L’ennemi gagne du terrain lorsque l’offensive massive du Têt surprend les Américains. A Khe Sanh et Pleiku, les troupes américaines sont assiégées.
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00:00 [Musique]
00:13 Au début de 1968, trois ans après le déploiement de l'armée de terre américaine au Vietnam,
00:20 il y a presque un demi-million de soldats américains
00:23 qui affrontent environ 300 000 soldats réguliers nord-vietnamiens et combattants du Vietcong.
00:28 [Musique]
00:34 La stratégie américaine consiste d'une part à bombarder les principaux sites industriels
00:39 et les centres d'approvisionnement du nord-vietnam
00:42 et de l'autre à lancer des opérations massives de recherche et destruction au sud-vietnam.
00:48 [Musique]
01:00 C'est le nombre de victimes ennemies et non pas la surface de territoire conquis
01:04 qui donne la mesure du succès.
01:05 [Musique]
01:19 Comme ces chiffres sont largement en faveur des États-Unis,
01:22 le président Johnson et ses principaux conseillers militaires,
01:25 parmi lesquels le commandant en chef, le général Westmoreland,
01:28 affirment à leurs compatriotes que la victoire est à portée de main.
01:33 Ce n'est qu'une question de temps.
01:34 Bientôt les nord-vietnamiens et le Vietcong ne pourront plus supporter d'aussi lourdes pertes.
01:40 Mais voilà près de mille ans que les vietnamiens combattent avec succès d'autres puissances étrangères.
01:45 Le nord-vietnam compte 16 millions d'habitants
01:48 et il est fermement résolu à remplacer les morts tombées au combat.
01:54 Pour les troupes américaines sur le terrain, cela signifie
01:57 continuer à se battre sans trêve, sous la menace constante d'un ennemi qui est partout,
02:02 même et surtout là où on ne l'attend pas.
02:06 Ici, la tension augmente toujours davantage,
02:15 au point qu'on a l'impression qu'on va exploser.
02:20 La majeure partie des gars saisissent n'importe quel prétexte pour tirer des coups de feu.
02:26 Le sous-lieutenant Barry Romo, 19 ans, est au Vietnam depuis 6 mois.
02:31 Sa principale mission consiste à mener des opérations de recherche et destruction.
02:37 Les gars sont prêts à tout pour évacuer la tension.
02:41 Je n'ai jamais connu une ambiance aussi délétère.
02:44 Avec une pointe de baïonnette,
02:47 ils jouent à qui la lancera le plus près des pieds de l'autre.
02:55 Je leur dis,
02:56 comment vous ferez pour crapauter avec un couteau planté dans le pied ?
02:59 Ils ne m'écoutent même pas.
03:01 Pour eux, le problème, c'était de s'occuper à quelque chose tellement la tension devenait insupportable.
03:09 Ils se lançaient des vannes et des plaisanteries grossières.
03:12 Quand on se retrouvait à l'arrière, les prostituées, la drogue et tout le reste, ça existait.
03:17 C'était une réalité.
03:21 Tandis que Romo et ses hommes affrontent la guerre,
03:37 des millions de gens dans tout le Vietnam se préparent pour la fête la plus importante du pays.
03:41 Celle du Tết, le nouvel an vietnamien.
03:44 Le Tết célèbre l'arrivée du printemps.
03:50 C'est l'occasion de rendre hommage aux ancêtres et de se souhaiter une nouvelle et heureuse année.
03:57 Depuis le début de la guerre, le Tét a aussi été une période de trêve durant laquelle les deux camps ont respecté un cessez-le-feu d'une durée de deux jours.
04:13 Beaucoup de soldats sud-vietnamiens sont d'ores et déjà rentrés chez eux.
04:20 Mais au cours des derniers jours, le commandement les a tous rappelés.
04:25 On parle de concentration de soldats nord-vietnamien autour de certaines villes.
04:29 Pour la première fois, on entend parler d'une offensive planifiée.
04:33 Les officiers du premier corps d'armée et les spécialistes du renseignement auxquels j'avais affaire
04:38 croyaient que cette offensive pouvait très bien se produire.
04:44 Mais tous ne prennent pas cette éventualité au sérieux.
