Pierre-Alexandre Cichostepski, président de ELEMENTS, producteur d'énergies renouvelables

France Bleu Hérault

C'est un rendez-vous incontournable pour les professionnels des énergies renouvelables. Energaïa, le forum des énergies renouvelables, commence aujourd'hui au parc des expositions de Montpellier. Il dure jusqu'à demain. 14 000 participants et 400 exposants sont attendus. Plus de 100 conférences, ateliers et débats sont programmés durant ces 2 jours. C'est donc un évènement très important dans ce domaine. Présent sur le forum cette année, l'entreprise montpelliéraine ELEMENTS. Une entreprise productrice d'énergies renouvelables dans plusieurs domaines: éolien, photovoltaïque ou hydraulique. ELEMENTS développe de nombreux projets, partout en France, mais aussi à l'étranger. Elle vient surtout de mener la plus importante levée de fonds en Occitanie pour l'année 2023: 50 millions d'euros pour financer des projets participatifs. Ce qui n'est pas rien pour une entreprise qui n'a que 8 ans seulement.

Transcript

00:00 Et Nargaya commence aujourd'hui au Parc des Expos de Montpellier.

00:03 Pour en parler ce matin, nous sommes avec président et cofondateur d'ELEMENT,

00:07 producteur d'énergie renouvelable, Pierre-Alexandre Szychostewski.

00:11 Bien ! Parfait, bravo. Je vois que vous vous avez bien préparé.

00:15 Bonjour Pierre-Alexandre Szychostewski.

00:17 Vous êtes effectivement président cofondateur d'ELEMENT,

00:20 qui est une entreprise montpellierenne peut-être que le grand public ne connaît pas.

00:23 Et pourtant, en matière d'énergie renouvelable, vous êtes maintenant très actif depuis 8 ans.

00:28 C'est ça. ELEMENT a été créé il y a 8 ans par Loïc Chazalet et moi.

00:31 Nous sommes deux anciens d'EDF Renouvelables, qui était basé à l'époque à Béziers,

00:35 donc vraiment dans le territoire de l'Occitanie.

00:38 Et puis on s'est installé à Montpellier, qui est vraiment un peu un cluster d'énergie renouvelable,

00:43 avec plein d'opérateurs nationaux.

00:44 Alors, un mot d'Energaya avant, qui commence aujourd'hui au Parc des Expos,

00:47 c'est pas ouvert au grand public, c'est vraiment le salon des professionnels.

00:50 Salon très très important, je crois que Vivian donnait les chiffres tout à l'heure.

00:53 14 000 participants, 400 exposants,

00:56 plus d'une centaine de conférences et débats organisés,

00:58 c'est vraiment le rendez-vous où il faut être.

01:00 Oui, oui, oui. Alors comme je disais justement, Montpellier,

01:02 c'est vraiment un cluster d'énergie renouvelable,

01:04 donc Energaya, c'est un peu le cœur, le rendez-vous annuel de ce cluster montpellierain.

01:09 Il se passe des choses importantes à Energaya, plus qu'à la COP 28 ?

01:14 Alors c'est peut-être moins des sujets politiques,

01:16 mais ça va vraiment être un point de rencontre très business.

01:20 En fait, il y a tout le monde, et en une journée ou en deux jours,

01:23 on peut rencontrer toute la planète sur les sujets de fourniture,

01:27 d'équipement, sur le sujet de partenariat avec d'autres opérateurs,

01:31 sur le sujet des financements.

01:32 Et Elements, votre entreprise aura évidemment son propre stand,

01:35 qui sera visitée aujourd'hui je crois par la présidente de région, Carol Delga,

01:38 qui a dit qu'elle voulait vous voir, elle voulait vous découvrir et vous rencontrer.

01:42 Oui, alors nous sommes membres depuis la création d'Elements

01:45 du pôle de compétitivité derby,

01:47 qui est très actif sur la région Occitanie,

01:49 donc pour pousser les jeunes pousses, et tout particulièrement porteuses d'innovation.

