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Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Bernard-Henri Lévy, écrivain et philosophe, pour son documentaire "L’Ukraine au cœur" le mardi 14 novembre à 21h10 sur France 2.

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Transcription
00:00 - Qu'est-ce que c'est que le pronostic pour l'Ukraine ? - Vous la reconnaissez cette musique de Bernard Orly-Levy ? C'est celle d'un musicien ukrainien venu soutenir le moral des troupes sur le front et que vous avez filmé dans votre troisième film sur ce conflit. Pourquoi avoir éprouvé d'ailleurs le besoin d'y retourner une nouvelle fois cet été ?
00:27 Vous dites au début vous ne concevez pas d'être ailleurs.
00:31 - Oui, quand j'ai vu l'explosion de ce barrage de Kersaune, cette ville inondée, cette espèce de... Vous savez il y avait la stratégie de la terre brûlée, là c'est la stratégie de la terre inondée.
00:46 J'ai appelé Marc Roussel, mon compagnon d'équipé habituel et je lui ai dit écoutez faut qu'on y aille quoi, c'est nos amis.
00:53 Terre inondée parce que les russes ont fait sauter un barrage qui a inondé une ville entière et le film commence là.
01:03 Puis après je ne sais pas comment vous dire, je me suis dit je ne vais pas partir en vacances, je ne vais pas aller à la plage, je ne vais pas aller en Bretagne sur la Côte d'Azur quand il se passe ça.
01:15 - Est-ce que vous craignez qu'on oublie ce conflit qui passe au second plan ?
01:19 - Oui, on est en train de l'oublier et c'est la raison pour laquelle je suis tellement reconnaissant à France 2, au service public, de le diffuser ce soir en prime time.
01:29 Je suis très inquiet de l'audience, je vous demandais ça à la remontaine tout à l'heure, puisque vous avez l'air des spécialistes, des audimats sur ce plateau.
01:38 - Ça vous inquiète ?
01:40 - Je suis inquiet, pas pour moi, mais pour les Ukrainiens, pour ces femmes et ces hommes qui nous ont confié un petit bout de leur vie, un peu de leur destin,
01:53 qui nous ont fait confiance, qui ont souhaité qu'on les filme. J'espère qu'ils vont émouvoir le public français ce soir.
02:05 - Il faut le regarder, ce film, je le dis aux auditeurs qui nous écoutent ce matin, parce que c'est un film important, un film dans lequel vous prenez des risques importants également,
02:14 et puis dans lequel vous faites un plaidoyer final, vous réclamez à la fin des canons, des avions pour gagner et la guerre et la paix, dites-vous.
02:23 Est-ce que vous pensez que malgré les milliards d'aides qui ont été données à l'Ukraine, vous pensez que les Occidentaux ne sont pas encore à la hauteur ?
02:32 - Oui, ils ne sont pas à la hauteur d'une guerre. Ils ne se rendent pas compte à quel point cette guerre les concerne.
02:40 Ils ne se rendent pas compte à quel point, si par malheur, la Russie devait avoir de gains de cause, ce serait une catastrophe pour nous tous.
02:49 Regardez Israël, le Hamas, on en parle beaucoup ces temps-ci, l'attaque du Hamas contre Israël. On sait aujourd'hui que le Hamas, ce n'est pas grand-chose sans l'Iran et sans la Russie, qui est derrière tout ça.
03:05 D'ailleurs, les dirigeants du Hamas, la première chose qu'ils ont faite après le 7 octobre, en tout cas le premier pays qui les a reçus avec les honneurs, c'est la Russie.
03:14 C'est le Kremlin, c'est Poutine qui a reçu le Hamas, qui a refusé de condamner le pogrom monstrueux du 7 octobre.
03:22 Tout ça est tellement lié, cette guerre contre l'Ukraine, cette guerre contre Israël, demain cette guerre possible contre Taïwan.