04:48 Certains disent que les communistes sont incapables de lancer une offensive importante parce qu'ils sont déjà au tapis.
04:56 Moi, j'en doute fort.
04:59 D'après ce que j'ai vu, les ennemis qui nous combattent dans la brousse sont des gens rusés comme le diable et qui ne se rendent jamais.
05:15 Le 30 janvier 1968, au coucher du soleil, nombreux sont ceux qui s'attendent à ce que cela se passe comme les années précédentes.
05:23 Ce sera une nuit de réjouissance pacifique.
05:35 Vite, le bâtiment est en feu !
05:46 Attention, les gars ! Ils enfoncent le mur extérieur !
06:00 Allez vite, on sort de là !
06:16 Attends-moi, je te suis !
06:21 Nous sommes en train d'évaluer le nombre de personnes qui se trouvent encore dans le bâtiment.
06:25 Les radios sont devenues frénétiques. Les attaques se multipliaient.
06:30 Personne ne savait ce qui se passait, mais cette fois, c'était différent.
06:34 Parce que tous les objectifs étaient attaqués simultanément.
06:39 On ouvrait grand nos oreilles. On avait l'impression de suivre un programme à la radio.
06:43 À cette différence près que là, c'était la réalité.
06:53 Le 30 janvier, au lever du jour, après les actions violentes et confuses de la nuit précédente, le constat est catastrophique.
07:02 Quelques 120 villes, gros bourgs et bases militaires, y compris les QG de presque toutes les provinces du Sud-Vietnam, sont attaquées par 84 000 soldats nord-vietnamiens ou éléments du Vietcong.
07:14 Il s'agit de la plus vaste opération militaire lancée depuis le début de cette guerre.
07:21 À l'insu des Américains, au cours des six derniers mois, l'ennemi a transporté des centaines de milliers de projectiles de mortiers et d'obus pour l'artillerie.
07:29 Des armes individuelles, des grenades et des explosifs en empruntant la célèbre piste Ho Chi Minh.
07:38 Profitant des festivités du Tết, ils ont caché ces armes dans des camions chargés de riz et dans des charrettes de fleurs qu'ils ont mis prudemment en sécurité jusqu'au jour de l'assaut.
07:49 L'incroyable ampleur de l'offensive du Têt prend les Américains par surprise.
07:54 Ceux-ci d'ailleurs ne se précipitent pas pour contre-attaquer.
08:01 À l'ambassade de Saïgon, la police militaire et le QG des Marines commencent tout juste à repousser les commandos vietcong.
08:14 À la périphérie de Saïgon, près de la base aérienne de Tan Son Nhat, 905 soldats américains se battent au corps à corps contre 1 200 Nord-Vietnamiens.
08:26 Simultanément, des pilotes américains décollent sous le feu ennemi pour aller soutenir les troupes dans toutes les zones du pays.
08:38 À 640 kilomètres plus au nord, à Khe San, des obus de mortiers et des roquettes s'abattent sur 6 000 Marines.
08:46 Environ 20 000 Nord-Vietnamiens cernent cette base.
08:53 Totalement isolés par voie terrestre, les Américains sont à court de ravitaillement.
08:58 Tandis que les Marines se battent au corps à corps sur le périmètre extérieur de la base.
09:11 À l'est, dans l'ancienne capitale impériale de Hue, quelques centaines de soldats américains et sud-vietnamiens se défendent farouchement contre 8 000 Nord-Vietnamiens qui avancent bien déterminés à prendre la ville.
09:28 - 806 en vol. Tout est sous contrôle.
09:45 - Personne ne parle, même si moi, je suis sur le point d'exploser tellement je me pose de questions.
09:52 Raymond Torres et sa compagnie, qui appartiennent au service de santé militaire du 26e régiment de Marines, se trouvent à bord d'un Hercule C-130 qui vole vers Hue.
10:01 Moins de 24 heures après le début de l'offensive du TET, les troupes américaines lancent une contre-attaque pour stopper l'avancée ennemie.
10:10 - La bataille de Hue a-t-elle été dure ? Combien de blessés ? Que fera-t-on une fois au sol ?
10:16 On attendra les instructions ou on courra d'une victime à l'autre en se demandant quoi faire.
