La peur au ventre avec Caroline Fontenoy (émission sur la prématurité)

  • l’année dernière
Chaque soir, branchez-vous sur FUN radio pour parler de ce que vous avez sur le cœur sans tabou. FUN FOR YOU avec Partenamut !
Transcription
00:00 Ça s'est passé dans Fun For You sur Fun Radio.
00:02 On est ensemble sur Fun Radio jusqu'à 20h comme tous les soirs de la semaine avec Pénélope qui est toujours avec moi.
00:09 Mais on n'est pas seul en studio puisqu'on accueille une personnalité bien connue des Belges
00:13 puisque tu t'invites quotidiennement dans la vie de milliers de téléspectateurs.
00:17 C'est Caroline Fontenois qui est avec nous.
00:19 Bonjour Caroline.
00:19 Oui bonjour, merci d'inviter.
00:21 Oui bonsoir.
00:22 Alors Caroline, je le disais, tu es la présentatrice, je ne sais même pas trop si on dit présentatrice,
00:26 non on dit journaliste du RTL Info 19h et 13h.
00:30 On peut dire les deux parce qu'en l'occurrence je suis les deux, je suis journaliste et je présente.
00:34 Donc ce n'est pas faux.
00:36 Alors la majorité des gens te connaissent à travers ton métier mais à côté de ça aussi tu as une vie,
00:40 notamment une vie de maman et c'est pour ça que tu es notre invitée aujourd'hui puisque tu as sorti ton livre il y a quelques semaines de ça,
00:45 La peur au ventre. Pourquoi tu as écrit ce livre Caroline ?
00:48 Tout d'abord, je n'avais pas ce projet d'écriture lorsque je suis tombée dans la prématurité.
00:53 C'était une lettre adressée à ma fille qui s'intitulait "Lettre à Lou"
00:56 parce que ce que j'ai vécu en Eonate c'est tellement intense et tellement fort que je ne voulais pas oublier.
01:01 Puis je me disais un jour elle va peut-être me demander des explications, etc.
01:03 Donc je ne voulais rien oublier.
01:05 Je m'ennuyais aussi mortellement.
01:07 Les journées étaient très très longues à l'hôpital.
01:09 Donc ça me permettait vraiment d'écrire, de coucher mes sentiments.
01:12 C'était une formidable catharsis au début.
01:15 Donc voilà, ça s'est arrêté là.
01:16 J'ai fermé mon bac, je ne l'ai plus ouvert pendant deux ans et je n'ai cessé de rencontrer des gens à qui je racontais mon histoire.
01:21 Ils m'ont couvri des yeux hyper grands en me disant "mais ça existe".
01:26 Et je me suis rendu compte que les gens ne connaissaient pas la prématurité, les enjeux que ça revêt,
01:31 qu'il y avait de la prévention à faire parce qu'on n'en parle jamais,
01:34 donc on ne peut pas avoir les bonnes attitudes par rapport à ça.
01:36 Et puis il y a vraiment eu un effet déclencheur lorsque j'ai participé à un gala "Fetus for Life"
01:42 avec des centaines de personnes à table.
01:44 Et quand j'ai raconté mon histoire, alors généralement ça fait beaucoup de bruit,
01:47 les personnes à table, on entend les couverts, etc.
01:49 Ça papote, ça papote.
01:50 On entendait les mouches voler et il y a une dame qui est venue me voir après,
01:53 elle m'a dit "écoutez, j'ai 60 ans, je ne savais pas que ça existait, c'est incroyable".
01:57 Là je me suis dit "mais c'est dingue quand même".
01:59 Donc voilà, c'est toutes ces raisons qui ont fait, quand j'ai cru en plus que ça recommençait avec ma deuxième fille,
02:05 je me suis dit "là, c'est le destin, c'est l'univers qui me dit, il faut vraiment que tu fasses quelque chose".
02:09 Et donc voilà, j'en ai fait un bouquin et j'en suis très heureuse parce que les retours sont vraiment magnifiques.
02:14 Alors comme tu viens de le dire, dans ce livre tu reviens sur une époque assez difficile de ta vie.
02:17 La naissance de ta première fille Lou qui est née prématurée, c'était donc il y a 4 ans.
02:20 Et donc c'est vraiment parti de lettres que tu lui écrivais.
02:23 Et à partir de quel moment est-ce que tu t'es dit "maintenant je vais en faire un livre" ?
02:26 Parce que tout le monde se posait ces questions.
02:28 Ça s'est fait quand dans ta tête ?
02:30 Le cheminement que je viens de te décrire, c'était des petits événements à gauche et à droite.
02:35 Et vraiment le déclencheur, c'est quand j'attends ma seconde fille à 25 semaines,
02:41 donc encore beaucoup plus tôt que Lou qui est née à 30 semaines, j'ai des contractions.
