Pierre Bellemare comme vous ne l’avez jamais entendu ! C’est la promesse de ce nouveau podcast imaginé à partir des archives exceptionnelles du Service Patrimoine Sonore d’Europe 1.
Affaires criminelles, true crime, crimes, enquêtes, crimes historiques ou plus récents, crimes crapuleux, crimes familiaux, crimes inexpliqués surtout : Pierre Bellemare est le pionnier des grands conteurs de récits radiophoniques. Dans les années 70, cette voix culte d’Europe 1 a tenu en haleine les auditeurs avec ses histoires extraordinaires. Des histoires vraies de crimes en tout genre qui mettent en scène des personnages effrayants, bizarres ou fous. Des phrases à couper le souffle, des silences lourds de suspense, un univers de polar saisissant et puissant.
Avec un son remasterisé et un habillage modernisé, plongez ou replongez dans les grands récits extraordinaires de Pierre Bellemare.
[ARCHIVE EUROPE 1 - Les récits extraordinaires de Pierre Bellemare] C’est l’un des dossiers les plus extraordinaires de la police anglaise ! Le 16 décembre 1910, Winston Churchill est certainement en train de fumer un cigare dans son bureau du ministère de l’Intérieur. Ce jour-là, dans la City de Londres, le propriétaire d’un magasin de mode alerte la police. On gratte derrière ses murs ! Lorsque les officiers se rendent sur le terrain, les malfaiteurs qui tentaient de creuser un tunnel jusqu’à une bijouterie, assaillent les policiers de plusieurs coups de feu. Trois membres des forces de l’ordre sont tués. Le chef de bande meurt également mais ses complices prennent la fuite. Le 2 janvier 1911, les voleurs sont repérés au 100 Sidney Street à Stepney, dans le quartier Est de Londres. La police ne possédant que très peu d’armes à cette époque, demande du renfort à l’armée et même, l’aide du ministre de l’Intérieur de l’époque : Winston Churchill. Une énorme fusillade éclate entre les deux camps, le bâtiment prend feu, les pompiers souhaitent intervenir, l’armée les en empêche, on fait venir un boulet de canon… et Churchill est là, assis sur un tonneau de bière. Qui sont ces gangsters qui ne reculent devant rien ? Comment des voyous peuvent-ils créer un tel désordre face aux forces armées ? Pourquoi Churchill conclura plus tard dans ses mémoires : “si j’avais su, je serais pas venu” ? Pierre Bellemare raconte cette incroyable histoire, qui a marqué l’Angleterre dans cet épisode du podcast "Les récits extraordinaires de Pierre Bellemare", issu des archives d’Europe 1 et produit par Europe 1 Studio.
Retrouvez "Les Récits extraordinaires de Pierre Bellemare" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-recits-extraordinaires-de-pierre-bellemare
Affaires criminelles, true crime, crimes, enquêtes, crimes historiques ou plus récents, crimes crapuleux, crimes familiaux, crimes inexpliqués surtout : Pierre Bellemare est le pionnier des grands conteurs de récits radiophoniques. Dans les années 70, cette voix culte d’Europe 1 a tenu en haleine les auditeurs avec ses histoires extraordinaires. Des histoires vraies de crimes en tout genre qui mettent en scène des personnages effrayants, bizarres ou fous. Des phrases à couper le souffle, des silences lourds de suspense, un univers de polar saisissant et puissant.
Avec un son remasterisé et un habillage modernisé, plongez ou replongez dans les grands récits extraordinaires de Pierre Bellemare.
[ARCHIVE EUROPE 1 - Les récits extraordinaires de Pierre Bellemare] C’est l’un des dossiers les plus extraordinaires de la police anglaise ! Le 16 décembre 1910, Winston Churchill est certainement en train de fumer un cigare dans son bureau du ministère de l’Intérieur. Ce jour-là, dans la City de Londres, le propriétaire d’un magasin de mode alerte la police. On gratte derrière ses murs ! Lorsque les officiers se rendent sur le terrain, les malfaiteurs qui tentaient de creuser un tunnel jusqu’à une bijouterie, assaillent les policiers de plusieurs coups de feu. Trois membres des forces de l’ordre sont tués. Le chef de bande meurt également mais ses complices prennent la fuite. Le 2 janvier 1911, les voleurs sont repérés au 100 Sidney Street à Stepney, dans le quartier Est de Londres. La police ne possédant que très peu d’armes à cette époque, demande du renfort à l’armée et même, l’aide du ministre de l’Intérieur de l’époque : Winston Churchill. Une énorme fusillade éclate entre les deux camps, le bâtiment prend feu, les pompiers souhaitent intervenir, l’armée les en empêche, on fait venir un boulet de canon… et Churchill est là, assis sur un tonneau de bière. Qui sont ces gangsters qui ne reculent devant rien ? Comment des voyous peuvent-ils créer un tel désordre face aux forces armées ? Pourquoi Churchill conclura plus tard dans ses mémoires : “si j’avais su, je serais pas venu” ? Pierre Bellemare raconte cette incroyable histoire, qui a marqué l’Angleterre dans cet épisode du podcast "Les récits extraordinaires de Pierre Bellemare", issu des archives d’Europe 1 et produit par Europe 1 Studio.