03:33 Tout ça, c'est tellement la même chose, tellement la même conjoncture, c'est tellement une attaque concertée contre moi, les choses auxquelles je crois depuis que je suis jeune homme,
03:46 c'est-à-dire les valeurs de la démocratie, les valeurs de la liberté, que si on ne se réveille pas, on va à la catastrophe, comme ça nous est déjà arrivé deux fois en Europe.
03:59 On s'est suicidé une première fois en 1914, on s'est suicidé une seconde fois en cédant à l'Allemagne nazie.
04:07 Si pour la troisième fois on n'est pas capable de se réveiller face à Poutine et à l'islamisme radical, ce sera un troisième suicide.
04:16 Et vous êtes là une fois de plus pour nous réveiller Bernard-Henri Lévy, on va continuer à parler de ce doc et des risques aussi que vous prenez pour tourner ces images.
04:23 Ce sera après un moment un peu plus léger, la session de rattrapage de l'excellent Jean-Luc Lemoyne, à tout de suite sur Europe 1.
04:29 Culture Média sur Europe 1, si vous venez nous rejoindre, Thomas Hill, vous recevez Bernard-Henri Lévy pour l'Ukraine au cœur, un documentaire à voir ce soir en Prime sur France 2.
04:39 Et alors la force de votre film, c'est que vous allez vraiment au plus près des combats, Bernard-Henri Lévy, sur la ligne de front, à la rencontre des soldats.
04:46 Vous prenez des risques assez importants avec des explosions parfois à quelques mètres de vous qui vous obligent à décamper.
04:54 On constate d'ailleurs qu'à 75 ans vous avez une sacrée forme et en même temps on ne peut pas s'empêcher de se demander est-ce que c'est bien raisonnable ?
05:01 Cette question vous devez vous la poser j'imagine quand vous êtes sur le terrain, est-ce que c'est bien raisonnable ?
05:06 Ma femme se la pose, mes enfants se la posent, moi non, moi je me la pose après, je me la pose après coup, après des épisodes de ce genre où en effet ça a failli très mal tourner,
05:18 oui ça je me dis mais t'es complètement taré, qu'est-ce que t'es allé faire dans cette galère ? Mais je me la pose pas pendant, je me la pose pas avant,
05:25 je pense juste qu'il faut le faire, vous voyez, c'est quand on a la chance de pouvoir tourner un film pareil,
05:32 quand on a la chance d'avoir une équipe formidable comme la mienne, Marc Roussel, Gilles Herzog et les autres qui m'accompagnent,
05:38 qui acceptent de prendre les mêmes risques que moi, quand on a la chance d'avoir la confiance des Ukrainiens qui me montrent ce qu'ils montrent à personne d'autre,
05:45 qui m'amènent en première ligne où ils n'amènent pas souvent les journalistes, qui me laissent filmer des combats qui sont en général pour des raisons tactiques d'ailleurs,
05:53 mis sous le boisseau, quand on a cette chance-là et qu'on n'en profite pas, on est un con, et puis on ne fait pas son travail d'intellectuel,
06:06 comme je disais tout à l'heure dans un des extraits dont on se moquait, c'est vrai qu'un intellectuel c'est quelqu'un qui travaille dans son coin,
06:13 mais qui de temps en temps va s'y coller, va s'y frotter, va au contact des choses, moi en tout cas c'est comme ça que je conçois mon rôle.
06:20 - J'imagine que la peur doit être présente, évidemment, l'adrénaline aussi peut-être, mais vous parlez d'amertume, l'amertume à devoir fuir alors que les soldats restent là.