02:46 Et là j'ai la peur de ma vie.
02:47 Je me dis "ah non, ça recommence".
02:49 Sauf que là je sais où je mets les pieds, je sais ce qui m'attend.
02:51 Je sais qu'il peut y avoir de graves séquelles, que c'est une question de viabilité.
02:54 Donc il y a énormément de choses qui se passent dans ma tête.
02:57 J'ai je pense la peur de ma vie, une peur irrationnelle et viscérale.
03:01 Et je me dis si j'ai une deuxième chance, si on m'offre cette deuxième chance,
03:05 je vais faire quelque chose pour toutes les femmes qui passent par là,
03:07 pour ne pas justement qu'elles passent par la case néonate.
03:10 Et c'est ce qui se passe puisque depuis la sortie du bouquin,
03:13 j'ai des retours fantastiques de beaucoup de personnes, de beaucoup de parents.
03:16 J'insiste, les papas ne sont pas du tout exclus de ce bouquin,
03:19 bien au contraire, puisqu'il y a le point de vue du papa et de mon mari, de Jérôme,
03:24 qu'apprécient beaucoup les messieurs d'ailleurs.
03:26 Donc voilà, c'est un petit peu, c'est réconfortant.
03:28 On rit, on pleure, on parle de choses inavouables,
03:31 parce que finalement, quand on est triste, alors qu'on vient de devenir maman,
03:34 ce n'est pas très cohérent.
03:35 Ce n'est pas cohérent, donc je parle de tout ça.
03:38 Je parle des désagréments physiques, de la césarienne,
03:41 de la pauvre chose qu'on devient et qu'on se traîne dans un couloir d'hôpital.
03:43 Donc je parle de tout ça et ça fait du bien, tout simplement.
03:46 Et ce que je trouve qui est assez bien fait, c'est qu'au début de ton livre,
03:49 directement, on a un schéma qui explique un peu à partir de quand on parle de prématurité,
03:52 puisque à terme, c'est 41 semaines et avant 37 semaines,
03:55 Sapé Nélo peut peut-être nous en parler aussi.
03:57 C'est, on parle de prématurité moyenne.
03:59 Ta première fille, donc Lou, elle était grande prématurée.
04:02 Oui, là, on était dans la Ligue des champions des prématurés.
04:06 Et on n'est pas encore, je veux dire, voilà,
04:08 on réanime les enfants à partir de 24 semaines.
04:10 Mais là, c'est vraiment des très, très, très gros risques.
04:14 Mais Lou, 30 semaines, c'est vrai qu'on est dans le stade des grands prémats.
04:17 Et je te remercie d'avoir souligné l'intérêt de ce graphique,
04:20 parce que j'ai vraiment assisté au début.
04:21 Je dis, voilà, si on parle à des gens qui ne connaissent pas la prématurité,
04:24 il faut savoir dans quoi on se situe.
04:25 Pour être complètement honnête, moi, je n'avais pas,
04:27 je savais ce que c'était la prématurité,
04:29 mais je n'avais pas les chiffres, les semaines, etc.
04:31 Et c'est vrai que commencer le livre et directement être plongé là dedans,
04:34 c'est bien fait. Je trouve que ça nous met directement dans le bain, j'ai envie de dire.
04:37 Merci, effectivement.
04:39 Donc là, on a coup d'œil, on sait où on se situe.
04:41 Et puis dans le livre, je vais revoir des professionnels de la santé
04:44 qui, à ce moment là, nous livrent en détail les enjeux, les risques,
04:48 les séquelles potentielles.
04:49 Et là, on a vraiment conscience de ce qui se passe.
04:52 Si je comprends bien, en fait, le titre, il vient plutôt de la deuxième grossesse.
04:57 Oui, en effet, oui.
04:58 C'est ce moment où là, tu vas prendre conscience de la peur.
05:01 Si tu dis la peur au ventre, en plus dans une grossesse, forcément, ça a du sens.
05:06 Et donc, dans ce que tu racontes, le premier, tu ne sais pas du tout ce qui va arriver.
05:09 Tu sais juste que c'est trop tôt.
05:10 Et puis voilà. Tandis que la deuxième, là, il y a quelque chose qui se passe.
05:14 Et c'est là que la peur va se déclencher.
05:15 Tout à fait. Pour la première grossesse, ça m'est tombé dessus.
05:18 Donc du jour au lendemain, je développe une infection qui provoque des contractions
05:23 qu'on va essayer d'arrêter durant trois jours par voie médicamenteuse jusqu'à la période urale.
05:28 Et donc, je ne sais pas ce qui m'arrive.