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00:00 Bienvenue dans les récits extraordinaires de Pierre Belmar, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:11 On se plaint souvent que les policiers tirent trop vite et l'on en fait des débats et des controverses, ça n'en plus finit.
00:20 Or si l'on veut bien regarder les choses en face, c'est un faux problème. Un homme armé tire toujours trop vite.
00:30 Le vrai problème, ce n'est pas la manière dont il se sert de son arme, mais le fait qu'il en est une.
00:39 Qu'on vous prenne, vous, n'importe qui, le premier qui passe, qu'on vous donne quelque chose à garder, n'importe quoi,
00:47 et que pour cela on vous donne un revolver.
00:51 Si on attaque ensuite la chose que vous défendez, il y a gros à parier que vous vous servirez de ce revolver.
01:01 Ah bien sûr ! Si les gangsters n'avaient pas d'armes, s'ils se battaient à main nue, à la loyale si j'ose dire, il n'y aurait plus de question.
01:11 En France, la police est armée et il arrive qu'on lui reproche ses bavures.
01:17 En Angleterre, la police se contente de bâton et il arrive qu'on lui reproche aussi ses bavures.
01:26 Alors écoutez bien ce dossier, il date de 1911, mais il est toujours d'actualité, il pourrait se passer aujourd'hui de la même façon ou presque.
01:36 Écoutez le bien et imaginez à tout moment ce qui se serait passé si l'affaire s'était déroulée en France, car le parallèle est intéressant.
01:48 Le 3 janvier 1911, la presse anglaise en rendait compte sous le titre grandiose de « La bataille de Londres » et ce titre n'avait rien d'exagéré.
02:02 Oui, le 3 janvier 1911 à Londres, c'est le jour où l'on fit sortir Winston Churchill de son bain.
02:31 Le 16 décembre 1910, il est probable que Winston Churchill fume tranquillement un cigare dans son cabinet de ministre de l'intérieur.
02:43 C'est un très jeune ministre, il a 36 ans.
02:46 Pendant ce temps quelque part, dans une rue de l'est de la City de Londres, une rue qui mène vers les docks de la Tamise, on gratte.
02:54 Plus précisément, monsieur Eisenstein, commerçant, propriétaire d'un magasin de mode, est persuadé qu'on gratte derrière son mur.
03:02 Quand il ferme boutique, on gratte toujours, quand il monte se coucher au premier étage du bâtiment, on gratte encore, on gratte tant et si bien qu'à 22h30, monsieur Eisenstein n'endort pas.
03:13 Il n'endort plus depuis 3 jours d'ailleurs, car il y a 3 jours que l'on gratte sans relâche derrière le mur de la maison.
03:21 La police prévenue a perquisitionné son résultat, a tendu l'oreille, mais comme par hasard, on ne grattait plus à ce moment là.
03:29 Tout juste, si elle n'avait pas pris monsieur Eisenstein pour un dénonciateur de fantôme.
03:34 Dans un bâtiment pareil, rien d'étonnant à cela, un véritable labyrinthe de couloirs sombres, de cours intérieures, de caves, se rejoignant mystérieusement.
03:44 Cette fois-ci, monsieur Eisenstein s'habille dans le noir, sort de chez lui à pas de loup, fonce au commissariat et déclare, non seulement on gratte, mais on donne des coups.
03:56 Un sergent et cinq constables l'accompagnent, deux hommes se postent derrière la maison, trois sur le devant, et le sergent frappe à la porte que monsieur Eisenstein désigne comme responsable des bruits suspects.
04:15 À la lumière faible du bec de gaz, une silhouette se dessine dans l'entrebaillement de la porte.
