Classement PISA : le niveau des élèves français dégringole...

  • l’année dernière
Avec Jean-Paul Brighelli, essayiste et auteur de "L'école à deux vitesses" publié aux éditions de l'Archipel.

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##LE_FAIT_DU_JOUR-2023-12-06##
Transcript
00:00 Mais pas du tout, pas du tout, la France a le meilleur système d'enseignement du monde.
00:26 Comment ? Pisa dit non.
00:29 Non, non, pas du tout, ça va de moins en moins bien.
00:32 Pourquoi ? On en parle tout de suite.
00:34 Sud Radio Bercov dans tous ses états, le fait du jour.
00:39 Le man qui a eu cette idée folle un jour d'inventer l'école, mais est-ce que vous
00:44 seriez capable d'articuler, vous, moi, si on n'a pas inventé l'école ?
00:49 En tout cas, il se passe quand même des choses assez préoccupantes quand même.
00:55 Le fameux classement Pisa, vous savez, le fameux classement Pisa, eh bien le classement
01:00 Pisa vient de sortir en 2023 par rapport à 2022, eh bien, c'est pas vraiment ça.
01:07 Baisse significative en mathématiques, en français et en sciences.
01:14 Je vais vous dire, par rapport à 2018, en 5 ans, 5 ans, eh bien la France a baissé
01:21 en maths -21.
01:23 En français -19, lecture, etc.
01:27 Et en sciences -6.
01:29 Quand même, on se classe aujourd'hui au 23ème rang, certes devant l'Italie et les
01:35 Etats-Unis, mais derrière la Corée du Sud, Singapour, le Japon, le Canada, les Pays-Bas,
01:41 etc.
01:42 Alors, qu'est-ce qui se passe ? Eh bien, on est à la peine, on est à la peine et
01:48 on a demandé à quelqu'un qui a écrit des livres qui ont été très remarqués, très
01:54 lus, très achetés, "La Fabrique du Crétin", Jean-Paul Brighelli, "Partons, bonjour", et
02:01 je rappelle votre plus récent livre, "L'école à deux vitesses", aux éditions de l'Archipel.
02:06 Jean-Paul Brighelli, alors ce classement Pisa, ça signifie vraiment, est-ce que ça indique
02:12 vraiment la température ?
02:13 Alors, Angela Merkel, vous avez remarqué que personne ne s'est étonné de ce classement.
02:19 Personne.
02:20 Tout le monde, y compris le ministre, attendait que la France soit encore une fois tombée
02:28 dans les abysses, enfin pas tout à fait les abysses, nous sommes dans le ventre mou de
02:33 l'OCDE, une petite moyenne, quelque chose comme ça, très très très loin des tigres
02:39 d'Extrême-Orient.
02:40 Bon, alors, il y a plusieurs choses.
02:44 Premièrement, ça mesure ce qui s'est passé pendant la crise du Covid, payant le fait
02:52 que le gouvernement a cru bon, a cru intelligent, a cru malin de fermer le système scolaire
02:57 pendant pratiquement un an et demi.
03:00 Bon, ça c'est la première chose.
03:01 Et je peux vous assurer que les élèves qui se sont pris ça plein de face sont actuellement
03:07 en grande partie inscolarisables.
03:09 Voilà, c'est fini.
03:10 Je rappelle que...
03:12 A ce point, vous dites c'est fini ?
03:14 ...ce sont eux qui ont devant fermé.
03:16 Vous dites inscolarisables, vous dites c'est fini, Jean-Paul Briguelli ?
03:20 Ah oui, inscolarisables, c'est-à-dire essayer de faire classe dans une classe de quatrième
03:25 ou troisième, on va dire standard, pas dans un quartier favorisé, etc. et vous me donnerez
03:31 des nouvelles.
03:32 Bon, ça c'est la première chose.
03:34 Deuxièmement, il faut voir qu'on s'acharne sur les maths.
03:38 Bon, très bien, effectivement, ça reprend une information qui était tombée il y a un
03:43 mois à peu près, demandant à des élèves de sixième combien il y a de quarts dans
03:47 trois quarts, 50% n'avaient pas su répondre parce que les fractions sont plus étudiées
03:51 à l'école primaire.
