Motion de rejet adoptée : allons-nous vers la dissolution de l'Assemblée nationale ?

  • l’année dernière
Avec Jérôme Fourquet, politologue, directeur du département "Opinion" de l'IFOP et auteur de "La France d'après, tableau politique" publié aux éditions du Seuil.

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##LE_FAIT_DU_JOUR-2023-12-12##
Transcript
00:00 [Musique]
00:02 Sud Radio Bercov dans tous ses états
00:05 Nous sommes en guerre
00:07 C'est ton anniversaire
00:09 Profite de ton anniversaire
00:11 Ah bon ?
00:12 Joyeux anniversaire
00:16 Ah oui, ah oui, mais il a raison, il a raison
00:19 Happy birthday to you
00:22 Joyeux anniversaire André
00:25 [Musique]
00:27 Chaque fois que je viens ici, j'ai affaire à un con comme vous
00:31 Et je vais vous dire une chose
00:33 Chaque fois, j'ai affaire à un con comme vous
00:35 Et je vais vous dire une chose, je vais le répéter
00:37 Ce n'est pas très, très, euh...
00:39 Ce n'est pas très rive raffinée
00:41 Mais je vous rappelle Pierre Desproges
00:43 Il dit "parler à un con ou essayer de le convaincre
00:45 C'est comme se masturber avec une râpe à fromage
00:47 Beaucoup de souffrance pour peu de résultat"
00:49 [Rires]
00:51 Joseph Robinette Biden
00:53 Joe Robinette Biden
00:55 Joe Robinette Biden
00:57 N'oubliez jamais que son nom le plus important, c'est Robinette
01:00 Donc le Robinette se lâche
01:02 Le Robinette fuit
01:04 Fais-moi un mandat, deux mandats, trois mandats, Manu
01:07 Fais-moi un mandat, deux mandats, trois mandats, Manu
01:11 Fais-moi un mandat, deux mandats, dix mandats
01:14 La France te le demande
01:16 Tu peux pas nous refuser ça
01:18 [Musique]
01:20 Avec les fesses
01:22 Avec les seins
01:24 Avec le corps
01:26 Sacré féminin
01:28 Et vive Sandrine Rousseau, the rock girl
01:33 [Musique]
01:35 Ah bah écoutez, voilà, c'est l'équipe, c'est l'équipe
01:37 Ils m'ont fait la totale, merci beaucoup, merci
01:40 Merci, c'est bien
01:42 Un an plus, mais vous savez, ça change pas grand chose
01:45 C'est au pied du mur qu'on verra les maçons
01:49 Mais on va parler de choses sérieuses aussi
01:52 Non pas que le reste ne l'est pas
01:54 C'est cette motion de rejet adoptée
01:57 Alors c'est quand même un coup de tonnerre à l'Assemblée nationalière
02:01 Je rappelle, les députés ont adopté par 270 voix
02:04 Contre 265 une motion de rejet préalable au projet de loi immigration
02:09 Avec les voix de la gauche, des LR et du RN
02:12 Déjà intéressant, gauche, LR, RN
02:15 Pour une fois rassemblées
02:17 C'est très nouveau, je rappelle que cela fait 25 ans
02:20 Depuis 1998 qu'il n'y a pas eu une motion comme ça rejetée de cette façon
02:25 Alors on sait qu'Olivier Véran vient de l'annoncer
02:28 Il y aura une commission paritaire
02:30 Sénateurs, députés, pour voir
02:33 Et puis après ça va renvoyer, et voilà
02:35 Alors tout le monde, les uns s'en réjouissent
02:38 Les autres évidemment le déplorent
02:41 Certains demandent la dissolution, d'autres la démission de Macron
02:44 Alors qu'en est-il exactement ?
02:46 On va en parler avec Jérôme Fourquet
02:48 Quelqu'un qui connaît la musique et qu'on a toujours plaisir à recevoir
02:51 Qui est politologue, directeur du département Opinion de l'IFOP
02:54 Et puis auteur de "La France d'après"
02:57 Un livre vraiment qu'il faut lire
02:59 "La France d'après", "Le monde d'après"
03:01 Où on en est exactement ?