04:23 — Pardon, monsieur, le sergent se nodonne. Est-ce que tout est normal ? — Question sournoise, à laquelle la silhouette ne daigne pas répondre.
04:32 Elle disparaît, laissant la porte entreouverte.
04:35 Avant même que le sergent ait le temps de la franchir, il distingue une autre porte dans le couloir sombre. Quelqu'un la pousse doucement, et un coup de feu éclate.
04:45 Mortellement tâtant, le sergent s'effondre. Un policier se trouvant derrière la maison se précipite et rejoint ses trois camarades à l'entrée.
04:54 À ce moment précis, le tireur, dont on ne voit que la main, déclenche une véritable salve sur les quatre policiers.
05:02 Deux s'écroulent morts sur le coup, deux autres, gravement blessés, rampent sur le trottoir. Le quatrième bat en retraite pour se mettre à l'abri.
05:11 Une minute passe dans le silence, puis l'un des policiers blessés de deux balles se redresse.
05:17 Il est sans arme, bien sûr, mais il se jette dans le couloir sur la silhouette du tireur qu'il vient d'apercevoir.
05:23 Le corps à corps est difficile, le policier à le dessus et traîne son adversaire vers la sortie quand il est attaqué par derrière.
05:30 Le second tireur décharge son arme sur lui, dix coups de feu, puis plus rien.
05:37 Trois policiers morts, un blessé grave.
05:44 Le cinquième se perd dans le dédale des rues étroites du quartier à la poursuite de deux ombres qui lui échappent.
05:51 Le tout n'a pas duré plus de cinq minutes.
05:55 Dans tous les pays du monde, le meurtre de policiers en service commandé est une chose grave.
06:02 Beaucoup plus grave même que le meurtre de simples quidams, et cela pour deux raisons.
06:08 La mort d'un policier, c'est une atteinte directe à la loi qu'il représente.
06:12 Si les condamnations dans ce cas n'étaient exemplaires, ce serait la porte ouverte à tous les excès.
06:18 La mort d'un policier, c'est ensuite l'affaire d'une caste.
06:22 Ce groupe bien distinct de la société, déjà obligé de serrer les coudes en général,
06:26 se rassemble encore plus dans ces cas-là, affaire de famille en quelque sorte.
06:32 A ces deux raisons, il faut en ajouter une troisième, valable en Angleterre.
06:36 La police n'y est pas armée, les gangsters le savent.
06:40 Ils n'ont donc aucune raison valable de tirer, puisqu'ils ne sont pas attaqués sur ce terrain.
06:48 A Londres, la colère gronde.
06:51 Les meilleurs détectives de Scotland Yard s'attaquent immédiatement à l'enquête.
06:56 « On grattait et on cognait », a dit M. Diesenstein.
07:01 Refrain connu de nos jours.
07:03 Tout le monde sait maintenant qu'il faut gratter et cogner pour faire un tunnel,
07:07 traverser les égouts et atteindre les coffres d'une banque, par exemple.
07:11 Dans le cas présent, il s'agit d'une bijouterie mitoyenne de la boutique de M. Diesenstein.
07:16 Le chemin souterrain était presque terminé.
07:18 Atteindre les 30 000 livres de bijoux déposés dans le coffre, c'était l'affaire d'une nuit.
07:23 Trois morts pour ça.
07:25 Pour un vulgaire hold-up.
07:28 Du 17 décembre au 2 janvier 1911, Scotland Yard se multiplie.
07:34 Toute la police de Londres se dédouble.
07:37 Camelots, marchands ambulants, crieurs de journaux, sireurs de chaussures, mendiants.
07:42 Tout ce qui peut traîner dans la rue sans attirer l'attention est remplacé par des policiers.
07:47 Jours et nuits sans relâche, le quartier est écumé.
07:50 Et enfin, le 2 janvier au soir, un cordonnier ivre depuis le matin, devant la même maison,
07:57 découvre le refuge des deux gangsters.
07:59 Il s'empresse de revêtir son uniforme et court prévenir le quartier général.
08:04 Le 100 Sydney Street fait partie d'un bloc de bâtiments difficilement attaquable.
08:11 Trop d'escaliers, trop de cachettes, trop de sorties possibles.
08:14 Réunis en conseil de guerre, la police décide d'attaquer par surprise le 3 janvier à l'aube.
08:21 Toute la nuit, des policiers triés sur le volet s'initient au maniement des armes sous la direction d'un inspecteur,
08:27 pendant que d'autres encerclent le bâtiment.
