Marjolaine : "Je suis victime de l’éducation bienveillante !"

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Transcript

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00:00 Marjolaine, bonjour. Bonjour Brigitte, bonjour Lévié. Bonjour. Et ben moi je suis victime de cette...

00:09 Éducation bienveillante ? Voilà c'est ça, en fait j'ai été éduquée un peu comme ça. Ma mère elle a eu de la chance je pense,

00:18 parce que c'était le retour des 68ards, elle était un peu en décalé avec son temps,

00:26 il était interdit d'interdire à la maison, mais elle a eu quatre enfants et ça s'est relativement

00:31 bien passé. A la maison certainement que ça criait beaucoup, mais c'est vrai qu'il n'y avait pas de

00:37 punition, il n'y avait pas de... Et moi j'ai toujours recherché cette autorité là ailleurs. Donc moi je

00:43 l'ai trouvé dans la danse classique, j'ai été danseuse professionnelle, et je l'ai trouvé aussi

00:49 dans une... on va dire dans un coach, alors c'est une prof de danse, mais même aujourd'hui elle est

00:54 encore pas bienveillante du tout, mais quelqu'un à qui je dois le respect, quelqu'un à qui on peut

01:02 tenir le respect. - Marjolaine, la danse classique on peut pas faire ça à moitié, c'est une discipline

01:11 de fer. - C'est ça, c'est ça. Et du coup moi j'avais vraiment besoin de ça, et suite... donc ma mère,

01:21 c'est comme si elle avait baissé les bras, mais elle avait pas été éduquée non plus, donc elle

01:24 était née pendant la guerre de 40, c'était une mère-fille, bon en gros, voilà, elle a été élevée

01:29 par une nourrice, donc voilà, elle avait pas d'exemple non plus, mon père pareil, il a été élevé

01:34 par sa tante, donc c'est des cas qui n'ont pas eu d'exemple, de bonne éducation, donc ils se sont

01:41 construits à travers des livres. Mon père a lu Freud, a lu des trucs comme ça, il a essayé de

01:47 faire le mieux possible, mais toujours en expliquant, en donnant des... alors simplement beaucoup plus

01:54 patient que moi je le suis, parce qu'on n'hérite pas de tout, et moi en fait j'ai essayé mille et

02:01 dix choses, mais j'ai jamais essayé la bonne méthode, en tout cas. J'ai deux enfants, ils sont

02:12 rapprochés, ils ont un an d'écart, il y a huit ans et neuf ans. - D'accord, c'est des filles ou des garçons ?

02:16 - Les deux, j'ai la grande, c'est la fille, et le petit c'est le garçon. Et donc le petit il a été

02:23 il a été, comment on appelle ça, décelé, tdah, donc il est troublé du comportement, avec

02:33 hyperactivité. Pour le scolaire, il est aussi un dys, donc il est dysorthographique et dyslésique.

02:41 Du coup, gros problème scolaire, gros problème de frustration aussi de nature, et je pense que

02:51 ça passe certainement par une maman très très très préoccupée par son fils qui n'était pas pareil

02:56 que sa fille, donc du coup il n'est pas pareil. Donc du coup en plus on fait plus attention,

03:03 et on surprotège certainement, et c'est un garçon. Et la fille qui était l'aînée, mais qui avait

03:12 qu'un an de plus, on lui dit "attention c'est un bébé, mais elle aussi c'est un bébé" mais on voit pas

03:19 ça comme ça quand on grandit. Et aujourd'hui elle est hyper jalouse de son frère, ils sont très

03:24 agressifs l'un envers l'autre. - Vous êtes un peu perdue, vous avez envie donc, Didier Pleu

03:32 vous donne quelques conseils me semble-t-il ? - Oui, oui, déjà rien que la neuroduction m'a aidée.

03:37 - Didier, relais-y. - Revenir dans l'éducation traditionnelle,

03:42 je pense que oui, ça me parle. - Non mais Marjolaine vient de dire des tas de choses,

03:49 c'est intéressant, sur les origines de nos doutes, quand on veut faire de l'autorité dans la famille,

03:57 elle le dit, par ma génération, moi j'étais né dans les années 50, c'est évident qu'on a subi

04:01 l'autoritarisme, c'était trop fort. A l'école, les paterfanias, les baffes, les violences éducatives,

04:08 on a connu. Donc c'était nécessaire au niveau des années 70, on va dire 68 pour faire symbolique

04:15 qu'il y ait une révolte contre ça. Mais le problème c'est qu'on a se jeter le bébé avec

04:19 tout du bain, c'était devenu ni Dieu ni maître. Pour lutter contre l'autoritarisme,

04:22 on a complètement annulé l'autorité. - La fameuse phrase "il est interdit d'interdire".