10:22 Pour l'instant, personne ne fait attention aux infirmiers. Tous les hommes ont le visage fermé. Et surtout les Marines, qui ne se posent jamais de questions et ne pensent qu'à l'action.
10:35 - Le pilote a allumé la radio. Il nous a averti qu'on ne se poserait pas à Hue. Les ordres étaient changés. Et puis silence. On ne dit plus rien aux Marines, puisque rien ne se passe.
10:49 - On avait cru pouvoir atterrir à Hue. On n'avait pas le temps de penser à notre destination parce que, sur le point d'y parvenir, on venait d'apprendre qu'on atterrirait à Quezane.
11:00 - Telle était la situation, mais on n'avait pas le choix.
11:09 Le pilote a branché l'interphone et nous a informé que Quezane subissait un violent assaut. L'avion ne pouvait pas s'y poser sous un déluge d'obus.
11:16 Donc, une fois qu'on aurait touché le sol, le pilote ralentirait le plus possible. Il nous faudrait sauter et courir vers les tranchées. Sauter? Comment ça, sauter?
11:36 On aurait dit que l'avion était prêt de s'écraser. Il perdait de l'altitude. On s'agrippait tous à quelque chose et on se préparait à sauter en catastrophe.
11:48 On allait faire une entrée grandiose.
11:53 - Dégagez! Bloquez-vous!
12:00 - À terre!
12:02 - La base est assiégée. L'artillerie et les mortiers ennemis ont fait mouche partout. On a de la chance d'être encore en vie.
12:29 Après l'atterrissage sous un feu nourri, l'infirmière et Montorres se trouvent au beau milieu de la bataille de Quezane.
12:37 L'offensive du TET a commencé depuis deux jours. 6 000 Marines sont complètement isolés par voie terrestre et encerclés par au moins 20 000 Nord-Vietnamiens qui les bombardent sans relâche d'obus, de roquettes et de projectiles d'artillerie.
12:55 Pour éviter d'être complètement dominés, ils n'ont plus qu'à se fier à l'habileté des pilotes et à leur précision dans le largage de l'arme la plus destructrice de toute la guerre du Vietnam, la bombe au napalm.
13:05 - Here it comes! - Keep going!
13:10 Les Nord-Vietnamiens sont si près de nous que nos pilotes lâchent leur bombe au napalm juste à l'extérieur de la base.
13:17 - Bloquez-vous!
13:21 - À terre!
13:27 Les bombes au napalm tombent comme le frais.
13:29 - Du bois de balsa, elles virevoltent en l'air et tombent différemment des bombes traditionnelles.
13:36 Mais quand elles explosent, elles génèrent un feu de paille géant qui roule sur le terrain et brûle tout ce qu'elles rencontrent.
13:52 (Bruits de bataille)
14:14 La compagnie de 150 hommes se positionne immédiatement sur un des avant-postes situés sur les collines qui entourent Khe San.
14:23 Situées à quelques centaines de mètres des lignes ennemies, ces avant-postes sont l'ultime ligne de défense capable d'arrêter la progression des Nord-Vietnamiens et sont le théâtre de violents combats depuis le début de la bataille.
14:37 Nos ordres sont de nous rendre sur la colline 861A pour donner du renfort à la compagnie qui s'y trouve.
14:49 Nous sommes tous très nerveux.
14:53 Nous n'avons aucune information sur la réalité de la situation.
14:58 Le bruit court que la majeure partie des guz qui sont là-bas ont été égorgés au couteau et éventrés à la baïonnette.
15:10 L'odeur donne la nausée.
15:13 J'essaie de m'empêcher de vomir par tous les moyens.
15:17 Des cadavres de Nord-Vietnamiens sont éparpillés partout.
15:21 Ils ont été tués tout près du périmètre extérieur de la base.
15:28 Personne ne dit rien.
15:31 On n'en ressent pas le besoin.
15:35 L'expression des visages dit tout.
15:39 C'est quelque chose qu'on n'est pas préparé à voir.
15:42 Tout le monde se demandait "Comment sommes-nous arrivés là ? Qu'est-ce que nous fichons ici ?