08:29 Consigne, ne pas bouger jusqu'au mètre.
08:32 À 4 heures, dans la nuit encore sombre,
08:36 deux volontaires se chargent de faire évacuer les autres locataires.
08:39 Tout se passe bien.
08:40 Un tailleur, sa femme et ses enfants sont rapidement mis à l'abri.
08:43 D'après eux, les assassins habitent le premier étage.
08:46 Une chambre à droite où il y a deux hommes et une petite pièce à gauche,
08:50 habitée par une réfugiée russe.
08:52 C'est une femme qui les loge, une complice sans aucun doute.
08:56 À 6 heures du matin, la femme du tailleur, tremblant de peur,
09:00 va réveiller la femme sous le fallacieux prétexte de lui faire traduire un télégramme qui serait arrivé de Russie.
09:06 Là encore tout va bien.
09:08 Sans méfiance, la femme se laisse arrêter au rez-de-chaussée
09:11 et se retirant à nouveau sur la pointe des pieds, les policiers attendent.
09:16 Sans perdue, braqués sur la même fenêtre du premier étage, attendent.
09:23 Et leur chef est bien embarrassé.
09:25 Par où commencer ?
09:27 Par quel bout entamer la bataille ?
09:30 Donner l'assaut, c'est facile à dire, mais comment ?
09:33 L'un des policiers a une idée.
09:37 Chef, il faut les réveiller.
09:40 C'est vrai, au fait, ils dorment les deux assassins.
09:43 Et si on les laisse vers, ils dormiront jusqu'à midi, or il est 8 heures.
09:47 Il faut prendre une décision.
09:50 Remarquez bien qu'on n'enfonce pas la porte pour leur sauter dessus.
09:53 Un policier a dit il faut les réveiller, et tout le monde est d'accord là-dessus.
09:58 Une poignée d'hommes sort à découvert et entreprend donc de réveiller l'adversaire.
10:04 Vous savez comment ?
10:06 En jetant des petits cailloux contre la fenêtre.
10:09 Oui, on croit rêver des petits cailloux.
10:12 Ainsi commence la célèbre bataille de Londres,
10:16 le dossier le plus extraordinaire de la police anglaise,
10:19 par une poignée de petits cailloux dont le bruit va faire sortir Winston Churchill de son bain.
10:33 Une poignée de petits cailloux, une sommation, une poignée de petits cailloux, une sommation, puis...
10:38 un grand silence.
10:40 Et c'est... la pétarade.
10:43 Les policiers courent se mettre à l'abri.
10:46 L'un d'eux tombe en travers de la rue gravement blessée.
10:49 En quelques minutes, cette rue est noire de monde.
10:51 On échange des coups de feu, on fait reculer les curieux,
10:53 on tire, on tire, on tire, on se cache, on s'aplatit contre les murs.
10:56 Un cocher trop curieux est atteint.
10:58 Il semble que les assiégés aient une armurerie à leur disposition.
11:01 La police n'étant que faiblement armée, à 9h30, elle demande le concours de l'armée.
11:07 C'est là qu'on tire M. Winston Churchill de son bain.
11:11 Il répond au téléphone, enveloppé d'un drap de bain,
11:15 "Je suis d'accord."
11:17 À 10h15, un peloton de scouts de guardes prend part à la bataille,
11:22 qui continue de faire rage au milieu d'une foule de plus en plus dense.
11:25 Tout Londres s'est donné rendez-vous devant le sang Sydney Street,
11:29 lorsqu'à midi, Winston Churchill, en personne, vient examiner la situation.
11:34 Un capitaine lui fait un rapport succinct.
11:37 "M. le ministre, à vos ordres.
11:39 Nous savons qu'il s'agit de deux émigrés russes, des anarchistes.
11:42 Une femme qui les protégeait a été arrêtée, mais ils sont barricadés à l'étage.
11:46 Impossible de les atteindre et ils tirent depuis trois heures.
11:50 Nous avons des blessés, que faisons-nous ?"
11:52 Le ministre regarde autour de lui sidérer.
11:55 En s'entend à peine, tout le monde tire en même temps et ceux qui ne tirent pas hurlent
11:59 "Ah bah les libéraux, c'est bien fait, c'est bien fait !"
12:02 Scandés sur l'air des lampions.
12:04 C'est une attaque directe contre la politique de Churchill et de son parti à l'époque,
12:09 politique qui ne voulait pas limiter l'immigration.
