• l’année dernière
Avec Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN (Syndicat national des personnels de direction de l'Éducation nationale).

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##CA_BALANCE-2023-09-13##

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News
Transcription
00:00 pour la professeure, cette chanson magnifique, adieu monsieur le professeur.
00:03 Et là effectivement le tableau n'est pas le même.
00:07 Aujourd'hui on a besoin de professeurs, on a besoin de ceux qui s'en vont.
00:11 Et bien ils ne sont pas toujours en place, c'est le moins que l'on puisse dire.
00:15 Et ça commence à devenir lourd et à peser lourd.
00:18 Alors effectivement un message est arrivé de tout nouveau ministre de l'éducation nationale,
00:23 Gabriel Attal, en disant "Attendez, on va tout arranger".
00:26 Écoutez.
00:27 Oui, il y aura un enseignant devant chaque élève et à nouveau je veux saluer les enseignants
00:32 qui reprennent aussi le chemin de l'école et qui le font je le sais avec enthousiasme
00:36 et passion pour leurs élèves et pour leur réussite.
00:38 Il y a eu beaucoup de travail autour de cette rentrée pour anticiper les choses.
00:43 On sait qu'il y a un enjeu d'attractivité dans l'éducation nationale qui ne date pas
00:46 d'aujourd'hui mais auquel il nous faut répondre.
00:48 Je pense qu'il y a un certain nombre d'éléments qui entrent en vigueur aussi à cette rentrée
00:51 qui vont nous permettre d'y répondre en partie.
00:53 C'est un travail qui va se poursuivre.
00:54 J'ai annoncé que j'allais travailler avec les organisations syndicales dans les mois
00:57 qui viennent.
00:58 Voilà, donc Gabriel Attal va travailler avec les organisations syndicales et notamment,
01:03 je le pense bien sûr, avec le syndicat national des personnels de direction de l'éducation
01:08 nationale.
01:09 Bonjour Bruno Bobkiewicz.
01:10 Bonjour.
01:11 Bonjour, vous êtes secrétaire général du SNP-DEN.
01:14 Alors effectivement, il y a, alors il dit voilà, il n'y a pas de problème, Gabriel
01:20 Attal, votre ministre dit il n'y a pas de problème, un enseignant devant chaque élève.
01:25 Or, vous avez fait vous-même, le SDPN, vous avez fait une enquête.
01:29 Vous avez constaté quoi très exactement par rapport à cette rentrée scolaire une
01:34 semaine plus tard ?
01:35 Alors le constat, c'est qu'après le 1er septembre, même si les choses, on le sait
01:40 bien, évoluent tous les jours, mais en tout cas au moment de l'enquête, il manquait
01:43 encore un enseignant, voire plus, dans 58% des établissements qui ont répondu à notre
01:48 enquête.
01:49 On est en 2700 établissements, ce qui est très significatif.
01:53 Donc à ce stade, on peut dire que ça n'est pas le cas et que même si, encore une fois,
01:57 on sait bien que les services des rectorats sont au travail, néanmoins, il n'y a pas
02:02 encore pour l'instant un enseignant devant chaque élève.
02:05 Alors c'est dû à quoi ? Alors ça ne remonte pas à Gabriel Attal ni à avant-hier Bruno
02:10 Bobkiewicz, mais on devrait comprendre.
02:12 Alors ça fait des années que l'on parle d'un côté de dégraisser le mammouth, d'un
02:18 autre côté, enfin, chacun y va de son pronostic, de son diagnostic et de son ordonnance.
02:23 Mais en fait, brutalement, qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui fait que ce métier
02:27 formidable de professeur, est-ce que c'est l'hierarchie, le pédagogisme ? Alors chacun
02:32 y va, encore une fois, je l'ai dit, de sa raison, mais pourquoi on en est à cette espèce
02:36 de, je ne dirais pas désinfection, mais quand même presque de...
02:39 Voilà, qu'est-ce qui se passe ?
02:41 - Oui, il y a un problème général qui est évoqué déjà depuis quelques temps, d'attractivité
02:46 du métier, donc il faut à la fois travailler, même si ça a été engagé, la question
02:52 de la revalorisation financière, il y a une question d'image globale de l'enseignant
02:56 aujourd'hui dans la société.
02:57 Donc il y a un prof-bashing quasi permanent qui fait que les jeunes ne veulent pas s'engager
03:03 dans ce métier qui est plutôt décrié aujourd'hui par le grand public, voire par les médias
03:09 à un certain moment.
03:10 - Mais il vient d'où ? Pourquoi les médias ou le grand public attaquent les profs en
03:15 disant "ils ne fichent rien", etc. ? C'est quoi ?