15:49 Est-ce que tout ça est vrai ?"
15:51 Et la réponse était "Oui, tout ça est vrai."
15:55 Tandis que Torres s'initiait au combat à Khe San,
16:02 dans tout le Sud-Vietnam, les forces américaines et sud-vietnamiennes lancent une série de contre-offensives.
16:08 Malgré l'effet de surprise de l'offensive du Tết qui avait permis à l'ennemi de remporter de rapides victoires,
16:17 en l'espace de quelques jours, les nord-vietnamiens et le Vietcong se retrouvent coupés de toutes les principales villes qu'ils ont attaquées.
16:24 Et quand l'armée américaine commence à reprendre l'avantage,
16:33 le prix de l'offensive du Têt devient évident.
16:37 Un ou deux des véhicules de transport de troupes qui nous précédaient ont explosé.
16:44 À la différence de la Seconde Guerre mondiale,
16:47 la couverture médiatique de la guerre du Vietnam n'est soumise à aucune censure gouvernementale.
16:52 Les combattants sont suivis par une centaine d'envoyés spéciaux qui transmettent leurs images dans les millions de foyers américains.
16:59 "L'infanterie s'arrêtera vers la ligne des arbres avec l'espoir de rétablir le contact avec le Vietcong."
17:09 Pour la première fois, le public se trouve confronté à des images de guerre dans toute leur cruauté.
17:37 Le 1er février 1968, un caméraman de la NBC filme le chef de la police sud-vietnamienne à Saigon à qui l'on amène un prisonnier vietcong.
17:48 L'image devient aussitôt un symbole de la brutalité de cette guerre.
18:00 "Papa." "Maman." "Papa. Bravo, dis papa. Papa. Reviens à la maison." "Maison."
18:11 La semaine dernière, avec les enfants, nous avons enregistré 7 messages pour Ben.
18:19 Il semble que ce soit le meilleur moyen de les tenir loin de tous les événements qui se passent au Vietnam et de leur épargner les journaux télévisés.
18:29 Ben, le mari d'Anne Purcell, a été envoyé au Vietnam il y a 7 mois.
18:34 Anne est chez elle avec ses 5 enfants quand la télé retransmet les terribles images de l'offensive du Tête.
18:40 "Ils ont transmis beaucoup d'images sur les combats. Ils faisaient voir des hommes blessés, des choses de ce genre.
18:50 Nous, on regardait la télé, mais quand ils commençaient à montrer ces choses-là, on évitait de la regarder.
18:57 Notre fils cadet en CP à l'époque s'est mis à avoir souvent des maux d'estomac et à se sentir mal.
19:04 Le médecin m'a affirmé que c'était un problème psychologique, car un jour après avoir regardé la télé, mon fils m'a dit,
19:11 "Maman, j'ai peur que papa ne rentre plus jamais à la maison."
19:16 Partout où je vais, à l'école, à l'église ou même dans les commerces, tout le monde ne parle que de la guerre.
19:23 Je suis contente car dans quelques semaines, nous irons à Hawaï pour retrouver Ben, qui sera en permission là-bas.
19:39 Bonjour chéri. Je ne pense qu'au moment où nous nous retrouverons à Hawaï.
19:45 Surtout, souviens-toi bien que je t'aime de tout mon cœur.
19:51 Tu me manques à en mourir.
19:55 Je serai heureuse quand cette guerre sera terminée et j'espère que nous ne serons plus jamais séparés.
20:01 Je t'aime.
20:04 La guerre sera terminée et j'espère que nous ne serons plus jamais séparés.
20:09 La terre n'arrête pas de trembler.
20:27 Les tirs de mortiers et les obus de l'artillerie ne cessent jamais.
20:31 Nous sommes tous exténués.
20:35 Il ne s'agit pas de fatigue physique, c'est surtout un stress mental.
20:40 Le soldat du service de santé Raymond Torres et sa compagnie de 150 marines se trouvent à l'avant-poste défensif sur la colline 861A au niveau du périmètre extérieur de la base de Quézade.
20:52 Au-dessous d'eux, les nord-vietnamiens continuent à bombarder la piste d'atterrissage de la base aux mortiers et à la roquette, rendant l'atterrissage des avions de plus en plus difficile.