03:03 Alors, Jérôme Fourquet, c'est "La France d'après" ça, ce vote ?
03:07 Bonjour, oui effectivement
03:09 On est déjà dans cette "France d'après"
03:12 Et on est dans la suite de ce qui s'est passé aux élections législatives
03:16 De juin 2022, avec, il ne faut jamais l'oublier
03:20 Une absence de majorité pour le camp présidentiel
03:23 Ce qui le met sous le feu des oppositions
03:27 Ça c'est le premier point
03:29 Le deuxième point qui rappelle les législatives
03:32 C'est qu'on parlait dans "Le monde d'avant"
03:35 D'une majorité et d'une opposition
03:37 Donc là on voit que la majorité présidentielle déjà n'a plus la majorité
03:40 Et puis "Le monde d'après" aussi, on n'a plus une mais des oppositions
03:44 Et ce qu'on avait déjà vu au deuxième tour des élections législatives
03:48 C'est que le fameux front républicain ne fonctionnait plus
03:52 C'est-à-dire que quand les candidats d'En Marche étaient en face du RN
03:56 La gauche n'a pas volé au secours d'En Marche
03:59 Et quand les candidats de la NUPES étaient face au RN
04:03 Les électeurs de la majorité présidentielle n'ont pas voté majoritairement pour la gauche
04:09 D'où les 89 députés que Marine Le Pen a obtenus aux législatives
04:14 Et donc on est dans cette même configuration depuis hier
04:17 C'est-à-dire que les trois blocs, et même les quatre si on rajoutait la droite, les LR
04:22 Chacun joue sa propre partition et il n'y a plus d'alliance possible
04:26 Donc un, la...
04:28 - Donc la muraille du Chine s'est effondrée vis-à-vis du RN
04:31 - Alors voilà, et d'autre part, le camp présidentiel qui n'a plus de majorité
04:36 Non seulement il n'a pas de majorité mais il n'a pas d'allié
04:38 Et tout le monde là s'est coalisé contre lui pour des raisons diverses
04:42 Le RN trouvant à la droite que la loi immigration n'est pas assez loin
04:47 La gauche que c'était déjà beaucoup trop
04:49 Mais ils ont été jusqu'à voter ensemble pour défaire le texte porté par Gérald Darmanin
04:57 Avec dernière spécificité dans cette configuration politique inédite
05:03 Le fait que le bloc présidentiel ne soit pas uni sur ce sujet
05:08 Parce que qu'est-ce qui s'est passé ?
05:10 En fait pour avoir le soutien de la droite sénatoriale
05:12 Gérald Darmanin avait entre guillemets durci le texte
05:15 Or ce texte version durci ne pouvait pas être adopté par une partie des députés macronistes
05:22 Qui le trouvaient beaucoup trop à droite
05:24 Et donc vous avez un président qui n'a pas de majorité, qui n'a pas d'allié
05:29 Et sur des textes éminemment sensibles, des différences de points de vue qui sont très fortes
05:34 Et dernier point, on voit, mais vous le savez très bien, que le sujet de l'immigration est un sujet majeur dans la société française
05:41 Et qu'il clive énormément
05:43 Donc là on se retrouve dans l'impasse
05:45 Mais qui en fait était déjà contenu, comme on dirait à la bourse, inscrit dans les cours
05:50 Ou inscrit dans les courbes au moment des législatives
05:53 Mais ce qui est intéressant c'est, comme on dit, la goutte d'eau qui a fait déborder le vase
05:57 Mais deux choses intéressantes, dans ce que vous dites Jérôme Fourquet
06:00 Primo, en fait, non seulement le président n'a pas la majorité, mais son propre parti est divisé
06:06 Puisque là-dessus, entre une aile droite et une aile gauche
06:08 Et on voit bien
06:10 Et alors, autant l'électorat d'Emmanuel Macron de 2022 penche plutôt à droite
06:16 Avec toute une partie de l'ancien électorat de droite qui s'est ralliée au président
06:20 Autant ces cadres, notamment ces députés, beaucoup viennent, si vous voulez, de la première cuvée du Macron 2017
06:26 Qui étaient des gens qui venaient plutôt du centre-gauche
06:28 Des Strauss-Kanien, etc.