03:17 - C'est un discours ambiant qu'on peut régulièrement entendre.
03:20 Donc oui, ça y contribue, à la dégradation de l'image de l'enseignant, et donc ça ne
03:27 donne pas très envie aux enseignants de s'engager.
03:30 Et puis il y a la question globale des conditions d'exercice, et c'est vrai qu'il y a beaucoup
03:34 de choses qui ont changé, il y a beaucoup de réformes successives qui se sont enchaînées,
03:39 et qui fait qu'aujourd'hui ce n'est pas forcément facile et que les enseignants peuvent être
03:44 en difficulté sur ces questions, et donc eux-mêmes pas forcément un discours très positif,
03:49 engageant les plus jeunes à les rejoindre.
03:51 Donc tout ça contribue au manque d'attractivité, et il faut absolument travailler ce sujet.
03:57 - Travailler, mais...
03:58 - Qui n'est pas l'argent, mais qui concerne aussi l'argent.
04:00 - Bien sûr, qui concerne aussi l'argent, mais qui concerne aussi autre chose.
04:03 Moi j'aimerais qu'on entre justement peut-être dans les détails, dans l'inventaire.
04:07 Nous allons recevoir après vous Patrice Romain qui a écrit un livre sur l'OMERTA dans l'éducation
04:12 nationale avec les chefs d'établissement qui sortent du silence, c'est un livre très intéressant,
04:16 en tout cas très révélateur, mais ce que je voudrais savoir, et justement vous êtes
04:21 au cœur du débat Bruno Movkiewicz, en fait il y a quoi ? Parce que nous avons reçu ici
04:27 des professeurs divers, est-ce qu'il y a par exemple pour pousser à l'extrême, est-ce
04:34 qu'il y a le syndrome, et je fais exprès de pousser à l'extrême, parce que c'est
04:38 un cas terrible, mais heureusement qui est largement et plus que minoritaire, est-ce
04:43 que ça va de Samuel Paty à les incivilités quotidiennes à l'égard des professeurs
04:50 ou des enseignants ou des maîtres considérés comme du menu fretin par un certain nombre
04:56 de gens ? Est-ce qu'il y a le problème des parents qui avant ils corrigeaient leurs gosses,
05:01 aujourd'hui ils vont essayer de corriger le professeur, etc.
05:05 Est-ce que tout ça qu'on inventorie, est-ce que tout ça s'ajoute en fait, est-ce que
05:11 ça se juxtapose au lieu de s'éliminer ?
05:14 - Oui, je pense qu'il y a la réponse dans votre question, c'est le cumul de tous ces
05:20 éléments, c'est effectivement le côté aujourd'hui plus intrusif qu'avant des parents
05:26 d'élèves dans la pédagogie, la contestation est grandissante, on le voit bien à travers
05:31 le rapport du médiateur qui sort tous les étés, les enseignants sont plus contestés
05:36 qu'avant, ça n'est pas évidemment pas très attractif, il y a la question de la rémunération
05:41 on l'a dit, il y a la question des bouleversements, des modifications et du ressenti du monde
05:47 de l'éducation en général sur toutes les réformes, les évolutions, les annonces au
05:51 grand public qui perturbe grandement et qui contrarie le monde éducatif parce qu'il y
05:56 a parfois du bon sens mais malheureusement pas toujours.
05:58 Tout ça contribue à un sentiment global qui fait qu'on s'engage moins dans ce type
06:06 de métier pour toutes les raisons qu'on vient d'évoquer.
06:09 - Est-ce qu'il n'y a pas aussi, il faut le dire aussi, un problème de hiérarchie, un
06:12 problème de pédagogisme, un problème du haut, je dirais du haut fonctionnaire sur, je ne
06:18 dirais pas la piétaille, mais vous savez on a ça un peu partout dans les institutions
06:23 en France, pas seulement l'éducation nationale, mais l'éducation nationale c'est là, c'est
06:30 l'iceberg exemplaire je dirais.
06:31 On a l'impression qu'il y a quand même césure entre le personnel du haut qui, je ne veux
06:37 pas généraliser, mais quand même qui dit "bon ben voilà moi je protège ma carrière"
06:41 etc.
06:42 Circuler, rien à voir, silence dans les rangs, tout va bien, pas de vagues.
06:45 Et puis les professeurs ou les chefs de personnel qui se disent "attendez, nous on vit au quotidien
06:53 tout à fait autre chose".
