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Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Simon Riondet et Mathilde Gautry, pour la série documentaire "BRI" sur Canal+ DOCS.

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Transcription
00:00 - Alors Simon Riondet, vous êtes donc chef de la brigade de recherche et d'intervention de Paris, la BRI,
00:06 et vous avez donc autorisé les équipes de Mathilde Gauthry à venir tourner une série d'oc' pour suivre votre travail au quotidien.
00:13 D'abord, pourquoi avoir accepté ces caméras ?
00:16 - Alors, on avait envie de faire connaître un peu plus la brigade de recherche et d'intervention,
00:22 que beaucoup de gens connaissent, et essentiellement par rapport à son intervention au Bataclan.
00:28 Et on voulait montrer qu'au-delà du métier de l'intervention, ce métier qu'on appelle le métier en noir, donc en combinaison,
00:34 on a aussi ce métier de recherche, ce métier de police judiciaire, d'enquête,
00:38 et on souhaitait faire passer en fait vraiment l'atmosphère, la réalité du travail de ces policiers.
00:45 - Vous vouliez sortir un peu de la caricature, des fantasmes aussi qui peuvent exister sur votre travail ?
00:49 - Complètement, on voulait vraiment montrer ça de l'intérieur, prendre le temps déjà.
00:55 C'était un peu le deal avec Mathilde, c'était d'avoir quelqu'un qui soit capable de s'immerger vraiment longtemps,
01:01 qui ne soit pas impatiente, qui n'ait pas envie d'images seulement spectaculaires,
01:04 mais d'être capable de retranscrire ce qu'on fait dans cette unité qui est unique au sein de la police.
01:12 Et voilà, on voulait quelque chose qui passionne et puis qui inspire aussi, parce qu'on a besoin de recruter.
01:17 - Ah, c'est ça aussi derrière l'objectif ?
01:19 - Ah, c'est l'un des objectifs. - De recruter des policiers ?
01:21 - On a envie de recruter les meilleurs et on a envie que les policiers qui ne connaissent pas forcément cette brigade
01:25 aient envie de postuler, de passer les tests et puis de venir nous rejoindre.
01:29 - Alors c'est évidemment un tournage très particulier, Mathilde Gautry, on est au plus près des hommes de la BRI.
01:34 Ça veut dire par exemple que dans les voitures ou au moment des interventions, des interpellations,
01:39 vous aviez des équipes de tournage sur place ou ce sont des images qui vous sont fournies par la BRI ?
01:44 - Non, moi j'y ai passé plusieurs mois, donc moi-même avec ma caméra et avec mon collègue Sébastien Giraudon,
01:50 qui est aussi caméraman, c'est un investissement personnel quotidien.
01:56 Par définition, les voyous sur lesquels travaillent les équipes de M. Riondet,
02:01 ils ne sont pas dehors de 8h à 17h, donc ça veut dire que vous êtes appelés en pleine nuit.
02:07 - Ils n'ont pas d'horaire fixe, c'est sans détente. - Non, c'est pénible.
02:09 - Non, ça voilà, ça fait partie du deal.
02:12 Donc c'est le week-end, évidemment pas de vacances, pas de sortie, on ne peut pas sortir de Paris,
02:17 on ne peut pas aller au cinéma s'il n'y a pas de réseau.
02:20 Donc c'est vraiment jouer le jeu.
02:22 Et je pense que c'est aussi une marque de respect pour les opérateurs qui m'ont accepté au sein de leur groupe,
02:28 parce que eux c'est leur vie et moi je ne vais pas me pointer que quand il y a une chance d'avoir un truc un peu sympa.
02:35 Par définition en plus, on ne sait pas quand l'action va se produire, donc ça nécessite peut-être...
02:42 Alors après moi je ne filme pas forcément tout le temps, je suis avec eux en planque 10, 12 heures,
02:49 ça m'est arrivé... - Vous n'allez pas être peur ?
02:51 - Dans le premier épisode il y a une filature, vous suivez des brigands,
02:55 et ça peut faire peur quand on suit des délinquants comme ça.
02:59 - Alors déjà moi quand je suis arrivée au sein du service, j'ai participé à leur formation,
03:07 je suis allée sur les entraînements et j'ai été extrêmement bien prise en charge.
03:13 C'est-à-dire qu'évidemment on ne m'a pas laissée comme ça en me disant bon ben voilà,
03:16 j'avais des règles d'encadrement, j'écoutais ce qu'on me disait,
03:20 parfois on me disait bon ben là tu ne pourras pas sortir de la voiture,
03:22 enfin voilà, évidemment on est face à des gens qui sont potentiellement armés.
03:26 - On va continuer à parler de ce doc diffusé à partir de vendredi sur Canal+.
03:31 Ce sera juste après la session de rattrapage d'un homme irréprochable,
03:34 je vous rassure, Jean-Luc Lemoyne, à tout de suite sur Europe 1.
03:37 - Culture Média 9h11h sur Europe 1 avec vos invités, ils sont deux ce matin Thomas Hilain.
