• il y a 4 mois
Avec Henri Guaino, auteur de "À la septième fois, les murailles tombèrent" publié aux éditions du Rocher.

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##LE_FACE_A_FACE-2024-07-03##

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Transcription
00:00Ici Sud Radio, les français parlent au français, les carottes sont cuites, les carottes sont cuites.
00:13Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:17Eh bien juste avant de recevoir Henri Guaino, que nous sommes en plaisir toujours de le recevoir,
00:24vous allez écouter quelque chose qui ne date pas d'hier, qui date de 20 ans ou de 30 ans,
00:30et vous allez écouter une des plus belles analyses de l'entre-deux électoral de ce que nous vivons aujourd'hui.
00:36Et pourtant, ça n'a pas été fait aujourd'hui. Écoutez.
00:40Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:43Alors voilà, c'est Raymond Devos en 1979, donc avant les années 80 et les années Mitterrand. Écoutez.
00:52Parlons de la situation, tenez, parlons de la situation, sans préciser laquelle.
00:57Si vous le permettez, je vais faire brièvement l'historique de la situation, quelle qu'elle soit.
01:02Il y a quelques mois, souvenez-vous, la situation, pour n'être pas pire que celle d'aujourd'hui, n'en était pas meilleure non plus.
01:08Déjà, nous allions vers la catastrophe et nous le savions. Nous en étions conscients,
01:12car il ne faudrait pas croire que les responsables d'hier étaient plus ignorants de la situation que le sont ceux d'aujourd'hui.
01:17D'ailleurs, ce sont les mêmes.
01:21Oui, la catastrophe, nous le pensions, était pour demain.
01:24C'est-à-dire qu'en fait, elle devrait être pour aujourd'hui, d'ailleurs.
01:27Si mes calculs sont justes.
01:29Or, que voyons-nous aujourd'hui ?
01:31Qu'elle est toujours pour demain.
01:33Alors, je vous pose la question, mesdames et messieurs,
01:36est-ce en remettant toujours au lendemain la catastrophe que nous pourrions faire le jour même, que nous l'éviterons ?
01:43Je vous signale, entre parenthèses, que si le gouvernement actuel n'est pas capable d'assumer la catastrophe,
01:49il est possible que l'opposition s'en empare.
01:56Voilà, si le gouvernement n'est pas capable d'assumer la catastrophe,
01:59il est possible que l'opposition s'en empare.
02:02Ça n'a pas pris une ride Raymond De Vos en 1979,
02:06et on se demande d'ailleurs si Macron ne l'a pas écouté.
02:09On peut se poser en tout cas la question.
02:11Henri Guenou, bonjour.
02:12Bonjour.
02:13Vous êtes écrivain, essayiste, vous avez été l'ancien conseiller,
02:17le conseiller Nicolas Sarkozy est l'un des artisans, il faut le dire, de son accession à la présidence,
02:21et vous êtes l'auteur le plus récent livre, vous en avez écrit plusieurs,
02:25à la septième fois, les murailles tombèrent aux éditions du Rocher.
02:29Alors, Henri Guenou, vous vivez comme nous, effectivement, cette entre-deux-tours,
02:33vous avez vécu les élections européennes,
02:35et on ne va pas faire des prédictions ici quand même,
02:40mais on assiste quand même à deux ou trois choses qui sont frappantes,
02:45c'est ce clivage de plus en plus fort,
02:47cette haine, vous avez vu, certains rap, certaines chansons, etc.,
02:51ces invectives, je ne dirais pas ces violences, ces invectives,
02:54et puis, ce côté, on a l'impression que, ça, ce qui m'a frappé,
02:58c'est que depuis, avant-hier, depuis les désistements de l'entre-deux-tours,
03:01on entend, oui, je sais, ça ne fait pas plaisir,
03:04je n'ai aucune envie de voter pour tel, mais il faut faire barrage, ah.
03:08Et puis, non, oui, oui, je sais, je suis macroniste, mais j'ai voté pour un communiste,
03:13oui, mais c'est comme ça, il faut choisir, etc.
03:15Cette espèce, qu'on entend de Gabriel Attal à DSK, en passant par Edouard Philippe,
03:20cette espèce de chant, je dirais, de chant presque lugubre,
03:26mais vous comprenez, on ne peut pas faire autrement.
03:28Qu'est-ce que ça vous inspire, Henri Guaino ?
03:30Alors, d'abord, ce n'est pas nouveau, c'est-à-dire que ces tractations,
03:36manœuvres d'entre-deux-tours, pour les législatives,
03:40sont un grand classique du scrutin uninominal à deux-tours.
03:46Simplement, il y a des périodes ou des circonstances
03:49où elles sont moins supportables que d'autres.
03:55Et je pense que c'est le cas, c'est-à-dire que
03:59il se passe quand même quelque chose d'extraordinaire aujourd'hui,
04:02les partis se parlent entre eux, les politiciens se parlent entre eux,
04:08ils font leurs affaires, leurs manœuvres, leurs calculs,
04:10leurs tabouilles, oui, voilà.
04:12Et personne ne parle des Français, personne ne se demande
04:18ce que nous disent les résultats des européennes
04:24et du premier tour des législatives sur l'état de notre société,
04:29sur à la fois l'état d'esprit, mais aussi la situation morale, matérielle du pays.
04:37C'est ça qui est le plus inquiétant finalement,
04:42parce que les gens ont voté pour,
04:46quel que soit d'ailleurs leur vote,
04:48enfin beaucoup de gens ont voté pour dire
04:51on n'en peut plus, ça ne peut pas continuer comme ça.
04:53Alors ils ont voté soit pour l'ORN, soit pour les LRRN,
04:56soit pour l'extrême-gauche,
04:59mais il y a dans tout ça quand même le cri d'une bonne partie des Français
05:05adressé à ceux qui dirigent,
05:09adressé à ce que le général De Gaulle appelait le système,
05:12qui est un cri qui veut dire
05:19mais nous sommes là, nous voulons vivre.
05:23Et vous ne répondez pas à nos attentes.
05:26Vous ne répondez pas, c'est un cri qui appelle à une réponse, répondez.
05:32Et au lieu de répondre,
05:35on assiste aux habituelles manœuvres de la politique, encore une fois.
05:42Elles ne sont pas anormales,
05:44elles font partie de ce qui est le jeu de la démocratie,
05:47mais là, en occultant tout le reste,
05:50elles posent quand même un vrai problème.