03:52 Bon, ça c'est une première chose.
03:54 De la même façon que 1 + 0.1 ça fait 11, tout le monde sait ça, parce que les décimales
04:00 ne sont pas étudiées non plus.
04:02 Mais ce qui compte justement, c'est que c'est la lecture qui est en déficit terrible.
04:08 Je rappelle que la maîtrise du français contrôle absolument toutes les autres disciplines.
04:14 Que lire un problème de maths, c'est a priori une question de français.
04:20 Bon, alors cela étant dit, on connaît les causes, ça a commencé dès les années 90,
04:29 cette descente aux enfers de la pédagogie.
04:32 Ça a commencé avec les UFM, ça a commencé avec le pédagogisme, ça a commencé avec
04:37 l'élève au centre qui construit lui-même ses propres savoirs.
04:40 Effectivement, comme dit Jean-Claude Michéa, c'est le règne de l'enseignement de l'ignorance.
04:47 Pour l'ignorance, si PISA mesurait l'ignorance, nous serions champions du monde.
04:52 Non, ce qui est intéressant à mon sens, ce sont les réactions immédiates de Gabriel
05:01 Attal qui les avait préparées.
05:02 Je veux dire que quelqu'un au ministère a lu mon dernier livre, "L'école a des vitesses",
05:08 et a pioché, pioché un peu au hasard, dans les propositions des dernières pages.
05:13 Vous voulez dire, juste pour aller dans votre sens Jean-Paul Griguelli, Gabriel Attal a annoncé
05:21 la couleur, un redoublement décidé par les enseignants, des groupes de niveau au collège
05:27 répartis en trois groupes en fonction de leur niveau, la labellisation des manuels
05:30 scolaires, réforme du brevet rendu obligatoire pour l'accès au lycée, si on n'a pas de
05:35 brevet on ne passe pas, et puis l'intelligence artificielle.
05:37 Tout ça c'était un peu où vous partiez dans votre livre ?
05:40 Alors, sauf l'intelligence artificielle parce que je suis résolument anti-écran,
05:46 voyez-vous.
05:47 Je pense qu'avec un stylo et du papier, cela suffit amplement, quasiment sans terminal.
05:54 Bon, ça c'est une première chose, mais il faut vendre des ordinateurs, des plaquettes
06:01 diverses, des smartphones, et il faut consoler les parents qui ont offert des smartphones
06:07 à leurs enfants dès l'âge de 10 ans de façon à ce qu'ils y regardent du porno.
06:10 Bon, admettons.
06:11 Là-dedans, il y a des mesures qui sont invraisemblables.
06:16 Il y a des choses que j'approuve tout à fait.
06:19 La fin du collège unique, c'est une nécessité absolue.
06:22 Je rappelle que c'est la droite qui avait inventé ça, et qui avait couplé le collège
06:28 unique avec le regroupement familial.
06:30 Ça a l'air de rien comme ça, mais dans le même sondage PISA, on apprend par exemple
06:35 que l'Allemagne est en recul net, et dit PISA, parce que l'Allemagne a eu affaire
06:42 à un afflux de migrants absolument important, arrivant de Syrie, de Turquie, etc.
06:50 C'est exactement ce qui nous est arrivé dans les années 70-80, lorsque nous ont débarqué
06:55 des dizaines de milliers de petits Algériens, qui, très sympa, pas la question, mais ils
07:01 ne maîtrisaient pas du tout le français.
07:02 Le niveau, c'était pas le même, oui, absolument.
07:04 Et le niveau s'est effondré, puisqu'on mettait tout le monde dans le même meeting
07:08 code.
07:09 Donc ça c'est bien, vous dites.
07:10 À la fin du collège unique, c'est bien.
07:12 Faire des classes de niveau, ça pourrait être bien, mais c'est là que ça commence
07:17 à poser des problèmes, parce que d'une classe normale, on va donc faire trois classes.
07:23 Une avec des élèves faibles, une avec des élèves en transition, si je peux dire, une
07:28 avec des élèves qui se tiennent debout.
07:31 Ça suppose trois salles de classe.