04:27 - Oui, sous les pavés et la plage et tout le truc. C'est vrai qu'il n'y avait pas que des libertaires

04:32 en 68, moi je ne faisais pas partie de ce mouvement-là du tout. Mais c'est vrai que Marjolaine

04:36 a raison quand elle dit que ses parents n'ont pas su quoi faire, ils ont beaucoup lu les bouquins de

04:40 psy, ça a commencé dans les années 70. Les bouquins de psy, vous allez me dire que je suis toujours à

04:45 remettre le couvercle, mais bon, si Françoise Dotto a été très importante pour le respect

04:50 inconditionnel de l'enfant, question autorité, zéro. Je suis en train d'écrire un bouquin sur

04:56 l'autorité en ce moment. - On m'a dit de dire ça quand j'avais des enfants.

05:00 - Non, non, l'autorité à la Dotto c'est bien, mais c'est de la bienveillance et de l'empathie,

05:07 c'est du respect. Mais le côté autorité, comme vous l'avez dit, savoir sanctionner,

05:12 savoir être conflictuel, savoir être déséquilibrant, savoir être un modèle,

05:15 savoir être dominant, non, puisqu'elle disait que les enfants n'ont que des droits,

05:18 les parents n'ont que des obligations. Je ne vais pas revenir sur elle, paix à son âme,

05:22 mais c'est vrai que malheureusement, ça s'est décliné avec ses héritières et toutes les

05:26 héritières de l'éducation bienveillante vous disent la même chose. Beaucoup d'empathie,

05:30 beaucoup d'amour, beaucoup de verbes, beaucoup de symbolique, beaucoup de partage et ça va suffire.

05:35 - Alors, je pense que ça peut marcher avec des personnes qui sont réellement très dans

05:45 la compréhension du psychisme. Moi, j'ai autour de moi quelques personnes qui sont

05:50 des femmes, qui ont des enfants et les enfants qui sont maintenant adultes vont très bien,

05:56 mais parce que ce sont des personnes qui sont dans le psychisme. Mais pour des personnes qui ne

06:02 comprennent pas très bien, forcément que ça a créé de nombreux dégâts.

06:07 - Quand vous dites cela, c'est parce que vous parlez de tempérament. Du dolto,

06:15 l'éducation bienveillante à la française, dans des tempéraments plutôt introvertis,

06:18 distanciés chez les enfants, un petit peu rêveurs, voire anxieux, c'est très bon. Ils

06:23 ont besoin de ça en majorité et dès qu'il y a un dominant, ils peuvent être écrasés dans

06:27 leurs coins. Mais ça ne marche pas avec ce que j'appelle les chevaux fougueux,

06:31 les tempéraments excessivement en appétit, toujours dans le plaisir, toujours témendeurs.

06:37 Et la preuve, c'est que quand Marjolaine nous dit que ses enfants ou son petit enfant a été

06:42 diagnostiqué TDA, trouble déficitaire de l'attention et hyperactivité, c'est typique

06:47 de nos enfants les plus fougueux, les plus témendeurs, les plus intolérants aux frustrations.

06:51 C'est pour ça que je suis content qu'à Marseille, le professeur Daphonsekha parle

06:56 du syndrome "pleu". Il est en train de dire à ses spécialistes pédopsychiatres de la

07:03 petite enfance, avant de diagnostiquer les troubles déficitaires de l'attention,

07:07 vérifier le syndrome "pleu". Vérifier s'il n'y a pas des carences éducatives,

07:10 si l'enfant n'est pas trop devant les écrans, si l'enfant participe aux tâches ménagères,

07:14 si l'enfant n'est pas tout le temps dans la protection, dans le jeu, dans la communication.

07:20 Est-ce que lui-même accepte l'effort, accepte des petites tâches qui lui font en bien.

07:24 Oui, c'est vrai que vous avez raison. On a eu tendance ces dernières années à tout

07:28 de suite mettre hyperactif ou je ne sais quoi, alors qu'en fait c'est souvent juste un problème

07:32 de carence éducative.

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