05:53Alors il y a un deuxième problème,
05:55c'est qu'en ayant fait la dissolution dans les circonstances,
05:58en ayant prononcé la dissolution dans les circonstances
06:00où elle a été prononcée,
06:02elle crée une situation qui est très problématique,
06:06parce que 20 jours pour organiser les élections,
06:10donc ça veut dire une semaine déjà pour désigner les candidats,
06:13à la va-vite, on prend ce qu'on trouve,
06:16je ne suis pas sûr que la qualité de la prochaine assemblée
06:19sera la meilleure qui soit,
06:21parce qu'on prend les candidats qu'on a sous la main,
06:23chacun improvise,
06:25ça prend une semaine,
06:27et ensuite il y a 15 jours de campagne,
06:30donc une semaine pour le premier tour,
06:32une semaine pour le second tour,
06:34dans un tel laps de temps,
06:36on ne peut pas discuter réellement
06:38des visions des uns et des autres,
06:40des projets des uns et des autres,
06:42voilà, donc on ne fait que de la politique partisane,
06:46on pourrait dire politicienne,
06:48et ce dont précisément les Français ne veulent plus,
06:52et dont ils viennent d'exprimer en rejet très profond.
06:55Mais deux choses Henri Henault, d'abord,
06:57vous disiez, c'est comme d'habitude, c'est vrai,
06:59mais il y a quand même une différence, en tout cas depuis déjà quelques temps,
07:02c'est que, comme vous le savez,
07:04depuis le quinquennat,
07:06les élections législatives suivaient les présidentielles,
07:09on avait tendance, effectivement, en choisissant tel ou tel président,
07:12de choisir une chambre qui lui permettrait d'agir et de gouverner.
07:16Là, pour la première fois,
07:18en tout cas depuis quelques temps,
07:20ce sont des élections totalement décorrélées,
07:24décorrélées de l'élection présidentielle.
07:26Est-ce que, justement, compte tenu de ce que vous venez de dire,
07:29de ce qu'on voit, du ras-le-bol des Français,
07:32de se dire, mais qui nous parle, qu'est-ce qu'on fait,
07:35on ne sait plus où on habite, on ne sait plus les repères,
07:37est-ce que ça ne donne pas, justement,
07:39ce côté encore plus clivant,
07:41et encore plus, je ne dirais pas violent,
07:43mais encore plus aigu de ces élections ?
07:46Mais si, elle se situe dans un contexte
07:50de polarisation, de radicalisation,
07:53d'où des discours, des comportements, des attitudes,
07:56des attentes, encore une fois, des Français.
08:00C'est-à-dire que, pour comprendre ce qui se passe,
08:03il ne faut pas regarder simplement le système politique,
08:05la vie politique, il faut regarder la société.
08:08Or, la société, elle est totalement occultée.
08:12Et il se passe autre chose,
08:15qu'on minore, à mon avis, beaucoup,
08:17c'est que l'élection présidentielle de 2017
08:21a été un rendez-vous démocratique tronqué,
08:24biaisé, raté.
08:26Raté pour un tas de raisons qu'on connaît bien.
08:29L'épisode Fillon, etc.
08:32L'épisode Fillon, les résultats,
08:35les conséquences des primaires,
08:39des deux côtés...
08:42On ne peut pas dire qu'elles aient débouché,
08:48ces campagnes présidentielles,
08:50sur des débats minimum de sérénité, de clarté.
08:56Donc les choix ont été en partie très contraints.
09:00Premier rendez-vous raté, deuxième rendez-vous raté,
09:022022, où le président de la République ne fait pas vraiment campagne,
09:08où on joue sur le clivage, sur le rejet,
09:11la peur de Marine Le Pen, etc.
09:15Finalement, à la fin de l'élection,
09:19on se fait sans choix politique réel.
09:24Une partie des Français qui ont élu le président de la République
09:28ne voulait absolument pas.
09:30Au second tour, on se fait toujours un peu violence
09:33pour dégager une majorité.
09:35Mais là, c'était une violence beaucoup plus forte que d'habitude.
09:38Il y a ceux qui ne voulaient pas de Mme Le Pen,
09:41mais qui ne voulaient pas non plus du tout du président de la République.
09:46Donc une partie des Français s'est sentie piégée.
09:49Ça a donné quand même, troisième rendez-vous problématique,
09:53les législatives d'après présidentielle,
09:56qui n'ont pas dégagé de majorité absolue.
09:59Ce qui est la première fois depuis l'instauration du quinquennat.
10:03Et là, dans le contexte, juste après les Européennes,
10:08en 20 jours, coincés entre eux, les Européennes, le 14 juillet,
10:13les Jeux Olympiques, etc.
10:15Dans un climat qui n'est franchement pas bon,
10:19qui s'est beaucoup détérioré depuis quelques années.
10:22Il n'était déjà pas bon avant, mais là, il s'est beaucoup détérioré.
10:25On va, même s'il y a une forte participation,
10:29vers un troisième rendez-vous manqué, démocratique.
10:35C'est-à-dire qu'il n'y a pas de vrai débat.
10:39Est-ce que le rendez-vous démocratique ne sera-t-il pas intéressant ?
10:43Parce qu'après tout, revenons basiquement à Riello.
10:47C'est des gens qui vont aller voter.
10:49Après, s'ils ne vont pas voter, tant pis pour eux.
10:53La démocratie suppose le vote un peu éclairé.
10:57C'est-à-dire, pendant un temps, on débat, on discute.
11:01Alors, il y a des passions qui ne sont pas absentes.
11:03Et puis, on fait un choix.
11:05Là, c'est un choix qui intervient sans véritable débat.
11:11C'est un choix qui est ancré, enraciné, dans les passions les plus violentes.
11:20Les passions, elles existent.
11:22Évidemment, ça donnera un résultat qu'il faudra bien respecter,
11:26mais on y reviendra sans doute dans l'émission.
11:29Mais la légitimité du pouvoir qui sortira des urnes
11:35ne sera pas la même qu'après un débat serein,
11:39en tout cas, un débat qui prend son temps.
11:41Un vrai débat.
11:42Un vrai débat démocratique.
11:44On va en parler tout de suite après une petite pause.
11:47Nous sommes avec Henri Guaino, nous en parlons.
11:50On se retrouve tout de suite.
11:52L'état de la France, ou la France dans tous ses états.
11:55Sud Radio Bercov, dans tous ses états, midi 14h.
11:59André Bercov.
12:01Ici Sud Radio.
12:04Les Français parlent au français.
12:09Je n'aime pas la blanquette de veau.
12:12Je n'aime pas la blanquette de veau.
12:15Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
12:18Et nous sommes toujours avec Henri Guaino
12:20pour décrypter effectivement les lieux, le paysage, le tableau,
12:25le tableau dans son entièreté.
12:27Vous parliez justement du débat de la légitimité d'un débat serein
12:31et le moins que l'on puisse dire, évidemment,
12:33c'est qu'on n'a pas eu le temps de la voir,
12:34si tenté qu'on pouvait la voir.