06:30 Vous prenez M. Véran ou autres, Clément Beaune, qui sont dans cette filiation-là
06:37 Et pour eux, un certain nombre de mesures contenues dans la loi immigration
06:42 Telles que le Sénat de droite souhaitait le voir adoptées, étaient inenvisageables
06:48 Et donc, on est là dans toutes les limites du "en même temps"
06:51 Limites du "en même temps" qui sont démultipliées par l'absence de majorité
06:54 Mais alors justement, ça traduit quoi sur le plan français ?
06:57 Et surtout, sans faire des prédictions, le problème n'est pas là
07:00 Mais justement, on parle du monde d'après
07:02 Ce qui est intéressant là-dedans, c'est d'abord que pour la première fois, vous savez qu'il y a eu plusieurs tentatives
07:06 Et les gauches disaient "pas question de voter avec le Rassemblement National"
07:10 Le Rassemblement National était prêt à faire des concessions, mais ça ne marchait pas
07:14 Et jusqu'à présent, en fait, tout se passe, on n'est pas dans leur tête
07:17 Comme si la majorité, en tout cas la Macronie, disait "ça va tenir"
07:21 "Pour le moment, ils ne vont pas voter les uns avec les autres"
07:24 Et là, à cinq voix, mais enfin quand même, c'est passé
07:27 Est-ce que c'est quelque chose qui peut se renouveler ?
07:32 Et qui va amener quand même à un certain blocage ?
07:35 Parce qu'on est à trois ans et demi de la présidentielle, sans parler des législatives
07:39 Est-ce que c'est quelque chose, je dirais, sur un plan presque, pas symbolique
07:43 Mais sur le plan de l'intériorisation, ils vont se dire "ah, on peut le faire, donc on va le refaire"
07:47 Alors, effectivement, les oppositions ont pris conscience de leur force
07:53 Et de leur capacité à mettre en difficulté un président
07:58 Qui, on le voit, se démène depuis des mois pour essayer d'innover, trouver des nouveaux formats
08:05 Donc il y a eu les grands débats, il y a eu les rencontres de Saint-Denis
08:09 Les citoyens, les commissions citoyennes, etc.
08:11 Maintenant, on nous annonce, pour début janvier, un grand rendez-vous avec les Français
08:16 Pour faire nation. Et c'est quand même assez cocasse que cette annonce présidentielle
08:20 Elle précède de deux jours à peine le camouflet qui a été enregistré hier à l'Assemblée
08:28 Autre élément important, vous avez parlé du RN et de la gauche, à juste titre
08:33 Parce que c'est eux les gros bataillons des oppositions
08:37 Mais ce qui a tout fait basculer, c'est les 40 voix sur 60 et quelques députés LR
08:43 Qui se sont joints à cette motion pour faire tomber le gouvernement
08:47 Et là, ça va être aussi très compliqué dans les mois qui viennent
08:50 Parce qu'on voit qu'une des seules voies de sortie depuis les législatives pour Emmanuel Macron
08:57 C'était éventuellement d'essayer de travailler un accord de gouvernement avec cette majorité LR
09:04 Mais plus le temps passe, plus le fossé se creuse et plus ça devient compliqué
09:08 On rappelle également que celui qui portait ce texte, c'est Gérald Darmanin
09:13 Donc normalement il était la personne idoine, il était là aussi pour ça
09:17 Pour rabattre vers la majorité présidentielle les voix de LR
09:21 Et même lui ne parvient pas, il n'a plus la clé pour obtenir ces voix
09:27 Vous avez André Bercoff rappeler le chronomètre qui tourne d'ici la prochaine présidentielle
09:33 Il y en a un qui est plus rapproché, c'est les élections européennes de juin prochain
09:37 Et donc on ne peut pas exclure non plus que chaque formation politique, chaque responsable
09:42 D'un œil gourmand voit cet échéance se rapprocher et va tout faire
09:47 Pour tendre de nouveaux chausse-trappe au bloc présidentiel
09:52 Et essayer de le mettre encore davantage en difficulté
09:55 De faire sa propre liste, etc.