21:03 Les marines sont contraints de faire tout pour éviter la mort.
21:07 Les marines sont contraints de faire confiance au parachutage de ravitaillement, de carburant et par-dessus tout, de munitions.
21:15 Pour les pilotes et les équipages des avions de transport, ces opérations de routine se transforment en missions périlleuses, les plus dangereuses de toute la guerre.
21:27 En gros, à partir de 200 m d'altitude au-dessus de Quézade, les avions sont mitraillés de tous les côtés par l'ennemi.
21:34 Tandis que le pilote s'efforce de maintenir son appareil en équilibre, un membre de l'équipage installé dans la soude de l'avion se hisse en se cramponnant à une corde jusqu'à quelques mètres de l'ouverture et largue les caisses de ravitaillement.
21:56 Pour les marines de Quézade, les pilotes et les membres d'équipage de ces avions de transport sont les héros méconnus de cette bataille.
22:04 La confusion la nuit est encore pire que celle qui règne pendant la journée.
22:21 Ici, dehors, il fait si noir qu'on ne parvient même pas à voir sa main devant son visage.
22:26 Le Vietcong est le seigneur de la nuit. Il peut te sauter dessus et t'égorger avant même que tu aies pu pousser un cri.
22:35 La nuit est le moment où les marines en première ligne sont les plus vulnérables.
22:45 Dans le noir, le soutien aérien et les barrages d'artillerie sont moins efficaces.
22:51 Tout autour de nous, on entend des marines qui hurlent et qui tirent des rafales.
22:55 Les nord-vietnamiens s'efforcent d'enfoncer la ligne de défense. Personne ne sait d'où ils sortent et personne ne voit jamais rien.
23:03 Des obus de mortier et des grenades explosent à quelques mètres des tranchées.
23:17 Je me précipite vers le blessé le plus proche.
23:20 Au moment où je me penche vers lui pour tenter d'arrêter l'hémorragie, un objet tombe sur le sol à quelques mètres de distance.
23:29 C'est une grenade à main.
23:32 L'espace d'un bref instant...
23:36 J'ai eu l'impression de voir toute ma vie défiler sous mes yeux.
23:42 J'ai commencé à reculer tout en me protégeant le visage d'une main.
23:47 Et puis...
23:49 La grenade a explosé.
23:54 Après l'explosion, tout est redevenu silencieux pendant quelques instants.
24:03 Je me dis que maintenant, je suis celui qui doit être sauvé.
24:09 Le jour où les soldats sont blessés
24:12 Le jour où les soldats sont blessés
24:16 À 320 kilomètres plus au sud, dans la base américaine de Pleiku, infirmiers et médecins du 71e hôpital militaire font tout leur possible pour sauver la vie des soldats grièvement blessés lors des combats qui se déroulent dans tout le sud Vietnam.
24:33 Parmi eux, le capitaine Elisabeth Allen, une infirmière de 26 ans qui est dans le service de soins intensifs et de traumatologie.
24:40 La première fois que j'ai entendu le vacarme d'un hélico à basse altitude, j'ai trouvé que c'était le bruit le plus sympathique du monde.
24:47 Aujourd'hui, devant cet hôpital militaire, ce même bruit me donne des palpitations cardiaques et me noue l'estomac.
24:59 Depuis le début de l'offensive du TET, le nombre de soldats américains blessés et dont l'état nécessite d'être soigné à l'hôpital a presque doublé par rapport au mois précédent.
25:09 C'est le rythme des opérations qui est épuisant. Aux États-Unis, les traumas graves et les amputations multiples sont rares, tandis qu'ici c'est la routine.
25:19 La seule façon de faire face à l'urgence, c'est d'agir de façon automatique.
25:26 On prend le premier, on le soigne, on passe au second.
25:30 On le soigne et ainsi de suite.
25:33 On apprend à utiliser tous ses sens. Si ça sent mauvais, il y a une infection.
25:41 S'il y a une hémorragie, on la stoppe.
25:45 En fait, c'est mieux.
25:48 Parce qu'on n'a pas d'autre choix, sinon celui de s'écrouler.
25:55 Disons que s'écrouler, c'est vraiment pas mon genre.