01:53 Et nous, au bout de 8 ans, c'est vrai que la petite graine qu'on a plantée il y a 8 ans

01:59 commence à vraiment éclore, et on commence à en voir des résultats,

02:03 et donc c'est l'occasion de donner un peu de visibilité à tout ça.

02:06 Les résultats, on va en parler, puisqu'il y a effectivement un certain nombre de projets en cours,

02:09 on va citer quelques exemples.

02:11 Notre département, notre région, mais ça va même au-delà,

02:14 puisque ça va partout en France, et même à l'international.

02:16 Mais avant cela, j'ai vu qu'Elements a réalisé cette année, en 2023,

02:22 sans doute l'une des plus grosses levées de fonds de la région Occitanie,

02:25 50 millions d'euros, ce qui pour une entreprise de 8 ans seulement,

02:28 est quand même une belle prouesse, non ?

02:30 Oui, je ne savais pas, et puis patience, il faut attendre jusqu'au 31 décembre,

02:34 on va peut-être être coiffé au poto !

02:36 Bon, expliquons, une levée de fonds c'est quoi ?

02:38 Vous cherchez de nouveaux partenaires financiers

02:40 pour pouvoir financer des projets,

02:42 d'autant que dans votre démarche, il y a ce côté participatif aussi

02:45 avec les collectivités qui est très important, je crois.

02:47 Exactement, alors nous, la particularité d'Elements,

02:50 c'est vraiment qu'on n'apporte que des nouveaux projets sur le réseau,

02:54 on ne va pas en acheter des projets qui existent déjà.

02:57 Donc on plante des tigres.

02:58 Vous voulez vraiment être à la base, quoi.

03:00 Voilà, exactement. Donc ça prend du temps de détecter les projets,

03:03 de les étudier, de les étudier les impacts,

03:07 de les faire autoriser, et on va mettre peut-être 5 ans au minimum pour un projet.

03:11 Donc ça veut dire qu'on a besoin d'investir des fonds,

03:14 parce qu'on ne retrouvera pas l'argent qu'on a posé sur la table avant au moins 5 ans.

03:19 Et donc si on décide, comme le fait Elements aujourd'hui,

03:21 de se tourner vers l'international,

03:23 on a besoin de partenaires pour pouvoir assumer à nouveau ce départ pour 5 ans.

03:28 Alors l'international, mais le local aussi,

03:30 on va donner quelques exemples dans notre département.

03:32 Ce qui fait votre spécificité en tout cas,

03:34 c'est la pluridisciplinarité des énergies renouvelables que vous proposez,

03:41 c'est-à-dire que vous n'êtes pas un spécialiste de l'éolien,

03:43 un spécialiste de l'hydraulique ou un spécialiste du photovoltaïque,

03:46 vous faites tout.

03:47 On est un super généraliste.

03:49 Producteur multifonction.

03:53 Multifilière plus exactement, oui.

03:55 Pourquoi ? Parce qu'il ne faut pas privilégier une filière plus qu'une autre,

03:59 aujourd'hui selon vous ?

04:00 Alors il y a deux raisons.

04:02 Donc on est sur le solaire, l'éolien et la petite hydroélectricité.

04:07 La première raison, c'est qu'ELEMA ambitionne d'être fournisseur d'énergie à terme,

04:12 une fois qu'on aura une masse suffisante de projets qui produisent.

04:16 Et ça on le fait avec un assemblage intelligent,

04:19 les ingrédients intelligents de ces trois ingrédients solaire, éolien et hydro.

04:23 Il faut des trois.

04:24 Ce qu'on appelle aussi le mix énergétique aujourd'hui.

04:26 Voilà, exactement.

04:26 Essayer de reproduire un mix énergétique à notre échelle,

04:29 c'est un premier point.

04:30 Et puis un deuxième point aussi, c'est qu'on a aussi une dynamique politique

04:35 qui parfois évolue sur certaines filières,

04:38 où on va avoir un coup d'accélérateur sur le solaire,

04:41 il faut qu'on puisse profiter aussi de ces coups d'accélérateur là.