09:57 Mais est-ce que justement c'est intéressant, parce que moi je vois quelque chose de très psychologique dans cette histoire
10:03 Parce qu'ils vont faire la commission paritaire, sénat, assemblée nationale
10:06 Probablement elle va être plutôt durcie, je crois, Jérôme Forquet, parce que le sénat étant ce qu'il est
10:12 Eh bien c'est toute la difficulté, parce qu'on revient à ce qu'on disait tout à l'heure
10:16 Il faut faire des concessions à la droite sénatoriale
10:19 Tout en arrivant, pour le parti macroniste, à garder son aile gauche
10:25 Qui ne veut pas de ces concessions droitières sur la loi immigration
10:28 Et donc ils ne sont pas du tout au clair sur le sujet
10:31 Et plus le temps va passer, plus l'autorité présidentielle va s'amenuiser
10:36 Puisque comme vous le savez, il ne peut pas se représenter
10:38 Et donc là on est en difficulté
10:40 Il y a quelques temps, j'ai échangé avec un grand représentant de la droite française
10:46 Et qui me disait, en fait, c'était il y a une dizaine de jours
10:50 Emmanuel Macron n'a toujours pas compris qu'il n'avait plus la majorité à l'assemblée nationale
10:53 C'était assez prémonitoire
10:55 - Ouais, c'est vrai, et effectivement de fait, en tout cas il agissait comme s'il ne l'avait pas compris
11:00 - Voilà, il faisait tout comme, en disant voilà, on va convoquer les dirigeants de partis politiques à Saint-Denis
11:05 On va débattre, etc.
11:07 Et donc là, je pense que du côté du RN et de la gauche, on était sur une opposition sans concession
11:14 Du côté de LR, c'est de la volonté aussi, peut-être de se vendre, entre guillemets, à un prix très élevé
11:20 En faisant monter les enchères, en disant, si vous voulez, le quinquennat défilant
11:24 Que sur certains textes, on vous soutienne, ce sera à nos conditions
11:29 Et donc c'est là que les choses se sont jouées
11:32 - Ils ont monté les enchères
11:34 - Voilà, c'est pas non plus sans poser de difficultés pour LR
11:37 On voit qu'il y a quand même une division, parce qu'il y a 40 députés qui ont voté cette fameuse mention
11:42 Il y en a une vingtaine d'autres qui n'ont pas pris position, qui ont soutenu le gouvernement
11:46 Donc on voit qu'ils sont tendus, il y a des voix discordantes
11:48 Et puis vous voyez que, sur cette question centrale qui est celle de l'immigration
11:53 Quand vous écoutez quelqu'un comme Éric Ciotti, depuis des mois
11:56 Il est aujourd'hui sur des positions qui sont très proches de celles d'un Jordan Bardella, par exemple
12:01 Et donc, dans la perspective de reconstruire cette famille politique
12:05 On se pose en s'opposant, comme dirait l'autre
12:07 Donc là il s'oppose à la Macronie, mais sur une ligne qui est de plus en plus proche
12:11 De celle du Rassemblement National
12:13 Et il y a une grande bénéficiaire, je pense, de ce qui s'est passé hier à l'Assemblée, c'est Marine Le Pen
12:19 - Alors justement, si on applique ça à ce qui se passe à la France
12:24 Et la France, dites fracturée, dites archipélisée, dites... enfin, vous connaissez ça
12:30 Très bien, est-ce que ce vote là, ne traduit pas, comme le disait Cocteau, parler des miroirs qui réfléchissent
12:37 Est-ce qu'il n'y a pas là quelque chose qui traduit, écoutez, un message à Macron
12:43 Enfin, et la Macronie, mais en tout cas à lui, bien sûr
12:45 En disant, ça ne peut pas continuer comme ça
12:47 Il faut quand même que vous traciez, soit des caps, soit des lignes
12:51 Jusqu'à présent, les lignes étaient extrêmement floues, c'est le moins que l'on puisse dire
12:55 Est-ce qu'il n'y a pas une espèce de mise en demeure, quelque part ?