05:30 Donc, il y a juste mon gynécologue qui me somme de ne plus bouger un orteil,
05:34 qui me dit "écoutez, Madame Fontenoy, ici, il est question de handicap, de mortalité".
05:38 Et voilà mon premier contact avec la prématurité.
05:40 Donc, c'est assez violent.
05:42 Mais par contre, effectivement, quand il y a "je sais par quoi je viens de passer,
05:46 je sais ce qui m'attend et que c'est 25 semaines",
05:48 effectivement, j'ai une peur viscérale.
05:51 Et je trouvais qu'en plus, c'était métaphorique de parler de la peur au ventre, évidemment.
05:55 C'est vrai qu'il y a en plus les capes des poids, je trouve.
05:59 Je pense qu'à un moment, tu vas parler des deux kilos.
06:00 Et je trouve aussi qu'intellectuellement, psychologiquement, en tout cas, les deux kilos,
06:03 il y a quelque chose de "ça va, deux kilos, c'est bien, c'est un bon poids".
06:06 Et forcément, plus ça arrive tôt, plus ils sont petits.
06:09 Je me souviens d'avoir entendu des enfants comme ça,
06:12 qui étaient en dessous du kilo même, au moment de la naissance.
06:16 Et donc, de tout ce que ça implique aussi pour toi à ce moment-là.
06:18 Oui, parce que Lou, elle avait un très bon poids pour son âge.
06:22 Elle faisait 1,615 kg, ce qui est vraiment bien,
06:24 parce qu'il y a des bébés du même âge qui faisaient à peine un kilo.
06:28 Donc là, on le sait bien.
06:30 Mais effectivement, à partir du moment où on réanime des bébés de 24 semaines,
06:33 c'est des bébés qui font 500 grammes.
06:35 Il faut se rendre compte, c'est la moitié d'un paquet de sucre.
06:38 Alors, le cheminement n'est pas terminé pour ces bébés.
06:41 Leur peau n'est pas terminée non plus. Ils sont un peu rouges.
06:45 Il n'y a pas d'ongles parfois ?
06:47 Non, on doit les aider à respirer aussi.
06:50 Il y a toute une machinerie extrêmement lourde autour de ces bébés.
06:53 Donc, c'est assez impressionnant de manipuler
06:55 ne plus que ces petits bébés qui font 500 grammes.
06:59 On a l'habitude d'entendre des naissances ou directement à l'hôpital,
07:01 on a notre enfant, on rentre à la maison.
07:03 Tout ce que tu avais imaginé dans ta tête, à partir de ce moment-là,
07:05 s'écroule, j'ai envie de dire.
07:07 Alors là, la psychologue qui est à côté de moi
07:09 va pouvoir en parler et s'y renchérir.
07:11 Je pense que ça a été l'une des plus grosses difficultés en ce qui me concerne.
07:14 C'est de faire le deuil de cette grossesse qui me ravissait.
07:17 Moi, c'était vraiment une période dorée, enchantée.
07:20 J'ai adoré être enceinte.
07:22 Jusque-là, j'étais en super forme.
07:24 Donc, j'aimais mes formes.
07:26 Et puis, on voyait à peine mon bidou
07:30 parce que c'était mon premier enfant,
07:31 je n'ai pas pris beaucoup de kilos.
07:33 Et c'est comme si du jour au lendemain, cette grossesse n'avait pas existé.
07:35 Donc, en 15 jours de temps, je retrouve mon ventre extrêmement plat.
07:38 Donc, c'est vraiment compliqué de faire le deuil de cette grossesse.
07:42 Et puis surtout, je le sais maintenant parce que j'ai eu une grossesse à terme.
07:46 Après, c'est que ce premier contact avec votre bébé qu'on met sur votre vente,
07:50 c'est quelque chose...
07:52 Voilà, c'est incroyable.
07:55 Et tous ces moments volés, entre guillemets, la faute à personne.
07:59 Mais voilà, on m'a montré mon bébé, on est parti le réanimer.
08:01 Donc, je ne l'ai pas vu sur moi, je l'ai vu des heures après.
08:04 Il y a plein de choses qu'on ne pourra pas rattraper,
08:06 on ne pourra pas remonter le temps.
08:08 Et donc, moi, j'ai eu beaucoup de mal parce que j'appelle ça le syndrome du ventre vide.
08:12 Alors, je ne suis pas sûre que c'est un syndrome qui existe,
08:14 mais c'est vraiment ce qui m'habitait à ce moment-là.
08:16 C'était d'une tristesse infinie qu'on m'avait fait voler ces deux mois avec ma fille.
08:20 Moi, je trouve qu'il y a quand même aussi toute la question
08:24 de quand on accouche, on se retrouve dans la chambre avec le bébé.