12:36Mais c'est vrai que, par exemple, c'est assez étonnant,
12:38on parle à peine d'économie,
12:40on parle à peine d'Europe,
12:42Ursula von der Leyen et ses sbires.
12:45On ne parle de rien.
12:46On ne parle de rien en réalité.
12:48Quand on parle d'économie, on fait des additions, des subtractions,
12:51de plans qui, pour les uns et les autres, ont été faits à la bavide,
12:54sur un coin de table.
12:56On ne parle de rien.
12:58En réalité, on ne parle de rien.
13:00Votre indicatif d'émission,
13:03c'est les Français parlent au français,
13:05les personnes qui parlent au français,
13:07qui parlent au français,
13:09de leur vie, de leurs problèmes,
13:11et qui est capable d'articuler réellement
13:16des solutions, des réponses,
13:18pour en sortir,
13:20parce que ça mérite une discussion.
13:26On dit, ben voilà, j'ai trois priorités, j'ai deux priorités,
13:28ben d'accord, mais...
13:32On sort quand même.
13:33Ce n'est pas quelque chose qui a commencé hier.
13:35Ça fait 40 ans que les choses se détraquent,
13:38qu'une partie de plus en plus grande de la population
13:43se trouve marginalisée.
13:45On parlait, hors micro, de la carte des résultats,
13:49que ce soit l'élection européenne ou du premier tour.
13:52L'élection européenne, c'est...
13:53Le Rassemblement National arrive en tête dans 93% des communes.
13:56Plus de 93%.
13:57Ça n'est, à ma connaissance, jamais arrivé qu'un seul parti arrive en tête.
14:01Alors, ça ne fait pas une majorité d'arriver en tête,
14:03mais c'est quand même...
14:04À votre avis, c'est la première fois qu'un parti arrive en tête comme ça ?
14:07Dans 93% des communes.
14:09Et dans tous les départements français, sauf l'Île-de-France.
14:12Sauf en Île-de-France.
14:13Mais, voilà, quand vous regardez dans le temps, vous voyez bien,
14:17vous avez les campagnes, vous avez les petites et les villes moyennes.
14:23Et puis, il faut regarder aussi dans les banlieues,
14:30dans un certain nombre de banlieues,
14:32l'autre protestation ou l'autre radicalisation.
14:37LFI, le Front Portugais...
14:39La radicalisation, elle est très forte.
14:42On me dit souvent que la France se droitise,
14:44la France, elle se radicalise.
14:46Mais, ce n'est pas la seule société.
14:47Regardez les États-Unis, regardez la Grande-Bretagne,
14:49même l'Allemagne.
14:51C'est quelque chose qui monte dans toutes les sociétés occidentales
14:54qui sont fracturées, qui ont subi les contre-coups.
14:57Alors, pour les pays européens, à la fois de la façon dont on construit l'Europe,
15:02de la mondialisation où on a mis en contact des économies
15:08qui avaient des niveaux de développement, de protection sociale, etc.
15:11très différents.
15:12Et c'est vrai aussi pour les États-Unis.
15:14Encore une fois, le petit blanc Trumpiste,
15:16ce n'est pas une invention de Trump.
15:18Trump, c'est une conséquence.
15:20C'est l'Amérique périphérique.
15:22C'est ce que les élites méprisantes et condescendantes
15:25appellent le petit blanc.
15:26Mais c'est la révolte de ce petit blanc qui ne peut pas être méprisé,
15:30qui ne veut pas être méprisé,
15:32de l'autre côté de l'Atlantique comme de celui-ci.
15:36Et ce qui me frappe dans ce qui se passe en ce moment,
15:39c'est qu'au lieu d'essayer de se remettre en cause,
15:44parce que tout le monde a finalement sa part de responsabilité depuis très longtemps,
15:47au lieu de se remettre en cause,
15:49tout le monde cherche à instrumentaliser cette radicalisation,
15:54cette polarisation de la société.
15:56Et ça devient quand même très inquiétant,
15:59parce que si vous attisez en plus les braises,
16:02vous allez finir par mettre le feu.
16:04Est-ce qu'à votre avis, Ariello,
16:06là, la psuisse est intéressante,
16:09est-ce que Macron a attisé les braises ?
16:11Est-ce que Macron a mis de lui sur le feu ?
16:13Avec cette dissolution ?
16:15Avec la dissolution, oui, on a attisé,
16:17mais la dissolution dans ce contexte-là
16:20est un accélérateur ou un amplificateur d'opposition et de radicalité.
16:26Mais encore une fois, il n'est pas tout seul,
16:28puisque tout le monde s'y met.
16:30Tout le monde s'y met,
16:32et sans se poser la question de savoir où on va,
16:35où on va comme ça, si tout le monde y va.
16:37On ne sait pas où on va, mais on y va.
16:39Il y a quand même de quoi être très inquiet sur la suite,
16:43à la fois parce que les institutions s'affaiblissent,
16:45parce que la société, ce qui est déjà fracturé,
16:48se fracture encore plus,
16:50parce que l'agressivité et la violence montent.
16:52Je répète sans arrêt, aussi bien quand je viens chez vous qu'ailleurs,
16:56c'est une constante de l'histoire humaine,
16:59parce que la nature humaine, elle ne change pas.
17:02C'est que les sociétés trop divisées finissent toujours
17:04par essayer de rétablir leur unité par la violence.
17:07Donc si on accentue les divisions et les fractures,
17:11on se rapproche encore plus de cette violence
17:14qui un jour finit toujours par sortir du ventre des hommes,
17:16mais quand elle sort, celle-là,
17:18elle dévore tout sur son passage.
17:20Et qui ne voit à quel point, depuis des décennies,
17:23et de plus en plus, la violence monte dans nos sociétés,
17:27et dans la nôtre en particulier.
17:29Donc instrumentaliser ces clivages
17:32est extraordinairement dangereux
17:35pour notre avenir commun.
17:37Mais alors justement,
17:39rentrons dans le vif du sujet.
17:41Ça nous renvoie à l'art de gouverner,
17:44on avait dit le Nouveau Monde,
17:46on est dans le plus vieux monde,
17:48notamment dans le plus vieux monde politique possible.
17:51Diviser pour régner, ça marche un peu,
17:54mais ça finit toujours très mal,
17:56c'est la plus vieille façon, et la pire, de gouverner.
17:59Je ne veux pas en faire l'histoire des dernières années,
18:01mais quand même, regardez,
18:03parce qu'il y a une bombe identitaire,
18:06une bombe migratoire,
18:09il y a aussi une bombe sociale,
18:13qui est en train de nous sauter à la figure.