12:58 - On est là-dessus, mais en fait, la mise en demeure, je reviens au point initial
13:02 Elle a eu lieu le soir du deuxième tour des législatives
13:05 - Oui, mais on ne l'a pas senti, j'ai enfonqué
13:07 - Lui, il ne l'a pas senti, mais les Français avaient envoyé...
13:11 Alors, il n'était pas concerté, mais il y avait un message
13:13 Et si vous reprenez toute la chronologie, c'est l'élément fondateur
13:17 C'est-à-dire que depuis, la majorité essaie de bricoler, etc.
13:21 Parce qu'il n'y a pas cette majorité
13:24 Et donc, encore une fois, le président de la République a dit
13:26 "Il faut refaire nation, on va prendre une grande initiative"
13:30 Et, comme disait l'autre, on ne sort de l'ambiguïté qu'à son propre détriment
13:34 Et donc, on voit que dès qu'on est sur les sujets sensibles
13:37 Un, le gouvernement n'a pas de majorité
13:39 Et deux, son propre groupe parlementaire est divisé
13:43 Et donc, la pression ne va pas cesser de s'accentuer
13:46 - Il aurait dû lire le cardinal de Retz - Voilà, tout à fait
13:49 Mais, vous savez, c'est un peu comme dans un conflit social
13:55 Ou dans un rapport de force instale
13:58 À partir du moment où un camp ou des camps prennent l'ascendant
14:01 Ils se sentent mis en confiance
14:03 Et ils vont pratiquer ensuite la surenchère
14:06 Donc, c'est ça qui s'est passé hier
14:08 Et je pense qu'on ne va pas aller vers une période d'accalmie ou d'apaisement
14:13 C'est-à-dire que les enchères vont monter
14:15 Et chacun va prendre conscience de sa force, de sa capacité de nuisance
14:19 Et va mettre de plus en plus l'exécutif sous pression
14:23 Et alors, si, Jérôme Fourquet, si, comme on le croit
14:27 On va en discuter peut-être après une petite pause
14:30 On va poser la question de si le climat est social
14:35 Et, je dirais, de violences ou d'insécurité s'aggrave
14:38 Ou en tout cas continue comme il est
14:40 Et malheureusement, il n'y a aucune raison qu'il s'arrête
14:42 Quid ? Qu'est-ce qui peut se passer ?
14:44 On en parle juste après cette petite pause
14:47 On est avec Jérôme Fourquet et avec vous au 0826 300 300
14:50 On prend vos questions au standard 0826 300 300
14:53 A tout de suite sur Sud Radio
14:55 Sud Radio Bercoff dans tous ses états midi 14h
15:00 André Bercoff
15:01 Ici Sud Radio
15:05 Les Français parlent au français
15:10 Les carottes sont cuites
15:13 Les carottes sont cuites
15:15 Sud Radio Bercoff dans tous ses états
15:18 Et aujourd'hui, je ne suis pas le seul
15:20 Je crois que la France Nationale, comme au Sénat
15:22 Il y en a qui sont dans tous leurs états
15:24 Et ça peut se comprendre
15:25 Nous sommes toujours avec Jérôme Fourquet
15:27 Politologue, directeur du département Opinion de l'Épopée
15:29 Auteur, encore une fois, de ce livre
15:31 On l'a déjà reçu là-dessus
15:33 Je vous recommande La France d'après
15:35 Aux éditions du Seuil
15:37 Mais Jérôme Fourquet, alors
15:39 Le lendemain, après la gueule de bois
15:42 Pas gueule de bois fondamentale
15:44 Mais quand même, mais quand même
15:46 Au fond, la marge de manœuvre d'Emmanuel Macron
15:49 Se rétrécit de jour en jour
15:51 Oui, totalement
15:53 Le doux parfum de la division
15:56 Qui va se diffuser encore un peu plus
15:59 Dans les rangs macronistes
16:01 Puisqu'il va falloir trouver un responsable
16:03 Donc d'aucun vont dire, c'est Gérald Darmanin
16:05 Qui apparemment a présenté sa démission
16:07 Au président de la République