08:27 Alors, les nuits sont mauvaises, tout ce qu'on veut,
08:30 c'est très embêtant pour les mamans qui sont jeunes mamans.
08:32 Mais le bébé est là et souvent le papa n'est pas loin.
08:35 Et puis, quand il y a une prématurité comme ça, on se retrouve sans enfant.
08:38 Et souvent, dans les quelques jours qui suivent,
08:40 pas nécessairement avec le papa non plus,
08:41 qui doit continuer à aller travailler pour pouvoir clôturer son boulot.
08:44 Et donc, il y a un moment, on se retrouve en maternité
08:46 avec des mamans qui ont leur bébé et sans enfant.
08:49 Oui, il y a tout ça qui est terrible.
08:50 Vraiment, c'est vrai que nous, on était séparés par deux couloirs.
08:53 J'étais un petit peu amochée puisque j'avais une infection carabinée.
08:56 On venait de m'ouvrir le ventre en deux.
08:57 Césarienne d'urgence, le corps réagit extrêmement mal
09:00 puisqu'il n'est pas prévenu qu'on va l'agresser.
09:02 Ce n'est pas comme une césarienne programmée.
09:04 Donc, du coup, je me déplace avec difficulté,
09:06 avec mon backstair en chaise roulante.
09:08 Donc, mon bébé, il est loin.
09:10 Ça me demande beaucoup d'efforts d'aller près d'elle.
09:12 Donc, tout ça est extrêmement compliqué.
09:13 Et puis surtout, le pire, alors ça, c'est vraiment le pire,
09:17 c'est quand vous rentrez chez vous sans votre bébé.
09:20 Cette chambre est vide et ça, c'est vraiment compliqué à vivre.
09:24 Je trouve ça d'ailleurs assez dommage
09:25 parce que je pense qu'il y a de temps en temps une chambre
09:27 comme ça qui existe où les parents peuvent venir.
09:30 Mais il n'y en a pas assez, clairement, pour tous les enfants
09:32 qui sont en néonates et où on n'a pas du tout envie de partir.
09:35 Même si on se dit qu'on a la chance de pouvoir dormir
09:38 par rapport à d'autres parents dans ces cas là,
09:40 mais de pouvoir avoir des aménagements,
09:41 je trouve, pour que les parents puissent rester tout près,
09:42 je trouve que ce serait vraiment important.
09:44 Alors, c'était le cas.
09:45 Chirac, je tiens à le Sognani parce que c'est une équipe vraiment incroyable.
09:48 Je pouvais rester en néonate,
09:50 mais il faut savoir que c'est un service de soins intensifs.
09:53 Donc, comme chez les adultes, en version mini.
09:56 Donc, rien n'est fait pour les proches.
09:58 Ce qui compte, c'est le bébé.
10:00 C'est bien normal.
10:00 Donc, il y a une machinerie extrêmement lourde tout autour.
10:03 Ça bipe toutes les trois secondes et demie.
10:04 On a un lit très spartiate pour les mini-pouces.
10:08 Donc, j'ai très vite compris que si je voulais arriver
10:10 au terme des deux mois et des hauts termes de ce marathon,
10:12 il fallait que je récupère en allant dormir à la maison
10:15 et surtout que l'eau n'était pas assez forte pour téter.
10:18 Donc, je tirais mon lait.
10:19 Donc, il n'y avait aucun intérêt que je reste le soir.
10:21 Mais le premier soir où je m'en vais,
10:23 je m'en souviendrai toute ma vie.
10:25 On est sortis de cette chambre.
10:27 On n'a pas su se parler avec Gérôme.
10:28 On a traversé le couloir et on s'est effondrés dans la voiture
10:32 avec ce sentiment de dire "bon, laisse notre enfant derrière nous".
10:35 Voilà, rien que d'en reparler, on a vraiment la chair de poule.
10:37 Mais moi, c'est ce qui m'a permis en tout cas de tenir deux mois.
10:40 Donc, vraiment, je m'adresse aux parents qui vivent ça.
10:43 Il ne faut pas culpabiliser si vous allez recharger vos batteries chez vous
10:46 pour être aux côtés de votre enfant.
10:47 C'est ce qui compte.
10:48 Oui, de toute façon, c'est après que ça va être dur.
10:51 Et donc, pendant deux mois, tu as fait les allers-retours de chez toi,
10:54 à l'hôpital, quotidiennement.
10:55 Oui, alors à la cafette où je passais pas mal de temps
10:58 pour un petit peu m'évader,
11:00 il y a le gars qui me dit "mais vous avez un tarif préférentiel".
11:04 Ben oui, il me voyait tous les jours.
11:05 C'est pour ça que je faisais partie du personnel.
11:07 Forcément, j'allais chercher mon petit cappuccino.
11:09 J'ai fait lui dire oui.