03:42 - Oui, je reçois ce matin Simon Riondet, le chef de la BRI,
03:45 la Brigade de Recherche et d'Intervention de Paris,
03:47 et la réalisatrice de ce documentaire Mathilde Gautry.
03:51 Alors le premier épisode est consacré à une affaire qui a couru d'octobre 2002 à avril 2023,
03:57 c'est une bande organisée qui réalise des cases de distributeurs de billets.
04:01 Et vos équipes de la BRI, Simon Riondet, vont d'abord réaliser des planques
04:04 et surveiller ce que vous appelez une voiture de guerre.
04:08 Racontez-nous ce que c'est une voiture de guerre.
04:09 - Alors une voiture de guerre, c'est une voiture volée, replaquée,
04:12 donc avec de fausses plaques qui correspondent au modèle du véhicule,
04:15 et donc qui va être utilisée pour toutes les actions de délinquance.
04:19 Puisqu'elle n'est pas liée à eux, c'est une voiture volée,
04:22 et donc c'est des véhicules qui sont essentiels.
04:24 Quand on maîtrise ce véhicule et ses mouvements,
04:27 on sait qu'on va être avec eux "au bon moment".
04:30 - C'est ça, donc pour vous c'est un peu le point de départ.
04:32 - Exactement.
04:33 - Et ce qui est intéressant dans ce doc, c'est que vous nous montrez les arbitrages,
04:36 les arbitrages que vous devez faire en permanence, et notamment cette question,
04:39 est-ce qu'on arrête ces personnes tout de suite,
04:41 ou est-ce qu'on se contente de les suivre
04:43 pour peut-être pouvoir les prendre en flagrant délit ?
04:45 Ce qui est l'idéal, ça, évidemment.
04:47 - Exactement, c'est le dilemme, entre guillemets,
04:50 est-ce qu'on va au plus facile, est-ce qu'on tente le flag ?
04:53 Parce que le flag, entre guillemets, paye.
04:56 C'est-à-dire qu'il y a toujours une sanction qui est plus importante,
04:59 c'est aussi ce pourquoi on a été créé,
05:01 pour interpeller en flagrant délit des criminels.
05:04 Et donc on est tout le temps en train de se réajuster,
05:07 parce qu'en fait ce sont des gens qui sont, en général, relativement peu fiables.
05:11 Ils ne disent pas "on va faire un braquage lundi à 14h",
05:15 et ils y vont lundi à 14h, et ça dure, et ça dure.
05:18 Et c'est ce que ce travail montre,
05:21 c'est qu'en fait ça dure, et nous on s'adapte à eux.
05:24 Donc on va être sur les horaires où ils vont bouger,
05:26 on va être leur ombre.
05:28 - Et ce qui est intéressant, c'est que justement,
05:30 c'est assez rare dans les docs sur la police en général,
05:33 c'est que vous montrez même les échecs.
05:34 C'est-à-dire vous montrez les moments où,
05:36 vous avez peut-être planqué pendant des heures,
05:38 et puis finalement ça ne donne rien.
05:39 Vous avez prévu peut-être d'intervenir,
05:40 et puis non, en fait on se rend compte au dernier moment
05:42 qu'on s'est trompé de voiture,
05:45 ou en tout cas que la personne à l'intérieur n'est pas celle qu'on souhaitait attraper.
05:48 Et ça c'est intéressant, parce que c'est assez rare dans les docs,
05:52 Mathilde Gautry même, de laisser ça au montage.
05:54 Ça c'est un choix que vous avez fait ?
05:55 - Oui, on a trouvé que c'était essentiel,
05:58 parce que c'est vraiment leur travail,
06:00 et en plus le fait qu'il n'y ait pas de voix off,
06:02 et que ce soit eux qui racontent la façon dont ils ressentent
06:06 ces échecs, ou du moins le temps que ça peut prendre,
06:10 les suppositions aussi qu'on peut faire,
06:13 qu'ils font d'ailleurs entre eux,
06:14 ils passent leur vie à parler de ces dossiers,
06:16 à se dire "ben voilà, mais qu'est-ce que t'en penses ?
06:17 Est-ce qu'il va être là ?" etc.
06:19 Donc si finalement on ne montrait pas ça,
06:21 on tronquait totalement l'essence de leur travail,
06:26 qui est ce travail dans la longueur, cet investissement.
06:29 - Et autre chose que vous montrez,
06:32 qui est intéressant, c'est le côté de la vie personnelle,
06:34 qui apparaît dans ce premier épisode d'ailleurs.
06:37 Écoutez cet extrait.
06:38 - Je te laisse poulet, je vais briefer les collègues.
06:40 - 21h t'es là ?
06:42 - Non, 22h.
06:44 - 23 ?
06:45 - 22 ou 23, ouais.
06:47 A tout à l'heure.
06:48 - A tout à l'heure.
06:50 J'ai un emploi du temps haché,
06:53 et très curieux, qui correspond à aucun emploi du temps.