12:12 Pour un peu, la foule serait ravie de la fête.
12:16 Dans ses mémoires, beaucoup plus tard,
12:18 Churchill, en relatant l'événement, écrit
12:21 "Il y avait des tireurs jusque sur le toit du café Le Guay-Soleil.
12:25 Malgré le caractère grave de la situation, il y avait déjà plusieurs victimes,
12:29 tout cela était cocasse.
12:31 Les ménagères à leurs fenêtres comptaient les coups sans se préoccuper du danger.
12:35 En plein milieu de la bataille, le facteur continuait sa ronde
12:39 et distribuait les lettres à la porte des maisons voisines.
12:41 Cet homme est apparu alors comme l'exemple vivant et hautement louable
12:46 du sens du devoir britannique."
12:48 Mais pour l'instant, on attend ses ordres.
12:51 En tant que ministre de l'intérieur, Churchill aurait volontiers donné des ordres,
12:54 mais de loin, dans son fauteuil, mais là, en pleine bagarre, sur le terrain,
12:58 il lui est difficile de commander à l'armée et à la police.
13:01 Chaque groupe a un chef qui doit décider des opérations.
13:04 Il est d'autre part impossible de remonter dans sa voiture
13:07 et d'abandonner cette pagaille insensée.
13:10 C'est alors qu'un petit malin, on suppose qu'il s'agit d'un militaire sans en être sûr,
13:15 propose tout à coup "amenons un canon, il n'y a rien d'autre à faire."
13:20 La proposition vole de bouche en bouche jusqu'à Churchill,
13:23 qui, n'ayant rien d'autre à proposer, accepte.
13:27 À ce sujet, Winston Churchill, dans ses mémoires, s'en excuse presque.
13:32 "J'ai eu tort. J'aurais mieux fait de rester chez moi dans mon bain ou dans mon fauteuil.
13:37 Je reconnais aussi que j'étais plus emporté par la curiosité que par le sens du devoir
13:41 que j'avais l'air d'afficher, mais l'affaire était arrivée à un stade critique fort intéressant."
13:47 Donc, on envoie une estafette guérir un canon
13:51 et pour s'occuper entre temps, on décide de donner l'assaut.
13:55 Accroupi par terre, l'armée et la police discutent de la stratégie adoptée.
14:00 Churchill écoute assis sur un tonneau de bière.
14:02 Un groupe attaquera la maison de face, fracturera la porte, montera au premier étage.
14:07 Un autre attaquera par derrière, grimpera au deuxième.
14:10 Les autres monteront sur le toit et descendront par le grenier.
14:14 Churchill intervient heureusement.
14:16 "Ce n'est pas une stratégie, messieurs, c'est un suicide.
14:19 Il faut d'abord vous protéger et trouver des boucliers."
14:22 Il est treize heures.
14:24 Une vingtaine de policiers fouillent les magasins et les maisons voisines
14:28 à la recherche de n'importe quoi qui puisse servir de bouclier.
14:33 Un cercle de poubelles, de lessiveuses, la moindre poêle à frire sous l'uniforme fera la fin.
14:40 La police et l'armée anglaise sont prêtes à se ridiculiser
14:44 en attaquant dans un infernal chahut de batterie de cuisine,
14:48 mais la Providence les sauve.
14:52 La Providence ou un autre petit malin.
14:55 Le feu.
14:57 Ils semblent avoir pris au deuxième étage et en quelques minutes,
15:00 toute la maison est en flammes.
15:02 En suivant l'incendie, les tireurs gagnent le rez-de-chaussée
15:04 ou ils reprennent la fusillade avec le même acharnement.
15:07 Alors il se passe une chose incroyable.
15:09 D'abord, au milieu des pétarades des fusils des revolvers,
15:13 arrive le canon, tiré par quatre chevaux et dans un bruit de ferraille épouvantable.
15:18 Mis en place à grand renfort de hue et de dia,
15:21 il fait immédiatement l'objet d'une controverse sous la mitraille.
15:24 Les pompiers, arrivés sur place pratiquement en même temps,
15:27 ne sont pas d'accord.
15:29 « Eh bien, allons de là. Nous devons installer la pompe. »
15:32 Les policiers ne sont pas d'accord non plus.
15:34 « Mais vous n'occupez pas du feu, laissez faire. »
15:36 « Mais c'est un feu. On est obligés de l'éteindre. »
15:38 « Mais pas question. Occupez-vous de vos affaires. »
15:40 « Mais justement, c'est nos affaires. »
15:41 « Ah, évidemment. »
15:43 Quand on est pompier, on est là pour éteindre un feu contre vents et marées.