11:10 Et en fait, je demandais presque des tâches administratives
11:12 aux infirmières pour participer à leur vie parce que c'est devenu des potes.
11:15 C'est devenu presque une seconde famille.
11:17 J'allais là tous les jours comme au taf.
11:18 Donc effectivement, c'était une longue traversée du désert.
11:22 D'ailleurs, c'est un passage assez important dans ton livre.
11:25 Tu mets en lumière ceux qui se battent tous les jours
11:27 pour donner naissance à des enfants qui sont nés trop tôt.
11:30 C'était important pour toi de retourner à leur rencontre pour parler avec eux,
11:33 pour leur donner finalement de la place aussi dans ton livre ?
11:36 Oui, parce que c'est une équipe incroyable
11:38 et ils n'ont pas conscience de réaliser ces petits miracles quotidiens.
11:41 Déjà, de sauver la vie de votre enfant, rien que ça.
11:45 De vous accompagner aussi, parce que moi, j'ai eu beaucoup de...
11:48 Ça m'a fait beaucoup de bien de parler avec les infirmières.
11:50 Pas vraiment, désolé Pénélope, avec la psychologue,
11:53 mais avec ceux qui vivaient ça au quotidien, ça m'a fait du bien.
11:57 Donc, ils sont là, ils sont à côté de vous.
11:58 Ça fait un peu partie de...
12:00 Moi, c'est comme des cousins lointains
12:02 qui m'ont aidé dans une période extrêmement compliquée.
12:05 Et je leur envoyais des photos de Lou quand elle a grandi.
12:08 On retourne les voir régulièrement pour la sortie du livre.
12:11 Je les ai invitées à la maison pour qu'ils viennent voir Lou,
12:13 qui a 4 ans maintenant, qui est une petite fille magnifique
12:15 avec des longs cheveux blonds.
12:17 On ne peut pas imaginer qu'elle ait passé par ce parcours.
12:21 Et je vois que ça les touche.
12:22 Et je voulais les mettre vraiment en avant,
12:23 parce qu'ils sont d'une humilité déconcertante.
12:26 C'est des horaires vraiment pas évidents,
12:28 parce que c'est deux jours, mais deux nuits aussi.
12:31 Et parfois, il y a des urgences où il faut avoir le cœur bien accroché.
12:34 Il y a ce qu'on appelle le code rouge.
12:36 Où là, il y a tout le monde qui s'agite.
12:37 Le code rouge, c'est vraiment une urgence absolue
12:39 avec des bébés qu'il faut réanimer parce que le cœur s'est arrêté
12:42 ou opéré ou transféré.
12:43 Enfin voilà, ça, c'est leur quotidien.
12:45 Donc vraiment, chapeau.
12:46 Du lundi au jeudi, 19h, 20h.
12:49 C'est Fun For You sur Fun Radio.
12:51 On est toujours ensemble sur Fun Radio,
12:53 comme tous les jours de la semaine jusqu'à 20h avec Pénélope,
12:56 qui est toujours là, et puis avec Caroline Fontenoie,
12:58 qui est notre invitée aujourd'hui pour venir nous parler de son livre
13:01 La peur au ventre.
13:02 Alors Caroline, on le disait tout à l'heure,
13:04 on a l'habitude de te voir à la télé.
13:06 Les gens se sentent peut-être proches de toi,
13:07 mais j'ai l'impression que c'est quand même la première fois
13:09 qu'on rentre autant dans ton intimité, autant dans ta vie privée.
13:13 C'est quelque chose qui est facile quand on a une personnalité
13:15 comme ça qui, on ne va pas se mentir, est quand même connue
13:16 de grands nombres de Belges,
13:18 de vraiment se livrer complètement comme ça en toute transparence.
13:22 Non, parce qu'en plus, j'ai toujours pris soin,
13:24 depuis que je fais ce métier, à ne jamais dévoiler
13:26 justement certains pans de ma vie privée,
13:29 qui, comme son nom l'indique, sont privés, mon jardin secret,
13:31 que ce soient mes relations amoureuses,
13:33 que ce soient certainement mes enfants que je n'expose pas
13:35 ou toujours cachés.
13:37 Ça leur appartient, je ne veux pas leur imposer ça.
13:39 Moi, j'ai choisi ce métier, pas eux.
13:40 Donc ce n'était pas une démarche vraiment évidente pour moi,
13:44 mais ça l'est devenu quand je suis convaincue du bienfait de ce livre
13:48 de par le message qu'il véhicule.
13:50 Donc là, je me suis dit, ce n'est pas grave,
13:51 parce que les photos que j'ai mises dans le livre,
13:53 Lou est aujourd'hui méconnaissable quatre ans plus tard.