06:56 Vous dormez, je pars, vous allez au travail,
07:01 moi je rentre dormir 2h, je repars à midi,
07:04 et enfin bon.
07:05 - C'est ça aussi, Simon Riondac,
07:06 que vous aviez envie de montrer,
07:07 les sacrifices que demande ce boulot.
07:09 - Ouais, exactement.
07:10 Le sacrifice et la passion,
07:11 c'est un métier qui donne beaucoup,
07:14 et qui demande une énorme disponibilité.
07:16 C'est presque un métier de famille.
07:17 Il faut être capable d'avoir un conjoint, une conjointe,
07:20 qui comprenne ce métier-là, qui l'accepte.
07:23 Et par contre, c'est un métier où on ne peut pas faire semblant,
07:26 c'est-à-dire qu'on est dans l'instant.
07:28 On est dans l'instant, dans les filatures,
07:30 et par contre, quand on est avec notre famille,
07:32 on sait que ces moments ne sont pas forcément gagnés,
07:35 qu'on va peut-être devoir travailler la nuit, etc.
07:37 Et on est vraiment dedans.
07:39 Et je pense que ça nous donne une qualité
07:41 de présence dans l'instant qui est très forte.
07:44 - Est-ce qu'on arrive à couper quand on rentre chez soi ?
07:45 - Oui, on arrive à couper, c'est ça.
07:47 Il peut y avoir parfois des petits sasses,
07:49 quand on vient de serrer, par exemple,
07:51 il y a encore de l'adrénaline,
07:53 on ne va pas s'endormir tout de suite,
07:54 même s'il est 2h du mat.
07:56 - C'est ce qu'ils expliquent,
07:57 parfois même on a beaucoup de mal à dormir la veille.
07:59 - Et il y a la veille aussi, avant une opération,
08:01 mais après on arrive à couper parce qu'on sait vivre avec,
08:04 c'est aussi une des qualités qu'on attend
08:06 des opérateurs qu'on recrute.
08:08 Et c'est toutes ces valeurs qu'on voulait transmettre,
08:11 la ténacité, parce qu'en fait, effectivement,
08:13 on peut avoir des échecs,
08:15 les choses ne se passent pas comme prévu,
08:17 mais à la fin, on finit par réussir.
08:20 On arrête les méchants.
08:21 - On a reçu une question sur Twitter, Anissa.
08:23 - Oui, une question de Marisset qui vous dit
08:25 "Vous n'avez pas peur de trop en dire sur votre façon de travailler
08:28 aux éventuels délinquants qui pourraient regarder ce documentaire ?"
08:31 - Ah, très bonne question.
08:33 - Alors, non, on a quand même fait attention
08:35 de ne pas montrer, je dirais,
08:37 les recettes de cuisine qui permettent de faire les grands plats.
08:41 Donc, je pense qu'on a trouvé un bon curseur
08:44 entre ce qui est montrable,
08:46 des choses qui sont assez évidentes,
08:48 voilà, une filature, c'est une filature,
08:50 et des choses qu'on ne veut pas montrer
08:53 parce qu'elles pourraient effectivement donner des idées aux délinquants.
08:56 Et ce curseur, je pense qu'on l'a trouvé.
08:59 On l'a trouvé parce que ce qu'on montre est assez unique.
09:03 Il y a des images,
09:04 par exemple, des extraits, des conversations
09:08 entre un preneur d'otages et le négociateur.
09:11 Pour autant, on n'a pas tout montré.
09:13 Quand on a plusieurs heures de son,
09:16 on a choisi des images, du son et des images
09:19 qui illustrent, qui font comprendre, qui font toucher du doigt,
09:22 mais qui pour autant ne donnent pas les recettes.
09:25 - Donc, il y a des choses que vous ne vous êtes pas autorisés
09:27 à montrer, Mathilde Gauthry ?
09:29 - Alors, ce n'est pas que je ne me suis pas autorisée.
09:30 Quand j'ai eu l'autorisation de faire ce tournage,
09:34 on s'est mis d'accord tout de suite.
09:35 Et en effet, il y avait des choses qui étaient évidentes,
09:38 des techniques policières.
09:40 D'ailleurs, on ne voit pas non plus les visages des opérateurs de la BRI.
09:44 Ça paraît, c'était évident.
09:46 L'idée, c'est qu'ils puissent continuer à travailler
09:48 une fois que la série est diffusée.
09:50 - Les deux premiers épisodes de BRI,
09:52 cette série documentaire, c'est vendredi.
09:53 Donc, vendredi 15 décembre à 21h.
09:56 Les deux autres, le vendredi suivant.
09:58 Et puis, c'est disponible en intégralité sur MyKanal
10:00 dès ce vendredi 15 décembre.
10:03 Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin,
10:05 Simon Riondet et Mathilde Gauthry.
10:07 - Restez avec nous sur Europe 1 dans un instant.
10:09 La suite de Culture Média avec le journal des médias de Julien Pichard.

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