18:15Un pouvoir d'achat, d'aide, etc.
18:17Je pense que, ça me rappelle la dissolution de 97.
18:21La dissolution de 97,
18:23parce que le pouvoir de l'époque pensait...
18:26Quand Chirac avait dit ça, il avait la majorité.
18:29Ils pensaient qu'ils allaient gagner, qu'il y aurait plus de sièges,
18:32je m'en souviens très bien.
18:34Et en fait, dans la population,
18:36il y avait la rancœur des réformes Juppé de 95,
18:40qui venaient quand même après une campagne
18:42auxquelles moi j'avais beaucoup contribué,
18:44c'était la campagne de Chirac sur la fracture sociale.
18:46Au lieu de zoomer ses gains,
18:48il y a les réformes de 95,
18:50qui mettent des millions de gens dans la rue,
18:52dans le pays, jusqu'à ce que Chirac sonne la fin de la récréation.
18:55Mais il y avait une rancœur,
18:57chez les gens,
18:59qui n'était pas éteinte.
19:01Et qui voulait, d'ailleurs,
19:03comme aujourd'hui beaucoup de gens ont une rancœur
19:05vis-à-vis du président de la République,
19:07une rancœur vis-à-vis d'Alain Juppé et du Premier ministre,
19:09ça s'est retrouvé dans les...
19:11La gauche s'est unie en quelques jours,
19:13alors que tout le monde pensait qu'elle ne s'unirait pas,
19:15comme aujourd'hui,
19:17et ça s'est traduit par un naufrage de la majorité en place.
19:20Par exemple, la réforme des retraites,
19:22elle n'est pas oubliée.
19:24Ce n'est pas parce que les gens ne manifestent plus,
19:26elle est intériorisée, cette fracture.
19:29Même chez certains, les gilets jaunes ne sont pas oubliés.
19:31Mais non, parce que cette histoire-là,
19:33c'est la version électorale
19:35de grande ampleur
19:37des gilets jaunes.
19:39C'est un mouvement de gilets jaunes électoral.
19:41Alors les gens ne vont pas sur les ronds-points,
19:43ils ne cassent pas les...
19:45On verra ce que les gens cassent après.
19:47Pour l'instant, mais c'est ça,
19:50parce qu'au début, les gilets jaunes,
19:52je laisse de côté la fin du mouvement,
19:54mais au début, c'est quoi ?
19:56Ce sont des gens qui n'ont pratiquement jamais
19:58manifesté de leur vie,
20:00qui se sentent méprisés, oubliés, écartés,
20:02dont on ne s'occupe pas,
20:04et qui disent, on est là, on existe,
20:06et qui à un moment donné disent,
20:08nous, on ne respecte plus les règles
20:10parce que vous ne nous respectez pas.
20:12Mais Henri, je voudrais vous interroger,
20:14on va parler Rassemble Nationale,
20:16et on va parler effectivement la gauche,
20:18que ce soit ce qu'on peut penser.
20:20Le Rassemble National, aujourd'hui,
20:22c'est, attention, tous,
20:24sauf le Rassemble National,
20:26pas une voix pour le Rassemble National,
20:28bon, il y a eu 10 à 11 millions de Français
20:30qui ont voté pour ce Rassemble National,
20:32est-ce que ce sont tous des fascistes,
20:34des nazis, ou des FNSS ?
20:36Franchement, la question
20:38pourrait se poser, et surtout,
20:40franchement, pour le moment,
20:42il y a une chose que je n'ai pas compris,
20:44qu'on pourrait dire avant,
20:46c'est que le Rassemble National est un parti
20:48pas républicain, et à ce moment-là,
20:50il faut l'interdire, enfin, je veux dire,
20:52c'est un peu tard pour le dire aujourd'hui,
20:54ou alors,
20:56ils jouent le jeu démocratique,
20:58et vous devez aussi le jouer, non ?
21:00C'est ça que je ne comprends pas.
21:02Oui, d'ailleurs, cette question s'est souvent posée,
21:04un parti qui veut renverser le régime,
21:06la République, la démocratie, on l'interdit.
21:08Bon, alors après,
21:10quand ils commencent à faire 25 à 30% des voix,
21:12ça devient très compliqué.
21:14Je me souviens qu'il n'y a pas si longtemps,
21:16le premier ministre disait que l'arc républicain,
21:18c'est tous les partis représentés à l'Assemblée.
21:20Sinon, il faut faire la même chose pour LFI.
21:22Bon, ces partis
21:24se sont développés,
21:26ils ont acquis des électeurs,
21:28des groupes parlementaires.
21:30Alors là, ils sont là,
21:32et d'ailleurs,
21:34ils font partie de la vie de la République.
21:38Moi, je peux comprendre
21:40qu'on n'aime pas le Rassemblement National,
21:42que c'était les filles...
21:44Vous remarquez quand même que
21:46on ne s'y oppose pas
21:48aux uns et aux autres
21:50sur le fondement
21:52de mesures ou de projets
21:54qu'on veut écarter.
21:56C'est sur une image
21:58qu'on les rejette.
22:00Sur une émotion.
22:02On peut avoir plein d'émotions,
22:04tout ça est légitime,
22:06mais c'est frappant,
22:08et l'argument...
22:10Je comprends qu'on puisse ne pas avoir envie
22:12de voter pour le Rassemblement National,
22:14ou même faire des alliances contre,
22:16pourquoi pas des barrages s'ils veulent,
22:18mais l'argument du fascisme
22:20et du nazisme...
22:22Aujourd'hui, il n'y a sur la scène politique...
22:24Bien sûr, dans les candidats,
22:26vous trouverez toujours des brebis à la chambre.
22:28Mais sur la scène politique française,
22:30il y a des gens qu'on peut détester,
22:32il n'y a pas d'Hitler,
22:34il n'y a pas de Mussolini,
22:36il n'y a pas de Franco,
22:38il n'y a pas non plus de Staline...
22:44Il y a, en revanche,
22:46une société
22:48qui est aussi profondément en crise
22:50que l'étaient les sociétés européennes
22:52dans les années 30.
22:54C'est ça, la vérité.
22:56Le danger, il est là.
22:58Encore une fois,
23:00on peut détester Mme Le Pen,
23:02après tout, chacun a le droit de détester
23:04qui il veut,
23:06mais la comparer à Hitler,
23:08c'est absurde.
23:10Ce type d'argument
23:12ne fait qu'accroître
23:14la tension
23:16parce que
23:18une bonne partie d'électeurs
23:20le prennent pour eux.
23:2212 millions de FNSS...
23:24Et puis surtout,
23:26c'est toujours l'histoire
23:28du camp du bien et du camp du mal.