13:56 Donc jamais on ne pourra dire, c'est ce bébé-là.
13:58 Et je voulais surtout qu'on voit ces photos
14:01 pour qu'on se rende compte vraiment, je trouve que ça sert le récit,
14:04 à quoi ça ressemble un bébé Préma.
14:05 Et encore, on en parlait tout à l'heure,
14:07 ce n'est pas la plus petite du service,
14:09 par rapport à mes mains qui sont toutes petites,
14:10 quand je la prends, etc.
14:12 La tuyauterie, donc.
14:14 Donc voilà, j'étais prête à lever ce coin du voile
14:16 pour servir le message tout simplement.
14:18 Mais c'est vrai que tu parles aussi notamment de ta rencontre
14:20 avec ton compagnon Jérôme.
14:22 Vous vous êtes rencontré dans un restaurant
14:25 au cours d'une soirée entre filles.
14:26 C'est assez inattendu.
14:27 Ah oui, mais il n'avait rien à faire là.
14:30 C'était une soirée "girls only".
14:31 En plus, tu ne l'avais pas regardé.
14:33 Ah mais vraiment pas.
14:34 Pour la petite histoire, je sortais d'une relation extrêmement compliquée
14:38 qui s'était mal terminée.
14:40 Donc je me disais, les mecs, il ne faut plus m'en parler de loin, de près.
14:43 On ne va pas se laisser abattre.
14:45 On va se faire une petite soirée entre filles.
14:46 C'était pour mon anniversaire.
14:48 Donc il faut imaginer une table de 16 gonzesses
14:51 avec le mood "girls only".
14:54 Et voilà, c'était ouvert à tout le monde
14:55 puisqu'en fait, c'était un restaurant avec un petit concert.
14:58 Et c'est pour ça qu'on l'avait choisi.
14:59 Donc Jérôme venait écouter le concert.
15:01 Lui, il m'avait repéré assez vite.
15:02 Mais moi, j'étais vraiment dans le mood.
15:04 Attends, ne m'approchez surtout pas.
15:06 Laissez-moi avec mes copines.
15:07 Je ne suis là pour personne.
15:09 Et c'est comme ça que tout a commencé.
15:10 Et tu le dis, c'est souvent quand on s'y attend le moins que ça arrive.
15:13 Tu en es la preuve vivante.
15:14 Oui, effectivement.
15:15 Et même quand Jérôme a fait des tentatives d'approche,
15:18 je me dis "mais qu'est-ce qu'il me veut celui-là ?"
15:20 Donc vraiment, ce n'était pas une évidence.
15:22 "C'est pour quoi ici ?"
15:23 Et puis finalement, un verre, deux verres, trois verres,
15:25 on a commencé à papoter et tout.
15:26 Et on s'est rendu compte, je ne sais pas si je le dis dans le livre,
15:29 mais en tout cas, je vous le livre ce soir.
15:31 C'est qu'en fait, on habitait la même rue.
15:32 C'est un truc de fou.
15:33 Donc on était voisins.
15:34 Je pense qu'on ne se serait jamais rencontrés dans la rue pour le coup.
15:37 Donc voilà, et le lendemain, c'était la fête des voisins.
15:39 Moi, j'ai envie de vous dire que rien n'arrive par hasard.
15:42 Mais ce qui est assez intéressant dans le livre,
15:43 c'est qu'on a chaque fois ton point de vue et puis le point de vue de Jérôme
15:46 qui, à travers des lettres aussi, raconte lui, sa soirée,
15:49 la soirée dans laquelle il t'a rencontré.
15:51 Oui, c'est très drôle.
15:52 Alors, c'était intéressant d'avoir son point de vue
15:55 parce que ce petit cachotier, il ne m'a pas tout dit
15:57 quand j'ai vécu tout ça.
15:58 Tu as appris des choses en préparant ce livre ?
16:00 Oui, carrément.
16:01 Le malaise vagal, par exemple ?
16:04 Non, ça, je l'avais deviné.
16:05 Je l'avais deviné parce qu'effectivement,
16:07 quand il a fallu aller à l'hôpital,
16:09 je me dis "mais il en met du temps".
16:10 J'étais dans le lit, je me tenais le ventre.
16:11 Je me dis "mais qu'est-ce qu'il fait ?"
16:12 En fait, il était étalé dans la cuisine parce qu'il avait fait un malaise vagal
16:16 et il se remettait de ses émotions.
16:18 Ça, je l'avais plutôt deviné.
16:19 Donc c'est quand, surtout pour Zélia,
16:22 il y croyait pas tellement.
16:24 Il pensait que j'irais pas au bout.
16:25 Mais surtout que tu as accumulé en plus.
16:27 Tu as accumulé l'infection CMV dessus.