25:59 Mon chéri, je te souhaite un très bon anniversaire.
26:18 Et de nombreux anniversaires comme celui-ci.
26:23 Je serai là pour le prochain.
26:25 Je te souhaite un très bon anniversaire.
26:28 On a passé toute la semaine à attendre le message de Ben.
26:31 Sa voix est la seule chose qui m'empêche de devenir folle,
26:34 quand j'entends les terribles nouvelles concernant l'offensive du tête.
26:38 Anne Purcell attend des nouvelles de Ben, son mari.
26:46 Elle continue à lui envoyer des messages audios, mais pour la première fois, il ne répond pas.
26:51 Notre meilleure distraction, c'est l'église.
26:53 S'y rendre entre amis, c'est réconfortant.
26:58 À la fin de l'office...
27:04 J'ai vu le pasteur s'arrêter sur le seuil en compagnie du major Jim Stadler.
27:09 J'ai compris qu'il était un peu déçu.
27:15 Il avait un peu peur.
27:19 J'ai compris qu'ils avaient quelque chose à me dire que je n'avais pas très envie d'entendre.
27:24 Le pasteur m'a dit "Anne, suis-moi dans mon bureau".
27:30 Situé qu'on est entrés, il a fermé la porte et le major m'a dit "Anne, Ben est porté disparu".
27:36 Toute une série de pensées horribles m'ont traversé la tête.
27:42 Il est mort ?
27:44 Il est blessé ?
27:47 Il est seul dans la jungle ?
27:49 Il est retenu prisonnier quelque part ?
27:52 On le torture peut-être en cet instant même.
27:55 L'offensive du Tête a prouvé que les communistes avaient changé de tactique.
28:06 Mais cela ne s'est pas fait du jour au lendemain.
28:09 Malgré les témoignages optimistes qui attestent du contraire, le changement s'est opéré graduellement.
28:14 Les troupes américaines et sud-vietnamiennes...
28:19 Cela fait trois semaines que l'offensive du Tête a pris les Américains par surprise le 31 janvier.
28:24 Américains et sud-vietnamiens ont réussi à chasser les nord-vietnamiens et le Vietcong de toutes les principales villes qu'ils avaient investies.
28:31 Khe San est encore assiégée, mais les Américains engagent la majeure partie de leurs forces dans une mission de recherche et destruction
28:39 pour forcer l'ennemi à battre en retraite dans la nature.
28:42 (musique)
29:10 Le sous-lieutenant Barry Romo est toujours en action à la périphérie de la ville de Chulhae,
29:14 là où se cachent plusieurs centaines de soldats ennemis qui ont fui la ville.
29:18 Tout à coup j'entends une forte explosion derrière moi.
29:26 Tout le monde se jette au sol.
29:38 Je me relève et je vois le sergent de mon peloton dans une mare de sang.
29:42 Il vient de marcher sur une mine.
29:45 On nous a dirigé vers la zone d'atterrissage pour être évacués.
29:50 Dix minutes encore et nous serions loin de là, sains et saufs.
30:06 Pendant qu'on nous transportait, un des hommes m'a dit que quelqu'un me cherchait.
30:09 Je me suis dirigé vers l'hélicoptère qu'on me montrait du doigt.
30:13 En approchant, j'ai vu un major avec un écriteau à la main.
30:18 Il y avait écrit...
30:21 Ton neveu Robert a été tué.
30:24 Ton frère Harold demande que tu accompagnes ses dépouilles jusque chez lui.
30:29 Tu veux bien ?
30:34 Le major ne m'a pas présenté ses condoléances.
30:36 Il n'y avait aucune humanité dans son attitude envers moi.
30:40 Absolument aucune.
30:42 J'ai réussi à reconstituer ce qui s'était passé.
30:51 Mon frère m'avait écrit pour me dire que Robert s'était engagé et qu'il avait été envoyé au Vietnam.
30:56 Je n'avais même pas eu le temps de le voir...
31:03 qu'il était déjà mort.
31:04 Une fois rentré à la base, un sergent-major m'a tout expliqué.
31:10 Il m'a raconté comment Barry s'était fait tuer.