16:09 Ce dernier l'a refusé
16:11 Lui va faire, sans doute, courir le bruit
16:14 Que c'est les concessions
16:16 Qu'il a fallu donner à l'aile gauche de la majorité
16:18 Qui ont empêché le soutien de LR
16:20 Et donc on rentre dans une période
16:22 De tension et de division
16:25 Et ce qui est assez frappant, c'est comment
16:27 Le président de la République
16:29 Alors en partie du fait des chocs géopolitiques
16:32 Qui sont intervenus ces derniers mois
16:34 S'est très fortement investi sur la scène internationale
16:37 C'est la fonction, on le sait
16:39 C'est le domaine réservé du président de la République
16:41 Mais un peu comme si
16:43 Tout ça servait un peu d'échappatoire
16:45 Au président
16:47 Face à une situation assez encalminée
16:49 Sur le plan intérieur
16:51 Alors on le voit sur le plan institutionnel et politique
16:54 On le voit depuis des mois sur le plan sécuritaire
16:57 Crépole, les règlements de comptes en banlieue
17:01 Ces agressions au couteau entre des rixes, entre jeunes
17:05 Et les dissolutions à tous azimuts de telle ou telle association
17:10 Donc on voit ces sujets sur le front sécuritaire
17:13 On voit que la grogne sociale
17:16 La marmite bout doucement
17:18 Je rappelle à vos auditeurs que
17:20 Quand le mouvement des gilets jaunes débute il y a 5 ans maintenant
17:23 Le litre de gasoil était à 1,40€
17:26 On est entre 1,80€ et 2€ selon les stations aujourd'hui
17:29 Donc c'est pour ça typiquement que le gouvernement
17:32 A très vite tranché la question de la prolongation
17:35 De la possibilité de faire ses courses alimentaires avec les tickets restaurants
17:39 Ça touche 5 millions de français
17:42 Baberti avait dit "il y a un manque à gagner"
17:44 Tout de suite ça a été évacué
17:46 Entre en vigueur au début janvier
17:49 La disparition des retraits de points pour les petites infractions routières
17:55 En disant "il ne faut absolument pas mettre le feu à la plaine en ce moment"
18:00 Mais vous voyez bien que la marmite bout
18:03 Et l'exécutif n'a plus la main et est en grande difficulté
18:07 Donc je pense qu'on a épuisé tous les subterfuges
18:10 Ou les artefacts de communication
18:13 Encore une fois les grands débats, les conférences de presse etc.
18:16 On est arrivé au bout de l'exercice
18:19 Et on est au pied du mur du côté de l'exécutif
18:22 C'est-à-dire avec qui pouvons-nous négocier
18:25 Pour essayer de faire passer nos textes puisque nous sommes minoritaires à l'Assemblée
18:28 Sauf que les LR ont pris le goût du sang je pense
18:31 Et qu'ils ont vu qu'ils avaient maintenant à leur merci
18:34 L'exécutif et qu'ils vont leur faire payer très cher
18:37 Tous les prochains accords qui pourraient passer
18:39 Et très simplement parce qu'il y a un certain nombre de murailles
18:41 Ou de murs qui s'effondrent tranquillement
18:43 Encore une fois on vote avec le RN même si on est LR
18:46 La gauche, la NUPES ou autre vote aussi avec le RN et avec LR
18:52 Sur un texte sur l'immigration
18:54 Oui, c'est d'autant plus intéressant
18:56 Pour des raisons diamétralement opposées
18:58 N'empêche que le fait est là
19:00 Je crois qu'inconsciemment on s'est dit on va lui montrer de quelle bois on se chauffe
19:03 Exactement
19:04 Nonobstant les élections européennes, Jérôme Fourquet c'est ma dernière question
19:08 Franchement, et je m'adresse aussi bien au directeur de l'IFOP
19:13 Est-ce qu'on peut tenir comme ça trois ans et demi ?