07:35 Si il y a juste comme ça, que les salles de classe actuellement sont à 120% d'occupation,
07:41 comme les prisons, vous voyez ? Et que les profs, on en manque partout.
07:46 On en manque partout parce qu'on est un fichu de recruter des profs.
07:49 Et oui, c'est ça, trois groupes, trois profs et trois salles de classe.
07:53 Et oui, forcément.
07:54 C'est pas le même prof qui va faire trois heures avec la même classe.
07:59 D'abord, ça supposerait qu'il ait des compétences à trois niveaux.
08:04 Et je vous assure que les compétences pour parler aux meilleurs, ce ne sont pas les compétences
08:10 de base.
08:11 Il en faut un petit peu plus quand même.
08:12 Ensuite, l'idée de prendre le brevet comme mur dans lequel on s'écrase si on ne le passe
08:20 pas, c'est un peu grotesque parce que très franchement, primo, presque tout le monde
08:26 a le brevet avant même de l'avoir passé.
08:28 Ça, c'est un premier point.
08:29 Deuxièmement, ça représente environ 10% d'élèves.
08:32 Troisièmement, qu'est-ce qu'on va en faire ? On les fugit ? Non.
08:36 La ministre a dit on va faire une classe relais, un système relais qui va doubler les LP en
08:42 attendant qu'on les oriente.
08:43 C'est absurde.
08:44 Les lycées professionnels méritent bien mieux que d'être le foutoir dans lequel on va mettre
08:49 les cancres de femmes.
08:50 Oui, le camion poubelle quoi.
08:52 C'est dingue.
08:53 C'est un point essentiel, absolument.
08:55 Et d'autre part, il a décidé qu'il y aurait une épreuve de maths en première pour revivifier
09:01 le bac.
09:02 À qui on parle exactement ? Moi, je me pose un problème là.
09:05 C'est que Attal, en tant que ministre de l'éducation, il ne connaît rien.
09:09 Là, il n'y a aucun problème.
09:10 Il est très bon en communication.
09:12 Il parle avec un œil sur la mairie de Paris et l'autre sur la ligne bleue de l'Elysée,
09:20 si je puis dire.
09:21 Mais ça crée un strabisme divergent, ça.
09:23 Voilà.
09:24 Mais il se débrouille assez bien, ce n'est pas la question.
09:29 Mais il ne connaît rien au système, rien.
09:31 Et le problème même, c'est qu'il n'y a pas de projet derrière, il n'y a pas de
09:36 ligne.
09:37 Il y a quelque chose qui m'a étonné, c'est qu'un député du RN, Roger Chudeau, a immédiatement
09:44 dit "mais c'est le programme de Marine Le Pen".
09:46 Eh bien, je suis désolé pour le RN parce que si c'est ça son programme, le RN non
09:51 plus n'a pas de ligne éducative, il n'a pas d'idée précise.
09:55 La seule idée précise qu'il faut avoir, c'est comment revivifier demain tout le système
10:01 scolaire pour revivifier la France.
10:03 Je vous rappelle que les pays qui sont en tête de PISA, alors Macao, Shanghai, Hong
10:09 Kong, la Corée du Sud, Singapour, sont des pays à croissance extraordinairement forte
10:18 avec une industrialisation de pointe.
10:20 Et nous, nous sommes un pays à croissance très molle, 0,2 cette année, c'est pas
10:27 bien.
10:28 Et une désindustrialisation galopante.
10:32 Absolument, et une paupérisation des classes moyennes qui se prolétarise à une vitesse
10:37 grand V.
10:38 C'est-à-dire une paupérisation, le pays entier est ubérisé, nous sommes devenus
10:45 des fournisseurs de services touristiques.
10:47 Mais il faut comprendre une chose, c'est que si nous voulons véritablement revivifier
10:54 le système scolaire, c'est dans la perspective de revivifier le tissu économique et social
11:00 français.
11:01 Je vais prendre un exemple, il faut absolument penser à la façon d'intégrer les enfants
11:11 immigrés de première ou deuxième génération.
11:13 Il faut le faire parce qu'on ne les renverra pas chez eux.
11:17 C'est une fiction totale.
11:19 Il faut le faire en les intégrant véritablement.