16:30 Alors, je sais pas s'il peut y avoir un impact sur la prématurité, par contre.
16:33 Mais je me dis, tu avais plusieurs choses qui venaient comme ça
16:37 stresser certainement la grossesse.
16:40 Oui, clairement.
16:41 Alors on me disait "bon, maintenant, essayez de profiter de votre grossesse".
16:43 Quand on vous apprend qu'en prime, vous avez fait un virage CMV,
16:46 donc c'est le cytomégalovirus qu'on contracte à l'approche des petits morveux.
16:50 Je savais pas qu'on testait plus, par contre, parce que moi, de mon temps,
16:53 j'ai été testé pour ça.
16:55 On nous testait pour toxo CMV, c'était d'office.
16:58 Donc, je savais pas qu'on testait plus.
16:59 C'est à dire qu'ils ont décidé maintenant, après trois mois,
17:02 de ne plus tester parce qu'après trois mois, de toute façon,
17:05 il est trop tard pour avorter.
17:06 Donc, parce que c'est vraiment une maladie, un virus qui peut avoir
17:08 de graves séquelles sur le fœtus, de lourds handicaps.
17:11 Et donc, si on le contracte avant trois mois,
17:13 le gynécologue généralement conseille d'avorter.
17:16 Moi, on l'a découvert à six mois, donc il a été jeté.
17:19 Et plus c'est tard dans la grossesse, moins il y a de chances que le bébé le contracte.
17:23 Donc, tu l'aurais fait pendant la grossesse ?
17:24 Je l'ai fait pendant la grossesse, mais il nous manquait une prise de sang
17:27 pour déterminer si c'était entre trois et six mois.
17:29 Donc, il y avait une latitude.
17:31 Voilà, donc on a croisé les doigts très fort.
17:33 Mais c'est vrai que c'était vraiment le stress
17:35 dont on se serait bien passé dans ce cas de figure.
17:37 Alors, tu parles de Jérôme, tu parles de tes grossesses,
17:42 mais aussi de ta vie à 100 à l'heure, j'ai envie de dire,
17:44 puisqu'on ne se rend pas compte qu'animer en JT à la télé,
17:48 c'est des heures et des heures de travail.
17:50 On a l'impression qu'on arrive à 13h10 et qu'on part à 13h50.
17:54 Ce n'est pas du tout le cas.
17:55 Mais si seulement, j'ai envie...
17:57 Si seulement quelqu'un écrivait les textes pour moi, ce serait merveilleux.
18:00 Non, parce qu'on pense souvent qu'on s'apprête,
18:02 qu'on passe du temps à se maquiller,
18:05 qu'il y a quelqu'un qui est en train de rédiger votre texte
18:07 en vous demandant si ça vous convient.
18:08 Pas du tout.
18:09 Non, on est là très tôt pour prendre connaissance de l'actualité.
18:11 Il y a des conférences de rédaction qui s'enchaînent.
18:13 Mais tu le disais, pour un journal à 13h, tu te lèves à 6h du matin.
18:17 Voilà, je suis là à 7h à la rédac,
18:19 et à contrario, pour 19h, je suis là à 11h.
18:21 Mais avant, il y a une double journée qui m'attend,
18:23 puisque je me lève le matin, je me renseigne, je m'occupe des enfants.
18:26 Donc voilà, c'est un peu deux journées en une.
18:28 Et toute l'après-midi, j'aurais dit l'entièreté du journal.
18:31 Un journal qui est évolutif, donc jusqu'au bout.
18:34 Ça se bouscule avec des urgences,
18:36 des décès inopinés ou ce genre de choses.
18:38 Donc l'actualité, c'est quelque chose de mouvant.
18:40 Et il faut toujours être sur la balle.
18:41 Donc c'est vrai qu'on ne s'en rend pas compte
18:42 parce que c'est une adrénaline qui nous porte.
18:44 Et moi, personnellement, c'est un stress positif que j'aime beaucoup.
18:47 Il n'y a pas deux journées qui se ressemblent,
18:49 mais à la fin du compte, c'est vrai que c'est un petit peu épuisant.
18:52 Ce n'est pas trop difficile, l'avis de maman et l'avis de journaliste ?
18:56 C'est rock'n'roll, je ne le cache pas.
18:59 Comme je dis toujours, la vie a choisi pour moi.
19:01 J'ai eu la chance d'avoir deux enfants, mais un petit peu sur le tard.
19:03 Donc c'est quand même, voilà, deux enfants de 2 et 4 ans, à 40 balais.
19:09 Oui, il faut être enfant, même un certain matin où je me dis
19:11 je vais prendre un petit peu de vitamine D
19:13 parce que c'est deux boulots en un.
19:15 Mais je le fais avec tellement, tellement de bonheur que sincèrement,
19:17 je ne vais certainement pas me plaindre.