06:54 Je ne sais pas, je fais partie des personnels qui dirigent d'autres personnels, donc c'est
07:00 compliqué pour moi de répondre à cette question, ce n'est pas ma pratique dans ma vie quotidienne,
07:07 je ne dis pas que ça n'existe pas, vous avez parfois une déconnexion effectivement entre
07:13 celui qui prend les décisions et celui qui les applique, qui ne favorise pas les relations
07:18 et l'engagement.
07:19 Donc ça doit exister, ça fait partie peut-être de la problématique, en tout cas par rapport
07:25 à des décisions nationales c'est assez évident, par rapport à des décisions locales j'ai
07:29 envie de dire j'espère que non.
07:31 En l'occurrence c'est les personnels que je représente.
07:34 - D'accord, non non bien sûr, ce que je veux dire par là c'est qu'est-ce qu'il n'y a
07:37 but des structures, si vous voulez un pédagogisme, pour ne pas parler des hiérarchies, parce
07:42 que ça dépend effectivement des gens et des individus, c'est comme partout, mais
07:49 est-ce qu'il y a eu par exemple, moi je suis très frappé de voir des témoignages de
07:53 professeurs qui se disent "on a l'impression d'être alors, à ton raison, je ne suis pas
07:58 professeur, je ne suis pas..." mais d'être abandonné, d'être un peu lâché, d'être
08:02 un peu mis à l'écart.
08:04 En tout cas il y a eu beaucoup de livres, beaucoup d'ouvrages, beaucoup de témoignages
08:07 de professeurs, attention, en activité, qui ont dit ça.
08:11 Est-ce que vous trouvez que c'est un sentiment qui se défend ou pas ?
08:15 Vous savez, l'éducation nationale c'est plus d'un million de personnels, donc vous
08:21 allez trouver évidemment des enseignants, des personnels qui ont des parcours difficiles
08:27 et qui vont focaliser, on peut le comprendre parce qu'ils ont eu un parcours compliqué
08:32 sur tout ce qui n'a pas fonctionné, ce sera certainement le cas du collègue que vous
08:35 allez recevoir après, et puis vous avez aussi des collègues qui vont pouvoir vous dérouler
08:39 plein de choses positives qu'ils ont pu mettre en oeuvre dans leur carrière.
08:43 Quand on a un million de personnels, toutes ces situations existent, il ne faut pas les
08:48 rejeter, il faut prendre au sérieux toutes les situations, il y a des instances qui sont
08:52 là pour ça d'ailleurs, pour écouter les personnels, même si la médecine, l'éducation
08:57 nationale ce n'est quand même pas ce qui va le mieux, néanmoins il ne faut rien écouter.
09:02 Il ne faut pas jeter le bébé éducation avec l'eau du bain de l'actualité, on est tout
09:07 à fait d'accord.
09:08 Juste une chose, mais pourquoi un ministre, quel qu'il soit, éprouve-t-il le besoin
09:13 de dire "oui il y aura un enseignant devant chaque élève" alors que vous l'avez dit
09:18 en début de notre entretien, ce n'est pas vrai, vous n'êtes pas le seul, le SNES,
09:23 il a dit aussi exactement ce que vous dites, sauf que vos estimations sont 10% plus importantes,
09:31 lui disait 48%, le SNES, vous vous dites 58%, mais pourquoi annoncer des choses si on sait
09:39 que dans la réalité il le sait autant que vous, ce n'est pas le cas ?
09:42 Oui, c'est à eux qu'il faut poser la question et la difficulté dans laquelle on se retrouve
09:47 nous en tant que chef d'établissement représentant de l'État, c'est ce décalage potentiel
09:52 entre la parole publique politique et la réalité du terrain.
09:56 Donc nous ce qu'on demande c'est vraiment une parole qui soit au plus proche de la réalité,
10:01 on ne doit pas mentir et vendre du rêve aux parents d'élèves, il y a une réalité
10:05 qui est complexe, alors elle n'est pas catastrophique puisqu'effectivement 99% des enseignants
10:11 sont nommés en place, mais les 58% c'est le nombre d'établissants où il en manque
10:17 au moins un, mais quand il en manque un, il y en a 150 potentiellement présents.
10:20 Donc il ne faut pas noircir le tableau mais il faut dire la vérité, et la vérité c'est
10:25 qu'il n'y a pas un enseignant devant chaque élève aujourd'hui habituellement dans les classes.
10:28 Merci Brulam Bokevich, je vous rappelle que vous êtes secrétaire général du syndicat
10:31 national des personnels de direction de l'éducation nationale, et en fait vous allez voir ce n'est
10:35 pas seulement des gens qui vont se plaindre parce que ce sont les chefs d'établissement
10:39 qui ont répondu à Patrice Roumain pour son livre, et c'est tout aussi intéressant.
10:45 Merci d'avoir été avec nous.

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