06:30 - Voilà, la peur c'est bizarre mais je ne la sens pas tant que ça, parce que sur l'instant quand vous avez un obus qui tombe tout près, vous n'avez pas le temps d'avoir peur,
06:43 vous ne pensez pas avoir peur, vous pensez à autre chose, vous pensez à vous mettre à l'abri, vous pensez à votre équipe, à vos camarades, où est-ce qu'ils sont,
06:51 est-ce que tout va bien, parce que dans ces cas-là je suis un tout petit peu responsable des filles et des garçons que j'ai embarqués avec moi,
07:00 et ça c'est très important, aussi il y a ma vie puis il y a la leur, donc on pense à ça, donc la peur c'est plutôt après, et en revanche,
07:10 il y a un sentiment, alors là c'est vrai que ça fait peut-être bizarre, mais c'est profondément vrai, mais toute ma vie, vous savez j'ai fait beaucoup de reportages pour Paris Match,
07:21 j'en ai fait pour Le Monde, c'est les deux journaux pour lesquels j'ai fait des grands reportages de guerre, c'est Le Monde et Paris Match,
07:28 à des moments différents de ma vie, et j'ai toujours toujours eu ce sentiment quand je rentre, quand je rentre chez moi, d'abord il y a un moment difficile
07:36 parce qu'on revient à la vie normale, mais il y a surtout cette idée qu'il y a des gens avec qui j'ai noué des relations fortes, des relations de fraternité,
07:44 des relations dans l'épreuve, et parfois l'épreuve la plus rude, et puis je les ai laissé tomber, je suis parti, eux ils restent dans leur tranchée,
07:58 ils restent dans leur malheur, ils restent sous les bombes, puis moi je prends un avion, je rentre à Paris. Il y a quelque chose là qui m'a toujours rendu fou,
08:06 mais depuis que je suis adolescent.
08:09 Et alors vous parlez dans ce doc à de très nombreux militaires ukrainiens, mais aussi à plusieurs prisonniers russes, et c'est certainement la séquence qui nous rend le plus optimiste
08:18 finalement sur la suite de ce conflit, puisque ces russes racontent à quel point ils ne sont pas préparés pour le combat, ils disent d'ailleurs que c'est le cas de la plupart de leurs camarades,
08:26 vous dites qu'ils sont presque pitoyables.
08:28 - C'est un des scoops de ce film de ce soir, il y a les soldats israéliens, c'est un scoop, des soldats israéliens engagés volontaires dans l'armée ukrainienne,
08:38 réponse d'ailleurs à ceux qui disent que l'Ukraine est antisémite, tout cette espèce de propagande poutinienne dégueulasse, je peux vous dire que parmi les engagés volontaires en Ukraine,
08:50 ceux qui risquent leur vie, il y a énormément de soldats de Tsaïl, qui d'ailleurs depuis le 7 octobre sont retournés se battre à Gaza, mais qui jusqu'au 7 octobre étaient en Ukraine.
08:59 Ça c'est un scoop du film. Le deuxième scoop en effet, un autre scoop c'est ce que vous dites, c'est ces prisonniers russes, ça j'ai eu la chance incroyable, je crois que ça ne s'est jamais produit,
09:08 de les interviewer très longuement, et dans des conditions qui font que je ne peux pas douter de la sincérité et de la qualité de leurs témoignages.
09:18 Et ce qu'ils disent en effet, c'est une très mauvaise nouvelle pour la Russie, mais une très bonne nouvelle pour nous, parce qu'ils disent qu'ils ont des chefs nuls,
09:28 qui les vendent comme des esclaves à des sociétés privées, qui ne leur donnent pas le minimum d'équipement et d'armes dont ils ont besoin pour se battre,
09:38 qui les jettent comme de la chair à canon sur les lignes ukrainiennes, etc. En bref, quand on écoute cette scène, il y a 10 minutes dans le film, ou 9 minutes,
09:46 prisonniers russes, on se dit honnêtement, si les Ukrainiens avaient juste un tout petit peu plus de matériel, ils ne font qu'une bouchée de ces lignes de défense russes,
09:56 et cette guerre s'arrête, et la paix revient, et l'Europe redevient ce qu'elle était avant, ce qui est moi mon rêve.
10:04 C'est vrai que ça fait partie de ces moments d'espoir finalement dans votre film, et on en a besoin aussi, un film à avoir absolument ce soir,
10:12 l'Ukraine au coeur, c'est à 21h10 sur France 2.

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