19:19 Donc je l'ai choisi et j'embrasse ces deux carrières avec bonheur.
19:23 Et papa est présent, j'imagine ?
19:24 Oui, alors aussi, il faut le souligner, j'ai un papa, enfin j'ai un papa,
19:27 j'ai un compagnon.
19:29 Elles ont un papa extraordinaire qui s'investit énormément.
19:32 Et la chance qu'on a, c'est qu'il est kinéostéode, donc il est indépendant.
19:36 Je me demandais le paramédical, c'était dans quoi ?
19:39 Voilà. Et donc lui peut un petit peu adapter ses horaires,
19:42 ce que je ne peux pas faire, mais ça nous aide énormément.
19:44 Et c'est un papa poule, donc là, j'ai beaucoup de chance.
19:46 Ça a joué d'ailleurs sur, je dirais, l'après,
19:50 le fait qu'il y ait eu toutes ces inquiétudes
19:54 au moment de la grossesse, de l'accouchement, etc.
19:57 Sur le fait d'être peut être plus protecteur une fois l'enfant là.
20:01 La chance qu'on a eu, Jérôme, c'est quelqu'un, voilà,
20:04 il va garder tous ses sentiments pour lui, donc il va rester aisé
20:07 dans toutes circonstances.
20:09 Donc il ne m'a jamais inquiété, mais il était toujours prêt.
20:12 La chance vraiment qu'on ait eu avec Lou, puisque ce sont des bébés
20:15 qui se développent avec un petit peu plus de difficultés
20:18 au niveau de la motricité.
20:20 Durant le confinement, tous les métiers de contact ont été arrêtés.
20:23 Donc il a passé deux mois avec Lou, avec un entraînement de warrior.
20:27 Oui, vu que c'est un papa qui est ostéo.
20:29 Donc du coup, Lou, elle a rattrapé quasi tous ses retards
20:32 parce qu'elle a passé deux mois avec Jérôme et il lui faisait
20:34 des petits ateliers, etc.
20:36 Psychomote, il fallait voir ça dans l'appart, c'était très, très chouette.
20:40 Et donc voilà, c'est rassurant d'avoir un papa qui, par exemple,
20:43 quand elle s'assied avec ses genoux en X, il dit "mets tes genoux convenablement".
20:46 Je dis "ça va, on va se calmer".
20:48 Donc il est vraiment très attentif.
20:50 C'est rassurant.
20:50 Et ce qui lui a permis aussi de ne pas faire un malaise vaguel
20:53 lors de l'accouchement.
20:54 Là, il a été au taquet.
20:56 Il a tenu.
20:57 Caroline, en tout cas, merci beaucoup d'avoir été notre invitée.
21:00 On rappelle ton livre "La peur au ventre" aux éditions Kénès.
21:03 J'ai envie de te dire, ce serait quoi ton mot de la fin ?
21:06 Alors si j'ai vraiment un petit message à faire passer,
21:09 c'est vraiment à tous ceux qui m'écoutent et les femmes en particulier,
21:12 c'est de s'écouter.
21:13 On a toujours la réponse au fond de soi.
21:15 On sait quand il y a quelque chose qui se passe bien ou pas.
21:17 Et même ceux qui nous répètent inlassablement "c'est normal".
21:20 Si ce n'est pas normal, vous n'hésitez pas à les consulter.
21:23 N'hésitez pas à les ralentir.
21:24 Le monde ne va pas s'écrouler
21:26 parce que c'est des choses tellement importantes.
21:28 Écoutez votre petite voix intérieure.
21:29 C'est tout ce que je voudrais vous conseiller.
21:31 Merci beaucoup, Caroline.
21:34 Tu reviens avec nous quand tu veux sur Frenzy.
21:36 C'est un plaisir de t'accueillir.
21:37 C'était un bonheur.
21:38 Je vais trouver un autre thème, je reviens.
21:39 Et on en parle en rentraînement.
21:40 En plus, la radio, c'est ton premier amour.
21:42 Voilà.
21:42 Voilà, donc c'est un bonheur de revenir en studio de surcroît.
21:45 Donc quand vous voulez.
21:47 Qui sait peut-être qu'un jour Pénélope sera au JT ?
21:49 J'ai assez de vie, moi.
21:51 On vous souhaite en tout cas de placer une belle fin de soirée
21:54 en reviendant les prochaines minutes sur Fun Radio.
21:56 Et encore merci, Caroline.
21:57 Merci à vous.
21:58 Merci, bonne soirée.
21:59 Du lundi au jeudi.
22:00 De 19h à 20h.
22:01 C'est Fun For You avec Parth & Anut sur Fun Radio.
22:05 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
22:08 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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