23:30C'est dramatique
23:32dans la politique internationale,
23:34c'est dramatique dans la politique...
23:36Le problème, c'est que
23:38le camp du bien,
23:40il peut tout se permettre, s'il est le bien.
23:42Le bien peut tout se permettre.
23:44C'est là que commence le problème.
23:46Même des saloperies,
23:48ou des fautes graves.
23:50Sans parler de saloperies...
23:52On se retrouve tout de suite
23:54après une petite pause
23:56avec Henri Guaino,
23:58et c'est passionnant, on essaye
24:00de creuser ce qui se passe,
24:02c'est très préoccupant.
24:04Avec Henri Guaino et avec vous,
24:06vous nous appelez pour réagir
24:08et poser toutes vos questions.
24:33Et je ne suis pas le seul,
24:35nous sommes évidemment toujours et plus jamais
24:37avec Henri Guaino, et nous essayons d'analyser
24:39ce qui se passe, non seulement à propos
24:41des élections, mais dans cette société française.
24:43Parce qu'on a tendance à...
24:45Il faut toujours rappeler cette phrase de Cocteau,
24:47il est temps que les miroirs réfléchissent.
24:49Et si on a un miroir qui réfléchit en ce moment,
24:51c'est bien celui-là.
24:53Justement, Henri Guaino,
24:55est-ce qu'on n'est pas
24:57dans quelque chose où
24:59on est frappé de voir
25:01deux choses, on en parlait hors antenne,
25:03d'abord,
25:05l'extraordinaire, ce n'est plus
25:07la multipolarité,
25:09ce n'est plus l'eclectisme, ce n'est plus le communisme,
25:11c'est le n'importe quoi, je ne sais pas
25:13comment on peut l'appeler, avec des gens
25:15qui, en fait, sont d'accord
25:17sur pratiquement rien, mais qui se disent
25:19étant donné la situation,
25:21il faut...
25:23Je vais voter, ou votez-vous
25:25français en vous bouchant le nez.
25:27Parce que c'est vraiment ça, l'image
25:29qu'un certain nombre de classiques
25:31nous conseillent.
25:33Comment réagissent les gens ?
25:35Comment réagissent le citoyen ?
25:37D'abord, je pense que
25:39la plupart des français se moquent
25:41des consignes électorales,
25:43ça fait bien longtemps.
25:45Ça a marché un peu quand
25:47la France avait un paysage politique
25:49très structuré, avec des affiliations anciennes,
25:51souvent familiales.
25:53Mais,
25:55là, c'est terminé depuis
25:57longtemps.
25:59Le désistement
26:01est un acte politique.
26:03Il réduit le choix, très bien.
26:05Mais après, le vote, c'est un acte personnel
26:07et les français, je crois, n'ont plus du tout
26:09envie de se laisser dicter
26:11quoi que ce soit
26:13par la classe politique,
26:15même par les gens pour lesquels ils votent.
26:17D'abord,
26:19ils n'ont plus confiance, ils se sentent
26:21assez grands pour exprimer eux-mêmes leurs idées.
26:23Je ne suis pas convaincu
26:25que
26:27les consignes de vote vont
26:29changer grand chose. Sans doute,
26:31les désistements, un peu,
26:33puisque le choix va être plus réduit,
26:35mais les consignes de vote...
26:37Quoi qu'il arrive,
26:39de toute façon, le système électoral
26:41étant ce qu'il est, les français
26:43vont décider et il y aura
26:45un résultat. La question est de savoir
26:47si ce résultat, au fond, ne sera
26:49pas problématique, quel qu'il soit.
26:51Quel qu'il soit.
26:53Vous voulez dire pas de majorité absolue ?
26:55Qui ait une majorité absolue,
26:57qui ait pas de majorité absolue.
26:59Au fond, ça va être très compliqué
27:01pour une raison très simple
27:03qui est que
27:05si nous en sommes arrivés là, c'est parce que
27:07depuis une bonne quarantaine d'années,
27:09on a cessé de resserrer
27:11le carcan dans lequel
27:13on a enfermé nos politiques publiques
27:15et qui a mené à
27:17des politiques qui finissent par se ressembler,
27:19en tout cas qui sont ressentis comme
27:21assez semblables, quel que soit le résultat
27:23des élections. Alors, il y a eu des moments...
27:25C'est sûr qu'en
27:272008-2009, ça a été différent
27:29parce qu'il y avait la crise financière
27:31et qu'à un moment donné, on a ouvert le carcan.
27:33C'est quand même ouvert par la force des choses.
27:35Mais sinon, si on regarde
27:37dans la durée,
27:39si on ne peut pas changer
27:41quoi que ce soit...
27:43Il y a les gens qui veulent changer tout, tout casser.
27:45Il y a les gens qui veulent changer la marche.
27:47Quand vous dites qu'on ne peut pas changer quoi que ce soit, c'est l'Europe.
27:49C'est l'Europe. C'est tout un système.
27:51C'est l'Europe, la mondialisation,
27:53les traités de libre-échange,
27:55les juridictions, la hiérarchie des normes,
27:57etc. Donc, si on ne peut
27:59rien changer... Après, il peut encore
28:01y avoir des versions radicales
28:03ou des versions moins radicales, mais
28:05peut-être plus raisonnables.
28:07Si on ne veut absolument rien changer,
28:09on va faire exactement
28:11la même chose, ou presque,
28:13que ce qu'ont fait les prédécesseurs.
28:15Et donc, personne ne va
28:17répondre aux attentes fortes
28:19de ceux qui ont exprimé
28:21ces attentes très fortes.
28:23Et ils étaient 70% aux élections.
28:25Oui, ils sont allés
28:27beaucoup voter.
28:29Je pense que ça dépasse même
28:31les votes les plus radicaux.
28:33Cette attente est
28:35très fortement majoritaire
28:37dans le pays.
28:39Donc, si on
28:41ne change rien, qu'est-ce qu'il va se passer ?
28:43Il va se passer que
28:45ceux qui vont arriver au pouvoir
28:47vont perdre leur base sociale, leur base
28:49populaire, leur classe moyenne
28:51inférieure, même les classes moyennes. Moyenne parce
28:53qu'on n'aura pas répondu à leurs attentes.
28:55La question est de savoir où vont aller
28:57ces classes populaires et ces classes moyennes
28:59si on ne répond pas à leurs attentes
29:01parce qu'on ne peut pas changer de cadre.
29:03Et on ne le peut pas dans les circonstances actuelles.
29:05C'est ça le piège terrible
29:07de cette dissolution.
29:09C'est le piège terrible.
29:11Qu'iront-elles ? Moi, ma conviction
29:13c'est qu'elles n'iront pas vers plus modérés.
29:15Elles iront vers bien
29:17plus radicalisés.