04:43 Donc on veut être très réactif face aux politiques nationales.

04:47 Alors quelques exemples qu'on peut trouver notamment sur votre site internet.

04:51 J'invite ceux qui s'y intéressent et qui nous écoutent ou qui nous regardent

04:54 à aller sur le site internet d'ELEMENT.

04:55 Par exemple dans Avias, dans l'héro,

04:58 vous conduisez un projet d'ombrière sur le domaine de la blanque,

05:02 avec une puissance, alors moi ça ne me parle pas trop,

05:05 mais de 5 mégawatts, c'est ça ?

05:07 - Oui, 5 mégawatts.

05:08 - Alors les ombrières maintenant, c'est devenu très à la mode ?

05:10 - Oui, en fait les ombrières, on utilise des surfaces de toiture,

05:14 de parking ou autre, pour pouvoir mettre du photovoltaïque, c'est ça ?

05:17 - C'est ça, à peu près ça représente quasiment 5 hectares.

05:20 Donc c'est une très très grosse toiture,

05:22 là où une petite toiture individuelle pour un particulier,

05:26 la toiture d'une maison qui fait quelques dizaines de mètres carrés,

05:30 ou même quelques mètres carrés,

05:31 ça permet de faire la consommation d'un foyer.

05:33 Là on parle de 50 000 mètres carrés,

05:35 donc vous voyez le changement d'échelle.

05:38 Mais parce qu'on est un acteur plutôt industriel,

05:41 fourniture d'énergie à une taille un peu plus significative.

05:45 - Toujours dans les Rho, à l'Espignon,

05:46 projet d'un parc solaire, c'est pareil, puissance 5 mégawatts apparemment.

05:51 - Oui aussi, oui.

05:52 - Donc c'est photovoltaïque aussi.

05:54 Dans le Gard, j'ai vu que vous avez beaucoup de projets hydroélectriques,

05:57 avec notamment un projet de centrale hydroélectrique

06:00 sur le Gardon à Saint-Chap,

06:01 alors Saint-Chap pour ceux qui ne connaissent pas,

06:03 c'est un petit peu au nord de Nîmes quand on va vers l'Est.

06:05 Là il y a possibilité d'aller fabriquer de l'électricité,

06:08 parce que parfois le Gardon il est un peu à sec, non ?

06:10 - Eh bien, il y a des épisodes où le Gardon peut bien se recharger,

06:15 et surtout la spécificité du Gardon,

06:17 c'est qu'il y a déjà des petits barrages qui existent

06:19 pour soit protéger des ponts qui sont en amont ou en aval,

06:24 soit pour protéger le niveau d'eau dans le cours d'eau.

06:28 Et donc on s'est dit que ça pouvait être intelligent

06:30 d'équiper ces barrages qui existaient déjà avec des petites turbines.

06:33 Donc il y a la grande sœur de Saint-Chap qui existe déjà,

06:36 qui s'appelle la centrale hydroélectrique de Sauzay,

06:38 qui est le même concept,

06:40 un barrage qui est déjà existant et qu'on a équipé.

06:42 - Alors beaucoup d'autres projets, notamment dans le Gardon,

06:44 il y a du photovoltaïque aussi, de l'hydraulique,

06:47 il y a de l'hydraulique aussi en Savoie,

06:50 parce qu'il y a beaucoup de rivières là-bas,

06:52 de l'éolien en Haute-Saône,

06:54 qu'est-ce que je vois aussi dans les Pyrénées-Orientales,

06:56 et puis vous voulez vous développer à l'international.

06:58 Comment vous travaillez avec les collectivités locales ?

07:00 Parce que vous avez une démarche aussi très participative à éléments.

07:04 Expliquez-nous.

07:05 - Alors il y a déjà la dimension de travailler en lien étroit

07:10 avec les représentants politiques,

07:12 donc à plusieurs échelons, mais notamment la commune.

07:14 On travaille dans le cadre de soutien politique local.