31:14 Il participait à une opération de grande envergure dans un lieu nommé Gong-A,
31:19 où il collaborait avec les Marines.
31:21 Un de ses amis avait été touché.
31:23 Comme on le voit dans le film, il s'était lancé pour lui porter secours,
31:27 et il a été tué d'une balle en pleine tête.
31:29 Quand on l'a trouvé, il baignait dans son propre sang.
31:33 Je prends alors conscience de quelque chose d'autre.
31:35 Je vais quitter le Vietnam.
31:39 Je ne reverrai plus jamais mes gars.
31:44 Qu'est-ce qui se passera quand je ne serai plus là ?
31:45 Qui prendra soin d'eux et fera de son mieux pour qu'ils survivent à cette guerre ?
31:50 Depuis le temps que je suis ici,
31:51 depuis le temps que nous sommes tous ici,
31:53 depuis le temps que nous sommes tous ici,
31:55 je ne sais pas ce que je vais faire.
31:57 Je ne sais pas ce que je vais faire.
31:59 Je ne sais pas ce que je vais faire.
32:01 Je ne sais pas ce que je vais faire.
32:03 Je ne sais pas ce que je vais faire.
32:05 Je ne sais pas ce que je vais faire.
32:07 Je ne sais pas ce que je vais faire.
32:09 Je ne sais pas ce que je vais faire.
32:11 Je ne sais pas ce que je vais faire.
32:13 Je ne sais pas ce que je vais faire.
32:15 Je ne sais pas ce que je vais faire.
32:17 Je ne sais pas ce que je vais faire.
32:19 Depuis le temps que nous sommes tous ici,
32:20 le fait de savoir que je les abandonne sur place me torture.
32:24 À notre arrivée au Vietnam, on croyait à la victoire.
32:38 Mais depuis l'offensive du Tết,
32:41 les nouveaux venus savent tous qu'ils combattent pour une cause perdue d'avance.
32:45 L'offensive du Tête a modifié les mentalités,
32:47 non seulement dans l'armée américaine,
32:49 mais aussi chez les journalistes envoyés pour couvrir la guerre.
32:52 Le 27 février, Walter Cronkite, le présentateur vedette de CBS,
32:56 célèbre pour la fiabilité de ses propos,
32:58 rentre aux États-Unis après avoir passé une semaine au Vietnam.
33:01 Il se départit de son rôle de reporter
33:03 pour donner à l'antenne son avis personnel sur la guerre.
33:06 Il est un journaliste,
33:08 un journaliste,
33:10 un journaliste,
33:13 et un journaliste.
33:14 Pour dire que nous sommes plus proches de la victoire aujourd'hui,
33:16 c'est de croire, face à l'évidence,
33:18 aux optimistes qui ont été faux dans le passé.
33:21 Pour suggérer que nous sommes sur la frontière de la défaite,
33:25 c'est de s'adapter à l'inconvénient de la pessimisme.
33:28 Pour dire que nous sommes enceints et en escale,
33:32 semble être la seule conclusion réaliste, si pas insatisfaisante.
33:36 Mais il est de plus en plus clair pour ce rapport
33:39 que le seul moyen rationnel pour les deux
33:43 sera de négocier,
33:44 pas en tant que victimes,
33:46 mais en tant qu'honorable peuple
33:48 qui a vécu à son prétendant de défendre la démocratie
33:50 et a fait le mieux qu'il pouvait.
33:53 [Musique]
34:03 Deux jours après le sombre constat fait par Walter Cronkite,
34:06 Robert McNamara, secrétaire d'Etat à la Défense,
34:09 un des plus farouches partisans de la guerre au Vietnam
34:11 au sein de l'administration américaine,
34:13 donne sa démission.
34:16 [Musique]
34:23 Bien que McNamara ait annoncé sa possible démission
34:26 trois mois plus tôt, son départ,
34:28 juste après l'offensive du Tête,
34:30 est pour beaucoup d'observateurs la preuve
34:32 que la politique américaine s'est fourvoyée au Vietnam.
34:34 [Musique]
34:36 Que pensez-vous de la guerre ?
34:38 Ce n'est pas la démocratie.