29:19Nous ne connaissons encore ni la
29:21forme de cette radicalisation, ni son
29:23visage, mais je le répète
29:25partout et tout le temps, il n'est
29:27pas sûr que le visage de cette
29:29radicalisation soit très rassurant.
29:31Mais Arrighello, je ne sais pas
29:33qu'elle sera comme vous, on ne sait pas ce qu'elle
29:35aura ce visage radicalisé.
29:37Ça c'est pour après. L'inquiétude elle est pour
29:39après. Nous sommes d'accord, mais il n'empêche
29:41qu'aujourd'hui, quand on voit les
29:43tractations, les désistements, pardon,
29:45je répète, je dis ça, moi je suis
29:47à titre tout à fait
29:49personnel, je trouve que le désistement
29:51très bien, mais
29:53donner aux français, demander aux français
29:55même s'ils suivent ou n'y suivent pas, mais je
29:57trouve ça presque une obscénité.
29:59Mais en quoi vous considérez les français
30:01comme un petit troupeau de playmobiles
30:03lobotomisés qui ne savent pas ce qu'ils veulent ?
30:05On leur dit oui, attention, pas une voix
30:07je sais que ce n'est pas nouveau.
30:09Enfin, il faut arrêter ça.
30:11Il faut arrêter.
30:13Si ça marche, ils vous diront qu'il ne faut
30:15pas arrêter, mais je ne suis pas sûr que ça va marcher.
30:17Je pense que c'est contre-productif.
30:19Après, chacun peut avoir le jugement.
30:21Moi, j'essaie
30:23d'éviter
30:25de prendre partie dans cette campagne.
30:27Mes idées, je voterai comme je veux.
30:29Vous ne prenez pas partie.
30:31C'est pas ça, j'ai pris
30:33mon parti intérieur, mais je voudrais essayer
30:35d'apporter une parole
30:37qui soit au-delà
30:39de l'affrontement de la campagne.
30:41Je vous interromps parce que
30:43Orantin m'a dit une chose, quid des gens
30:45qui auront l'impression que l'on aura ?
30:47C'est d'autres problèmes, ce n'est pas
30:49le problème des consignes de vote.
30:51Si les français les suivent, ils les suivent.
30:53Moi, je ne suivrai pas, mais je pense que la plupart
30:55ne les suivront pas.
30:57Il y a des obscénités en politique,
30:59il y en a toujours eu.
31:01Au fond, ce n'est pas le vrai sujet.
31:03Le vrai sujet, il est
31:05dans le fait de savoir si la politique
31:07qui sera menée, qu'elle soit
31:09après les élections, en fonction
31:11des choix des français, pourra répondre
31:13aux attentes, alors qu'on
31:15ne pourra pas
31:17bouger le cadre.
31:19Pour l'instant, en tout cas, et dans les circonstances
31:21actuelles. J'espère qu'un jour, on va pouvoir y arriver.
31:23Mais cette dissolution n'offre pas
31:25à mon sens, cette opportunité.
31:27Et la deuxième, c'est ce qui va se
31:29passer après le 8.
31:31C'est-à-dire que
31:33si des combinaisons
31:35parlementaires
31:37font que
31:39il ressort
31:41de l'Assemblée,
31:43ce qui est la tentation d'un certain nombre de gens,
31:45une coalition
31:47qui ne correspond pas,
31:49qui est en décalage par rapport
31:51au résultat de l'élection,
31:53c'est-à-dire au fait
31:55de savoir qui a gagné, qui est sorti
31:57vainqueur de l'élection,
31:59si c'est avec une majorité relative
32:01pas considérable.
32:03Et si les Français ont
32:05le sentiment que par ces combinaisons
32:07parlementaires, on leur a volé
32:09l'élection, en tout cas si une partie de ces Français
32:11...
32:13On va vers des moments très difficiles
32:15parce que
32:17ces Français-là ne
32:19leur pardonneront pas
32:21et ne reconnaîtront pas la légitimité.
32:23On va se retrouver dans des situations peut-être pires
32:25que ces situations américaines
32:27où une partie des gens
32:29ont du mal à reconnaître
32:31la légitimité
32:33des élections. Je pense que
32:35pour moi, c'est une faute à éviter.
32:37Là, il y a deux fautes à éviter.
32:39Un, pour ce qui est
32:41d'une certaine partie,
32:43de trop taper sur les institutions
32:45parce que quand il n'y a plus les institutions,
32:47si celle de la Ve République s'effondre,
32:49il ne restera plus de cadre pour maintenir
32:51cette société qui est en train de partir
32:53envoyée. Et d'autre part,
32:55éviter la faute
32:57qui consisterait à essayer de détourner
32:59de manière de notre, même si c'est parfaitement légal,
33:01de détourner
33:03le sens de cette élection.
33:05Oui, mais il faudra bien un gouvernement,
33:07il faudra bien une union, il faudra bien une mobilisation.
33:09Henri Guaino, je crois que nous avons des...
33:11On aura Laurence qui nous appelle
33:13juste après cette petite pause. Restez bien avec nous.
33:150826-300-300. On est avec
33:17Henri Guaino jusqu'à 14h. A tout de suite.
33:25André Bercoff.
33:27Ici Sud Radio.
33:31Les français parlent
33:33aux français.
33:35Je n'aime pas la blanquette
33:37de veau. Je n'aime pas
33:39la blanquette de veau.
33:41Sud Radio Bercoff dans tous ses états.
33:4313h46 sur Sud Radio,
33:45toujours avec Henri Guaino. On parle de ces élections
33:47législatives et puis nous avons Laurence
33:49qui nous appelle depuis la Normandie.
33:51Bonjour Laurence. Bonjour Laurence.
33:53Bonjour. Bonjour M. Bercoff.
33:55Bonjour M. Guaino.
33:57Moi je suis une ancienne RPR.
33:59Ah bravo.
34:01Je n'ai pas voté depuis
34:03très longtemps. Et là
34:05je vais vous dire, quand j'ai vu M. Ciotti
34:07qui s'était allié,
34:09là je suis allée voter. J'ai voté pour un député
34:11LRRN
34:13parce que j'ai pas
34:15envie que les RPR
34:17disparaissent. Et
34:19quand je vois ce qui se passe cette semaine
34:21entre LSI,
34:23les écologistes et
34:25Macroni, est-ce que vous ne pensez pas
34:27que M. Ciotti a quand même fait un choix ?
34:29Un bon choix et un choix courageux.
34:31Il a fait un choix.
34:33Il a fait un choix.
