quelqu'un de plus doué que vous, vous
09:08 serez meilleur.
09:09 - Vous avez raison, c'est pour ça que, encore j'insiste, ce n'est pas une question de classe,
09:14 mais une question de groupe.
09:16 En revanche, les études montrent également que quand on les met en petits groupes pour
09:22 affronter des difficultés, ils sont accompagnés, ils peuvent mieux réussir.
09:26 Donc, les études, vous savez, on peut leur faire dire ce qu'on veut.
09:29 - Et dernier mot, le dernier rapport PISA révèle que la France enregistre une baisse
09:33 historique au niveau des maths.
09:34 Est-ce que c'est le même qu'on sent dans l'Académie de Toulouse ? Est-ce qu'on est
09:36 très mauvais en maths chez nous ?
09:37 - Alors, je n'ai pas accès aux résultats au niveau de l'Académie, parce que les résultats
09:42 sont au niveau national, mais on peut s'attendre à cet effet qui est observé également dans
09:47 l'ensemble des pays de l'OCDE.
09:49 Il y a une baisse, et ce qui est remarquable, malheureusement, négativement pour nous, c'est
09:53 une baisse drastique en mathématiques pour les élèves français.
09:57 - D'où les annonces du ministre Illa.
09:59 Merci beaucoup Mostafa Foura, recteur de l'Académie Toulouse, d'avoir répondu à mes questions
10:02 et à celles des auditeurs ce matin.
10:03 Bonne journée.

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