11:24 Il faut avoir les moyens de le faire Jean-Paul Briguelli.
11:27 Bien sûr, et c'est ce qui fait que dans les propositions de Gabriel Attal, il n'y a
11:33 rien par exemple sur comment recruter des profs compétents.
11:36 Alors là, on est dans le dur.
11:40 Non seulement on n'arrive pas à recruter des profs compétents, je rappelle que par
11:45 rapport aux postes qui sont mis dans les concours, il y en a eu 1 500 cette année qui n'ont
11:49 pas été affectés, faute de candidats à peu près valables.
11:53 Les cas disent des postes, des postes, des postes, ça veut dire que nous allons recruter
11:57 tous les ânes et tous les bras cassés possibles issus des masters de l'enseignement.
12:03 Bon, alors il faut être un petit peu sérieux.
12:06 Il avait été question de refaire non pas les écoles normales mais une formation en
12:11 trois ans à partir du bac.
12:12 Ça commence à se faire.
12:14 Il y a eu une formation par exemple de professeur des écoles au lycée Louis-le-Grand sur le
12:20 modèle des CPEE etc.
12:21 Une espèce de prépa.
12:23 C'est là qu'effectivement on pourrait former véritablement des enseignants, les
12:28 former à des savoirs au lieu de recruter au hasard les recalés de psychosociopédagynologie.
12:36 - En fait, Jean-Paul Briguelli, c'est vrai que le pain sur la planche, il y a du pain
12:42 sur la planche, mais quel pain et quelle planche ? C'est presque travaux d'Hercule, il faut
12:46 évidemment le faire.
12:47 Mais ce que je retiens aussi de ce que vous dites, évidemment il faut tout reprendre,
12:53 mais c'est vrai, peut-être ce qui est le plus préoccupant c'est cette acceptation
12:56 de oui la France est peut-être pas dans les abîmes gaz de schiste mais pas très loin
13:02 et que...
13:03 - Nous sommes résignés.
13:04 - Nous sommes apparemment totalement résignés et on peut faire repasser à peu près n'importe
13:09 quoi.
13:10 Je rappelle que plutôt que d'essayer de revivifier le bac, on pourrait par exemple transformer
13:17 complètement cet examen en certification comme on le fait en fac pour les langues,
13:23 vous savez, niveau A, B, etc.
13:25 Le faire pour les maths, pour le français, pour les langues, etc.
13:30 De façon à supprimer l'idée des redoublements, c'est absolument grotesque, j'ai 45 ans de
13:37 métier derrière moi, je n'ai pour ainsi dire jamais vu un redoublement qui ait servi
13:42 à quelque chose.
13:43 C'est une voie d'échec absolument garantie.
13:48 Donc on parle à la nostalgie, je ne sais pas exactement quel segment de population
13:55 Gabriel Attal a l'intention de draguer, je rappelle qu'il était entré dans le gouvernement
13:59 de Hollande sur les options de gauche.
14:02 Il est en train de passer à des options bizarres.
14:06 Mais accorder lui le bénéfice du doute peut-être et pas seulement de plonger dans la communication,
14:11 peut-être, peut-être.
14:12 Je préfère penser que c'est fait exprès parce que s'il faisait ça un peu au petit
14:20 bonheur ce serait alors là en plus pitoyable.
14:23 Merci Jean-Paul Brighelli, en tout cas c'est très clairement dit et énoncé et on va
14:28 continuer à suivre cela évidemment avec vous parce qu'il y va, c'est un cliché,
14:34 mais ô combien vrai de l'avenir.
14:36 Et on vous conseille ce livre de Jean-Paul Brighelli, L'école à deux vitesses est disponible
14:39 et c'est aux éditions de l'archipel.
14:42 Restez bien avec nous sur Sud Radio, on ira dans quelques instants dans le village de
14:45 Saint-Brévin qui accueillera 110 demandeurs d'asile, on va en parler.
14:49 Et puis écoutez-nous sur Sud Radio, restez bien avec nous puisque c'est bientôt Noël
14:52 et on a des cadeaux à vous faire gagner.
14:54 A tout de suite sur Sud Radio.
14:56 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
14:58 Appelez maintenant pour réagir 0 826 300 300.

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