34:35Moi je ne partage pas ce choix
34:37sur la méthode mais je suis
34:39plus LR donc je regarde ça
34:41de l'extérieur. Je ne suis plus parce que
34:43ce
34:45parti hélas
34:47n'a plus rien à dire
34:49aux gens et est écartelé
34:51entre la tendance qui veut aller chez Macron,
34:53la tendance qui veut aller au RN.
34:55Et je pense aussi que quand on est
34:57devenu petit et qu'on s'allie
34:59à très gros, on disparaît.
35:01On est avalé par le très gros.
35:03Mais ça c'est mon choix
35:05personnel. Après
35:07je ne veux pas donner des bons points ou des
35:09mauvais points aux uns
35:11et aux autres.
35:13Mais sur le fond ?
35:15Non mais sur le fond moi je rêve
35:17de reconstruire le RPR.
35:19Qu'est-ce qui s'est passé ?
35:21Quand on a fait l'UMP,
35:23toute la base populaire
35:25du RPR elle est
35:27partie. Cet espace politique
35:29a été occupé progressivement par le
35:31Rassemblement National qui avait d'abord, il faut s'en rappeler,
35:33qui avait d'abord pris la base populaire
35:35quand c'était le Front National du Parti
35:37Communiste.
35:39Les premiers à partir.
35:41Les premiers à partir
35:43c'était les électeurs
35:45du Parti Communiste.
35:47Ensuite il a pris la base populaire,
35:49une partie des classes moyennes et de plus en plus
35:51il a occupé l'espace politique
35:53qu'occupait le RPR.
35:55Donc le programme
35:57en 1986 sur les migrations et l'islamisme
35:59était très clair.
36:01Il ne faut pas réduire juste l'histoire du RPR rien qu'à cette période.
36:03Non mais je le rappelle simplement.
36:05Le RPR avait
36:07une histoire, avait une culture.
36:09Ça a commencé à se
36:11gâter quand on
36:13a assisté à ce qu'on a appelé la jupéisation
36:15du RPR.
36:17Auquel Pasqua,
36:19Séguin et
36:21Mourotra et quelques autres se sont
36:23opposés
36:25sans succès hélas.
36:27Pour vous le LR c'est fini ?
36:29Sous cette forme, oui.
36:31C'est-à-dire que
36:33sous cette forme
36:35c'est devenu
36:37au mieux un mouvement libéral-conservateur
36:39mais qui n'a
36:41pas d'originalité particulière
36:43qui n'est plus ancrée.
36:45Parce qu'on a mis ensemble des gens qui au fond
36:47n'avaient pas de ciment ni idéologique ni historique.
36:49Voilà, c'est un fait.
36:51On voit bien
36:53à quel point il est écartelé entre ceux qui veulent
36:55rester totalement indépendants, ceux qui veulent aller
36:57dans la Macronie.
36:59Une partie étant déjà partie dans la Macronie
37:01depuis 2017. Ça n'a pas commencé
37:03avec Eric Ciotti.
37:05Et une autre partie vers le Rassemblement National.
37:07Moi, je pense que
37:09l'équilibre de la politique française
37:11ne peut pas se passer.
37:13Et d'un mouvement, on va dire, golobonapartiste
37:15qui s'inscrit dans une très vieille tradition
37:17et dans un imaginaire collectif.
37:19Et un parti
37:21socialiste héritier de Blum,
37:23de Jaurès et du socialisme
37:25humaniste.
37:27Qui a disparu.
37:29Avec le Front Populaire
37:31on en est quand même à déboulonner
37:33c'est Mélenchon qui a fait ça
37:35à grande surprise.
37:37On est à déboulonner la statue de Léon Blum quand même.
37:39En racontant n'importe quoi
37:41sur ce personnage
37:43qui est un personnage très respectable
37:45et très estimable de notre histoire politique
37:47pour ce qui me concerne.
37:49Je ne vais pas donner des bons points et des mauvais points.
37:51Je dis simplement que
37:53chacun votera comme il l'entend
37:55dans ces circonstances-là, avec les choix
37:57qui nous sont proposés.
37:59Après, je crois que ça ne va
38:01rien résoudre du tout
38:03dans les circonstances où nous nous trouvons.
38:05On a, je crois que nous avons...
38:07Mais vive la renaissance du RP !
38:09Chantal qui nous appelle depuis Bastia
38:11où on a appelé à faire barrage
38:13au Rassemblement National aussi, Gilles Séméoni
38:15qui a appelé. Bonjour Chantal.
38:17Oui bonjour, mais moi je vote
38:19pas dans la première circonscription, je vote
38:21dans mon village dans la deuxième.
38:23Donc nous il n'y a plus de RN.
38:25Elle s'est désistée toute seule.
38:27Donc comme ça c'est réglé.
38:29Voilà débarrassé d'un choix moral
38:31lourd de conséquences.
38:33Moi je ne me culpabilise pas.
38:35C'était ironique.
38:37Oui je sais bien, je sais bien.
38:39Mais bon...
38:41Allez Chantal, on vous écoute.
38:43Écoutez, vous parlez du RPR.
38:45Moi je...
38:47Je demande à tous vos auditeurs d'écouter
38:49le discours de Chirac en 79
38:51où il était contre l'Union Européenne.
38:53Quand il y avait
38:55un vrai programme
38:57et ce qui n'est même pas
38:59à Maastricht, d'écouter
39:01Philippe Sauguin en 92
39:03à l'Assemblée Nationale, qui est quand même
39:05un discours mais exceptionnel.
39:07Nous sommes d'accord, oui.
39:09Tous ces gens-là, nous ne les avons plus
39:11à droite.
39:13Là les partis qui se présentent, ils sont tous
39:15européistes.
39:17Donc tous ceux qui peuvent proposer
39:19de la droite, de la gauche
39:21de toute façon avec l'Union Européenne
39:23ils n'arriveront à rien.
39:25Et l'État de la France, elle est comme ça.
39:27Nos politiques, quand on voit
39:29que les filles se désistent
39:31face à Madame Borne
39:3323-49-3
39:35devant Darmanin
39:37que Monsieur Mélenchon
39:39se gargantillerait sur tous
39:41les médias en parlant de violences
39:43policières, entre guillemets,
39:45des gilets jaunes, de la réforme des retraites.
39:47Ces gens-là ne valent rien.
39:49Alors j'espère que tous les auditeurs
39:51voteront pour la France.
39:53Voteront
39:55en leur amie conscience
39:57parce que là, on a
39:59touché le fond.
40:01Je diverge avec vous
40:03sur un point, c'est que nous n'avons pas
40:05encore touché le fond.
40:07Il est optimiste.
40:09C'est que là, c'est une société
40:11qui est en train de se défaire
40:13comme la plupart des sociétés occidentales d'ailleurs
40:15et la nôtre en particulier.