19:18 On a des institutions qui sont assez solides
19:21 On le voit mais l'absence de majorité absolue
19:26 Plus le fait qu'Emmanuel Macron ne puisse pas se représenter
19:29 C'est-à-dire que son crédit politique est entamé
19:32 Va faire en sorte que sa fin de mandat va être de plus en plus compliquée
19:37 Vous savez qu'aux Etats-Unis on appelle les lame-ducks, les canards boiteux
19:41 Oui, les canards boiteux
19:42 Les présidents qui sont en fin de mandat
19:44 Et qui ne peuvent plus, n'ont plus la prise sur le cours des choses
19:48 Je crains que pour le président de la République, hier
19:51 Aient marqué symboliquement l'entrée dans cette phase du compte-arbour
19:56 De la fin du quinquennat
19:58 Alors c'est encore très loin, trois ans et demi
20:00 Quel compte-arbour !
20:01 Et vous voyez qu'il y a encore quelques jours
20:03 On disait à l'Elysée que si on réussissait les JO
20:08 Et bien on allait ouvrir une séquence tout à fait positive
20:12 On recorde sur les JO
20:13 Et donc là on est un peu dans la stratégie du village Potemkin
20:16 Du côté de l'Elysée, c'est à dire, misez tout sur les JO
20:19 Ce qui est très loin des préoccupations des français
20:21 Pour faire oublier tout le reste
20:23 Qui, on le voit, mais c'est quelque chose d'assez cruel
20:26 Le réel se rappelle toujours à vous
20:28 Et est-ce que vous avez remarqué Jérôme Fourquet
20:30 Qu'aux Émirats Arabes-Unis, comme en Arabie Séoudite
20:34 On s'est comporté comme le RN et le RN
20:36 Les gens n'avaient pas le temps de recevoir Macron
20:39 M. Zayed avec Pissines, l'émir Zayed
20:41 MBS avait sa partie des chèques
20:44 C'est extraordinaire, le contraste avec comment ils ont reçu Poutine
20:48 Deux jours après
20:49 Donc même en politique étrangère, il y a un problème
20:51 Alors, il y a un problème, là on a vu, c'était les limites dues en même temps
20:54 Au Proche-Orient, c'est quand même très compliqué
20:58 Et puis peut-être aussi plus profondément
21:00 Vous parlez de Vladimir Poutine
21:02 Emmanuel Macron, comme tous ses prédécesseurs
21:04 Sont quand même très motivés et dopés par cette tribune internationale
21:10 Qu'offre la présidence française
21:12 Sauf que notre pays, en voie de décrochage
21:15 Économique, militaire, éducatif
21:18 N'est plus autant respecté qu'il l'était par le passé
21:22 Et donc, il y a toujours encore une fois cette possibilité
21:25 De convoquer des grands messes
21:27 De tenir des grands discours
21:29 La fameuse Voix de la France
21:31 Mais il y a là encore la réalité des faits qui s'impose à nous
21:34 Et si Poutine est reçu en majesté
21:37 C'est du fait du poids de son pays sur le plan militaire
21:41 Sur le plan économique
21:43 Et puis l'évolution de la Russie-Ukraine
21:46 La conflit, donc là, toutes les pétro-monarchies
21:49 Ont reconnu en lui un partenaire tout à fait important
21:52 Parce qu'il est producteur de pétrole
21:54 Et donc, quelque part, notre décrochage
21:56 Sur la scène internationale
21:58 Mais comme dans le Sénat que l'Européen
22:00 C'est-à-dire que vous voyez aussi comment
22:02 Et c'est quand même douloureux pour un président
22:04 Comme Emmanuel Macron, qui a chevillé au corps l'idéal européen
22:07 Comment la relation franco-allemande
22:09 Se déséquilibre de plus en plus
22:11 Parce que tout ça, encore une fois, se lit aussi dans les chiffres
22:14 Je t'aime moi non plus, mais alors le problème c'est
22:16 Peut-on organiser des grands messes dans les églises
22:18 Qui vont se vider de plus en plus ?
22:20 C'est ton problème
22:21 On est là-dessus, et donnez l'illusion
22:24 Que nous sommes encore à l'heure du siècle d'or
22:27 Merci Jérôme Fourquet
22:29 Merci Jérôme Fourquet, on rappelle votre livre
22:31 La France d'après les tableaux politiques, c'est aux éditions

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