07:17 Les projets en France, eh bien il faut quand même

07:19 emporter l'adhésion des riverains, des politiques.

07:24 - Alors ça c'est pas toujours très simple en plus,

07:27 parce que parfois c'est des projets qui provoquent des oppositions.

07:30 - Tout à fait, et le plus simple c'est d'aller là où les gens

07:33 tout de suite dès le début disent "feu vert",

07:35 plutôt que de se retrouver dans des impasses.

07:36 C'est vraiment notre pari de mettre l'énergie là où les gens en veulent,

07:39 et où les gens n'ont pas peur de se positionner.

07:41 Et donc on va spécifiquement sur ces zones-là,

07:44 il y a eu, je ne sais pas si vous en avez entendu parler,

07:46 la loi d'accélération des énergies renouvelables,

07:48 avec notamment un nouveau processus

07:50 où on peut demander aux communes carrément de s'engager

07:52 pour faire une zone d'accélération pour les énergies renouvelables.

07:54 Et donc on travaille là-dedans.

07:55 - Est-ce que les choses sont en train de changer là ?

07:57 Est-ce que vraiment, véritablement, ça bouge ?

07:58 Là on sort de la COP qui ne va pas être un succès retentissant,

08:01 d'après ce qu'on a compris.

08:02 Il s'est passé deux, trois choses.

08:04 Mais est-ce que le curseur a bougé là depuis un ou deux ans ?

08:07 Est-ce que vous, à votre niveau, vous diriez quoi par rapport à ça ?

08:10 - Moi je trouve qu'il y a quelque chose d'intéressant,

08:11 c'est qu'on sort du clivage "on veut de l'éolien,

08:14 on veut des renouvelables ou on veut du nucléaire"

08:16 un débat un peu d'opposition.

08:18 Là on se rend compte qu'on a besoin des deux.

08:20 Alors ça c'est super.

08:21 C'est qu'en fait on se rend compte qu'il y a du boulot pour tout le monde.

08:23 Et les deux technologies, renouvelables et nucléaires,

08:28 n'ont pas la même temporalité.

08:29 Donc vraiment elles vont en plus être complémentaires.

08:31 C'est-à-dire qu'il y a des choses qui vont être prêtes dans 15 ans, dans 20 ans,

08:33 et des choses qui sont prêtes plutôt dans 5 ans.

08:35 Et donc le politique s'est rendu compte qu'il fallait qu'il actionne les deux.

08:38 - Et ceux qui s'opposaient à ces projets avant,

08:41 parce que vous le disiez, parfois ça suscite des oppositions,

08:43 est-ce que vous avez le sentiment que les gens s'opposent moins,

08:46 parce qu'ils comprennent peut-être mieux la nécessité

08:47 de passer aux énergies renouvelables aujourd'hui ?

08:49 - Ça c'est la question à 100 000 dollars.

08:53 Ça va vraiment dépendre de chaque territoire.

08:59 - Ça reste aléatoire ?

09:03 - Ça reste spécifique à chaque territoire.

09:07 Un collectif qui va se monter localement,

09:11 des élus qui sont plus sensibles à la question,

09:13 qui vont pousser le projet, qui vont faire de la pédagogie.

09:15 Et ça, ça va porter des projets.

09:17 Et puis nous, dans notre façon de la porter,

09:19 nous répondons vraiment à des enjeux aussi locaux.

09:21 - Merci beaucoup Pierre-Alexandre Sischov-Tepsky,

09:23 président et cofondateur de ELEMENT,

09:25 producteur d'énergie renouvelable de Montpellier,

09:27 d'être venu dans le système ce matin.

09:29 Et bon salon Energaia à vous pendant ces deux jours.

09:31 - Merci.

09:33 - Vous pouvez réécouter l'interview,

09:35 vous allez sur francebleu.fr, sur le site de notre radio.

09:37 Il est 8h20, il y a Philippe qui nous a appelé pour nous dire

09:40 "Attention, il y a un accident, il y a un accident,

09:42 avec un bouchon, rouleau pas, entre Bonaparte et...

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