15:47 Mais les policiers, eux, voudraient bien que les flammes
15:50 fassent sortir les deux loups de leur tanière.
15:53 Encore une fois, Churchill va trancher.
15:55 Toujours assis sur son tonneau de bière,
15:57 il conseille aux pompiers de préserver les maisons voisines
16:00 mais d'ignorer le foyer de l'incendie.
16:03 À 14 heures, le sang-sinistrite n'est plus qu'un gigantesque brasier.
16:11 Du côté des assiégés, on ne tire plus.
16:14 La foule, subitement silencieuse, observe l'unique porte de sortie
16:19 noyée par les flammes.
16:21 Soudain, une silhouette s'y encadre, courbée, aveuglée, complètement épuisée.
16:26 Immédiatement, une salve de coups de fusil accueille.
16:29 Poussant un cri aigu de rat pris au piège, l'homme se rejette à l'intérieur.
16:33 Deux minutes plus tard, la maison s'effondre
16:37 dans un immense craquement de braise, de flammes, de fumée.
16:43 La foule hurle de satisfaction et c'est à nouveau le silence.
16:51 La rue ressemble à un immense chantier, avec, planté au beau milieu,
16:58 monstrueux et dérisoire, l'énorme canon qui n'a pas servi.
17:05 Un magnifique désastre.
17:09 Et parce qu'il faut une fin épouvantable à cette bataille de Londres
17:12 qui a duré six heures.
17:15 Au moment où les pompiers s'élancent vers les ruines fumantes
17:18 pour noyer les dernières flammes,
17:21 un réservoir de plusieurs tonnes d'eau déséquilibrée
17:24 se détache des poutres carbonisées
17:27 et s'effondre sur le capitaine des pompiers.
17:31 Il est tué net.
17:33 Six autres sont gravement blessés.
17:36 Voilà.
17:38 Voilà ce que fut en présence de Winston Churchill, ministre de l'Intérieur,
17:43 l'extraordinaire bataille de Londres, le 3 janvier 1911.
17:49 Sous les décombres, on retrouve douze pistoles et mausaires allemands,
17:53 plusieurs Brown Wings, un stock de munitions,
17:56 et deux corps d'hommes.
17:59 Curieusement, ils n'avaient plus ni tête, ni jambe, ni bras.
18:06 L'identification fut laborieuse,
18:08 mais on réussit à savoir qu'il s'agissait de Fritz Wars et de Jacob Vogel,
18:15 deux immigrants russes, mi-anarchistes, mi-gangsters,
18:19 appartenant à une bande dont le chef connu mais introuvable s'appelait Pierrot le peintre.
18:25 On visita longtemps le San Sidney Street.
18:28 On en discuta au Parlement.
18:31 On remit en doute la politique d'immigration de Churchill et des libéraux.
18:35 Le Times partit en guerre.
18:38 On tire au canon sur des moineaux.
18:41 Ces moineaux-là ne doivent pas trouver d'asile en Angleterre.
18:46 Voyez ce qui arrive.
18:48 Mais on félicita la police,
18:51 et le public passe à plusieurs mois à dénoncer à tout venant
18:55 le moindre individu suspect de ne pas être anglais à tête d'anarchiste,
19:00 si tenté qu'il y en ait une.
19:03 Quant à Churchill, qui à l'époque, je vous le rappelle, n'avait que 36 ans,
19:07 il conclut dans ses mémoires par une phrase,
19:10 devenue célèbre, mais pas par lui,
19:14 « Si j'avais su, j'serais pas venu ».
19:17 [Musique]
19:35 Vous venez d'écouter les récits extraordinaires de Pierre Belmar,
19:40 un podcast issu des archives d'Europe 1 et produit par Europe 1 Studio.
19:45 Réalisation et composition musicale, Julien Taro.
19:49 Production, Sébastien Guyot.
19:51 Direction artistique, Xavier Joli.
19:54 Patrimoine sonore, Sylvaine Denis, Laetitia Casanova, Antoine Reclus.
19:59 Remerciements à Roselyne Belmar.
20:02 Les récits extraordinaires sont disponibles sur le site et l'appli Europe 1.
20:07 Écoutez aussi le prochain épisode en vous abonnant gratuitement sur votre plateforme d'écoute préférée.