40:17Donc on n'a pas touché le fond, on est en train
40:19d'affaiblir les institutions
40:21tout le monde est en train
40:23d'instrumentaliser
40:25les radicalisations, les oppositions,
40:27les violences.
40:29Vous parliez
40:31je m'arrête moins
40:33sur les histoires d'existement
40:35et même sur les discours des uns et des autres
40:37qui n'ont aucune importance.
40:39En revanche, ce que vous disiez
40:41sur l'Europe, il n'y a pas que l'Europe.
40:43Quand on parle de l'Europe,
40:45de la mondialisation, etc.
40:47Ce qu'on a fait de la mondialisation,
40:49un pays qui ne maîtrise plus ses frontières
40:51est un pays qui n'est plus
40:53une nation.
40:55La question est de savoir comment on fait
40:57sans vouloir absolument tout casser
40:59parce que ça serait
41:01absurde, mais comment on fait pour retrouver
41:03des marges de manœuvre qui nous
41:05permettent de choisir à la fois
41:07notre modèle de société,
41:09notre type de démocratie,
41:11notre façon de vivre.
41:13Voilà, pour ça
41:15on a besoin de la politique et on a besoin que la politique
41:17retrouve les leviers
41:19qui lui permettent de gouverner.
41:21Oui, mais c'est pour ça que
41:23ça ne peut pas sortir
41:25de ce contexte d'aujourd'hui.
41:27Donc chacun va voter en fonction de l'idée
41:29qu'il se fait de l'intérêt du
41:31pays, mais les circonstances
41:33actuelles ne nous permettent
41:35pas d'espérer que
41:37des résultats de cette élection
41:39et de ce qui va se passer juste après...
41:41Il est minuit, docteur Guénaud.
41:43Oui, il est minuit, mais je ne suis pas
41:45le maître des horloges.
41:47Le maître des horloges se trouve
41:49à l'horizon.
41:51Justement, le maître des horloges nous dit qu'on n'a plus
41:53trop de temps. Alors on a un accueil manuel
41:55rapidement de Sénémar. Bonjour Manuel.
41:57Bonjour Manuel.
41:59Déjà, première chose,
42:01merci de me laisser passer à l'antenne.
42:03Je voulais dire à votre interlocuteur
42:05que je ne pouvais pas le voir
42:07à l'époque où il était avec Sarkozy.
42:09Il n'empêche qu'aujourd'hui son discours
42:11il est frappé
42:13au coin du bon sens.
42:15Bref, pourquoi j'appelle aujourd'hui ?
42:17J'ai voté
42:19au présidentiel pour
42:21LFI et ensuite j'ai voté pour le
42:23RN. Tout sauf Macron.
42:25J'ai voté aux législatives
42:27pour le RN car je voulais
42:29un député RN.
42:31Lorsqu'ils ont
42:33voté toutes les lois
42:35macronistes
42:37ou européistes,
42:39j'ai même écrit à mon député qui
42:41sincèrement se sont
42:43débinés face à
42:45les lois à la con.
42:47Aujourd'hui,
42:49j'entends que
42:51les LFI vont faire
42:53voter pour Macron.
42:55Le RN, c'est tous des démons.
42:57C'est tous des satans.
42:59J'ai oublié de commencer par ça.
43:01Je suis noir. Vous vous demandez
43:03peut-être la pertinence de ce truc-là.
43:05Pour répondre à votre question de tout à l'heure,
43:07on n'est pas tous des baffonnesses.
43:09Si aujourd'hui je veux voter pour
43:11le RN, c'est pour les mettre
43:13à leur responsabilité.
43:15Exactement.
43:17Parce que c'est bien beau de crier à l'Assemblée
43:19c'est nul, c'est nul, mais finalement on ne va rien faire
43:21au moment où il faut.
43:23Et donc là, aujourd'hui, sachant qu'ils sont
43:25tous européistes, j'attends de voir ce qu'ils vont faire
43:27sachant qu'ils sont à la base de faire
43:29quoi que ce soit en restant dans ce système.
43:31Merci, Manuel. Henri Henault,
43:33on est malheureusement arrivés de la fin
43:35de l'émission, mais on reviendra, il y a tellement de choses
43:37à dire. Le mot de la fin, en fait,
43:39ce que vous dites quand même, c'est
43:41que là, dans les circonstances actuelles
43:43d'instructure, ça va être très difficile de changer
43:45profondément quoi que ce soit.
43:47On ne va rien changer profondément
43:49quoi que ce soit, dans la mesure où
43:51dans le meilleur des cas
43:53il y a une cohabitation
43:55et donc on ne peut pas faire trancher
43:57le peuple, on ne peut pas... Quoi qu'on pense du programme
43:59des uns et des autres, encore une fois, c'est pas...
44:01Voilà, il y a...
44:03Vous avez deux
44:05pôles
44:07en guerre
44:09contre le système, les deux pôles passements
44:11de partis, mais de citoyens.
44:13Ce vote
44:15est un vote anti-système, encore une fois,
44:17au sens où le général De Gaulle entendait
44:19le système sous la
44:21Quatrième République. C'est un système de pouvoir
44:23qui a plusieurs dimensions
44:25et donc, le système va
44:27évidemment résister.
44:29Et donc, dans
44:31ce contexte-là, de ce qui se passe là
44:33ne sortira pas
44:35une solution au miracle. On voit
44:37bien d'ailleurs que certains l'ont compris,
44:39chacun ayant des positions...
44:41Mélenchon l'a parfaitement compris, mais le Haren
44:43l'a parfaitement compris. Pas de solution au miracle.
44:45Ça ne sortira pas de là. Mais là,
44:47tout ça va quand même avoir des conséquences
44:49qui sont des conséquences très graves
44:51en mon sens, parce qu'elles entraînent
44:53l'affaiblissement des institutions, le désordre
44:55et probablement la violence au bout
44:57si on ne fait rien pour répondre aux attentes
44:59des citoyens. Alors, tout le monde
45:01va être au pied de ses responsabilités
45:03et notamment tous les dirigeants
45:05et tous les responsables. Et on verra
45:07si les murailles continueront de tomber.
45:09Pour l'instant, elles tombent. Peut-être faut-il
45:11qu'elles tombent complètement pour reconstruire.
45:13Merci Henri Guénaud. Merci Henri Guénaud
45:15d'avoir été avec nous. Justement, je le rappelle, ce livre
45:17« À la septième fois, les murailles tombèrent » aux éditions
45:19du Rocher. Merci André Bercoff. On se retrouve
45:21demain pour la dernière de la saison.
45:23La dernière de la saison, absolument.
45:25Donc, soyez bien à l'écoute sur Sud Radio. Tout de suite, Brigitte Laé.
45:27À demain.

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