34:40 La méfiance vis-à-vis du gouvernement augmente rapidement
34:44 car beaucoup d'Américains ont une vision de la guerre
34:46 complètement différente de celle de l'administration de Johnson
34:48 et de ses déclarations optimistes.
34:50 [Musique]
34:52 Chacun raconte ce qu'il veut.
34:54 Comment croire celui-ci plutôt que celui-là qui dit le contraire ?
34:58 Je ne sais plus qui il faut croire.
35:01 J'ai un frère qui vient de rentrer du Vietnam.
35:04 Il m'a raconté la guerre et il m'a dit
35:06 que c'est beaucoup plus cruel que ce qu'on en dit ici.
35:08 [Musique]
35:12 Certains hommes politiques saisissent l'occasion
35:14 et se déclarent ouvertement contre la guerre.
35:16 [Musique]
35:18 Le sénateur du Minnesota, Eugène McCarthy,
35:21 combat la candidature de Johnson, pourtant démocrate comme lui,
35:24 au primaire de son parti et lors du vote,
35:27 manque de l'emporter dans l'état du New Hampshire.
35:29 [Musique]
35:41 Au vu du désarroi de son administration
35:43 et constatant que seulement 41% des Américains sont favorables à la guerre,
35:47 le président Johnson s'adresse à la nation.
35:50 [Musique]
36:02 Johnson ordonne de cesser les bombardements sur le Nord Vietnam,
36:05 c'est-à-dire la zone où vivent 90% de la population vietnamienne
36:10 et il pense qu'il va entamer des négociations pour mettre fin à la guerre.
36:12 Ensuite, il lance une bombe politique.
36:16 [Musique]
36:45 [Musique]
37:14 Huit jours après l'annonce fracassante de Johnson,
37:16 le siège de Khe Sanh, la dernière bataille de l'offensive du Thaît,
37:20 est officiellement considéré comme terminé.
37:23 Les bombardements aériens incessants ont finalement réussi
37:27 à contraindre les Nord-vietnamiens à battre en retraite.
37:30 L'accès à la base est à nouveau ouvert pour les soldats
37:32 de la première division de cavalerie aéroportée.
37:35 La bataille, qui a duré 77 jours,
37:38 est la plus longue que les Américains livreront
37:40 durant toute la guerre du Vietnam.
37:43 C'est aussi l'une des plus sanglantes.
37:44 Sur les 6000 soldats américains présents à Khe Sanh,
37:48 274 seront tués et 2500 blessés.
37:52 Les Américains estiment que les Nord-vietnamiens
37:56 ont perdu 12 000 hommes sur les 20 000 qui assiégent la base.
37:59 [Musique]
38:03 Je crois que je suis encore en partie sous le choc.
38:06 J'étais certain de finir par mourir sur cette colline.
38:11 [Musique]
38:14 D'une certaine façon, on peut dire qu'on a résisté à l'attaque.
38:17 [Musique]
38:19 Raymond Torres, soldat au service de santé, a été blessé.
38:22 Il a reçu des éclats au visage, aux torses et aux jambes.
38:25 [Musique]
38:28 Les Marines disent toujours,
38:30 on n'abandonne jamais quelqu'un derrière nous.
38:32 [Musique]
38:34 Et c'est la vérité.
38:36 [Musique]
38:38 Ces Marines m'ont sauvé la vie.
38:40 [Musique]
38:42 Ils étaient là quand j'ai été blessé
38:44 et moi je n'ai rien pu faire pour eux.
38:46 [Musique]
38:48 Je crois que c'est le pire dans cette histoire.
38:51 [Musique]
38:53 Moi j'ai survécu, tandis que nombre d'entre eux sont morts.
38:57 [Musique]
38:59 C'était moi l'infirmier du service de santé.
39:01 C'était moi qui aurait dû m'occuper d'eux.
39:03 [Musique]
39:05 Ce n'était pas à eux de s'occuper de moi.
39:08 [Musique]
39:10 C'est très dur au niveau émotionnel.
39:13 On fait tout son possible, mais ça ne suffit pas.
39:16 [Musique]
39:20 C'est comme un poids que je porte depuis
39:22 et que je porterai toute ma vie.
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39:27 [Bruit de vent]
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40:34 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]
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